Bible Commentaries
Ésaïe 16

Moab, en proie � cette nouvelle invasion, implorera la protection du roi de Juda, mais sans succ�s (1-6)

Envoyez� Ces paroles sont mises dans la bouche des Moabites, fuyant devant le lion?; ils s�exhortent eux-m�mes � envoyer au roi de Juda l�agneau du dominateur du pays, c�est-�-dire un tribut consistant en agneaux, comme celui qu�ils avaient pay� autrefois � Juda, puis � �phra�m?: sous Achab, ce tribut annuel avait �t� port� � cent mille agneaux et cent mille b�liers (2�Rois�3.4).

S�la (rocher), en grec P�tra?: l�antique capitale des �domites, toute taill�e dans le roc et situ�e � trois journ�es de chemin au midi de la mer Morte, sur le plateau d�sol� auquel elle a donn� son nom, l�Arabie p�tr�e?; cette ville, aujourd�hui en ruines, est nomm�e par les Arabes Wady-Mousa.

Le roi de Juda appara�t ici comme le souverain du pays d��dom. S�la avait en effet �t� conquise par Amatsia, le p�re d�Ozias (2�Rois�14.7). Comme les �domites s�affranchirent de la domination de Juda sous le r�gne d�Achaz (2�Chroniques�28.17), nous sommes conduits � placer la composition de notre proph�tie sous Ozias ou Jotham.

Le d�sert?: celui qui s��tend au sud et � l�ouest de la mer Morte, entre P�tra et J�rusalem.

Le proph�te explique, comme en parenth�se, la situation de Moab et sa demande de protection.

Telles seront� au moment de la nouvelle invasion annonc�e �sa�e�15.9. Les Moabites fuient au-del� de l�Arnon, c�est-�-dire vers le midi.

L�Arnon est le principal affluent oriental de la mer Morte?; ce torrent formait au temps de Mo�se la limite septentrionale de Moab (voir Nombres�21.13?; Nombres�21.26).

Les versets 3 � 5 renferment la supplication et la promesse de soumission pr�sent�es par les Moabites r�fugi�s en �dom au roi de Juda.

Conseille-nous, sois l�arbitre� Ces mots supposent que Juda est en paix avec l�envahisseur de Moab?; c�est une intervention plut�t pacifique que militaire qu�ils r�clament de lui.

Donne nous l�ombre� Cache et prot�ge-nous. Juda devait jouir, au moment o� ces paroles furent �crites, d�un grand prestige aux yeux des peuples voisins.

Car la d�vastation a cess� Le seul sens simple et clair qui puisse �tre attribu� � ces mots est celui-ci?: Moab demande � Isra�l de le sauver du d�vastateur et de l�accueillir chez lui, parce que ce m�me d�vastateur s�est retir� du pays d�Isra�l sans faire de mal � Juda?; Juda a �t� d�livr� et le tr�ne de son roi a �t� affermi par la mis�ricorde (verset 5) de l��ternel?: les �tats plus faibles qui l�entourent regardent donc � lui et recherchent son appui contre l�ennemi. La situation ainsi d�crite convient parfaitement au r�gne d�Ozias, sous lequel eut lieu l�invasion de Phul en Palestine. Voir 2�Chroniques�26.5-15 la puissance d�Ozias et le renom consid�rable qu�il s��tait acquis dans toute l�Asie occidentale. Les inscriptions assyriennes confirment pleinement la v�rit� de ce tableau. Jusqu�� Achaz, Juda ne paya pas de tribut � l�Assyrie, tandis que depuis un si�cle tous les autres �tats de l�Asie occidentale �taient ses vassaux. Si, comme le pensent beaucoup de savants, Phul et Tiglath-Pil�ser sont un seul et m�me personnage, la situation ne s�accorde que mieux avec la supposition qu�il s�agit ici d�Ozias. En effet, bien qu�il e�t favoris� la r�volte de certains rois de Syrie, qui donna lieu � la premi�re campagne de Tiglath-Pil�ser en occident, celui-ci, de son aveu, s�en retourna sans s�en �tre pris � lui, certainement parce que Juda, � ce moment-l�, imposait encore le respect au conqu�rant assyrien lui-m�me.

