Bible Commentaries
Genèse 8

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-22

Verset 1

Abaissement graduel du niveau des eaux (1-5)

Dieu se souvint. Expression analogue � celle de se repentir, emprunt�e aux impressions humaines. Les habitants de l�arche pouvaient se croire oubli�s au milieu de cette immense solitude, mais Dieu avait les yeux sur ce r�sidu imperceptible de son �uvre primitive. Se repentir, pour lui, c�est d�truire?; se souvenir, c�est faire revivre.

De tous les animaux. Les animaux aussi �taient l�objet de ce souvenir.

Dieu fit passer un vent. La Bible ne rejette pas l�emploi des causes secondes et naturelles?; seulement elle met leur action au service des plans de Dieu.

Verset 2

Les fontaines� et les �cluses. Les causes qui avaient contribu� � faire cro�tre les eaux ayant cess� toutes deux d�agir, celles-ci se retir�rent de plus en plus.

Verset 3

Cent cinquante jours. Les m�mes que ceux de Gen�se�7.4. L�auteur rappelle que le grossissement des eaux depuis le commencement avait dur� ce temps-l�, apr�s quoi commen�a l�abaissement.

Verset 4

Au septi�me mois, le dix-septi�me jour?: au mois de Nisan, correspondant � fin mars et � la plus grande partie d�avril?; par cons�quent vers le milieu d�avril.

Sur les montagnes d�Ararat. Ararat est dans l�Ancien Testament un nom de pays (2�Rois�19.37?; �sa�e�37.38?; J�r�mie�51.27). Dans �sa�e�37.38, les LXX le traduisent par Arm�nie et J�r�me en expliquant ce passage dit que ce nom d�signe sp�cialement la vall�e de l�Araxe. Les inscriptions assyriennes confirment cette opinion, en donnant � l�Arm�nie le nom de Uartou (Ararat).

Parmi les montagnes de cette contr�e, une tradition tr�s ancienne d�signe le mont Massis, aujourd�hui Agridagh, comme lieu d�arr�t de l�arche. C�est une montagne majestueuse, la plus �lev�e du pays, situ�e sur la rive droite de l�Araxe, a onze lieues environ au sud-ouest d�Erivan?; elle a 5150 m. de hauteur et son sommet, qui n�a que deux cents pieds de circonf�rence, est couvert de neiges �ternelles. C�est sous l�influence de cette tradition qu�on a donn� dans la suite � cette montagne le nom d�Ararat. Mais d�apr�s le r�cit babylonien (voir la conclusion) l�arche se serait arr�t�e � une montagne appel�e Nizir qui, d�apr�s les inscriptions est situ�e plus au sud. Voir notre carte (rep�re 6).

Cette opinion parait avoir �t� celle de l�historien B�rose, du traducteur syriaque et des P�res de cette contr�e. Il n�est pas possible de se d�cider s�rement entre ces deux traditions.

Verset 5

Jusqu�au dixi�me mois, celui de Thammuz, qui correspond � la fin de juin et � la plus grande partie de juillet.

Les sommets des montagnes. L�abaissement se faisait lentement, car il s��coula plus de deux mois depuis le moment o� le fond de l�arche avait touch� la terre jusqu�� celui o� les cimes des cha�nes les plus rapproch�es apparurent.

Verset 6

La sortie de l�arche (6-19)

Versets 6 � 14 � No� s�assure de l��tat des choses

Au bout de quarante jours. Selon ceux qui mettent en opposition l��lohiste avec le j�hoviste, auquel on attribue les versets 6 � 12, ces mots signifient?: imm�diatement apr�s les quarante jours de pluie mentionn�s Gen�se�7.12, ou bien aussi?: apr�s quarante nouveaux jours ayant succ�d� aux quarante pr�c�dents. Il est bien �vident que ce n�est pas l� la pens�e du r�dacteur de la Gen�se, car o� faudrait-il placer dans ce cas les cent cinquante jours dont il vient de parier deux fois?? Il est tout naturel, en suivant son r�cit, d�interposer ces quarante jours entre le premier jour du dixi�me mois (verset 5) et celui o� No� prit la premi�re mesure en vue de la sortie de l�arche.

La fen�tre. Cette fen�tre ne doit pas �tre confondue avec l�ouverture que No� avait pratiqu�e au-dessous du toit sur tout le pourtour de l�arche.

