Bible Commentaries
Ésaïe 49

La gloire du serviteur de l��ternel (chapitres 49 � 57)

Avec le chapitre 49 commence un nouveau cycle de proph�ties. La controverse avec les idol�tres est termin�e. Le proph�te a suffisamment montr� que. J�hova est le seul Dieu et il n�y revient pas. Cette le�on, les Juifs, de retour de Babylone, l�ont comprise. Mais il en est une autre qu�Isra�l doit recevoir et qui va faire l�objet des proph�ties du second cycle. Dans le premier, la figure principale �tait Cyrus, qui n�est serviteur de Dieu que dans un sens secondaire. Dans le second, c�est le serviteur par excellence, le Messie, qui forme le centre du tableau. Les discours pr�c�dents ont d�j� fait pressentir que le salut promis ne se bornera pas au retour d�Isra�l, op�r� par l�intervention de Cyrus, mais qu�il comprendra une d�livrance plus grande encore et dont les effets s��tendront � la terre enti�re. C�est � cette id�e que se rattachent les discours qui suivent et dont le point culminant est le tableau des souffrances et de la gloire du serviteur de Dieu. Ce serviteur para�t d�s le d�but de cette partie et la proph�tie d�clare � l�instant m�me que sa mission �chouera, du moins temporairement, aupr�s d�Isra�l. Ce peuple le rejettera. De l�, d�une part, les souffrances qui consumeront le serviteur de l��ternel, et, de l�autre, l�extension de son �uvre aux pa�ens, qui lui seront donn�s, comme d�dommagement, pour son insucc�s aupr�s de son peuple. Avec les morceaux qui d�peignent en traits de plus en plus pr�cis la personne du serviteur (�sa�e�49.1-13?; �sa�e�50.4-11?; �sa�e�52.13 � 53.12), en alternent d�autres, remplis de consolations et d�avertissements � l�adresse d�Isra�l (�sa�e�49.14 � �sa�e�50.3?; �sa�e�51.1-8?; �sa�e�51.9 � �sa�e�52.12?; chapitres 54 et suivants). � partir du chapitre 53, le nom du serviteur de l��ternel n�est plus prononc� et ce sont les morceaux de la seconde cat�gorie qui dominent.

Versets 49.1 � 50.3 � Le serviteur de l��ternel et le r�tablissement de Sion

Ce morceau a, comme le chapitre 40 dans le groupe pr�c�dent, une port�e tout � fait g�n�rale?: c�est le discours d�ouverture du second cycle. Le serviteur de l��ternel se pr�sente et parle de sa mission, des obstacles qu�il rencontre et des promesses divines qui le fortifient?; le proph�te lui r�pond en confirmant ces paroles de la part de Dieu (versets 1 � 13). Au verset 14 il commence la seconde partie du discours, dont le sujet est le r�tablissement de Sion. L��ternel raffermit ici la foi d�faillante de son peuple, en l�assurant de l�immuable fid�lit� de sa gr�ce (�sa�e�49.14 � 50.3).

Le serviteur de l��ternel et sa mission (1-13)

La premi�re personne employ�e dans ce passage (�coutez-moi, ma bouche, etc�) a fait penser � plusieurs que c��tait ici le proph�te qui parlait de lui-m�me. Mais le nom d�Isra�l, donn� � celui qui parle (voir verset 3), ne saurait convenir a un simple proph�te?; encore moins le salut universel pourrait-il �tre attribu� � �sa�e ou � un proph�te quelconque (voir versets 5 et 6). Du nom d�Isra�l, verset 3, d�autres concluent que le serviteur qui parle ici est, comme dans d�autres passages, le peuple d�Isra�l, en particulier la partie la plus pieuse, l��lite du peuple. Mais aux versets 4 et 5 le serviteur dit qu�il s�efforce inutilement de rassembler le peuple?; au verset 6, Dieu lui parle de sa mission qui consiste � r�tablir les tribus de Jacob?; au verset 8, il l�appelle l�alliance (le m�diateur) du peuple. Isra�l devrait-il donc se rassembler lui-m�me, devenir son propre m�diateur?? Toutes ces expressions ne peuvent pas davantage s�appliquer � l��lite du peuple, � qui n�est jamais attribu�e une mission semblable par rapport au reste de la nation. D�ailleurs le verset 9 exclut cette supposition?; car l��lite d�Isra�l fait �videmment partie de ceux auxquels s�adresse le serviteur, quand il dit au peuple?: Sortez?! Le personnage qui parle dans les sept premiers versets ne peut donc �tre autre que celui que nous connaissons d�j� par le passage �sa�e�42.1-7 et que nous retrouverons �sa�e�50.4-11 et enfin au chapitre 53?: le Messie.

