Bible Commentaries
Exode 14

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-31

Verset 1

Campement pr�s de la mer, Pharaon poursuit Isra�l (1-9)

Versets 1 � 2

� Etham, l��ternel ordonne le changement de direction qui d�cida de toute la suite des �v�nements. Rien n��tait plus absurde, en apparence, que de prendre la direction du sud. Car Isra�l allait se trouver s�par� du Sina�, o� il se rendait, par la mer Rouge, qui, � cette �poque, parait s��tre �tendue beaucoup plus au nord qu�aujourd�hui, jusqu�au lac Timsa, ou du moins jusqu�aux lacs Amers, dont l�eau sal�e indique l�ancienne jonction avec la mer. Pour Isra�l, tourner au sud, c��tait donc, comme dit Pharaon (verset 3), s�enfermer dans le d�sert (� l�ouest de la mer Rouge) et consommer sa propre ruine. On a dit que Mo�se pouvait esp�rer de trouver un passage vers l�est, � l�occasion d�une mar�e basse. C�est oublier que Mo�se conduisait apr�s lui tout un peuple avec ses troupeaux. Dieu seul a pu ordonner � son arm�e une pareille man�uvre dont l�issue n��tait connue que de lui seul (carte).

Le verbe schouv ne signifie pas proprement se d�tourner, comme traduit Ostervald mais revenir en arri�re. Ils revinrent d�abord sur leurs pas, puis tourn�rent au sud. Malheureusement on n�a pu jusqu�� pr�sent retrouver s�rement aucun des trois endroits d�sign�s ici. Le seul avec le nom duquel un nom existant actuellement pr�sente quelque analogie est Pi-Hahiroth. Ce nom parait s��tre conserv� dans celui de Adschroud (pi n�est que l�article �gyptien), qui d�signe aujourd�hui une localit� situ�e � quatre lieues environ au nord-ouest de Suez. Entre cet endroit et la d�pression (autrefois le bras de mer) qui joint la mer Rouge proprement dite aux lacs Amers, se trouve un large emplacement o� pouvaient camper les tribus isra�lites. L�expression au-devant de dit pr�cis�ment que le lieu du campement �tait � l�orient de Pi-Hahiroth.

L�ordre divin dit ensuite?: entre Migdol et la mer. Si l�on se repr�sente le peuple camp� en cet endroit, le visage tourn� vers l�orient, Migdol doit d�signer l�extr�mit� gauche et la mer l�extr�mit� droite du campement. C�est bien ce qui a lieu si nous supposons Migdol (tour) situ�e � l�extr�mit� sud des lacs Amers, comme une forteresse surveillant � cet endroit le passage d�Arabie en �gypte et si par la mer nous entendons la partie de la mer Rouge qui s�avance tr�s avant dans les terres au sud de Suez.

Dieu ajoute enfin?: en face de Baal-Ts�phon, au bord (le long) de la mer. Le mot en face de para�t prouver que cette localit� �tait situ�e de l�autre cot� de la mer, sur la c�te d�Arabie, en face du campement isra�lite. Le nom de Baal, qui est le nom de la principale divinit� ph�nicienne et celui de Ts�phon, qui signifie dans la langue ph�nicienne septentrion, font supposer que cette localit� tirait son nom de ma�tre du nord d�un sanctuaire de Baal o� les navigateurs ph�niciens offraient leur sacrifice � leur dieu, au moment d�entrer dans le grand bassin de la mer Rouge, afin de r�clamer de lui l�assistance, du vent du nord pour la travers�e de cette mer. C�est tout � fait � tort qu�on a confondu le nom Ts�phon avec celui du dieu �gyptien Typhon, qui est un nom purement grec?; le nom de ce dieu en �gyptien est Set.

Enfin reste la derni�re d�termination?: au bord ou le long de la mer. Il r�sulte de l� et de ce qui pr�c�de (entre Migdol et la mer) qu�ils avaient la mer � la fois � leur droite et devant eux. En effet, ayant Adschroud derri�re eux, Migdol � gauche, du c�t� du nord, la mer � droite, vers le sud, ces mots?: au bord de ou le long de la mer, d�signent tout naturellement le bras de mer de vingt kilom�tres de long qui unissait le bassin principal de la mer Rouge aux lacs Amers actuels. C��tait le long de cette partie de la mer qu�Isra�l �tait camp�.

