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Bible Commentaries
Ésaïe 40

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

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versets 1-31

Plan du commentaire biblique de Esa�e 40

Introduction (chapitres 40 � 66)

Autant qu�on en peut juger par les donn�es que fournit l�antiquit�, la proph�tie commun�ment appel�e seconde partie d��sa�e (chapitres 40 � 66) a form�, d�s les temps les plus anciens, une portion int�grante du livre de ce proph�te. On voit par Luc�4.17?; Actes�8.30-34 qu�il en �tait ainsi � l��poque de J�sus-Christ. Nous pouvons remonter plus haut encore. J�sus, fils de Sirach, qui vivait selon les uns vers l�an 200, selon les autres vers l�an 300 avant J�sus-Christ s�exprime ainsi dans le chapitre 48 de son livre?: �z�chias demeura ferme dans les voies de David, son p�re, selon l�enseignement d��sa�e, le proph�te grand et fid�le dans sa vision. De son temps, le soleil recula et il prolongea les jours du roi. Puissant en esprit, il vit les choses derni�res et il consola les afflig�s de Sion?: il proph�tisa ce qui devait arriver jusqu�� la fin et les choses cach�es avant qu�elles fussent arriv�es.

Le fils de Sirach veut �videmment caract�riser dans ces mots les diff�rentes parties du livre d��sa�e?: les premiers chapitres, par le mot vision (allusion � �sa�e�1.1 et au chapitre 6)?; la partie historique (chapitres 36 � 39), par la mention du miracle du cadran, enfin, les expressions?: il vit les choses derni�res, il consola les afflig�s de Sion, il annon�a les choses cach�es avant qu�elles fussent arriv�es, d�signent clairement la derni�re partie (chapitres 40 � 66)?; comparez �sa�e�40.1?; �sa�e�42.9?; �sa�e�48.5-7. L�ancienne Synagogue n�a jamais dout� qu��sa�e ne f�t l�auteur de cette derni�re partie du livre. C�est ce que prouve la tradition re�ue parmi les Juifs et rapport�e par l�historien Jos�phe (Antiquit�s Juda�ques, XI, 1, 2), d�apr�s laquelle Cyrus rendit l��dit qui permettait aux Juifs de rentrer en Palestine apr�s qu�on lui eut montr� les proph�ties d��sa�e qui le concernaient. Cet �dit, conserv�, Esdras�1.2-3, para�t renfermer en effet une allusion positive � �sa�e�44.24 � 45.3. Jusqu�aux temps modernes aucun doute ne s�est �lev�, ni parmi les Juifs, ni parmi les chr�tiens, sur l�authenticit� des diverses parties du livre d��sa�e, si l�on excepte l�opinion d�Abenesra, rabbin juif du 12e si�cle, lequel tenait les chapitres 40 � 66 pour l��uvre de ce roi J�chonias, qui fut pendant trente-sept ans captif � Babylone (2�Rois�25.27). Le fait que le Talmud place les grands proph�tes dans l�ordre suivant?: J�r�mie, �z�chiel, �sa�e, ne prouve pas que les collecteurs du canon aient dout� de l�authenticit� de certaines parties du livre d��sa�e et les aient attribu�es � des auteurs plus r�cents que J�r�mie et �z�chiel. En effet, si l�ordre indiqu� dans le Talmud est suivi par les manuscrits fran�ais et allemands du texte (h�breu) de l�Ancien Testament, d�autres autorit�s (les manuscrits espagnols, les Masor�tes, les LXX et Jos�phe) placent, ainsi que le font nos Bibles, �sa�e en t�te. L�ordre adopt�, par le Talmud s�explique ais�ment par le fait que les rabbins tenaient J�r�mie pour l�auteur du livre des Rois, livre qui, dans les Bibles h�bra�ques, pr�c�de imm�diatement les proph�tes. J�r�mie avant �t� mis � la premi�re place, on donna la seconde � �z�chiel, qui comme lui avait v�cu au commencement de la captivit� et pr�dit la ruine de Juda par les Chald�ens?; et la troisi�me fut r�serv�e � �sa�e, qui se trouva ainsi rapproch� des autres proph�tes de la p�riode assyrienne (Os�e, Amos, Mich�e). L�argument que nous combattons aurait d�ailleurs l�inconv�nient de prouver trop?: si une pr�occupation chronologique avait pr�sid� � l�arrangement indiqu� par le Talmud, on en devrait conclure que non seulement la derni�re partie d��sa�e. mais le livre tout entier �tait envisag� comme de date plus r�cente que ceux de J�r�mie et d��z�chiel?; et dans ce cas on n�e�t pu l�attribuer � �sa�e.

C�est depuis un si�cle seulement que l�authenticit� de plusieurs portions du livre d��sa�e a �t� s�rieusement contest�e. Beaucoup de savants envisagent comme un fait d�sormais acquis, que les chapitres 40 � 66 et quelques autres morceaux (�sa�e�13.1�sa�e�14.23?; �sa�e�21.1-10?; chapitres 34 et 35) ont �t� compos�s vers la fin de la captivit� de Babylone, ainsi pr�s de deux si�cles apr�s le temps d��sa�e.

Les chapitres 24 � 27 sont aussi contest�s � �sa�e, mais, selon nous, sans raisons suffisantes, Babylone n�y est pas m�me nomm�e. Voir les notes �sa�e�25.10 et �sa�e�27.13.

C�est ici le lieu d�examiner cette question importante. Nous n�avons nullement l�intention de la trancher?; notre d�sir est simplement de placer les �l�ments du probl�me sous les yeux du lecteur et de le mettre � m�me de se former une opinion. L�expos� que nous allons faire sera con�u dans un esprit de stricte impartialit�. Il nous sera d�autant plus ais� de ne point nous en d�partir, que la question dont il s�agit rel�ve � nos yeux de la seule critique historique et n�a pas l�importance dogmatique et religieuse qu�� premi�re vue on serait tent� de lui attribuer. Le livre d��sa�e ne forme pas un tout arrang� selon un ordre syst�matique?; c�est un recueil de morceaux tr�s divers, dont le plus petit nombre seulement est muni d�un titre portant le nom de ce proph�te. La proph�tie chapitres 40 � 66 est sans titre et ne se donne elle-m�me nulle part pour l��uvre d��sa�e. Nous ne voyons donc pas en quoi sa valeur serait diminu�e, s�il �tait prouv� que ce n�est pas lui qui en est l�auteur. Ceux qui ont form� le recueil de ses �uvres auraient sans doute commis une erreur?; mais la proph�tie dont nous parlons n�en resterait pas moins le plus remarquable des �crits proph�tiques de l�Ancien Testament. Nous estimons donc que l�autorit� de l��criture n�est point en jeu dans la question qui va nous occuper et qui est affaire non de foi, mais d�histoire.

Le Nouveau Testament cite, il est vrai, souvent �sa�e chapitres 40 � 66 sous le nom d��sa�e (Matthieu�3.13?; Matthieu�8.17, Luc�4.17?; Jean�12.38, etc.)?; mais les �crivains du Nouveau Testament citent le livre d��sa�e tel qu�il �tait entre leurs mains?; et leurs citations prouvent simplement que de leur temps les chapitres en question faisaient comme aujourd�hui partie de ce livre.

