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Saturday, September 28th, 2024
the Week of Proper 20 / Ordinary 25
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 1". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/john-1.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 1". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/
versets 1-51
Plan du commentaire biblique de Jean 1
La Parole dans ses rapports avec Dieu et avec le monde
� l�origine de toutes choses la Parole existait, elle �tait en relation vivante avec Dieu et elle �tait Dieu. C�est par elle que toutes choses existent�; en elle �tait la vie, cette vie qui est la lumi�re des hommes�; mais l�humanit� rebelle repousse cette lumi�re (1-5).
La Parole repouss�e par l�incr�dulit� et re�ue par la foi
Bien qu�elle f�t pr�c�d�e du t�moignage de Jean-Baptiste, qu�il y e�t une relation naturelle entre elle et tout homme, que le monde e�t �t� fait par elle et qu�elle v�nt chez le peuple qui avait �t� pr�par� comme son chez-soi, elle n�a obtenu ni du monde ni de ce peuple l�accueil auquel on pouvait s�attendre. Mais � ceux qui l�ont re�ue, elle a donn� de devenir enfants de Dieu, � ceux qui sont n�s, non de la chair, mais de Dieu (6-13).
La Parole faite chair, objet de l�exp�rience du croyant
La Parole a �t� faite chair et a habit� parmi nous, pleine de gr�ce et de v�rit�; l��vang�liste et les croyants ses contemporains ont contempl� sa gloire de Fils unique venu du P�re�; Jean-Baptiste le leur a attest�; et l��vang�liste �num�re tout ce qu�ils ont re�u de J�sus-Christ, le Fils unique en qui Dieu s�est r�v�l� (14-18).
Verset 1
Prologue
Versets 1 � 18 � La Parole
Tandis que les autres �vang�listes commencent leur narration avec la venue de J�sus-Christ en ce monde, ou son entr�e dans son minist�re, Jean remonte, d�un vol d�aigle, au-del� du temps, pour saisir le Sauveur dans son �ternelle pr�existence, puis il nous montre en J�sus de Nazareth la Parole faite chair (verset 14). C�est le sujet du �?prologue?� de son �vangile (versets 1-18).
Ce morceau se divise naturellement en trois parties?: Dans la premi�re (versets 1-5), l�auteur, s��levant � l�origine de toutes choses, nous pr�sente la Parole en elle-m�me et dans sa relation primordiale avec Dieu?; puis il nous d�crit ses rapports avec le monde en g�n�ral et son action sur l�humanit� rebelle.
Dans la seconde partie (versets 6-13), l�auteur caract�rise l�accueil que les hommes et sp�cialement le peuple �lu ont fait � la Parole, quand, annonc�e par Jean-Baptiste, elle est apparue en J�sus-Christ. Repouss�e par le peuple qui aurait d� la recevoir, elle a donn� � ceux qui l�ont re�ue et qui, par la foi, sont n�s de Dieu, le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
Cette exp�rience des croyants est expos�e dans la troisi�me partie?: la Parole faite chair a habit� parmi ceux qui ont cru en elle.
Il faut remarquer en outre que la derni�re pens�e de la premi�re partie (verset 5) devient le th�me de la seconde partie (versets 6-13) et de m�me la pens�e finale de la seconde partie (verset 13) est d�velopp�e dans la troisi�me partie (versets 14-18). Jean nous �l�ve ainsi comme dans une spirale. Nous ne croyons pas que le prologue suive un plan historique. Le verset 5 nous montre d�j� en termes g�n�raux J�sus apparu en chair et rejet� par les hommes qui l�ont fait mourir.
Et la seconde partie (versets 6-13) n�a pas pour sujet, comme on l�a pr�tendu, le r�le du Christ pr�existant sous l�ancienne Alliance, en effet elle d�bute par le t�moignage de Jean-Baptiste (verset 6), qui, de m�me que dans les synoptiques (Marc�1.1), ouvre l�histoire �vang�lique?; on ne saurait, sans arbitraire, prendre ici Jean-Baptiste pour le repr�sentant des proph�tes. Et de plus cette seconde partie se termine par l�affirmation que �?la Parole a donn� � ceux qui l�ont re�ue le pouvoir de devenir enfants de Dieu lesquels ne sont point n�s de la volont� de la chair, mais de Dieu?�, ces derniers mots nous transportent sur le terrain de la nouvelle Alliance.
Les premiers mots de l��vangile de Jean?: Au commencement �tait la Parole rappellent les premiers mots de la Gen�se et il ne s�agit point d�un simple rapprochement dans les termes, mais d�une analogie profonde. Si la Gen�se raconte la cr�ation de l�univers, l��vangile retrace la cr�ation nouvelle d�un monde moral. Dans son prologue, Jean remonte � l�origine de toutes choses pour nous montrer l�Auteur de cette double cr�ation. En effet, si les mots?: au commencement ne reportent pas la pens�e au-del� de la premi�re cr�ation, Jean ne dit pourtant pas que la Parole elle-m�me fut alors cr��e, mais qu�elle �tait au moment o� toutes choses furent cr��es, qu�elle est ant�rieure � toute la cr�ation, Par cons�quent au temps lui-m�me (Proverbes�8.23?; Jean�17.5?; �ph�siens�1.4)?; or c�est l� d�signer l��ternit�.
Si la pens�e de l��ternit� n��tait pas impliqu�e dans les termes m�mes dont se sert l��vang�liste, elle se pr�senterait comme une cons�quence de la nature divine attribu�e � la Parole. Et, du reste, cette id�e de la pr�existence �ternelle du Fils de Dieu n�est point une sp�culation m�taphysique de l�ap�tre, mais une v�rit� religieuse clairement enseign�e dans tout le Nouveau Testament (Colossiens�1.17?; 1�Jean�1.1?; Apocalypse�3.14?; comparez Mich�e�5.1) et qui ressort de mainte d�claration de J�sus lui-m�me, dans notre �vangile (Jean�6.62?; Jean�8.58?; Jean�17.5-24).
La Parole?: il faut laisser � ce mot son sens premier, ordinaire. Rattachant sa pens�e au commencement de la Gen�se (note pr�c�dente), Jean affirme (verset 3) que toute la cr�ation a �t� op�r�e par la Parole, expression de la volont� et de la puissance de Dieu.
Comment Jean fut-il amen� � concevoir comme une personne cette Parole �ternelle, par laquelle ont eu lieu la cr�ation et toutes les r�v�lations divines??
L�Ancien Testament, compris � la lumi�re des enseignements de son Ma�tre, lui fournit cette id�e. Plusieurs de ses donn�es conduisent en effet � la notion de la Parole que nous trouvons dans notre �vangile.
Mon nom est en lui, dit l��ternel en parlant de l�ange qu�il envoyait devant Isra�l (Exode�23.20-21), c�est-�-dire qu�il �tait la manifestation de l�essence divine elle-m�me.
Enfin, le dernier des proph�tes annonce en ces termes l�apparition d�finitive sur notre terre de ce grand r�v�lateur de Dieu?: �?Voici, je vais envoyer mon messager?; il pr�parera la voie devant moi et aussit�t entrera dans son temple le Seigneur (Adona�) que vous cherchez, l�ange de l�alliance que vous d�sirez?� (Malachie�3.1).
Les deux v�rit�s contradictoires que nous venons de signaler sont ainsi concili�es et notre �vang�liste, qui est p�n�tr� de toutes deux, nous en montre le sublime accord dans ces paroles?: �?Personne ne vit jamais Dieu, le Fils unique qui est dans le sein du P�re, est celui qui nous l�a fait conna�tre?� (verset 18, comparez Jean�5.37-39?; Jean�6.45).
Nous savons maintenant pourquoi Jean appelle la Parole Celui par qui le Dieu invisible s�est toujours manifest� au monde, soit dans la cr�ation, soit dans ses r�v�lations successives, soit enfin dans la r�demption de notre humanit�. Et l�on con�oit quelle vive lumi�re ce fait projette sur toutes les �critures, qui nous apparaissent ainsi dans leur pleine harmonie.
Jean a donc tir� de l�Ancien Testament son id�e de la Parole (grec Logos). Si, de ce que ce mot �tait alors usit� dans les �coles de la philosophie alexandrine et se trouve souvent dans les �crits de Philon, on veut inf�rer que Jean l�a emprunt� � ce philosophe, il n�y a pas lieu de le nier absolument. Mais s�il l�a fait, c�est pour rectifier les notions fausses que ce terme recouvrait et pour mettre la v�rit� divine � la place des sp�culations m�taphysiques de son �poque.
C�est ainsi que Paul empruntait � la philosophie de son temps ce grand mot de sagesse, dont elle �tait si fi�re, afin d�en montrer la folie, ajoutant avec une sainte hardiesse?: �?Mais nous pr�chons une sagesse entre les parfaits, sagesse qui n�est pas de ce si�cle, mais une sagesse de Dieu?� (1�Corinthiens�2.6).
Avec Dieu?; la pr�position que nous traduisons ainsi ne signifie pas seulement que la Parole �tait aupr�s de Dieu, dans sa soci�t�?; elle nous la pr�sente dans un mouvement constant vers lui, r�alisant avec lui la communion vivante et intime de l�amour. Cette nuance se retrouve au verset 18 �?le Fils unique qui est dans le sein du P�re?�. Jean emploie la m�me pr�position dans sa premi�re �p�tre (1�Jean�1.2), en parlant de �?la vie �ternelle, qui �tait aupr�s du P�re et qui nous a �t� manifest�e?� (comparer 2�Corinthiens�5.8). Par cette seconde sentence, l��vang�liste �tablit une distinction entre la Parole �ternelle et Dieu, et cela, au moment de d�clarer que cette Parole �tait Dieu.
La Parole �tait Dieu?; il n�y a rien � expliquer dans cette d�claration solennelle, il n�y a qu�� la recevoir dans toute la pl�nitude de sa signification?; elle attribue � la Parole tous les caract�res et toutes les perfections de l�essence divine.
Il est vrai qu�ici le mot Dieu n�a pas l�article, dont il est habituellement pr�c�d�?; cette omission s�imposait, soit parce que le mot joue dans la phrase le r�le d�attribut, soit surtout parce qu�en l��crivant avec l�article, Jean aurait identifi� la Parole et Dieu et effac� la distinction qu�il venait de faire en disant?: �?La Parole �tait avec Dieu?�.
Il y a quelque chose de majestueux dans la progression des trois sentences de ce verset, dont la premi�re enseigne la pr�existence �ternelle de la Parole, la seconde son rapport unique avec Dieu, la troisi�me sa divinit�. La m�me solennit� se retrouve dans ce terme trois fois r�p�t�?: la Parole et la Parole et la Parole.
Verset 2
Grec?: celle-l�, cette m�me Parole, �tait� Jean r�p�te dans ce verset ce qu�il a dit de la pr�existence �ternelle de la Parole et de son rapport avec Dieu?: il pr�pare ainsi ce qu�il va exposer (verset 3) du r�le de la Parole dans la cr�ation du monde.
Pour avoir cette puissance cr�atrice qui n�appartient qu�� Dieu, il fallait que la Parole poss�d�t r�ellement tous les attributs divins qui lui sont conf�r�s d�s la premi�re ligne de l��vangile.
Verset 3
Grec?: toutes choses sont devenues par elle et pas une des choses qui sont l� n�est devenue sans elle. Traduction de M. Godet, qui fait observer que le verbe devenir trois fois r�p�t�, en grec, forme un contraste avec les �tait des versets 1 et 2 (comparer Jean�8.58).
Ici se trouve pour la premi�re fois cette particularit� du style de Jean qui aime � exprimer la m�me pens�e d�abord sous forme d�affirmation, puis sous forme de n�gation (Voir, par exemple, verset 20).
En d�clarant que toutes choses ont �t� cr��es par la Parole, il importait � l�ap�tre d�exclure toute exception. Comme au verset 1, il fait certainement allusion aux premiers mots de la Gen�se. Il se trouve du reste, en parfait accord avec d�autres �crivains du Nouveau Testament, qui rendent la m�me pens�e d�une mani�re plus explicite encore (Colossiens�1.16?; H�breux�1.2?; Psaumes�33.6).
