Bible Commentaries
Écclésiaste 3

Enonc� de la v�rit�, pr�par�e par Eccl�siaste�2.24-26, qu�il s�agit maintenant de prendre en s�rieuse consid�ration, � savoir que la sagesse consiste � se conformer � la volont� de Dieu et � ne pas se faire des plans qui peuvent venir � la traverse des siens.

Un moment, fix� d�avance pour que la chose se produise.

Un temps?: une dur�e, �galement d�termin�e par Dieu.

La pens�e de ce verset va �tre illustr�e, versets 2 � 8, par deux fois sept antith�ses, qui n�ont point pour but, comme on l�a cru souvent, de d�peindre ce qu�il y a d�impr�vu dans les destin�es humaines, mais bien de proclamer l�indiscutable souverainet� de la volont� divine, aux directions de laquelle l�homme doit conformer son �uvre. Voil� la seule vraie sagesse, qui est celle de Dieu m�me. Il n�appartient pas � l�homme de se tracer � lui-m�me un plan de conduite permanent. Sa t�che est d�entrer � chaque moment dans la voie que Dieu lui indique par sa providence?: par exemple, pleurer quand il pla�t � Dieu de l�affliger?; s��gayer quand Dieu daigne le r�jouir, etc. La sagesse est de faire chaque chose en son temps?: au fort de la bataille, tuer?; apr�s la bataille, gu�rir?; en face d�un blasph�me, d�chirer son v�tement?; en pr�sence d�un crime, lapider?; chercher � acqu�rir, au temps de la prosp�rit�?; jeter, abandonner tout, au moment o� le sacrifice est demand� (les protestants apr�s la r�vocation de l�Edit de Nantes)?; en un mot, adapter sa conduite au devoir de chaque moment, en �tant toujours pr�t � la modifier selon le devoir.

Puisque la succession des �v�nements est d�termin�e par le dessein de Dieu et que l�homme ne doit absolument chercher � r�aliser d�autres plans que ceux qui rentrent dans la volont� divine, pourquoi se tourmenter (verset 9)?? Consid�rons comme notre t�che unique (verset 10) d�entrer dans les vues de la Providence. Nous reconna�trons alors que ses vues sont bonnes (d�but verset 11), car il y a affinit� entre le c�ur de l�homme et l��ternit�, dans laquelle l�harmonie universelle se d�voilera aux yeux des hommes. Malheureusement (fin du verset 11) l�esprit de l�homme est born� et ne peut encore contempler le plan divin dans son ensemble, mais seulement s�accommoder � ce qui lui en est successivement d�voil�. Recevons en particulier de lui les joies qu�il nous dispense (verset 12). Quoique imparfaites encore, elles viennent de Dieu (verset 13). D�ailleurs il n�est pas en notre pouvoir de rien changer aux voies de Dieu. Craignons-le?! C�est la vraie prudence (verset 14). Soumettons-nous et ne pr�sumons pas pouvoir changer ce qui est immuable (verset 15). Telle est, nous semble-t-il, la marche de la pens�e dans ces versets.

Quel profit?? � Cette question rappelle Eccl�siaste�1.3. Seulement, ici, l�accent est sur les mots?: celui qui agit. Pourquoi l�homme se donne-t-il tant de mal, puisque, d�apr�s versets 1 � 8, tout ob�it � une volont� sup�rieure � la sienne?? Ce bl�me jet� en passant � qui agit, c�est-�-dire pr�tend par son activit� obtenir quelque avantage r�el, fait penser � Romains�4.4-5.

Ici commence la r�ponse � la question du verset 9.

J�ai vu?: j�ai examin� quelle doit �tre�, et, comme conclusion (verset 12), j�ai reconnu�

La t�che. Voir Eccl�siaste�1.13, note.

Avant de conclure et d�indiquer le r�sultat auquel il est arriv�, l�auteur fait intervenir deux grandes pens�es, qui font de notre verset l�un des plus riches de tout le livre.

Il a fait toute chose belle en son temps. Parce que tout arrive au moment voulu de Dieu, tout rentre harmonieusement dans le grand ensemble des vues divines, et, dans ce cadre, tout acquiert une r�elle valeur, une v�ritable beaut� (Psaumes�104.24?; Romains�8.28). L�homme peut alors r�p�ter pour son compte le?: Cela est bon?! que Dieu a prononc� � six reprises sur son �uvre.

Il a m�me mis l��ternit� dans le c�ur de l�homme. Dieu a dou� l�homme du sens de l��ternel. Nous avons le sentiment que ce que nous savons est peu de chose � c�t� de ce qui existe. Quelque chose nous dit que nous n�avons sous les yeux qu�un �pisode du drame immense qui s�appelle l�histoire?; qu�au-del� de notre �troite sph�re, il se passe des choses que les langues d�ici-bas ne sauraient exprimer. Il n�est pas n�cessaire d�expliquer � un petit enfant qui est Dieu, ce qu�est le ciel. Voil� pourquoi, si nous recevons du g�n�ral en chef des ordres dont nous ne comprenons pas l�opportunit� et qui m�me nous paraissent dangereux, nous pouvons et devons cependant nous soumettre et les ex�cuter, sachant par la foi que nous concourons par l� � la victoire g�n�rale et d�finitive du bien sur le mal (Psaumes�139.24).

Sans que cependant personne puisse comprendre du commencement � la fin l��uvre que Dieu a faite. Pour une raison ou pour une autre, ensuite du p�ch� ou simplement de la nature born�e de l�homme, nul ici-bas n�est pleinement initi� � la pens�e (�sa�e�55.8) du Ma�tre, qui seul domine absolument la position.

