Bible Commentaries
Genèse 4

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-26

Plan du commentaire biblique de Gen�se 4

III) 4.1 � 9.17 � Corruption croissante de l�humanit�, le d�luge

Cette partie de la Gen�se nous raconte l�accroissement du genre humain et en m�me temps celui du p�ch� qui, une fois entr� dans l�humanit�, s�y d�veloppe sans tarder avec tous ses effets malfaisants?; la race tout enti�re finit par se corrompre et attire sur elle par ses crimes le ch�timent divin.

Ca�n et Abel (4.1-16)

D�s la premi�re g�n�ration, comme � travers toute l�histoire subs�quente, nous voyons l�humanit� divis�e en deux camps?: d�un c�t� les justes, de l�autre les m�chants. On voit que, si le p�ch� se transmet de g�n�ration en g�n�ration, il comporte cependant des degr�s et que, d�s l�abord, il y a une diff�rence marqu�e entre ceux qui se livrent � sa puissance et ceux qui r�agissent contre elle en s�appuyant sur Dieu.

Verset 1

Les deux fr�res (1-2)

L�homme. Nous traduisons ainsi pour �tre litt�ral?; Adam est encore envisag� moins comme individu que comme le repr�sentant de la race.

Ayant connu. Ces mots qui, d�apr�s la forme du verbe, expriment une action pass�e, nous reportent au s�jour dans le paradis, probablement au moment qui suivit imm�diatement le premier p�ch� (Gen�se�3.7). Le mot conna�tre d�signe l�union la plus �troite, aussi bien au sens physique qu�au sens moral. Cette expression, qui n�est jamais employ�e en parlant des animaux, montre le caract�re moral de l�union des sexes dans le mariage.

Ca�n. Ce nom, comme le montre l�explication qu��ve en donne elle-m�me, d�signait ce premier enfant comme un �tre produit avec le secours de l��ternel, car il est mis en relation avec le mot h�breu kana, qui signifie produire, cr�er, acqu�rir?; cependant, d�apr�s les r�gles de l��tymologie h�bra�que, il d�rive plut�t de la racine kin ou koun, qui exprime dans des langues s�mitiques la notion de forger, fabriquer. Employ� comme nom commun, ce mot signifie lance (2�Samuel�21.6).

J�ai donn� l��tre. On se repr�sente ais�ment l��tonnement que dut �prouver la premi�re m�re � la vue de son premier enfant, elle qui savait que son mari et elle-m�me avaient �t� form�s de la main de Dieu. De l� son exclamation qu�on pourrait paraphraser ainsi?: J�ai particip� � l��uvre cr�atrice accomplie par l��ternel.

Avec l��ternel. Il serait possible de traduire?: J�ai donn� l��tre � un homme, l��ternel.

Plusieurs interpr�tes adoptant ce sens ont pens� qu��ve voyait dans cet enfant le Sauveur promis et proclamait par ces paroles sa nature divine. Mais la promesse du chapitre 3 ne renfermait aucune notion de ce genre.

L�emploi du nom de J�hova dans la bouche d��ve para�t contredire le passage Exode�6.3. Nous renvoyons les lecteurs � l�explication de ce passage important, nous bornant � dire ici que le nom de J�hova ne peut avoir �t� compl�tement inconnu avant la r�v�lation de l��ternel � Mo�se dans le d�sert.

Quelques noms compos�s en effet, tels que Morija et le nom de la m�re de mo�se lui-m�me, Jok�bed (dont l��ternel est la gloire), attestent son existence dans la p�riode ant�rieure et si ce nom n�e�t pas �t� en quelque mesure connu du peuple, lorsque Mo�se demande � Dieu?: Qui leur dirai-je que tu es?? Dieu n�e�t pas pu lui r�pondre?: Tu leur diras que je suis J�hova, car cette r�ponse n�e�t pr�sent� aucun sens � leur esprit.

Du reste il est bien probable qu�ici le nom de J�hova doit �tre attribu� � l�auteur, qui traduit de cette mani�re en h�breu le nom de la langue primitive employ� par �ve pour d�signer Dieu.

Verset 2

Abel plus exactement H�bel, signifie souffle, vanit�. Plusieurs ont pens� que ce nom lui avait �t� donn� apr�s coup, � la suite de sa fin pr�coce et tragique. Mais il est possible qu�il lui ait �t� donn� � sa naissance par sa m�re, frapp�e, non plus comme � la naissance de son fils a�n�, du fait de l�apparition d�un nouvel homme, mais de la faiblesse de ce petit �tre?; ou bien l�exp�rience qu�elle avait d�j� faite des luttes et des souffrances de la vie lui avait fait sentir la vanit� de l�existence terrestre.

D�autres interpr�tes font d�river ce nom du mot assyrien habelou (fils), qu�on retrouve dans les noms de plusieurs rois, par exemple dans celui de Nabu-habal-ussur (Nabopolassar), Assur prot�ge le fils. Rien dans le texte ne s�oppose � cette opinion?; mais on se demande pourquoi �ve aurait donn� ce nom � son second enfant plut�t qu�au premier.

Berger, litt�ralement?: berger de petit b�tail.

