Bible Commentaries
Exode 12

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-51

Verset 1

Institution de la P�que (1-28)

Versets 1 � 6 � Le jour

Dans le pays d��gypte. Cette remarque oppose cette loi � toutes les autres qui ont �t� donn�es plus tard au d�sert de Sina� et dans la plaine de Moab. Il est clair que le r�cit n�a �t� �crit qu�apr�s la sortie d��gypte.

Les Juifs pensent que c�est ici que commence la loi proprement dite.

Verset 2

Ce mois, qui s�appelait alors mois d�Abib, c�est-�-dire des �pis (marquant le commencement de la moisson), et, apr�s la captivit�, mois de Nisan, correspond en grande partie � notre mois d�avril.

Jusqu�ici les H�breux avaient sans doute commenc� leur ann�e civile et agricole en automne, � l��poque des semailles, ainsi que plusieurs peuples asiatiques (Gen�se�7.11, note) et ils ont conserv� cette mani�re de compter. Mais Dieu institue ici une ann�e religieuse diff�rente de l�ann�e civile et qui devra commencer avec la f�te qu�il �tablit en ce moment. Il fait ressortir par l� l�importance capitale de cette f�te et de l��v�nement qu�elle rappelle.

Verset 3

Le dixi�me jour du mois para�t, d�apr�s diverses analogies, avoir eu une certaine importance comme terminant la premi�re d�cade du mois. Par cette ordonnance, le peuple est invit� � se pr�parer � la f�te prochaine.

Un agneau, ou un chevreau, comme cela est dit express�ment au verset 5 (voir aussi 2�Chroniques�35.7). Le mot h�breu, qui n�a pas de correspondant en fran�ais, se dit de toute pi�ce de petit b�tail, ch�vre ou mouton.

Les mots par maison (c�est-�-dire par m�nage) ont un sens plus restreint que l�expression par famille. La famille pouvait comprendre plusieurs m�nages.

La soci�t� form�e pour manger ce repas sacr� ne devait pas �tre compos�e d�individus arbitrairement r�unis. D�apr�s la tradition juive post�rieure, elle devait se composer au moins de dix personnes.

Verset 4

Selon ce qu�elle peut manger?: s�il y a plusieurs femmes et enfants, la soci�t� pourra �tre un peu plus nombreuse.

Verset 5

Sans d�faut?: comme dans tous les autres sacrifices, sauf les offrandes volontaires.

M�le?: comme dans les sacrifices particuli�rement solennels, tels que l�holocauste. Comparez l�ordonnance post�rieure L�vitique�22.17-23

D�un an?: cet �ge est celui de la pleine vigueur de l�animal?; comparez Mich�e�6.6. M�me ordonnance pour les agneaux offerts dans certains cas en holocauste.�Ces prescriptions n�ont donc rien qui se rapporte sp�cialement � la P�que. Il en est, autrement des suivantes.

Verset 6

Dans la soir�e, litt�ralement?: entre les deux soirs (L�vitique�23.5?; Nombres�9.3?; Nombres�9.5) ou, comme il est dit Deut�ronome�16.6?: le soir, vers le coucher du soleil.

Probablement, le premier soir d�signe les heures qui pr�c�dent le coucher du soleil et le second celles qui le suivent (ainsi?: de 3 heures � 7 heures). D�apr�s d�autres, les deux soirs d�signeraient l�un le moment du coucher du soleil, l�autre celui de la nuit close. La pratique des Samaritains et des Cara�tes est conforme � cette seconde interpr�tation. La premi�re est soutenue par plusieurs c�l�bres rabbins juifs. Elle para�t pr�f�rable, parce que, selon l�autre, il n�y aurait pas eu le temps n�cessaire pour pr�parer l�agneau et manger le repas, qui devait �tre termin� � minuit.

La totalit� de l�assembl�e?: chaque p�re de famille, pour sa maison, � la m�me heure que tous les autres. Plus tard, ce furent les L�vites qui immol�rent l�agneau dans le sanctuaire (2�Chroniques�30.15-17).

Verset 7

Le repas (7-14)

Verset 8

Cette nuit-l�?: dans les heures qui suivront l�aspersion du sang de l�agneau sur les montants et le linteau de chaque porte. Ce sera l�expiation op�r�e par ce sang qui mettra la maison et ses habitants, r�unis pour le repas, � l�abri du fl�au qui frappera toutes les familles de l��gypte (verset 23). Isra�l n�ayant pas encore de centre et n��tant pas encore constitu� comme peuple, ne pouvait �tre purifi� que par familles.