Verset 7

No� ne pouvait sortir de l�arche sans la permission de celui qui en avait ferm� la porte. Mais il �tait naturellement d�sireux de se faire une id�e de l��tat dans lequel se trouvait la terre. Nous savons par quelques passages des anciens que dans l�antiquit� les navigateurs se servaient pour s�orienter d�oiseaux qu�ils l�chaient et qui prenaient la direction des terres.

Le corbeau. L�article le d�signe l�individu comme repr�sentant du genre. Comparez 1�Samuel�17.34?; Amos�5.19.

Partant et revenant?: tant�t s��loignant de l�arche, tant�t s�en rapprochant. Animal sauvage et carnassier, le corbeau trouvait suffisamment de nourriture pour ne pas rentrer dans l�arche et pourtant la terre n��tait pas encore apparue � tel point qu�il p�t enti�rement se s�parer de l�arche.

Jusqu�� ce que?: jusqu�au moment indiqu� verset 13.

Verset 8

Le r�cit ajoute ici ce trait d�licat?: d�aupr�s de lui?; il s�agit d�un animal domestique.

La colombe ne se nourrissant pas de chair comme le corbeau, No� pouvait par son moyen constater un nouveau progr�s dans l��tat des choses. Il ressort du verset 10 que cet envoi eut lieu sept jours apr�s celui du corbeau.

Verset 9

Revint vers lui dans l�arche?: au contraire de ce qu�avait fait le corbeau?; ces mots correspondent � d�aupr�s de lui, verset 8.

Verset 11

Le nouvel essai apporte cette fois un r�sultat, plus r�jouissant?; la v�g�tation �tait en pleine renaissance sur la terre. C�est ce que signifie l�expression h�bra�que taraph, fra�chement �close, toute fra�che?; ce n��tait donc pas un reste de l�ancienne v�g�tation, c��taient les pr�mices du renouvellement de la vie?; aussi la feuille d�olivier est-elle demeur�e le symbole de la r�conciliation et de la paix.

Vers le soir. Elle �tait all�e et venue toute la journ�e?; mais les choses n�en �taient pas encore au point qu�elle p�t quitter d�finitivement l�arche.

Une feuille d�olivier. L�olivier prosp�re dans les vall�es de l�Arm�nie et les �crivains anciens (Pline et Th�ophraste) affirment qu�il verdit sous l�eau.

Verset 12

La pr�c�dente �preuve n��tait qu�� demi satisfaisante?; la troisi�me l�est pleinement.

Verset 13

L�auteur revient ici au document �lohiste.

Au premier mois, le premier du mois?: dans la seconde quinzaine de septembre.

�ta la couverture?: de mani�re � monter sur le toit pour avoir la vue de tous les c�t�s � la fois sur les contr�es environnantes.

Verset 14

Le vingt-septi�me jour du mois?: vers le milieu de novembre, un an et onze jours apr�s l�entr�e dans l�arche.

Fut s�che. Absolument s�che. Il avait, fallu quarante-sept jours depuis la disparition des eaux pour arriver � ce point.

La fixation de la dur�e r�elle du d�luge d�pend de la question de savoir si dans ce verset l�auteur a en vue une ann�e lunaire de 351 jours, telle qu�elle existait chez les Juifs, ou une ann�e solaire de 365 jours, telle qu�elle �tait connue chez les �gyptiens.

Dans le premier cas, en ajoutant � l�ann�e les onze jours de surplus indiqu�s dans ce verset le d�luge aurait dur� 365 jours, ou une pleine ann�e solaire?; dans le second, il aurait dur� 376 jours. Reste encore une troisi�me mani�re de compter, celle qui r�sulte de l�ann�e lunaire babylonienne de 360 jours, cela nous conduit en tout � une dur�e de 371 jours. En faveur de ce dernier calcul, on peut all�guer deux raisons?:

  1. La tradition primitive a du se former en Babylonie.
  2. Le chiffre de 150 jours deux fois employ� dans ce r�cit correspondant n�cessairement, d�apr�s Gen�se�8.4 � cinq mois, le mois doit �tre compt� � 30 jours et l�ann�e � 360.

Verset 15

La sortie (15-19)

L�ordre divin doit pr�sider � la sortie comme � l�entr�e.

Verset 17

La vie de l�univers, � son renouvellement, est plac�e sous la m�me b�n�diction qu�au moment de sa premi�re apparition.

