Bible Commentaries
Ésaïe 13

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-22

Plan du commentaire biblique de Esa�e 13

Proph�ties concernant les peuples pa�ens (chapitres 13 � 27)

Les proph�ties concernant les peuples pa�ens forment un groupe particulier, dans le livre d��sa�e comme dans ceux de J�r�mie (chapitres 46 � 51) et d��z�chiel (chapitres 25 � 32). � ce groupe (chapitres 13 � 27) se rattache le grand morceau sur la fin des temps, chapitres 24 � 27, qui en forme la cl�ture. Les chapitres 13 � 23 comprennent quinze morceaux?; dans le nombre, deux ne se rapportent pas � des pa�ens (chapitre 22)?; on verra plus loin pour quelles raisons ils ont n�anmoins trouv� place dans ce groupe d�oracles.

Les sujets de ces quinze discours sont?:

  1. Babylone, �sa�e�13.1 � 14.23
  2. l�Assyrie, �sa�e�14.24-27
  3. les Philistins, �sa�e�14.28-32
  4. Moab, chapitres 15 et 16
  5. Damas et �phra�m, �sa�e�17.1-11
  6. l�Assyrie, �sa�e�17.12-14
  7. l��thiopie, Chapitre 18
  8. l��gypte, Chapitre 19
  9. l��gypte et l��thiopie, Chapitre 20
  10. Babylone, �sa�e�21.1-10
  11. �dom, �sa�e�21.11-12
  12. l�Arabie, �sa�e�21.13-17
  13. J�rusalem, �sa�e�22.1-14
  14. le ministre Sebna, �sa�e�22.15-25
  15. Tyr, Chapitre 23

L�ordre suivi dans l�arrangement de ces morceaux n�est pas tr�s syst�matique. En t�te vient Babel, avec l�Assyrie, � laquelle elle a succ�d� dans le r�le de monarchie universelle et hostile � Isra�l?; l�on passe ensuite aux petits �tats voisins de Juda, en commen�ant par l�ouest (Philistins), en suivant par l�orient (Moab) et en finissant par le nord (�phra�m, Syrie)?; ici, l�on retrouve encore une fois l�Assyrie?; puis l�on se tourne vers la grande puissance du sud, l��gypte-�thiopie, qui remplit trois chapitres. Les chapitres 21 et 22 (Babel, �dom, l�Arabie, J�rusalem) forment, comme nous le verrons, un petit livre dans le grand. Enfin Tyr (l�occident) cl�t ce groupe d�oracles, dont le cadre semble avoir �t� trac� par le proph�te dans l��num�ration qu�il fait, �sa�e�11.11-14, des pays o� Isra�l doit aller en exil.

L�id�e g�n�rale qui p�n�tre toute cette s�rie de discours est celle de la chute de toutes les puissances ennemies d�Isra�l et de la soumission finale des pa�ens au r�gne de Dieu. L��l�ment messianique n�occupe pas autant de place dans cette partie que dans la pr�c�dente (chapitres 2 � 12), mais il n�en est pas absent et il re�oit des d�veloppements nouveaux dans le morceau de cl�ture, chapitres 24 � 27.

Verset 1

Babylone (13.1 � 14.23)

La position que Babylone occupe parmi les peuples pa�ens explique la place de cette proph�tie, qui r�pond, comme ouverture, au morceau final chapitres 24 � 27. Deux parties?:

  1. la destruction de Babylone par les M�des, instruments du jugement divin, �sa�e�13.2-22
  2. le chant de triomphe qu�Isra�l affranchi entonne sur la chute de son oppresseur , �sa�e�14.1-23

Verset 2

Proph�tie de la ruine de Babylone (2-22)

Sentence. Le mot h�breu massa se prend en g�n�ral dans un sens d�favorable?: sentence de condamnation.

