Bible Commentaries
Exode 4

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-31

Verset 2

Un b�ton. Tout Arabe du d�sert porte en main un b�ton recourb�.

Verset 3

Cette double m�tamorphose du b�ton en serpent et du serpent en b�ton a quelque chose de particuli�rement �trange et diff�re des plaies d��gypte qui sont toutes en relation avec quelque fait naturel. Mais l��tranget� m�me de ce miracle a ici son importance. De m�me que le buisson ardent, il se rapporte au nom que Dieu vient de r�v�ler � Mo�se (Exode�3.14). Dieu seul est ce qu�il est, d�une mani�re absolue?; les autres �tres n�ont pas d�essence propre et ne sont que ce que Dieu veut qu�ils soient. C�est aussi le sens de la main de Mo�se tour � tour saine et l�preuse.

Mais, comme les miracles en g�n�ral, ceux-ci ne sont pas de simples d�monstrations arbitraires de puissance?: ce sont des signes ayant une signification en rapport avec la situation donn�e. Par le premier signe Dieu dit?: Je puis en un clin d��il transformer l�arme sur laquelle tu crois pouvoir t�appuyer pour ta d�fense et celle de ton peuple, en un moyen de destruction dans la main de l�ennemi qui s�en servira pour te faire p�rir toi et ton peuple?; comme aussi je puis en un clin d��il transformer la puissance de ton ennemi en moyen de d�livrance pour toi et ton peuple.

Verset 6

Par ce second signe, Dieu veut dire sans doute?: De cet Isra�l arriv� en �gypte comme une famille riche, libre, prosp�re, il m�a plu de faire un peuple opprim�, m�pris�, d�chu, que les �gyptiens traitent comme un peuple souill�. De ce m�me Isra�l je puis en un instant faire par ton moyen un peuple restaur�, puissant, vainqueur, sortant d��gypte charg� de butin.

Il y a trois points � remarquer?:

  1. C�est ici le seul cas sans doute o� les signes ne sont pas seulement annonc�s, mais s�accomplissent � l�avance, avant le moment en vue duquel ils sont donn�s. On voit par l� qu�ils �taient destin�s non seulement au peuple, mais avant tout � Mo�se lui-m�me qui, lui aussi, comme le montre toute la sc�ne, avait besoin d��tre affermi dans sa foi.
  2. Cette relation �troite entre les signes et l�incr�dulit� de Mo�se garantit la r�alit� des premiers. Pas plus la tradition post�rieure n�aurait invent� le d�faut de foi et d�ob�issance dont Mo�se fait preuve en cette circonstance, pas plus les miracles destin�s � rem�dier � cette faiblesse de l�instrument dont Dieu se sert, ne peuvent avoir �t� imagin�s post�rieurement.
  3. Ces prodiges sont les premiers faits miraculeux op�r�s dans le domaine de la nature, que mentionne la Bible. On a pr�tendu parfois, pour prouver le caract�re l�gendaire des r�cits bibliques, que le merveilleux s�y rencontrait en grande abondance dans les temps primitifs et qu�il diminuait de plus en plus � mesure que l�on se rapprochait des temps historiques. Et pourtant 2500 ans de l�existence du monde se sont �coul�s avant que la Bible nous parle d�un seul miracle tel que les deux qui viennent d��tre racont�s ici?!

Verset 9

Le troisi�me signe. Ce miracle formera la premi�re des plaies d��gypte, plaie qui peut servir � r�sumer toutes les autres?: ce qui a fait la prosp�rit� de l��gypte causera maintenant son malheur.

Verset 10

La langue pesante?: Avoir la langue pesante se dit en h�breu de ceux qui ne parlent pas correctement leur langue maternelle (�z�chiel�3.5, h�breu). Mais ici ce que l��ternel dit � Mo�se, verset 11, montre qu�il s�agit d�une difficult� d�organe.

Verset 13

Mo�se n�est point id�alis� dans ce r�cit. Apr�s avoir essay� de justifier son?: Je ne puis pas, il arrive � dire?: Envoie qui tu voudras, ce qui �quivaut, non pas tout � fait �?: Je ne veux pas, mais �?: Je ne m�en soucie pas. Ce n�est pas un refus positif, c�est la r�sistance instinctive de la chair. Aussi Dieu, tout en s�irritant de cette faiblesse, condescend.

