Bible Commentaries
Ésaïe 6

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-13

Verset 1

La vocation du proph�te (1-13)

�sa�e contemple la gloire de Dieu (versets 1 � 4)?; ce spectacle le remplit d�effroi � cause de son �tat de p�ch� (verset 5)?; mais apr�s avoir �t� purifi� par l�intervention d�un s�raphin (versets 6 et 7), il se pr�sente lui-m�me pour recevoir le redoutable mandat de proph�te de l��ternel aupr�s du peuple d�Isra�l (versets 8 � 13).

Sur la place qu�occupe ce morceau dans le livre d��sa�e, voir l�introduction.

La vision racont�e dans ce chapitre est la seule qui soit mentionn�e dans le livre d��sa�e. On ne saurait douter que cette sc�ne ne soit l�occasion solennelle o� �sa�e fut appel� au minist�re proph�tique. Ce fait eut lieu l�ann�e de la mort d�Ozias (758 avant J�sus-Christ), c�est-�-dire dans les mois qui pr�c�d�rent la mort du roi. Sinon le proph�te e�t dit?: la premi�re ann�e de Jotham. Cette date concorde avec la notice �sa�e�1.1.

Le Seigneur (Adona�). Ce nom exprime mieux que tout autre la majest� du Cr�ateur et Ma�tre de toutes choses (le Roi, verset 5).

Dieu appara�t � �sa�e sous une forme humaine, si�geant sur un tr�ne �lev�, comme un monarque oriental entour� de sa cour. C�est ainsi qu�il appara�t �galement dans la vision de Mich�e (1�Rois�22.19). Le tr�ne est dress� dans le palais divin, le temple?; il occupe le Lieu tr�s saint. Les pans du v�tement royal du Seigneur remplissent tout l�espace du Lieu saint, � l�entr�e duquel se tient le proph�te. �sa�e ne d�crit pas la face de Dieu, qui sans doute lui demeure invisible. Le temple, o� il se voit transport�, est ou celui de J�rusalem, ou plus probablement le sanctuaire c�leste, dans lequel la gloire de Dieu est l�objet de l�adoration des cr�atures les plus �lev�es (Psaumes�11.1?; �sa�e�57.15).

Saint Jean (Jean�12.41) rapporte � Christ l�apparition ici d�crite, de m�me que Paul lui attribue les miracles du d�sert (1�Corinthiens�10.4) et Pierre l�inspiration des proph�tes (1�Pierre�1.11).

Verset 2

Ce passage est le seul o� la Bible parle des s�raphins. Il faut, sans doute, les distinguer des ch�rubins, mentionn�s Gen�se�3.21?; �z�chiel 1 et ailleurs. Ceux-ci sont des �tres � quatre faces, qui ont pour fonction de porter le tr�ne de Dieu, tandis que les s�raphins entourent le tr�ne et proclament la gloire du Souverain. Comparez les quatre vivants, Apocalypse�4.6 et suivants, dans la description desquels sont combin�s les traits que l�Ancien Testament r�partit entre les ch�rubins et les s�raphins. D�apr�s l��tymologie la plus probable, le nom de ces derniers vient d�un verbe h�breu qui signifie consumer et peut se traduire par?: les br�lants. C�est le m�me mot qui est employ� Nombres 21 et ailleurs pour d�signer une esp�ce de serpents venimeux. Plusieurs interpr�tes en concluent que les s�raphins sont des figures symboliques � t�tes de serpent. Mais il est inadmissible que la figure de cet animal qui appara�t toujours dans l�Ancien Testament comme un �tre malfaisant et auquel on rendait un culte dans les religions pa�ennes, se trouve ici dans le voisinage imm�diat de J�hova. Rien d�ailleurs, dans la description ne rappelle la forme du serpent. Les s�raphins ont des mains et des pieds, ce qui suppose la forme humaine (versets 2 et 6). Ils sont probablement appel�s les br�lants parce qu�ils sont les repr�sentants de la saintet� divine et que leur office est de consumer le p�ch�, afin que gr�ce puisse �tre faite au p�cheur (verset 7). Les ch�rubins sont aussi les repr�sentants de la saintet�, mais plut�t sous l�aspect de la col�re qui consume le p�cheur lui-m�me (Gen�se�3.24?; �z�chiel�10.2?; �z�chiel�10.6). Du reste, le feu accompagne habituellement dans l��criture l�apparition de Dieu ou des �tres c�lestes (Exode�3.2?; Exode�19.18?; 2�Rois�6.17?; �z�chiel�1.4?; Apocalypse�1.14-16, etc.).

