Bible Commentaries
Galates 2

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-21

Plan du commentaire biblique de Galates 2

Troisi�me preuve?: Comment Paul fut amen� � faire reconna�tre son minist�re par les ap�tres de J�rusalem

Bien des ann�es plus tard, �tant mont� � J�rusalem avec Barnabas et Tite, j�exposai aux autres ap�tres la mani�re dont je pr�che l��vangile�; personne n�obligea Tite � se faire circoncire�; et quant aux faux fr�res qui s�insinuaient parmi nous pour �pier notre libert� chr�tienne et l�entraver, nous leur r�sist�mes, afin de sauvegarder la v�rit� (1-5).

Ces ap�tres les plus consid�r�s, dont je me sens tout � fait ind�pendant, ne nous impos�rent rien de nouveau�; au contraire, quand ils virent l�action de la gr�ce de Dieu dans mon apostolat parmi les pa�ens, ils nous donn�rent fraternellement la main d�association (6-10).

Verset 1

Comment Paul fut amen� � faire conna�tre son minist�re par les ap�tres de J�rusalem (1-10)

Cet ensuite correspond � celui de Galates�1.18, comme celui-ci continuait le r�cit du verset 15 et suivants. L�un et l�autre peuvent avoir pour point de d�part l��poque de la conversion de Paul. Si au contraire ils sont successifs, selon l�opinion de quelques interpr�tes, ces quatorze ans nous reporteraient � la dix-septi�me ann�e apr�s sa conversion. Il est donc tr�s difficile de d�terminer lequel de ses voyages � J�rusalem l�ap�tre a ici en vue.

L�opinion des interpr�tes varie entre les trois rapport�s par Luc dans les Actes (Actes�11.29?; Actes�11.30), et les circonstances historiques, pour autant qu�elles nous sont connues, ne s�adaptent parfaitement � aucun des trois. Gerlach admet le voyage de Actes 18?; il y a beaucoup plus de probabilit�s en faveur de celui de Actes 15, c�est-�-dire que cette conf�rence de Paul avec les ap�tres de J�rusalem serait ce qu�on a appel� le concile apostolique.

En pla�ant, comme on le fait d�ordinaire, la conversion de Paul en l�ann�e 36 de notre �re et en comptant les quatorze ans � dater de cette conversion, on arrive � l�an 50, g�n�ralement admis comme l��poque du concile apostolique. S�il en est ainsi, il ne faudrait donc pas entendre les premiers mots de notre chapitre comme si Paul voulait dire qu�il n�a point fait de voyage � J�rusalem avant cette �poque, puisque lui-m�me vient d�en rappeler un (Galates�1.18), et que Luc en rapporte deux ant�rieurs (Actes 9?; Actes 11 Comparer Actes�11.30, note).

Ce qui importe ici � notre ap�tre, c�est de bien constater ces deux faits?:

  1. qu�il a �t� �lev� � l�apostolat et qu�il l�a exerc� durant de longues ann�es d�une mani�re tout � fait ind�pendante des hommes, par l�autorit� de J�sus-Christ seul?;
  2. qu�apr�s cela son minist�re a �t� solennellement reconnu par les autres ap�tres du Seigneur (verset 2, note?; versets 7-10, note), en sorte qu�il est en parfaite harmonie avec ces ap�tres dont les faux docteurs juda�sants invoquaient contre lui l�autorit�.

C�est pour cela encore qu�il rappelle ici qu�il �tait accompagn� dans ce voyage par deux de ses compagnons d��uvre, Barnabas et Tite, dont l�un �tait d�origine isra�lite, l�autre n� pa�en. En prenant ce dernier avec lui, il voulait tenter une �preuve d�cisive?: si Tite �tait trait� comme un fr�re par les chr�tiens de J�rusalem, re�u dans leurs assembl�es, leurs agapes, la cause des pa�ens �tait gagn�e et Paul ramenait avec lui � Antioche la preuve vivante de sa victoire (comparer verset 3, note).

Verset 2

Cette circonstance n�est pas rapport�e dans le livre des Actes?; mais Paul re�ut une r�v�lation d�en haut qui lui confirma la r�solution de toute l��glise d�Antioche (Actes�15.1?; Actes�15.2, note), ou bien cette r�solution elle-m�me fut prise par une direction sp�ciale de Dieu.