Par elle ne signifie pas que la Parole n�ait �t� que l�instrument de la cr�ation (voir verset 4), car la m�me pr�position est employ�e quand il s�agit du r�le de Dieu lui-m�me dans la cr�ation (Romains�11.36?; H�breux�2.10). Paul dit pareillement en parlant de Christ que �?toutes choses ont �t� cr��es en lui, par lui et pour lui?� (Colossiens�1.16-17).
Si les ap�tres appliquent les m�mes termes tant�t au P�re, tant�t au Fils, c�est que le Fils n�agit que dans une parfaite communion de volont� et d�amour avec le P�re.
D�s les temps les plus anciens, on a discut� sur la ponctuation de la fin du verset 3 (texte grec).
A, C, D, les versions Syriaque, Orig�ne, Ir�n�e, rattachent les mots ce qui a �t� fait � la premi�re proposition du verset 4.
Des �diteurs modernes, Lachmann, Westcott-Hort adoptent cette ponctuation. La traduction la plus probable est alors?: �?ce qui a �t� fait �tait vie en elle?� (la Parole).
Comme le remarque M. Weiss, il faudrait le pr�sent?: est vie en elle. Codex Sinaiticus D, Itala, pr�sentent en effet cette le�on.
Mais la pens�e ainsi exprim�e est sans parall�le dans notre �vangile. Jean aurait dit seulement?: �?avait (ou a) vie en elle?�.
Pour ces raisons ex�g�tiques, la plupart des interpr�tes rattachent les mots ce qui a �t� fait au verset 3. Ils n�y font pas double emploi, car le parfait ce qui a �t� fait a en grec le sens d�un pr�sent?: ce qui, �tant devenu, existe actuellement.
Verset 4
Jean vient de dire?: Par elle toutes choses ont �t� faites?; maintenant il �crit?: En elle �tait la vie.
La seconde expression, plus intime, plus profonde, plus compl�te, nous fait mieux comprendre la d�claration du verset pr�c�dent et pr�pare celle qui suit.
Le mot vie est sans article. M. Weiss pense que l�auteur reprend la description de la nature de la Parole (versets 1 et 2) pour pr�parer ce qu�il va dire de son action illuminatrice (versets 4-5). La vie serait, d�apr�s lui, la vie de la Parole elle-m�me et Il limite le sens de ce terme � la vie spirituelle que la Parole poss�de par sa communion avec Dieu et communique � ceux qui la re�oivent.
Il para�t cependant plus naturel d�admettre, avec la plupart des interpr�tes, qu�il y a progr�s dans l�expos� et non retour en arri�re et que Jean continue � caract�riser l��uvre de la Parole.
Il n�y a pas lieu de restreindre ici la port�e du mot vie. L�absence de l�article montre qu�il s�agit de la vie au sens le plus ind�termin�?: toute vie �tait dans la Parole et en d�coulait comme de sa source (Jean�5.26?; 1�Jean�5.11).
Mais la vie, dont la Parole est la source, devient lumi�re pour les cr�atures intelligentes et morales?: la vie �tait la lumi�re des hommes. Apr�s avoir d�crit la Parole en elle-m�me, dans son rapport avec Dieu et dans son rapport avec le monde, Jean nous la montre dans sa relation avec notre humanit�.
Le mot profond et tr�s riche de lumi�re n�est pas une notion toute intellectuelle?: la raison, ni une notion purement morale?: la saintet� ou le salut. Lorsque Jean �crit?: �?Dieu est lumi�re et il n�y a point en lui de t�n�bres?� (1�Jean�1.5), ou que J�sus dit �?Je suis la lumi�re du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les t�n�bres?� (Jean�8.12?; Jean�9.5?; Jean�12.46), ce terme de lumi�re, oppos� � celui de t�n�bres, d�signe � la fois la perfection morale et la clart� qu�elle communique � l�entendement.
Pour l�homme qui la re�oit, la lumi�re est la v�rit� divine qui illumine son �me et y r�pand la connaissance de Dieu par la Parole. Mais cette connaissance n�est jamais purement intellectuelle?; elle est ins�parable de la vie morale qu�elle cr�e et entretient dans le c�ur?; elle grandit ou diminue et s��teint avec elle. C�est ce qui ressort du rapport que Jean �tablit entre la vie et la lumi�re. D�abord la vie et par elle la lumi�re, tel est l�ordre du royaume de Dieu et de l�exp�rience chr�tienne.
Mais quand est ce que la vie �tait ainsi r�ellement la lumi�re des hommes?? Ces verbes au pass� �tait la vie, �tait la lumi�re, n�expriment pas une simple possibilit� et ne servent pas seulement � caract�riser l��tat normal. Dans leur contraste avec le pr�sent?: luit (verset 5), ils d�signent un moment d�termin� de la dur�e et nous transportent au lendemain de la cr�ation (verset 3), au matin lumineux et pur de l�existence humaine, o� l�homme cr�� � l�image de Dieu, en communion avec lui, recevait de lui la vie et la lumi�re. Le p�ch� n�avait point encore r�pandu dans son �me les t�n�bres qui r�sisteront � la clart� d�en haut.
Entre les verset 4 et verset 5, Jean suppose �videmment le fait tragique de la chute, sans lequel la pr�sence des t�n�bres serait incompr�hensible.
Verset 5
Malgr� l�apparition des t�n�bres qui ont envahi l�humanit�, la lumi�re n�a point cess� de projeter ses rayons salutaires elle persiste � �clairer (verbe grec � l�actif) cette humanit� devenue t�n�bres?: mais, par suite de l�obscurcissement moral, l�humanit� r�siste � l�action de la lumi�re?: les t�n�bres ne l�ont point re�ue.
Il ne faut point limiter, avec plusieurs interpr�tes, cette action de la lumi�re aux r�v�lations accord�es au peuple juif dans l�ancienne Alliance, car le verbe au pr�sent, luit, �claire, ne conviendrait pas pour d�signer un fait appartenant tout entier au pass�. Jean parle d�une mani�re g�n�rale des rayons de lumi�re dont la parole �ternelle continue � �clairer le monde, m�me dans son �tat de chute, en tout temps et partout (verset 9, note).
Les moyens naturels de cette illumination sont, d�une part, la contemplation des �uvres de Dieu dans la cr�ation (Romains�1.20) et, d�autre part, les avertissements de la conscience, cette loi �crite dans les c�urs (Romains�2.14-15). Ces moyens avec le secours de la Parole �ternelle qui les emploie, suffiraient pour ramener les hommes � Dieu, s�ils �taient dans un �tat normal?; ils suffisent du moins pour les rendre �?inexcusables?� (Romains�1.20) de r�sister aux sollicitations de cette lumi�re.
Ils ne l�ont point re�ue, dit l��vang�liste avec tristesse. Il exprime ainsi l�exp�rience universelle des si�cles, sans s�arr�ter aux rares exceptions de ces hommes qui, de temps � autre, se sont �lev�s, par leurs lumi�res, bien au-dessus de leurs semblables.
Quoiqu�il y ait des degr�s divers dans l�obscurcissement de l�intelligence et du c�ur (�ph�siens�4.18), tous, m�me les meilleurs, sont rest�s plus ou moins sous l�influence de ces t�n�bres au sein desquelles luit la lumi�re (versets 10 et 11). Si cette explication est la premi�re qui se pr�sente � l�esprit et demeure la plus naturelle, il ne faut pas exclure � tant la d�claration de l�ap�tre est g�n�rale � la venue de J�sus-Christ en ce monde dont il va �tre question (comparer verset 1, 1re note).
Verset 6
Apr�s avoir dit ce qu��tait la Parole divine, cr�atrice, vie et lumi�re des hommes (versets 1-4) et comment elle n�a point �t� re�ue � cause des t�n�bres qui r�gnent dans le monde, l��vang�liste poursuit son exposition, en nous transportant au moment le plus tragique de cette lutte de la lumi�re avec les t�n�bres?: pr�c�d�e et annonc�e par le solennel t�moignage de Jean, la Parole vient au sein du peuple qui avait �t� pr�par� pour la recevoir?; elle est repouss�e par lui, mais elle se constitue un nouveau peuple, form� de ceux qui re�oivent d�elle par la foi le pouvoir de devenir enfants de Dieu (versets 6-13).
L�expression envoy� de Dieu rappelle la proph�tie de Malachie�3.1?; Malachie�4.5, d�o� elle est tir�e.
Le pr�curseur parut (grec devint), ce terme, qui indique un fait historique un �v�nement, est le m�me dont se sert Marc (Marc�1.4).
Verset 7
Grec?: celui-ci vint en t�moignage (ou pour un t�moignage), afin qu�il t�moign�t au sujet de la lumi�re. Le fait de ce t�moignage est si important aux yeux de l��vang�liste, qu�il le mentionne d�abord sans indiquer sur quoi portait le t�moignage (il vint en t�moignage)?; puis il ajoute?: afin de rendre t�moignage � la lumi�re.
Jean devait annoncer ce qu�il avait re�u par une r�v�lation divine (Luc�3.2) et ce dont il avait �t� t�moin oculaire (versets 33 et 34).
Le but du t�moignage de Jean �tait que tous crussent (� la lumi�re) par lui, par l�entremise de Jean.
Telle �tait l�intention de Dieu dans sa mis�ricorde?; et le t�moignage de Jean �tait assez clair, assez puissant, pour que cette intention e�t �t� r�alis�e en tous, si la plupart n�eussent �t� retenus loin de la foi par l�endurcissement de leurs c�urs. Cependant plusieurs crurent et les plus �minents disciples de Jean devinrent disciples de J�sus.
Verset 8
Bien que Jean-Baptiste f�t le plus grand des proph�tes et que J�sus lui-m�me l�appelle �?la lampe qui br�le et qui luit?� (Jean�5.35), il n��tait pas la lumi�re?; son r�le se r�duisait � rendre t�moignage � la lumi�re.
On a vu dans ces paroles de l��vang�liste une intention de pol�mique contre les disciples de Jean qui n�avaient pas cru en J�sus (Jean�1.20?; Jean�3.25 et suivants Actes�19.3-4).
Selon d�autres, elle rappellerait l�exp�rience personnelle de l��vang�liste, qui crut d�abord avoir trouv� en Jean toute la lumi�re qu�il cherchait, mais qui dut reconna�tre, lorsque Jean l�eut adress� � J�sus, que Jean n��tait pas encore, lui, la lumi�re.
Si int�ressantes que soient ces suppositions, n�est-il pas plus simple de dire que l��vang�liste se propose de marquer la vraie place du Pr�curseur en pr�sence de celui qu�il annon�ait??
M�me les plus grands proph�tes ne tiennent leur lumi�re que de Celui qui est �?la lumi�re du monde?;?� c�est lui qu�ils doivent glorifier, en faisant tout remonter � lui comme � la source, eux-m�mes ne peuvent que rendre t�moignage � la v�rit� qui leur a �t� r�v�l�e et dont ils ont fait l�exp�rience dans leurs c�urs. Jean-Baptiste se tint dans ce r�le avec une admirable humilit� (Jean�1.33-34?; Jean�3.28-30).
Verset 9
Le t�moignage de Jean n��tait pas le seul fait qui aurait d� assurer un accueil favorable � la Parole?: une relation primordiale l�unissait � chaque homme et au monde dans son ensemble (versets 9 et 10), et, d�autre part, le milieu dans lequel elle parut avait �t� sp�cialement pr�par� pour elle (verset 11).
La Parole, cette lumi�re � laquelle Jean devait rendre t�moignage (verset 8), �tait la v�ritable lumi�re (comparez verset 4) qui �claire tout homme. Le mot v�ritable, expression caract�ristique du quatri�me �vangile, ne d�signe pas proprement ce qui est vrai par opposition � ce qui est faux, mais plut�t la qualit� d�une chose qui r�pond parfaitement � son id�e et qui en r�alise l�essence (Jean�4.23?; Jean�6.32?; Jean�7.28?; Jean�15.1?; comparez 1�Jean�5.20).
