Bible Commentaries
Deutéronome 34

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-12

Verset 1

Mo�se monte sur le N�bo (1-4)

Le voyageur Tristram d�crit ainsi la vue qui se d�roula devant ses yeux depuis le sommet d�une montagne qu�il avait tout lieu de prendre pour le Pisga?: Le jour �tait clair. Au sud s��tendaient la cha�ne des Abarim et de lointains horizons?; � l�est la fertile Belka, oc�an de bl� et de prairies allant se perdre jusque dans l�Arabie?; � l�ouest la mer Morte, miroir de m�tal, au-del� de laquelle se dressait le plateau de Juda, avec H�bron, les collines de Bethl�em, le mont des Oliviers et l��glise qui le surmonte?; plus pr�s, la plaine de J�richo, avec le cours sinueux du Jourdain. Au-del�, ce sommet arrondi, c��tait le Garizim?; plus loin encore, l�ouverture de la plaine d�Esdra�lon, le Carmel et quelque chose comme la mer�?; au nord-ouest le Thabor, ais�ment reconnaissable et le mont Guilboa. Le Hermon aux neiges �ternelles avait son sommet couvert d�un nuage qui voilait aussi le Liban?; mais directement au nord les sombres for�ts de Galaad �tendaient leurs grandes vagues au-dessus desquelles se dressaient ici et l� de hardis sommets.

Galaad jusqu��� L��num�ration suivante est celle des pays que contempla Mo�se d�un regard circulaire allant d�abord droit au nord par Galaad jusqu�� Dan, puis tournant � l�ouest par les montagnes de Nephthali, revenant au sud par �phra�m et arrivant � Juda et au N�gueb, l�extr�mit� sud de Canaan?; apr�s quoi son regard se porte sur le premier plan, imm�diatement au pied du N�bo, l�Araba et la mer Morte, du nord (J�richo) au sud (Tsoar). Tous les noms employ�s dans cette �num�ration appartiennent � un temps post�rieur � la conqu�te et celui de Dan, qui ne peut d�signer que l�ancienne La�s, au pied du Hermon, doit m�me �tre post�rieur au temps des Juges (Gen�se�14.14)?; voir au verset 10.

Verset 5

Mort, ensevelissement et deuil de Mo�se (5-8)

Sur l�ordre de l��ternel. Cette indication ne porte pas seulement sur le lieu de la mort, mais sur le fait lui-m�me, car Mo�se aurait pu vivre longtemps encore d�apr�s le verset 7. Il en est de m�me d�Aaron, qui meurt apr�s avoir gravi lui-m�me la montagne de Hor. Comme l�expression sur l�ordre pourrait se traduire litt�ralement par?: sur la bouche, les rabbins ont tir� de l� cette belle pens�e que ces deux hommes �taient morts du baiser de l��ternel.

Dans le pays de Moab?: ainsi sans avoir mis le pied en Canaan.

Verset 6

Et il l�ensevelit. On a traduit aussi?: On l�ensevelit, mais notre traduction est plus naturelle?; voir la fin du verset. Aaron avait �t� enseveli par Mo�se et El�azar (Nombres�20.28)?; Mo�se l�est par l��ternel sans doute par le minist�re des anges. C�est l� un honneur qui compense en quelque mani�re l�humiliation inflig�e � ce serviteur de Dieu par son exclusion de la Terre promise.

Dans la vall�e?: non dans la vall�e du Jourdain, o� Dieu aurait transport� son corps, mais dans la vall�e dont il a �t� parl� Nombres�21.20, qui se trouvait sur la hauteur du Pisga, par cons�quent pr�s du N�bo, dans la campagne de Moab. Les Juifs ont pens� que Dieu avait accompli cet acte par le moyen de l�archange Michel?; de l� sans doute la tradition � laquelle fait allusion Jude, verset 9. Il nous para�t probable que l�intention divine a �t� de soustraire le corps de Mo�se � une v�n�ration exag�r�e et superstitieuse.

Verset 8

Trente jours, comme pour Aaron (Nombres�20.29).

Verset 9

Conclusion (9-12)

Verset 10

Ce verset suppose, dans tous les cas, un certain nombre de si�cles �coul�s entre la mort de Mo�se et la r�daction de ce morceau. La critique croit reconna�tre dans ce chapitre une compilation des r�cits renferm�s dans les diff�rents documents qui racontaient la mort de Mo�se.

L�auteur fait remarquer deux traits qui ont surtout distingu� Mo�se?: l�intimit� de sa relation avec l��ternel (Nombres�12.8) et la puissance des signes qu�il lui a �t� donn� d�accomplir.