La principale raison qui porte un si grand nombre de savants � refuser � �sa�e la composition des chapitres 40 � 66, c�est le fait que l�auteur de ce morceau, au lieu d��tre plac� dans les circonstances historiques de l��poque d��sa�e, parle bien plut�t en homme du temps de l�exil. Il n�annonce plus la captivit�, comme l�avait fait �sa�e (�sa�e�39.6)?; pour lui, la catastrophe appartient au pass�?; l�exil est le pr�sent et la d�livrance, l�avenir imminent. J�rusalem et le temple sont en ruines. �sa�e�64.10-11?: Tes villes saintes sont devenues un d�sert?; Sion est devenue un d�sert et J�rusalem une solitude?; notre maison sainte et magnifique, o� nos p�res t�ont lou�, est devenue la proie du feu�

Comparez �sa�e�44.28. Isra�l est dans l�oppression et priv� de son h�ritage (�sa�e�49.6-9?; �sa�e�63.18-19?; comparez �sa�e�14.2-3?; �sa�e�21.10). Les ennemis sont les Chald�ens, l�Assyrien, auquel avait affaire �sa�e, a disparu c�est sur Babel et sa chute que se concentrent les pens�es du proph�te (�sa�e�43.14?; chapitre 47?; �sa�e�48.20?; comparez chapitres 13 et 14?; �sa�e�21.9)?; c�est aux exil�s qu�il s�adresse?; sa t�che est de les consoler par la bonne nouvelle de la d�livrance (�sa�e�40.1-2). Il souffre et se plaint avec eux des retards que subit le salut promis?; et il vit tellement au milieu d�eux qu�il dit nous en parlant d�eux et de lui et prie en leur nom pour obtenir l�accomplissement des promesses (�sa�e�59.9-11?; �sa�e�63.7?; �sa�e�63.15 � 64.12). Dans d�autres passages, il annonce la d�livrance comme tr�s-prochaine, si prochaine qu�il crie � Isra�l?: Sortez de Babylone (�sa�e�40.9?; �sa�e�48.20?; �sa�e�52.11?; comparez �sa�e�21.2). Le lib�rateur qui doit ramener Isra�l en Palestine a d�j� paru sur la sc�ne?; ses conqu�tes sont d�crites et son nom m�me est prononc� (�sa�e�41.2-3?; �sa�e�41.25?; �sa�e�44.28). Ne semble-t-il pas r�sulter de tout cela que notre auteur n�a pu vivre qu�au temps de la captivit� et qu�il ne saurait par cons�quent �tre le proph�te �sa�e, qui vivait plus de cent ans avant la ruine de J�rusalem?? Se pourrait-il, si ce dernier �tait l�auteur de la proph�tie, qu�il ne se rencontr�t sous sa plume aucune allusion aux circonstances de son temps et que, en revanche, 150 ans avant l�apparition de Cyrus, il l�e�t d�sign� par son nom??

Le fait est exact?: c�est bien aux exil�s que l�auteur parle et c�est sans raison qu�on l�a quelquefois contest� et qu�on a cru voir dans les reproches qu�il adresse � ses lecteurs relativement � l�idol�trie et dans la pol�mique � laquelle il se livre contre le paganisme (voyez �sa�e�44.9-20?; �sa�e�46.1-13?; �sa�e�48.5?; �sa�e�65.3-5?; �sa�e�65.11?; �sa�e�66.17), une preuve qu�il �crivait avant la dispersion du peuple. Rien ne d�montre qu�Isra�l ait �t� subitement gu�ri par cette catastrophe de son penchant � l�idol�trie?; il para�t plut�t r�sulter de �z�chiel 20-38 que les exil�s se livraient encore aux pratiques pa�ennes que les anciens proph�tes avaient reproch�es � leurs p�res.

Ce r�le de consolateur, que l�auteur des chapitres 40 � 66 remplit � l��gard du peuple de l�exil, est certainement �trange, si c�est �sa�e qui tient la plume. Remarquons toutefois, en premier lieu, que la pens�e des malheurs du peuple captif en Babylonie ne peut avoir �t� �trang�re � �sa�e, puisqu�il avait pr�dit lui-m�me la d�portation de Juda � Babylone (�sa�e�39.6)?; pr�diction qui a son parall�le dans la proph�tie Mich�e�4.10?: Sois en travail et crie, fille de Sion, comme celle qui enfante?; car maintenant tu sortiras de la ville et tu iras jusqu�� Babylone?; l� tu seras d�livr�e?; c�est l� que l��ternel te rach�tera des mains de tes ennemis.

Les proph�tes contemporains d��sa�e ont donc d�j� compris que la captivit� de Juda ne devait pas avoir pour th��tre l�Assyrie, comme celle des dix tribus. Et comment en e�t-il �t� autrement d��sa�e lui-m�me, qui tant de fois avait annonc� la destruction de la puissance assyrienne??

Et cela par les Chald�ens, si nous avons bien compris le passage �sa�e�23.13.

Ce que nous savons aujourd�hui de la grandeur d�j� formidable de Babel � cette �poque, nous prouve au reste que les pr�dictions d��sa�e et de Mich�e, relatives � la captivit� de Babylone, avaient dans les circonstances de leur temps un point d�attache historique plus que suffisant.

Une seconde remarque � faire, c�est que les proph�tes ne doivent pas �tre jug�s comme des �crivains ordinaires. L�inspiration les �l�ve au-dessus de leur �tat naturel. Le plus souvent, c�est sous forme de vision que l�avenir leur est r�v�l� et ils s�y trouvent si vivement transport�s qu�il devient pour eux le pr�sent, quelquefois m�me le pass� et qu�ils s�adressent � des personnages futurs comme s�ils �taient l� devant leurs yeux. C�est ainsi que Mich�e parle de la ruine de J�rusalem comme d�un �v�nement pr�sent, pass� m�me (Mich�e�4.8-10, 7.8-13)?: Si je suis tomb�e, s��crie Sion, je me rel�verai?; si j�ai �t� couch�e dans les t�n�bres, l��ternel m��clairera.

Le livre d��sa�e, dans ses parties incontest�es, offre de nombreux exemples de ce genre d�anticipation (�sa�e�5.26-30?; �sa�e�8.23�sa�e�9.6?; �sa�e�23.1-18?; etc.). C�est par une sorte de vision que d�bute �galement la derni�re partie. Le proph�te, saisi tout � coup par l�inspiration, entend une voix (�sa�e�40.3?; �sa�e�40.6). Cette forme de la vision, quoique rare dans son �crit, y repara�t pourtant (voir surtout �sa�e�63.1-6).

