Bible Commentaries
Exode 21

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-36

Verset 1

Le recueil de prescriptions qui suit porte, d�apr�s Exode�24.7, le nom de Livre de l�alliance. C�est le code civil et criminel isra�lite dans ce qu�il a de plus essentiel. Les bases g�n�rales de la vie religieuse et morale, domestique et sociale, ont �t� pos�es dans le D�calogue. C�est sur ce fondement que s��l�ve maintenant l��difice du droit isra�lite. Si les d�terminations sp�ciales qui le composent sont loin d�embrasser tous les cas qui pouvaient se pr�senter, elles n�en tracent pas moins les normes d�apr�s lesquelles les cas non mentionn�s devront recevoir leur solution.

On a divis� ce code en six groupes, de dix articles chacun, le D�calogue proprement dit formant un premier groupe qui, avec les six autres, composerait l�heptade sacr�e. Sans doute on remarquera �� et l� quelque arbitraire dans les d�tails de cette distribution. Cependant on verra qu�une division telle que celle-l� se pr�sente assez naturellement et que chaque groupe contient bien en gros quelque chose comme dix articles. Une distribution sym�trique par septaines et par dizaines est conforme � l�analogie de la litt�rature h�bra�que. Elle avait l�utilit� de classer et, par l�, d�aider � retenir cette longue s�rie d�articles de loi.

Verset 2

Premier groupe (2-11)

Ce premier titre est consacr� au droit des serviteurs. Le grand D�calogue n�indiquait que les devoirs envers les sup�rieurs et les �gaux?; peut-�tre est-ce l� la raison pour laquelle le code destin� � le compl�ter commence par le droit des inf�rieurs. Ce groupe se compose de deux moiti�s �gales, comme le D�calogue proprement dit. La premi�re (versets 2 � 6) concerne les esclaves en g�n�ral?; la seconde (versets 7 � 11) traite d�un cas particulier relatif aux esclaves femmes.

Les Isra�lites avaient de vrais esclaves, de race �trang�re (L�vitique�25.44-46), mais aussi des serviteurs isra�lites dont l�asservissement n��tait que temporaire. Un Isra�lite pouvait devenir esclave, soit par condamnation judiciaire, parce qu�ayant vol� il n�avait pas de quoi restituer (Exode�22.3), soit spontan�ment, contraint � cela par la pauvret� (L�vitique�25.39). En r�alit�, ce servage n��tait qu�un engagement pour six ans, comme on le voit dans ce verset. Voir les d�veloppements philanthropiques que donne sur ce point le Deut�ronome chapitre 15.

D�apr�s L�vitique�25.39 et suivants, le servage des Isra�lites devait se terminer � l�ann�e du Jubil� et pouvait, par cons�quent, durer quarante-huit ou quarante-neuf ans. Cette prescription ne para�t pas d�accord avec celle contenue dans notre verset. Mais elle s�appliquait sans doute aux esclaves qui avaient refus� de recouvrer leur libert� apr�s la sixi�me ann�e (versets 5 et 6).

Verset 4

Pour comprendre cette prescription, qui pourrait para�tre dure, il faut consid�rer?:

  1. que, si cette femme �tait elle-m�me isra�lite, son servage avait en tout cas un terme assez prochain?; comparez verset 2, qui s�appliquait aux femmes aussi bien qu�aux hommes (Deut�ronome�15.12)
  2. que, si elle �tait une esclave �trang�re, il ne tenait qu�au serviteur de suivre la condition de sa femme en demeurant dans la maison comme serviteur perp�tuel. Voir versets 5 et 6.

Verset 6

Devant Dieu. Nous traduisons litt�ralement?; mais le sens de cette formule est?: devant l�autorit�, parce que celle-ci �tait envisag�e comme institu�e de Dieu et comme le repr�sentant. Comparez Deut�ronome�1.17?: Le Jugement est de Dieu. Psaumes�82.1?: Dieu assiste dans l�assembl�e des juges.