Verset 3

Le d�sert les tient� Pharaon savait qu�ils ne pouvaient s�enfuir ni � l�est, o� la mer leur barrait le chemin, ni au sud, o� ils auraient p�ri dans une contr�e sans ressource, ni � l�ouest, ce qui les aurait ramen�s en �gypte, ni au nord, s�il les poursuivait lui-m�me de ce c�t�-l�. On voit par cette parole que le roi ne songeait pas � la possibilit� pour les isra�lites de passer le bras de mer qui les s�parait du d�sert d�Arabie et que, par cons�quent, Mo�se non plus n�avait pu calculer sa marche sur cette �ventualit�.

Verset 7

Tous les chars d��gypte?: outre les chars d��lite, il prit tous les chars qui se trouvaient � port�e dans les villes de guerre de la Basse-�gypte. On sait par l�histoire d��gypte que d�s le commencement de la 18e dynastie, les chariots furent la principale force des arm�es �gyptiennes. Diodore pr�tend que l�arm�e de S�sostris en comptait vingt-sept mille.

Des officiers. Le mot h�breu Schalischim?: trente, correspond � un titre �gyptien. Les rois d��gypte avaient un conseil compos� de trente membres, dont chacun s�appelait un trente (comme on dit un d�cemvir ou un cent-garde). Ce titre, traduit en h�breu, fut usit� plus tard encore dans la monarchie isra�lite?; il revient souvent dans le livre des Rois?; voir aussi 2 Samuel 23.

Verset 8

Il pouvait d�autant plus facilement atteindre les Isra�lites qu�ils avaient fait un d�tour en allant jusqu�� Etham.

T�te lev�e, litt�ralement?: la main lev�e, c�est-�-dire hardiment, comme des vainqueurs, non honteux comme des fuyards (Nombres�33.3). Cette remarque est sans doute plac�e ici pour faire comprendre le motif qui pousse Pharaon � ce dernier acte de folie. Son orgueil ne peut accepter cet acte de r�bellion ouverte.

Verset 9

Ses cavaliers. Comparez Josu�24.6. On n�a pas trouv� jusqu�ici des repr�sentations de cavaliers dans les monuments �gyptiens de cette �poque. Cependant Diodore (I, 54) parle d�un corps de cavalerie consid�rable dans l�arm�e de S�sostris.

Son arm�e. Ce terme, ainsi que celui de ses troupes, verset 6, ont fait dire � Jos�phe qu�il y avait aussi de l�infanterie.

Verset 10

D�tresse des Isra�lites?; encouragement donn� � Mo�se (10-18)

Rien ne caract�rise mieux les r�cits de la Bible que le r�le peu glorieux qui y est donn� aux Isra�lites.

Verset 11

Est-ce faute de s�pulcres?? L�ironie est am�re et l�expression dont ils se servent est d�autant plus frappante qu�en aucun pays du monde il n�y avait autant de tombeaux qu�en �gypte.

On remarque ici un singulier m�lange de foi et d�incr�dulit� chez le peuple. Il crie � Dieu (verset 10), et, d�autre part, il se livre aux murmures les plus amers contre Mo�se. Cela rappelle le mot?: Je crois, Seigneur?; aide-moi dans mon incr�dulit� (Marc�9.24).

Verset 12

Comparez des reproches semblables en Exode�5.21?; Exode�6.9

Verset 13

Vous vous tiendrez tranquilles. Ils n�auront point � combattre eux-m�mes?; ils seront spectateurs muets de la victoire remport�e pour eux. Le verset suivant prouve qu�en parlant ainsi Mo�se s��l�ve, par la foi aux promesses pr�c�dentes de l��ternel, au-dessus du sentiment d�angoisse qui l�oppresse lui-m�me.

Verset 15

L��ternel dit. On a g�t� la beaut� du r�cit en mettant arbitrairement un plus-que-parfait?: l��ternel avait dit. Dieu n�avait point encore parl� � Mo�se de ce qui allait se passer. Si celui-ci venait de chercher � relever le courage du peuple, il l�avait fait dans l�ignorance du moyen dont Dieu se servirait.

Que cries-tu � moi?? Ce mot r�v�le la d�tresse int�rieure de l�homme de Dieu. Ce n�est point l� un reproche que Dieu adresse � son serviteur?; le sens est?: Ne crains point?; tu es d�j� exauc�.

C�est le cas d�appliquer le mot d�Amos�3.7?: Le Seigneur l��ternel, ne fait rien qu�il n�ait r�v�l� son conseil � ses serviteurs les proph�tes. Il fait d�eux ses confidents, parce qu�ils doivent �tre ses instruments et des instruments libres et conscients.