Ce qui fait qui difficult� sp�ciale d��sa�e chapitres 40 � 66, c�est que ce ph�nom�ne d�anticipation proph�tique, dont nous venons de parler, se prolongerait ici durant vingt-sept chapitres et deviendrait le point de d�part de discours et de r�flexions qui n�ont rien de commun avec l��tat d�extase. Cela est-il psychologiquement possible?? La difficult� est au moins att�nu�e, si l�on envisage quelle est la pens�e essentielle de l�auteur de cet ouvrage. Bien que le retour de la captivit� y occupe une tr�s grande place, ce retour n�est pourtant pas le point de mire unique ou principal du proph�te. Son regard est dirig�, comme celui de tous les autres voyants, sur la consommation finale du r�gne de Dieu?: et celle-ci ne pouvant �tre amen�e que par le moyen d�Isra�l, le proph�te doit parler sp�cialement de son retour comme condition du glorieux avenir qui s�ouvre pour lui et pour toute l�humanit�. Ce vaste coup d��il ne convient-il pas � un homme qui, comme �sa�e, voyait de haut et de loin les grands ch�timents et la grande d�livrance, mieux peut-�tre qu�� un auteur qui aurait v�cu dans l�horizon restreint trac� par ces circonstances m�mes??

La mention de Cyrus reste le fait le plus difficile � expliquer. Il est �vident que, pour quiconque n�admet pas de communications surnaturelles entre l�Esprit de Dieu et l�esprit des proph�tes, ce seul argument emporte la question. Si l�on r�duit la proph�tie � de simples pr�visions reposant sur les grandes id�es qui formaient le fond de la conscience religieuse d�Isra�l, toute pr�diction positive de l�avenir devient impossible et il est superflu de discuter la question de savoir si �sa�e a pu �crire la proph�tie chapitres 40 � 66. Au point de vue auquel nous nous pla�ons, ce fait est encore si extraordinaire, bien qu�il ne soit pas sans analogue (1�Rois�13.2), que l�on comprend les doutes qu�il suscite. Il s�agirait de savoir, d�abord, si l�inspiration proph�tique peut aller jusqu�� ce point de pr�cision. C�est, pour ainsi dire, une question de degr� dans le surnaturel. Mais qui voudrait fixer les limites que la r�v�lation ne peut d�passer?? Il s�agirait de savoir, de plus, si le personnage de Cyrus occupe dans l�histoire du r�gne de Dieu une place assez importante pour que son nom ait �t� r�v�l� � �sa�e comme l�un des traits du tableau de l�avenir qu�il contemplait.

Pour �luder la difficult�, on a pr�tendu que Kor�s (Cyrus) n��tait pas un nom propre, mais un appellatif, signifiant soleil, qui aurait servi de titre aux rois de Perse (Comme Pharaon � ceux d��gypte). Mais rien ne prouve l�existence d�un pareil titre et on sait aujourd�hui que le nom persan de Cyrus (Kuru ou Kurus) n�a rien de commun, sinon une vague analogie de son, avec le mot qui d�signe le soleil dans cette langue.

Nous avons admis, dans ce qui pr�c�de, que le pr�sent, id�al ou r�el, dans lequel se meut le proph�te, est celui de la captivit�. Il y a cependant quelques passages qui paraissent ne pas convenir � l��poque de l�exil, ou qui semblent pr�senter ce ch�timent comme encore � venir. Ainsi?:

  • �sa�e�56.9-12, les ennemis du peuple de Dieu sont invit�s � le d�vorer, ce qui leur sera ais�, car ses chefs sont incapables de le d�fendre. Isra�l se gouverne donc encore lui-m�me et l�invasion chald�enne n�est pas un fait accompli.
  • �sa�e�57.1, le juste est retir� de devant le mal, c�est-�-dire enlev� avant le jugement imminent. La peinture de l�idol�trie du peuple, �sa�e�57.5-7 (hauts-lieux, culte de Moloch, etc.), rappelle tout � fait les censures des proph�tes d�avant l�exil?; et le tableau du verset 5 est rempli de traits qui semblent emprunt�s aux circonstances naturelles de la Palestine (comparez �sa�e�1.29).
  • Aussi le morceau �sa�e�56.9 � 57.11 est-il, dans l�opinion de la plupart des critiques qui attribuent �sa�e chapitres 40 � 66 � un auteur vivant dans l�exil, l��uvre d�un proph�te plus ancien, peut-�tre d��sa�e lui-m�me, que cet auteur aurait intercal�e ici dans son ouvrage.
  • �sa�e�56.1-3, le proph�te met Isra�l en garde contre l�id�e d�un m�rite attach� au culte c�r�moniel. Cela serait-il possible pendant l�exil, alors qu�il n�y avait plus de temple et de sacrifices??
  • Les versets 6 et 20 paraissent aussi supposer l�existence du culte l�vitique et du temple. Plusieurs savants ont conclu de l� que ce chapitre devait avoir �t� compos� seulement apr�s le retour des exil�s.

Nous laissons de c�t� les passages o� l�auteur prouve par l�accomplissement des proph�ties la divinit� de J�hova. Il ne nous para�t pas qu�on en puisse tirer un argument positif en faveur de l�authenticit�. Voir du reste l�explication de ces passages.

Nous abordons maintenant un autre ordre de difficult�s. L�auteur de la derni�re partie d��sa�e a sur le d�veloppement du r�gne de Dieu des vues assez diff�rentes de celles que renferme la premi�re partie. Nous ne rel�verons ici que le point le plus important, l�id�e du Messie. �sa�e (particuli�rement dans les chapitres 1 � 12) attend l�apparition d�un Christ, fils de David, qui vaincra les pa�ens et restaurera le tr�ne de son a�eul. L�auteur des chapitres 40 � 66 ne parle plus d�un roi th�ocratique visible. C�est de J�hova lui-m�me qu�il attend la venue (�sa�e�40.5?; �sa�e�40.9-10?; �sa�e�64.1?; comparez �sa�e�35.2?; �sa�e�35.4). Pour r�aliser ses desseins, le Seigneur emploiera, d�une part, Cyrus, qu�il appelle son oint, son pasteur et qui fera sortir Isra�l de Babylone (�sa�e�44.28?; �sa�e�45.1), et, de l�autre, un personnage inconnu comme lui � l��sa�e des premiers chapitres, le serviteur de J�hova, qui expiera par ses souffrances les fautes de son peuple et r�pandra parmi les Gentils la connaissance du vrai Dieu (�sa�e�42.1-6?; �sa�e�49.1-7?; �sa�e�52.13 � 53.12).

Cette diversit� de points de vue prouve qu�il faut placer en tout cas un d�veloppement important de l�id�e messianique entre la premi�re et la derni�re partie du livre d��sa�e. Mais la diff�rence ne doit pas �tre exag�r�e et pour notre part nous ne la croyons pas telle qu�elle soit inconciliable avec l�identit� d�auteur. En effet, si le nom du Messie-Roi a disparu, l�id�e ne s�en retrouve pas moins dans les chapitres 40 � 66. Le serviteur de l��ternel, d�abord humili�, doit finir par occuper la m�me place que le Roi glorieux d��sa�e chapitres 9 et 11?: il r�gnera sur les nations, jugera les peuples, recevra les hommages de leurs rois (�sa�e�42.4?; �sa�e�49.6-7?; �sa�e�52.13-15?; �sa�e�53.12). Et, d�autre part, la premi�re partie pr�sente certains traits qui �videmment pr�ludent � l�id�e du serviteur telle que la d�veloppe la derni�re partie. Comparez �sa�e�53.2 avec �sa�e�4.2 (le germe de l��ternel) et �sa�e�9.1 (le rejeton sortant du tronc coup� de David).