C�est aux �les, c�est-�-dire aux peuples pa�ens, qu�il s�adresse?; car la r�demption qu�il doit op�rer et qui est le sujet des discours suivants n�est pas destin�e � un peuple seulement, comme la d�livrance de la captivit�, mais � la terre enti�re. Plusieurs passages comme �sa�e�42.4?; �sa�e�42.6?; �sa�e�42.10-12, avaient d�j� annonc� la destination universelle du salut apport� par le Messie.

L��ternel m�a appel� � m�a donn� mon nom?: avant qu�il f�t n�, il �tait d�j� l�objet d�une �lection sp�ciale de la part de Dieu?; cela est dit aussi de plusieurs simples serviteurs de Dieu, comme J�r�mie, saint Paul (J�r�mie�1.5?; Galates�1.15).

Sa bouche, est semblable � une �p�e, sa personne � une fl�che?: ces images indiquent la puissance p�n�trante de sa parole, capable � la fois de juger et de consoler (H�breux�4.12?; Apocalypse�1.16)?; c�est l� sa seule arme dans le combat qu�il a � soutenir.

L�ombre de sa main�, son carquois?: embl�mes de la protection dont le serviteur jouira de la part de Dieu.

La traduction d�Ostervald et de Martin?: Isra�l est celui en qui je me glorifierai par toi, ne peut se justifier grammaticalement.

Isra�l n�est point employ� ici comme nom de la nation, mais comme nom personnel du patriarche Jacob. Le Messie est appel� ailleurs un nouveau David (par exemple J�r�mie�30.9), parce qu�il doit relever la royaut� isra�lite?; ailleurs encore, le second Adam (1�Corinthiens�15.45), en tant qu�il est l�auteur d�une humanit� nouvelle. De m�me, il est pr�sent� ici comme le second Jacob, dont proc�de le nouvel Isra�l spirituel.

Ce nom d�Isra�l �tait le titre d�honneur donn� autrefois au patriarche par Dieu lui-m�me, � la suite de sa lutte avec l�Ange de l��ternel (Gen�se�32.28)?; le sens qu�il exprime convient bien � la mission du serviteur, telle qu�elle est ici d�peinte.

Le serviteur ne dit pas de qui proviennent les obstacles qu�il rencontre dans l�accomplissement de sa mission. Mais il r�sulte des versets 5, 6, 8, que c�est aupr�s d�Isra�l qu�il doit tout d�abord exercer son minist�re. C�est donc certainement de ce peuple que vient l�opposition dont il parle ici. L�incr�dulit� d�Isra�l envers la personne du Messie est annonc�e dans plusieurs autres passages de cette partie (voyez �sa�e�50.6-10?; chapitre 53?; comparez aussi Zacharie�12.10). Aucun �v�nement cependant, au point de vue des promesses divines et des pr�visions humaines, ne devait para�tre plus invraisemblable que ce rejet du Messie par son propre peuple.

Repouss�, le serviteur se fortifie dans sa foi?; il sait que son droit messianique, m�connu d�Isra�l, n�en subsiste pas moins aupr�s de Dieu et il attend avec confiance la r�compense de son fid�le travail, des mains de celui pour qui il l�a accompli (comparez verset 5 et �sa�e�50.8). On croit entendre ici quelque chose des entretiens de J�sus avec son P�re, pendant ses longues nuits de veille et de pri�res (Luc�6.12?; Luc�9.28 etc.).