�tait cultivateur. Cette traduction rend litt�ralement la forme du verbe h�breu?: Ca�n avait d�j� cette occupation quand Abel devint berger. Le premier homme avait probablement �t� � la fois cultivateur et berger?; ses deux premiers fils se partagent cette double activit�, l�a�n� gardant pour lui la premi�re qui avait �t� institu�e de Dieu (Gen�se�2.15?; Gen�se�3.19). Il est donc faux de vouloir discerner d�j� les dispositions diff�rentes des deux fr�res dans le choix de leur vocation.

Remarquons que, � l�oppos� de certaines conceptions philosophiques qui pr�tendent que l�humanit� a d� passer par trois stages diff�rents?: chasse, �levage des bestiaux et agriculture, le r�cit biblique place ces deux derni�res occupations � l�origine m�me de la race, �cartant ainsi de l�histoire des premiers �ges l�id�e d�un �tat sauvage.

On a voulu voir aussi dans notre r�cit un mythe, repr�sentant la lutte des p�tres, pr�f�r�s de J�hova et des agriculteurs qui menacent de les d�truire. Mais quel int�r�t aurait eu un auteur isra�lite, appartenant � une nation essentiellement agricole et plus du tout nomade, � fl�trir l�agriculture au profit de l��levage du b�tail?? Puis pour l�auteur lui-m�me l�agriculture est d�institution divine et existait m�me avant la chute (Gen�se�2.15).

Verset 3

Les premiers sacrifices (3-5)

Il ne para�t pas que ces sacrifices aient �t� r�clam�s par Dieu lui-m�me. Ils furent la manifestation spontan�e d�un sentiment humain, la reconnaissance pour les bienfaits re�us et le d�sir d�obtenir de Dieu de nouvelles faveurs en s�effor�ant de combler la s�paration �tablie par le p�ch� entre Dieu et l�homme.

Apr�s un certain temps, litt�ralement � la fin de jours. Cette expression peut signifier en h�breu soit un temps ind�termin�, soit une ann�e. Plusieurs interpr�tes adoptent ce dernier sens et traduisent?: � la fin de l�ann�e, c�est-�-dire au moment de la r�colte. Mais le premier sens nous parait le plus naturel?: Un certain temps apr�s qu�ils eurent commenc� � exercer leur vocation.

Oblation. Le mot employ� mincha, est celui qui sert � d�signer dans la loi l�offrande non sanglante. Mais ce mot n�a pas encore ici ce sens technique et sert � d�signer aussi le sacrifice sanglant d�Abel. Ce dernier dut �tre un holocauste, un sacrifice dont la victime �tait enti�rement br�l�e, car, selon toute probabilit�, les hommes ne se nourrissaient pas encore de viande.

Verset 4

L��ternel regarda. Cette expression figur�e exprime sous une forme tir�e des relations humaines l�id�e que l�offrande d�Abel fut agr�able � Dieu et accept�e de lui?: on regarde volontiers ce qui pla�t, tandis qu�on d�tourne les yeux de ce qui vous repousse.

L��ternel doit avoir manifest�, par un acte ext�rieur perceptible aux deux fr�res son contentement et son m�contentement. Le texte ne dit pas quel fut ce signe. Les uns ont suppos� que l��ternel apparut pour leur manifester lui-m�me son sentiment. D�autres ont pens� que l��ternel fit descendre le feu du ciel sur l�holocauste d�Abel, comme il le fit descendre plus tard sur celui d��lie au Carmel, en signe d�acceptation de l�offrande. Les deux opinions sont admissibles.

En vertu de quoi l�offrande d�Abel �tait-elle plus acceptable que celle de Ca�n?? On a suppos� qu�elle avait �t� pr�f�r�e � cause de l�effusion du sang, qui �tait une marque de repentance et la preuve du besoin de r�conciliation. Mais nous ne sommes pas autoris�s � transporter ici les notions de la loi mosa�que. Si Ca�n n�offre pas de victime animale, c�est tout naturellement parce qu�il veut pr�senter � l��ternel des produits de son travail.

Il faut plut�t chercher la raison de la pr�f�rence divine dans les dispositions int�rieures de Ca�n et d�Abel. Comparez ce qui est dit dans l��p�tre aux H�breux (H�breux�11.4)?: C�est par la foi qu�Abel offrit � Dieu un plus excellent sacrifice que Ca�n.

Nous trouvons d�j� ici la diff�rence qui se reproduit perp�tuellement entre les actes de culte dict�s par la reconnaissance et qui sont l�expression du don de soi-m�me et ceux qui, au contraire, doivent servir � dispenser l�adorateur du don de son c�ur.

D�s la premi�re page de la Bible, le spiritualisme est donc �tabli et le formalisme condamn�. Le seul indice ext�rieur du sentiment d�Abel en opposition � celui de Ca�n se trouve peut-�tre dans les mots?: Des premiers-n�s et de leur graisse, tandis que pour Ca�n il �tait dit seulement?: Des produits de la terre.

Verset 5

Notre traduction rend exactement les temps du texte h�breu?: regarda, verset 4?; n�avait pas regard�, verset 5. C�est lorsque Ca�n vit l�offrande d�Abel accept�e qu�il remarqua l�indiff�rence de Dieu � l��gard de la sienne et qu�il s�irrita?; son d�pit naquit donc de la jalousie?; cette douleur-l� est ce que saint Paul appelle la tristesse selon le monde, qui produit la mort (2�Corinthiens�7.10).

Les mauvaises dispositions de son c�ur ne se manifestent au premier moment que par l�abattement sinistre qui se peint sur son visage, mais cet abattement est le pr�sage de mauvais desseins.