Voir encore, sur ce sujet, nos remarques � la fin du chapitre 53. Quant aux tableaux de la gloire future d�Isra�l, ceux de la premi�re partie, quoique moins d�velopp�s que ceux de la seconde, ne sont en r�alit� pas moins brillants. Comparez �sa�e�41.18-20?; �sa�e�49.10?; �sa�e�54.11-14?; �sa�e�60.1-22?; �sa�e�65.17-25 (�sa�e�35.1-10) avec �sa�e�2.2-4?; �sa�e�11.1-9, �sa�e�11.15?; �sa�e�30.26?; �sa�e�33.20-24.

Le r�le attribu� aux pa�ens dans l��poque messianique est le m�me d�un bout � l�autre du livre. Comparez �sa�e�45.14?; �sa�e�49.22-23?; �sa�e�60.3-16?; �sa�e�61.5-6?; �sa�e�66.18-23 (�sa�e�14.1-2), avec �sa�e�2.2-4?; �sa�e�11.10-11?; �sa�e�18.7?; �sa�e�19.18-25?; �sa�e�23.18.

Il convient de rappeler ici le nom de Saint d�Isra�l, qui est un des traits caract�ristiques du livre tout entier (voir �sa�e�1.4, note).

Le style et la langue du livre d��sa�e soul�vent aussi quelques difficult�s. Le ton g�n�ral des chapitres 40 � 66 est autre que celui de la premi�re partie. Les d�veloppements sont plus abondants et plus calmes?; le style, moins imag�, plus ample et plus coulant, n�a pas cet impr�vu, cette concision allant parfois jusqu�� l�obscurit�, qui frappent dans les proph�ties des chapitres 1 � 33. Mais, � c�t� de ces diff�rences, on observe aussi des analogies bien remarquables?: telle page de la derni�re partie semble ne pouvoir �tre sortie d�une autre plume que de celle d��sa�e.

Le morceau �sa�e�13.1 � 14-23, aussi a des beaut�s litt�raires hors ligne et est de tout point digne d��sa�e. On n�aurait jamais song� � lui contester la proph�tie �sa�e�21.1-10, s�il n�y �tait question de Babylone?; comparez en effet �sa�e�21.2, �sa�e�21.6-7, avec les versets 11 et 12?; �sa�e�22.6-7.

Le m�me auteur peut d�ailleurs avoir des genres bien diff�rents et il est difficile de dire jusqu�o� cette vari�t� a pu aller, chez un �crivain d�un g�nie aussi riche, aussi souple, que celui d��sa�e, pendant un minist�re qui n�a pas dur� moins de soixante ann�es. Si enfin il est l�auteur de la proph�tie chapitres 40 � 66, il doit l�avoir compos�e dans le recueillement du cabinet et tout � la fin de sa vie, alors qu�� la suite de la tourmente assyrienne, le calme s��tait fait pour lui et pour Juda, ainsi dans des circonstances bien diff�rentes de celles o� il pronon�ait les br�lantes harangues de la premi�re partie.

Quant � la langue de la seconde partie, compar�e � celle de la premi�re, elle pr�sente quelques diff�rences desquelles on a tir� un argument contre l�identit� des auteurs?; cependant la langue de ces deux parties offre d�autre part des analogies si marqu�es que l�on pourrait en faire un argument en sens inverse. Il nous para�t difficile d�en rien conclure dans un sens ou dans un autre.

On a fait observer que les chapitres 40 � 66 renferment un nombre consid�rable d�expressions nouvelles (on en a compt� 79). Mais il n�y en a pas moins dans la premi�re partie (77 dans les chapitres 1 � 12). Quelle conclusion peut-on tirer de l�??

On a relev� aussi, dans la derni�re partie, des mots qui paraissent �trangers � l��poque d��sa�e. Un seul exemple montrera combien on doit �tre prudent en pareille mati�re. Il est d�montr� aujourd�hui par les inscriptions que le mot seganim (princes, �sa�e�41.25), tenu jadis, pour un mot persan, appartient � la langue assyrienne.

Citons encore une remarque int�ressante qui a �t� faite, c�est celle de la parent� extraordinaire d�id�es, de style et de langue qui existe entre le chapitre 1 d��sa�e et les chapitres 40 � 66. Comparez, par exemple?:

  • �sa�e�1.10-17 avec �sa�e�58.1-11?; �sa�e�66.1-3
  • �sa�e�1.18 avec �sa�e�43.25-26
  • �sa�e�1.20 avec �sa�e�40.5?; �sa�e�58.14
  • �sa�e�1.29-30 avec �sa�e�57.5?; �sa�e�61.3?; �sa�e�66.17
  • Surtout �sa�e�1.31 avec �sa�e�66.24 (voir aussi �sa�e�48.22?; �sa�e�57.20-21).

Nous ne citons que les rapprochements les plus importants.

Nous avons, croyons-nous, fid�lement expos� les objections contre l�opinion traditionnelle, qui attribue la derni�re partie du livre � �sa�e, aussi bien que les raisons qui peuvent att�nuer la valeur de ces objections. Nous devons encore indiquer ici deux consid�rations qui parlent en faveur de la tradition.

On s�explique difficilement l�apparition d�un �crivain capable de produire un livre tel que la derni�re partie d��sa�e, pendant la captivit� de Babylone. Il ne suffit pas de parler du grand inconnu pour avoir r�solu le probl�me. On comprendrait le nom d�un g�nie, m�me pareil � l�auteur du livre de Job, par exemple, se perdant dans l��clat d�un grand r�gne comme celui de Salomon, mais que l�auteur d�un ouvrage tel qu��sa�e chapitres 40 � 66, l�un des produits les plus parfaits de la langue h�bra�que, naisse et demeure inconnu dans un si�cle d�affaissement comme fut celui de l�exil, c�est ce qui est vraiment incompr�hensible. Les �crivains de ce temps-l� et de celui qui a imm�diatement pr�c�d�, J�r�mie, �z�chiel, Daniel, Agg�e, Zacharie, repr�sentent visiblement une �poque de d�cadence litt�raire. Que l�on compare leurs ouvrages, �crits dans un style g�n�ralement prosa�que, avec celui qui nous occupe et l�on reconna�tra que l�auteur de ce dernier est, selon toutes les apparences, infiniment plus rapproch� qu�eux de l��poque classique de la litt�rature isra�lite.