Verset 14

Le L�vite. Aaron ne peut �tre appel� le L�vite que comme �tant le chef de la tribu de L�vi. Il devait sans doute cette haute position � sa double qualit� de chef, par droit de naissance, de la seconde branche des L�vites, celle de K�hath et de mari d��lisabeth, la s�ur de Nahason, prince de la tribu de Juda.

Verset 16

Comme Dieu instruit les proph�tes qui transmettent ses paroles au peuple, ainsi Mo�se instruira Aaron de ce qu�il devra dire pour qu�il le transmette soit � Pharaon, soit au peuple.

Verset 18

Retour de Mo�se en �gypte (18-31)

Pour voir s�ils sont� Apr�s une si longue oppression ils auraient pu �tre an�antis ou dispers�s.

Verset 19

Cette parole, tout en confirmant l�ordre pr�c�dent, ajoute un nouveau trait propre � dissiper les inqui�tudes qui pouvaient encore arr�ter Mo�se.

Tous les hommes qui en voulaient � ta vie?: non seulement Pharaon, mais aussi les parents de l��gyptien tu� par Mo�se?; car, d�apr�s les coutumes de l�Orient et de l�antiquit�, c��tait � eux � requ�rir contre le meurtrier.

Verset 20

Sur l��ne, ou sur des �nes. En h�breu le mot peut �tre pris au sens collectif. L�auteur veut dire simplement que Mo�se les fit monter � �ne.

Verset 21

J�endurcirai son c�ur� L�h�breu, pour exprimer cette id�e, emploie indistinctement trois termes, dont l�un signifie?: rendre dur (insensible), le second rendre ferme (capable de tenir bon, de r�sister), le troisi�me rendre pesant (inintelligent). Nous avons d� employer le mot endurcir pour rendre les deux premiers termes.

Mais il semble qu�en attribuant � Dieu l�endurcissement de Pharaon, l�Exode fasse de Dieu l�auteur du mal. En �tudiant le r�cit de plus pr�s, on verra qu�il n�en est pas ainsi. En effet, si l�Exode dit dix fois que l��ternel raidit, appesantit ou endurcit le c�ur de Pharaon (Exode�4.21?; Exode�7.3?; Exode�9.12?; Exode�10.1-20 et 27?; Exode�11.10?; Exode�14.4?; Exode�14.8?; Exode�14.17), dix autres fois ce m�me livre dit aussi que Pharaon endurcit son c�ur ou que son c�ur s�endurcit ou s�appesantit (Exode�7.13-14 et 22?; Exode�8.15 et 19 et 32?; Exode�9.7 et 34-35?; Exode�13.15).

Dans le commencement du r�cit (apr�s le premier signe et apr�s chacune des cinq premi�res plaies) l�endurcissement est toujours attribu� � Pharaon lui-m�me. Ce n�est qu�apr�s la sixi�me plaie, lorsque les magiciens eux-m�mes ont �t� frapp�s et que Pharaon ne vient pas � r�sipiscence, ce n�est qu�alors que cet endurcissement est attribu� � la volont� de Dieu. Mais il faut remarquer qu�� ce moment-l�, la condamnation de Pharaon est d�j� prononc�e (Exode�9.15) et que Dieu n�a plus d�autre but dans sa conduite envers lui que de manifester sa puissance (Exode�9.16). Deux fois encore apr�s la septi�me plaie il est dit que Pharaon endurcit son c�ur (Exode�9.34?; Exode�9.35?; comparez Exode�10.1 o� en parlant du m�me fait il est dit que Dieu l�endurcit).

Le libre arbitre n�est point un capital mort que l�on re�oive une fois pour toutes et qui ne puisse ni s�accro�tre ni d�cro�tre ou se perdre enti�rement. Celui qui fait le p�ch� volontairement ne le fera pas toujours volontairement?; il devient esclave du p�ch� (Jean�8.34). L�homme est libre de refuser la gr�ce que Dieu lui offre?; mais il n�est pas libre d�emp�cher Dieu de le faire servir en l�aveuglant au salut d�autrui. Il n�est que juste que l�homme qui refuse d��tre but, soit d�grad� au rang de moyen?; comparez ce qui est dit, Romains 9?; Jean 12, des Juifs eux-m�mes.