Verset 6

Avertissement de Dieu � Ca�n (6-7)

Ici encore, comme apr�s la chute du premier homme (Gen�se�3.9), Dieu ne laisse pas le p�cheur � lui-m�me?; il consent � lui parler pour le rendre conscient de sa faute et l�emp�cher de se plonger plus avant dans le mal.

Plusieurs ont pens� que ces paroles �taient simplement la voix int�rieure de la conscience chez Ca�n. Mais apr�s son crime la m�me voix se fait entendre et cette fois il y a un entretien qui ne peut �tre celui du c�ur de l�homme avec lui-m�me.

Verset 7

Dieu veut donner � Ca�n l�assurance que rien n�est encore perdu, quand m�me son sacrifice n�a pas �t� accept� et que son rel�vement ne d�pend que de lui.

Si tu fais bien. On pourrait entendre ces mots dans ce sens?: Si tu renonces � tes mauvaises dispositions contre ton fr�re, encore maintenant tu seras re�u.

Mais il vaut mieux leur donner un sens plus g�n�ral?: Si tu es anim� de bons sentiments comme Abel, tu seras re�u aussi bien que lui. � la jalousie de Ca�n, Dieu oppose son impartialit�.

Ne seras-tu pas agr��?? L�expression h�bra�que ainsi rendue signifie, proprement enl�vement, d�o� �l�vation. On pourrait donc traduire?: N�y aura-t-il pas enl�vement (de ton p�ch�)?? Ou?: N�y aura-t-il pas �l�vation (de ton visage qui est maintenant abattu)??

Mais on peut trouver aussi dans ce terme la notion souvent employ�e en h�breu de prendre, accepter la figure de quelqu�un, pour dire?: lui faire bon accueil, le recevoir favorablement. C�est l� le sens rendu dans la traduction et qui nous para�t le plus naturel.

Si tu ne fais pas bien?: Si tu es anim� de mauvais sentiments. Le mot que nous traduisons par faire bien n�implique pas n�cessairement l�id�e d�une action ext�rieure.

Le p�ch�. Nos anciennes versions fran�aises traduisaient?: la peine du p�ch�. Ce sens est grammaticalement possible, puisque l�h�breu n�a qu�un mot pour d�signer le p�ch� et la peine du p�ch�. Mais les derniers mots du verset?: Et toi, tu dois dominer sur lui, sont incompatibles avec ce sens.

Se tient. L�image employ�e par le texte original est celle d�une b�te f�roce accroupie pour guetter une proie. Ainsi le p�ch� n�attend qu�une circonstance favorable pour s�emparer de celui qui entretient un mauvais sentiment dans son c�ur et lui faire commettre l�acte qui ach�vera de le perdre. Comparez 1�Pierre�5.8.

� la porte?: de la demeure du m�chant?; aussit�t que la porte s�ouvrira, l�ennemi s�y pr�cipitera. En assyrien le mot rabits signifie, comme le mot h�breu robets employ� ici, celui qui se tient en embuscade et sert � d�signer une des principales classes de d�mons.

Une inscription cun�iforme contient sur les d�mons le passage suivant?: Eux, la porte ne les retient pas, la barre de la porte ne les repousse pas?; dans la porte ils s�introduisent comme des serpents.

Son d�sir tend vers toi. M�me expression que dans la sentence prononc�e sur la femme (Gen�se�3.16)?: le p�ch� vise � s�unir intimement � l�homme pour ne plus faire qu�un avec lui. C�est cette union du p�ch� avec l�homme que caract�rise saint Jacques (Jacques�1.15).

Chez Ca�n, l�union n�est pas encore consomm�e?; de l� la parole suivante?: Tu dois dominer sur lui. Ca�n doit veiller � sa porte afin de ne pas laisser entrer l�ennemi. Le moyen pour cela, ce sera de renoncer � sa jalousie et � son irritation. Dans la lutte contre l�adversaire annonc�e Gen�se�3.15, la victoire est toujours possible � l�homme, gr�ce au secours divin qui est � sa porte.

Verset 8

Le meurtre

Ca�n ne tient pas compte de l�avertissement de Dieu et au lieu de dominer sur le p�ch� il laisse le p�ch� dominer sur lui.

Ca�n parla, litt�ralement dit. Comme ce mot dit fait attendre l�indication de ce qui fut dit, les anciennes versions ont suppl�� ici les mots?: Allons dans la campagne.

Mais cela n�est pas n�cessaire?; l�objet de dit peut ais�ment se tirer du fait racont� ensuite?: Et il arriva

S��leva contre Abel son fr�re. Le mot fr�re est r�p�t� avec intention quatre fois dans les versets 8 et 9, pour faire ressortir l�horreur du crime.

Il r�sulte de la parole pr�c�dente que l�agression �tait pr�m�dit�e. Cependant Ca�n ne supposait peut-�tre pas que des coups port�s a son fr�re occasionneraient sa mort. Il n�en est pas moins un meurtrier, selon la parole 1�Jean�3.12-15, qui d�clare que quiconque hait son fr�re est meurtrier. Saint Jean indique en m�me temps le mobile du crime de Ca�n?: Parce que ses �uvres �taient mauvaises et que celles de son fr�re �taient justes. Abel nous appara�t donc comme le premier martyr de la justice, et, quoique mort, il parle encore (H�breux�11.4).