Si le nom de cet auteur reste un myst�re dans le point de vue de l�inauthenticit�, il faut remarquer de plus que les savants qui adoptent ce point de vue ne sont pas d�accord sur le lieu et le temps o� il a compos� sa proph�tie. Selon les uns, il a �crit � Babylone?; selon d�autres, � J�rusalem, ou m�me en �gypte. Les uns, frapp�s du cachet d�unit� qui marque son ouvrage, n�admettent pas qu�il ait pu �tre compos� en plusieurs fois et pensent qu�il a d� �tre �crit tout entier la m�me ann�e et avant la prise de Babylone par Cyrus. D�autres croient y discerner les traces d��poques diff�rentes?; mais ils ne s�accordent pas sur la mani�re de r�partir entre ces �poques les divers morceaux?; ce qui, comme l�observe M. Reuss, tendrait � prouver que leur opinion est mal fond�e.

Le second point dont nous devons dire un mot, ce sont les rapports qui existent entre la derni�re partie du livre d��sa�e et plusieurs auteurs post�rieurs � ce proph�te. Il s�agit particuli�rement de Nahum, de Sophonie et de J�r�mie. Ces rapports ne sauraient �tre accidentels. Il est indubitable que, dans une foule de cas, l�un des �crivains a cit� ou imit� l�autre. Si la question de priorit� pouvait �tre r�solue, sans laisser place � aucun doute, en faveur du morceau chapitres 40 � 66, il est clair que cet argument trancherait sans r�plique la question de savoir si �sa�e est l�auteur de cet ouvrage. Mais des questions semblables sont trop d�licates pour qu�� toute rigueur on ne puisse les r�soudre dans un sens comme dans l�autre. Cependant une �tude impartiale laisse l�impression qu��sa�e chapitres 40 � 66 est plut�t l�original que l�imitation. Et cet argument en faveur de l�authenticit� de ce morceau nous para�t �tre un des plus forts.

Nahum a proph�tis� vers 660, moins d�un demi-si�cle apr�s �sa�e. Entre autres rapprochements � signaler, il faut comparer dans son livre Nahum�3.7?; Nahum�3.10 avec �sa�e�51.19-20 et surtout Nahum�1.15 (dans les Bibles h�bra�ques Nahum�2.1) avec �sa�e�52.7?; �sa�e�52.1. Ces deux derniers passages sont combin�s dans le texte de Nahum de telle fa�on que la priorit�, d��sa�e semble s�imposer.

J�r�mie et Sophonie ont, au plus haut degr�, entre tous les proph�tes, la particularit� de citer ou d�imiter leurs devanciers. Leur texte combine parfois deux passages diff�rents de la seconde partie d��sa�e, ou m�me, ce qui est plus remarquable, un passage de celle-ci avec un de la premi�re partie.

Ce cas se pr�sente dans Sophonie�3.10?; comparez �sa�e�66.20?; �sa�e�18.1?; �sa�e�18.7.

L�auteur d��sa�e chapitres 40 � 66 a du reste infiniment plus de puissance cr�atrice et de souffle po�tique que ces deux proph�tes. Il est bien difficile de ne pas admettre que ce sont eux qui l�ont imit� et non l�inverse.

Comparez, entre autres passages?:

  • Sophonie�2.15 avec �sa�e�47.8-10
  • J�r�mie�3.16?; J�r�mie�4.13?; J�r�mie�6.14 avec �sa�e�65.17?; �sa�e�66.15?; �sa�e�57.19-21

Ce qui est plus frappant que ces parall�les de d�tail, ce sont des morceaux comme J�r�mie�10.1-16?; J�r�mie�30.10 et suivants, compar�s � �sa�e�44.9-20?; �sa�e�45.7?; �sa�e�42.13-14?; �sa�e�43.1, etc. On n��chappe � la conviction que J�r�mie a imit� le livre d��sa�e, qu�en supposant que des passages emprunt�s � la seconde partie d��sa�e ont �t� intercal�s dans le texte de J�r�mie. C�est ce qu�il faudrait admettre surtout pour les chapitres 50 et 51 de ce proph�te, qui sont une v�ritable mosa�que de citations tir�es d��sa�e chapitres 13, 14 , 21, 34, 40 et suivants. Cette hypoth�se est, il faut l�avouer, bien peu naturelle.

Il faut mentionner encore une curieuse parole du proph�te Zacharie, qui vivait � l��poque du retour de l�exil. Faisant allusion � un passage de la proph�tie �sa�e chapitres 40 � 66, il dit que ce sont l� les paroles prononc�es par les proph�tes, lorsque J�rusalem �tait habit�e et paisible, avec ses villes � l�entour et lorsqu�on habitait vers le midi et dans la plaine. Comparez Zacharie�7.5-10 et �sa�e�58.3-7.

En pr�sence des faits que nous venons d�exposer, on jugera sans doute qu�il est t�m�raire d�affirmer, comme le fait M. Reuss (Proph�tes, tome II, page 219), que?: dans aucun des successeurs de l�ancien �sa�e, on ne trouve la moindre trace d�une connaissance quelconque des proph�ties dont nous nous occupons et que cela est surtout vrai � l��gard de J�r�mie. L�affirmation contraire serait �videmment tout aussi l�gitime que celle-l�.

M. Reuss n�a pas d�autre preuve � donner de son assertion que celle-ci?: J�r�mie, malmen� par ses concitoyens pour avoir pr�dit la ruine de J�rusalem, n�en appelle pas, pour se justifier, � la grande proph�tie de la derni�re partie d��sa�e et ses amis ne trouvent � citer en sa faveur qu�un passage de Mich�e (J�r�mie�16.1-21)?; donc le morceau �sa�e chapitres 40 � 66 n�existait pas de son temps. Mais on pourrait avec tout autant de raison conclure de cette histoire contre l�existence � cette �poque de toutes les proph�ties plus anciennes qui annon�aient la ruine de Juda (celles d�Amos, d�Os�e, d��sa�e chapitres 1 � 33).

Il est temps de conclure. Comme on l�a vu, l�opinion traditionnelle, qui attribue � �sa�e la proph�tie chapitres 40 � 66, soul�ve de graves objections?; mais elle peut aussi faire valoir des raisons s�rieuses en sa faveur. Les arguments pour et contre ne nous ont paru �tre, ni les uns ni les autres, absolument d�cisifs?: ils se balancent, pour ainsi dire. Dans cette incertitude, il n�y a pas de motif p�remptoire pour abandonner le point de vue traditionnel et c�est de ce point de vue que nous partirons dans l�explication des proph�ties qui vont suivre. D�une mani�re g�n�rale, il est du reste � peu pr�s indiff�rent pour l�interpr�tation que la question de l�auteur soit r�solue dans un sens ou dans l�autre, puisque, en tout cas, le pr�sent, r�el ou id�al, o� se place le proph�te, est celui de la captivit�.

Il nous reste � jeter, en terminant, un coup d��il sur le contenu des proph�ties que nous allons �tudier. La pens�e du proph�te ne s�y d�veloppe pas selon un ordre rigoureusement syst�matique?; les m�mes id�es reviennent fr�quemment. Cependant les diff�rents morceaux se r�partissent assez distinctement en quelques groupes, dans chacun desquels domine l�une des id�es fondamentales de cette proph�tie et l�on peut ainsi constater un progr�s d�une partie � l�autre.