R�tie au feu?; proprement mise � la broche. Le mot h�breu tsala para�t appartenir � la m�me racine que thala, suspendre, empaler, mettre en croix.

Des pains sans levain?: voir au verset 15.

Des herbes am�res?: laitue sauvage, chicor�e ou autres. Ce mets est un simple accessoire dans le banquet, comme chez nous la salade. Il �tait destin� soit � assaisonner les autres aliments, soit plut�t � figurer l��tat de souffrance dans lequel Isra�l avait v�cu et dont il allait sortir?; comparez l�expression Exode�1.14?: Ils leur rendirent, la vie am�re.

Verset 9

Rien cru ou bouilli. � l�ordinaire la viande des sacrifices �tait mang�e bouillie (Exode�29.31?; L�vitique�8.31, etc.). Mais l�agneau devait �tre conserv� intact et para�tre dans son int�grit� sur la table du repas et aucune partie apr�s le repas ne devait se perdre. C�est ce qui n�aurait pu avoir lieu s�il e�t �t� bouilli.

T�te, jambes, entrailles. Le but de cette ordonnance est le m�me?: l�agneau doit rester au complet?; entrailles, naturellement nettoy�es de leur contenu. Les voyageurs dans le d�sert pr�parent toujours leur viande en la r�tissant, cet appr�t �tant plus exp�ditif et n�exigeant pas d�ustensiles. Mais le motif de la prescription donn�e ici aux Isra�lites �tait �videmment tout autre. Les ustensiles ne leur manquaient point en �gypte.

Verset 10

Toujours dans le but de pr�server le corps de l�agneau de toute profanation.

Verset 11

Les reins ceints�?: en costume de voyage?; car l�heure du d�part allait sonner (verset 12).

La longue robe orientale est relev�e et fix�e autour des reins pour la marche (1�Rois�18.46?; 2�Rois�4.29?; Luc�12.35).

En rentrant � la maison, on d�pose les sandales, qu�on ne remet que pour sortir (Matthieu�3.11?; Marc�1.7?; Actes�12.8).

Vous le mangerez et � la h�te?: Le d�part d��gypte n��tait pas une surprise pour Isra�l. Il savait par la foi � la promesse divine que le signal pouvait retentir d�un moment � l�autre?; il devait, par cons�quent, se tenir pr�t � marcher.

C�est la P�que� Le mot p�que (h�breux p�sach, de pasach, sauter, passer par-dessus, �pargner) d�signe proprement le passage de l��ternel pr�s des maisons isra�lites, en les �pargnant (�sa�e�31.5). Le sens est donc?: Ce repas, je vous le prescris en m�moire de la pr�servation qui vous sera accord�e en cette nuit-l�.

Verset 12

Les dieux de l��gypte. On pense g�n�ralement que ces mots font allusion aux animaux, symboles des divinit�s �gyptiennes, dont les premiers-n�s furent aussi frapp�s?; comparez Nombres�33.4. Mais, en tout cas, il s�agit surtout de l�impuissance des dieux des �gyptiens � prot�ger leurs adorateurs contre le courroux de l��ternel. De l� ces derniers mots qui expliquent tout?: Je suis l��ternel.

Verset 13

Je passerai, sans frapper?; c�est l�explication du mot p�que (verset 11)

Les mots?: le sang sera un signe et il n�y aura pas de plaie, ne laissent aucun doute sur la valeur expiatoire du sang de l�agneau?; comparez L�vitique�14.25

Par la raison que le terme de sacrifice n�est pas appliqu� � la P�que dans l�ordonnance versets 1 � 14, on a parfois ni� qu�elle e�t ce caract�re. Mais les qualit�s de la victime, �num�r�es verset 5, le repas sacr� qui suit l�immolation et surtout l�emploi du sang pour pr�server Isra�l, ne permettent pas de douter que l�immolation de l�agneau ne soit un vrai sacrifice. Seulement ce sacrifice diff�re de toutes les esp�ces de sacrifice r�glement�es plus tard par la loi.

Il a de commun avec le sacrifice d�expiation l�emploi du sang, avec l�holocauste le passage de la victime par le feu, avec le sacrifice d�action de gr�ces le repas sacr� qui le compl�te. Mais il diff�re essentiellement de tous les autres en ce qu�il est un sacrifice de famille. Il n�y a encore ni sanctuaire, ni autel, ni sacrificateur et m�me plus tard, lorsque l�acte de l�immolation fut transport� dans le sanctuaire et confi� aux sacrificateurs, ce caract�re domestique originaire demeura, dans ce trait sp�cial du repas de famille qui le terminait.