On est confondu en voyant avec quelle rapidit� le p�ch� arrive dans la premi�re famille humaine aux derniers exc�s. Ca�n s�est laiss� dominer par ses mauvais sentiments et il est ainsi devenu le premier membre de la post�rit� du serpent qui entre en lutte avec la post�rit� de la femme.

Verset 9

Le jugement (9-16)

La m�me voix, qui a averti avant le crime, juge apr�s qu�il est consomm�. Dieu ne peut laisser le p�ch� impuni et, de m�me qu�apr�s la chute d�Adam, il interroge le coupable pour l�amener � confesser sa faute.

Je ne sais pas. Adam interrog� apr�s son p�ch� avait avou� en tremblant, tout en cherchant � s�excuser?; Ca�n, lui, ment effront�ment et brave Dieu en ajoutant la parole ironique?: Suis-je le gardien de mon fr�re?? Si Dieu avait voulu r�pondre � la question de Ca�n, il l�aurait certainement fait par l�affirmative, car tout homme est le gardien de son prochain.

Verset 10

Ca�n ayant refus� d�att�nuer son crime en l�avouant, l�interrogatoire fait place � la sentence.

Qu�as-tu fait?? Question indign�e qui n�attend aucune r�ponse?; elle a pour but de faire rentrer en lui-m�me le coupable endurci.

J�entends le sang� Litt�ralement?: Voix du sang de ton fr�re criant � moi de la terre?!

Aucun t�moin n�ayant vu le meurtre, Ca�n avait cru pouvoir le cacher en le niant?; il doit se convaincre avec effroi de la toute-science et de la toute-pr�sence de Dieu. Le sang innocent r�pandu � la surface de la terre crie vers le ciel, si�ge du juge supr�me, jusqu�� ce qu�il soit veng�. Comparez Job�16.18?; �sa�e�26.21.

Verset 11

Tu es maudit. � l�aggravation de la faute correspond celle de la peine?: ce n�est plus, comme pour Adam, la terre qui est maudite � cause de l�homme, mais Ca�n lui-m�me est maudit.

Par la terre. On a entendu ces mots dans ce sens?: loin de la terre, ou?: plus que la terre (maudite Gen�se�3.17). Mais le sens naturel est?: par la terre, non comme si elle pouvait maudire, mais parce qu�elle devient l�instrument de la mal�diction divine en ce qu�elle ne peut plus supporter le meurtrier. Comparez L�vitique�18.25-28.

Verset 12

Aggravation de la mal�diction adress�e � Adam (Gen�se�3.17)?: Tu en tireras ta nourriture avec travail.

Son fruit, litt�ralement sa force.

Errant et fugitif. Il ne jouira du repos nulle part, la terre ne lui rendant plus le fruit de son travail et le trouble �tant partout dans son c�ur.

Verset 13

Quelle diff�rence entre les paroles du verset 9 et celles des versets 13 et 14?! L�audace a fait place � un l�che abattement.

Ma peine� supporter. Litt�ralement?: Mon p�ch� est plus grand qu�on ne le peut porter. Sur la relation entre les deux id�es de p�ch� et de peine du p�ch� en h�breu, voir verset 7, note. Plusieurs interpr�tes traduisent ici le mot nasa (porter) par pardonner. Ce sens est grammaticalement possible, mais ne s�accorde pas avec les sentiments exprim�s par Ca�n dans le verset 14?; c�est la crainte, non le repentir, qui lui inspire ces paroles.

Verset 14

Ca�n exprime les craintes que lui fait �prouver la sentence divine, sans doute avec l�espoir d�obtenir un adoucissement de sa peine.

De dessus la face du pays. Il doit quitter la contr�e o� il a v�cu jusqu�alors et s�avancer dans l�inconnu qu�il redoute. On comprend cette crainte chez un homme qui ne sait pas ce qu�il y a au-del� de l�horizon qui borne sa vue.

Cach� de devant ta face. Ca�n a encore le sentiment que c�est de Dieu que proviennent tout bonheur et toute s�curit�?; aussi redoute-t-il de s��loigner du pays d��den, le lieu o� Dieu se manifeste aux hommes. C��tait une croyance g�n�rale dans l�antiquit�, m�me au sein de la race �lue, que Dieu n�habitait pas en dehors du lieu de ses r�v�lations. Jacob quittant la maison de son p�re est �tonn� que Dieu soit avec lui � B�thel (Gen�se�28.16). M�me pens�e Jonas�1.3.

Quiconque me trouvera me tuera. On s�est �tonn� de cette r�flexion de Ca�n, qui suppose l�existence d�autres hommes et plusieurs interpr�tes ont cru pouvoir en tirer la conclusion que primitivement ce morceau devait se trouver � une place plus avanc�e du r�cit. Mais Ca�n ne connaissait que la contr�e o� il avait v�cu jusqu�alors et il pouvait fort bien se repr�senter la terre ou il allait �tre errant et fugitif comme habit�e par d�autres hommes. Dans tous les cas il devait trembler de rencontrer Adam, le vengeur naturel d�Abel.

Verset 15

L��ternel voit quelque chose de l�gitime dans la crainte de Ca�n et le rassure. L�humanit� ne devait �tre constitu�e en soci�t� et la peine capitale institu�e qu�apr�s le d�luge (Gen�se�9.6). Jusqu�alors la justice divine se r�serve � elle seule le droit de punir le meurtrier. Dieu a voulu d�s le premier meurtre couper court � la vengeance individuelle.