Le proph�te a constamment devant les yeux le but final des voies divines?: le r�gne de Dieu pleinement r�alis�. C�est � la lumi�re de ce terme glorieux qu�il consid�re la mis�re pr�sente de son peuple et l�obscurit� qui r�gne encore dans le monde pa�en. Comme on l�a dit, il lit, pour ainsi dire, le livre de l�histoire, en reculant de la fin au commencement. Son regard est essentiellement et avant tout dirig� sur la consommation derni�re des promesses divines?; et dans chaque �v�nement particulier qui la pr�pare, il voit poindre d�j� la r�demption finale. D�s le d�but de la proph�tie (chapitre 40), il place ce terme supr�me sous les yeux d�Isra�l, dans le but de le consoler?; et c�est de l� qu�il revient en arri�re pour parcourir les diverses phases � travers lesquelles la r�alisation de cet avenir doit �tre achemin�e dans l�histoire. Ces phases sont au nombre de trois et chacune d�elles remplit l�une des trois parties dont se compose notre proph�tie.

La premi�re est la d�livrance de la captivit� de Babylone?; elle forme l�objet principal des neuf premiers chapitres (40 � 48). Le point central auquel convergent ici toutes les promesses, est l�apparition de Cyrus, l�agent pr�destin� pour la destruction des faux dieux. Sa victoire sur les Chald�ens idol�tres qui oppriment Isra�l est le triomphe de l��ternel sur les idoles?; aussi toute son �uvre est-elle repr�sent�e comme une manifestation d�cisive de la puissance et de la divinit� de J�hova. L�id�e de cette premi�re partie peut donc se formuler ainsi?: la gloire de J�hova dans la d�faite de Babylone et de ses dieux de n�ant et dans la d�livrance de son peuple.

Le retour de l�exil n�est pas le salut complet?; il en est seulement le point de d�part et la condition?: il faut que le peuple, ext�rieurement restaur�, soit aussi moralement transform�?; c�est cette r�demption spirituelle dont la pens�e remplit la seconde s�rie de discours (chapitres 49 � 52). Ici, le premier plan est occup� par un personnage dont la figure n�avait eu qu�une place secondaire dans la premi�re partie?: le serviteur de l��ternel, qui sera l�instrument de cette �uvre nouvelle, comme Cyrus avait �t� celui de la d�livrance de Babylone. Le proph�te contemple la personne, l�activit�, les humiliations, l��l�vation du serviteur et proclame le salut assur� � Sion par son minist�re. Le centre de toutes ces proph�ties est le chapitre 53, qui se trouve plac� pr�cis�ment au milieu non seulement de ce morceau, mais de toute la proph�tie des chapitres 40 � 66.

Dans le troisi�me groupe de discours (chapitres 58 � 66), le proph�te presse d�abord le peuple d�accepter le salut gratuit qui vient de lui �tre pr�sent� puis, continuant � m�ler les exhortations aux promesses, il d�ploie devant lui dans des tableaux d�une �blouissante fra�cheur la gloire r�serv�e � la Sion de l�avenir et au vrai Isra�l qui l�habitera. Ici, les deux aspects, temporel et spirituel, du salut, qui dominaient l�un dans la premi�re partie, l�autre dans la seconde, se trouvent r�unis?: la gloire finale consomme � la fois la d�livrance temporelle et la r�demption spirituelle du peuple de Dieu.

La division en trois groupes, telle nous venons de l�indiquer, est assez clairement marqu�e par le proph�te lui-m�me. En �sa�e�48.22 et �sa�e�57.21 se lisent ces paroles?: Il n�y a point de paix pour les m�chants. Et la proph�tie se termine (�sa�e�66.24) par celles-ci, qui expriment la m�me pens�e sous une autre forme?: Ils sortiront et verront les cadavres des hommes qui se sont rebell�s contre moi?; car leur ver ne mourra pas et leur feu ne s��teindra pas et ils seront en horreur �, toute chair.

Cette triple r�p�tition de la m�me pens�e, et cela, deux fois dans les m�mes termes, ne saurait �tre accidentelle?: elle forme �videmment une sorte de refrain, qui appose comme un point final au terme de chacune des trois parties.

La gloire de J�hova, de son serviteur et de son peuple (chapitres 40 � 48)

Chapitre 40 � La certitude du salut promis � Isra�l

Ce chapitre forme l�introduction de la grande proph�tie chapitres 40 � 66. Le ton g�n�ral de toute cette proph�tie ressort d�s les premiers mots?: c�est celui de la consolation. � l�affliction pr�sente va succ�der le plus glorieux salut (versets 1 � 11). Ce salut est assur�, puisque celui qui le promet est le Dieu infiniment grand, devant qui les dieux des pa�ens ne sont que n�ant (versets 12 � 26). Qu�Isra�l se console donc et reprenne confiance (versets 27 � 31)?!

Verset 1

Le salut promis (1-11)

On peut envisager les versets 1 et 2 comme le texte des discours qui vont suivre, chapitres 40 � 66?: le temps de la d�livrance est venu?; Dieu donne ordre � ses proph�tes d�annoncer cette bonne nouvelle � son peuple captif. La d�livrance, r�sum�e dans ces deux versets, ne comprend pas seulement le retour de l�exil?; les tribulations d�Isra�l n�ont pas cess� avec ce retour et l�all�gresse qui a suivi n�a pas �t� l�all�gresse �ternelle (�sa�e�35.10). Le retour de Babylone n�est aux yeux du proph�te que le premier acte de la restauration compl�te d�Isra�l. Comme un homme qui contemple les objets de loin, il voit tout en raccourci. Le temps qui s�pare le r�tablissement ext�rieur de la gloire finale n�existe pas pour lui, ni en g�n�ral pour les proph�tes. Il voit donc la d�livrance compl�te, finale, succ�der imm�diatement au retour de Babylone, qui en est la condition et l�acheminement. La gr�ce qu�il promet n�est rien moins que l�arriv�e glorieuse de J�hova au milieu de son peuple?; mais cette gr�ce embrasse et suppose n�cessairement le retour de l�exil.

Consolez� comparez �sa�e�49.13?; �sa�e�51.3?; �sa�e�66.13, etc.

Dieu dit mon peuple et non plus, comme pr�c�demment, ce peuple (�sa�e�6.9?; �sa�e�28.11)?; car le temps du rejet a cess�?; Dieu renoue par sa gr�ce le lien qu�avait rompu l�infid�lit� du peuple (�sa�e�54.6-8).

Verset 2

Parlez au c�ur de� C�est l�expression qui est appliqu�e � Joseph quand il rassure ses fr�res apr�s la mort de Jacob (Gen�se�50.21), comparez Os�e�2.14.

Le terme rendu par service signifie service militaire, puis en g�n�ral servitude, travail, souffrance (Job�7.1). Il d�signe ici la captivit� de Babylone. Comparez �sa�e�14.3.