Cette d�signation des ap�tres, r�p�t�e ici plusieurs fois (verset 6 et 9), �tait sans doute employ�e avec une affectation marqu�e par ceux qui opposaient l�autorit� de ces ap�tres � celle de Paul. Il devait donc tenir d�autant plus � leur exposer dans le particulier, � part de tous les autres, la mani�re dont il pr�chait l��vangile.

Paul, arriv� � J�rusalem, exposa � ses compagnons d��uvre dans l�apostolat l��vangile qu�il pr�chait et la mani�re dont il le pr�chait, non pour demander leur approbation ou leur autorisation, ce qui serait en contradiction avec l�ind�pendance de son minist�re, qu�il veut pr�cis�ment d�montrer ici?; mais il chercha, par un humble amour de la paix et dans l�int�r�t de l��vangile, � �tablir son parfait accord avec eux, afin que, d�une part, les faux docteurs ne pussent plus s�appuyer de leur autorit� ou m�me pr�tendre avoir �t� envoy�s par eux, pour r�tablir le r�gne de la loi?; et que, d�autre part, il ne surg�t pas des malentendus r�els entre lui et les autres ap�tres. Dans les deux cas l�action de Paul aurait �t� entrav�e?; il pouvait craindre d�avoir couru en vain.

S�rieux enseignement sur l�importance de maintenir l�unit� et l�harmonie entre les serviteurs de Dieu qui travaillent dans les diverses parties de son r�gne?!

Verset 3

Si l�on se repr�sente les pr�jug�s juda�ques qui r�gnaient encore parmi les chr�tiens de J�rusalem (par exemple Actes�11.1 et suivants), on conviendra qu�il devait leur para�tre fort �trange de voir un incirconcis compagnon d��uvre de notre ap�tre.

Et cependant tous reconnurent sa libert� d�action, au point de ne pas exiger la circoncision de Tite, que Paul n�aurait s�rement pas accord�e en ces circonstances, bien que lui-m�me ait fait peu apr�s circoncire Timoth�e (Actes�16.3, note).

Il n�attachait aucune importance � ces c�r�monies de la loi, pourvu qu�on ne s�en autoris�t pas pour affaiblir ou ruiner la doctrine du salut par gr�ce?; mais dans ce cas, il s�y opposait avec la plus grande �nergie (comparer Galates�5.3-6, note).

Verset 5

Ces deux versets (versets 4 et 5) donnent la raison pour laquelle Tite ne fut point circoncis?: � cause des faux fr�res, qui, imbus de pr�jug�s pharisa�ques, s��taient gliss�s dans l�assembl�e et cherchaient, pr�cis�ment dans la sainte libert� chr�tienne que donne la justification par la foi seule, un pr�texte pour attaquer l��vangile de Paul.

�?En toute autre circonstance, semble dire l�ap�tre, nous n�eussions fait aucune difficult� � l��gard de Tite?; mais alors ni les ap�tres de J�rusalem, ni nous ne leur c�d�mes, m�me pour un instant?� Leur c�der n�e�t point �t� supporter des fr�res faibles, ni renoncer volontairement et par charit� � une libert� l�gitime, comme notre ap�tre lui-m�me le recommande instamment (Romains 14?; 1 Corinthiens 8?; 1 Corinthiens 9 Romains�15.1-3)?; mais c�e�t �t� renier la v�rit�, une doctrine fondamentale de l��vangile et remettre les chr�tiens, surtout les pa�ens convertis, sous le joug de la loi.

Cette admirable distinction que Paul faisait ainsi, est de la plus haute importance et d�une application journali�re de notre temps encore. Lorsqu�il s�agissait de chr�tiens faibles, peu �clair�s, timor�s dans leur observance de la loi (dont ils ne faisaient point une condition du salut, mais par laquelle ils cherchaient � ob�ir � Dieu selon leurs lumi�res), l�ap�tre commandait le support et d�clarait lui-m�me qu�il se faisait Juif avec les Juifs, tout � tous (1�Corinthiens�9.20-22), parce qu�il esp�rait par l� les amener � une plus grande libert�, tandis qu�il aurait craint de les �loigner en les heurtant ou en leur imposant plus d�ind�pendance que n�en comportait leur connaissance ou leur foi.

