Bible Commentaries
Ézéchiel 26

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-21

Plan du commentaire biblique de Ez�chiel 26

Chapitres 26 et 27

Apr�s avoir annonc� le jugement divin aux quatre petits peuples, proches voisins de Juda, le proph�te s�adresse aux deux nations puissantes, habitant l�une au nord, l�autre au sud de la Terre Sainte, la Ph�nicie et l��gypte. � la Ph�nicie il consacre les cinq morceaux contenus dans les chapitres 26 � 28?; le premier, dans le chapitre 26, d�crit proph�tiquement la ruine de l��tat de Tyr?; le second, chapitre 27, est une complainte sur cette catastrophe?; le proph�te fait � cette occasion un tableau magnifique du commerce immense de cette ville?; le troisi�me, �z�chiel�28.1-10, d�crit la chute du roi de Tyr?; le quatri�me, �z�chiel�28.11-19, est la complainte sur cet �v�nement?; enfin dans le cinqui�me, �z�chiel�28.20-26, se trouve l�annonce de la ruine de Sidon, la principale succursale de Tyr sur le continent.

On voit par �z�chiel�26.2 et par �z�chiel�28.24, � quel point Tyr et Sidon s��taient associ�es � l�hostilit� des quatre peuples pr�c�dents contre Juda et s��taient m�chamment r�jouies de la ruine de J�rusalem. Mais � cette cause de ch�timent s�en joint une autre, qui ressort clairement de ces cinq discours?: c�est l�esprit d�orgueil et de satisfaction de soi-m�me qui animait ces riches marchands et leurs princes.

Description de la ruine de Tyr (comparez �sa�e chapitre 23). Dans les versets 1 � 6, l��v�nement est annonc�?; dans les versets 7 � 14, le vainqueur est d�sign� et sa puissance d�crite?; les versets 15 � 18 d�peignent l�effet produit par cet �v�nement dans toutes les colonies fond�es par Tyr sur les rivages de la M�diterran�e?; les versets 19 � 21 contiennent une derni�re menace de Dieu adress�e � cette m�tropole du commerce ancien.

Verset 1

La menace de l��ternel � Tyr et aux autres villes ph�niciennes qui en d�pendent (1-6)

La onzi�me ann�e?: en comptant depuis le commencement du r�gne de S�d�cias ou, ce qui revient au m�me, depuis la d�portation de J�hojachin � Babylone. Ce fut cette ann�e m�me, au quatri�me mois, que J�rusalem fut prise par N�bucadnetsar?; la ville fut d�truite un mois plus tard.

Le premier du mois. Il est �trange que le mois ne soit pas indiqu�. On pourrait supposer qu��z�chiel pense � l�un des deux mois o� eurent lieu la prise et la ruine, le quatri�me ou le cinqui�me?; et l�on pourrait citer l�exemple de 2�Rois�25.3, o� l�indication du quatri�me mois est �galement supprim�e comme s�entendant d�elle-m�me. Mais le cri de triomphe que le proph�te met dans la bouche des Tyriens au verset 2, suppose que la nouvelle de la ruine leur �tait d�j� parvenue, ce qui implique une date plus tardive, � moins d�admettre que, pr�voyant l�issue certaine du si�ge, ils aient triomph� � l�avance. Il est plus simple de voir dans cette omission une n�gligence de copiste.

Verset 2

Le proph�te formule dramatiquement le sentiment de joie jalouse qui animait les marchands tyriens.

La porte des peuples. Cette expression dans la bouche de ces pa�ens ne peut se rapporter au r�le de J�rusalem comme instrument du salut des Gentils. Il para�t par tout ce verset que J�rusalem �tait, aussi bien que Tyr, un objet d�attention pour les peuples?; il semblerait m�me, quoique nous n�ayons pas de donn�e sur ce point, qu�elle excitait la jalousie de Tyr au point de vue commercial, peut-�tre par un �change de marchandises � l�int�rieur, au moyen des caravanes. Tyr pr�tendait �tre la seule ville c�l�bre sur toute cette c�te entre l��gypte et l�Asie-Mineure.

