Bible Commentaries
Écclésiaste 12

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-14

Verset 1

Huiti�me morceau, 1 � 10 � La joie recommand�e au jeune homme

S�il faut se r�jouir m�me au soir de la vie (Eccl�siaste�11.8), combien plus au matin?!

Que ton c�ur te rende content. C�est du c�ur que proc�dent les sources de la vie (Proverbes�4.23)?; aussi, � ce point de vue, peut-il �tre distingu� du reste de la personne. Comparez Eccl�siaste�1.17?; Eccl�siaste�3.18?; Eccl�siaste�7.25.

Marche comme ton c�ur te m�ne. Lib�ralisme et largeur?!

Mais sache� S�rieuse restriction. Aime Dieu et fais tout ce que tu voudras, a dit saint Augustin, mais avant tout?: Aime Dieu?!

Dieu te fera venir en jugement. L�on ne savait dans l�ancienne alliance jusqu�� quel point le triage commence dans le Sch�ol d�s apr�s la mort (Eccl�siaste�9.5-6), mais J�sus a d�truit le voile (Luc�16.19 et suivants). Toutefois le jugement d�finitif n�aura lieu qu�apr�s des jours nombreux (Eccl�siaste�11.8).

Verset 2

Bannis le chagrin�, �loigne la souffrance. Ne te livre pas � un esprit morose ou � un asc�tisme de mauvais aloi. Comparez Eccl�siaste�9.7, note.

La jeunesse et l�aurore sont vanit� et ne durent pas et tu as alors laiss� passer sans en user le temps que Dieu t�avait donn� pour �tre joyeux.

Au lieu d�aurore, plusieurs traduisent?: la chevelure noire, en opposition aux cheveux blancs (verset 5). En Chine, le peuple aux cheveux noirs est une expression consacr�e pour d�signer les jeunes gens. La forme abstraite qu�a le mot h�breu en question ne parle pas en faveur de ce second sens.

Verset 3

Souviens-toi, litt�ralement?: Et souviens-toi, ce qui peut signifier?: Mais souviens-toi, ou bien pr�senter la crainte de Dieu comme un moyen de plus d�avoir une jeunesse belle, joyeuse et brillante comme une pure aurore.

De ton Cr�ateur?: litt�ralement?: de tes cr�ateurs, pluriel de majest�. Voir Eccl�siaste�5.8, note.

Les jours mauvais, d�pourvus d�agr�ments et pleins au contraire de privations et d�infirmit�s (versets 4 � 7), auxquelles la mort seule met un terme (versets 7 � 9).

Je n�y prends point de plaisir. D�go�t de la vie. La vieillesse n�a plus de moyens de jouissance, mais beaucoup d�occasions de souffrance.

Verset 4

Et d�abord, triste disposition d�esprit du vieillard, qui voit tout en noir.

La jeunesse a ses ond�es, auxquelles succ�dent de brillants jours de soleil?; la vieillesse, c�est l�hiver, o� les nuages donnent la pluie et o� la pluie reproduit les nuages.

Verset 5

Affaiblissement physique du vieillard, dont les membres, les uns apr�s les autres, deviennent impropres � leur destination naturelle (5-7)

Le corps est compar� � une maison (Job�4.19?; 2�Corinthiens�5.1 et suivants) dont le service commence � laisser � d�sirer et dont les diverses parties menacent ruine.

Les gardiens?: les bras et les mains, qui servent � d�tourner de la personne ce qui pourrait lui nuire et � lui procurer ce dont elle a besoin.

Les hommes forts?: les jambes, colonnes qui supportent tout l��difice.

Les meuni�res?: les dents. Nous parlons aussi de dents molaires?; l�auteur dit?: meuni�res et non pas meuniers, parce que le soin de moudre le grain incombait le plus souvent aux femmes (Exode�11.5?; Job�31.10?; �sa�e�47.2?; Matthieu�24.41?; Luc�17.35). Ajoutons qu�il n�y avait pas de moulins publics, en sorte que l�Eccl�siaste peut mentionner ce travail comme faisant partie des occupations ordinaires de chaque m�nage.