Verset 19

Le passage de la mer Rouge (19-28)

Il fallait emp�cher qu�Isra�l ne f�t troubl� durant le passage. C�est ce que fait l��ternel en s�interposant entre eux et le camp des �gyptiens?;, et cela, � la fois invisiblement en la personne de son ange (voir � Exode�13.21) et visiblement sous la forme de cette nu�e mena�ante dans laquelle habite l�ange. Cette nu�e myst�rieuse, apr�s avoir march� devant les Isra�lites depuis Etham (Exode�13.21-22), vient se placer derri�re eux et tient en respect les �gyptiens pendant toute la nuit.

Verset 20

Nous traduisons aussi litt�ralement que possible ce verset d�une construction difficile. Les interpr�tes supposent � tort que la colonne de nu�e �tait � la fois obscure du c�t� des �gyptiens et lumineuse du c�t� des Isra�lites. Le r�cit dit seulement, ici comme plus haut (voir Exode�13.21, note) que la nu�e parut t�n�breuse aussi longtemps que dura le jour, mais que, l�obscurit� venue (verset 21) elle devint lumineuse.

Verset 21

Si la situation du campement isra�lite est bien celle que nous avons d�crite (versets 2 et 3, note), ils avaient devant eux un bras de mer de deux � trois kilom�tres de largeur?; quant � la profondeur, nous ne pouvons nous en faire une id�e exacte, parce que les sables ont envahi la contr�e et que le sol tend incessamment � s�exhausser. � l�extr�mit� m�ridionale des lacs Amers se trouvait un seuil recouvert d�une nappe d�eau tr�s peu profonde?; de ce point le bras de mer rejoignait par une faible d�clivit� le golfe de Suez?; il est donc probable que tout le long de ce chenal, entre les lacs Amers et la mer Rouge, l�eau n��tait pas tr�s profonde.

Le vent qui commen�a � souffler d�s le soir m�me est appel� kadim, proprement vent d�orient et comme les H�breux n�ont de noms que pour les quatre directions cardinales et non pour les directions interm�diaires, ce mot peut d�signer un vent de nord-est, qui, en se joignant � l�action du reflux, refoula l�eau du chenal dans la mer Rouge. La puissance du vent est encore aujourd�hui telle � Suez qu�un changement dans sa direction peut amener, surtout en se combinant avec la mar�e, une diff�rence de niveau de onze pieds (3 m�tres cinquante).

Les Ichthyophages des bords de la mer Rouge racontaient, selon Diodore, qu�il y eut un jour o� le reflux fut tel que tout le golfe fut chang� en terre-ferme, les eaux de la mer s��tant retir�es?; puis, revenant tout � coup, la mer reprit son niveau ordinaire.

Les eaux se fendirent. Par le retrait de la mer vers le sud, il se forma un espace sec entre les bassins des lacs Amers et celui de la baie de Suez. L�expression a un caract�re emphatique, d� sans doute au style imag� du cantique, Exode�15.5-8.

Verset 22

Sur le sec. On marche ais�ment sur un fond de sable ou de sel (le fond actuel des lacs Amers est form� de sel) dont se sont retir�es les eaux qui le couvraient.

�taient pour eux une muraille � droite et � gauche. Il n�est point n�cessaire de se repr�senter les eaux se dressant verticalement � droite et � gauche du peuple. Le texte dit?: �taient pour eux une muraille?; elles leur servaient de rempart � droite et � gauche, de sorte qu�ils ne pouvaient �tre pris de flanc par l�ennemi (Nahum�3.8). En effet, le chemin qu�ils avaient � faire �tait prot�g� au nord par le bassin des lacs Amers et au sud par celui du golfe de Suez. S�il en e�t �t� autrement et que la chose e�t �t� telle qu�on se la repr�sente d�ordinaire, il e�t fallu une v�ritable folie de la part des �gyptiens pour se lancer � la poursuite du peuple par une pareille voie.

Verset 23

La nu�e va se placer � la t�te de la colonne?; celle-ci, apr�s avoir atteint la c�te arabique, s�avan�ait dans l�int�rieur. Les �gyptiens, voyant le nuage mena�ant qui avait plan� devant eux, dissip�, s��lancent � la poursuite des H�breux. Il n�est pas dit que Pharaon lui-m�me f�t � la t�te de ses troupes?;, et cela, est en soi peu probable. Il observait du rivage la poursuite.

