Bible Commentaries
Jean 19

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-42

Verset 1

Donc, sa derni�re tentative pour lib�rer J�sus �tant rest�e sans succ�s (Jean�18.33-39), Pilate (grec) prit J�sus et le battit de verges.

Sur l�horrible supplice de la flagellation, voir Matthieu�27.26, note.

Chez les Romains, la r�gle �tait que cette peine pr�c�d�t toujours le crucifiement d�un criminel?; elle �tait le premier acte du supplice (Matthieu�20.19)?; et c�est ainsi que la flagellation de J�sus est pr�sent�e par (Matthieu�27.26) et par (Marc�15.15).

Mais, d�apr�s Jean, Pilate, tout en proclamant l�innocence de J�sus (Jean�19.4?; Jean�18.38) et parce qu�il n�avait pas la force morale de le d�clarer absous, lui infligea ce ch�timent ignominieux et cruel, non dans l�espoir que les chefs du peuple s�en contenteraient (il leur avait propos� d�j� ce mis�rable exp�dient et avait �t� repouss� avec perte, Luc�23.16-22), mais parce qu�il esp�rait apitoyer la foule et provoquer dans son sein quelque revirement d�opinion qui lui perm�t de sauver J�sus.

Verset 3

Voir, sur ce r�cit, Matthieu�27.28-29, notes.

Le texte re�u omet � tort ce d�tail qui se lit dans Codex Sinaiticus, B, majuscules, versions?: les soldats s�approchaient de lui pour le saluer d�risoirement comme roi.

Matthieu dit?: �?ils s�agenouillaient devant lui?�. Ce qui pouvait donner � ces soldats romains l�id�e de railler ainsi le Sauveur sur sa royaut�, ce sont, sans doute, ses propres paroles (Jean�18.36-37), qu�ils avaient entendues, ou l�accusation que les principaux sacrificateurs portaient contre lui.

Le mot que nous rendons par coups de b�ton pourrait signifier des soufflets. C�est le sens qu�il a certainement dans Matthieu�5.39 et que nous lui avons donn� dans Jean�18.22.

Ici il s�agit plut�t de coups de b�ton, d�apr�s l�analogie de Marc�14.65.

Pilate n��tait pas pr�sent pendant que ces grossiers soldats maltraitaient ainsi l�accus�?; mais il ne les d�sapprouva pas, puisqu�il pr�senta J�sus � ses accusateurs dans ce d�guisement royal, esp�rant, en soulevant l�honneur national des Juifs, provoquer un mouvement favorable � J�sus. En m�me temps il montrait par ce traitement d�risoire que J�sus ne lui paraissait pas un criminel dangereux (versets 4 et 5).

Verset 5

Ces mots devenus si c�l�bres?: Voici l�homme?! furent sans doute prononc�s par Pilate avec un m�lange de m�pris et de compassion. Il esp�rait faire partager aux Juifs ce dernier sentiment et voulait leur faire entendre qu�il n�irait pas plus loin.

Mais cette apparition �mouvante du Sauveur portant son manteau de pourpre et sa couronne d��pines, se montrant ainsi au peuple dans les profondeurs de son humiliation et de ses souffrances, cette apparition est rest�e grav�e dans les souvenirs les plus religieux de l��glise?; et la parole du gouverneur romain?: Voici l�homme?! (Ecce homo?!) a pris une signification sainte et profonde que Pilate ne songeait pas � lui donner.

Comme Ca�phe, il a proph�tis� sans le savoir (Jean�11.50-51)?; et c�est bien l�homme, l�homme id�al, se menant � la place de l�homme p�cheur, qu�il a pr�sent� � son peuple.

Verset 6

Pilate avait compt� sans la haine sacerdotale?: quand donc ils le virent, bien loin d��prouver quelque compassion, les principaux sacrificateurs et les huissiers firent entendre ce cri sauvage?: Crucifie?! Crucifie?!

La plupart des critiques retranchent le pronom le apr�s crucifie. Ce pronom se lit cependant dans Codex Sinaiticus, A, D, majuscules, versions.