Ce repas �tait un signe de communion avec Dieu. C�est l� le c�t� positif de la gr�ce dont l�expiation n�est que le c�t� n�gatif?; deux choses qui se retrouvent dans l�Eucharistie. J�sus-Christ, dont le sang a �t� r�pandu en r�mission des p�ch�s, devient en m�me temps pour nous une nourriture, un principe de vie que nous avons � nous assimiler. La P�que est donc de beaucoup le plus important de tous les sacrifices de l�Ancien Testament. Tandis que, dans les autres, une des deux faces de l�id�e du sacrifice, soit l�expiation, soit la communion, l�emporte toujours sur l�autre, la P�que est le sacrifice complet et par excellence. Aussi est-ce toujours � celui-l� que les hommes du Nouveau Testament ont compar� celui de J�sus-Christ. Comparez Jean�1.36?; 1�Corinthiens�5.7?; 1�Pierre�1.19 et toute l�Apocalypse, dans laquelle J�sus est repr�sent�, comme l�Agneau ou l�Agneau immol�.

� propos de la mort de J�sus-Christ, Jean (Jean�19.36) rel�ve cette prescription particuli�re � l�agneau pascal?: Pas un de ses os ne sera rompu.

Sur la question de savoir si avant Mo�se il existait d�j� une f�te en Isra�l destin�e � c�l�brer le renouvellement de la vie � l��poque du printemps, voir au verset 21.

Verset 15

Les pains sans levain (15-20)

Cette prescription, plac�e, comme elle l�est, � la suite du verset 14, ne peut point s�appliquer � la premi�re P�que qui devait �tre c�l�br�e en �gypte?; elle a trait uniquement aux P�ques subs�quentes, anniversaires de cette P�que premi�re et originelle. Nous devons donc l�envisager comme une ordonnance suppl�mentaire, que Mo�se a re�ue plus tard, apr�s la sortie d��gypte et qui a �t� ins�r�e ici pour compl�ter les prescriptions relatives � la c�l�bration de la P�que. C�est ce que confirment?:

  1. l�expression du verset 17?: Je vous ai fait sortir
  2. celle de sainte assembl�e au premier et au septi�me jour, verset 16
L�ordre de manger les pains sans levain pendant sept jours, ordre dont l�ex�cution ne pouvait avoir, lors de la premi�re P�que, le caract�re r�glementaire et rituel qui lui est attribu� ici (voir aux versets 34 et 39).

Le terme h�breu mattsoth?: pains sans levain, azymes, vient probablement d�un terme arabe qui signifie pur?; il d�signe donc des g�teaux faits d�une p�te non alt�r�e par la pr�sence et l�action du levain. La fermentation que produit le levain dans la p�te est en m�me temps un principe de corruption?; c�est pourquoi le levain est exclu des g�teaux d�offrande pr�sent�s sur l�autel (L�vitique�2.11)?; aussi l��criture en fait-elle le symbole de la corruption morale (1�Corinthiens�5.7-8).

On a suppos� que la coutume d��loigner le levain en certains moments provenait d�un usage ant�rieur au temps de Mo�se et �tait en rapport avec le commencement de la moisson. On aurait jug� convenable de manger les pr�mices de la r�colte dans leur �tat de puret� naturelle, sans y rien m�ler d��tranger. Rien n�emp�che, en effet, que Dieu n�ait transform� un usage primitivement agricole en rite th�ocratique, afin de c�l�brer par ce symbole de renouvellement et de purification l��v�nement qui allait faire d�Isra�l lui-m�me un peuple nouveau.

Verset 16

La prescription donn�e dans ce verset �l�ve le premier et le septi�me jour de la semaine pascale au rang de sabbats, si ce n�est qu�en ces jours-l� Dieu permet de pr�parer les aliments, tandis que cet acte m�me est interdit le jour du sabbat (Exode�35.3).

Une sainte assembl�e?: en vue de l�adoration commune. D�s le voyage � travers le d�sert de pareilles convocations purent avoir lieu dans le camp.

Verset 19

�trang�re. Le verset 38 montre qu�au moment m�me de la sortie d��gypte de nombreux �trangers se joignirent au peuple.