Conclusion sur le Deut�ronome

Ce livre se compose de deux parties bien distinctes?: l�une narrative, comprenant le pr�ambule, Deut�ronome�1.1 � 5 et la conclusion, chapitres 31 � 34?; l�autre, qui renferme tout le reste du livre et contient les trois derniers discours de Mo�se.

Il n�est pas douteux que la partie narrative a �t� compos�e apr�s la mort de Mo�se?: d�abord parce qu�elle contient le r�cit de cet �v�nement ainsi que des circonstances qui l�ont imm�diatement pr�c�d�. Les r�flexions renferm�es dans les trois derniers versets?: Il ne s�est jamais �lev� en Isra�l de proph�te comme Mo�se� supposent des si�cles �cout�s entre la mort du l�gislateur et la r�daction de ces lignes. Enfin, l�on trouve dans cette partie au moins un document qui para�t r�dig� post�rieurement au temps de Mo�se, la b�n�diction du chapitre 33.

Quant � la partie centrale, celle des discours, il existe aujourd�hui deux mani�res de l�envisager. La plus r�pandue est celle qui y voit l��uvre d�un auteur post�rieur � l��poque de Mo�se qui aurait eu le d�sir bien intentionn� de faire p�n�trer dans le c�ur et dans les m�urs du peuple une l�gislation qui n��tait gu�re connue encore que des sacrificateurs et des juges. L�auteur ne se serait fait aucun scrupule de mettre ces discours compos�s par lui dans la bouche de Mo�se, parce qu�il �tait assur� de parler dans l�esprit de ce serviteur de Dieu et de ne dire au peuple que ce que Mo�se lui aurait dit lui-m�me dans les circonstances dans lesquelles il �crivait.

Les partisans de cette opinion diff�rent beaucoup entre eux lorsqu�il s�agit de fixer l��poque o� a eu lieu cette composition. Ceux qui la rapprochent le plus du temps de Mo�se la placent � l��poque de Samuel, trois si�cles et demi apr�s Mo�se?; d�autres la placent deux si�cles plus tard, sous Josaphat, des troisi�mes plus tard encore, sous �z�chias ou son fils Manass�, sept si�cles et plus apr�s Mo�se?; les derniers, dont la mani�re de voir s�affirme avec le plus d�assurance, indiquent comme date le r�gne de Josias, huit si�cles et demi apr�s Mo�se.

La seconde opinion attribue, conform�ment aux donn�es du livre, les discours et leur r�daction � Mo�se lui-m�me.

Il ne faudrait pas croire que les partisans de la premi�re mani�re de voir appartiennent tous au parti rationaliste. Un grand nombre de savants qui croient fermement � la r�v�lation, s�y sont rang�s. Voici les motifs qu�on fait valoir en sa faveur?:

  1. Le ton des exhortations �difiantes renferm�es dans ces discours est absolument celui des proph�tes post�rieurs. Il y a en particulier des rapports d�expression tr�s �troits entre certains passages et le livre de J�r�mie.
  2. On remarque des contradictions entre certaines prescriptions l�gislatives du Deut�ronome et les dispositions correspondantes des livres pr�c�dents, de sorte que l�on est conduit � envisager la l�gislation de ce livre comme une phase diff�rente de celle de ces derniers. De plus, des contradictions analogues se retrouvent entre les faits historiques cit�s dans le Deut�ronome et l�histoire racont�e dans les livres pr�c�dents.
  3. L�auteur du Deut�ronome emploie fr�quemment les documents post�rieurs � Mo�se qui ont servi � composer le Pentateuque.

Voici les r�ponses que l�on peut faire � ces objections.

