Bible Commentaries
Exode 1

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-22

Plan du commentaire biblique de Exode 1

Contenu et division

Ce livre nous raconte comment Dieu a d�livr� les Isra�lites de la servitude d��gypte pour en faire un peuple qui lui appart�nt en propre et comment il a renouvel� avec eux l�alliance faite jadis avec leurs p�res, la rendant plus �troite encore en venant habiter au milieu d�eux.

Ce livre se compose en cons�quence de deux parties bien distinctes. Dans la premi�re, nous voyons Isra�l soustrait � la domination des rois de la terre?; dans la seconde, nous voyons le Seigneur se faisant le roi du peuple d�Isra�l, lui donnant sa constitution et �tablissant chez lui sa r�sidence.

La premi�re partie (chapitres 1 � 18) conduit le peuple jusqu�aupr�s du Sina� et aboutit � cette parole (Exode�18.10)?: B�ni soit l��ternel qui nous a d�livr�s de la main des �gyptiens et de la main de Pharaon?!

La seconde (chapitres 19 � 40) aboutit � la construction de la demeure royale et � ces mots (Exode�40.35)?: La gloire de l��ternel remplit l�habitation.

Le sujet du livre est r�sum� dans ce verset (Exode�29.46), qui en indique en m�me temps la division?: Ils sauront que je suis l��ternel leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d��gypte, pour habiter au milieu d�eux.

Le titre d�Exode (en grec sortie) n�est donc proprement que celui de la premi�re partie?; d�apr�s un usage fr�quent chez les anciens, il a �t� �tendu � tout le livre, comme les titres des livres des Nombres et de Samuel, qui ne conviennent proprement qu�aux premi�res pages de ces livres-l�.

Nous faisons pr�c�der l��tude de ce livre d�une courte note historique destin�e � exposer les relations entre les faits qui y sont rapport�s et ce que nous connaissons de l�histoire d��gypte � cette �poque.

Coup d��il sur l��tat de l��gypte � l��poque de l�exode d�Isra�l

Pouvons-nous d�terminer d�apr�s l�histoire �gyptienne sous quel Pharaon les Isra�lites sont sortis d��gypte?? Nous ne devons pas nous attendre � trouver dans les annales officielles du pays le r�cit d�un �v�nement aussi humiliant pour l�orgueil national des �gyptiens?; mais il est possible d��tablir certains rapprochements entre notre r�cit biblique et les renseignements fournis par les d�couvertes des �gyptologues.

Nous savons en effet que l��gypte �tait arriv�e � un degr� remarquable de civilisation et qu�elle comptait d�j� de nombreuses dynasties royales, quand elle fut envahie par des hordes de bergers s�mites qui s��tablirent dans la r�gion du Delta et qui finirent par s�emparer du pouvoir. Ces �trangers, appel�s Hyksos ou rois pasteurs, r�gn�rent pendant cinq si�cles sur la Basse-�gypte?; ils ne tard�rent pas � subir l�influence de la haute culture du peuple qu�ils avaient conquis?; ils abandonn�rent leur vie nomade et adopt�rent si compl�tement les m�urs �gyptiennes qu�il aurait �t� difficile de les distinguer des indig�nes.

Cependant les anciens princes, fuyant devant cette invasion, s��taient retir�s dans la Haute-�gypte?: ils n�avaient point renonc� � leurs droits sur le Delta et quand les circonstances leur parurent favorables, ils attaqu�rent les Hyksos et apr�s de longues luttes ils parvinrent � les expulser de la vall�e du Nil et � les refouler en Asie. C�est aux rois de la 18e dynastie que revient la gloire de cette entreprise?; Ahm�s porta les premiers coups?; les succ�s qu�il remporta engag�rent ses successeurs � poursuivre ces exp�ditions militaires. Puis les rois �gyptiens envahirent � leur tour l�Asie?; Tutm�s III parait avoir �t� le plus vaillant de ces conqu�rants et il donna � son empire des fronti�res qui ne devaient jamais �tre d�pass�es. Une grande inscription � Karnak contient le r�cit de ses exp�ditions?; il traversa le pays de Canaan et la Syrie et s�avan�a jusqu�en M�sopotamie?; Ninive et Babylone furent conquises et ses flottes s�empar�rent de toutes les c�tes de la M�diterran�e orientale.