Mais quand des hommes s��rigeaient orgueilleusement en docteurs, enseignaient la n�cessit� d�observer la loi pour �tre sauv� et renversaient ainsi la grande doctrine de la justification par la foi, alors Paul et avec lui les autres ap�tres, ne leur c�daient point, pas m�me une heure, pour se soumettre � eux (Actes�16.3, note?; Romains�14.1-4, note). Sans quoi la v�rit� de l��vangile, loin d��tre maintenue, aurait certainement p�ri.

Verset 6

Paul vient de dire de quelle mani�re il maintient la v�rit� vis-�-vis des faux fr�res. �?Quant aux ap�tres eux-m�mes les plus consid�r�s (Grec?:?� consid�r�s comme �tant quelque chose�?de grand) pour quelque estim�s qu�ils soient ou qu�ils m�ritent d��tre, peu importe, je conserve toute mon ind�pendance � leur �gard, par la simple raison que Dieu n�a pas �gard � l�apparence (Grec?:?� au visage�?) de l�homme?�.

Personne, pas m�me Pierre, Jean, ni Jacques, ne jouit d�une faveur sp�ciale de Dieu, de telle sorte que Dieu soit d�pendant de lui et qu�on puisse dire?: ce qui ne vient pas de lui est sans valeur. Pierre n�est pas plus grand devant Dieu qu�un autre et, dans la balance divine, il ne p�se pas plus que Paul. Pierre a suivi J�sus depuis le Jourdain jusqu�en Golgotha?; il n�en r�sulte pas que Dieu doive tout accomplir par lui et ne puisse choisir Paul pour instrument� L�ap�tre s�exprime sur ce ton tranchant, parce qu�il combat des gens qui, par leur attachement � l�homme, lui attribuent en propre l�honneur qui lui est seulement pr�t� par Dieu. Il demande qu�on ne fasse pas d�un ap�tre, f�t-ce de Pierre, plus qu�un homme.

Luther disait?: �?Ma personne importe peu?; Dieu saura bien cr�er dix docteurs Martin?�, Paul dit de m�me de Pierre, Jacques et Jean?:

Quels qu�ils aient �t�, il n�importe point.� Schlatter

Et eux, en toute humilit� partageaient son sentiment, puisqu�il peut ajouter?: ils ne m�ont rien impos� ou (Grec?:) �?communiqu� de plus, ajout�?�, quant � la doctrine ou � l�exercice de l�apostolat. Il faut remarquer du reste que ces paroles un peu rudes ne s�adressaient pas aux ap�tres, mais aux faux docteurs qui usaient et abusaient de leur nom pour s�opposer � Paul.

Verset 8

Et c�est en cela m�me, dans cette �?d�monstration d�esprit et de puissance?� que les ap�tres de J�rusalem durent n�cessairement reconna�tre le sceau de Dieu sur le minist�re de Paul. Du reste, ces deux champs de travail assign�s ici � Pierre et � Paul, n��taient point d�limit�s d�une mani�re absolue?; les premiers pa�ens furent amen�s � l��vangile par Pierre (Actes 10), et Paul, dans tous ses voyages missionnaires, pr�chait d�abord dans les synagogues.

Mais il reste vrai que d�s sa conversion (Actes�9.15), et plus tard encore (Actes�22.17-21), Paul avait re�u pour mission sp�ciale l��vang�lisation des pa�ens, ce qui fut en effet l��uvre de sa vie. Cette mission, venant directement du Seigneur, ne pouvait pas �tre m�connue de ses fr�res dans l�apostolat.

Verset 9

Pierre (comparer Jean�1.42?; Matthieu�16.18).

Grec?: �?Les mains droites de communion?�. Tous, en leur donnant la main d�association, les reconnurent solennellement comme �tant leurs compagnons d��uvre et travaillant dans la m�me communion fraternelle, qui proc�de de l�union de chaque membre avec le Sauveur (comparer Actes 15). Le r�cit de Luc se trouve ainsi compl�t� par ces paroles de Paul.