Indig�ne?; proprement n�e dans le pays. Ce terme ne peut avoir en vue la terre de Gossen, o� Isra�l n��tait pas chez lui?; il doit donc s�appliquer � la terre que Dieu lui avait promise. C�est ce que confirment les mots?: dans tous les lieux o� vous habiterez, verset 20, comparez verset 25 et suivants.

Verset 21

Mo�se communique aux Anciens les instructions relatives � la prochaine P�que (21-28)

Ce morceau se rattache historiquement � l�ordre divin versets 1 � 14, dont il a �t� s�par� par l�insertion de l�ordonnance post�rieure, versets 15 � 20.

Il r�sulte clairement des mois?: choisissez� prenez � que cette communication eut lieu d�s avant le dixi�me jour de ce mois, jour auquel son ex�cution devait commencer (verset 3).

Familles. Le mot h�breu n�est pas le m�me que verset 3 o� il avait d�j� un sens tr�s large. Le terme employ� ici a un sens plus �tendu encore (comme Exode�6.14). D�apr�s ce sens, il n�y a par tribu que deux ou trois familles, comprenant chacune quelques milliers d��mes. � la t�te de chacune d�elles �tait un de ces Anciens auxquels Mo�se transmit la communication divine verset 1 et suivants?; comparez Exode�3.16, note et Exode�4.29.

On a conclu de ce terme la P�que, employ� sans explication, qu�il s�agit d�une f�te de m�me nom qui avait d� exister d�j� en Isra�l pour c�l�brer le retour du printemps (comme cela avait lieu chez la plupart des peuples anciens). Mais l�instruction donn�e par Dieu � Mo�se n�est reproduite ici qu�en abr�g�?; ce discours doit �tre compl�t� d�apr�s les versets 1 � 14?; et l�expression la P�que trouve son explication dans celle du verset 11?: C�est la P�que de l��ternel. Du reste, comme nous l�avons fait entendre au verset 15, nous ne pr�tendons point que d�j� il n�exist�t en Isra�l une f�te du printemps. Peut-�tre �tait-ce pr�cis�ment la f�te que Mo�se demandait � Pharaon d�aller c�l�brer hors d��gypte (Exode�3.18?; Exode�5.3?; Exode�8.27, etc.).

Verset 22

Hysope. Petite plante (1�Rois�4.33) appartenant au genre des labi�es (lavande, thym, etc.), tr�s aromatique, employ�e par cette raison sans doute aux purifications (L�vitique�14.4?; Psaumes�51.9) et, de plus, tr�s velue, ce qui la rendait propre aussi aux aspersions. On discute sur la question de savoir si c�est la plante appel�e hysope officinale ou l�origan (marjolaine).

Le mot h�breu rendu par bassin est traduit dans beaucoup de versions par seuil. Mais si le sang e�t �t� sur le seuil, en passant on se serait expos� � le profaner. Pour le sens adopt�, voir Zacharie�12.2, note.

Le bassin?: celui dans lequel le sang avait �t� recueilli au moment de l�immolation.

Verset 23

Les Isra�lites eux-m�mes n��taient en s�ret� dans cette nuit de jugement que sous l�abri du sang de l�agneau.

Au Destructeur. Quelques-uns donnent au terme h�breu le sens abstrait?: la destruction, c�est-�-dire ici la peste. Mais l�expression?: entrer dans les maisons, s�applique plut�t � un �tre personnel. Il s�agit de l�ange par lequel Dieu ex�cutera s�agit ce jugement, lequel n�est pas pour cela un mauvais ange, comme on l�a pens�. C�est en la personne de cet ange que Dieu lui-m�me traversera et frappera l��gypte (verset 12). Comparez 2�Samuel�24.15. D�apr�s plusieurs, c�est ici l�ange de l��ternel dans le sens le plus �lev� du mot?; comparez la note Gen�se 21, fin. C�est ce que l�on ne peut ni affirmer, ni nier.

Verset 24

L�organisation du peuple par tribus, familles, maisons, permettait de faire parvenir en tr�s peu de temps les ordres de l��ternel � tout le peuple. Le verset 3 prouve d�ailleurs que, dans le cas actuel, les ordres avaient d� �tre donn�s plus de cinq jours avant celui de la P�que.

