Bible Commentaries
Écclésiaste 9

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-18

Plan du commentaire biblique de Eccl�siaste 9

Sixi�me morceau (chapitre 9)

Nouvelles consid�rations morales. R�gles de conduite � suivre par l�homme, �tant donn�es sa faiblesse et son ignorance. Non seulement l�homme ne comprend pas les voies de Dieu, mais encore il est entra�n� tout le long de sa vie par le courant des �v�nements, sans �tre jamais certain des cons�quences de son �uvre (versets 1 � 3). La mort du moins sera-t-elle un progr�s sur la vie?? Non (versets 4 � 6)?! Profite donc de la vie pour jouir et pour travailler (versets 7 � 10), sans attendre trop de la sagesse, car le sage lui-m�me n�est pas ind�pendant des circonstances ext�rieures (versets 11 et 12), mais sans regarder cependant la sagesse comme un �l�ment n�gligeable dans la vie (versets 13 � 18).

Verset 1

Justes et injustes ont des destin�es pareilles (1-3)

Pas plus que le travail (Eccl�siaste�2.21), la vertu ne commande le bonheur.

Tout ceci?: ce qui suit.

Dans la main de Dieu?: dans une compl�te d�pendance de Dieu (Proverbes�19.21)?; les meilleures actions ne sont point un brevet de bonheur, un sauf-conduit � travers les dangers et les maux de la vie. Non pas que l�homme soit irr�sistiblement d�termin� par Dieu dans le sens du bien ou du mal, comme on l�a conclu parfois d�une fausse interpr�tation des mots qui suivent?: L�homme ne sait pas s�il aimera� Les circonstances, qui ne sont pas en notre pouvoir, peuvent nous plonger dans des sentiments de haine ou d�amour, aigrir ou attendrir le caract�re, nous cr�er un c�ur irrit� ou bienveillant. Mais l�homme, press� d�un c�t� ou de l�autre, peut c�der ou r�sister au penchant mauvais.

Avec ce passage, dit Luther, dans la pr�face de son commentaire de l�Eccl�siaste, on a mis�rablement tourment� une multitude innombrable de consciences et fait dispara�tre la bienheureuse doctrine de la pleine certitude des promesses divines. Aux c�urs travaill�s et charg�s, on a fait croire que, dans notre vie et � l�heure de notre mort, nous devons ignorer si Dieu nous a re�us ou non dans sa gr�ce. Et les gens �taient tellement aveugles que les vaines imaginations avec lesquelles on souillait ce texte leur cachaient l��vidente doctrine des proph�tes et des ap�tres, qui veulent que nous soyons parfaitement certains que Dieu nous a re�us en gr�ce.

Tout est possible, litt�ralement?: Tout est devant eux, tous les chemins les plus divers sont l� ouverts devant leurs pas.

Verset 2

Tout peut arriver � tous. Non seulement, tout peut arriver, mais � tous. Moralit�, pi�t�, justice n�assurent absolument pas une destin�e terrestre meilleure que celle de l�impie.

M�me sort, m�me rencontre. Il ne s�agit pas ici pour l�auteur d��tablir au-dessus de Dieu un destin aveugle et seul tout-puissant, mais d�opposer aux efforts et aux calculs pr�somptueux de l�homme, qui voudrait commander � la fortune, l�in�luctable uniformit� des accidents et de l�accident supr�me auxquels la vie est expos�e (Eccl�siaste�2.14-15?; Eccl�siaste�3.19).

Pour l�homme bon et pur. La premi�re de ces �pith�tes est destin�e � montrer qu�il s�agit ici, non pas de la puret� tout ext�rieure (l�vitique) dont se contentaient en Isra�l les consciences superficielles, mais de la puret� r�elle et du c�ur.

De celui qui jure, � la l�g�re, sans n�cessit� et sans s�rieux.

Comme de celui qui craint de jurer, non pas?: qui se fait scrupule de jurer, mais litt�ralement?: qui craint le serment, qui a pour cet acte le respect voulu.

Verset 3

C�est l� une chose f�cheuse dans tout ce qui a lieu �, c�est-�-dire un inconv�nient grave qui s�attache � tout ce qui a lieu ici-bas et qui peut avoir une influence d�moralisante (Aussi). Comparez Eccl�siaste�8.14.

La folie?: le m�pris ou la seule m�connaissance de Dieu. La folie, c�est le contraire de la sagesse. Or, la sagesse consiste � craindre Dieu.