Verset 3

Il semble qu�il y ait une ironie dans ce verset?: Tu veux des visiteurs, tu en auras?!

La comparaison des peuples ennemis avec les flots de la mer est tir�e de la situation particuli�re de Tyr au milieu des eaux. En effet, il ne s�agit pas ici de l�ancienne ville de Tyr, situ�e sur le continent, qui manquait d�un port convenable et qu�avait autrefois prise Salmanasar?; �z�chiel d�crit la nouvelle Tyr, b�tie sur une petite �le, � douze cents pas en avant dans la mer et qui poss�dait deux excellents ports, l�un du c�t� du nord, l�autre du c�t� du sud (�sa�e�23.2, note).

Verset 4

Les murs, les tours. Les historiens (Arrien et Quinte-Curce) parlent des hautes murailles et des fortes tours qui rendaient l��le et la ville de Tyr presque imprenables.

Je balaierai. Une fois la ville d�truite, les vents qui r�gnent sur la mer en balaieront la poussi�re.

Verset 5

Nouvelle allusion � la situation de Tyr?: cette �le finira par �tre couverte de filets de p�cheurs, au lieu de maisons.

Verset 6

Ses filles?: les autres villes, situ�es sur la c�te de Ph�nicie, dont le commerce d�pendait de celui de la m�tropole. C�est par elles que l�ennemi commencera � d�vaster le pays.

Verset 7

Indication du peuple conqu�rant et de son chef (7-14)

Ce roi des rois. C��tait l� le titre que prenaient les chefs des anciennes monarchies, qui avaient pour vassaux une multitude de rois.

Verset 8

Tes filles. Voir la note verset 6.

La tortue. Ce mot se rapporte sans doute � cette muraille de boucliers que formaient les assi�geants pour se prot�ger pendant les travaux d�approche.

Verset 9

Ses b�liers?: voir �z�chiel�21.27.

Ses crochets. Le mot h�breu se trouve Job�40.19 o� il d�signe les dents de l�hippopotame. Il se rapporte sans doute ici aux puissants crampons de fer, assujettis � l�extr�mit� de longues perches, avec lesquels on arrachait les pierres sup�rieures des murailles, en m�me temps qu�on sapait celles-ci par le bas au moyen de b�liers.

Verset 10

Ce verset ne suppose pas seulement la prise de la ville par N�bucadnetsar?; il d�crit l�entr�e de toute l�arm�e, m�me de la cavalerie, dans ses rues, ce qui �tonne, puisque Tyr �tait en pleine mer. Ne faut-il point conclure de l� que le proph�te attribue � ce roi l�emploi du m�me moyen auquel eut recours, deux si�cles plus tard, Alexandre-le-Grand?? Celui-ci fit construire � ses soldats une digne par laquelle fut combl� l�intervalle entre l��le et le continent. Cet ouvrage, qui a chang� l��le en une presqu��le, subsiste encore?; et comme N�bucadnetsar a assi�g� Tyr pendant treize ans et Alexandre seulement pendant quelques mois, il nous para�t probable que le second n�aura fait que restaurer l�ouvrage du premier.

Comme on entre dans� La position de Tyr semblait mettre cette ville � l�abri d�un si�ge r�gulier, tel que celui par lequel les conqu�rants for�aient les autres villes. Elle n��chappera pourtant pas. Ainsi s�explique l��-propos des d�tails versets 8 et 9.

Verset 11

Tes puissantes colonnes. Il est probable que ce terme s�applique aux colonnes �lev�es en l�honneur de Baal, la principale divinit� ph�nicienne. D�apr�s H�rodote (II, 44), il y en avait deux particuli�rement remarquables, l�une d�or, l�autre d��meraude, dans le temple d�Hercule. Encore aujourd�hui, l�emplacement de Tyr est tout jonch� de colonnes et de fragments de colonnes.