Verset 29

La dixi�me plaie?: Mort des premiers-n�s (29-36)

Il ne para�t pas que l�on puisse attribuer � cette derni�re plaie une cause naturelle, telle que l�une de ces pestes qui s�vissent parfois au printemps dans la contr�e du Nil. Car le fl�au ne frappe que les premiers-n�s, il les frappe tous?; il les frappe � la m�me heure?; il atteint aussi ceux des b�tes?; enfin ceux des Isra�lites sont tous pr�serv�s. Dieu veut faire sentir par l� que c�est bien lui cette fois qui passe et qui frappe.

Verset 31

Il appela. Il n�est pas probable que, dans l��tat de douleur et de consternation o� il se trouvait, Pharaon ait re�u lui-m�me Mo�se. Par le r�cit de la sc�ne Exode�10.28-29, l�auteur a d�avance �cart� cette pens�e. Le roi fit conna�tre sa volont� par l�un des siens.

On a conclu des mots?: comme vous l�avez dit, que Pharaon n�autorisait le d�part qu�� la condition du prochain retour dont Mo�se avait d�abord parl�. Mais cette conclusion est contraire � l�expression de Pharaon lui-m�me?: Sortez du milieu de mon peuple?; puis � cette autre parole de Pharaon?: Qu�avons-nous fait de laisser partir Isra�l pour ne plus nous servir?? (Exode�14.5)?; enfin � sa r�solution de poursuivre Isra�l pour le ramener de force dans un moment o� le peuple n�avait pas encore quitt� le sol de l��gypte. Les �gyptiens ne songeaient pas non plus � un retour d�Isra�l quand ils s��criaient?: Partez, nous sommes tous morts?!

Depuis les premi�res d�marches de Mo�se, qui pr�c�d�rent les quatre premi�res plaies les choses avaient march�. � la suite des sc�nes Exode�10.28 et Exode�11.8 toute n�gociation � l�amiable �tait remplie. Les mots comme vous l�avez dit, portent donc uniquement sur l�id�e de partir, hommes et troupeaux.

B�nissez-moi pourrait signifier seulement?: Prenez cong� de moi?; laissez-moi?! Mais, dans l��tat de terreur o� se trouve le monarque, ils signifient plus?: Priez pour moi, que Dieu cesse de me frapper et qu�il �pargne ma vie?! Quelle r�tractation de la bravade Exode�10.10?! Comparez Exode�8.28?; Exode�9.28

Verset 33

Accomplissement de la proph�tie de Mo�se, Exode�11.8?; comparez aussi Exode�3.20-22

Verset 34

Les b�douins p�trissent quelquefois la p�te sur de simples morceaux de peau il est possible que les maies ou p�trins des H�breux ne fussent pas autre chose.

On a pr�tendu que l�explication donn�e ici du rite des pains sans levain � la f�te de P�ques (par la pr�cipitation du d�part diff�rait absolument de celle qui r�sulte du verset 8, o� cet usage est motiv� uniquement par une ordonnance de l��ternel donn�e au peuple bien des jours avant la sortie?; et l�on a vu l� la preuve que l�auteur suit simultan�ment deux documents contradictoires, dont il se borne � juxtaposer les r�cits.

Mais il ne peut �tre question de contradiction l� o� il s�agit de deux choses diff�rentes. L�ordonnance du verset 8 portait sur l�usage des azymes dans le repas pascal du 14 au soir?; l�explication verset 34 et 39 porte uniquement sur l�extension de cet usage � la f�te des sept jours qui, d�apr�s une institution post�rieure, fut ajout�e au repas primitif. Le rite du repas pascal fut r�gl� par l�ordonnance divine dans tous ses d�tails que nous avons expliqu�s plus haut (versets 1 � 8). Celui de la semaine pascale fut �tabli que plus tard, apr�s la sortie d��gypte et c�est celui-ci qui s�explique par les circonstances de la sortie et que motivent nos versets 34 et 39. L�extension de l�usage des pains sans levain � toute une semaine fut �tablie en souvenir de la pr�cipitation avec laquelle avait eu lieu le d�part et de la n�cessit� o� s��taient trouv�s les Isra�lites d�emporter leur provision de p�te non encore lev�e. On comprend facilement comment se pass�rent les choses. Ne devant manger dans le repas du 14 au soir que du pain non lev�, les Isra�lites n�avaient pu mettre du levain dans leur provision de p�te. Et lorsque imm�diatement apr�s le repas ils durent se pr�parer au d�part, ils furent oblig�s d�emporter leur p�te telle qu�elle �tait s ans levain et de la manger ainsi pendant les premiers jours du voyage. C�est cette derni�re circonstance que rappelait l�usage des azymes durant la semaine pascale institu�e plus tard. Comparez Deut�ronome Exode�16.3 qui confirme express�ment cette explication.