La Parole est appel�e la v�ritable lumi�re par contraste avec la lumi�re que r�pandait Jean-Baptiste et qui n��tait qu�un reflet de la v�ritable lumi�re manifest�e en Christ (verset 8).
Cette lumi�re divine �claire (il faut remarquer le verbe au pr�sent) tout homme. Il s�agit de cette illumination universelle et int�rieure (verset 4, note) que la Parole �ternelle procure � l�homme cr�� � l�image de Dieu et par laquelle celui-ci est amen� � sentir le besoin d�un Sauveur et � le reconna�tre quand il lui est pr�sent�.
La plupart des commentateurs actuels s�parent les mots venant au monde des mots tout homme, qui, dans le texte les pr�c�dent imm�diatement. Ils en font l�attribut de la proposition et traduisent?: la v�ritable lumi�re venait (grec �tait venant) au monde.
Leur principal argument est que l�expression venir au monde est habituellement appliqu�e � Christ et � son incarnation (Jean�3.19?; Jean�6.14?; Jean�9.39?; Jean�18.37). Il est cependant un passage o� une expression tr�s semblable d�signe la naissance d�un homme quelconque (Jean�16.21).
Aussi croyons-nous pouvoir rapporter ces mots � tout homme ce qui est seul conforme � l�ordre des termes dans l�original.
M. Godet qui, avec Meyer et les anciens interpr�tes, avait adopt� cette construction dans la premi�re �dition de son commentaire, disait avec raison?:
D�ailleurs l�id�e que ces mots ajoutent au terme tout homme n�est pas superflue. Ils ne constituent pas seulement une amplification pleine de solennit� (Meyer). Ils sont destin�s � affirmer que chaque membre de l�humanit�, d�s l�instant o� il fait son entr�e dans le monde et quelles que soient les t�n�bres qui r�gnent autour de lui, trouve en lui-m�me, dans sa conscience, des rayons de cette lumi�re v�ritable, �?la Parole qui �tait dans le monde et par laquelle le monde a �t� fait?� (verset 10). Cette interpr�tation a l�avantage d��tablir un lien naturel entre verset 9 et verset 10.
Verset 10
Dans les versets qui pr�c�dent (versets 7-9), Jean a parl� de la lumi�re?; ici, il substitue mentalement � ce terme abstrait la personne de celui qu�il d�signait comme �?la v�ritable lumi�re?�, J�sus-Christ.
C�est ce qui ressort de l�emploi du pronom masculin. Celui-ci ne se rapporte pas au mot lumi�re, qui est en grec du genre neutre.
La plupart des interpr�tes modernes estiment qu�il repr�sente la Parole (grec le Logos). Mais cette notion est bien �loign�e, puisqu�elle a �t� remplac�e d�s verset 5 par celle de la lumi�re.
D�ailleurs l�expression du verset 12?: Ceux qui croient en son nom, ne saurait s�appliquer � la Parole, mais bien, selon toutes les analogies (Jean�2.23?; Jean�3.18?; 1�Jean�5.13), � J�sus-Christ.
C�est J�sus-Christ qui est le sujet des versets 11 et 12. C�est � lui que l�auteur pense d�j� au verset 10. Aussi, d�s ce verset, avons-nous mis au masculin les sujets des verbes, suivant l�exemple de la traduction allemande de Weizs�cker et des versions de Calvin dans son commentaire et de Pau-Vevey.
Jean r�p�te encore ici, sans se lasser, deux faits d�une port�e immense?: d�abord que J�sus-Christ �tait dans le monde (versets 4, 5 et 9)?; puis que le monde a �t� fait par lui (verset 3)?;, et cela, afin de montrer dans ces deux faits, deux raisons qui auraient d� porter les hommes � croire en J�sus. Ils auraient pu croire, puisqu�il �tait la lumi�re interne qui cherchait � les �clairer et ils auraient d� croire, puisque, cr�es par lui et � son image, ils n�avaient qu�� reconna�tre leur parent� intellectuelle et morale avec lui?; et � conclure qu�ils �taient faits pour lui.
Au lieu de cela, l��vang�liste constate avec tristesse que le monde ne l�a point connu (versets 5 et 11), tellement il �tait aveugl� par les t�n�bres du p�ch�.
Verset 11
Le contraste tragique entre l�action mis�ricordieuse de Dieu et l�incr�dulit� obstin�e des hommes appara�t surtout dans le fait qu��nonce ce verset. Il est venu chez soi (grec dans son chez soi, comparez Jean�19.27).
Par ces mots l��vang�liste proclame d�une mani�re g�n�rale le grand �v�nement de l�apparition personnelle et visible de la Parole en J�sus-Christ. Il se r�serve de nous dire bient�t (verset 14) comment s�est accompli ce prodige de l�amour divin.
Malgr� tout, les siens ne l�ont point accueilli. Ce dernier terme est plus expressif encore que les pr�c�dents?: pas re�u (verset 5), pas connu (verset 10). En effet, bien loin d�avoir �t� accueillie, la Parole vivante et personnelle fut rejet�e, m�pris�e, crucifi�e.
Qu�est-ce maintenant qu�il faut entendre par les mots chez soi, les siens?? Presque tous les interpr�tes anciens et modernes les ont appliqu�s au peuple d�Isra�l, qui est appel� dans l��criture la propri�t� pr�cieuse de Dieu, son peuple particulier (Exode�19.5?; Deut�ronome�7.6?; Psaumes�135.4)?; les siens sont les propres concitoyens de J�sus, ses proches, ceux qu�il aimait.
Cette d�signation fait ressortir vivement l�ingratitude et la culpabilit� des Juifs. Reuss, Asti�, M. Holtzmann entendent par ces termes, le monde ou l�humanit� tout enti�re, que J�sus venait sauver et qui �tait bien, en effet, sa propri�t�, puisqu�il en �tait le Cr�ateur (verset 10) et le Sauveur.
Cette explication m�conna�t la progression �vidente que Jean a voulu marquer entre verset 10 et verset 11 par cette grande parole?: Il est venu chez soi, qui n�est pas une simple r�p�tition de l�id�e �nonc�e aux versets 5, 9 et 10.
On objecte que, s�il faut entendre par les siens le peuple d�Isra�l il faudrait aussi ne voir dans ceux qui croient au Sauveur (verset 12) que des Isra�lites, � l�exclusion de tous les autres.
Mais c�est l� une conclusion exag�rer?; elle ne tient pas compte du changement survenu dans les faits?: J�sus-Christ avait un chez soi, le peuple �lu?; � ce peuple sont substitu�s des individus, tous ceux qui (verset 12) le re�oivent par une cons�cration personnelle, en vertu de la nouvelle naissance (verset 13).
Verset 12
Jusqu�ici l��vang�liste, en nous retra�ant l�histoire de la Parole �ternelle, n�a eu � signaler que l�aveuglement et l�incr�dulit� de ceux qui l�ont m�connue, rejet�e.
Maintenant il passe, par un mais significatif, au c�t� lumineux du sujet, � la foi de ceux qui, en recevant le Sauveur, sont devenus, par lui, enfants de Dieu.
� tous ceux qui l�ont re�u?; c�est l� l�oppos� direct du fait signal� dans les versets 5, 10 et 11. Et, afin qu�il ne reste aucun doute sur ce que l�ap�tre entend par recevoir le Sauveur, il s�explique en ajoutant?: � ceux qui croient en son nom.
La foi, une confiance intime du c�ur en Celui qui s�offre � nous comme Sauveur tel est le moyen de nous unir � lui, de l�embrasser, de le poss�der avec toutes les richesses de sa gr�ce.
Croire en son nom, c�est, au fond, croire en lui, mais Jean emploie ce terme parce que, dans le style de l��criture, qui est celui de la v�rit�, le nom exprime l�essence intime et r�elle d�un �tre (Matthieu�6.9, 3e note, Jean�3.18?; 1�Jean�3.23).
� ceux qui croient en lui, le Sauveur communique une gr�ce immense?: le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
Il est difficile de rendre en fran�ais le sens complet du mot grec que nous traduisons par pouvoir. Ce n�est point le �?droit?�, selon nos anciennes versions, m�me celles de Lausanne et de Rilliet?; car ce mot est d�plac� quand il s�agit d�une gr�ce divine, ce n�est point non plus la �?dignit�?�, ni le �?privil�ge?�, ni la �?pr�rogative?;?� ce serait plut�t �?l�autorit�?�, la �?comp�tence?�, en ajoutant � cette notion l�id�e d�une force morale communiqu�e � l�homme par Dieu et r�sultant de la position nouvelle dans laquelle le croyant est plac� par sa foi?: c�est ce que nous appelons le pouvoir. La version anglaise dit?: power?; Luther?: Macht.
J�sus donne � ses disciples autorit� sur les esprits impurs, c�est-�-dire �videmment �?le pouvoir de les chasser et de gu�rir toute maladie?� (Matthieu�10.1?; Marc�3.15).
Voil� pourquoi on trouve ce mot d�autorit� uni � celui de puissance (Luc�4.36?; Luc�9.1).
Or le Sauveur seul peut donner � de pauvres p�cheurs, qui sont �?par nature enfants de col�re?� (�ph�siens�2.3), le pouvoir de devenir des enfants de Dieu?; seul il peut les enrichir de toutes les dispositions morales que suppose ce beau titre. C�est l� l��uvre de Dieu, l�effet et la preuve de son amour immense (1�Jean�3.1).
Le verset suivant nous apprend comment s�op�re cette transformation morale.
Verset 13
L�ap�tre exprime tout d�abord avec insistance la pens�e qu�aucune filiation humaine, aucun effort de la nature corrompue de l�homme ou m�me de sa volont� ne peut engendrer des enfants de Dieu. �?Ce qui est n� de la chair est chair?� (Jean�3.6).
Pour devenir enfant de Dieu, il faut �tre n� (grec engendr�) de Dieu.
Ce n�est point l� seulement une image, ces termes caract�risent dans toute sa r�alit� la transformation morale que l��criture appelle r�g�n�ration, nouvelle naissance, cr�ation nouvelle et que Dieu lui-m�me op�re par la puissance de son Esprit (Jean�3.5?; Jacques�1.18?; 1�Pierre�1.23?; 1�Jean�5.1?; 2�Corinthiens�5.17).
Verset 14
L��vang�liste continue son exposition par cette simple particule et, qui rattache le verset 14 � la fois au verset 11 et au verset 12. Au verset 11, que le verset 14 explique en disant comment J�sus-Christ �?est venu chez soi?�.
Au verset 12, qu�il d�veloppe �galement en r�v�lant le grand objet de la foi des croyants et en signalant l��v�nement gr�ce auquel cette foi peut faire d�hommes n�s de la chair des enfants de Dieu. En outre, comme l�observe Meyer, il nomme la Parole pour la premi�re fois depuis le verset 1?; afin de donner plus de solennit� au fait qu�il annonce et il exprime en trois mots le plus grand �v�nement qui se soit accompli depuis la cr�ation du monde par cette m�me parole?: (verset 3).
La Parole est devenue chair. Quel contraste?! Quel ab�me entre ces deux termes?!
La chair, qu�il ne faut pas confondre avec le corps, d�signe, comme partout dans l��criture, la nature humaine, l�homme tout entier, dans l��tat de faiblesse, d�infirmit�, de souffrance et de mortalit� auquel il se trouve r�duit par suite du p�ch� (Romains�1.4, note).
L�on ne doit pas exclure cette id�e de faiblesse quand on d�finit la chair qu�a rev�tue le Sauveur. Cette chair infirme ne le faisait pas participer au p�ch� des hommes?; elle le rendait seulement accessible � la tentation (H�breux�4.15?; Romains�8.3, note).
Au reste, l�histoire �vang�lique, en nous racontant la naissance de J�sus, nous met sur la voie de comprendre comment il n�eut aucune part � la corruption native de notre humanit� (Matthieu�1.20?; Luc�1.35).