Peut-�tre cette expression se rattachait-elle aussi � l�usage primitif de rendre la justice aupr�s du lieu de culte (Exode�18.15-16). Ce fut sans doute le cas durant le s�jour au d�sert. Plus tard, nous savons qu�il y eut un tribunal dans chaque ville (Deut�ronome�16.18) et c�est sans doute devant ce tribunal que l�esclave devait confirmer sa d�claration.

S�agit-il de la porte du tribunal ou de celle de la demeure du ma�tre?? Le symbole s�explique mieux dans le second cas et Deut�ronome�15.16-17, o� il n�est pas m�me question de la comparution devant le tribunal, ne permet pas une autre interpr�tation.

Percera l�oreille?: en la fixant � la porte, c�est d�clarer indissoluble l�union de l�esclave avec la famille du ma�tre. Un usage pareil est mentionn� chez les Arabes, les Libyens, les Carthaginois, etc.

� perp�tuit�. D�apr�s la loi du L�vitique (Exode�25.40), l�esclavage d�un Isra�lite devait cesser au Jubil�. Mais cette institution de l�ann�e du Jubil� n�a �t� introduite que post�rieurement au Livre de l�alliance. D�s le moment o� elle l�a �t�, le � perp�tuit� n�a plus sp�cifi� que la non application de la lib�ration septennale (verset 2).

Verset 7

C�est ici la seconde partie du premier groupe?; elle concerne sp�cialement les jeunes servantes. Leur condition diff�re de celle des esclaves en g�n�ral, qui, d�apr�s le verset 2, recouvrent leur libert� apr�s la sixi�me ann�e. Ou bien le ma�tre auquel la jeune fille a �t� vendue par son p�re pour devenir la servante, c�est-�-dire, comme on le voit par ce qui suit, la femme ou la concubine de l�acheteur ou de son fils, n�est pas satisfait d�elle apr�s l�achat. Dans ce cas, elle ne doit pas sortir comme sortent les serviteurs, c�est-�-dire �tre lib�r�e simplement la septi�me ann�e (verset 7). De deux choses l�une?: Ou bien l�acheteur ne l�a pas prise pour femme et dans ce cas, il peut la revendre, mais seulement � des Isra�lites (verset 8). On peut traduire aussi les premiers mots de ce verset 8 dans ce sens?: Si elle a d�plu � son ma�tre qui se l��tait destin�e. Ou bien il l�a donn�e � son fils et dans ce cas il doit la traiter comme on traite ses filles, c�est-�-dire la garder toujours et ne pas la renvoyer (verset 9). Si m�me le p�re prend plus tard pour son fils une autre femme (verset 10), il doit toujours fournir � la premi�re l�entretien, r�sum� en ces trois points?: vivre, v�tement et couvert.

Vivre; en h�breu?: viande?; pas simplement le pain?; l�auteur a en vue des gens ais�s.

Le couvert?: l�habitation. S�il lui refuse ces trois choses, le vivre, le v�tement et le couvert, il devra l�affranchir sans ran�on?; il perd ainsi la somme d�achat.

Verset 12

Deuxi�me groupe (12-27)

Ce groupe contient des lois relatives � des homicides ou � des l�sions corporelles, commises directement. Les cinq premiers articles s�appliquent au meurtre d�un Isra�lite ou � des crimes que le l�gislateur a l�intention d�y assimiler pleinement et qu�il punit de la m�me peine?; les cinq premiers, � des cas de blessures n�ayant pas entra�n� la mort ou l�ayant entra�n�e sans qu�elle f�t dans l�intention du coupable.

Le verset 12 contient la r�gle g�n�rale, conforme au principe pos� Gen�se�9.6. Le verset 13 statue l�exception. Il s�agit ici non seulement de l�absence de guet-apens ou m�me de pr�m�ditation, mais de l�absence d�intention, comme le prouvent du reste les d�veloppements donn�s Deut�ronome�19.5?: par exemple, si quelqu�un, lan�ant une fl�che, vient � atteindre une personne qui se trouvait l� sans qu�il p�t s�en douter.