Si les ap�tres eux-m�mes mettaient tant d�importance � �tre reconnus par leurs condisciples dans la communion de l��glise, combien plus les autres serviteurs de Dieu doivent-ils y tenir, dans l�int�r�t de l�unit� et de la charit�?! S�isoler, se fractionner � l�infini, ne vouloir que des �glises et oublier l��glise, n�est point un fruit de l�Esprit de Dieu.

Verset 10

Plusieurs passages de ses lettres montrent, en effet, avec quel soin Paul remplissait cette recommandation de l��glise. Ce devoir lui �tait dict� du reste par sa charit� (voir Actes�11.30?; Romains�15.25?; 1�Corinthiens�16.1-4?; 2 Corinthiens 8?; 2 Corinthiens 9).

Le soin des pauvres, des malades, de tous les �tres souffrants, fut, d�s l�origine, non seulement un fruit de l�amour chr�tien, mais un lien puissant entre les �glises jud�o-chr�tiennes et celles qui sortaient du paganisme. Ce moyen, constamment joint � la pr�dication de l��vangile, sera, de nos jours encore, le plus puissant pour ramener � J�sus-Christ une g�n�ration qui s��loigne de lui.

Verset 11

Pierre �tant arriv� � Antioche, je lui r�sistai, parce que, sous l�influence d��missaires venus de Jud�e, il se retirait des fr�res convertis du paganisme, ne voulant plus manger avec eux et parce que l�exemple de cette dissimulation �tait suivi par d�autres (11-14).

Nous-m�mes, Juifs, renon�ant � �tre justifi�s par les �uvres de la loi, nous avons cru en J�sus-Christ, pour l��tre par la foi en lui�; si donc, en cherchant cette justification, nous montrons par notre conduite que nous ne l�avons point obtenue, est-ce la faute de Christ�? Non�! Car si je reconstruis le faux syst�me de la propre justice, c�est moi qui me constitue transgresseur (15-18).

Mais il n�en est point ainsi�; car par la loi je suis mort � la loi�; crucifi� avec Christ, c�est lui qui vit en moi apr�s s��tre donn� pour moi�; rejeter cette gr�ce, revenir � la loi, ce serait dire que Christ est mort en vain (19-21).

Paul r�siste � C�phas (11-21)

Antioche de Syrie, si�ge d�une �glise nombreuse, compos�e en grande partie de pa�ens convertis (comparer Actes�13.1 et suivants). Paul �tait retourn� � Antioche apr�s le concile de J�rusalem (Actes�15.33-35). L��poque o� Pierre y vint n�est pas indiqu�e, mais il est probable que ce fut plus tard, pendant un s�jour que Paul fit � Antioche entre son second et son troisi�me voyage missionnaire (Actes�18.22?; Actes�18.23, notes).

On peut traduire plus exactement?: �?Parce qu�il �tait bl�m�, accus�?�, ou m�me �?condamn�?�, sans doute par des chr�tiens d�Antioche que sa conduite scandalisait. Les versets suivants montrent � quel sujet. Paul raconte cet �v�nement pour convaincre d�autant mieux les Galates de l�ind�pendance de son apostolat et de l�importance qu�ils devaient attacher � la doctrine fondamentale de la justification par la foi seule. Ce r�cit compl�te celui qui pr�c�de et forme l�introduction la plus naturelle � la partie de l��p�tre qui va exposer de nouveau la grande doctrine en question.

Verset 12

Mangeait avec les chr�tiens convertis du paganisme, c�est-�-dire vivait en communion avec eux (Luc�15.2). C�est cette libert� qui choquait les chr�tiens juda�sants (Actes�11.3), et cela, surtout parce que, dans leurs repas et leur alimentation, les pa�ens n�observaient pas les dispositions de la loi mosa�que et de la tradition juive (comparer L�vitique 11?; Actes�15.20?; Actes�15.28-29?; Marc�7.1 et suivants).

Il n�est point dit dans quel but ces quelques-uns venaient (de J�rusalem � Antioche) de la part de Jacques?; il est douteux qu�ils fussent charg�s par cet ap�tre d�agir dans un esprit juda�sant?; car, bien que lui-m�me observ�t la loi, il avait positivement reconnu le minist�re de Paul parmi les pa�ens (verset 9?; comparez Actes�15.13 et suivants).