La d�claration du verset 14 signifie donc que la Parole �ternelle est devenue pleinement homme en J�sus?; que le Fils de Dieu, comme tous les enfants des hommes, a �?particip� � la chair et au sang?;?� (H�breux�2.14) que lui, �?qui �tait en forme de Dieu, se d�pouilla lui-m�me, prenant une forme de serviteur, fait � la ressemblance des hommes?� (Philippiens�2.6-8?; comparez 1�Timoth�e�3.16).
Cette incarnation du Fils de Dieu, n� au sein de notre humanit�, afin de la sauver en la p�n�trant d�une vie nouvelle, est, aux yeux de notre ap�tre lui-m�me, le fondement de la foi chr�tienne, � la position qu�il prend en pr�sence de ce fait, on peut reconna�tre si un homme est de Dieu ou s�il porte en lui l�esprit de l�ant�christ (1�Jean�4.2-3?; 2�Jean�1.7).
L�union de la nature divine et de la nature humaine, qui ressort si clairement du rapprochement des verset 1 et verset 14, est un grand myst�re, mais un �?myst�re de pi�t�?�, comme Paul l�appelle parce qu�il est, pour l�homme p�cheur, l� source de sa r�conciliation avec Dieu et de toute vie chr�tienne (1�Timoth�e�3.16).
Il est permis � la th�ologie, fond�e sur l�exp�rience religieuse, de s�efforcer de sonder ce myst�re, pour que, s�il est possible, la raison le saisisse aussi bien que la foi. Mais il faut avouer que jusqu�� ce jour ces louables tentatives nous ont laiss�s en pr�sence du myst�re avec les m�mes aspirations que nourrissait M�lanchton quand, sur son lit de mort, il se r�jouissait d�arriver bient�t � conna�tre comment J�sus-Christ pouvait �tre � la fois Fils de Dieu et Fils de l�homme, Parole �ternelle devenue chair.
Ici-bas �?nous connaissons en partie et nous proph�tisons en partie?;?� un jour �?je conna�trai pleinement comme j�ai �t� connu?� (1�Corinthiens�13.9-12).
Le mot que nous traduisons par elle a habit� signifie proprement dresser une tente et y s�journer. Ce terme fait allusion � la tente o� l��ternel habitait au milieu de son peuple dans le camp d�Isra�l et qui fut remplie de la gloire de l��ternel, lors de son inauguration (Exode�40.34?; comparez �z�chiel�37.27).
Ce fait �tait l�accomplissement visible des promesses de Dieu d�habiter au milieu de son peuple (Exode�25.8?; Exode�29.45?; L�vitique�26.11-12?; �z�chiel�37.27).
Les commentateurs juifs d�signaient toutes les formes sensibles par lesquelles J�hova manifestait sa pr�sence au sein d�Isra�l, par le terme de Schekina, la demeure de Dieu.
Notre �vang�liste, en disant de la Parole qu�elle a habit� sous une tente parmi nous, rappelle ces glorieuses manifestations de Dieu � Isra�l et les voit r�alis�es dans leur pl�nitude par l�incarnation de la Parole. En elle Dieu nous est v�ritablement apparu, il est descendu � notre port�e, semblable � nous, accessible au plus pauvre, au plus faible, au plus ignorant, au plus coupable. Et dans l�accomplissement des temps, cette demeure de Dieu avec nous sera la pl�nitude de sa communion, de sa lumi�re, de son amour (Apocalypse�7.15?; Apocalypse�21.3).
Les mots parmi nous ne se rapportent ni aux hommes en g�n�ral, ni exclusivement aux ap�tres, mais aux?: croyants, � tous ceux qui avaient re�u le Sauveur (verset 12) et contempl� sa gloire.
Saisi par la majest� de cette apparition du Fils de Dieu sur notre terre, l��vang�liste, qui rappelle avec �motion ses souvenirs personnels, donne essor � ses sentiments en c�l�brant la gloire dont a resplendi, m�me dans son abaissement, la Parole faite chair. Cette gloire, Jean l�a contempl�e son �me en a �t� p�n�tr�e (1�Jean�1.1).
Mais en quoi consista cette manifestation de la gloire du Fils de Dieu apparu sous sa forme de serviteur?? Pas seulement dans ses miracles (Jean�2.11) ou dans sa transfiguration sur la sainte montagne. Pour ceux qui surent la contempler, la gloire de J�sus-Christ fut sa saintet�, son amour, ses tendres compassions pour les malheureux et les coupables, son h�ro�que d�vouement dans ses souffrances et dans sa mort, en un mot, sa vie enti�re, unique au sein de notre humanit�.
Cette gloire a brill� surtout dans ce qui a �t� le trait dominant de la vie du Christ, sa relation filiale d�ob�issance et de communion avec son P�re.
Cette interpr�tation s�accorde avec le fait que J�sus avait quitt� lors de son incarnation la gloire divine, dont il jouissait aupr�s du P�re comme Parole �ternelle puisqu�il la redemande au moment o� il va retourner aupr�s du P�re (Jean�17.5).
Et d�autre part, cette interpr�tation est confirm�e par Jean lui-m�me, quand il ajoute, � la fin de notre verset?: �?Que cette gloire �tait telle que celle du Fils unique, venu du P�re et que la Parole est apparue pleine de gr�ce et de v�rit�?�.
Ici se trouve pour la premi�re fois, ce terme de Fils unique (grec unique n�), qui ne se rencontre que dans les �crits de Jean (Jean�1.18?; Jean�3.16-18?; 1�Jean�4.9) et qui exprime si bien le rapport m�taphysique et exclusif du Fils de Dieu avec son P�re.
Tous les hommes r�g�n�r�s, n�s de Dieu, sont enfants de Dieu, fils de Dieu (Romains�8.14 et ailleurs)?; mais le nom de Fils unique �l�ve la pens�e � une relation divine � laquelle aucune cr�ature ne peut pr�tendre.
Paul exprime � peu pr�s la m�me id�e par le terme de premier-n� (Colossiens�1.15).
Ces derniers mots par lesquels l��vang�liste ach�ve de peindre l�apparition du Sauveur sur la terre, se rapportent � la Parole, ce qui fait que la plupart des traducteurs rendent ainsi le commencement de notre verset?: �?La Parole est devenue chair et elle a habit� parmi nous, pleine de gr�ce et de v�rit�?�.
Nous avons pr�f�r� conserver l�ordre adopt� par l��vang�liste.
Il ach�ve maintenant son tableau par ce trait sublime?: elle �tait pleine de gr�ce et de v�rit�.
En maintenant ces mots � la fin de la phrase, nous leur laissons tout leur relief.
La gr�ce et la v�rit� furent, en effet, les deux traits les plus saillants du caract�re du Sauveur dans toute sa vie.
La gr�ce n�est qu�un autre nom de la mis�ricorde et de l�amour de Dieu qui pardonne au p�cheur et s�abaisse vers lui. Ce sentiment de la faveur de Dieu a pour fruit la paix (1�Corinthiens�1.3?; 2�Corinthiens�1.2?; Galates�1.3 et ailleurs).
La v�rit� est l�essence de Dieu, sa pens�e et sa volont� d�voil�es, elles ont �t� fid�lement manifest�es dans la vie et dans l�enseignement de J�sus.
Ces paroles nous redisent donc qu�en J�sus Dieu lui-m�me s�est donn� et r�v�l� aux hommes. En effet, il est bon de se rappeler que ces mots gr�ce et v�rit� n��taient pas nouveaux, bien qu�ils n�aient trouv� que dans le Sauveur la pl�nitude de leur signification. Dans l�Ancien Testament d�j�, ils servent � exprimer les deux traits essentiels du caract�re de Dieu (Exode�34.6-7?; Psaumes�25.10?; Psaumes�26.3 et souvent ailleurs). � ces deux traits, les t�moins de la vie de J�sus ont donc reconnu en lui le Fils unique venu du P�re.
Verset 15
Pour la seconde fois, dans le prologue, l��vang�liste invoque le t�moignage de Jean-Baptiste (versets 6 et 7).
Son intention n�est pas encore de retracer le r�le historique du Pr�curseur?; il le fera ci-apr�s?; il veut appuyer son propre t�moignage relatif � l�incarnation de la Parole �ternelle sur les d�clarations du proph�te auquel il devait lui-m�me la premi�re r�v�lation de ce myst�re. Tel est le but de cette remarque du verset 15, qui para�t interrompre le discours.
Apr�s avoir invoqu� l�autorit� de Jean-Baptiste, l��vang�liste continue en rapportant son exp�rience personnelle, qui est celle de tous les croyants?: nous avons re�u de sa pl�nitude la gr�ce et la v�rit� (versets 16 et 17). Les mots?: Celui dont je disais,� reproduisent litt�ralement le t�moignage rapport� au verset 30?; celui-ci fait allusion au premier t�moignage (verset 27).
Les premiers mots de ce t�moignage sont �nigmatiques et renferment une contradiction intentionnelle dans les termes?: Celui qui vient apr�s moi, puisqu�il n�est pas encore entr� dans son minist�re, m�a pr�c�d�, selon l�ordre des temps, vu qu�il �tait avant moi, qu�il existait ant�rieurement � son apparition sur la terre, dans l��ternit�.
Les paroles du Pr�curseur confirment ainsi celles de l��vang�liste.
La plupart des interpr�tes entendent ces mots?: m�a pr�c�d�, dans le sens de?: m�a surpass�, est pr�f�r�, est sup�rieur � moi?; en un mot, comme d�signant le rang, la dignit� et non l�ordre des temps.
Avec Meyer, MM. Weiss et Godet, nous pr�f�rons le sens indiqu�, qui seul conserve � la pens�e son caract�re �nigmatique et paradoxal.
Le dernier mot du t�moignage de Jean?: il �tait avant moi (grec il �tait mon premier) est, de m�me, entendu par plusieurs de la sup�riorit� de rang.
Il eut fallu non l�imparfait �tait, mais le pr�sent est.
Cette d�claration, comprise dans le sens de l�ant�riorit�, n�est pas une r�p�tition de la pr�c�dente, car celle-ci nous pla�ait sur le terrain de l�histoire (il a �t� l� avant moi), tandis que la seconde se rapporte � la nature (il �tait) du Fils de Dieu.
Cette double affirmation suppose chez Jean-Baptiste la connaissance de la pr�existence du Christ. Et c�est l� ce que certains ex�g�tes trouvent peu probable. Mais cette connaissance est-elle inadmissible chez un si grand proph�te, rempli de l�Esprit de Dieu et �clair� par les r�v�lations de sa Parole??
D�passe-t-elle ses autres vues lumineuses sur la personne et sur l��uvre du Sauveur?? N�est-ce pas lui qui l�appelle �?l�Agneau de Dieu qui �te le p�ch� du monde???� (verset 29, note). Il lui suffisait, d�ailleurs, de bien comprendre Malachie�3.1, pour n�avoir pas le moindre doute sur la pr�existence du Messie (Matthieu�11.10?; Marc�1.2, note).
Verset 16
C�est l��vang�liste et non plus Jean-Baptiste, qui parle ici. Il �nonce l�exp�rience de tous les croyants qui vient s�ajouter au t�moignage du Pr�curseur (verset 15), pour confirmer le grand fait de l�incarnation, attest� par les t�moins imm�diats de la vie du Christ (verset 14).
Toutes ces richesses de Christ, les croyants membres de l��glise (nous tous), les connaissent par les dons qu�ils ont re�us de sa pl�nitude.
Ce dernier mot ram�ne la pens�e � celui du verset 14, pleine de gr�ce et de v�rit�. La liaison de ces deux termes est encore plus frappante si l�on admet au commencement du verset 16 la variante de Codex Sinaiticus, B, C, D, car, au lieu de et?: la Parole a habit� parmi nous pleine de gr�ce et de v�rit�, car tous nous avons re�u de sa pl�nitude.