  1. Rien n�emp�che que le ton proph�tique et �difiant des discours du Deut�ronome n�ait pu se trouver dans la bouche de Mo�se lui-m�me, car il �tait proph�te non moins que Marie, sa s�ur (Deut�ronome�18.15-18?; Deut�ronome�34.10). Au moment de quitter ce peuple qui allait entrer dans la Terre promise, il lui parle non plus en l�gislateur, mais comme un p�re qui adresse ses derni�res paroles � sa famille. � cette g�n�ration qui formait un peuple nouveau dont les membres pour la plupart n�avaient point assist� aux grandes sc�nes du Sina�, il veut r�p�ter lui-m�me cette loi que Dieu lui avait donn�e, lui faire comprendre que c�est de son observation que d�pend son bonheur ou son malheur et il la reproduit dans ce but non en se collant � la lettre des commandements, mais en s�effor�ant d�en faire p�n�trer l�esprit dans le c�ur et la vie de la nation, en insistant surtout sur les dispositions fondamentales qui sont l��me de toute vraie ob�issance, la reconnaissance et l�amour pour Dieu, l��quit� et la mis�ricorde envers le prochain. Et n�est-ce pas l� le vrai esprit proph�tique?? Comme l�a dit un critique �minent, qui ne partage pourtant pas notre mani�re de voir sur ce livre?: Le Deut�ronome renferme l�esprit le plus pur du mosa�sme lui-m�me appliqu� � la vie.
  2. Les contradictions l�gislatives que l�on all�gue nous ont paru se r�soudre sans beaucoup de difficult�s?; celle sur les d�mes (Deut�ronome�12.6?; Deut�ronome�14.22?; comparez avec Nombres�18.20 et suivants), par le fait que les prescriptions du Deut�ronome prises � elles seules sans y ajouter celles des Nombres, auraient �t� absolument insuffisantes pour pourvoir � l�entretien des sacrificateurs et des L�vites, celles dans lesquelles para�t dispara�tre la distinction entre sacrificateurs et L�vites, par le fait que cette distinction est selon nous nettement indiqu�e dans ces passages m�mes (Deut�ronome�18.1-8). Pour celles relatives � la lib�ration des esclaves et � l�usage des b�tes mortes et d�chir�es, voir � Deut�ronome�15.14 et Deut�ronome�14.21. Quant � celle qui concerne les pi�ces des victimes allou�es aux sacrificateurs (Deut�ronome�18.3?; comparez L�vitique�7.32 et suivants), ce point est obscur et nous ne pouvons ni affirmer, ni nier une diff�rence entre les deux prescriptions. Mais il est incontestable que dans beaucoup de cas les prescriptions du Deut�ronome supposent des lois ant�rieures qu�elles sont destin�es � �largir ou � compl�ter et que nous trouvons ces lois dans les livres pr�c�dents?; comparez celle sur la viande de boucherie (Deut�ronome�12.15) avec la loi du L�vitique (Exode�17.3, note)?; celle sur les l�preux (Deut�ronome�24.8) avec celle du L�vitique (chapitres 13 et 14), de m�me celles sur la P�que et sur les f�tes en g�n�ral avec les lois plus compl�tes dans l�Exode. De ce rapport il r�sulte que l�auteur de ce livre se sentait en harmonie avec les lois d�j� existantes oralement ou par �crit.Les contradictions historiques ont �t� �galement r�solues?; comparez pour la liste des stations dans le d�sert Nombres�33.1 et Deut�ronome�10.11?; sp�cialement pour l�interversion des deux stations Mos�ra et Ben�-Jaakan (Nombres�33.30-35 et Deut�ronome�10.6-7)?; pour la conduite de Moab, voir � Deut�ronome�23.5.
  3. L�emploi de documents post�rieurs au temps de Mo�se ne peut �tre positivement constat� que dans la partie narrative chapitres 31 � 34, particuli�rement au chapitre 34?; mais personne ne songe � dater ces passages du temps de Mo�se. C�est avec le D�calogue et le Livre de l�alliance (Exode 21-23) que le Deut�ronome soutient certainement, au point de vue l�gislatif, les rapports les plus �troits. Or, ces documents existaient d�j� r�dig�s au moment de la mort de Mo�se?; comparez Exode�24.4-8. En g�n�ral, si nous admettons que c�est Mo�se qui parle dans ces discours, ni ses r�f�rences historiques, ni ses r�p�titions l�gislatives, libres ou litt�rales, ne peuvent �tonner de sa part. Il se mouvait dans un domaine qui lui �tait familier. Voici les raisons qui nous portent � attribuer ces discours � Mo�se lui-m�me?:
    1. Ces discours renferment toute une s�rie de passages dont l�intention ne se comprend plus d�s qu�on les place � une �poque post�rieure � celle que suppose le livre lui-m�me. Ainsi, les recommandations touchant les relations de paix � entretenir avec Moab et �sa�, comme parents des isra�lites. Quel sens auraient ces instructions donn�es au peuple, apr�s que la conduite de ces voisins hostiles avait contraint les rois de Juda et d�Isra�l d�assujettir ces peuples et de s�emparer de leur territoire?? Or, c�est ce qui eut lieu pour �dom et pour Moab d�s le temps de David. Voir les notes sur �sa�, Gen�se 27, sur Moab, �sa�e 15. Pourquoi encore rappeler avec beaucoup d�insistance et avec cette formule?: Souviens-toi� et la sentence d�extermination que l��ternel avait prononc�e au d�sert contre les Amal�kites (Exode�17.14-16), une fois que cette sentence avait �t� ex�cut�e par le roi Sa�l (Deut�ronome�25.17?; 1�Samuel�15.8)?? Peut-on r�ellement se tranquilliser � cet �gard en all�guant la circonstance insignifiante rapport�e 1�Chroniques�4.43?? � quoi bon donner des directions pr�cises en vue de l��lection �ventuelle d�un roi, Deut�ronome�17.1 et suivants, une fois que la royaut� h�r�ditaire dans la famille de David �tait �tablie et assur�e par la promesse divine aux descendants de ce roi � perp�tuit�?? Comprendrait-on qu�apr�s qu�un certain nombre de grands proph�tes auraient d�j� exerc� leur minist�re en Isra�l et en Juda, il p�t �tre parle du proph�tisme sous une forme aussi �l�mentaire que celle que nous trouvons dans la promesse du chapitre 18, verset 15 et suivants?; tandis qu�au moment o� Isra�l s��tablissait au milieu de nations poss�dant toutes sortes de moyens de divination, cette mani�re d�annoncer le proph�tisme para�t toute naturelle. L�ordre de compl�ter les institutions judiciaires de la nation par des d�veloppements nouveaux d�passant les formes rudimentaires qui avaient suffi au peuple r�uni dans le camp (Deut�ronome�16.18), ne s�explique-t-il pas tout naturellement au moment o� le peuple va se disperser pour prendre possession d�un vaste territoire, tandis qu�on ne saurait comprendre comment les juges �tablis au d�sert sur le conseil de J�thro auraient pu suffire au peuple �tabli en Canaan jusqu�au r�gne de Josaphat ou d��z�chias ou de Josias, sous lesquels on pr�tend placer le Deut�ronome?? En g�n�ral, il est un fait qui nous para�t exclure toutes les hypoth�ses pla�ant la composition au temps des rois?: c�est l�absence dans ce livre de toute trace non seulement du schisme, mais de la possibilit� d�un schisme quelconque?; l�unit� compl�te et permanente du peuple est partout suppos�e soit dans le Cantique (chapitre 32), soit dans la B�n�diction (chapitre 33), soit dans la loi des rois (chapitre 17).
    2. L�hypoth�se qui place la composition de ce livre sous Samuel �chappe � une partie de ces objections?; mais elle se heurte � la loi des rois chapitre 17. Car d�un c�t� cette loi autorise nettement l�institution de la royaut�, et cela, avec une lib�ralit� qui ne s�accorde pas ais�ment avec la vive r�sistance de Samuel et d�autre part les dangers de la royaut� sont pr�vus et signal�s dans cette m�me loi avec une �nergie qui n�est point en rapport avec les esp�rances de ceux qui r�clamaient � grands cris cette institution. Cette loi sur la royaut� n�a donc pu provenir ni de Samuel, ni du peuple. Elle est ant�rieure � cette situation?; elle la domine et chacun, au temps de Samuel, a cherch� � la tirer de son c�t�. Ajoutons que si l�on veut faire du style proph�tique du Deut�ronome une objection contre sa composition par Mo�se, cette raison parle �galement contre sa composition � l��poque de Samuel, qui a pr�c�d� de beaucoup celle des proph�tes dont nous connaissons les �crits.
    3. La supposition la plus g�n�ralement admise � cette heure, celle de la composition sous Josias, se rattache au fait remarquable racont� 2 Rois 22 et 2 Chroniques 34. Le grand sacrificateur Hilkija, charg� par le roi de surveiller les r�parations du temple, retrouve tout � coup le livre de la loi �crit, dit le r�cit des Chroniques, de la main de Mo�se, ou, comme dit le livre des Rois, le livre de la loi de Mo�se. Le roi en prend connaissance et la frayeur qu�il �prouve, ainsi que les Anciens et tout le peuple, en lisant les menaces renferm�es dans ce livre, devient le point de d�part du rel�vement spirituel qui signala cette �poque. Il est bien probable que le livre ainsi retrouv� �tait notre Deut�ronome, puisque, � l�exception de L�vitique 26, le Pentateuque ne contient gu�re des discours de menaces propres � produire un pareil effet. Et c�est l� ce qui a fait supposer que le Deut�ronome avait �t� compos� � ce moment soit par Hilkija lui-m�me, soit par J�r�mie, soit par quelqu�autre personnage, qui avait voulu agir fortement par ce moyen sur l�esprit du roi pour l�engager � r�aliser enfin l�unit� du lieu de culte qui avait jusqu�alors laiss� beaucoup � d�sirer. Mais le r�le que l�on fait jouer par l� soit au grand sacrificateur, soit � J�r�mie est bien invraisemblable. Le premier n�avait point manifest� un z�le tellement grand que l�on puisse supposer que ce sentiment l�ait entra�n� � l�emploi d�un si �trange moyen. Et s�il e�t �t� l�auteur de ce renouvellement de la loi, il e�t certainement mis en saillie la position et les droits des sacrificateurs tandis qu�il n�en est � peu pr�s pas question dans ce livre. On affirme