Babylone, en h�breu Babel. Cette ville, situ�e sur les deux rives de l�Enphrate, dans la plaine de Sin�ar ou M�sopotamie, fut, d�s les temps les plus recul�s, le principal si�ge de la civilisation chald�enne. Au temps d��sa�e, elle faisait partie de l�empire assyrien, dont elle s�effor�ait de secouer le joug (voir introduction?; �sa�e�39.1, note). Sa situation centrale, entre le sud-ouest et le nord de l�Asie, lui donnait une grande importance commerciale. Voir, sur les origines de cette ville et sur le sens du nom de Babel, Gen�se�11.9, note?; et sur sa splendeur, dans les temps qui pr�c�d�rent sa ruine, Daniel�4.30, note.

R�v�l�e � �sa�e. Beaucoup de critiques ne croient pas pouvoir attribuer � �sa�e la composition du morceau �sa�e�13.1 � 14.23. Les raisons pour lesquelles on la lui refuse �tant en g�n�ral les m�mes que celles qu�on all�gue contre l�authenticit� des chapitres 40 � 46, nous les examinerons dans l�introduction � cette derni�re partie du livre.

Nous nous bornerons � remarquer ici?:

  1. que les indices tir�s de la langue et de la forme litt�raire de notre morceau ne peuvent rien d�cider ni pour ni contre l�authenticit�?;
  2. qu�il est constat� par les inscriptions assyriennes que Babylone eut d�j� au temps d��sa�e une importance politique consid�rable et qu�il serait par cons�quent tr�s naturel qu�elle e�t aussi sa place parmi les peuples pa�ens au sujet desquels il a proph�tis�. Voyez au reste �sa�e�39.6.

Versets 2 � 8

L��ternel rassemble ses troupes pour les conduire contre Babylone (verset 25)?; � leur approche l�effroi saisit les habitants de la grande cit� (versets 6 � 8).

�levez un �tendard. L�image est famili�re � �sa�e (�sa�e�5.26?; �sa�e�11.10?; �sa�e�18.3). C�est l��ternel qui parle?; il commande aux Isra�lites captifs en Babylone de donner le signal aux M�des (verset 17), les ex�cuteurs de sa vengeance. Comparez J�r�mie�50.9?; J�r�mie�51.11.

Les portes des princes?: les portes de Babylone. La ville avait, d�apr�s H�rodote, cent portes d�airain. Comparez �sa�e�45.1-2.

Verset 3

Ceux qui me sont consacr�s. C�est une guerre sainte que les M�des vont entreprendre?: J�hova les a pris � sa solde contre Babylone (comparez J�r�mie�50.9?; J�r�mie�51.11), comme auparavant il s��tait servi d�Assur pour ch�tier Isra�l (�sa�e�10.5).

Les M�des �tant ici les instruments de Dieu, le proph�te leur pr�te les sentiments qui conviennent � une telle �uvre?: ils triomphent d�avance?; ils savent que la victoire leur est assur�e parce que c�est Dieu qui les conduit.

Verset 4

� partir de ce verset, c�est le proph�te qui parle de nouveau.

Les montagnes o� Dieu passe en revue son arm�e sont celles qui bornent au nord la Chald�e et d�o� vont se pr�cipiter les masses de peuples qui d�truiront Babylone (J�r�mie�51.27).

Verset 5

L�extr�mit� des cieux?: l�horizon o� le ciel para�t toucher la terre?; ici l�extr�me nord. Comparez �sa�e�5.26.

Toute la terre. L�empire babylonien embrasse tout le monde connu?; le jugement qui le frappe atteint toute la terre.

Verset 6

Le jour de l��ternel?: voyez �sa�e�2.12, note. Le jugement de Babylone est le premier et grand acte du jugement du monde. Le texte de Jo�l�1.15 est �videmment sous les yeux de l�auteur. Comparez avec ce qui suit le tableau trac� par ce proph�te de la journ�e de l��ternel (Jo�l�2.1-11?; Jo�l�2.30-31?; Jo�l�3.14-16).

Verset 8

Enflamm�s?: par suite de l�extr�me agitation qui s�empare des habitants.