Mais il faudrait en ce cas faire du verset 15 une simple parenth�se, dont il serait difficile d�expliquer la raison d��tre. M. Weiss suppose que le car porte sur le fait m�me du t�moignage de Jean-Baptiste et non sur son contenu?: Jean a pu rendre son t�moignage, parce que nous tous (par cons�quent lui-m�me aussi) avons re�u�
C�est la meilleure interpr�tation du car, si on le consid�re comme la vraie le�on, mais elle donne � la pens�e un tour bien alambiqu�. Cette difficult� ex�g�tique nous engage � conserver le et du texte re�u.
Le verbe?: nous avons re�u est employ� sans r�gime. L��vang�liste attire d�abord l�attention sur le fait m�me qu�exprime ce verbe?: nous avons puis� � cette source in�puisable. Dans la suite de la phrase, introduite par et, il pr�cise les dons re�us?: gr�ce pour gr�ce, une gr�ce suivant toujours et d�passant la gr�ce pr�c�dente, une succession non interrompue de gr�ces qui �manent de l�in�puisable pl�nitude de la Parole faite chair.
Tel est le t�moignage de l�exp�rience chr�tienne, qui se trouve exprim� aussi par Paul en divers passages de ses �p�tres. Par exemple Romains�5.1-5?: justification, paix avec Dieu, libre acc�s aupr�s de lui esp�rance de la gloire, force dans les afflictions, amour de Dieu r�pandu dans nos c�urs par l�Esprit-Saint (voir encore �ph�siens�3.16-19, o� une cha�ne ininterrompue de gr�ces conduit l��me chr�tienne jusqu�� la pl�nitude de Dieu).
Verset 17
Ce verset motive et explique le pr�c�dent (car)?; non qu�il faille entendre la loi et l��vangile comme une explication des mots gr�ce pour gr�ce, en sorte que l�ancienne alliance e�t �t� une premi�re gr�ce et la nouvelle une autre gr�ce ajout�e � la premi�re.
Cette interpr�tation m�conna�t le fait qu�ici la gr�ce et la v�rit� sont mises en opposition avec la loi et que le but de l��vang�liste est de faire ressortir la grandeur, la richesse et la beaut� de l��vangile apport� par le Sauveur.
La loi, en effet, ne peut que commander, exiger, condamner?; elle ne donne rien � l�homme p�cheur. La gr�ce, au contraire, r�pond � tous ses besoins, elle est pour lui le pardon, l�amour divin, le salut tout entier. C�est dans ce sens complet qu�il faut prendre le mot gr�ce (avec l�article).
Il en est de m�me de la v�rit� que l�ap�tre entend dans son sens absolu, comme la r�v�lation de Dieu lui-m�me et de ses perfections. Elle �tait imparfaite sous l��conomie de la loi?; elle devient parfaite par le moyen de la gr�ce.
Ainsi le contraste que ces deux grandes dispensations, la gr�ce et la v�rit�, forment avec la loi, est complet � un double �gard?: pour celui que la loi condamne, voici la gr�ce?; et au lieu des ombres et des figures que pr�sentait la loi, voici la v�rit� (comparez Romains�10.4?; H�breux�10.1 et suivants).
L��vang�liste marque un autre contraste entre Mo�se, par l�entremise duquel la loi fut donn�e et J�sus-Christ, par qui sont venues la gr�ce et la v�rit�
Verset 18
Cette grande d�claration, qui couronne si admirablement le prologue, se lie �troitement au verset pr�c�dent et explique comment la v�rit�, la v�rit� absolue qui est Dieu, est venue par J�sus-Christ.
Avant lui, hors de lui, personne ne vit jamais Dieu, pas m�me Mo�se (Exode�33.20-23?; 1�Jean�4.12?; Colossiens�1.15?; 1�Timoth�e�6.16).
Voir Dieu, c�est avoir une intuition imm�diate de son essence, de ses perfections et c�est ce qui n�a jamais �t� donn� � aucun homme sur la terre et qui reste la pr�rogative exclusive du Fils unique (voir sur ce nom verset 14, 4e note).
Jean avait entendu cette d�claration de la bouche m�me de son Ma�tre (Jean�6.46?; Matthieu�11.27).
Tout homme d�chu serait rest� � jamais exclu d�une connaissance parfaite de Dieu, s�il ne nous avait �t� r�v�l� en J�sus-Christ. Mais c�est cette r�v�lation m�me que l��vang�liste proclame maintenant avec bonheur. Et pour que nous comprenions mieux encore comment le Fils unique pouvait nous faire conna�tre Dieu (grec le r�v�ler, l�expliquer), il d�peint sa communion parfaite avec lui, par ces mots profonds?: le Fils unique qui est dans le sein (comparez Jean�13.23, note) du P�re.
Quelques interpr�tes (Meyer, Hofmann, Weiss) voient dans ces mots la relation du Fils avec Dieu apr�s son retour dans la gloire et non durant son �tat d�abaissement sur la terre.
Jean emploierait cette expression en se pla�ant au point de vue du temps o� il �crivait?: qui est maintenant dans le sein du P�re.
Mais, comme le fait justement observer M. Godet?:
J�sus a toujours �t� dans le sein du P�re, par sa communion intime avec lui?; il �tait �?dans le ciel?� (Jean�3.13) tout en vivant sur la terre et, en mainte occasion, il d�clare dans notre �vangile qu�il ne parle que selon ce qu�il voit et entend de son P�re.
C�est parce qu�il �tait dans le sein du P�re qu�il a pu �tre, non seulement le r�v�lateur, mais la r�v�lation m�me de Dieu.
Jean affectionne ce beau et doux nom de P�re, parce que J�sus exprimait habituellement par ce nom l�ineffable amour qui est l�essence de Dieu.
Aussi, en contemplant son Ma�tre, le disciple a trouv� cette d�finition sublime de Dieu?: Dieu est amour.
Ce verset 18 r�sume tout le prologue, qui n�a d�autre but que de nous montrer dans le Fils unique la r�v�lation m�me de Dieu et d�amener les hommes � la foi en lui. C�est l� aussi le but de tout cet �vangile (Jean�20.31).
Codex Sinaiticus, B, C portent?: �?le Dieu Fils unique qui est dans le sein du P�re?�. Cette variante a donn� lieu � de savantes discussions, desquelles il r�sulte que les deux le�ons existaient d�j� au deuxi�me si�cle.
La le�on?: le Dieu Fils unique, est attest�e par les P�res alexandrins � peu pr�s exclusivement. Elle ne trouve son analogue dans aucun texte du Nouveau Testament.
Verset 19
Jean r�pond aux d�l�gu�s du sanh�drin
Jean d�signe J�sus
Le lendemain, J�sus venant � lui, Jean le d�signe comme l�Agneau de Dieu. Il affirme que J�sus �tait avant lui, qu�il a vu l�Esprit descendre et s�arr�ter sur lui et que, de cette mani�re, Dieu le lui a fait conna�tre. Sur la foi de ce signe, il atteste que J�sus est le Fils de Dieu (29-34).
Premi�re partie de 1.19 � 4.54
Le fils de Dieu
Le prologue �tant clos, l��vang�liste commence sa narration en rapportant le t�moignage de Jean-Baptiste. Les synoptiques, de m�me, placent en t�te le minist�re du Pr�curseur. Mais tandis qu�ils rapportent la pr�dication que Jean adressait au peuple pour lui annoncer la venue prochaine du royaume de Dieu et l��mouvoir � la repentance, notre �vang�liste ne nous a conserv� que les paroles par lesquelles Jean a pr�sent� J�sus � Isra�l et l�a d�sign� � ses disciples comme le Fils de Dieu. Il introduit son r�cit simplement par la particule et, s�en r�f�rant au verset 15, o� ce t�moignage de Jean a �t� invoqu� comme un argument pour la foi. Il va dire � quel moment et dans quelles circonstances ce t�moignage avait �t� rendu.
L�occasion du premier t�moignage de Jean-Baptiste fut une d�putation de membres du sanh�drin, envoy�s aupr�s de lui pour s�enqu�rir de son autorit� Nous rencontrons ici pour la premi�re fois cette expression?: les Juifs, qui revient fr�quemment dans le quatri�me �vangile. D�signant primitivement les membres de la tribu de Juda, ce terme avait �t� �tendu, depuis l�exil, � tout ce qui restait du peuple de Dieu. Jean l�emploie tant�t dans ce sens g�n�ral, comme synonyme d�Isra�lite (Jean�2.6-13?; Jean�3.1?; Jean�7.2), tant�t en lui attribuant une signification religieuse, en l�appliquant au peuple incr�dule et rebelle � la pr�dication de l��vangile, sp�cialement aux autorit�s de J�rusalem, dans lesquelles se concentrait cette r�sistance (Jean�2.18?; Jean�5.10?; Jean�5.15-16?; Jean�6.41-52?; Jean�7.11-13?; Jean�11.45, etc.).
On a all�gu� l�emploi de cette expression les Juifs et le sens d�favorable qui s�y trouve attach�, pour prouver que l�auteur n��tait pas lui-m�me d�origine juive. Mais � l��poque o� Jean �crivait, apr�s la ruine de J�rusalem et la dispersion des Juifs, ceux-ci ne formaient plus une nation.
L�appellation de Juifs avait pris une signification plus religieuse que politique. Il �tait naturel que Jean l�appliqu�t � une communaut� � laquelle il n�appartenait plus, de laquelle au contraire, il �tait s�par� profond�ment par sa qualit� de disciple de J�sus-Christ (comparer Apocalypse�2.9?; Apocalypse�3.9?; 1�Thessaloniciens�2.14-16).
La d�putation se composait de sacrificateurs, membres du sanh�drin, appartenant � la secte des pharisiens (verset 24) et de L�vites, qui leur servaient d�acolytes et de secr�taires.
C��tait donc une d�l�gation officielle et solennelle qui venait poser au Pr�curseur cette question?: Toi, qui es-tu?? L�autorit� th�ocratique avait pour mission de veiller � tous les int�r�ts religieux de la nation (Matthieu�21.23).
Or Jean baptisait en vue du royaume messianique (verset 25)?; il excitait une grande attention parmi le peuple (Matthieu�3.5) qui allait le reconna�tre pour le Messie (Luc�3.15)?; le sanh�drin ne manquait donc pas de raisons pour lui demander officiellement qui il �tait et pour rechercher, en particulier, s�il n�aurait pas peut-�tre la pr�tention d��tre le Christ.
Verset 20
Il n�est pas rare que l��vang�liste, voulant accentuer fortement une pens�e, l�exprime � la fois sous forme n�gative et positive.
C�est ce qu�il fait ici, pour dire que le Pr�curseur d�clara sans h�siter et nettement qu�il n��tait pas le Christ.
Selon le texte re�u, il faudrait traduire?: �?je ne suis point le Christ?�.
Une variante de Codex Sinaiticus, B, A, C, Itala pr�sente ainsi l�ordre des mots?: moi, je ne suis point le Christ, ou?: ce n�est pas moi qui le suis. C��tait dire aux membres de la d�putation qu�un autre l��tait et que cet autre �tait pr�sent au milieu d�eux.
Verset 21
Dans ce rapide dialogue, les questions sont dict�es par l�attente, alors g�n�rale, d�un envoy� de Dieu. Cette attente, qui avait �t� excit�e par l�apparition de Jean-Baptiste, se reportera plus tard sur J�sus lui-m�me (Matthieu�16.14).
Quoi donc?? demandent-ils, qu�est ce � dire?? Que se passe-t-il donc (B porte?: qu�es-tu donc??)??
Il y a, dans cette question, quelque impatience.
Jean-Baptiste nie qu�il soit �lie. Il est vrai qu�il le repr�sentait spirituellement (Malachie�4.5?; comparez Luc�1.17?; Matthieu�11.14?; Matthieu�17.11-12)?; mais comme les d�l�gu�s du sanh�drin, dans leurs vues charnelles pensaient � un retour personnel d��lie, il pouvait r�pondre n�gativement, car il n��tait pas �lie dans le sens qu�ils donnaient a ce mot.
Leur derni�re question?: Es-tu le proph�te?? (non �?un proph�te?�), �tait inspir�e par Deut�ronome�18.15.