C�est pourquoi?: Tu as raison, il devrait en �tre ainsi?; aussi vais-je faire ce qui est n�cessaire pour l�emp�cher. Lors m�me que la crainte de Ca�n ne serait pas fond�e, cette parole de l��ternel et le signe qu�il place sur lui auraient leur raison d��tre, leur but serait de le rassurer. L��ternel t�moigne ici � Ca�n une compassion semblable � celle qu�il avait montr�e � Adam et � �ve en s�occupant encore d�eux apr�s leur chute.

Sera veng� sept fois. On a parfois entendu ces mots dans ce sens que le meurtrier de Ca�n serait puni de mort avec sept de ses proches, ou que la vengeance s�exercerait sur ses descendants jusqu�� la septi�me g�n�ration. Le sens tout simple est que l��ternel se chargera d�infliger � cet homme-l� des tourments sept fois plus douloureux que ceux dont souffre Ca�n.

Mit un signe sur Ca�n, litt�ralement � Ca�n. Quelques-uns ont entendu ce passage dans ce sens, que Dieu donna � Ca�n un signe pour confirmer la promesse qu�il venait de lui faire. Mais ce signe n�aurait servi qu�� rassurer Ca�n et non � emp�cher qu�il ne dev�nt l�objet de la vengeance qu�il redoutait. Ce signe �tait sans doute une expression particuli�rement sinistre sur les traits du meurtrier et du maudit. On se sent d�sarm� devant une figure contract�e par le remords ou par la folie. Comparez 1�Samuel�21.13, o� David contrefait l�insens� pour �chapper � la mort. Cette supposition nous para�t plus naturelle que celle de lettres �crites sur son front, d�un v�tement particulier, etc.

Verset 16

R�sultat du jugement

De devant l��ternel : du pays d��den, o� l��ternel se r�v�lait.

Nod. Ce nom, inconnu en g�ographie, signifie bannissement?; il appartient � la m�me racine que le mot nad, fugitif (versets 12 et 14)?; il d�signe donc la terre d�exil.

Les familles descendues d�Adam (4.17 � 5.32)

L�histoire de ces deux familles nous est donn�e sous la forme de g�n�alogies dans lesquelles sont ins�r�es quelques notices biographiques.

Les g�n�alogies, sont pour ainsi dire la charpente de la Gen�se. Dans l�histoire des temps primitifs (Gen�se chapitres 1 � 11), elles sont le lien vivant qui rattache les grandes p�riodes les unes aux autres?: le d�luge est rattach� � la cr�ation et � la chute par les g�n�alogies des chapitres 4 et 5, l�histoire d�Abraham au d�luge par celles des chapitres 10 et 11.

Un trait caract�ristique, c�est qu�� chaque fois l�auteur commence par la g�n�alogie de la race qui est �limin�e de l�histoire du royaume de Dieu, pour s�arr�ter � la race �lue?; la g�n�alogie des Ca�nites pr�c�de celle des S�thites (chapitres 4 et 5)?; celles des Japh�thites et des Chamites pr�c�dent celles des S�mites (chapitres 10 � 11). De m�me plus tard celle d�Isma�l pr�c�de l�histoire d�Isaac (Gen�se�25.12-18) et celle d��sa� l�histoire de Jacob (chapitre 36).

Les deux g�n�alogies des chapitres 4 et 5 pr�sentent des diff�rences de style qui font supposer qu�elles appartiennent � deux auteurs diff�rents?; la premi�re est la continuation du r�cit j�hoviste, qui a commenc� en Gen�se�2.5 et se prolonge jusqu�au chapitre 4?; la seconde (chapitre 5) provient de la m�me source que le chapitre (�lohiste).

Tandis que l�auteur j�hoviste �num�re les noms des patriarches en rattachant ici et l� � l�un d�entre eux un fait historique, l�auteur �lohiste rapporte sous une forme monotone et st�r�otyp�e l��ge o� chaque patriarche eut son premier fils, le temps qu�il v�cut apr�s la naissance de ce fils et la somme totale des ann�es de sa vie. Le genre du j�hoviste est plus anecdotique, celui de l��lohiste plus officiel. Mais ce qui �tonne dans ces deux g�n�alogies, c�est la ressemblance de plusieurs noms qui paraissent dans toutes les deux. Voici les deux s�ries en face l�une de l�autre?:

Adam
seth
Adam (homme)Enosh (homme)
Ca�nK�nan
H�nocMahal�el
IradJ�red
M�huja�lH�noc
M�thusa�lM�thus�lah
L�mecL�mec
No�
Jabal, Jubal, Tubal-Ca�nSem, Cham, Japheth

On voit que d�un c�t� il y a sept g�n�rations, de l�autre dix et que le dernier membre de chacune des deux s�ries se ramifie en trois. Il est fort possible que ces chiffres si usit�s, dix, sept, trois, ne soient pas accidentels et aient pour but de faciliter la m�morisation. Comparez les trois s�ries de quatorze g�n�rations dans la g�n�alogie de Matthieu 1.