Ses successeurs continu�rent la m�me politique et maintinrent l��gypte � l�apog�e de sa puissance. Sous les premiers rois de la 19e dynastie, cette puissance commence � �tre �branl�e. S�thos maintient sous sa domination Babylone, Ninive et l�Arm�nie?; mais son fils Rams�s Il M�iamun (le S�sostris des Grecs), qu�il s�associa comme co-r�gent pendant son long r�gne de soixante-sept ans, eut � lutter contre des soul�vements de presque toutes les provinces de son immense empire. Il eut � comprimer en particulier une r�volte des H�thiens et son exp�dition est racont�e dans un po�me que nous poss�dons encore. C��tait un tyran qui aimait le faste?; il a couvert l��gypte de constructions immenses auxquelles il employait les innombrables captifs qu�il ramenait de ses exp�ditions militaires?; il a �crit sur plus d�un monument qu�aucun indig�ne n�avait travaill� � l��lever. Plusieurs villes portent son nom. Avec son fils M�nephta commence la d�cadence?; l��gypte perd successivement toutes les provinces qu�elle avait conquises au dehors et se voit envahie elle-m�me par les Lybiens.

Il est probable et c�est l�opinion la plus g�n�ralement admise aujourd�hui, que ce Rams�s Il fut le Pharaon qui opprima les Isra�lites. Ceux-ci n�avaient pas �t� expuls�s avec les Hyksos parce qu�ils n�avaient point �t� associ�s � leur domination?; ils �taient demeur�s paisibles dans le pays de Gossen. Mais Rams�s II, qui redoutait de les voir se joindre un jour � ses ennemis du dehors et qui voulait avoir des ouvriers pour ses nombreuses constructions, les astreignit � ces rudes travaux dont parle l�Exode. Nous les voyons m�me occup�s � construire une de ces nombreuses villes du nom de Rams�s dont nous avons parl�. Il n�est gu�re possible non plus que les Isra�lites aient quitt�, l��gypte avant le r�gne de Rams�s?; car nos livres sacr�s ne font aucune mention des nombreuses exp�ditions des Pharaons en Syrie et cependant le gouvernement de Josu� et des Juges n�aurait pu manquer d�en �tre troubl�. C�est ce qui nous engage � faire de Rams�s le Pharaon de l�oppression, sous le r�gne duquel naquit Mo�se et de son fils M�nephta le Pharaon sous lequel les Isra�lites sortirent d��gypte.

S�il en est ainsi, la famille de Jacob se serait �tablie en �gypte pendant la domination des Hyksos, 430 ans avant le r�gne de M�nephta?; voir Exode�12.40. Ainsi s�explique la facilit� avec laquelle Joseph put s��lever aux honneurs supr�mes et un chef nomade comme Jacob obtenir une vaste concession de territoire dans la meilleure partie du pays, lors m�me que les �gyptiens avaient les bergers en horreur. Le roi, qui �tait lui-m�me d�origine �trang�re, ne partageait pas cette aversion. Il serait possible qu�Abraham lui-m�me e�t rencontr� d�j� en �gypte un roi hyksos, puisque Pharaon n�h�site pas � s�allier avec la famille de ce berger nomade.

Il est bien peu probable, en �change, qu�un des rois de la 19e dynastie, qui travaillaient � expulser les Hyksos, e�t autoris� l��tablissement d�une nouvelle colonie asiatique et s�mitique en pleine �gypte et tout pr�s de la fronti�re orientale.

Nous admettons, avec Exode Exode�12.40, que le s�jour des Isra�lites en �gypte fut de 430 ans, malgr� les objections que l�on a fait valoir contre cette date. La version grecque des LXX corrige le texte original en faisant rentrer dans ces 430 ans les 215 ans que les patriarches pass�rent dans le pays de Canaan depuis la vocation d�Abraham jusqu�au d�part de Jacob pour l��gypte. Paul parait suivre cette opinion Galates�3.17?; mais en examinant le texte grec, on se convainc facilement que les LXX ont fait une correction et que l�h�breu est le vrai texte original. C�est ce que confirme la proph�tie Gen�se�15.13-16 qui annonce � Abraham en chiffres ronds que sa post�rit� sera asservie pendant quatre cents ans dans un pays �tranger.

On a oppos� � cette mani�re de voir les g�n�alogies de la famille de L�vi que nous trouvons Exode�6.16-25 et Nombres�26.59, d�apr�s lesquelles Amram, le p�re de Mo�se, serait le petit-fils de L�vi et aurait �pous� sa tante Jok�bed, propre fille de L�vi. Cette difficult� serait insoluble si nous ne pouvions pas supposer que ces g�n�alogies sont incompl�tes et qu�il y a des cha�nons omis?; c�est ce dont nous nous convaincrons en constatant que pendant le s�jour en �gypte la famille d��phra�m a compt� dix g�n�rations (1�Chroniques�7.22-27). On ne comprendrait pas d�ailleurs comment en un temps plus court la famille de Jacob aurait pu se transformer en un peuple aussi nombreux.