Dans ce proph�te que Dieu promettait par la bouche de Mo�se, les uns voyaient le Christ lui-m�me (Jean�1.46?; Jean�6.14?; Actes�3.22?; Actes�7.37)?; d�autres, seulement l�un de ses pr�curseurs (Jean�7.40-41). Cette derni�re opinion �tait celle des d�put�s du sanh�drin.
Jean-Baptiste r�pond encore non, parce que, dans son humilit�, il ne veut pas se proclamer lui-m�me un proph�te �?semblable � Mo�se?�.
Verset 23
�sa�e�40.3, d�apr�s les Septante, sauf qu�on trouve ici dressez, au lieu de pr�parez le chemin.
Les mots?: dans le d�sert peuvent se rapporter, en grec comme en h�breu, soit � la phrase qui pr�c�de?: voix de celui qui crie, soit au verbe qui suit?: dresser (voir sur cette proph�tie Matthieu�3.3?; Marc�1.2?; Luc�3.4, note).
Verset 24
L��vang�liste rel�ve maintenant seulement le fait que les d�l�gu�s �taient des pharisiens, parce que leur attitude hostile va s�accuser dans la question suivante.
Codex Sinaiticus, B, A, C pr�sentent une variante qui pourrait se traduire?: et ils avaient �t� envoy�s de la part des pharisiens.
Cette variante para�t provenir d�une erreur de copiste. M�me en l�admettant, on peut voir dans le texte un h�bra�sme qu�il faudrait rendre par?: �?des pharisiens avaient �t� envoy�s?� (comparer Jean�16.17).
Verset 25
Les pharisiens ne se contentent pas de la r�ponse de Jean (verset 23), qu�ils trouvent sans doute trop vague pour lui donner des titres � sa mission.
Rigoureux observateurs de la loi et des traditions re�ues, ils sont indign�s que Jean se permette une innovation comme celle du bapt�me, puisqu�il d�clare lui-m�me qu�il n�est, ni le Christ, ni �lie, ni le proph�te. Pourquoi donc baptises-tu??
Par cette question, ils pensent le convaincre d�une usurpation de pouvoirs.
Verset 27
Par ces mots?: Moi je baptise d�eau, Jean oppose � son humble personne le Messie qui va se manifester?; il se h�te de diriger l�attention de ses interlocuteurs sur Celui qui d�j� se trouve au milieu d�eux, qu�ils ne connaissent point.
Lui substituera au bapt�me d�eau, pratiqu� par Jean et qui n�a qu�un caract�re pr�paratoire, le vrai bapt�me, le bapt�me de l�Esprit-Saint (verset 33), ou, comme il est appel� dans Matthieu�3.11 (4e note), le bapt�me �?d�Esprit Saint et de feu?�.
Ainsi le Pr�curseur se place sous l�autorit� du Christ dont la pr�sence justifiait et rendait n�cessaire son bapt�me d�eau?; car celui ci, comme bapt�me de repentance, devait pr�parer les �mes � la foi.
Quant au paroles qui suivent, voir verset 15, 2e note. Les mots?: qui m�a pr�c�d� (grec qui a �t� l� avant moi), manquent dans Codex Sinaiticus, B, C, mais au verset 30, Jean reproduit ce t�moignage et il est naturel de supposer qu�il le fait dans des termes identiques � ceux qu�il avait employ�s?: or les mots incrimin�s se lisent au verset 30.
Apr�s avoir pr�cis� sa mission, le Pr�curseur s�humilie profond�ment devant Celui qu�il annonce?; il n�est pas m�me digne de lui rendre le service d�un esclave, en d�liant la courroie de sa chaussure (Marc�1.7?; Luc�3.16).
Verset 28
Les t�moignages sont presque unanimes en faveur du nom de B�thanie et contraires � celui de B�thabara, qui se lit dans le texte re�u.
Orig�ne rapporte qu�il ne trouva point de B�thanie au-del� du Jourdain mais bien un lieu nomm� B�thabara, que la tradition d�signait comme celui o� Jean baptisait.
Mais il reconna�t que presque tous les manuscrits de son temps portaient B�thanie. Il est probable que sous l�influence de ce P�re la le�on B�thabara fut substitu�e � la le�on primitive B�thanie.
Au temps de Jean-Baptiste, il a pu se trouver dans cette contr�e une localit� obscure nomm�e B�thanie, qui aura �t� d�truite, comme tant d�autres villes et villages, pendant la guerre romaine.
En tout cas, il est impossible de supposer que l��vang�liste ait pu confondre ce B�thanie avec le village de Marthe et Marie, qu�il connaissait si bien (Jean 11) et qui �tait situ� loin du Jourdain, � une petite distance de J�rusalem et du mont des Oliviers.
Quelques critiques ont contest� le caract�re historique de ce r�cit. Ils n�y ont vu qu�une amplification de celui de Luc�3.15 et suivants (comparez Marc�1.7-8)?; Mais l�indication pr�cise du lieu (verset 28) et des d�put�s du sanh�drin (versets 19 et 24) conduisent a distinguer les deux sc�nes.
Dans Luc�3.15, le Pr�curseur annonce, en termes vagues, l�av�nement prochain du Messie. Cette d�claration est ant�rieure au bapt�me de J�sus (Luc�3.21).
Le r�cit de Jean (versets 19-28), o� le Pr�curseur d�signe J�sus personnellement, nous transporte � une �poque post�rieure au bapt�me et probablement aux quarante jours de la Tentation dans le d�sert (Marc�1.12).
C�est ce qui ressort des versets 31-33, o� Jean-Baptiste d�clare qu�il ne connaissait pas J�sus avant que celui-ci vint lui demander le bapt�me. Ces m�mes versets d�truisent l�opinion de ceux qui ont pr�tendu que le quatri�me �vangile ignore le bapt�me de J�sus, car ils renferment une �vidente allusion au r�cit que les synoptiques font de ce bapt�me.
Verset 29
Au moment de rapporter un second t�moignage que le Pr�curseur rendit en pr�sence de ses disciples, l��vang�liste en marque le temps pr�cis?: le lendemain.
Il donnera de semblables indications aux versets. 37?; et 44. Le souvenir de ces trois journ�es cons�cutives est rest� ineffa�able dans le c�ur de Jean, car ce furent les jours de sa premi�re rencontre avec J�sus et, par l� m�me, de sa naissance � la foi et � une vie nouvelle.
Jean voit J�sus qui vient � lui, non point pour �tre baptis�, le bapt�me a eu lieu?; mais bien, comme nous l�apprendra la suite de ce chapitre, pour chercher et trouver parmi les disciples de Jean ses premiers disciples. L��vang�liste ne dit pas d�o� il venait?: il revenait probablement du d�sert et de sa premi�re lutte avec la puissance des t�n�bres (note pr�c�dente).
Ces termes, si profonds et si vrais par lesquels Jean-Baptiste pr�sente le Sauveur � ses disciples, peuvent, au premier abord, nous �tonner, mais ils n�avaient rien d�inusit� pour des Isra�lites. Et d�abord, cette image?: l�Agneau (avec l�article qui dessine un agneau sp�cial) �tait bien connue de tout lecteur de l�Ancien Testament. �sa�e (�sa�e�53.7) avait annonc� le serviteur de l��ternel comme un �?agneau qu�on m�ne � la boucherie, une brebis muette devant ceux qui la tondent?;?� et tous les �crivains du Nouveau Testament ont appliqu� cette proph�tie au Sauveur, comme l�avaient fait, avant eux, plusieurs interpr�tes juifs.
En ajoutant que c�est l� l�Agneau de Dieu, le Pr�curseur fait comprendre que ce n�est pas l�homme qui s�est donn� un Sauveur mais qu�il lui vient de la mis�ricorde �ternelle de Dieu. Peut-�tre m�me faut-il remonter plus haut qu��sa�e pour retrouver l�image sous laquelle il peignait le Lib�rateur futur de son peuple. C��tait par le sang d�un agneau que ce peuple avait �t� sauv� de la destruction en �gypte (Exode�12.13)?; et d�s lors, chaque ann�e, Isra�l c�l�brait la P�que en immolant un anneau, en souvenir de cette d�livrance.
Cette id�e de l�agneau pascal n�est point �trang�re au Nouveau Testament (Jean�19.36?; 1�Pierre�1.19)?; pourquoi le serait-elle au passage qui nous occupe, comme le pr�tendent plusieurs interpr�tes qui pr�f�rent s�en tenir exclusivement � la proph�tie d��sa�e?? Les deux opinions se concilient parfaitement.
Quoi qu�il en soit, si le Pr�curseur d�signe le Sauveur par cette image d�un agneau, ce n�est point seulement pour indiquer l�innocence et la douceur qui le distinguent, mais afin d�exprimer ce grand fait qui est le but essentiel de sa mission?: il �te le p�ch� du monde. Le verbe que nous traduisons ainsi signifie �galement porter (Matthieu�11.29?; Matthieu�16.24) et �ter (Jean�11.39?; Jean�17.15?; 1�Jean�3.5).
Ce dernier sens doit �tre pr�f�r�, car si Jean-Baptiste avait d�signe seulement le Messie comme portant le p�ch�, l��vang�liste, pour traduire sa parole, se f�t servi du verbe employ� par les Septante dans �sa�e 53.
Les deux id�es, loin de s�exclure, se supposent du reste l�une l�autre. La sainte victime �te le p�ch�, parce que d�abord elle l�a port�?: elle en a fait l�expiation en pr�sence de la justice divine. C�est la grande v�rit� qui se retrouve clairement enseign�e dans la proph�tie de (�sa�e�53.4?; �sa�e�53.5-6?; �sa�e�53.10-12), comme dans tout le Nouveau Testament (Matthieu�8.17?; Luc�22.37?; Actes�8.32?; 1�Pierre�1.19?; 1�Pierre�2.24?; 1�Jean�2.2?; Jean�3.5).
Le p�ch� (non les p�ch�s) exprime la maladie morale et la culpabilit� de l�homme, dans son ensemble, dans son unit� r�elle et profonde (Jean�8.21?; Romains�6.1, etc.).
Le p�ch� du monde, dit enfin Jean-Baptiste et cette grande parole �l�ve la pens�e jusqu�� l�universalit� de l��uvre de la r�demption qu�accomplira le Sauveur et qui ne sera r�v�l�e aux ap�tres eux-m�mes que beaucoup plus tard (1�Jean�2.2).
Mais cette d�claration du Pr�curseur est trop lumineuse, trop �vang�lique, pour que bien des interpr�tes ne l�aient pas d�clar�e inadmissible dans sa bouche et n�aient pas soup�onn� l��vang�liste de lui avoir pr�t� sa propre pens�e.
Il suffirait peut-�tre, pour r�futer cette opinion d�observer que Jean-Baptiste �tait proph�te, le plus grand des proph�tes, qu�il �tait �clair� par l�Esprit de Dieu et qu�il connaissait les �critures o� se trouvait annonc�e � l�avance toute l��uvre divine du salut (�sa�e�52.13-15?; �sa�e�53.11?; �sa�e�19.23-25?; Gen�se�12.3), mais nous pr�f�rons rappeler simplement avec Meyer que, comme il le d�clare positivement lui-m�me (verset 33), il avait re�u de Dieu une r�v�lation au sujet du Sauveur qu�il devait annoncer.
Verset 30
Jean-Baptiste r�p�te solennellement, devant ses disciples, le t�moignage qu�il avait prononc� en pr�sence de la d�l�gation du sanh�drin (verset 26) et que l��vang�liste avait invoqu� au verset 15 (voir la 2e note).
Verset 31
Le Pr�curseur raconte (versets 31-34) comment il est arriv� � la certitude que J�sus est le Messie. Il justifie ainsi le beau t�moignage qu�il venait de lui rendre (versets 29 et 30)?; ce t�moignage reposait exclusivement sur l�ordre et la r�v�lation de Dieu (verset 33, comparez Luc�3.2).