Quoi qu�il en soit, c�est sous l�influence de ces personnes, venues de la Jud�e, que Pierre s�esquivait et se tenait � l��cart momentan�ment et affectait un juda�sme qui, sous l�autorit� et par l�exemple d�un si grand ap�tre, pouvait exercer au sein de l��glise une influence pernicieuse sur la doctrine m�me. Le verset 13 en fournit la preuve. Le motif d�une telle conduite, indiqu� verset 12, �tait tout � fait en harmonie avec le caract�re de ce disciple?: Pierre fut entra�n� par cette crainte des hommes qui avait nagu�re caus� son reniement.

Verset 13

Grec?: �?Et les autres Juifs us�rent d�hypocrisie avec lui, en sorte que Barnabas fut entra�n� dans leur hypocrisie?�.

Il ne faut rien retrancher de la force de ces expressions, car, tout en aggravant la faute de Pierre, elles r�futent � l�avance les cons�quences erron�es qu�on pourrait tirer et qu�on a souvent essay� en effet de d�duire de cette faute. �?O� est, a-t-on dit, l�unit� de doctrine dans les ap�tres?? O� est leur autorit� absolue dans les v�rit�s du salut?? Voici deux des plus grands ap�tres en flagrante contradiction sur le point le plus important de la doctrine?�.

Il n�y a rien dans ce r�cit qui donne lieu � ces conclusions, ni qui rende n�cessaires les hypoth�ses auxquelles on a eu recours pour l�expliquer, ni qui justifie une th�orie de l�inspiration d�apr�s laquelle les �crits seuls des auteurs sacr�s auraient �t� inspir�s et non leur personne et leur enseignement oral.

En effet, c�est � Pierre lui-m�me que fut r�v�l�e d�abord la grande v�rit� du salut des pa�ens par la foi sans les �uvres de la loi (Actes 10). Devenu le premier h�raut de cette v�rit�, et, � cause de cela, accus� par les chr�tiens juda�sants de J�rusalem, il se justifie devant tous, s�appuyant de la r�v�lation expresse de Dieu et du don du Saint-Esprit accord� aux pa�ens convertis (Actes 11). Enfin la question est solennellement port�e par Paul et Barnabas devant les ap�tres et l��glise de J�rusalem (Actes 15), et c�est Pierre qui, le premier, prend la parole et d�fend avec �nergie la libert� chr�tienne de ceux que Dieu a appel�s � la foi du sein du paganisme. �?Maintenaient donc, conclut-il, pourquoi tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos p�res ni nous n�avons pu porter?? Mais nous croyons que nous serons sauv�s par la gr�ce du Seigneur J�sus-Christ, de m�me qu�eux?� (Actes�15.10?; Actes�15.11).

Bient�t apr�s, Pierre vient � Antioche� A-t-il chang� de conviction?? Non, puisque sa conduite juda�sante est d�clar�e une hypocrisie. Enseigne-t-il une doctrine contraire � celle de Paul sur la loi et sur la gr�ce?? Nullement, pas plus qu�il ne professait une th�orie de la trahison lorsqu�il renia son Ma�tre dans la cour de Ca�phe. Ici, comme alors, il commet une faute, un p�ch� et par la m�me faiblesse de son c�ur?: la crainte des hommes, ainsi que Paul le d�clare positivement (Actes�15.12).

En principe, les deux ap�tres sont parfaitement d�accord, ils professent la m�me v�rit�?; mais dans la conduite, Pierre est un moment incons�quent � cette doctrine. Il succombe � une tentation vers laquelle inclinait son caract�re naturel et Paul l�en reprend?: voil� tout le sens de cet �v�nement. Or, nul dans l��glise, m�me en admettant compl�tement l�autorit� apostolique, n�a jamais song� � revendiquer pour les ap�tres l�impeccabilit� (comparer Actes�15.39?; Actes�23.3 et suivants).

UN SEUL a eu le droit de dire?: �?Qui de vous me convaincra de p�ch�???� Au reste, Pierre pouvait d�autant plus facilement se faire illusion sur la port�e et les cons�quences de sa faiblesse en cette occasion, que les observances de la loi �taient alors encore religieusement gard�es par tous les chr�tiens de la Palestine et que Paul lui-m�me ne se faisait pas le moindre scrupule de s�y soumettre lorsque les circonstances lui garantissaient que la doctrine du salut par gr�ce n�en recevrait aucun dommage (comparer versets 3-5, note et surtout Actes�21.20 et suivants, note).