Si la chronologie des dynasties �gyptiennes �tait fix�e d�une mani�re pr�cise, nous pourrions d�terminer la date de la sortie, mais jusqu�ici les savants qui s�occupent de ces questions n�ont pu r�ussir � se mettre d�accord. L�un des plus autoris�s (Brugsch) affirme que ce n�est qu�� partir de la 26e dynastie, ainsi depuis un temps bien post�rieur, que la chronologie est fond�e sur des dates dont l�exactitude laisse peu � d�sirer. Nous avons dans 1�Rois�6.1 une importante donn�e qui fixe � quatre cent quatre-vingts ans le temps qui s�est �coul� depuis la sortie d��gypte jusqu�� la quatri�me ann�e de Salomon?; ce chiffre pourrait bien n��tre qu�approximatif et reposer sur le calcul de douze g�n�rations � quarante ans chacune. Mais cet espace de temps n�est certes pas trop long s�il faut y placer le voyage des Isra�lites dans le d�sert, la conqu�te du pays de Canaan par Josu�, les longues ann�es de servitude et de guerre des Juges, les r�gnes de Sa�l et de David. D�apr�s cette date, l�exode aurait eu lieu vers l�an 1500 avant J�sus-Christ. Plusieurs �gyptologues actuels, se basant sur des calculs astronomiques, le placent beaucoup plus tard, vers 1320?; mais cette date qui bouleverserait notre chronologie biblique, n�est point si g�n�ralement admise que nous ne puissions suspendre notre jugement et attendre des informations plus s�res avant de chercher � r�soudre les difficult�s auxquelles elle conduirait.

La d�livrance (chapitres 1 � 18)

Cette premi�re partie se compose de dix sections formant deux s�ries de cinq sections chacune. Les �v�nements rapport�s dans la premi�re s�rie se passent en �gypte et se terminent par le passage de la mer Rouge (Exode�1.1 � 15.21)?; la seconde a pour sujet le voyage dans le d�sert, de la mer Rouge au Sina� (Exode�15.22 � 18.27).

Les cinq sections dont se compose la premi�re s�rie forment un r�cit complet dans lequel l�action marche d�une mani�re vraiment dramatique. On dirait les cinq actes d�une trag�die. Chaque section est s�par�e de la pr�c�dente par une remarque servant de conclusion et indiquant le point o� en est la foi d�Isra�l?:

  1. Dans la premi�re section, on voit l�asservissement du peuple h�breu, la naissance de Mo�se et sa premi�re tentative en faveur de son peuple?; cette tentative est inutile parce qu�il l�a entreprise de son chef et rien n�est chang� � l��tat d�Isra�l. Mais � la fin de cette section se trouve un fait qui pr�pare et am�ne la suivante?: Isra�l crie � Dieu et son appel monte � lui (Exode�2.23-25).
  2. Dans la seconde, Dieu appara�t � Mo�se et le charge de la d�livrance de son peuple?; Isra�l re�oit ce message avec foi (Exode�4.31).
  3. Le d�nouement semble proche, mais les d�marches faites aupr�s de Pharaon am�nent un r�sultat contraire � celui qu�esp�rait Isra�l?; sa servitude est aggrav�e. et quand Mo�se lui parle de nouveau de la part de l��ternel, il refuse d��couter (Exode�6.9).
  4. Alors Dieu intervient lui-m�me � main forte?; la d�faite de Pharaon et la d�livrance d�Isra�l sont compl�tes?; Isra�l croit � l��ternel et � Mo�se son serviteur (Exode�14.31).
  5. La cinqui�me section couronne le r�cit par un chant de triomphe qui c�l�bre cette victoire de l��ternel et en pr�dit de nouvelles.

La seconde s�rie, beaucoup plus courte, comprend aussi cinq sections, racontant chacune un fait sp�cial du voyage dans le d�sert. Dans les trois premi�res, on voit les trois premi�res de ces sc�nes de plaintes et de murmures qui, plus tard, se renouvel�rent encore. La quatri�me et la cinqui�me nous montrent les premi�res relations que les Isra�lites, constitu�s en nation, soutiennent avec les �trangers, relations hostiles avec les Amal�kites, amicales avec J�thro et sa tribu et qui les amen�rent plus tard � d�truire les uns, tandis qu�ils accord�rent aux autres d�habiter avec eux dans leur pays.