Il n�y a donc pas plus de contradiction dans le r�cit de l�auteur, qu�entre les sources o� il l�a puis�. Le verset 8 explique le rite du repas pascal, les versets 34 et 39 celui de la semaine pascale, ainsi que la relation historique entre tous les deux.

Verset 37

D�part des Isra�lites (37-42)

Rams�s. Ce nom �tait celui de tout un pays dans le Delta, qui renfermait celui de Gossen et il ne serait pas impossible de lui donner ici ce sens g�n�ral. Mais il est plus probable qu�il s�agit de la capitale de ce pays que les Isra�lites avaient eux-m�mes b�tie (1.41) et o� ils habitaient sans doute en fort grand nombre.

On identifie souvent cette ville avec Tanis (Tsoan), la principale r�sidence des rois hyksos, situ�e dans la partie nord-est du Delta, pr�s du lac Menzal� (voir Gen�se�45.10, note). Dans ce cas, la marche des Isra�lites se serait dirig�e du nord-ouest au sud-est. Lepsius avait cru pouvoir d�montrer que la ville de Rams�s �tait situ�e beaucoup plus au sud et aussi plus � l�est, pr�s des lacs Amers, un peu � l�ouest de la ville actuelle d�Isma�lia. Mais les d�couvertes r�centes de M. Naville (M�moire publi� par l��gypt Exploration Fund. Londres 1887) conduisent � placer Rams�s, r�sidence fr�quente de Rams�s II (S�sostris), assez loin � l�ouest de l�endroit indiqu� par Lepsius, dans la localit� o� se trouve la ville de Phakousa, au sud-est de Zagazig, d�o� part le canal qui unit le Nil avec la mer Rouge en suivant dans sa premi�re partie le Wadi Tumilat (voir carte).

De cette mani�re, cette ville aurait �t� situ�e dans la partie occidentale du pays de Gossen, de sorte qu�en se dirigeant de Rams�s vers l�est la colonne principale des Isra�lites aurait eu � traverser tout le pays o� �taient �tablis la plupart de leurs compatriotes.

Succoth. Ce nom d�signe en h�breu des cabanes construites de branchages (Gen�se�33.17). D�apr�s M. Naville (M�moire publi� par l��gypt Exploration Fund. Londres 1885), il faut placer cette localit� � l�extr�mit� orientale du Wadi Tumilat, entre 15 et 20 kilom�tres � l�ouest d�Isma�lia, pr�s de l�endroit nomm� aujourd�hui Tel-Maskhutah. Le savant genevois pense que Succoth d�signait une contr�e de p�turages et c�est l� qu�il place, d�apr�s une foule d�indices, la ville de Pithom.

Le nom h�breu de Succoth para�t �tre identique � celui de Thuku (changement fr�quent de T en S), qui accompagne plusieurs fois dans les inscriptions celui de Pithom et qui d�signe un district habit� par des �trangers, un pays de fronti�res?; comparez les remarques sur les mots Mosch� et chartoummim, Exode�2.10 et Exode�7.11

Si ces rapprochements sont fond�s, on comprend ais�ment que, � mesure que la colonne principale, partie de Rams�s sous la conduite de Mo�se, traversait de l�ouest � l�est le pays de Gossen, elle ait pu recueillir au fur et � mesure les contingents de la population isra�lite habitant la contr�e et pr�ts � partir. La nation enti�re se trouva ainsi r�unie � l��tape de Succoth et c�est l� qu�elle jouit pour la premi�re fois du sentiment de sa libert�. Ainsi les deux villes qui avaient �t� le th��tre de l�oppression la plus dure (Exode�1.11), ont jou� le principal r�le au jour de la d�livrance.

Si l�on se demande comment, le mot d�ordre pour le d�part put �tre donn� � un si grand nombre de personnes et comment ce d�part put s�ex�cuter en bon ordre, il faut se rappeler que l�organisation du peuple entier en tribus, branches, familles, maisons, avec des chefs �tablis, selon la forme patriarcale, sur chacune de ces divisions et subdivisions, rendait possible cette ex�cution prompte et bien r�gl�e de l�ordre divin.