Dans ce cas, les g�n�alogies n�auraient pas la pr�tention d��tre compl�tes. Quant � la ressemblance des noms, bon nombre de critiques en ont conclu que, dans la tradition primitive, il n�existait qu�une seule g�n�alogie des descendants d�Adam. Cette g�n�alogie primitive, transmise de g�n�ration en g�n�ration, se serait modifi�e en passant de bouche en bouche et aurait fini par exister sous deux formes, dont l�une aurait �t� r�dig�e par l�auteur j�hoviste, l�autre par l�auteur �lohiste. Le r�dacteur de la Gen�se les aurait reproduites toutes les deux sans se douter de leur communaut� d�origine. L�ex�g�se de d�tail nous montrera si cette supposition est admissible.

Verset 17

G�n�alogie des Ca�nites (4.17-24)

Et Ca�n connut sa femme. Il est �vident que la femme de Ca�n �tait une fille d�Adam?; la Gen�se n�a pas la pr�tention d��num�rer tous les enfants du premier couple humain?; elle dit m�me express�ment (Gen�se�5.4) qu�Adam engendra des fils et des filles qui ne sont pas nomm�s.

Le mariage entre fr�res et s�urs s�imposait aux origines de l�humanit� et n�avait pas encore les inconv�nients qu�il ne pouvait manquer d�avoir � une �poque plus avanc�e, car la force vitale d�partie � l�humanit� existait chez le premier homme et jusqu�� un certain point encore chez ses enfants, dans toute sa pl�nitude. Mais une fois qu�elle se fut r�partie dans un grand nombre de branches, elle dut tendre dans chaque union � se reconstituer par le rapprochement des �l�ments oppos�s.

H�noc?: celui qui est initi� ou qui initie. Ce nom, que Ca�n donne � la fois � son fils et � la ville qu�il b�tit, signifie-t-il peut-�tre que ce fils sera initi� aux progr�s de la civilisation, dont la construction de la ville marque le point de d�part??

Ce nom revient dans la g�n�alogie de Seth (Gen�se�5.18-24) dans celle de Jacob en la personne du premier-n� de Ruben (Gen�se�46.9) et chez les Madianites (Gen�se�25.4).

Il b�tit une ville, litt�ralement il fut b�tissant� Il commen�a sans doute la construction, que ses fils continu�rent apr�s lui. La notion de ville dans l�antiquit� d�signait simplement un endroit habit�, prot�g�, par une muraille.

On a vu dans ce passage une contradiction avec le verset 12, o� l��ternel condamne Ca�n � �tre errant et fugitif sur la terre et on en a conclu que la fin du chapitre est tir�e d�un autre document que le commencement. Mais Ca�n �tait-il si scrupuleux que la parole de l��ternel l�emp�ch�t de chercher � se donner une demeure fixe?? On peut voir pr�cis�ment dans cet acte de Ca�n une tentative d��chapper � la mal�diction divine et m�me ainsi il n�en est pas moins rest� fugitif et �tranger par rapport au lieu qu�habitait son p�re.

On a cru avoir retrouv� le nom de cette premi�re ville dans celui de plusieurs localit�s orientales. C�est du nom d�Anuchta, dans la terre d�Elam, � l�est de la M�sopotamie, qu�on pourrait le rapprocher avec le plus de vraisemblance, non seulement � cause de l�analogie de la forme, mais aussi � cause de ce qui est dit, verset 16, que Ca�n s�en alla � l�orient d��den.

Verset 18

Les trois g�n�rations suivantes sont �num�r�es sans aucune indication historique.

Irad, nom de signification peu s�re?; les uns le traduisent, par fugitif, les autres par citadin. Si cette derni�re �tymologie �tait la vraie, ce nom serait le vestige d�un progr�s dans la vie s�dentaire.

M�huja�l?: frapp� de Dieu. Si c�est bien l� le sens de ce nom, il ne peut lui avoir �t� donn� que comme surnom � la suite d�une mort tragique. M�thusa�l. Ce nom fait contraste avec le pr�c�dent et signifie probablement l�homme qui est � Dieu?; on l�a traduit aussi, mais avec moins de vraisemblance, par l�homme du d�sir.

Il est possible que plusieurs de ces noms ne soient que le r�sultat de l�adaptation d�une forme h�bra�que � la forme qu�ils avaient dans la langue primitive.

Le nom de L�mec ne peut s�expliquer d�apr�s l�h�breu?; mais en arabe ce mot d�signe un jeune homme robuste. Il est �vident que si ces r�cits �taient des mythes invent�s par les H�breux, tous les noms trouveraient dans cette langue une signification satisfaisante.

Verset 19

L�mec prit deux femmes. La polygamie contraire � l�institution divine primitive, s�introduit dans l�humanit�. Aux yeux de l�auteur ce n�est certainement pas un bien, puisqu�il caract�rise L�mec comme un homme brutal et sanguinaire.

Ce fait m�me prouve cependant que l�institution du mariage subsistait, m�me � cette �poque la plus sombre de l�histoire de l�humanit� primitive.

Ada, ornement, Tsilla, ombre. Les noms de ces deux femmes sont exceptionnellement indiqu�s parce qu�elles seront nomm�es dans le chant de L�mec.

Verset 20

Les trois noms Jabal, Jubal et Tubal semblent provenir tous les trois du m�me verbe?: jabal, couler, produire. N�anmoins leurs sens sont assez diff�rents. Jabal signifie peut-�tre celui qui va et vient, qui se d�place (comme l�eau qui coule), le nomade.