Six ailes?: deux pour voiler leur visage?; car, pas plus que l�homme, ils ne pourraient soutenir l��clat de la face de Dieu (Exode�3.6?; Exode�33.20?; 1�Rois�19.13)?; deux pour couvrir leurs pieds?: cette expression d�signe toute la partie inf�rieure de leur corps, qu�ils voilent, par respect, devant Dieu?; deux enfin pour voler?: car ils se soutiennent en l�air, des deux c�t�s du tr�ne, ce qui explique pourquoi ils se trouvent au-dessus de celui qui est assis, bien que le tr�ne soit tr�s �lev� (verset 1).

Verset 3

Les s�raphins sont divis�s en deux ch�urs qui s�entre-r�pondent. �sa�e conserva toute sa vie une impression ineffa�able de la saintet� divine, proclam�e dans leur cantique?; et cette exp�rience explique pourquoi cette saintet� forme l�id�e centrale de sa proph�tie (�sa�e�1.4, note et introduction). Le mot saint signifie proprement s�par�, mis � part. Appliqu� � Dieu, il exprime son absolue majest� qui le s�pare de toute cr�ature, sa dignit� souveraine, sa perfection inalt�rable. Appliqu� aux cr�atures, il d�signe les �tres ou les objets mis � part pour un but religieux, c�est-�-dire consacr�s?; saint est oppos� � ordinaire ou profane plut�t encore qu�� souill�. Mais l�id�e de la bont� morale, de la parfaite puret�, de l��loignement de toute souillure, que nous exprimons par le mot saint, d�coule naturellement du sens primitif?: s�par�. Dans le cantique des s�raphins, l�id�e qui domine est, sans doute, celle de la grandeur souveraine de Dieu. La triple r�p�tition du mot saint, dans laquelle on a vu, � tort, une allusion au myst�re de la Trinit�, est destin�e � exprimer, mieux que ne le ferait la simple affirmation, le caract�re absolu de cet attribut divin?; trois est le symbole de la pl�nitude, de la perfection.

La gloire de Dieu est le rayonnement ext�rieur et visible de ses perfections?; elle remplit toute la terre, parce que tout ici-bas, m�me l��tre le plus infime, la manifeste (Romains�1.20-21).

Verset 4

La fum�e qui remplit la maison est celle du parfum offert sur l�autel (verset 6). Dans le temple de J�rusalem on br�lait journellement l�encens sur l�autel d�or du Lieu saint. Cet encens symbolisait l�adoration et la pri�re (Psaumes�141.2?; Luc�1.10). C�est pourquoi la fum�e s��l�ve avec la voix des s�raphins.

Verset 5

La saintet� de Dieu doit faire trembler toute cr�ature?; mais l��tre souill� doit se sentir perdu en sa pr�sence. Jacob (Gen�se�28.17), G�d�on (Juges�6.22), Manoah (Juges�13.22), �z�chiel (�z�chiel�1.28), Zacharie (Luc�1.12), Pierre (Luc�5.8-9), Jean (Apocalypse�1.17), �prouvent cette frayeur quand ils se voient en face de quelque manifestation directe de l��tre divin. Comparez l�expression la frayeur d�Isaac, Gen�se�31.42?; Gen�se�31.53.

C�est la souillure de ses l�vres qu��sa�e confesse?: il vient d�entendre la louange de Dieu sortir de bouches pures et il ne se sent pas digne de s�associer � de tels chants (Exode�6.12).

Au milieu d�un peuple� � sa souillure personnelle s�ajoute celle qu�il contracte chaque jour en vivant en contact avec le peuple impur dont il fait partie.

Verset 6

Le charbon ardent est l�embl�me de la gr�ce divine, qui enl�ve et pardonne le p�ch� d�s qu�il a �t� confess�. Le feu br�le sur l�autel?; c�est donc un feu sacr�, car il �tait interdit d�apporter � l�autel un feu �tranger. Cela signifie que Dieu lui-m�me est l�auteur de la purification. Par cet acte de gr�ce, �sa�e est s�par� du reste du peuple pour devenir l�homme de Dieu (Reuss) et sa personne enti�re consacr�e au service du Seigneur.