Verset 24

La veille du matin. Les anciens H�breux divisaient la nuit en trois veilles, de sorte que la veille du matin allait de 2 � 6 heures. Dans le Nouveau Testament, la nuit est partag�e en quatre veilles, d�apr�s l�usage romain. Le passage des Isra�lites avait donc eu lieu durant la nuit, de 7 ou 8 heures du soir � 4 ou 5 heures du matin.

Regarda. Le mot h�breu signifie toujours?: regarder de haut en bas. Ces regards de l��ternel, qui tombent sur le camp �gyptien, signifient sans doute les �clairs de la foudre, comme la voix de l��ternel signifie le tonnerre (Exode�9.28, note?; Psaumes 29). C�est de la colonne de nu�e que sortent �galement les traits de feu qui foudroient Nadab et Abihu (L�vitique�10.2).

Verset 25

Ils firent reculer leurs chars�, litt�ralement?: les roues de leurs chars. On traduit ordinairement, en donnant pour, sujet au premier verbe l��ternel?: Il �ta les roues de leurs chars. Cette traduction nous para�t pr�senter cet inconv�nient que, si les chars n�avaient plus eu de roues, on ne les aurait pas conduits � grand-peine?; car on n�aurait pas pu les conduire du tout. La version des LXX parait avoir lu un peu diff�remment?; elle traduit?: Il lia, c�est-�-dire il retint les roues de leurs chars.

L�eau de la mer revenant peu � peu, le sol s�amollissait et les roues enfon�ant ne se mouvaient plus que difficilement. Les �gyptiens comprennent que la mar�e les atteint et veulent revenir en arri�re.

Verset 27

� l�ordre de Mo�se, les eaux refluent comme des torrents et ferment la retraite aux �gyptiens.

Il est probable que ce retour subit des eaux fut activ� par un brusque changement du vent qui tourna tout � coup au sud et acc�l�ra le mouvement du flux.

Verset 28

Il n�en demeura pas un. Le texte ne dit pas que toute l�arm�e p�rit, il ne parle que de ceux qui �taient d�j� entr�s dans la mer?; c��taient surtout ceux qui �taient en char ou � cheval. On ne peut conclure de Psaumes�136.15 que Pharaon fut du nombre de ceux qui p�rirent. L�expression s�explique par le fait que Pharaon lui-m�me fut frapp� en la personne de ses cavaliers.

Verset 29

Conclusion (29-31)

� droite et � gauche?: voir note verset 22.

Verset 31

Le peuple craignit l��ternel. Un P�re de l��glise disait?: Mon Dieu, ce n�est pas la grandeur de tes ch�timents qui m�effraie?; c�est celle de tes bienfaits?; comparez Psaumes�130.4

Le passage de la mer avait d�j� �t� de la part du peuple un acte de foi (H�breux�11.29?: C�est par la foi�). Cette foi fut fortifi�e par l�exp�rience.

Il crut � l��ternel et � Mo�se. C�est sans doute ici le seul cas dans l��criture o� un homme soit pr�sent� comme l�objet de la foi. Isra�l a �t� baptis� en Mo�se (1�Corinthiens�10.2) comme les chr�tiens sont baptis�s en J�sus-Christ. Le passage de la mer Rouge fut une immersion d�o� Isra�l sortit pour commencer une vie nouvelle par la foi � l��ternel et � Mo�se, son instrument, un avec lui.

Serviteur de l��ternel. C�est la premi�re fois que ce titre appara�t dans l��criture. Il est donn� sp�cialement � Mo�se?; comparez Nombres�12.7?; Deut�ronome�34.5

Le passage de la mer rouge

On conteste, non sans apparence de raison, la possibilit� du passage d��gypte en Arabie d�un peuple de deux millions d��mes (Exode�13.17) dans l�espace d�une nuit.

S�il s�agissait d�une troupe marchant en ordre et au pas militaire, l�objection serait bient�t r�solue. Deux millions d�hommes forment une colonne de 2000 hommes de front et de 1000 hommes de profondeur (ou de 1000 de front et de 2000 de profondeur). En mettant entre les 2000 hommes marchant de front un espace de 2 m�tres et entre chacun des 1000 rangs, �chelonn�s � la suite les uns des autres, le m�me espace, nous obtenons une colonne de 4 kilom�tres de largeur et de 2 kilom�tres de longueur. Une pareille colonne de deux millions de personnes pourrait ainsi d�filer en une demi-heure.