m�me que la diff�rence entre ceux-ci et les L�vites y est ni�e. Quant � J�r�mie, il devait �tre peu dispos� � composer un livre destin� � r��diter l�ancienne loi ou � composer une nouveau code, lui qui d�clare, J�r�mie�31.31 et suivants, que la loi donn�e � Sina� ayant �t� enfreinte par le peuple, Dieu la retirera pour en donner une autre qui ne sera pas �crite sur la pierre, mais dans les c�urs par le Saint-Esprit. Le r�le de J�r�mie en cette circonstance est difficile � deviner. Il ne pouvait �tre d�favorable � un mouvement partant certainement d�un principe de pi�t�?; mais, d�autre part, cet essai de restauration de l�ancien Code ne r�pondait pas sans doute � la mani�re dont il comprenait la situation. Le silence gard� sur son r�le � cette occasion tend � prouver qu�il demeura en dehors de ce qui eut lieu, ne voulant pas emp�cher et ne pouvant encourager. Mais dans tous les cas s�il y avait eu fraude, il n�aurait pu manquer, lui sacrificateur, de discerner le fait et de le d�masquer. Il est difficile de croire �galement que le secr�taire Saphan et le roi Josias eussent pris si facilement un livre tout r�cemment compos�, pour un vieux rouleau mosa�que. Josias s��crie?: La col�re de l��ternel sur nous est grande parce que nos p�res n�ont point gard� la parole de l��ternel pour faire ce qui �tait �crit dans ce livre (2�Chroniques�34.21). Il reconna�t donc que ce livre a �t� t�moin contre ses pr�d�cesseurs aussi bien que contre lui-m�me et rend ainsi hommage � son antiquit� bien constat�e. On a demand� comment un �crit aussi v�n�rable aurait pu tomber dans l�oubli. Mais quand on pense au demi-si�cle qui avait pr�c�d� le r�gne de Josias et durant lequel Manass� et Amon, son grand-p�re et son p�re, avaient fait tout ce qu�ils avaient pu pour an�antir le culte de l��ternel, r�pandu comme de l�eau le sang des justes dans les rues de J�rusalem, reb�ti les hauts lieux consacr�s � Baal dans tout le pays de Juda, rempli d�autels idol�tres le temple m�me de J�rusalem, on comprend qu�au moment o� la nation sortait � peine de cette crise longue et terrible, les livres sacr�s n�eussent pas imm�diatement repris leur action. Il y avait longtemps sans doute que l�usage de lire tous les sept ans la loi du Deut�ronome (Deut�ronome�31.10-11) �tait tomb� en d�su�tude.
    4. Il n�est aucun livre de l�Ancien Testament qui soit rempli comme celui-ci des souvenirs de la vie et des coutumes �gyptiennes, ainsi que des grands faits de la sortie d��gypte, du s�jour au d�sert et de la conqu�te des pays au-del� du Jourdain. Il faudrait citer en preuve le livre entier. Relevons seulement les allusions aux maladies infectieuses d��gypte (Deut�ronome�7.15?; Deut�ronome�28.27?; Deut�ronome�28.35?; Deut�ronome�28.60), � la mani�re d�arroser les jardins dans ce pays (Deut�ronome�11.10), aux mascarades �gyptiennes (Deut�ronome�22.5), au travail servile auquel avait �t� assujetti le peuple en �gypte (Deut�ronome�5.15?; Deut�ronome�15.5 etc.), � la destruction de l�arm�e �gyptienne dans la mer Rouge (Deut�ronome�11.4), au p�ch� du peuple et d�Aaron dans l�affaire du veau d�or (Deut�ronome�9.20), au p�ch� du peuple � Kad�s (Deut�ronome�9.23), � celui de Mo�se � M�riba (Deut�ronome�33.8), � la mort d�Aaron (Deut�ronome�32.50), � la conduite d�Isra�l � l��gard d��sa� et de Moab (Deut�ronome�2.2 et 9), au r�le de Gad dans la marche contre Canaan (Deut�ronome�33.20-21), etc., etc. N�est-il pas plus simple et plus conforme � l�esprit de ce livre de voir dans cette multitude de r�miniscences dont il est satur� le souvenir naturel et tout frais d��v�nements r�cents, qu�un pastiche destin� � donner le change au lecteur??
    5. On assure que la bonne foi de l�auteur n�est nullement compromise par la libert� qu�il prend de mettre ses propres exhortations dans la bouche de Mo�se afin de leur donner plus de poids aupr�s de ses contemporains. Admettons qu�il en soit ainsi. Mais l�auteur du Deut�ronome va plus loin?; il affirme que Mo�se �crivit cette loi apr�s l�avoir fait entendre au peuple (Deut�ronome�31.9), puis qu�il la donna aux L�vites qui portaient l�arche, en leur ordonnant de d�poser le rouleau dans son voisinage (versets 25 et 26). Et ce serait cet auteur, lui-m�me qui inventerait ces actes qu�il met sur le compte de Mo�se?! Une telle mani�re de faire ne d�passe-t-elle pas la limite du proc�d� dont on essayait tout � l�heure la justification et peut-on nier encore qu�elle ne tombe dans le domaine de la fraude?? Assur�ment, nous ne pouvons emp�cher personne de croire � la fraude. Mais accepter une supposition si peu conforme � l�esprit du livre admirable dont il s�agit, et cela, malgr� toutes les raisons contraires que nous avons all�gu�es, nul n�a le droit de l�exiger de nous ni de personne.