Enfin, tout porte � croire que Pierre reconnut son erreur et ainsi il ne fut pas moins admirable dans son humilit�, que Paul dans son z�le �nergique pour la v�rit�?: souffrir la r�pr�hension est plus difficile encore que de la faire. Et voil� l�homme dont on a voulu faire le prince des ap�tres et le premier des papes?! Ce pape aurait donc �t� moins infaillible que ses successeurs. Il est vrai que pour se mettre � l�aise on a commenc� par accr�diter l�invention qu�il ne s�agit point, dans ce chapitre, de l�ap�tre Pierre, mais de quelque disciple portant le m�me nom?!

Verset 14

Avant l�arriv�e des juda�sants, Pierre, bien que Juif de naissance, vivait � la mani�re des pa�ens convertis, c�est-�-dire, qu�il mangeait avec eux (verset 12) et ne s�astreignait plus aux prescriptions de la loi. Dieu lui-m�me l�avait conduit dans cette voie (Actes 10) et telle avait �t� d�s lors, on peut le supposer, sa pratique habituelle.

Mais, depuis que les envoy�s de Jacques sont � Antioche, il se met � observer rigoureusement la loi?: c��tait proclamer que cette observation �tait n�cessaire au salut et obliger, moralement, par l�autorit� de son exemple, les chr�tiens d�Antioche, sortis du paganisme, � juda�ser. Tel est le reproche de Paul. Apr�s l�avoir exprim�, il le motive, dans les versets suivants, par l�exposition de la doctrine qu�il s�agissait de pr�server intacte.

Verset 15

Apr�s avoir lu Romains�3.9, nul ne saurait �tre tent� d�interpr�ter ici les paroles de l�ap�tre comme s�il voulait dire que les Juifs ne sont pas des p�cheurs. Ce serait m�me directement l�oppos� de sa pens�e, puisqu�il d�clare pr�cis�ment qu�eux, Juifs de naissance, ne peuvent �tre justifi�s par les �uvres de la loi, mais uniquement par la foi en J�sus-Christ (verset 16).

Et si pour eux, Juifs de naissance, il n�y avait pas d�autre moyen de salut, combien moins pour les p�cheurs d�entre les pa�ens, que les faux docteurs et Pierre lui-m�me en juda�sant, voulaient ramener sous le joug de la loi?!

Verset 16

Romains�3.20. La doctrine fondamentale de la justification du p�cheur par la foi seule, sans les �uvres de la loi, a �t� expos�e par l�ap�tre dans Romains�1.17 � Romains 5 (voir les notes et comparez ci-dessous les Galates 3 et Galates 5).

Ces paroles (versets 15 et 16) prouvent que Paul est convaincu de trouver en Pierre la doctrine qu�il professait lui-m�me, car ces mots?: nous, Juifs de naissance, sachant, etc., embrassent l�un et l�autre (comparer verset 13, note).

Or, la vue de Juifs r�pudiant toute confiance pour le salut dans les �uvres de la loi et s�appuyant uniquement sur la foi en J�sus-Christ, devait faire une profonde impression sur les pa�ens convertis que de faux docteurs avaient, en partie, ramen�s sous la loi. Il importait donc d�autant plus que l�exemple de Pierre � Antioche ne vint pas affaiblir cette impression et troubler la foi que Paul avait pr�ch�e.

Verset 18

Paul continue sa d�monstration sans indiquer si ces paroles font encore partie du discours adress� � Pierre (verset 14), ou s�il se tourne maintenant vers les Galates. Quelques ex�g�tes bornent (� tort) ce discours au verset 14?; d�autres l��tendent jusqu�au verset 16?; d�autres, jusqu�� la fin du chapitre.

Peu importe pour le sens. Mais c�est ce sens m�me qui, ici (versets 17 et 18), a donn� lieu � des interpr�tations tr�s diverses.