Et apr�s cela, chez les morts?! Cet ordre est pour tous �galement et alors, il n�y a plus rien � faire. Tant qu�on vit, il y a possibilit� d�am�lioration. Dum spiro, spero?; tant que je respire, j�esp�re, dit un proverbe latin. Dans Eccl�siaste�4.2-3 et Eccl�siaste�6.4. Le d�couragement avait amen� l�Eccl�siaste � consid�rer la non-existence comme pr�f�rable � la vie. Ici, en d�pit des d�boires dont la vie est pleine, il tient un tout autre langage et soutient avec une verve �gale la th�se contraire.

Verset 4

Sup�riorit� de la vie sur la mort (4-6)

Quelque exemple qu�on choisisse. Ainsi, associez la notion de la vie � l�animal le plus m�pris� (en Orient) et celle de la mort au roi des animaux, en voil� assez pour donner au chien une incontestable sup�riorit� sur le lion.

D�autres traduisent?: Car qui est privil�gi�, exempt� de la mort?? Ce qui oblige d�admettre une forte ellipse entre ces mots et ce qui suit.

D�autres encore, lisant jechubar au lieu de jebuchar et modifiant la ponctuation massor�tique, en viennent au sens de?: Tant que quelqu�un est associ� aux vivants, il y a de l�espoir. Mais ce n�est certainement pas ainsi qu�ont lu les rabbins.

Verset 5

Car les vivants savent qu�ils mourront. Il y a dans tout ce passage quelque chose d�am�rement satyrique. Savoir, m�me quand cette connaissance est une cause d�amertume (Eccl�siaste�2.19?; Eccl�siaste�5.16), parce qu�elle porte sur le fait de la mort, a cependant cela de bon que, pour savoir, il faut vivre.

Les morts ne savent absolument rien. Sortis du temps, ils sont de ceux pour lesquels plus rien n�arrive (verset 10). Ils existent encore, mais priv�s de toutes les manifestations de l��tre. Voir Psaumes�6.6, note.

Plus de salaire. L�Eccl�siaste sait qu�il y aura un jugement et par cons�quent un salaire (Eccl�siaste�3.17?; Eccl�siaste�12.9). Mais la vie et l�immortalit� n�ayant pas encore, de son temps, �t� mises en �vidence, il voit apr�s leur mort les justes et les m�chants r�duits � la m�me condition. Comparez Job�14.7-12?; Psaumes�30.10?; Psaumes�88.1-7?; �sa�e�38.18. Quand on en reste l� et qu�on ne perce pas par un �lan de foi (Psaumes�16.10-11?; Psaumes�17.15) les t�n�bres du Sch�ol, on est bien pr�s de glisser (Psaumes�73.2). Mais que tel ne soit pas le cas pour l�Eccl�siaste, c�est ce qui r�sulte de Eccl�siaste�11.8, o� les jours de t�n�bres sont qualifi�s de nombreux, mais non pas d��ternels.

Leur m�moire m�me est oubli�e. Pas m�me cette vaine satisfaction de vivre dans le souvenir reconnaissant des hommes.

Verset 7

Plusieurs mettent ces versets dans la bouche de l�homme qui succombe au doute et se livre � la folie (verset 3)?: puisque Dieu ne fait aucune diff�rence entre le juste et l�injuste, ne nous occupons que du pr�sent?!

Nous pensons qu�ici, comme dans les passages correspondants (Eccl�siaste�8.15, note), l�Eccl�siaste parle en son propre nom. L�insens� ne parlerait pas de Dieu comme il le fait au verset 7. Il s�agit pour le sage de ne pas se laisser aller au d�sespoir et au scepticisme et pour cela l�auteur l�engage � jouir du bonheur que Dieu met � sa port�e, ce qui est une mani�re d�honorer Dieu.

Avec joie�, gaiement. Quelques t�n�bres que nous ayons devant nous, c�est un devoir que d�entrer, en jouissant, dans les bienveillantes intentions que, de tout temps (d�s longtemps), Dieu a eues � notre �gard. Nous n�avons point ici le?: Mangeons et buvons, de 1�Corinthiens�15.32, mais plut�t 1�Timoth�e�4.4?: Tout ce que Dieu a cr�� est bon et rien n�est, � rejeter, quand on en use avec actions de gr�ces.

D�s longtemps Dieu prend plaisir � ce que tu fais. En te privant de ces joies, par une r�solution que t�aurait inspir�e le d�sespoir, tu passerais � c�t� de la volont� divine.

Verset 8

Qu�en tout temps� et non pas seulement dans les jours de f�te.