Verset 9

Le jour du ch�timent est arriv�?: les cieux et la terre sont �branl�s, les p�cheurs an�antis, les fiers habitants de Babylone livr�s sans piti� � la mort et aux derniers outrages.

Verset 10

Les �toiles d�Orion. Le pluriel h�breu kesilim peut d�signer le groupe d��toiles qui composent la constellation d�Orion?; c�est le sens exprim� par notre traduction. On peut aussi le traduire par les Orions du ciel, c�est-�-dire Orion et les autres constellations, parmi lesquelles il est souvent mentionn� comme l�une des plus brillantes (Job�9.9?; Job�38.31?; Amos�5.8). Le jugement de Dieu est souvent repr�sent� sous l�image d�un bouleversement des cieux et de la terre. Psaumes�18.8-16?; Habakuk�3.3-11?; Ag�e 2.6.

Verset 11

Comparez �sa�e�2.10 et suivants.

Verset 12

Ophir?: contr�e de l�Orient, d�o� l�on tirait l�or le plus estim� (Job�28.16?; Psaumes�45.10). Sur la situation de cette contr�e, voir 1�Rois�9.28, note.

Verset 14

Chacun se tournera vers son peuple. Il s�agit des �trangers s�journant � Babylone pour leur commerce ou leurs plaisirs, peut-�tre aussi de ceux qui sont captifs. Tous fuient en h�te vers leurs pays, de peur de partager sa ruine. Comparez J�r�mie�46.16?; J�r�mie�50.8?; J�r�mie�50.16?; J�r�mie�50.28?; J�r�mie�51.6?; J�r�mie�51.9?; J�r�mie�51.45. Comparez dans Os�e�13.16?; Nahum�3.10?; Zacharie�14.2 les m�mes traits appliqu�s au jugement de Samarie, de Ninive et de J�rusalem. Le psalmiste (Psaumes�137.9) fait peut-�tre allusion � notre passage en exprimant sous forme de v�u ce qui est ici �nonc� simplement comme un fait. Voir la note sur ce passage.

Verset 17

Le proph�te nomme enfin le peuple qui ex�cutera ce jugement (17-22)

Les M�des n��pargneront personne?: Babylone deviendra un d�sert peupl� de b�tes sauvages.

Les M�des, seuls nomm�s ici, repr�sentent toutes les populations de l�Iran et de l�Arm�nie, dont ils �taient, au temps d��sa�e, la tribu dominante. Ils subissaient � cette �poque la suzerainet� de l�Assyrie. Un si�cle plus tard, leur chef, Cyaxare premier s�allia aux Babyloniens pour attaquer Ninive, qui fut prise en 606?; Cyaxare II (Darius le M�de de Daniel) et son neveu et alli�, le Perse Cyrus, prirent Babylone en 538. Avec Cyrus la pr�pond�rance passa des M�des aux Perses. Ces derniers sont nomm�s pour la premi�re fois dans le livre d��z�chiel. Le fait que les M�des sont seuls mentionn�s ici est peu favorable � la composition de notre morceau � l��poque de la captivit� de Babylone.

N�estiment pas l�argent� Ce peuple est trop barbare pour faire m�me une guerre de pillage?; il n�a que faire de l�argent, il lui faut du sang pour venger sur Babylone l�oppression qu�elle a fait peser sur tous les pays qui l�environnent.

Verset 18

Leurs arcs �craseront�?: ils tuent les enfants � bout portant, ou les assomment de leurs arcs?; la bataille est finie, le massacre a commenc�. Les M�des et leurs voisins, Perses, Parthes, etc., �taient des archers renomm�s dans l�antiquit� (H�rodote VII, 61 et suivants?; X�nophon, Cyrop�die I, 6 et suivants). Leur cruaut�, �tait bien connue. Comparez J�r�mie�49.35?; J�r�mie�50.42.

Fruit des entrailles?: allusion � la coutume d��ventrer les femmes enceintes (2�Rois�8.12).