Celles qui regardent par les fen�tres?: les yeux par lesquels l��me contemple le monde ext�rieur. Ce mot est en h�breu du genre f�minin. Les paupi�res, avec leurs cils, sont comme les fen�tres, ou, plus exactement, les treillis � travers lesquels on regarde.

Se voilent?: mani�re tr�s po�tique d�indiquer le d�clin de la vue.

Verset 6

Les deux battants de la porte?: les l�vres (Job�41.5?; Psaumes�141.3?; Mich�e�7.5). Les vieillards parlent peu et n��prouvent plus autant que les jeunes gens le besoin d�entrer en relation avec ce qui se passe au dehors (se ferment sur la rue).

La meule?: la langue.

La voix d�un petit oiseau?: la diminution de la voix, qui n�est qu�un glapissement.

Toutes les filles du chant?: les cordes vocales.

Verset 7

On s�effraie des hauteurs, on les redoute, parce qu�on s�essouffle facilement. Ceci est dans une relation intime avec ce qui pr�c�de.

On a peur en marchant?: on tremble m�me sur un chemin uni.

L�amandier pousse ses fleurs?: les cheveux blanchissent. Les fleurs de l�amandier deviennent absolument blanches vers le moment o� elles tombent.

La sauterelle devient pesante. Impuissance � se mouvoir et � agir.

La c�pre est sans effet. Les boutons du c�prier (kapparis spinosa) sont en Orient un article de commerce assez important?; ils ont un go�t �pre, stimulent l�app�tit et excitent les sens?; mais le sens du go�t est affaibli chez le vieillard.

Les pleureuses. Voir J�r�mie�9.17, note.

Verset 8

La respiration s�arr�te. L�air vital qui descend dans les poumons et en remonte est compar� � l�eau vive qu�un seau va chercher au fond d�un puits.

Cordon d�argent, vase d�or?: non pas simple corde et seau de bois, mais m�taux pr�cieux, car la vie d�pend de ce mouvement incessant de la respiration et c�est de Dieu que provient dans le principe ce souffle de vie.

Verset 9

Voir Eccl�siaste�3.19, note.

Comme elle y avait �t�, litt�ralement?: conform�ment au fait qu�elle y �tait dans le principe. Comparez Gen�se�3.19?; Psaumes�104.29?; Job�34.15.

Et que l�esprit retourne � Dieu?: �videmment pas pour aller perdre sa personnalit� dans le sein de la divinit�, car il y aura un jugement (Eccl�siaste�12.1).

Qui l�a donn�. Comparez Gen�se�2.7?; Psaumes�104.30?; �sa�e�42.5?; J�r�mie�38.16.

Verset 10

Conclusion, retour � Eccl�siaste�1.2

Verset 11

�pilogue (11-16)

On a suppos� parfois que ces six versets n��taient pas de l�auteur de l�Eccl�siaste, mais avaient �t� ajout�s post�rieurement pour contrebalancer les paroles en apparence irr�ligieuses que l�on trouve dans le cours du livre et le terminer par une d�claration d�cid�ment orthodoxe et biblique. On all�gue en faveur de cette opinion les raisons suivantes?:

  1. L�Eccl�siaste a jusqu�ici parl� de lui-m�me � la premi�re personne?; il se d�signe ici � la troisi�me
  2. L�expression mon fils (verset 14) est �trang�re � notre livre
  3. Enfin les �loges d�cern�s � l�Eccl�siaste (versets 11 et 12) se comprennent mieux sous une autre plume que la sienne propre.