Le double pour tous ses p�ch�s. La loi ordonnait (Exode�22.4-9) qu�en cas de dommage caus� au prochain, la r�paration f�t le double de l�objet enlev� ou g�t�?; car, outre le dommage et ses cons�quences, il y avait � r�parer la faute commise. La simple restitution ne pouvait passer pour une expiation. Comparez J�r�mie�16.18?; Job�42.10. Rendre au double �quivaut ainsi � notre expression?: rendre capital et int�r�ts. Le sens est donc?: Je t�ai trait�e selon la stricte justice?; maintenant ma gr�ce va reprendre son cours.

Verset 3

Le proph�te entend, en vision, une voix qui annonce la proximit� du salut. Cette voix inconnue vient �videmment du ciel (comparez?: la bouche de l��ternel a parl�, verset 5)?; c�est l�embl�me de la r�v�lation par laquelle le plan de Dieu est communiqu� au proph�te. En Orient, un h�raut est envoy� devant le souverain qui voyage, afin que la voie lui soit pr�par�e (Malachie�3.1). De m�me, une route doit �tre fray�e, pour que l��ternel puisse arriver en souverain chez son peuple (verset 3). Le salut r�clame une pr�paration?: il faut que les obstacles qui s�opposent � sa r�alisation soient enlev�s (verset 4).

C�est par le d�sert que la route doit �tre fray�e. De quel d�sert s�agit-il?? Le proph�te fait sans nul doute allusion � ce grand d�sert de Syrie que les Juifs devaient traverser pour revenir de Babylonie en Palestine. Le retour de la captivit�, dont la d�livrance d��gypte est le type, est constamment d�peint comme s�accomplissant � travers le d�sert (�sa�e�11.15?; �sa�e�11.16?; �sa�e�43.19-20?; �sa�e�48.20-21?; comparez �sa�e�35.1?; �sa�e�35.6-8). Mais la pens�e du proph�te d�borde infiniment ce cadre restreint d�un voyage mat�riel au travers du d�sert. Il n�y a dans le d�sert de Syrie ni montagnes, ni pr�cipices (verset 4)?; et il s�agit ici d�une manifestation de l��ternel non � Isra�l seulement, mais � toute chair (verset 5)?; or, le retour de la captivit� a �t� ignor� de la plus grande partie de l�humanit�. Ce retour et le passage par le d�sert sont donc ici simplement la palette � laquelle le proph�te emprunte ses couleurs pour peindre l�enl�vement de tous les obstacles ext�rieurs et int�rieurs, politiques et moraux, qui s�opposent � la pleine r�v�lation de Dieu � Isra�l et au monde entier. Aussi ne sommes-nous point �tonn�s de voir le pr�curseur de l�apparition supr�me de J�hova dans la personne du Christ, Jean-Baptiste, appliquer ces images � son propre minist�re?; il a rempli, en effet, aupr�s d�Isra�l le r�le attribu� ici � la voix c�leste, en invitant le peuple � pr�parer spirituellement le chemin � l��ternel, pr�t � se manifester dans le Messie. Comparez Matthieu�3.3 et parall�les.

Verset 4

La terre doit �tre mise en �tat de recevoir la visite de son Dieu. Les puissants de ce monde, comme les Chald�ens, qui oppriment le peuple de Dieu, doivent �tre abattus et humili�s, les faibles, au contraire, comme Isra�l, relev�s et restaur�s, le droit r�tabli par le jugement qui �galise tout. C�est l� le sens des images de la montagne � aplanir, de la vall�e � combler. L�id�e de la puissance ou de la richesse est fr�quemment associ�e dans l�Ancien Testament avec celle de la violence ou de l�orgueil, comme celle de la faiblesse et de la pauvret�, avec celle de l�humilit�. Comparez les cantiques d�Anne et de Marie (1�Samuel�2.1-10?; Luc�1.46-55). Voyez l�image de la montagne appliqu�e, comme ici, aux oppresseurs d�Isra�l, �sa�e�41.15?; �sa�e�41.16 et la description de l�abaissement de tout ce qui est �lev�, sous les coups du jugement divin, �sa�e�2.12 et suivants.

Verset 5

Quand le jugement aura remis toutes choses dans l�ordre, le salut de J�hova sera r�v�l� � la terre enti�re (� toute chair). La gloire de l��ternel, qui doit �tre manifest�e � toute chair, ne para�t pas seulement dans le retour d�Isra�l en Canaan?; elle comprend l��uvre de J�hova qui se poursuit ici-bas, d�s le r�tablissement du peuple jusqu�� la consommation des temps?; l�extension de la connaissance du Dieu d�Isra�l chez toutes les nations d�Orient et d�Occident?; l�apparition du Messie, enfin, ce point culminant de la r�v�lation divine, l�activit� missionnaire qui la proclame et le retour glorieux du Christ qui la consommera (�sa�e�11.9-10?; �sa�e�2.2-4). Le proph�te contemple tout cet avenir comme dans un tableau?: tous les ch�timents se concentrent pour lui dans un seul, celui de la captivit�?; toutes les d�livrances dans une seule, le retour de Babylone?; il voit donc celui-ci aboutir directement � la manifestation supr�me de Dieu.

Toute chair ensemble, c�est-�-dire toute chair sans exception, mais non pas en m�me temps.

La formule?: La bouche de l��ternel a parl�, se retrouve �sa�e�1.20 et �sa�e�58.14?; Dieu lui-m�me atteste que ce qu�il a promis, il le tiendra certainement.

Verset 6

�sa�e, dans la seconde partie de la vision, qui commence � ce verset, entend deux voix, dont l�une r�pond � l�autre. La premi�re est sans doute, comme au verset 3, celle de Dieu?; la seconde est celle des proph�tes qui sont charg�s de transmettre � la terre les paroles du ciel. La premi�re repr�sente la r�v�lation, la seconde la pr�dication. Comme J�sus (Jean�5.30) un proph�te ne dit que ce qu�il entend. Les versets 6 � 8 expriment par une image l�id�e de la fragilit� de toute beaut� et de toute gloire humaines?; la gloire humaine p�rit, aussi promptement que la fleur se fane, quand celle de Dieu para�t. M�me image appliqu�e � la chute de Samarie �sa�e�28.1-4. Le mot toute chair rappelle, le terme semblable dans le verset pr�c�dent.

Verset 7

Le souffle de l��ternel est ici le symbole de sa col�re et de son jugement, qui an�antit toute puissance terrestre pour r�aliser ses desseins (l�image est parall�le � celle de l�abaissement des montagnes, verset 4).

Verset 8

En pr�sence du caract�re �ph�m�re de toute grandeur humaine, le proph�te affirme l�in�branlable certitude des promesses divines, qui garantissent la restauration d�Isra�l et son salut final.

Verset 9

Apr�s avoir invit� les proph�tes � proclamer le ch�timent des orgueilleux (versets 6 � 8), la voix les appelle � annoncer la d�livrance � J�rusalem et aux villes de Juda. Comparez �sa�e�41.27?; �sa�e�52.7-8.