Verset 12

Tes beaux palais?: les magnifiques demeures des marchands tyriens.

Verset 13

Tous les signes de joie qui accompagnent la vie d�une nombreuse et riche population dispara�tront. Nous avons traduit le mot kinnor par cithare, plut�t que par harpe?; il nous para�t, en effet, que dans cet instrument les cordes �taient plut�t parall�les que perpendiculaires au plancher de r�sonnance?; ce qui est le caract�re de la guitare, du violon, du luth, non de la harpe.

Verset 14

Voir versets 4 et 5.

Verset 15

L�effet produit dans toutes les colonies ph�niciennes �tablies sur les bords de la M�diterran�e, par la nouvelle de la destruction de Tyr.

Les �les. Ce terme d�signe dans tout l�Ancien Testament les terres baign�es par la M�diterran�e.

Verset 16

Les princes de la mer?: les magistrats de ces colonies. Les Tyriens avaient eu soin de maintenir un lien tr�s �troit entre la m�tropole et les colonies, surtout au moyen de la religion commune.

Ce verset nous transporte en quelque sorte dans l�assembl�e du s�nat de Carthage ou de l�une des grandes colonies ph�niciennes en Espagne, au moment o� y parvient la nouvelle du d�sastre de la m�tropole.

Se v�tiront d��pouvante. Tout dans l�expression de leur figure et dans le d�sordre de leurs v�tements exprimera l�effroi.

Verset 17

Sortait du sein des mers. En arrivant � Tyr, on voyait l��le et la ville comme surgir du sein des eaux.

Qui inspiraient la terreur. La grande cit� marchande avec ses conseils et ses flottes �tait ce que furent plus tard les r�publiques de Venise ou de G�nes?: tous les peuples de la M�diterran�e respectaient le moindre de ses citoyens.

Verset 19

Menace finale et promesse (19-21)

L�auront couverte. L�invasion ennemie est repr�sent�e sous l�image de l�immersion de l��le par l�oc�an.

Verset 20

La ville est personnifi�e?; l�oc�an qui l�engloutit (verset 19) devient ici l�had�s qui re�oit les morts.

Je mettrai un ornement. Le mot tsevi d�signe un joyau (comparez �z�chiel�20.15?; �sa�e�13.19). � mesure que Tyr, l�ancien ornement du monde, descendra dans le lieu de l��ternel oubli, Dieu la remplacera sur la terre des vivants par un ornement brillant et durable. Il veut parler sans doute de J�rusalem, dont la ruine avait r�joui Tyr quand elle �tait encore dans sa force et qui, une fois r�tablie, sera, sous le sceptre du Messie, la splendeur de l�univers.

Remarques sur le chapitre 26

Si, comme le pensent plusieurs critiques modernes, le sens de cette proph�tie �tait n�cessairement que la ruine finale de Tyr suivra imm�diatement le si�ge de cette ville par N�bucadnetsar, il est �vident qu�on aurait le droit de dire que cette proph�tie est rest�e sans accomplissement. Les historiens ne nous disent pas m�me positivement que Tyr, apr�s les treize ann�es du si�ge de N�bucadnetsar, ait �t� prise et pill�e. Deux si�cles plus tard, elle est encore debout, au temps d�Alexandre-le-Grand, o� elle soutient de nouveau un si�ge m�morable?; apr�s quoi elle passe sous la domination grecque, puis sous celle des Romains. Au temps des ap�tres il s�y trouve une �glise chr�tienne. Pill�e par les Crois�s en l�an 1125 de notre �re, elle est enfin d�truite par les Musulmans en 1275. Aujourd�hui, c�est un village de 4 � 5000 habitants, dont les maisons ne sont pour la plupart que des masures. L�un des ports est ensabl� et son commerce a pris fin.