Ces raisons ne sont cependant pas d�cisives. En face de son �crit achev�, l�auteur peut fort bien parler de lui-m�me � la troisi�me personne, tandis que, dans le cours de son livre, s�adressant � ses auditeurs, il parlait � la premi�re. L�expression mon fils s�est pr�sent�e � lui tout naturellement comme personnification de ses jeunes lecteurs, auxquels il vient de s�adresser (Eccl�siaste�12.1 et suivants) et auxquels il s�int�resse tout particuli�rement. Il n�y a absolument rien dans les �loges des versets 11 et 12 que l�Eccl�siaste n�ait pu dire de lui-m�me en toute modestie. Il n�aurait pas �crit un pareil livre, s�il ne se f�t cru sage et capable d�enseigner la sagesse aux autres. Il d�clare avoir cherch� � �tre vrai dans le fond et agr�able dans la forme. Ce ne sont pas l� des choses qu�un auteur ne puisse dire de lui-m�me sans blesser la loi de l�humilit�. Nous savons qu�� la fin du premier si�cle de notre �re il se t�nt � Jabn� un synode Juif dans lequel il s��leva entre les deux principales �coles juives de ce temps une discussion sur le droit de l�Eccl�siaste � figurer dans le Canon. Il r�sulte de plusieurs passages du Talmud que, si le parti favorable au maintien de ce livre dans le Canon l�emporta, ce fut gr�ce aux derniers versets, qui par cons�quent en faisaient d�j� partie.

Le verset 13 pourrait faire supposer que l��pilogue s�applique au livre des Proverbes en m�me temps qu�� l�Eccl�siaste. En effet, il y est parl� de nombreuses maximes compos�es par l�Eccl�siaste. On en trouve sans doute un certain nombre dans les chapitres 6 et 10, de telle sorte que l�Eccl�siaste aurait �t� envisag� comme un suppl�ment des Proverbes. Mais le terme de nombreuses est bien fort pour s�appliquer uniquement � celles qui se trouvent dans ces quelques chapitres. C�est l� ce qui a fait penser � quelques interpr�tes, que l��pilogue s�appliquait � la fois � l�Eccl�siaste et au livre des Proverbes, qui, dans l�ancien Canon juif, pr�c�dait imm�diatement celui de l�Eccl�siaste. Le verset 13 pourrait, il est vrai, s�appliquer au livre des Proverbes, mais non le verset 12, qui parle des sentences compos�es par l�auteur m�me de l�Eccl�siaste.

Verset 13

Comme des aiguillons?: terme exprimant avec force l�impression profonde que laissent dans le c�ur certaines sentences bien frapp�es.

Comme des clous bien plant�s?: demeurant solidement enfonc�s dans l�intelligence et devenant chaque jour comme le clou auquel on suspend les objets, le point auquel se rattachent des r�flexions nouvelles.

Ils sont donn�s par un seul berger (Gen�se�49.24?; Psaumes�23.1).

Verset 14

L�auteur estime que la pens�e fondamentale de son livre, le compte, final � rendre par chacun, bien imprim�e dans le c�ur, suffit � l�homme. Ce peu, c�est tout.

Conclusion

De tous les livres de l�Ancien Testament, c�est celui-ci peut-�tre qui a �t� l�objet des plus nombreuses et des plus graves accusations. Sous le rapport de la forme, on lui reproche de manquer d�ordre, de revenir assez souvent sur des points d�j� trait�s ou du moins d�j� touch�s et de n��tre pas fid�le � la fiction par laquelle, � son d�but, il emprunte le personnage de Salomon. Pour le fond, on pr�tend qu�il est sans convictions arr�t�es (scepticisme), qu�il vante � tout propos le plaisir (�picurisme) et qu�il voit toutes choses sous des couleurs d�sesp�r�ment sombres (pessimisme). Reprenons les uns apr�s les autres ces divers points.