R�ponse au verset 9. Si l�Eccl�siaste traitait, comme le livre de Job, du probl�me de la souffrance du juste, il parlerait ici de l�acceptation de la douleur et des revers. Son sujet �tant au contraire le bonheur, il conclut des versets 10 et 11 que, en fait de joies, il faut savoir attendre?; cueillir celles qui se pr�sentent, et, d�autre part, ne pas se montrer trop difficile, car la vie est courte (pendant sa vie).

Et si m�me ce bonheur est bien m�lang� (au milieu de tout son labeur), ne l�en acceptons pas moins comme venant de Dieu.

Pour toujours. Ces mots ne contredisent pas ce qui a �t� dit, que chaque chose a son moment et sa dur�e?; ils signifient que ce que Dieu fait, il le fait tel qu�il l�a r�solu irr�vocablement. L��uvre divine est fix�e � jamais. L�homme voudrait la modifier, qu�il ne le pourrait pas. Et si m�me il le pouvait, il ne ferait que de la g�ter. Qu�il craigne donc?! Respect et confiance?!

M�me pens�e que Eccl�siaste�1.15, mais dans un tout autre contexte. L� il s�agissait de prouver qu�il n�y a rien de nouveau sous le soleil. Ici il est question de l�immutabilit� de l��uvre divine. Si elle est pour toujours (verset 14), elle est aussi d�s longtemps. Eternit� avant, �ternit� apr�s le point imperceptible o� nous nous mouvons.

Dieu ram�nera ce qui est pass�. De si�cle en si�cle le bonheur n�est qu�imparfait ici-bas et �ph�m�re. Ne nous flattons pas de l�espoir d�une durable am�lioration?!

Ainsi l�Eccl�siaste, qui avait commenc� sa recherche du souverain bien avec une si aveugle confiance en lui-m�me (Eccl�siaste�1.16), a vu le bonheur id�al qu�il r�vait s��vanouir devant ses yeux (Eccl�siaste�2.3-23), puis se transformer en une ch�tive et modeste jouissance des biens vulgaires (versets 24 et 26), et se r�duire enfin � un simple accident, � un don passager de la Providence (Explication du livre de l�Eccl�siaste, par Fr�d�ric de Rougemont, page 91).

Et, ajoutons-nous comme transition � ce qui suit, cette part si restreinte de bonheur est bien amoindrie encore par les injustices qui r�gnent dans la soci�t�.

Troisi�me morceau (3.16 � 4.16)

Dieu a fait toute chose belle en son temps et nous ne devons pas nous permettre de douter de la sagesse qui a pr�sid� � l��laboration du plan divin. Il n�en est pas moins vrai qu�il y a dans le monde des �l�ments f�cheux que Dieu laisse subsister et avec lesquels il faut compter. Il y a dans la soci�t� des d�sordres qui se font sentir d�une mani�re bien douloureuse. Ainsi?:

1�) 16 � 22

Il y a injustice l� m�me o�, plus que partout ailleurs, devrait r�gner la justice (verset 16). Cette p�nible constatation am�ne sans doute le fid�le � croire d�autant plus fermement au jugement final, au triomphe d�finitif de la justice (verset 17). Mais Dieu a un autre but encore en usant de patience?: il veut �prouver les hommes (verset 18) et leur permettre, en quelque sorte, avec une apparence de raison, de se livrer au mat�rialisme. Il n�y a point de Dieu?! Peuvent-ils s��crier?; autrement il se produirait une intervention du ciel en faveur des opprim�s. Point de vie � venir?! Point d��me ni de principe immortel en l�homme (versets 19 � 21)?! Il ne lui reste, � ce point de vue, qu�� manger et � boire (verset 22).

Au si�ge du jugement. Si la justice �tait bannie du milieu des hommes, elle devrait du moins trouver un dernier refuge chez les juges, qui sont sur leur tr�ne les repr�sentants de Dieu (Psaumes�82.1). Mais souvent ils sanctionnent le mal et condamnent les innocents, ce qui est le comble de l�abomination. Voir Psaumes 58, note.

Iniquit�, iniquit�. Iniquit� partout?!

Alors, litt�ralement?: l�, devant le tribunal de derni�re instance. Au verset 16 l�original porte?: J�ai aussi consid�r� sous le soleil qu�au si�ge du jugement, l�, iniquit� et au si�ge de la justice, l�, iniquit�. � tous ces juges iniques le verset 17 oppose celui qui est l�-haut.

La pens�e du triomphe d�finitif de la justice est r�confortante. Mais d�ici l�, que d�injustices qui ont libre cours?! Dieu a un but en laissant ainsi pour un temps triompher le mal?: il veut �prouver les fils des hommes en ouvrant � c�t� d�eux la porte au mat�rialisme.

Et qu�ils voient qu�en eux-m�mes ils sont comme la b�te. Ceci est le raisonnement de l�homme qui succombe dans l��preuve et, � la vue de l�injustice r�gnante, se jette dans le mat�rialisme le plus grossier, faisant l�homme �gal � la brute.

Le sort de la b�te et non plus seulement de l�insens�, comme Eccl�siaste�2.14.

Y a-t-il une diff�rence entre ces deux souffles, tellement que l�un p�risse et que l�autre demeure??

� ce point de vue, il faut dire?: Mangeons et buvons, car demain nous mourrons?!