Au premier abord, on serait tent� d�appliquer ces paroles � la sanctification, plut�t qu�� la justification et de les entendre ainsi?: �?Si nous, qui admettons le salut de l�homme par la foi en Christ, restons pourtant dans le p�ch� (p�ch� actuel et corruption), ne faisons-nous pas de Christ le ministre du p�ch�?? N�est-ce pas dire qu�il l�autorise?? Loin de nous ce blasph�me?! Car, si je reb�tis pr�cis�ment ce que j�ai voulu d�truire, une libert� charnelle?; si je dis?: p�chons afin que la gr�ce abonde, c�est moi, moi-m�me qui suis un transgresseur?�?!

Mais cette interpr�tation n�entre point dans l�ensemble du raisonnement de Paul, qui, �videmment, discute deux moyens oppos�s de justification?: la foi en Christ et les �uvres de la loi.

Voici donc plut�t ce qu�il veut dire?: Si nous, Juifs, qui avons reconnu que nous ne pouvons �tre justifi�s par les �uvres de la loi (versets 15 et 16) et qui cherchons � l��tre en Christ, par la foi en son nom, nous �tions encore, nous aussi, trouv�s p�cheurs (comme ces p�cheurs d�entre les pa�ens verset 15), c�est-�-dire non justifi�s, sans justice et qu�ainsi notre foi en Christ se f�t montr�e insuffisante et vaine, alors Christ serait donc un ministre du p�ch� (et non de la justice)?? Il serait cause que, pour lui, nous avons renonc� � la justice de la loi et il nous laisserait dans le p�ch� et la condamnation?? Loin de nous cette pens�e, ce blasph�me?! Car, si (comme Pierre voudrait le faire en juda�sant) je reb�tis les choses que j�ai d�truites, c�est-�-dire la loi, la justice par les �uvres, bien loin que Christ soit ministre du p�ch�, c�est moi-m�me qui me constitue (ou Grec?: �?me recommande?�, avec ironie) comme un transgresseur.

Comment?? Parce que je recours de nouveau � cette loi que j�ai viol�e, qui me condamne et que moi-m�me j�ai transgress�e encore en ne l�observant plus, en la rejetant.

Cela dit, l�ap�tre poursuit son argumentation et prouve (verset 19) qu�il n�y a rien de fond� dans la supposition qu�il vient de faire, mais que la loi a accompli son �uvre en lui d�une mani�re bien plus profonde, jusqu�� ce qu�il ait trouv� ailleurs une vraie justice, une vie nouvelle.

Ceux qui s�duisaient les Galates ne pr�tendaient pas, sans doute, qu�ils dussent absolument renier Christ et renoncer � la foi en lui comme moyen de salut?; mais semblables � des milliers de chr�tiens de nos jours, sp�cialement au sein du catholicisme, ils cherchaient le salut � la fois dans les �uvres de l�homme et dans l��uvre de Christ. Or, l�ap�tre d�clare partout et avec la plus grande �nergie, que ces deux moyens s�excluent et qu�il faut choisir entre la loi et la gr�ce (comparer Galates 3 et Galates�5.2-4).

Verset 19

Que veulent dire ces mots?: Par la loi je suis mort � la loi, au moyen desquels l�ap�tre motive la d�claration qui pr�c�de??

Augustin r�pond?:

C�est que, en tant que Juif, il consid�re la loi comme un p�dagogue qui l�a amen� � Christ, or (Galates�3.24), la t�che d�un �ducateur est de se rendre inutile avec le temps. C�est ainsi que l�enfant est nourri aux mamelles de sa m�re, afin qu�ensuite il n�en ait plus besoin, de m�me qu�on abandonne le navire qui vous a apport� sur le rivage de la patrie. Ou bien encore, l�ap�tre veut que le sens symbolique c�r�moniel, charnel de la loi nous en d�couvre le sens spirituel et que nous abandonnions le premier pour vivre sous le dernier

Il y a du vrai dans cette double interpr�tation, mais elle ne va pas au fond des paroles de l�ap�tre. Il faut en chercher le commentaire dans Romains�7.7-12. C�est l� qu�il nous apprend comment la loi reconnue et sentie dans toute sa spiritualit� et son inviolable saintet�, accuse, condamne et tue le p�cheur en rendant �?le p�ch� excessivement p�chant?�. Par la loi il meurt � la loi qu�il d�sesp�re d�accomplir jamais?; il meurt en m�me temps � lui-m�me et � toute propre justice et il se sent forc� de chercher ailleurs sa vie.