C�est pour ob�ir � l�ordre de Dieu qu�il s��tait mis � baptiser d�eau, expression qui embrasse tout son minist�re comme pr�curseur. En commen�ant ce minist�re, il savait seulement que le Messie allait �tre manifest� � Isra�l et que sa propre vocation consistait � lui pr�parer les voies.
Cette d�claration?: je ne le connaissais pas, que Jean r�p�te au verset 33, signifie qu�il ne savait pas que J�sus f�t le Messie?; pour en �tre assur� il eut besoin du signe qui lui avait �t� annonc� et qui lui fut donn� par Dieu (versets 33 et 34).
M. Godet entend ces mots dans un sens absolu et pense que Jean-Baptiste, qui avait v�cu dans les d�serts, n�avait jamais rencontr� J�sus et ne le connaissait m�me pas comme homme.
Cette supposition n�est pas inadmissible, mais peu probable puisque Jean �tait parent de J�sus et que leurs familles soutenaient des rapports intimes (Luc�1.36-39 et suivants).
Mais m�me appliqu�e � la messianit� de J�sus la d�claration du Pr�curseur para�t en contradiction avec le r�cit de (Matthieu�3.14), o� Jean refuse de baptiser J�sus et lui dit?: �?C�est moi qui ai besoin d��tre baptis� par toi et tu viens � moi?!?�
Comment expliquer ce refus, si Jean ignora que J�sus fut le Messie jusqu�au moment o� J�sus, sortant de l�eau, re�ut l�Esprit sous une forme visible??
Meyer pense que Jean eut une sorte de pressentiment proph�tique de la messianit� de J�sus. M. Godet suppose que Jean eut un entretien intime avec J�sus, avant le bapt�me, comme il en avait g�n�ralement avec ceux qui venaient � lui et qui, � ce moment, confessaient leurs p�ch�s.
Dans cet entretien, Jean-Baptiste fut frapp� des dispositions uniques de ce p�nitent d�un nouveau genre qui n�avait aucun p�ch� sur la conscience. La v�rit� qu�il commen�a d�entrevoir et qui lui arracha l�humble protestation conserv�e par Matthieu, lui fut pleinement confirm�e par la manifestation divine qui suivit le bapt�me.
Telle est la mani�re la plus naturelle de concilier les deux r�cits. Selon L�cke, il y aurait eu transposition dans le r�cit de Matthieu?: la parole du verset 14 n�aurait �t� prononc�e qu�apr�s le bapt�me de J�sus.
Cette hypoth�se serait confirm�e par l��vangile des H�breux qui rapporte les faits dans cet ordre?; mais c�est l�, il faut en convenir, un assez faible t�moignage.
Verset 32
Ces mots?: Et Jean rendit t�moignage, sont de l��vang�liste qui interrompt ainsi le discours du Pr�curseur afin d�introduire d�une mani�re solennelle son t�moignage.
Jean-Baptiste pouvait dire qu�il avait vu l�Esprit descendre du ciel, parce qu�il se pr�senta sous une forme visible, �?comme une colombe?�.
Le t�moignage de Jean, dans notre �vangile, est donc en pleine harmonie avec le r�cit des synoptiques (Matthieu�3.16?; Marc�1.9-11, Luc�3.22, voir les notes) et il exclut nettement l�id�e de quelques interpr�tes (Tholuck, Meyer, Asti�), que Jean-Baptiste n�aurait eu qu�une vision int�rieure, produite par une action de l�Esprit de Dieu sur l�esprit du proph�te et n�aurait pas contempl� un ph�nom�ne qui tomb�t sous les sens.
� quoi bon alors ce symbole de la colombe?? C�est sous cette �?forme corporelle?� (Luc�3.22), qui rappelle le ph�nom�ne des langues de feu descendant sur la premi�re �glise et se posant sur chacun des assistants (Actes�2.3), que Jean vit l�Esprit descendre et demeurer sur J�sus.
Verset 33
Jean-Baptiste tient � r�p�ter qu�il ne connaissait pas J�sus comme le Messie (verset 31, note), que par cons�quent son t�moignage ne venait pas de lui, puis il fait remonter la certitude de ce t�moignage jusqu�� Dieu lui-m�me, qui, en l�envoyant remplir sa mission, lui avait donn� un signe lui ne devait laisser aucun doute dans son esprit (verset 34).
Quelques interpr�tes pensent que, selon le r�cit de notre �vang�liste, J�sus n�aurait point re�u, lors de son bapt�me, un don nouveau et sp�cial du Saint-Esprit, puisqu�il avait toujours �t�, en tant que Parole faite chair, sous l�influence de cet Esprit.
Le but exclusif de la sc�ne rapport�e par Jean-Baptiste aurait �t� de donner � celui-ci la certitude que J�sus �tait le Messie.
Cette id�e est en contradiction directe avec le r�cit des synoptiques, suivant lequel les manifestations divines qui se produisent au bapt�me de J�sus s�adressent � celui-ci en premier lieu (voir les notes) et elle ne saurait �tre attribu�e � l�auteur du quatri�me �vangile, car elle m�conna�t le fait de l�incarnation, point capital du Prologue (verset 14).
Ce fait, envisag� dans toutes ses cons�quences, nous oblige � admettre que J�sus a pass�, dans son enfance et sa jeunesse, par un d�veloppement religieux et moral (Luc�2.40) il l�accomplit, sans doute, sous l�action constante du Saint-Esprit?; mais cela n�emp�cha pas qu�il ne re��t une effusion toute sp�ciale de cet Esprit � l�heure d�cisive du bapt�me, qui marque pour lui une �tape importante de sa vie int�rieure en m�me temps que l�entr�e dans la carri�re messianique.
Verset 34
Il y a quelque chose de solennel dans les affirmations de ce r�cit o�, trois fois de suite, le Pr�curseur commence ses d�clarations par ce mot?: Et moi (versets 31, 33, 34).
C�est dans le m�me but qu�il emploie ici les verbes au parfait (j�ai vu j�ai rendu t�moignage), affirmant ainsi un fait accompli, mais permanent dans sa r�alit�.
Quant � ce grand nom de Fils de Dieu, il n�a point lieu de surprendre dans la bouche de Jean-Baptiste puisque celui-ci a d�j� affirm� la pr�existence de la Parole �ternelle (versets 15 et 30) et qu�il avait du reste entendu une voix des cieux dire de J�sus, au moment de son bapt�me?: �?Celui-ci est mon Fils bien-aim�, en qui je me complais?� (Matthieu�3.17?; Marc�1.11?; Luc�3.22).
La variante du Codex Sinaiticus et de deux versions syriaques?: �?l��lu de Dieu?�, rend plus �vidente encore la relation de ce t�moignage de Jean avec la sc�ne du bapt�me.
Le t�moignage du Pr�curseur eut un r�sultat imm�diat, racont� dans la fin de ce chapitre et il est rest� dans l��glise, dont il a affermi la foi, en certifiant la mission divine du Sauveur.
On s�est demand� comment le Pr�curseur, apr�s avoir rendu � J�sus ces t�moignages si lumineux et si fermes put traverser, dans le fond de sa prison, une heure d��preuve int�rieure telle que nous la racontent Matthieu (Matthieu�11.2 et suivants) et Luc (Luc�7.18 et suivants, voir les notes).
Il faut conna�tre bien peu le c�ur humain pour estimer qu�une telle contradiction ne saurait se produire dans la vie du m�me homme.
Verset 35
Le premier groupe de disciples
Vocation de Philippe et de Nathana�l
Les premiers disciples
Versets 35 � 52 � La premi�re rencontre
L�un de ces deux disciples �tait Andr� (verset 41), l�autre �tait certainement Jean, notre �vang�liste, qui souvent trahit sa pr�sence sans se nommer, ce qui est un indice tr�s significatif de l�authenticit� de notre �vangile (voir l�Introduction et comparez Jean�13.23?; Jean�19.26?; Jean�20.2-3, etc.).
Il suffit de lire les d�tails si pr�cis du r�cit qui va suivre, pour reconna�tre � chaque trait le t�moin oculaire.
Verset 36
Jean, ayant arr�t� son regard sur J�sus, n�adresse pas pr�cis�ment ces paroles � ses deux disciples, mais il les prononce pour eux. Ils ont entendu la veille ce m�me t�moignage, plus complet (verset 29) et cette allusion suffira pour leur inspirer le d�sir de conna�tre de plus pr�s
Celui que leur ma�tre leur annonce. Telle �tait l�intention humble et d�sint�ress�e de ce grand serviteur de Dieu (Jean�3.26-30).
Verset 37
Ils le suivirent en cherchant � s�approcher de lui. Il ne s�agit point encore du moment o� ils se consacreront � son service et cependant on a pu dire avec raison?:
Verset 38
J�sus, voyant ces deux jeunes gens le suivre pour entrer en relation avec lui, les pr�vient avec bienveillance et leur facilite ainsi une rencontre qui d�cidera de leur vie.
Verset 39
Ce titre de Rabbi, quoique tr�s honorable chez les Juifs, restait bien au-dessous de l�id�e que ces deux disciples se faisaient de J�sus d�apr�s le t�moignage qu�ils venaient d�entendre?; mais, pour le moment, ils n�osent s��lever plus haut en adressant la parole � J�sus.
Verset 40
Ou, selon le texte re�u (Codex Sinaiticus, A, la plupart des majuscules)?: venez et voyez. Les deux disciples s�informaient modestement de la demeure de J�sus, dans l�intention de le visiter plus tard?; mais lui les invite � le faire imm�diatement et quand ils l�auront vu et entendu, ils lui seront acquis pour toujours. La vraie foi, qui est la confiance du c�ur, ne na�t que d�un contact imm�diat avec le Sauveur.
C�est-�-dire quatre heures de l�apr�s-midi, � compter depuis six heures du matin selon la mani�re des Juifs.
Notre �vang�liste adopte probablement partout cette division du jour usit�e chez tous les peuples anciens, qui comptaient les heures � partir du lever du soleil et non, comme le pensent quelques interpr�tes (Tholuck, Ebrard, Ewald, Westcott, Keil), celle des modernes, qui les comptent � partir de minuit. Cette derni�re mani�re de compter placerait le fait qui nous occupe � dix Heures du matin (voir Jean�4.6, notes?; Jean�4.52, notes?; Jean�11.9, notes?; Jean�19.14, note).
Ce jour-l� s�expliquerait mieux s�il s�agissait de dix heures du matin, mais cette expression peut s�appliquer aussi � la fin de la journ�e. Elle oppose � la courte visite que les deux disciples se proposaient de faire � J�sus, les longues heures qu�ils pass�rent aupr�s de lui.
Cette premi�re rencontre avec son Ma�tre a laiss� � Jean un souvenir si ineffa�able, qu�en �crivant son �vangile un demi-si�cle plus tard, il sait en indiquer l�heure pr�cise.
Verset 41
Comparer verset 35, note.
Verset 42
Que signifient ces expressions?: le premier et son propre fr�re?? ?�videmment, l��vang�liste sous-entend ici le fait que chacun des deux disciples, apr�s leur entretien avec J�sus, se mit aussit�t avec empressement � la recherche de son fr�re Andr� � la recherche de Simon Pierre et Jean � celle de Jacques. Andr� fut le premier � trouver son fr�re.
Ce mot suppose que Jean rencontra ensuite le sien et l�amena � J�sus (Marc�1.19)?; mais l��vang�liste, selon son habitude, passe sous silence ce qui le concerne. C�est ce que n�ont pas compris les copistes qui ont corrig� le premier en premi�rement.
Cette le�on (B, A, versions syriaque) ne saurait donner un sens satisfaisant, puisque le r�cit ne dit pas qu�Andr� ait trouv� en second lieu quelque autre disciple.
Le but des deux disciples �tait d�annoncer, chacun � son fr�re, cette grande nouvelle qui venait de remplir leur c�ur de joie?: nous avons trouv� le Messie?! (comparer verset 46) Ces mots furent, sans doute, prononc�s avec un saint enthousiasme, puisqu�il s�agissait de Celui qui, depuis tant de si�cles, �tait attendu comme �?la consolation d�Isra�l?�.