Nous reconnaissons de grand c�ur que l�Eccl�siaste est fort �loign� de pr�senter un ordre ext�rieur et un plan qui s�imposent. Jamais ouvrage ne fut plus diversement divis� par ses commentateurs et il n�est peut-�tre pas deux de ces derniers qui aient adopt� de tous points les m�mes coupures. Nous n�avons nous-m�mes propos� une division quelconque que pour faciliter l��tude du texte?; mais nous avons souvent senti que tel verset, par lequel nous terminions un morceau, aurait pu, avec un �gal bon droit, �tre consid�r� comme ouvrant ou du moins pr�parant le morceau suivant. Fr�quemment il y a de l�impr�vu dans la succession des id�es. On dirait par places d�une causerie, non pas � b�tons rompus, mais libre et absolument �trang�re � la rigueur d�une division logique et pr�m�dit�e. Cependant, au sein de cette libert� d�allures, il serait parfaitement injuste de ne pas distinguer une marche positive, un progr�s r�el.

Sans doute, la vanit� de toutes les choses d�ici-bas demeure l�id�e fondamentale et ma�tresse de tout l�ouvrage. Tout est vanit�, tel est le refrain des derniers comme des premiers chapitres. Mais tout lecteur impartial sentira qu�� mesure qu�on avance l�horizon s��claircit, l��pais brouillard du d�but se dissipe peu � peu?; le soleil se laisse pressentir, la pens�e de Dieu, apr�s avoir �t� absolument absente ou du moins ignor�e, appara�t et s�impose toujours davantage. Sous ce rapport, le livre marche et, pris en bloc, offre un indiscutable progr�s, un ordre r�el.

Mais, dans le d�tail, pourquoi ces fr�quents retours en arri�re vers des id�es d�j� exprim�es?? L�exhortation � la jouissance ne revient pas moins de six ou sept fois sous la plume de l�Eccl�siaste. � deux reprises (Eccl�siaste�5.8 et Eccl�siaste�8.2), le lecteur est mis en garde contre l�esprit de r�volte. Deux fois �galement (Eccl�siaste�8.14), l�auteur constate que la prosp�rit� est loin de marcher toujours de concert avec la vertu et la justice.

Nous avons d�j� examin� la plus fr�quente de ces r�p�titions et nous sommes arriv�s � ce r�sultat, que toujours ce refrain?: Il n�y a de bien pour l�homme que de se r�jouir, de manger et de boire, est pr�sent� sous un profil particulier et ramen� avec une intention sp�ciale. Voir Eccl�siaste�8.15, note.

De m�me, dans Eccl�siaste�5.8, c�est au nom du caract�re sacr� du serment que l�Eccl�siaste bl�me les r�bellions contre l�ordre �tabli, tandis que, dans Eccl�siaste�8.2, il pr�sente toute r�volte comme un attentat � l�autorit� du Ma�tre supr�me, de qui seul rel�vent les rois.

Quant � la recommandation de craindre Dieu (Eccl�siaste�3.14?; Eccl�siaste�5.7?; Eccl�siaste�7.18?; Eccl�siaste�8.12?; Eccl�siaste�12.15), elle est comme le regard toujours de nouveau jet�, au milieu des difficult�s et des injustices du temps pr�sent, sur la boussole qui peut seule maintenir le croyant dans la route du devoir et lui faire �viter tous les �cueils.

Pour ce qui est de la fiction par laquelle l�auteur, au d�but, emprunte le personnage de Salomon, il est tr�s vrai qu�il ne tarde pas � s�en affranchir et que, � mesure qu�il avance dans sa composition, il parle toujours plus en son propre nom.