Cette exp�rience douloureuse, Paul l�a faite en particulier au moment de sa conversion, quand il vit s��crouler tout l��difice de sa justice l�gale. Si jamais il y eut un homme mort, ce fut Saul de Tarse apr�s l�apparition de J�sus. Dans cette situation sans issue et d�sesp�r�e, � laquelle l�a r�duit la loi et le z�le m�me qu�il a montr� pour lui ob�ir, dans cet �tat de mort se pr�sente � lui la foi en Christ, qui le justifie et le vivifie, afin que d�sormais il vive � Dieu, c�est-�-dire en Dieu et pour Dieu.

D�s lors il accomplit la loi dans une vie nouvelle, parce qu�il conna�t l�ob�issance de l�amour?: la loi est �?�crite dans son c�ur?�. Les paroles qui suivent et qui ne font que d�velopper celles-ci, ne laissent aucun doute sur leur vrai sens (verset 20).

Verset 20

Comparer sur cette profonde union du chr�tien avec son Sauveur Romains�6.3 et suivants, notes et 2�Corinthiens�5.14?; 2�Corinthiens�5.15, notes.

La foi nous transplante si bien en Christ, que sa mort et sa vie deviennent notre mort et notre vie. Le crucifiement du Sauveur se reproduit dans son rachet� par les renoncements douloureux et la mort graduelle du vieil homme, de ce moi que Paul nomme ici comme ne vivant plus.

Mais par l�union du rachet� avec son Sauveur, Christ ressuscite en lui, cr�ant en lui le nouvel homme?; le croyant s�approprie par la foi le Sauveur ressuscit� et vivant et s�identifie avec lui. Christ vit en moi, peut-il dire. Il vit bien encore maintenant d�une vie terrestre (dans la chair)?; mais s�il est oblig� de continuer � vivre de cette vie, il ne vit plus que dans la foi au Fils de Dieu, cette foi qui est comme l��l�ment dans lequel il respire, la source et la condition de son existence nouvelle.

Et comment nommer ce Fils de Dieu sans rappeler l�immense amour par lequel il s�est donn� lui-m�me pour nous faire part de sa vie?! Pour Paul, cet amour est devenu tout personnel?: m�a aim�, s�est donn� pour moi.

Ces mots sont pleins d�une grande consolation et puissants pour r�veiller la foi en nous. Celui qui peut r�p�ter ce seul petit mot me, moi, avec la foi de saint Paul, celui-l�, sans aucun doute, combattra avec �nergie, comme saint Paul, la justification par les �uvres de la loi� Il faut bien enseigner touchant la foi, que par elle tu peux �tre tellement uni � Christ, que tu deviennes ins�parablement un avec lui, en sorte que tu puisses dire?: Je suis Christ, c�est-�-dire que sa justice, sa victoire, sa vie, tout ce qu�il a est aussi � moi. Et Christ � son tour peut dire?: Je suis ce pauvre p�cheur, tous ses p�ch�s et sa mort sont devenus mes p�ch�s et ma mort, d�s qu�il s�est uni � moi par la foi et que je vis en lui.� Luther

Verset 21

Rien de plus concluant que ce dilemme?: �tre sauv� par gr�ce, ou rejeter la gr�ce?; et alors Christ serait mort en vain. Raisonnement ab imposibili, observe Erasme.

Quiconque estime qu�il peut �tre justifi� devant Dieu par la loi, rejette la gr�ce de Dieu, repousse loin de soi le sacrifice de Christ et renonce � �tre rachet� par ce pr�cieux tr�sor. Quel crime que celui de m�priser la gr�ce de Dieu?! Est-il vrai, oui ou non, que Christ soit mort?? Serait-il vrai qu�il f�t mort en vain et sans raisons?? Il nous faudra bien r�pondre?: Oui, il est mort?! non, il n�est pas mort en vain?! Il est donc certain que nous ne pouvons pas �tre sauv�s par la loi.� Luther

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Galatians 2". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/galatians-2.html.