Et maintenant� L��ternel r�pond � l�acte de foi que vient d�accomplir le serviteur en l�assurant de succ�s bien plus grands que ceux qu�il e�t pu obtenir en Isra�l (voyez verset 6).

La mission du Messie aupr�s d�Isra�l e�t �t� d�achever l��uvre commenc�e par le retour (partiel) de l�exil, en ramenant ce peuple � Dieu et en op�rant le r�tablissement complet et glorieux qui lui est promis dans tant de passages. Ce rassemblement final de tout Isra�l par le Messie appara�t ici aux regards du proph�te comme le couronnement de l��uvre si merveilleusement inaugur�e par Cyrus (comparez versets 8 � 12).

Le Messie raconte la r�ponse qu�il vient de recevoir de l��ternel?: sa t�che aupr�s d�Isra�l n�est que la moindre partie de sa mission. Si elle �choue, l��uvre qui lui est confi�e n�en subsiste pas moins. Car il a de plus grandes choses � accomplir envers le monde. Les Gentils vont s�ouvrir au salut qu�il leur apporte.

La lumi�re des nations?: voir �sa�e�42.6 et le cantique de Sim�on (Luc�2.32).

� un moment donn�, Paul et Barnabas (� Antioche de Pisidie) justifient par cette parole la d�termination qu�ils prennent d�abandonner les Juifs incr�dules pour se tourner vers les pa�ens (Actes�13.46-47).

C�est le proph�te qui prend maintenant la parole et proclame les promesses qui garantissent le succ�s de l��uvre du serviteur (versets 7 � 13).

� celui qui est m�pris� Comparez �sa�e�50.6-7?; �sa�e�52.14?; �sa�e�53.1-12 et le tableau du juste humili� Psaumes�22.6-7.

Le verront� lorsque Dieu l�aura glorifi�?; comparez �sa�e�52.13?; �sa�e�52.15?; �sa�e�11.10.

� cause de l��ternel?: � la vue des marques �videntes que Dieu lui aura donn�es de sa faveur.

Comparez 2�Corinthiens�6.2.

Sauv�, le serviteur devient Sauveur.

L�alliance du peuple?: voir la note �sa�e�42.6.

Partager les h�ritages�?: le pays de Canaan, d�vast� par les pa�ens. Le Messie appara�t ici comme un nouveau Josu� (Josu�13.7-8).

Comparez les m�mes images destin�es � peindre la mis�re d�Isra�l dispers�, �sa�e�42.22.

Ils pa�tront� L�image d�un troupeau continue au verset 10?; voir �sa�e�40.11.

Ce tableau des b�n�dictions d�Isra�l restaur� en rappelle un grand nombre d�autres du m�me proph�te (�sa�e�35.5-10?; �sa�e�41.17-19?; �sa�e�42.16?; �sa�e�43.19-30?; comparez Apocalypse�7.16-17?; Psaumes�121.6).

Le mirage (�sa�e�35.7, note) n�est pas mentionn� ici, comme au chapitre 35, sous le rapport de la d�ception qui en r�sulte. Il s�agit de la r�verb�ration malfaisante et parfois mortelle, dans les climats chauds, des rayons solaires.

Le proph�te voit revenir de tous c�t�s les exil�s. Il est �vident qu�il ne s�agit pas seulement du retour de Babylone, mais de la restauration finale du peuple juif tout entier. Comparez �sa�e�43.5-6.

Le pays des Siniens?: probablement la Chine (Tsin), qui repr�senterait ici l�extr�me Orient. Les Babyloniens et les Ph�niciens ont eu d�s les temps les plus anciens des relations de commerce avec l�Inde?; le nom et les produits de la Chine ont pu parvenir par cette voie de tr�s bonne heure � Babylone et en Palestine. �sa�e voit des Isra�lites exil�s jusques dans ces contr�es lointaines. Il y a eu en effet une �migration juive en Chine, qui a commenc� avant l��re chr�tienne.

Comparez l�hymne pareil �sa�e�44.23.