Ce parti pris de mettre, comme on a dit, ses pens�es pessimistes et sceptiques sous le couvert de Salomon, il y tient fort peu. Il y renonce � chaque instant. Le personnage qu�il fait parler s�explique d�abord, sans doute, d�une mani�re qui convient bien au fils de David. Mais bien vite l�auteur laisse l� un artifice litt�raire qui l�e�t entra�n� � des redites fatigantes. � partir du chapitre 4, il oublie qu�il a mis en sc�ne Salomon?; il cesse de prendre sa fable au s�rieux. C�est bien lui qui nous parle pour son propre compte, quand il nous raconte les tristesses de sa vie solitaire, les peines qu�il s�est donn�es pour faire fortune, les pr�occupations qui l�obs�dent en ce qui touche ses h�ritiers. Quelques d�veloppements seraient absolument d�plac�s ou m�me d�nu�s de sens dans la bouche d�un souverain (Eccl�siaste�4.13 et suivants?; Eccl�siaste�5.8 et suivants). De telles libert�s de composition se retrouvent aussi dans le livre de Job. Ces grandes et belles �uvres antiques se mettent bien au-dessus de nos ch�tifs soucis de vraisemblance litt�raire. Les personnages y sont m�diocrement constants avec eux-m�mes. La pr�occupation de la destin�e humaine est si grande chez les fortes �mes, que les mesquines attentions d�unit� et de composition litt�raire sortent vite de leur esprit. Leur fiction n�est pour eux qu�un jeu, qu�un pr�texte.

Cette citation de Renan (L�Eccl�siaste, pages 7 � 9) est � la fois l�expos� complet et la forte r�futation de la chicane qu�on a faite � notre livre sous ce rapport particulier.

Arrivons maintenant aux critiques de fond.

Est-il vrai, tout d�abord, que notre auteur soit un homme d�nu� de toute conviction arr�t�e et qu�il m�rite le nom de sceptique?? On l�a pr�tendu?; nous venons de l�entendre de la bouche d�un sceptique moderne qui, pr�cis�ment pour cela, trouve cet ouvrage l�un des plus charmants que nous ait l�gu�s l�antiquit�. Toute la sagesse elle-m�me est vanit� et poursuite du vent (Eccl�siaste�1.18). Nul est l�avantage de l�homme sur la b�te (Eccl�siaste�3.19), tout comme celui du sage sur l�insens� (Eccl�siaste�6.8). �tre mort vaut mieux que d��tre vivant?; et n�avoir pas v�cu, mieux que l�un et que l�autre (Eccl�siaste�4.2-3). L�homme ne sait pas m�me ce qui est bon pour lui pendant sa vie (Eccl�siaste�6.12). Que de justes on pourrait prendre pour des m�chants, � en juger d�apr�s ce qui leur arrive (Eccl�siaste�8.14)?! N�y a-t-il pas parti pris � ne vouloir absolument pas entendre parler de scepticisme � propos d�un livre o� se rencontrent de pareilles d�clarations??

Nous ne le pensons pas. Renan lui-m�me reconna�t que dans ses plus grandes folies l�Eccl�siaste n�oublie jamais le jugement de Dieu. Parall�lement � cette s�rie de passages, o� s�exprime le d�couragement de l�auteur, il en est une autre qui proclame hautement l�existence d�un Dieu tout-puissant, souverain arbitre de toutes choses, d�un Dieu qui est �ternel, en sorte que l�homme, cr�� � son image, a, in�branlablement implant�s dans le c�ur, l�instinct et le besoin des choses �ternelles et invisibles (Eccl�siaste�3.11), d�un Dieu vivant qui r�clame, non pas de vides c�r�monies (Eccl�siaste�5.1) mais un culte en esprit, continuellement vivifi� par les sentiments du c�ur, d�un Dieu juste enfin qui, une fois ou l�autre, fera d�finitivement triompher la justice (Eccl�siaste�3.17?; Eccl�siaste�12.16), en sorte qu�il faut le craindre et qu�on ne saurait assez t�t se souvenir de Lui.