Verset 1

En �gypte

Chapitres 1 et 2 � Isra�l dans la servitude

Chapitre 1 � Multiplication et oppression d�Isra�l

Ce chapitre, qui sert d�introduction � tout le livre, le relie en m�me temps au livre de la Gen�se, comme l�indique express�ment la conjonction et, par laquelle il commence. En effet, il r�p�te, en le r�sumant, ce qui a �t� dit Gen�se�46.8-27?; puis il montre l�accomplissement de ce que Dieu avait pr�dit � Abraham et � Jacob (Gen�se�15.13?; Gen�se�46.3). D�apr�s ces passages, Dieu avait deux buts en faisant s�journer son peuple en �gypte?: il voulait qu�il y multipli�t et qu�il y f�t opprim�. Nul pays n��tait plus propre � r�aliser cette double intention, car?:

  1. l�esp�ce humaine, aussi bien que les esp�ces animales, s�y propagent plus qu�en aucun autre et l��tonnante fertilit� du sol suffit � nourrir une population consid�rable?;
  2. l��gypte a toujours �t� une maison de servitude, comme l�attestent les pyramides et les travaux immenses que les Pharaons faisaient ex�cuter par leurs prisonniers de guerre.

Sa famille?: y compris les serviteurs, qui devaient �tre nombreux?; car Abraham en avait d�j� trois cent dix-huit en �tat de porter les armes (Gen�se�14.14).

Verset 5

Soixante-dix?; voir Gen�se�46.27

Verset 7

Le pays en fut rempli. Avant tout, le pays de Gossen, puis sans doute aussi les autres provinces?: on voit par Exode�3.22 que beaucoup d�Isra�lites habitaient au milieu des �gyptiens.

Verset 8

Les mots?: il s��leva et un nouveau roi, ainsi que la remarque que ce roi ne savait rien de Joseph, font supposer qu�il s�agit du chef d�une nouvelle dynastie. Ce roi pourrait donc �tre Ahm�s, de la 18e dynastie, celui qui chassa les Hyksos, ou peut-�tre Rams�s I, premier roi de la 19e. Le roi sous lequel naquit Mo�se et dont la mort est mentionn�e Exode�2.23, parait en tout cas avoir �t� Rams�s II (voir ci-dessus la note historique). Mais il est difficile d�admettre que l�oppression d�Isra�l qui, d�apr�s l�Exode, avait d�j� pass� par plusieurs phases avant la naissance de Mo�se, n�ait commenc� que sous ce r�gne.

Verset 9

Trop nombreux et trop fort. Le danger �tait d�autant plus grand que le district de Gossen �tait pr�cis�ment celui qui, par sa situation au nord-est, aurait �t� le plus expos� dans le cas d�une nouvelle invasion asiatique. Les Isra�lites auraient pu se joindre aux envahisseurs.

Verset 10

Ceux qui nous veulent du mal. C�est le sens propre du mot h�breu. Le, roi ne parle pas ici d�ennemis venant du dehors, mais d�ennemis du dedans qui pourraient profiter d�une invasion �trang�re pour lever la t�te. Il pense probablement aux restes des Hyksos demeur�s dans le pays et r�duits en servitude et dont un certain nombre parait s��tre joint aux Isra�lites lorsqu�ils sortirent d��gypte (voir Exode�12.38).

Verset 11

Villes de greniers, litt�ralement?: villes de magasins. Il s�agit probablement ici de ces grands magasins � bl�, dont Joseph avait le premier donn� l�id�e.

Pithom et Rams�s. Ces deux villes, dont on croit avoir tout r�cemment retrouv� l�emplacement et les ruines, doivent en tout cas avoir �t� situ�es dans la vall�e qui s��tend de l�ouest � l�est entre le Nil et le lac des Crocodiles, qui formait alors l�extr�mit� nord de la mer Rouge.

Verset 13

Le peuple est complice du roi et sera plus tard puni comme lui.

Verset 14

Briques. Les briques, dans lesquelles on m�lait � l�argile de la paille hach�e pour les rendre plus solides (voyez le chapitre 5), �taient fort employ�es en �gypte et l�on en trouve encore aujourd�hui des masses �normes dans le pays de Gossen.

Une peinture de ce temps-l�, � Th�bes, que nous reproduisons ici, nous montre des �trangers fabriquant des briques sous le commandement d�intendants �gyptiens.