Mais si nous estimons naturel qu�avant de mourir Mo�se ait voulu adapter aux besoins de l�intelligence et de la conscience du peuple nouveau qu�il avait devant lui, la l�gislation qu�il avait donn�e au d�sert et qui avait surtout �t� recueillie et consign�e jusques-l� en vue des sacrificateurs et des juges et si cette reproduction, qui se rattachait surtout au Livre de l�alliance et aux souvenirs personnels du l�gislateur, r�pond enti�rement au caract�re g�n�ral des discours du Deut�ronome, nous ne soutenons point cependant que le livre lui-m�me soit sorti des mains de Mo�se tel que nous le poss�dons. Nous avons reconnu que la partie narrative porte les marques d�un temps post�rieur. Nous avons constat�, touchant les b�n�dictions du chapitre 33, qu�elles doivent avoir �t� r�dig�es, sous la forme o� elles sont l� devant nous, dans les temps qui suivirent l� conqu�te. Dans les discours m�mes nous avons trouv� des passages qui ne peuvent �tre que des additions arch�ologiques post�rieures (Deut�ronome�2.10-12?; Deut�ronome�2.20-23?; Deut�ronome�3.9?; Deut�ronome�3.11?; Deut�ronome�3.14). Il n�est donc pas impossible que dans ces m�mes discours soient entr�s avec le temps des amplifications �difiantes qui dans ce cas seraient sans doute les parties dans lesquelles on reconna�t de la mani�re la plus frappante le style des proph�tes post�rieurs. Comme les discours du Deut�ronome devaient �tre lus tous les sept ans devant le peuple, il y avait l� pour de telles applications �difiantes, des occasions toutes naturelles. N�anmoins nous nous croyons autoris�s et m�me oblig�s par toutes les consid�rations que nous avons fait valoir � maintenir l�origine vraiment mosa�que du contenu essentiel des discours qui sont mis ici dans la bouche de Mo�se et dont la r�daction lui est attribu�e.

Mo�se se trouve �tre ainsi le point de d�part des diff�rentes branches de la litt�rature h�bra�que. Il en est de lui comme de Luther, qui n�a pas seulement ramen� au jour la vraie formule de l�enseignement �vang�lique, mais qui a �t� en m�me temps le cr�ateur de la langue allemande moderne et le fondateur de la po�sie et de la musique religieuses dans l��glise protestante d�Allemagne. De m�me Mo�se nous a laiss�, avec la plus ancienne l�gislation les plus anciens morceaux proph�tiques et le psaume le plus antique. Une haute sup�riorit� litt�raire a �t� souvent la condition de succ�s des grandes �uvres historiques.


Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 34". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/deuteronomy-34.html.