Ces deux courants sont-ils dans notre livre le fait d�un esprit partag�, qui ne serait pas au clair avec lui-m�me et qui, suivant l�humeur du moment, parlerait tant�t en croyant, tant�t en philosophe?? Faudrait-il m�me aller plus loin encore et voir dans ces points de vue divers une discussion entre deux interlocuteurs qui se contredisent?? Non?! L�auteur est unique?: d�un bout � l�autre c�est l�Eccl�siaste et l�Eccl�siaste seul qui parle. Seulement il parle tant�t selon les apparences des faits ext�rieurs consid�r�s a premi�re vue, tant�t d�apr�s sa foi bien arr�t�e. Ainsi Eccl�siaste�3.19?: Le sort des fils des hommes et le sort de la b�te est un m�me sort. � vue humaine et d�apr�s le t�moignage des sens, qu�un homme ou un animal meure, c�est, dans l�un comme dans l�autre cas, un souffle qui n�est pas suivi d�un autre souffle. Voil� le fait sensible?; mais par la foi l�on sait que l�un de ces esprits monte et que l�autre descend.

Il ne serait pas �quitable non plus de parler de l��picurisme d�un homme qui pr�sente continuellement les joies de cette vie comme un pr�sent du ciel (Eccl�siaste�2.24?; Eccl�siaste�3.13?; Eccl�siaste�5.18?; Eccl�siaste�7.13), qui sait que le travail est le plus s�r moyen de se procurer ces joies et ces avantages (Eccl�siaste�3.22?; Eccl�siaste�11.6) et qui met ses lecteurs soigneusement en garde contre les passions et contre ce penchant � mal faire qui est dans le c�ur de l�homme (Eccl�siaste�8.11). Il recommande la joie comme l�antidote du d�couragement que produiraient les exp�riences p�nibles de la vie, consid�r�es � elles seules.

Reste le pessimisme de notre auteur. On pr�tend qu�il voit toutes choses sous les plus sombres couleurs, qu�il est un vrai d�sesp�r� et qu�� ses yeux le dernier mot de l�histoire est vanit�. Ici deux remarques.

Il convenait qu�un livre au moins, parmi les documents de la r�v�lation pr�paratoire, f�t consacr� � exposer de front les maux et les obscurit�s de la vie et � les d�peindre dans toute leur r�alit�. Il fallait qu�� c�t� de Job, qui �tudie le probl�me de la souffrance du juste, un sage vint en toute v�rit� montrer ce que le p�ch� a fait de l�existence humaine. Ce long cri?: Vanit� des vanit�s, tout est vanit�?! Devait �tre pouss�, �tant donn� que les temps approchaient o� l�immortalit� et les r�alit�s �ternelles allaient �tre mises en �vidence. Le voil�, le vide immense que comblera l��vangile?! L��vangile ne serait pas une bonne nouvelle, s�il ne r�pondait � un besoin si profond, � une ignorance?!

L�Eccl�siaste, �crit Oehler, � la derni�re page de sa Th�ologie de l�Ancien Testament, appelle une r�v�lation nouvelle et forme ainsi une transition toute naturelle entre l�ancienne et la nouvelle alliance. L��me qui a pouss� tous les soupirs de notre livre est pr�te � recevoir les gr�ces du Nouveau Testament, ces biens �ternels que les proph�tes n�ont fait qu�annoncer et qui seuls r�pondent aux aspirations les plus intimes des sages de tous les pays et de tous les temps.

D�ailleurs, dans cette obscurit�, il y a des points lumineux. Nombreux, sans doute, seront les jours de t�n�bres dans le s�pulcre et la mort n�introduit pas encore aupr�s de Dieu (Eccl�siaste�11.8), le p�cheur a, par la patience divine, le temps de faire cent fois le mal et ses jours sont prolong�s. Mais l�Eccl�siaste n�en sait pas moins de science certaine que les fid�les se trouveront bien d�avoir craint devant la face de Dieu (Eccl�siaste�8.12). Et le jugement final ne serait pas rappel� comme il l�est (Eccl�siaste�12.1?; Eccl�siaste�12.16), s�il ne devait y avoir pour tous qu�une seule et m�me issue, le n�ant.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Ecclesiastes 12". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/ecclesiastes-12.html.