Au nombre d�environ six cent mille pi�tons. Les femmes et les enfants allaient � �ne, comme c�est l�ordinaire en Orient, ou sur des chariots. Si Rams�s et Succoth sont situ�s comme nous l�avons dit, une distance de quarante � soixante kilom�tres s�parait ces deux endroits?; il est peu probable que, malgr� le d�part tr�s matinal, une telle foule de gens ait pu la franchir en un jour. Mais le texte ne le dit pas non plus. Le premier campement eut lieu dans les p�turages de Succoth. Ce fut l� qu�on attendit les tra�nards et qu�on se compta approximativement. Comparez Nombres�1.46 et Exode�3.9

Six cent mille hommes supposent une population de deux millions d��mes environ. On demande s�il est possible que la famille de Jacob e�t pu multiplier � ce point pendant quatre si�cles. Sans m�me tenir compte de la f�condit� particuli�re qui distingue l��gypte et de la b�n�diction extraordinaire accord�e � Isra�l, on a calcul� qu�en attribuant � chacun des petits-fils de Jacob qui, d�apr�s les g�n�alogies subs�quentes, paraissent avoir fait souche, deux � trois descendants m�les par couple, � chaque g�n�ration, on obtient pour la dixi�me g�n�ration, celle qui sortit d��gypte (10 g�n�rations pour 400 ans), un chiffre de pr�s de 500 mille hommes, auxquels on doit ajouter tous les hommes de la huiti�me et de la neuvi�me g�n�ration qui vivaient encore. Le nombre indiqu� n�a donc rien d�invraisemblable. Mais o� trouvaient-ils la place pour se mouvoir tous ensemble?? Sur des routes �troites et ferm�es de droite et de gauche, cela ne se concevrait pas. Mais dans de vastes plaines, en partie inhabit�es et incultes, chaque tribu avec ses subdivisions pouvait se mouvoir ais�ment.

Verset 38

Une foule de gens. Cette foule se composait sans doute des restes de diverses tribus s�mitiques entr�es en �gypte sous les Hyksos, puis aussi de beaucoup de gens � qui la mis�re et l�oppression faisaient saisir avec empressement cette occasion d��migrer sous les ailes d�un peuple plus libre, plus heureux, plus b�ni du ciel que le leur. Ces gens sont appel�s ailleurs un ramassis (Nombres�11.4). Ils paraissent avoir rempli les m�tiers de coupeurs de bois et de puiseurs d�eau (Deut�ronome�29.11).

Ainsi commence avec l�existence m�me du peuple, comme peuple, l�accomplissement de la promesse faite � Abraham Gen�se�12.3?: Toutes les familles de la terre seront b�nies en toi.

Verset 39

Voir au verset 34.

Et d�ailleurs� Ils n�avaient, en effet, pour tout aliment que la p�te qu�ils avaient emport�e et ce qu�ils pouvaient trouver sur place.

Verset 40

Quatre cent trente ans. Au lieu des mots en �gypte, les LXX disent, corrigeant le texte?: en �gypte et dans le pays de Canaan et le texte samaritain, pour am�liorer cette correction?: dans le pays de Canaan et en �gypte. D�apr�s ces deux versions, par cons�quent, les 430 ans devraient se compter non depuis l��tablissement de Jacob en �gypte, mais depuis l�appel d�Abraham (Gen�se 12) et comme il s�est �coul� 215 ans de la vocation d�Abraham � l�entr�e de Jacob en �gypte, il ne resterait que 215 ans, au lieu de 430, pour le s�jour des Isra�lites dans ce pays.

Plusieurs critiques modernes d�fendent ce dernier chiffre et condamnent le texte massor�tique. Mais en adoptant le chiffre de 215 ans pour le s�jour en �gypte, on rend plus difficile � expliquer l�immense accroissement de la nation isra�lite pendant ce temps?; et l�on met l�Exode en contradiction avec Gen�se�15.13, o� Dieu annonce � Abraham un exil et une servitude qu�auront � subir ses descendants pendant quatre cents ans.