Et travaux de campagne?: outre la culture elle-m�me, le creusage et l�entretien des canaux d�irrigation, travail p�nible et malsain.

Verset 15

D�apr�s la ponctuation massor�tique il faudrait traduire?: aux sages-femmes h�bra�ques ?; mais rien dans le texte m�me, n�emp�che de traduire, comme le font les LXX?: les sages-femmes des h�bra�ques. Elles pourraient dans ce cas avoir �t� �gyptiennes. Il n�est pas vraisemblable, en effet, que Pharaon e�t confi� cette mission � des femmes h�bra�ques. Les deux sages-femmes nomm�es ici �taient sans doute les chefs de toute la corporation ou les principales sages-femmes de la capitale. Leurs noms n�ont point encore �t� expliqu�s s�rement ni par l�h�breu ni par l��gyptien.

Verset 19

Le fait all�gu� par les sages-femmes, pour s�excuser aupr�s du roi, peut avoir �t� vrai dans bien des cas, mais non dans tous. On comprend que des femmes pa�ennes ou m�me isra�lites se soient permis un mensonge pour sauver la vie de tant d�enfants. Mais on s�est �tonn� quelquefois que Dieu leur ait fait du bien � cause de cela.

Remarquons que ce n�est pas leur mensonge que Dieu a r�compens�, mais leur foi et leur humanit�, bien qu�entach�es encore d�un vice provenant de l�inf�riorit� de leur d�veloppement religieux. Elles ont eu assez de foi pour craindre Dieu, mais pas assez pour ne craindre que lui. Si Dieu ne b�nissait que les actions enti�rement pures, o� seraient, m�me chez les chr�tiens, celles qu�il pourrait b�nir??

Verset 21

Nous ne traduisons pas comme on le fait g�n�ralement?: Parce que les sages-femmes avaient eu la crainte de Dieu, Dieu fit prosp�rer leurs maisons. Cette traduction est moins conforme au texte et ne fait que r�p�ter ce qui vient d��tre dit?: Dieu fit du bien aux sages-femmes.

Verset 22

L�ordre du roi ne pouvait s�ex�cuter que dans le voisinage du Nil. Lui-m�me sans doute ne s�attendait pas � ce qu�on lui ob��t ailleurs que dans les districts o� les H�breux �taient m�l�s avec les �gyptiens et en minorit�. La tribu qui habitait la capitale ou qui �tait la plus voisine fut n�cessairement celle qui eut le plus � souffrir.

Le chapitre suivant nous prouve que cette tribu �tait celle de L�vi. Cela explique pourquoi, lors du d�nombrement, la tribu de L�vi se trouva de beaucoup la moins nombreuse (Nombres�3.39)?: mais elle parait avoir �t� la plus instruite, ce qui s�expliquerait aussi par cette proximit� de la capitale.

Nous pouvons recueillir dans l��criture quelques donn�es qui nous permettent de faire certaines inductions relativement � la situation qu�occupaient les tribus pendant le s�jour d�Isra�l en �gypte.

Le fait que celles de Gad et de Ruben �taient rest�es nomades (Nombres�23.1) prouve qu�elles habitaient hors du pays cultivable, au nord-est sans doute et sur les confins du d�sert. Celle de Juda, au contraire, parait avoir v�cu dans les villes et �tre devenue une tribu d�artisans (voir Exode�31.2?; 1�Chroniques�4.14?; 1�Chroniques�4.21?; 1�Chroniques�4.23).

La tribu d��phra�m doit avoir �t� agricole et aussi guerri�re. Le passage 1�Chroniques�7.21 montre qu�elle n��tait pas tr�s �loign�e du territoire des Philistins et habitait une contr�e cultivable.

La tribu de Manass�, s�ur de celle d��phra�m et qui �tait en partie nomade et en partie agricole, avait sans doute son si�ge entre les p�turages de Gad et Ruben et la terre arable d��phra�m.

Le s�jour d�Isra�l en �gypte ne servit pas seulement � son accroissement et � son �ducation morale, comme nous l�avons vu plus haut?: ce fut encore pour lui un moyen d�instruction intellectuelle et un apprentissage de la vie agricole et des divers arts. Ce qui montre l�importance de cet apprentissage, c�est le r�le pr�pond�rant que prirent plus tard L�vi, Juda et les guerriers d��phra�m et le r�le effac� des deux tribus et demie qui n�avaient rien appris et �taient rest�es des peuples pasteurs.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Exodus 1". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/exodus-1.html.