Verset 7

Sa bouche est l�objet sp�cial de la purification, parce qu�elle devra �tre l�organe de la Parole sainte qui va lui �tre confi�e. Comparez J�r�mie�1.9.

Verset 8

Qui ira pour nous?? Dieu demande un volontaire pour son service (comparez 1�Rois�22.20). Le pluriel nous (comparez Gen�se�1.26) est employ� parce que le Seigneur parle en son nom et en celui des s�raphins qui forment, comme son conseil (Daniel�4.17?; comparez 1�Rois�22.19-22).

Verset 9

Ce peuple?: expression s�v�re. Isra�l n�est plus � cette heure le peuple que l��ternel appelait autrefois mon peuple. L��tat moral de la masse de la nation, au temps d��sa�e, �tait d�j� tel, que l�on pouvait juger qu�Isra�l ne se convertirait point � la voix du proph�te. Il ne restait donc plus qu�� le faire m�rir pour le jugement qui, en le purifiant, devait �tre le moyen du salut de la minorit� fid�le. C�est sur celle-ci seule que reposait d�sormais l�espoir de l�accomplissement des promesses divines. Dieu ne se propose jamais pour but de perdre le p�cheur?; mais celui qui repousse opini�trement ses appels, ne peut le faire impun�ment. Apr�s s��tre endurci lui-m�me, il est en retour endurci par Dieu, afin que, par l��clat de sa r�sistance et de sa ruine, il glorifie celui auquel il n�a pas voulu rendre hommage par son ob�issance et concoure du moins ainsi au salut d�autres cr�atures. Telle a �t� l�histoire de Pharaon (Exode 5 � 14?; comparez Romains�9.17-22)?; telle sera celle d�Isra�l (Jean�12.37-40?; Actes�28.25-27?; Romains�11.7-10).

Entendez, voyez?! La location h�bra�que signifie?: Entendez et entendez encore?! Voyez et voyez encore?! Tout cela restera vain?!

Verset 11

Jusques � quand� se prolongera ce ch�timent?? Ces mots sont une pri�re. Appel� � �tre le repr�sentant inflexible de la saintet� divine au milieu d�Isra�l, �sa�e n�en a pas moins compassion de son peuple, et, comme tant de fois Mo�se, il se fait son intercesseur. Le sens de la r�ponse divine est?: jusqu�� ce que l�endurcissement du peuple ait amen�, comme sa punition m�rit�e, la d�vastation compl�te du pays.

Verset 13

�sa�e ditingue express�ment deux jugements successifs. Le premier �pargnera un dixi�me du peuple?; l��puration n��tant pas assez compl�te, ce dixi�me devra �tre remis dans le creuset d�un nouveau ch�timent. Toutefois, comme d�un ch�ne coup� il reste un tronc qui, quoique mort en apparence, poss�de toujours la vigueur n�cessaire pour produire de nouveaux jets, de m�me, dans ce peuple, qui semble an�anti par ces terribles jugements, se maintiendra un reste qui deviendra la semence sainte d�un Isra�l renouvel�. Dans ce peu de mots, �sa�e r�sume toute l�histoire d�Isra�l jusqu�� la fin des temps. En vertu des promesses divines, ce peuple ne peut p�rir?; il est indestructible, comme l�histoire le prouve. Mais la masse de la nation n�en est pas moins vou�e � la destruction?: elle marche � grands pas et sans s�en douter (�sa�e�5.13), au devant de l�in�vitable ch�timent, auquel les individus peuvent seuls �chapper encore, s�ils le veulent bien. Le salut ne sera le partage que du reste purifi� qui sortira d�une s�rie de jugements de plus en plus s�v�res (�sa�e�4.2-3). Cette vue profonde de l��tat moral et de l�avenir d�Isra�l, qu��sa�e avait re�ue, de la bouche de Dieu m�me, au d�but de son minist�re, explique seule et la s�v�rit� des reproches qu�il adresse � son peuple et la foi in�branlable qu�il conserve en ses destin�es glorieuses. Il sait que son travail, st�rile pour le pr�sent, est destin� � pr�parer ce r�sidu fid�le qui deviendra le germe de l�Isra�l selon l�Esprit.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 6". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/isaiah-6.html.