Sur les asiles, voyez Nombres 35

Verset 14

Ce verset reprend la r�gle �tablie au verset 12 en l�appliquant m�me au cas o� le meurtrier voudrait faire usage du moyen de salut institu� au verset 13.

Avec ruse. non en combat franc et loyal.

Ceci est d�velopp� dans Nombres�35.16-21. Voir aussi Deut�ronome�19.11-12

Mon autel. Les lieux saints �taient des asiles dans toute l�antiquit�. Les criminels fuyaient � l�autel et en saisissaient les cornes pour �tre � l�abri de la punition. Car c��tait sur les cornes de l�autel que se versait le sang destin� � op�rer l�expiation (L�vitique�4.7)?; comparez l�histoire d�Adonija et de Joab, 1�Rois�1.50?; 1�Rois�2.29. Chez les Grecs aussi, l�autel servait d�asile.

Verset 15

Il n�est pas dit ici?: de sorte qu�il en meure, comme verset 12. Le simple acte de frapper, quelle qu�en soit la cons�quence, est digne de mort, quand il a pour objet les parents. On doit remarquer la position �lev�e que la l�gislation h�bra�que donne � la m�re?: d�apr�s la loi romaine, n��tait puni que celui qui frappait son p�re.

Verset 16

Il s�agit du rapt d�un Isra�lite?; Deut�ronome�24.7 le dit express�ment.

Verset 17

Ce verset para�trait mieux plac� avant le pr�c�dent. L�ordre des articles peut avoir �t� interverti. Une simple injure adress�e aux parents est mise sur la m�me ligne que le rapt pratiqu� envers la personne du prochain. � Ath�nes, ce crime n��tait puni que par la prison.

Verset 18

Quelle �quit� dans toutes ces mesures?! En cas de mort s�applique la r�gle du verset 12.

Verset 20

Du b�ton?: Ce mot prouve qu�il ne s�agit point ici d�une querelle, mais d�un ch�timent proprement dit inflig� par le ma�tre, comme tel. Ce n�est que dans l�exercice de son droit de punir qu�il est au b�n�fice du verset 21.

Son serviteur� Les Juifs rapportent ceci (comme aussi les versets 26 et 32) aux serviteurs non isra�lites?; il est plus probable, en effet, que l� o� la loi ne sp�cifie pas, elle veut parler des esclaves �trangers.

Il doit �tre veng�. Comment?? La loi ne le dit pas. Les interpr�tes juifs disent que la peine ne peut �tre que la mort. Mais la plupart des interpr�tes chr�tiens pensent que par la substitution du terme vague de venger � l�expression de mettre � mort (versets 12, 15, 16, 17), le l�gislateur a voulu laisser ici la fixation de la peine � l�appr�ciation des juges.

Un jour ou deux jours?: vingt-quatre heures et quelque chose de plus. Ce temps �coul�, sans que la mort f�t survenue, le ma�tre �tait hors de cause. Si l�esclave frapp� survit de plus de vingt-quatre heures au ch�timent inflig� par son ma�tre, cela prouve que le ma�tre n�avait point l�intention de le tuer et que cet acte rentre dans la cat�gorie des ch�timents?: la mort de son esclave est pour lui une punition suffisante.

Sa propri�t�, litt�ralement?: son argent.

Verset 22

Lorsque des hommes se battent, c�est-�-dire dans une rixe entre eux, par cons�quent sans dessein de faire du mal � la femme dont il s�agit.

Heurtent une femme enceinte, qui veut intervenir en prenant fait et cause pour son mari (Deut�ronome�25.11).

Sans qu�il y ait du mal?: sans que la mort de la m�re ou de l�enfant ou une atteinte grave � la sant� de l�un ou de l�autre en r�sulte. Le chiffre de l�amende est d�termin� par le demandeur?; mais les derniers mots?: apr�s d�cision d�arbitres (litt�ralement?: avec arbitres), fournissent le moyen de mod�rer des pr�tentions exorbitantes. Cette restriction est omise avec intention au verset 30.

Verset 23

S�il y a du mal?: pour la femme ou pour l�enfant (verset 22).