Versets 49.14 � 50.3

Apr�s avoir d�peint la personne et l��uvre de celui qui doit rassembler Isra�l, le proph�te reporte sp�cialement sa pens�e sur le peuple, objet de cette �uvre. Il contemple Sion dans le plus profond abaissement, doutant m�me de son Dieu et il lui promet un salut dont elle-m�me s��tonnera (versets 14 � 21). Il le lui garantit par trois paroles divines (versets 22 et 25 et �sa�e�50.1).

Sion est compar�e � une femme abandonn�e par son mari (�sa�e�50.1?; �sa�e�54.5-6). Comparez la plainte d�Isra�l �sa�e�40.27.

L�amour d�une m�re quoiqu��tant le sentiment le plus instinctif et le plus fort, peut se trouver en d�faut?; mais non celui de l��ternel pour son peuple. Comparez �sa�e�66.13 o� l�amour de Dieu est aussi compar� � l�amour maternel.

Je t�ai grav�e sur la paume des mains?: cette image est emprunt�e � l�usage de se marquer la main d�un nom on d�un signe qui rappelle ce qu�on aime (�sa�e�44.5).

Tableau de la restauration dont la sollicitude de Dieu pour Sion (verset 16) est le gage.

Comparez �sa�e�60.4. Ce qui est promis ici est tellement merveilleux, que Dieu confirme la promesse par un serment (voir � �sa�e�45.23).

Sion avait perdu (par l�exil) tous ses fils?; n�ayant as eu d�enfants pendant son veuvage, elle ne peut comprendre d�o� lui vient cette multitude de fils. Ces fils ne sont pas des isra�lites seulement. Comment seraient-ils si nombreux que la Palestine f�t trop �troite pour les recevoir?? Ce sont aussi les pa�ens convertis, qui, selon l�intuition constante de l�Ancien Testament, sont envisag�s comme incorpor�s � la nation juive. On comprend que Sion ignore elle-m�me comment ils lui ont �t� enfant�s. Ils l�ont �t� sans sa participation, pendant qu�elle �tait s�par�e de son Dieu (son mari) par le rejet du Messie. Comparez �sa�e�66.7-8 une image dont le sens a quelque analogie avec celui de notre passage (Sion enfantant sans avoir �t� en travail).

R�ponse � la question du verset 21?: L��ternel a le pouvoir aussi bien que le droit de racheter son peuple (�sa�e�49.22 � 50.3).

Comparez �sa�e�14.2?: Les peuples les prendront et les ram�neront dans leur pays. Les peuples pa�ens prendront une part active et joyeuse � ce rassemblement final du peuple de Dieu. Les deux images?: faire signe de la main et dresser un �tendard, sont famili�res � �sa�e (�sa�e�13.2?; �sa�e�5.26?; �sa�e�11.12?; �sa�e�62.10, etc.).

Isra�l sera trait� comme le serviteur m�me de l��ternel (verset 7). Il partagera sa gloire comme il a �t� associ� � son abaissement (comparez �sa�e�45.14). Toute la puissance et toutes les richesses de ce monde doivent un jour �tre mises au service de Dieu, de son r�gne et de son peuple (comparez �sa�e�23.18?; �sa�e�60.1-22).

Expression d�un doute?: Isra�l pourra-t-il r�ellement �tre arrach� � ses oppresseurs?? J�sus fait probablement allusion � ce passage d��sa�e, quand il parle de l�homme fort auquel son butin est enlev� par l�homme plus fort (Luc�11.21).

Oui, r�pond l��ternel et m�me sans qu�Isra�l ait besoin d�y mettre lui-m�me la main. Car ses ennemis se d�chireront entre eux et s��puiseront eux-m�mes par des r�volutions et des guerres intestines (comparez �sa�e�9.19-20). Ce jugement n�est pas encore accompli, pas plus que le r�tablissement complet d�Isra�l qu�il doit pr�c�der.

�sa�e proclame, en terminant, le but de toutes ces dispensations de Dieu envers son peuple?: l�adoration du Puissant de Jacob par toute chair (�sa�e�40.5?; �sa�e�45.23).

Sur les proph�ties du r�tablissement final d�Isra�l et leur rapport � l��glise, voir la conclusion, � la fin du livre.