Verset 22

Isra�l est mon fils, mon premier-n�. Isra�l est le premier peuple dont Dieu ait fait son peuple par une alliance contract�e avec lui. Il est �vident que cette expression m�me exclut le particularisme et suppose que les autres peuples deviendront aussi des fils de Dieu.

Ce passage est �galement le premier dans l��criture o� Dieu soit, pr�sent� comme P�re.

Verset 25

S�phora para�t voir (non sans raison) dans le danger o� se trouvait son mari, une punition de ce qu�il n�a pas encore circoncis son dernier fils. C��tait elle peut-�tre qui l�en avait d�tourn�, soit que les Madianites eussent perdu l�usage de la circoncision, soit que, comme les Isma�lites et de nos jours les musulmans, ils ne la fissent subir aux enfants qu�� l��ge de treize ans et non pas, comme les Isra�lites, huit jours apr�s leur naissance. Quoi qu�il en soit, elle se h�te de circoncire son fils (la maladie de Mo�se l�emp�chant sans doute de le faire lui-m�me) et elle emploie pour cette op�ration, non pas un couteau de m�tal, mais une pierre tranchante, conform�ment � l�usage, ou parce qu�elle n�a pas � l�instant d�autre instrument sous la main. Puis elle touche de ce lambeau de chair les pieds de son mari (non pas elle le jeta � ses pieds, comme on traduit ordinairement sans que les mots y autorisent), comme pour obtenir sa gu�rison par ce signe de son ob�issance?; mais elle semble en m�me temps protester contre la n�cessit� o� elle s�est trouv�e de soumettre un enfant � une loi qui lui para�t si cruelle?: Tu es pour moi un �poux de sang, dit-elle � Mo�se, c�est-�-dire?: Il a fallu le sang de mon fils pour racheter de la mort mon �poux.

On pourrait trouver que ce r�cit donne une importance excessive au rite de la circoncision?; mais il faut se rappeler que c��tait une loi capitale, ou plut�t encore unique. C��tait la seule chose qui e�t �t� demand�e � Abraham dans l�alliance faite avec lui?; c��tait cette alliance m�me, d�apr�s l�expression de Gen�se�17.10?; et une sanction redoutable avait �t� donn�e � cette loi.

Avant de devenir le porteur d�une nouvelle alliance, il �tait de toute n�cessit� que Mo�se commen��t par se mettre en r�gle avec celle qui existait d�j�.

Verset 26

Il le laissa. Ceci ne peut se rapporter qu�� Dieu qui laisse Mo�se, une fois que celui-ci a accompli son obligation l�gale.

C�est alors qu�elle dit. Il semble que le narrateur fasse allusion � un dicton populaire auquel avait donn� lieu la parole de S�phora, dicton en usage chez les peuplades arabes rapproch�es d�Isra�l et par lequel elles stigmatisaient la circoncision en appelant les Isra�lites des �poux de sang, c�est-�-dire des hommes avec lesquels il ne faut pas s�unir si l�on ne veut se condamner � verser le sang de ses enfants. Ce r�cit indiquerait l�origine de cette locution injurieuse.

En parlant des circoncisions, litt�ralement?: Par rapport aux circoncisions. Ces mots �largissent le sens de la parole de S�phora en l�appliquant non pas seulement � cette circoncision particuli�re, mais � la circoncision en g�n�ral. La difficult� que S�phora paraissait �prouver � se soumettre aux coutumes des Isra�lites engagea probablement Mo�se � ne pas l�amener alors au milieu d�eux. Nous voyons en effet que plus tard J�thro la ramena � Mo�se (Exode�18.2-6), ce qui parait prouver que celui-ci l�avait renvoy�e avant de rentrer en �gypte.

Verset 30

Aaron dit. Aaron seul?; non, comme plus loin, Aaron et Mo�se, car Mo�se est encore inconnu � son peuple, tandis qu�Aaron est bien connu de lui, comme chef de tribu.

Verset 31

Et le peuple crut. Quels qu�aient �t� plus tard les manques de foi des Isra�lites, c�est par la foi qu�ils commencent. Ce premier acte de foi est un fait capital dans leur histoire comme dans celle de tous les hommes de Dieu. Abraham, Pierre, les autres ap�tres ont souvent faibli et dout�?; mais leur point de d�part �tait un acte de foi?: Nous avons tout quitt� et nous t�avons suivi.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Exodus 4". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/exodus-4.html.