Jubal rappelle le met j�b�l, corne de b�lier et de l� instrument de musique, musique retentissante. Peut-�tre d�rive-t-il du m�me verbe dans le sens de produire, faire couler des sons.

Si l�on voulait rattacher le mot Tubal au m�me verbe jabal, on pourrait y voir l�id�e de faire couler ou fondre des m�taux et dans ce cas on pourrait voir dans ka�n, de koun, en arabe forger, la notion du forgeron. Le nom compos� Tubal-Ca�n indiquerait donc les deux mani�res d�assujettir les m�taux � l�usage de l�homme. Mais Ca�n signifiant proprement lance, le sens du nom compos� peut bien �tre?: celui qui fabrique des lances.

Cependant, en pr�sentant ces diverses significations nous devons ajouter que nous sommes compl�tement dans le domaine de l�hypoth�se.

Dans la famille d�Ada apparaissent la vie nomade et la musique. Dans tous les temps il y a eu de grands rapports entre l�art musical et la vie pastorale?; chez les Grecs, c�est Pan, le dieu des bergers, qui passe pour avoir �t� l�inventeur du chalumeau?; de m�me David �tait � la fois berger et musicien. Jusqu�alors il y avait sans doute eu des bergers, Abel par exemple?; mais c�est seulement avec Jabal que commence la vie nomade telle qu�elle fut pratiqu�e dans la suite par les patriarches et telle qu�elle existe encore aujourd�hui chez les Arabes. Puis il n�est plus seulement, comme Abel, berger de petit b�tail (tson), mais de b�tail en g�n�ral (mikn�).

Verset 21

Harpe et chalumeau, en h�breu kinnor et ougav. Le premier de ces noms est donn� dans la Bible � un instrument � cordes?: harpe, luth ou cithare, le second est un instrument � vent?: chalumeau ou cornemuse. Jubal commen�a � fabriquer les instruments � cordes et � vent, sans doute sous leur forme la plus rudimentaire.

Verset 22

Tubal-Ca�n est le fondateur de l�industrie m�tallurgique, qui fournit � l�homme l�outil agricole, l�arme de chasse et aussi l�arme de guerre.

Naama, la gracieuse. On ne sait trop pourquoi cette fille de L�mec est sp�cialement indiqu�e. La tradition primitive d�o� notre r�cit est tir� en savait sans doute davantage sur son compte. Les rabbins ont vu en elle, les uns la patronne de la toilette et de la coquetterie, les autres la femme de No�.

Verset 23

Chant de L�mec (23-24)

Ce chant pr�sente d�j� le caract�re de la po�sie h�bra�que, qu�on appelle le parall�lisme, c�est-�-dire la r�p�tition de la pens�e dans deux membres de phrase cons�cutifs.

Ce fragment po�tique s��tait sans doute transmis de g�n�ration en g�n�ration avec le r�cit des actions de L�mec et de ses fils. Si le plus ancien hymne connu est un chant de meurtre, rappelons-nous cependant que le premier �lan po�tique fut un chant d�amour sous les ombrages du paradis (Gen�se�2.23).

Ada et Tsilla, entendez ma voix. Il y a de la vantardise chez ce premier po�te?; il lui faut un public pour faire valoir sa premi�re inspiration. Nous pouvons nous repr�senter L�mec brandissant en parlant ainsi la premi�re lance ou la premi�re �p�e dont son fils Tubal-Ca�n vient de lui faire hommage.

J�ai tu�. Cette expression ne signifie pas n�cessairement que le meurtre a d�j� �t� commis?; le parfait peut servir en h�breu � exprimer ce que nous appelons le pr�sent de l�id�e?; L�mec indique par l� sa ligne de conduite.

Remarquons le sens l�g�rement diff�rent des deux membres du verset?: tuer un homme pour se venger d�une blessure est d�j� cruel, mais tuer un enfant pour une simple meurtrissure, c�est ajouter la l�chet� � la cruaut�?; il n�y a qu�un homme compl�tement d�natur� qui puisse se vanter de pareils exploits.

Verset 24

La garantie de vengeance que Dieu avait donn�e � Ca�n para�t mis�rable � son descendant?; il en poss�de une bien meilleure dans ce glaive qu�il tient en main?; son arme est son dieu, � lui.

Avec L�mec, l�insolence de la race ca�nite est arriv�e � son apog�e?; la soif de sang et de vengeance � laquelle Dieu avait voulu mettre une digue (verset 15), a franchi les derni�res limites?; non seulement l�homme n�h�site pas � r�pandre le sang, mais encore il s�en fait une gloire. Quand cette contagion aura envahi aussi la race de Seth, le monde sera m�r pour le jugement.

Cette histoire de la race ca�nite nous pr�sente le d�veloppement des arts et de la civilisation comme marchant de pair avec l�extension du vice sur la terre. Est-ce � dire qu�aux yeux de l�auteur le progr�s mat�riel soit un mal?? �videmment non?: la musique sera un puissant auxiliaire du culte, dont nous allons voir l�origine dans la race s�thite et l�habilet� dans le travail des m�taux est consid�r�e par l��criture comme provenant de l�action de l�Esprit de Dieu dans l�homme (Exode�31.3).

Notre r�cit montre seulement que la plus grande prosp�rit� mat�rielle n�est d�aucune valeur si elle n�est pas accompagn�e de la crainte de Dieu et qu�elle n�emp�che pas l�humanit� de courir � sa perte. D�s ses premi�res pages, l��criture nie l�identit� que le monde sans Dieu �tablit encore aujourd�hui entre la prosp�rit� terrestre et le bien r�el.