Verset 18

Ces deux versets racontent l�accomplissement de l�ordre divin Gen�se�8.16-17?; le verset 18 est en rapport avec le verset 16 et le verset 19 avec le verset 17.

Les mots tous les �tres sont le r�sum� des trois termes pr�c�dents, nous dirions?: en un mot, tous les �tres.

Verset 20

Le sacrifice de No� et le renouvellement de l�alliance (8.20 � 9.17)

Versets 20 � 22 � Le sacrifice de No�

D�s le commencement, le sentiment de la reconnaissance envers Dieu s��tait incarn� en une offrande consum�e en son honneur (chapitre 4). Apr�s la d�livrance dont No� et les siens viennent d��tre les objets, ce sentiment inonde leur c�ur et il s�exprime de la m�me mani�re.

L�autel construit dans ce but est le premier qui soit mentionn�. C�est aussi la premi�re fois que parait le terme d�holocauste, en h�breu �lah?; ce mot, provient du verbe �lah, monter et d�signe sans doute la victime consum�e montant sous forme de flamme et de fum�e vers le tr�ne de l��ternel. L�autel est comme la table sur laquelle cette offrande lui est pr�sent�e.

De toutes les b�tes pures� . C��tait un grand sacrifice, auquel ne manquait aucun des animaux dignes d�y figurer b�ufs, brebis, chevreaux, colombes.

Verset 21

L��ternel sentit. Expression figur�e semblable � celles que nous avons tant de fois rencontr�es?: Dieu vit, souffla, se repentit, se souvint, propres � faire comprendre sous une forme figur�e les impressions qui, en Dieu et d�une mani�re divine, correspondent � celles du c�ur humain.

Une odeur d�apaisement. Ces mots indiquent que l�holocauste n��tait pas seulement une expression de reconnaissance et de cons�cration de la part de No�, mais qu�il renfermait aussi une intention d�expiation. � l��poque patriarcale, o� l�holocauste �tait le seul sacrifice connu et pratiqu� et avant les formes diverses que cet acte de culte devait recevoir dans l�institution mosa�que, ces diff�rents �l�ments, la reconnaissance, la cons�cration, la supplication, l�expiation, �taient naturellement r�unis les uns aux autres.

Dit en son c�ur. La suite montre comment ce dessein de Dieu a �t� r�v�l� � l�homme (Gen�se�9.8-17).

Je ne maudirai plus. Ce n�est pas la mal�diction prononc�e Gen�se�3.17 qui est rappel�e ici, car le terme est diff�rent, c�est la mal�diction effective indiqu�e Gen�se�7.21 et suivants.

Parce que les pens�es. Ce mot parce que a �t� expliqu� de bien des mani�res. Sa difficult� provient de ce que c�est justement par le m�me motif que Dieu a justifi� (Gen�se�6.5) sa r�solution d�envoyer le d�luge. Mais il faut faire porter le parce que sur l�id�e de maudire et non sur celle de ne pas maudire.

Dieu avait maudit la terre � cause de la compl�te corruption des pens�es de l�homme et il aurait le droit de le faire encore � l�avenir, mais il prend la r�solution de ne plus se laisser d�terminer � agir ainsi par ce motif-l�.

Verset 22

Il ne faut pas conclure de ce verset que jusqu�alors il n�y avait pas eu sur la terre de saisons distinctes?; le jour et la nuit avaient �t� s�par�s et il y avait eu des semailles et des r�coltes. Ce que Dieu promet, c�est que cet ordre de la nature, apr�s avoir �t� boulevers� pendant cette derni�re ann�e par le d�luge, ne sera plus troubl�.

Tant que la terre durera?: elle ne durera pas toujours.

Ne cesseront point. Comparez J�r�mie�31.35-36. Le d�luge avait �t� pour la nature et pour No� et les siens un hiver et en quelque sorte une nuit d�une ann�e. Dieu promet que les saisons et les jours vont avoir de nouveau leur cours r�gulier. On voit combien il est faux de refuser � la Bible la notion des lois de la nature?; elle affirme au contraire la r�gularit� de ces lois d�s ses premi�res pages.

Ce passage est remarquable en ce qu�il affirme la longue dur�e du d�luge, qui avait interrompu m�me l�ordre des saisons?; et cependant il se trouve dans le r�cit j�hoviste, auquel les critiques modernes attribuent en g�n�ral l�id�e que le d�luge n�a dur� que deux � trois mois.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 8". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/genesis-8.html.