Le cas actuel est assur�ment fort diff�rent. Nous avons affaire, non � des soldats, mais � des familles comprenant femmes et enfants et conduisant avec elles meubles et bestiaux. Mais, d�autre part, l�ordre ne manquait pas dans cette troupe. Ce n�est pas pour rien que le r�cit d�signe ce peuple du nom d�arm�es (Exode�12.51). Peut-�tre lui attribue-t-il un ordre militaire (Exode�13.18, note). Il �tait r�parti en douze sections principales, semblables � des r�giments divis�s en bataillons, en compagnies et en pelotons (voir � Exode�12.37, note). De plus, au lieu de 4 kilom�tres de front, le peuple pouvait disposer de 25 et au lieu de 2 kilom�tres de profondeur, toute la colonne pouvait, en marchant de sept heures du soir � quatre heures du matin, avoir une longueur de 36 � 40 kilom�tres. Il y avait donc amplement place � c�t� des hommes pour les meubles et le b�tail.

Si nous nous repr�sentons, par exemple, les douze tribus formant douze colonnes parall�les et s�avan�ant simultan�ment au travers du passage dess�ch�, chacune sur 20 personnes de front, il est ais� de calculer que chacune de ces colonnes (chaque tribu) aura pu passer en moins de cinq heures. Et comme le front des douze colonnes r�unies ne comptera que 12 x 20, c�est-�-dire 240 personnes, au lieu des 8000 qu�un espace de 16 kilom�tres peut contenir, il restera entre chacune des douze colonnes et sa voisine un �norme espace libre capable de contenir les meubles et les troupeaux. La possibilit� du passage des deux millions dans l�espace et dans le temps donn� est ainsi d�montr�e.

L�impossibilit� existerait sans doute si l�on pr�tendait placer le passage dans une localit� plus m�ridionale que celle � laquelle nous ont conduits les expressions m�mes du texte (la mer � droite et devant)?; par exemple au golfe ou au sud du golfe de Suez, comme on se le repr�sente commun�ment. Il se trouve l� quelques gu�s que le reflux met parfois � d�couvert?; mais ils sont trop �troits pour permettre le passage en si peu de temps d�une pareille masse d�hommes et de troupeaux. Et comment se repr�senter un agent tel que le vent (c�est celui dont parle le texte) agissant sur la mer profonde � la fa�on d�un coin pour y creuser un passage?!

D�autres placent le passage plus au septentrion, au nord des lacs Amers, ou au nord du lac Timsa, ou bien m�me le long de la M�diterran�e, sur l�isthme �troit qui s�pare cette mer du lac Serbonis. Mais aucune de ces hypoth�ses ne peut se soutenir. Dans les premi�res le terme de retourner (Exode�15.22) ne s�explique plus. En r�alit� ces deux millions d�hommes n�auraient fait que pi�tiner sur place jusqu�au passage. D�ailleurs les localit�s de l�autre c�t� de la mer, dans lesquelles on retrouve le plus naturellement Mara et �lim, sont situ�es beaucoup trop au sud pour qu�elles eussent pu �tre atteintes en trois jours (Exode�15.22) depuis un point de passage aussi septentrional. Quant � la derni�re supposition, elle est aujourd�hui universellement rejet�e, car ind�pendamment de plusieurs autres raisons, le nom donn� dans le texte � la mer travers�e par les Isra�lites (Jam Souph) ne s�applique jamais qu�au bassin que nous appelons mer Rouge.

Nous n�avons pas craint de faire intervenir dans l�explication de cette d�livrance merveilleuse des causes naturelles. Le r�cit le fait lui-m�me, en parlant du vent d�est, comme il l�avait fait d�j� � l��gard des plaies d��gypte. Dieu use des forces naturelles jusqu�au point o� elles peuvent le servir. Il n�en fait agir d�autres que dans la mesure o� celles-ci sont insuffisantes. Le surnaturel n�en reste pas moins dans l�intervention de cette Main qui les fait agir au moment voulu et avec les effets r�clam�s par le bien de son peuple.

Dans cet �v�nement, l�intervention divine peut seule expliquer la direction vers le sud, en apparence absurde, que prit tout � coup depuis Etham la marche du peuple?; et elle �clate dans le fait inesp�r� du passage � travers le golfe, dont Pharaon ne pr�voyait �videmment pas la possibilit�.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Exodus 14". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/exodus-14.html.