Verset 19

L�ornement des royaumes. La magnifique cit� �tait la gloire de l�empire chald�en, compos� d�un grand nombre de royaumes conquis. On peut aussi prendre cette expression dans le sens d�un superlatif et entendre?: Babel, le plus brillant, le plus puissant, la perle des royaumes.

Chald�ens (en h�breu Kasdim, en assyrien Kaldim). Ce nom sert dans la Bible � d�signer aussi bien l�antique �tat fond�, plus de deux mille ans d�j� avant J�sus-Christ, dans la partie m�ridionale de la Babylonie, que l�empire n�o-chald�en de N�bucadnetsar (voyez Gen�se�11.28). Le pays de Kaldi, dans les inscriptions, est proprement la Basse-M�sopotamie, qui s��tend jusqu�au golfe Persique.

Semblable � Sodome� c�est-�-dire compl�tement an�antie (�sa�e�1.9, J�r�mie�50.40).

Verset 20

Comparez J�r�mie�50.39.

Arabe?: l�habitant nomade des steppes situ�es au sud de la M�sopotamie.

Verset 21

Comparez avec les versets 21 et 22?: �sa�e�34.13-14?; J�r�mie�50.39.

Satyres. Le mot h�breu signifie velu, h�riss�?; il se dit des boucs?; il d�signe probablement ici les d�mons qui �taient cens�s habiter les ruines. Les habitants actuels de la contr�e croient encore � l�existence de mauvais esprits dans les ruines de Babylone et un voyageur moderne y rencontra des adorateurs du d�mon qui y c�l�braient de nuit un culte �trange. Comparez les saltantes satyri de Virgile. D�apr�s la Bible elle-m�me, le d�sert est l�habitation des esprits impurs (Matthieu�12.3).

Verset 22

Les chacals?: animal tr�s commun en Orient, qui appartient au genre chien?; son nom h�breu ij, pluriel ijim, vient peut-�tre de son cri lugubre. Les chiens sauvages d�signent sans doute une des nombreuses vari�t�s du chacal. Tous les animaux mentionn�s versets 21 et 22 existent actuellement dans les ruines de Babylone.

Son temps est pr�s� Les proph�tes annoncent le jour de l��ternel comme prochain et d�finitif. Le jugement se concentre pour eux dans un tableau unique?; mais, dans la r�alit�, les diff�rentes phases ne se d�roulent que successivement et selon les vicissitudes de la libert� humaine.

L�histoire pr�sente l�accomplissement presque litt�ral des diff�rents traits de la description du chapitre 13. Babylone fut prise par Cyrus apr�s un long si�ge (538)?; elle se r�volta?; Darius, fils d�Hystaspe, l�assi�gea pendant 19 mois et la prit en 518?; il abattit une partie des murailles, combla les foss�s et d�peupla la ville. Xerx�s pilla le temple de B�lus. Alexandre-le-Grand entreprit de relever Babylone et en fit sa r�sidence. Elle ne refleurit que pour un moment. S�leucus Nicator la prit en 312 et consomma sa ruine en fondant non loin de l� la nouvelle capitale de S�leucie sur le Tigre. Strabon dit � l��poque de J�sus-Christ que de son temps la grande ville �tait un grand d�sert. Une colonie juive existait � Babylone au commencement de l��re chr�tienne (1�Pierre�5.13). D�s lors, cette ville est retomb�e dans l�oubli. Ses ruines ont maintes fois fourni des mat�riaux pour la construction des villes de la contr�e environnante (de Bagdad, par exemple, situ�e � 60 kilom�tres plus au nord). Aujourd�hui, l�emplacement de Babylone est une vaste solitude?; � peine y trouve-t-on quelque v�g�tation. Au milieu de la plaine s��l�vent �� et l� des collines de d�combres. De leur sommet on ne voit que le d�sert travers� par le large ruban de l�Euphrate. Quelques villages existent pr�s de ces ruines colossales?: le principal est la bourgade de Hillah, sur la rive gauche de l�Euphrate, dont la situation marque � peu pr�s le centre de l�ancienne Babylone.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 13". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/isaiah-13.html.