On s��tonnera peut-�tre que ce soit au sein de la race rebelle que naissent toutes les grandes inventions. Mais il n�y a rien l� que de naturel?; les hommes, en s��loignant de Dieu, se sentent remis � eux-m�mes et ne peuvent plus compter que sur leur propre habilet�?; ce sentiment, unit � l�amour de la jouissance, les pousse � mettre en �uvre toute l�intelligence dont ils sont capables pour se prot�ger et se cr�er une existence commode ici-bas. De l� naissent les arts et la civilisation, qui sont cependant voulus de Dieu, la t�che de l�homme �tant d�s l�abord de dominer sur la nature et de se l�assujettir?; comparez Luc�16.8.

Verset 25

Versets 4.25 � 5.32

Cette g�n�alogie n�est assur�ment pas compos�e d�un seul jet?; en passant du chapitre 4 au chapitre 5, on est frapp� de la diff�rence de style?; et surtout les huit premiers versets du chapitre 5 ne sont que la r�p�tition sous une autre forme des versets 25 et 26 du chapitre 4.

Ces deux versets appartiennent sans doute au r�cit j�hoviste, qui a commenc� � Gen�se�2.5 et ils ont �t� conserv�s par le r�dacteur � cause de la pr�cieuse mention qu�ils contiennent?: Alors on commen�a � invoquer le nom de l��ternel.

Le chapitre 5 par contre, appartient � l�auteur �lohiste, le m�me qui a �crit le r�cit de la cr�ation (Gen�se�1.1Gen�se�2.4). S�il en est ainsi, la g�n�alogie des S�thites �tait aussi contenue dans le document j�hoviste, quoique le r�dacteur de la Gen�se ne nous l�ait pas transmise telle qu�elle se trouvait dans ce document. C�est ce qui ressort avec plus d��vidence encore si l�on rapproche de Gen�se�4.25-26 le passage Gen�se�5.29, qui appartient aussi � l�auteur j�hoviste et raconte la naissance de No�.

Si le j�hoviste mentionnait les trois premiers et le dixi�me membre de la g�n�alogie, il devait �videmment indiquer aussi les six membres interm�diaires.

Versets 4.25 � 5.32 � Fragment de la g�n�alogie j�hoviste

Seth. Ce nom signifie remplacement?; il vient d�un verbe qui signifie placer, �tablir.

� la place d�Abel?: Ca�n, maudit de Dieu, n�existe plus pour sa m�re.

Verset 26

Enosch. Ce nom, provenant du verbe anasch, �tre faible, malade, signifie l�homme, mais avec la notion de faiblesse.

Ce fut alors qu�on commen�a � invoquer le nom de l��ternel. Tandis que dans la lign�e des Ca�nites commence le travail d�une civilisation purement terrestre, la race s�thite jette les premi�res bases du royaume de Dieu.

L�homme connaissait Dieu d�s l�origine et s�entretenait avec lui, mais ces entretiens ne constituaient pas proprement un culte?; il semble que le culte n�ait �t� institu� qu�au moment o� l�homme a senti toute sa faiblesse et par cons�quent la distance immense qui le s�pare de Dieu. En effet, cette notice est plac�e imm�diatement apr�s la naissance d�Enosch, dont le nom rappelle l�impuissance humaine. L�auteur veut montrer ici jusqu�o� remontent les origines de ce culte de l��ternel qui s�est transmis des premi�res origines de l�humanit� par Sem (Gen�se�9.26), Abraham (Gen�se�12.8?; Gen�se�13.4?; Gen�se�21.33) et les patriarches au peuple d�Isra�l.

Sur l�emploi de J�hova comme nom donn� � Dieu avant Exode�6.3, comparez ce que nous avons dit � Gen�se�4.1 Il nous semble du reste que, dans ce passage-ci, l�accent n�est pas sur le nom de J�hova, mais sur l�acte d�invoquer. Ce que l�auteur veut rapporter, c�est qu�on commen�a alors � invoquer le nom de la divinit�.

S�il appelle cette divinit� J�hova, c�est qu�il lui donne ce nom dans tout le cours de son r�cit, sans tenir compte du progr�s de la r�v�lation divine mentionn� Exode�6.3. L�auteur �lohiste au contraire, dont le but est de pr�senter les alliances successives de Dieu avec son peuple, �vite de donner � Dieu ce nom de J�hova avant l��tablissement de l�alliance � laquelle ce nom correspond.

Du reste il est bien probable, comme nous l�avons dit, que, dans la langue que parlaient Seth et Enosch, Dieu ne s�appelait ni J�hova, ni Elohim.

Quoi qu�il en soit de cette question, l�auteur, en pla�ant cette notice en cet endroit, a voulu �tablir un contraste entre la race de Ca�n aboutissant � l�audacieux L�mec, pour qui Dieu n�existe plus et celle de Seth, o� le nom de l��ternel est invoqu�.

Ainsi continue � se manifester � travers l�histoire de l�humanit� l�opposition entre la post�rit� de la femme et celle du serpent, dont nous avons d�j� vu une premi�re r�alisation dans la personne de Ca�n et d�Abel. Cette parole est pour ainsi dire le texte de toute la g�n�alogie suivante.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 4". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/genesis-4.html.