Jean, qui ordinairement se sert du terme grec?: Christ (versets 20 et 25) emploie ici le mot h�breu Messie (Oint), afin de conserver exactement les paroles d�Andr�?; mais il a soin de traduire ce nom, parce qu�il �crit pour des Grecs.
Verset 43
La parole de J�sus � Pierre est pr�par�e par ce mot?: l�ayant regard�, consid�r�, de ce regard qui p�n�trait jusqu�au fond des c�urs (Jean�2.25) et qui suffit � J�sus pour d�couvrir dans ce caract�re l��nergie et la force qui en fera le C�phas (le roc) de son �glise.
L�introduction?: tu es Simon, fils de Jonas, ne sert qu�� donner plus de solennit� � ce changement de nom, sign� d�un changement de vie ou de position (Gen�se�17.5?; Gen�se�32.28).
Suivant d�autres, le nom de C�phas (roc) propose au disciple un id�al qu�il doit s�efforcer de r�aliser et qui est pr�cis�ment le contraire de sa versatilit� naturelle (Jean�13.36-38).
Par son caract�re propre, Pierre est inconstant, homme du premier mouvement, mais sans pers�v�rance dans ses r�solutions domin� par la crainte des hommes (Jean�18.17?; Galates�2.11 et suivants)?; la gr�ce de Dieu fera de lui un rocher.
On a voulu voir une contradiction entre ce r�cit et celui de Matthieu�16.18. Mais � C�sar�e de Philippe J�sus ne fait que reconna�tre et confirmer � son disciple le nom qu�il lui avait donn� auparavant?: Tu es Pierre.
Cette pr�sentation de Pierre � J�sus eut probablement lieu le soir m�me du jour o� les deux disciples avaient trouv� leur Ma�tre. On peut supposer qu�ils le quitt�rent quelques instants pour se mettre � la recherche de leurs fr�res. L��vang�liste fait le compte exact des jours de cette semaine m�morable en r�p�tant cette indication le lendemain, versets 29, 35 et 44?; comparez Jean�2.1.
Les interpr�tes qui estiment que les mots du verset 40 �?ils rest�rent aupr�s de lui ce jour-l�?�, obligent � placer au lendemain ou aux jours suivants la recherche faite par Andr� et Jean et l�entrevue de Simon avec J�sus, doivent renoncer � trouver dans notre morceau des donn�es chronologiques pr�cises et concordantes?: le lendemain (verset 44) serait le jour qui suivit la visite de Pierre, mais comme il ne serait pas dit quand celle-ci eut lieu cette indication ne correspondrait � rien.
Verset 45
Au moment o�, le lendemain, J�sus se disposait � partir pour la Galil�e, pour y exercer son minist�re, il rencontre Philippe qu�il invite � le suivre.
Cette invitation n��tait pas encore un appel � l�apostolat (Matthieu�4.19)?; elle signifiait pour Philippe?: �?Reviens avec moi en Galil�e?�.
Mais, dans la pens�e de J�sus, elle avait une port�e plus grande. L��vang�liste fait ensuite cette remarque que Philippe �tait de la m�me ville qu�Andr� et Pierre (Jean�12.21), sans doute afin de faire comprendre qu�il entra en relation avec J�sus par l�interm�diaire de ces deux disciples.
Verset 46
Il n�est pas dit o� Philippe trouve Nathana�l, c��tait probablement pendant ce voyage vers la Galil�e (verset 44), o� les disciples accompagnaient J�sus. Peut-�tre Nathana�l faisait-il la m�me route, en sens inverse, pour se rendre aupr�s de Jean-Baptiste.
Quoi qu�il en soit, Nathana�l, apr�s cette rencontre avec J�sus, devint son disciple et m�me tr�s probablement un ap�tre. En effet, au Jean�21.2, il est nomm� parmi les ap�tres et, dans les diverses listes de ces derniers (Matthieu�10.3?; Luc�6.14?; Marc�1.18?; Actes�1.13), o� son nom manque, on trouve celui de Barth�lemi plac� � c�t� de celui de Philippe, son ami.
Or, comme Barth�lemi n��tait qu�un nom patronymique (�?fils de Tholma�?�), on peut conclure que c�est Nathana�l qui le porte dans les synoptiques.
Nous avons trouv�, telle est la joyeuse exclamation par laquelle ces nouveaux disciples s�annon�aient l�un � l�autre la bonne nouvelle de leur premi�re rencontre avec J�sus (verset 42).
Pour affermir sa propre foi et celle de son ami, Philippe aime � rappeler que cet envoy� de Dieu n�appara�t pas inattendu en Isra�l. Mo�se et les proph�tes ont �crit de lui?; Mo�se dans Deut�ronome�18.15 et dans toutes les institutions de la loi qui pr�figuraient le Messie (Jean�5.46?; Luc�24.27-44)?; les proph�tes, dans la plupart de leurs �crits.
En ajoutant que J�sus �tait fils de Joseph et originaire de Nazareth, Philippe ne fait qu�exprimer l�opinion courante et il faut que la critique n�gative soit bien avide de vaines objections pour conclure de l� que l�auteur de notre �vangile ignorait la naissance de J�sus � Bethl�hem et son origine surnaturelle. Elle oublie que ce n�est pas l��vang�liste qui parle ici, mais Philippe qui, apparemment, n��tait pas au fait alors des circonstances particuli�res dans lesquelles J�sus �tait venu au monde?!
Verset 47
Na�ve expression du pr�jug�?! D�o� pouvait venir ce pr�jug� dans l�esprit de l�honn�te Nathana�l?? De ce que Nazareth �tait en Galil�e?? (Jean�7.52) de ce que c��tait une petite et Obscure localit�?? Ou enfin de ce que cette ville �tait mal fam�e sous le rapport de la moralit�??
Les interpr�tes ont tour � tour soutenu ces diverses opinions. M. Godet pense que le doute de Nathana�l venait de ce qu�aucune proph�tie n�assignait a Nazareth un r�le si important.
Mais la question de Nathana�l para�t trop g�n�rale (quelque chose de bon) pour comporter cette id�e.
En revanche, le m�me commentateur fait cette observation pleine de justesse que Nathana�l �tant de Cana (Jean�21.2), � une lieue seulement de Nazareth, il pouvait c�der a cette mesquine jalousie qui existe souvent de village � village et qui ne lui permettait pas de croire que cette localit�, aussi obscure que la sienne, avait part � une gloire si �clatante.
Quoi qu�il en soit, il est s�r que les habitants de Nazareth ne manqu�rent pas de justifier, dans la suite, l�opinion peu favorable que Nathana�l avait d�eux (Marc�6.6?; Luc�4.16 et suivants).
Viens et vois?!
Verset 48
Grec?: v�ritablement un Isra�lite, qui ne l�est point seulement par son origine nationale (Romains�9.6), mais dans son c�ur (Romains�2.29) et il est tel par sa droiture et sa sinc�rit� c�est un homme int�gre (Psaumes�32.2).
J�sus adresse ces paroles � ceux qui l�entourent, mais de mani�re � �tre entendu de Nathana�l et afin d�entrer en rapport avec lui, de gagner sa confiance en se d�voilant � lui d�s l�abord comme Celui qui sonde les c�urs (Jean�1.43?; Jean�2.25).
Verset 49
Nathana�l ne repousse point la louange de J�sus?; c�est l�, comme l�observe Meyer, une preuve de sa sinc�rit� et sa question n�est que l�expression d�un profond �tonnement.
Il para�t que, peu de temps avant la rencontre de Philippe et de Nathana�l, ce dernier s��tait retir� et recueilli sous un figuier pr�s du Chemin, ou il croyait �tre seul et d�rob� � tous les regards.
L�, lui dit J�sus, je t�ai vu.
Le regard du Sauveur, non seulement a d�couvert Nathana�l en un lieu o� il �tait naturellement cach�, mais il a p�n�tr� jusqu�au fond de son c�ur et a reconnu les sentiments intimes qui l�occupaient � ce moment.
C�est ce qui ressort de l�impression profonde et d�cisive que fait sur Nathana�l ce simple mot?: je t�ai vu. Rien de moins ne saurait expliquer comment cette parole cr�e la foi en cet homme et provoque la belle confession qui s��chappe de son c�ur et de ses l�vres (verset 50).
Verset 50
Se sentant en pr�sence d�un �tre qui l�a p�n�tr� jusqu�au fond de l��me, Nathana�l le reconna�t et le confesse avec bonheur comme le Fils de Dieu et le Roi d�Isra�l.
Ces deux termes ne sont point synonymes, ainsi que le prouve d�j� la r�p�tition de ce mot?: tu es?; mais chacun de ces titres doit �tre entendu dans sa signification biblique.
Sans doute, la connaissance de Nathana�l est bien faible encore, ce n�est point un th�ologien qui fait de la m�taphysique, mais un croyant qui confesse sa foi et cette foi renferme en germe tout ce que croira plus tard, avec plus de lumi�res, Nathana�l devenu ap�tre.
Ceux qui s��tonnent de rencontrer des l�abord dans sa bouche une telle confession, ont oubli� que tout Isra�lite pieux connaissait les �critures et que Nathana�l avait pu trouver, dans le seul Psaumes 2, les deux titres qu�il donne ici � J�sus.
Verset 51
La plupart des interpr�tes consid�rent cette parole de J�sus comme une question?: tu crois??
Cette question exprimerait la surprise, de Wette va jusqu�� y voir une l�g�re d�sapprobation de ce que Nathana�l croyait, sans une exp�rience mieux fond�e.
C�est une erreur. J�sus se serait bien gard� de r�voquer en doute et plus encore de bl�mer, la foi naissante de cette �me droite et sinc�re. La preuve qu�il la reconna�t et l�approuve c�est qu�il promet � son nouveau disciple des gr�ces nouvelles?: de plus grandes choses.
Verset 52
Cette solennelle affirmation?: en v�rit�, en v�rit�, qui se trouve ici pour la premi�re fois, mais qu�on rencontre si fr�quemment dans cet �vangile seul, est le mot h�breu?: amen, amen, conserv� par Jean dans la langue originale, bien qu�il �crive en Grec.
Cette formule par laquelle il affirmait la v�rit� de sa parole, J�sus l�empruntait � l�Ancien Testament qu�il aimait � citer (N�h�mie�8.6?; Psaumes�41.13?; Psaumes�72.19, comparez Apocalypse�3.14).
J�sus s�adresse ici non plus � Nathana�l seul, mais � tous les disciples qui l�entouraient?: je vous dis.
Tout, dans ces solennelles paroles, a un sens symbolique, plein de v�rit� et de grandeur. Si le mot d�sormais est authentique (plusieurs critiques le retranchent suivant Codex Sinaiticus, B, Itala), il dirige la pens�e sur le minist�re de J�sus qui allait commencer.
Alors les disciples verront le ciel ouvert?; ce ciel que le p�ch� de l�homme avait ferm� � la terre, allait redevenir accessible � leur foi, � leurs esp�rances, � leurs pri�res (comparer Matthieu�3.16?; Actes�7.55).
Les disciples verront m�me les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l�homme. Ils comprirent d�s l�abord cette image sublime car ils connaissaient la belle vision de Jacob � laquelle elle est emprunt�e (Gen�se�28.12). Celle-ci allait �tre r�alis�e dans sa pl�nitude pour le Sauveur et pour tous ceux qui s�attacheront � lui (voir sur ce mot Fils de l�homme Matthieu�8.20, note).
La communion intime et vivante de J�sus avec Dieu son P�re, ses ardentes pri�res, qui monteront vers le ciel et qui redescendront sur lui en flots de gr�ces et de puissances divines pour lui permettre d�accomplir les �uvres qui lui serviront de signes (Jean�5.36?; comparez Jean�2.1-11) et d�exercer sur tous ceux qui l�approcheront une action profonde, de faire participer aux b�n�dictions c�lestes tous ceux qui croiront en lui, telle sera la r�alit� de cette image.