Mais si, comme nous l�avons dit d�j� (�sa�e�23.14?; �sa�e�23.18, note), le coup dont le proph�te menace Tyr peut n��tre envisag� que comme le commencement de sa d�cadence, qui s�est consomm�e ensuite graduellement, alors la menace proph�tique d��z�chiel n�est point en d�faut et nous ne trouvons ici autre chose que la preuve d�un fait �vident?: c�est qu�il faut distinguer entre la proph�tie et l�histoire. Le proph�te voit d�un coup d��il l�arbre tout entier dans son germe?; l�historien suit du regard et signale toutes les phases du ph�nom�ne historique qui s�accomplit par degr�s.

Quant � la question de savoir si Tyr a r�ellement �t� prise et pill�e par N�bucadnetsar, nous ne pouvons, en l�absence de donn�es historiques positives, la r�soudre que par conjecture. Jos�phe raconte que N�bucadnetsar ramena sous la d�pendance de son p�re la C�l�syrie et la Ph�nicie (Antiquit�s X, 11, 1). Dans son ouvrage Contre Apion (1, 19), il rapporte que ce roi conquit et ravagea la Syrie et la Ph�nicie tout enti�re. Il semble, par cons�quent, que si Tyr, la capitale, n�e�t pas �t� prise alors, il e�t d� mentionner express�ment ce fait exceptionnel, d�autant plus qu�il �crivait d�apr�s des documents ph�niciens qui n�auraient pas manqu� de faire ressortir cet exploit de Tyr, � la gloire de leur patrie. Le grand roi N�bucadnetsar assi�geant cette ville pendant treize ans et oblig� de se retirer sans l�avoir forc�e�, ce serait l� un fait �clatant que l�histoire n�e�t pas ais�ment pass� sous silence?; tandis que la prise de la ville �tait tacitement comprise dans la mention de ce long si�ge. On objecte, il est vrai, ce qui est dit par �z�chiel lui-m�me, �z�chiel�29.17-20, que Dieu donnera l��gypte en pillage � N�bucadnetsar pour le rude travail que son arm�e a eu devant Tyr au service de Dieu et dont il n�a pas �t� salari�. Ce passage prouve assur�ment qu�une partie des richesses de Tyr lui avait �chapp�, mais non pas que la ville n�ait pas �t� prise. N�bucadnetsar n�avait pas de flotte?; et peut-on croire que pendant treize ans les Tyriens aient pu voir approcher le jour fatal, sans se servir de leurs vaisseaux pour mettre en s�ret� dans les colonies une partie de leurs biens?? Ils en ont agi ainsi, nous le savons positivement, lors du si�ge d�Alexandre?; et cependant ils eurent alors bien moins de temps pour prendre cette mesure. Dieu dit, �z�chiel�29.20, qu�il veut salarier N�bucadnetsar, parce qu�il a travaill� pour lui. Or, le travail que Dieu avait donn� � ce roi, n��tait pas d�assi�ger Tyr, mais de la prendre. Un ancien historien (M�nandre) rapporte le fait suivant?: Apr�s quelque temps, les Tyriens firent revenir de Babylone, pour les gouverner, des membres de leur famille royale, entre autres Merbal et Hiram. Il r�sulte de l� que la famille royale de Tyr avait �t� emmen�e en captivit� � Babylone et que Tyr, par cons�quent, avait �t� prise par N�bucadnetsar.

Si nous envisageons cette question du point de vue large auquel il faut se placer pour appr�cier les tableaux de nature proph�tique, nous reconna�trons que ce que Dieu voulait annoncer par �z�chiel, c��tait le ch�timent et la chute de Tyr comme grande puissance commerciale et non pas comme ville quelconque. Or Tyr, comme grand centre de n�goce, ne s�est jamais relev�e du coup dont l�avait frapp�e N�bucadnetsar?; d�s ce moment, le d�clin graduel de sa puissance et de sa richesse n�a pas cess�. Comme grand entrep�t international, elle est et reste ensevelie au fond des mers et le village qui marque sa place sur la carte, n�est que l��pave qui t�moigne de son naufrage.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Ezekiel 26". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/ezekiel-26.html.