Tu donneras. Ceci s�adresse au peuple qui doit ex�cuter cet ordre par l�interm�diaire du juge?: Tu feras qu�on donne.

Le l�gislateur veut qu�on applique aussi dans ce cas particulier le principe g�n�ral formul� L�vitique�24.19 et Deut�ronome�19.21, o� est institu�e d�une mani�re g�n�rale la peine du talion.

Vie pour vie. Le l�gislateur a voulu faire conna�tre le droit strict?; mais comme il s�agit moins d�une expiation offerte � la justice divine que d�une compensation accord�e � la partie l�s�e (comparez le tu donneras), il faut croire qu�il y avait des accommodements possibles, comme dans l�autre cas mentionn� versets 29 et 30. Comment la partie l�s�e n�e�t-elle pas, sauf dans des cas exceptionnels, pr�f�r� des dommages et int�r�ts � un genre de r�paration qui ne lui aurait servi � rien??

Verset 26

� son serviteur?: �videmment non isra�lite?; voir verset 20, note?; car s�il �tait isra�lite, la libert�, c�est-�-dire la dispense de quelques ann�es de service ne serait pas un d�dommagement suffisant.

Le droit du talion n�existe pas pour l�esclave. La libert� est pour lui une compensation suffisante.

Verset 28

Troisi�me groupe (21.28 � 22.17)

Les articles de ce groupe se rapportent aux dommages caus�s � la propri�t� d�autrui, soit involontairement, soit volontairement.

Le b�uf devra �tre lapid�?: non seulement par mesure de s�ret�, mais aussi, comme le prouve la d�fense d�en manger la chair, en hommage � l�inviolabilit� de la vie humaine et conform�ment � la parole Gen�se�9.5?: Je demanderai compte de votre sang � tout animal.

Dracon, chez les Grecs, avait ordonn� que les choses inanim�es elles-m�mes par lesquelles quelqu�un aurait �t� tu�, fussent jet�es hors du pays. C��tait d�passer la mesure.

Verset 29

Sera mis � mort. La loi pose le principe, comme au verset 23?; mais, l�homicide ayant eu lieu par imprudence et la responsabilit� du sang reposant proprement sur l�animal, il est permis au meurtrier, moyennant l�assentiment de la partie l�s�e, de se racheter en payant des dommages-int�r�ts, tels que les exigera la partie plaignante. Aussi n�est-il pas dit, comme aux versets 12, 15, 16, 17, qu�il doit �tre mis � mort, mais seulement qu�il sera mis � mort, c�est-�-dire si les parents le r�clament et qu�il n�y ait pas eu d�arrangement conclu.

Verset 30

Tout ce qu�on lui r�clamera. Selon les interpr�tes juifs, cette ran�on devait �tre fix�e par les juges, mais, selon l�esprit de la loi, elle doit l��tre par le plaignant.

Verset 31

Un fils ou une fille. La loi ne fait pas de distinction entre majeurs et mineurs, mais seulement entre personnes libres et esclaves (verset 32).

Verset 32

Serviteur ou servante?: non isra�lite.

Trente sicles?: environ un demi-kilogramme d�argent. C��tait donc l� le prix moyen d�un esclave �tranger (Chez les Grecs, il �tait de cent cinquante drachmes, soit une fois et demi plus �lev�). Pour le rachat d�un homme isra�lite (� l�occasion d�un v�u, par exemple), le prix �tait de cinquante sicles (L�vitique�27.3).

Verset 33

Ouvrira une citerne?: en levant la pierre qui en ferme l�ouverture (Gen�se�29.2).

Verset 34

Lui appartiendra?: au ma�tre de la citerne, qui a pay� le prix de la b�te?; comparez verset 36.

Verset 35

Dans le premier cas, il y a accident et le dommage est support� par moiti� par chacun des propri�taires.

Verset 36

Dans le second cas, il y a eu imprudence de l�une des parties et le dommage est tout entier � la charge de celle-ci.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Exodus 21". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/exodus-21.html.