Tes v�tements soient blancs?: en signe de joie et de s�r�nit� (Horace, Satyres, II, 2, 59-61). Quel d�fi jet� aux tristesses de la vie?! Comparez 2�Samuel�12.20.

Que l�huile ne manque point� Voir Psaumes�23.5 et, dans Psaumes�45.8, l�expression huile de joie.

Verset 9

Nous voici bien loin de Eccl�siaste�7.28. Les mots que tu aimes expliquent cette contradiction.

Toute ta vie de vanit�. Nulle part autant qu�ici l�Eccl�siaste n�insiste sur la vanit� de la vie.

Dans le labeur. Comparez Eccl�siaste�2.10?; Eccl�siaste�3.22?; Eccl�siaste�5.18. Ce que l�Eccl�siaste recommande n�est donc point une vie oisive. Voir aussi d�but du verset 10. Pas plus que les tristesses (versets 4 � 8), les joies de l�existence ne doivent paralyser le sage.

Verset 10

Comparez Jean�9.4.

Verset 11

Ne pas trop attendre de la sagesse, compter aussi avec les circonstances ext�rieures, ind�pendantes de ta volont� et d�pendantes de Dieu seul (11-12)

Retour � la pens�e de la d�pendance de l�homme (verset 1), mais avec l�intention de prouver par des exemples et des comparaisons ce qui a �t� dit au commencement du morceau. Sur l�expression?: Je me remis � consid�rer, voir Eccl�siaste�4.4, note. L�Eccl�siaste vient de faire appel � l��nergie de l�homme (verset 10). Que personne, ajoute-t-il maintenant, ne s�imagine pourtant qu�en appliquant toutes ses forces � ce qu�on fait, on soit certain de r�ussir?! Quelque vaillant et habile qu�on puisse �tre, on n�est point assur� du succ�s.

Ni la guerre, la victoire, ni la faveur, la vogue, l�influence qu�on exerce en se faisant aimer.

Car tous d�pendent du temps et des circonstances, litt�ralement?: Car temps et coup les rencontrent tous, c�est-�-dire?: les coups qui surviennent en leur temps (Eccl�siaste�3.1-8) frappent indistinctement bons et mauvais. Il faut travailler et, au besoin, courir, mais sans oublier Romains�9.16.

Verset 12

Son heure, l�heure supr�me (Eccl�siaste�7.17?; Jean�12.27). Ce verset prouve le pr�c�dent?: du moment que nous ignorons l�heure de notre mort, � plus forte raison Dieu nous laisse-t-il dans l�ignorance des �v�nements moins importants dont se compose notre vie.

Verset 13

Si les pr�visions de l�homme sont souvent d�jou�es, ce n�est cependant pas une raison pour m�priser la sagesse. Elle a bien son prix, alors m�me qu�elle est souvent pay�e d�ingratitude.

Qui m�a paru frappant, litt�ralement?: Cette sagesse a �t� grande pour moi. Voir dans Jonas�3.3 une tournure analogue?: ville grande pour Dieu.

Verset 14

Cet exemple est cit� d�une mani�re si vivante, qu�on pourrait, mais � tort, pensons-nous, le prendre pour une allusion � un fait historique.

De grands ouvrages, litt�ralement?: de grands filets (Eccl�siaste�7.26), des travaux ayant pour but d�emp�cher la population de la ville de s��chapper et les vivres d�y entrer.

Verset 15

Cette remarque est un retour de l�auteur � l�id�e, qui du reste n�est absente d�aucune page de l�Eccl�siaste, de la vanit� de toute chose.

Qui �tait pauvre. Un trait de satyre en passant?: on est particuli�rement ingrat envers les bienfaiteurs pauvres.

Verset 16

La sagesse est utile, plus utile que la force (Eccl�siaste�7.19?; Proverbes�16.32?; Proverbes�21.22?; Proverbes�24.5)?; mais, sans la richesse, elle fait souvent triste figure dans le monde. Ce n�est que la d�tresse qui a engag� les habitants de cette ville � passer par-dessus l�humble condition de ce sage.

Ne sont pas �cout�es, le plus souvent.

Verset 17

Et cependant, si l�on �coutait sans id�es pr�con�ues, sans pr�ventions, on discernerait souvent bien plus de fond dans les paroles du sage que dans les d�clamations de cet orateur bruyant, qui ne domine parmi les insens�s que parce qu�il est insens� lui-m�me.

Verset 18

Que les engins de guerre, litt�ralement?: que les armes d�approche, ou les instruments de m�l�e.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Ecclesiastes 9". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/ecclesiastes-9.html.