Juda r�pond par un refus aux d�put�s moabites. Il ne veut rien avoir � faire avec ce peuple, qui apporterait en Isra�l son idol�trie et son �pouvantable corruption?; son humilit� pr�sente ne saurait, d�ailleurs, donner le change sur ses vrais sentiments � l��gard de Juda. Comparez J�r�mie�48.29-30. Les efforts de Moab pour �chapper � son sort sont donc vains?: il est repouss� sans mis�ricorde?; il deviendra la proie du lion. Comparez �sa�e�25.10-12.

Moab n�a plus qu�� g�mir?; s�il prie ses dieux, il n�obtiendra rien?; le proph�te est �mu � la vue d�un si grand malheur.

Toutes les villes de plaisir et les riches campagnes de Moab sont d�vast�es.

Kir-Har�seth?: voyez �sa�e�15.1

G�teaux de raisins, faits de raisins press�s ensemble. C�est le sens constant du mot h�breu, qu�Ostervald et d�autres traduisent � tort par fondements, ruines. Les fertiles environs de K�rak poss�dent encore anjourd�hui beaucoup de vignes.

Hesbon?: voyez �sa�e�15.4. La f�condit� des campagnes de Hesbon �tait proverbiale dans l�antiquit�?; de nos jours elle est encore prodigieuse.

Sibma?: � cinq cents pas � peine de Hesbon, selon saint J�r�me.

Domptaient�, c�est-�-dire enivraient les princes?; c��tait donc un vin renomm�.

Ja�zer. Aujourd�hui Zir?; ruines � 16 kilom�tres au nord de Hesbon?; la contr�e produit encore une quantit� �norme de raisin, r�put� le meilleur de la Syrie.

Le d�sert?: les steppes d�Arabie, � l�orient.

La mer?: la mer Morte. Les vignes situ�es de l�autre c�t� (� l�ouest) de cette mer. Celles d�Engu�di, par exemple (Cantique�1.14), sont envisag�es ici comme des rejetons du grand vignoble de la rive orientale.

Comme pleure Ja�zer, litt�ralement?: avec des pleurs de Ja�zer. C�est-�-dire aussi am�rement que pleurent les habitants de Ja�zer.

Eleal�?: voyez �sa�e�15.4

Le cri du pressureur. L�h�breu h�dad d�signe le cri retentissant (Reuss tr�s exactement?: le hourra) dont les pressureurs accompagnent leur travail quand ils foulent en cadence le raisin avec les pieds. Allusion au cri de l�ennemi qui envahit et pille le pays.

Le mot h�dad reprend ici son sens propre?: le h�dad cruel des ennemis a fait taire le joyeux h�dad des vendangeurs.

J�ai fait cesser� C�est Dieu qui parle?; la ruine de Moab est son �uvre?; les Assyriens ex�cutent son jugement.

Comparez �sa�e�15.5.

Kir-Har�s?: voyez �sa�e�15.1

On verra Moab� Le proph�te voit les Moabites monter en procession aux hauts-lieux, entrer dans le sanctuaire, etc.

Se fatiguer?: multiplier les sacrifices et les pri�res, comme les pr�tres de Baal sur le Carmel (1�Rois�18.20 et suivants).

Haut-lieu, sanctuaire?: les sanctuaires de Camos et de Baal (�sa�e�15.2). La proph�tie, en arrivant � son terme, revient � son point de d�part.

Il n�obtiendra rien?: il n�a rien obtenu des hommes (versets 1 � 6)?; il n�obtiendra rien des dieux.

�sa�e, en rappelant l�ancienne proph�tie, d�termine le moment de son accomplissement.

Comme ceux d�un journalier c�est-�-dire rigoureusement compt�s. Comparez �sa�e�21.16. �sa�e annonce non la disparition totale, mais seulement l�abaissement et la d�vastation de Moab. Nous avons d�j� dit (voir la note d�introduction) comment cette proph�tie s�est accomplie. Moab ne fut pas enti�rement an�anti par les Assyriens?; il subsista, mais comme un peuple sans importance?; J�r�mie, un si�cle plus tard, s�approprie la proph�tie d��sa�e et la d�veloppe en annon�ant � Moab sa ruine par les Chald�ens (J�r�mie 48).