On traduit ordinairement?: Sion�, J�rusalem, qui annonces de bonnes nouvelles� J�rusalem devrait annoncer le salut au reste de la Terre Sainte. Mais c�est � J�rusalem, aussi bien qu�aux autres villes en ruines, que la bonne nouvelle doit �tre apport�e?; voyez versets 1 et 2 et les passages parall�les au n�tre �sa�e�52.7?; �sa�e�62.11. La traduction que nous avons adopt�e est donc pr�f�rable?; elle est d�ailleurs plus conforme que l�autre au g�nie de la langue h�bra�que.

Verset 10

L��uvre de Dieu est pr�sent�e, comme dans tous les passages qui d�crivent l�apparition du Messie, sous deux aspects?: le jugement d�un c�t�, le salut de l�autre (comparez Malachie�4.1-2). Il abaisse l�homme puissant (verset 10) et soutient les faibles, m�me les plus faibles (les agneaux et leurs m�res, verset 11). Le salaire se rapporte � ce qui pr�c�de (verset 10), la r�compense � ce qui suit (verset 11).

Le Seigneur, l��ternel?: le souverain de l�univers, qui est en m�me temps J�hova, le Dieu national d�Isra�l.

Verset 11

Il porte les agneaux dans son sein, c�est-�-dire dans les larges plis de son v�tement. Pour les m�nagements envers les brebis qui allaitent, comparez Gen�se�33.13.

Verset 12

La certitude du salut, fond�e sur la grandeur de Dieu et le n�ant des idoles. Ce morceau est destin� � r�pondre � un doute qui pouvait s��lever dans le c�ur d�Isra�l captif, � la vue de sa faiblesse compar�e � la puissance de ses oppresseurs?: L��ternel nous rel�verait-il, lui qui n�a pas pu nous maintenir, lorsque nous �tions debout?? Le proph�te y r�pond par la d�monstration de la grandeur incomparable de Dieu.

L�id�e est?: C�est l� ce que Dieu seul a pu faire (�sa�e�48.13)?; l��uvre de Dieu dans la cr�ation d�passe absolument la compr�hension de l�homme (Job�28.2-6).

Crochet, balance?: les deux esp�ces de balance, celle que nous appelons romaine et celle � deux plateaux.

Verset 13

Mesur� l�esprit� c�est-�-dire, sond�, compris les pens�es de Dieu.

Verset 15

La goutte qui n�est pas m�me assez pesante pour se d�tacher du seau, la poussi�re qui ne change en rien le poids de la balance, ou qui flotte en l�air, trop l�g�re pour tomber, voil� l�image de ce qu�est l�humanit� devant Dieu.

Les �les?: expression souvent employ�e dans les chapitres suivants pour d�signer les peuples qui habitent les bords de la M�diterrann�e (�sa�e�11.11, note).

Verset 16

Le sacrifice le plus colossal serait encore indigne de Dieu.

Verset 17

Reproduction sans image de l�id�e du verset 15.

Verset 18

Conclusion de tout ce que le proph�te vient de dire de la grandeur de Dieu et transition � ce qui suit sur l�absurdit� de l�idol�trie. Dieu n�ayant pas d��gal sur la terre, aucune cr�ature ne peut lui servir d�image. Principe fondamental du mosa�sme (Exode�15.11?; Exode�20.3-4).

Verset 19

Description ironique de la fabrication des idoles (19-20)

Celui qui ne peut ou ne veut pas se payer un dieu de m�tal (verset 19), s�en fait tailler un dans un morceau de bois qu�il a �t� ramasser dans la for�t et qui ne lui co�te rien (verset 20). Comparez la description plus compl�te �sa�e�44.12-20.

Verset 21

Apostrophe � Isra�l, toujours enclin � se livrer � l�idol�trie?: lui qui a re�u l�enseignement divin, transmis, depuis Mo�se (d�s le commencement), de g�n�ration en g�n�ration, pourrait-il ignorer comment la terre a �t� cr��e et par cons�quent h�siter entre J�hova et les faux dieux??

Verset 22

L�id�e exprim�e dans les versets 22 � 24 est analogue � celle du passage versets 12 � 17?; mais elle n�en est pas la simple r�p�tition?: l�, c��tait la grandeur infinie du Cr�ateur, contrastant avec la petitesse de tout ce qui est cr��?; ici, c�est la souverainet� absolue du Ma�tre et du Juge de l�univers, contrastant avec la faiblesse de tous les �tres qui le peuplent. Ce d�veloppement aboutit verset 25 � la conclusion d�j� �nonc�e verset 18 et qui est comme le refrain de cet hymne � la gloire de J�hova.

Le Seigneur est repr�sent� non plus comme �lev� au-dessus de l�univers (versets 12 � 17), mais comme y habitant ainsi que dans une tente dont les cieux seraient la couverture et la terre le sol. Les hommes n�ont pas plus de force pour lui r�sister que les sauterelles n�en ont pour r�sister au pied de l�homme qui les �crase. Comparez Nombres�13.34.

Verset 23

Cela est vrai m�me des plus puissants, qui sont emport�s comme l�arbre arrach� par l�ouragan. Comparez Job�12.17-25.

Verset 26

Le proph�te reprend une troisi�me et derni�re fois sa d�monstration de la grandeur incomparable de Dieu?: que l�homme l�ve seulement ses regards vers le ciel et il y verra les astres qui, semblables � une arm�e bien rang�e, marchent � son commandement dans l�ordre le plus parfait (�sa�e�1.9, note?; Psaumes�147.4).

Verset 27

C�est ici l�application de la d�monstration pr�c�dente?: qu�Isra�l se rappelle ce qu�est son Dieu (versets 12 � 26) et il triomphera de tout doute et de tout d�couragement.

Le Dieu qui tient en sa main l�univers, ne saurait ignorer les tribulations de son peuple, comme se le persuade souvent celui-ci dans son incr�dulit�. Qu�Isra�l ne dise donc pas?: Il ne s�occupe pas de ma cause?! Comparez �sa�e�49.14-15.

Verset 28

Son peuple n�a-t-il donc pas d�j� fait l�exp�rience que rien n�est trop �loign� ou trop difficile pour son pouvoir ou son intelligence??

J�hova est un Dieu �ternel. Nous conservons ici dans la traduction le mot h�breu J�hova (rendu d�habitude par l��ternel), pour �viter la r�p�tition de ce dernier mot. J�hova est le nom propre du Dieu d�Isra�l, en opposition aux dieux des autres peuples.

Verset 29

Lui, sans qui le plus fort se lasse et par qui le plus faible se rel�ve sans cesse avec des forces nouvelles, comment laisserait-il succomber son peuple??

Ils �l�veront leur vol comme les aigles. Ostervald traduit?: Les ailes leur reviennent comme aux aigles. Cette traduction, qui renfermerait une allusion � l�id�e qu�avaient les anciens du rajeunissement annuel du corps de l�aigle, n�est pas impossible?; mais celle que nous avons donn�e parait rendre plus exactement le sens de l�h�breu.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 40". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/isaiah-40.html.
 
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