On all�gue sans doute le petit nombre de g�n�rations indiqu�es dans quelques listes g�n�alogiques?; ainsi, dans la g�n�alogie Exode�6.16 et suivants, quatre g�n�rations seulement entre L�vi et Mo�se. Nous avons discut� cette question (voir la note sur ce passage). Un grand nombre de g�n�alogies pr�sentent pour le m�me temps beaucoup plus de g�n�rations?: Nombres�26.29 et suivants?; Exode�27.1?; Josu�17.3 (de Joseph � Ts�lophcad), six?; Ruth�4.18 et suivants?; 1�Chroniques�2.5-10 (de Juda � Nahason), six?; 1�Chroniques�2.20 (de Juda � Betsal�el), sept?; 1�Chroniques�7.20 et suivants (de Joseph � Josu�), dix. Ts�lophead, Nahason, Betsal�el, Josu�, sont tous des contemporains de Mo�se. Ce chiffre de dix g�n�rations (en comptant chaque g�n�ration � quarante ans) convient en gros au chiffre de 430 ans, mais il serait beaucoup trop fort pour une dur�e de 215 ans seulement. Saint Paul parait accepter la chronologie des LXX, Galates�3.17. Mais cela n�est pas parfaitement s�r, puisqu�il peut dater l��poque de la promesse non du moment o� elle a commenc� (avec Abraham), mais de celui o� elle a fini (au d�part de Jacob pour l��gypte). Il se trouverait ainsi en parfait accord avec l�Exode (texte h�breu).

Verset 41

En ce m�me jour-l�?: non le jour m�me de l�ann�e o� Jacob �tait entr� en �gypte mais le jour dont il est parl� dans tout ce chapitre, celui qui va du soir du 14 au soir du 15 de ce premier mois (versets 17 et 51).

Les arm�es de l��ternel. Ce terme rappelle simplement l�organisation des Isra�lites dont nous avons parl� verset 37 et leur marche bien r�gl�e (verset 6).

Verset 42

Une nuit � c�l�brer. On a traduit aussi?: une nuit de pr�servation, de d�livrance, ou bien encore?: une nuit de veille � cause de�

Verset 43

Diverses ordonnances en rapport avec la P�que (12.43 � 13.16)

Versets 43 � 51 � D�fense aux �trangers de participer � la P�que

Dans la prescription sur la P�que donn�e � Mo�se, versets 3 � 11, avant la sortie d��gypte, il n�y avait pas encore lieu d��tablir une r�gle au sujet de ceux qui pouvaient prendre part au repas pascal. Cette premi�re P�que ne pouvait naturellement concerner que les familles isra�lites. Mais apr�s qu�une foule de gens �trangers au peuple s��taient joints � lui au moment de la sortie (verset 38), il devenait n�cessaire de compl�ter sur ce point l�ordonnance primitive. Il est donc certain que cette prescription n�a �t� donn�e que plus tard, apr�s la sortie. Cependant, elle doit avoir �t� donn�e pendant la vie d�Aaron (verset 43) et sans doute avant la c�l�bration de la P�que racont�e Nombres�9.1 et suivants. Elle a �t� plac�e ici pour compl�ter ce qui se rapporte � l�institution de la P�que (voir au verset 50).

F�te de la d�livrance du peuple �lu, la P�que ne doit �tre c�l�br�e que par les membres de ce peuple.

Verset 44

Mais, comme toujours, � la rigueur de la loi s�associe la tendance universaliste de la gr�ce. L�esclave �tranger qui fait partie de la famille isra�lite peut se faire incorporer au peuple par la circoncision et alors il mangera la P�que avec lui.

Verset 45

Le domicili�?: l��tranger �tabli au milieu d�Isra�l (ceux qu�on appelait � Ath�nes les m�t�ques).

Le mercenaire?: l�ouvrier �tranger qui travaille au service d�un Isra�lite. Si ces gens d�sirent participer � la P�que ils le peuvent, � la condition indiqu�e verset 48

Verset 46

Le caract�re sacr� de l�agneau, si �nergiquement rappel� dans ce verset, sert � expliquer pourquoi nul incirconcis (non consacr�) ne petit �tre admis � ce repas.

Verset 47

Nul Isra�lite ne doit s�abstenir de ce repas?; car il sert � lier toutes les familles isra�lites avec Dieu et entre elles. C�est le symbole de l�unit� du peuple.

Verset 49

Une m�me loi?: toujours l�universalisme le plus large per�ant � travers le particularisme le plus rigoureux.

Verset 50

On pourrait appliquer cette remarque � l�accomplissement subs�quent de cette ordonnance, � Sina� (Nombres 9) et en Canaan. Mais il est plus naturel de voir ici la reprise du r�cit interrompu par la prescription pr�c�dente et le r�sum� de tout ce qu�avait fait le peuple en ex�cution des ordres qui lui avaient �t� donn�s pour la sortie maintenant consomm�e. Dans ce sens, le verset 51 se rattache tout naturellement au verset 50.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Exodus 12". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/exodus-12.html.