Il ne faut pas, avec Stier, MM. Weiss et Godet, prendre cette parole de Pilate � la lettre, comme s�il voulait exceptionnellement permettre aux Juifs de crucifier eux-m�mes J�sus � leurs risques et p�ril.

M. Godet dit qu�ils n�auraient pu profiter de cette permission, parce que les partisans de J�sus, n��tant plus tenus en respect par le gouverneur, auraient retourn� le peuple en sa faveur. Mais si ce revirement d�opinion avait �t� possible, Pilate lui-m�me, dans son d�sir de sauver J�sus, l�aurait encourag�.

M. Weiss explique le refus des chefs d�entrer dans la voie que Pilate leur ouvrait par cette raison que, le crucifiement n��tant pas une p�nalit� juive, ils n�auraient pu l�galement l�ex�cuter. Mais peu leur importait le genre de supplice, pourvu qu�ils pussent mettre � mort celui qui �tait l�objet de leur haine.

Si donc la permission de Pilate ne les satisfait pas, c�est qu�elle n��tait qu�un refus de c�der � leurs injonctions, refus pr�sent� sous la forme d�un sarcasme, dans lequel Pilate exhale sa mauvaise humeur en leur faisant sentir leur impuissance (Meyer, Keil). Puis, encore une fois, il d�clare l�innocence de l�accus� comme motif de son refus.

Verset 7

En g�n�ral, les Romains laissaient aux peuples vaincus leur l�gislation nationale. Les Juifs s�en pr�valent avec une sorte d�orgueil?: Nous, disent-ils, nous avons une loi.

Ils entendent par l� L�vitique�24.16, qui condamne � mort le blasph�mateur du nom de Dieu. Or, selon ces th�ologiens juifs, J�sus a blasph�m� en se d�clarant Fils de Dieu. Il l�avait fait cette nuit m�me, d�une mani�re solennelle, devant le sanh�drin (Matthieu�26.64?; Marc�14.62-64). Donc il doit mourir (comparer Jean�5.18?; Jean�10.33).

Il y avait, dans cette nouvelle tournure qu�ils donnent � l�accusation, autant de maladresse que de mauvaise foi.

Apr�s avoir condamn� J�sus sur ce chef religieux de s��tre fait Fils de Dieu, ils ont port� devant Pilate une accusation politique?: Il s�est fait roi (Jean�18.33, note).

Maintenant, n�ayant rien obtenu du gouverneur, ils reviennent � la premi�re accusation. Ils auraient d� pr�voir que Pilate refuserait plus d�cid�ment encore de l�admettre (verset 8).

Verset 8

Plus de crainte qu�on ne le for��t de condamner J�sus.

Quelle �tait la cause de cette crainte croissante??

Les interpr�tes sont � peu pr�s unanimes � penser que Pilate, en entendant ce mot de Fils de Dieu et sous l�impression qu�il pouvait avoir re�ue de la pr�sence et des paroles de J�sus, voyait r�ellement en lui quelque �tre surnaturel, le fils d�un dieu. Sa crainte aurait eu ainsi un caract�re superstitieux, qu�elle pouvait avoir rev�tu � la suite de l�avertissement que la femme de Pilate venait de lui donner (Matthieu�27.19).

Cette explication n�est point, comme on l�a pr�tendu, psychologiquement improbable, car la superstition s�allie tr�s bien avec le scepticisme ou l�incr�dulit�. Sans doute, on pourrait attribuer la crainte de Pilate � une autre cause.

On exigeait de lui la ratification d�une sentence de mort conform�ment � une loi (verset 7) qu�il ne connaissait pas et sur un grief religieux qu�il ne pouvait admettre.

En outre, ce grief �tait formul� par des ennemis acharn�s dont il p�n�trait toute la haine et qui changeaient de chef d�accusation en sa pr�sence. Cette derni�re circonstance devait frapper d�autant plus le magistrat, qu�il allait voir ces juges iniques revenir bient�t � leur accusation politique (verset 12).

Mais ce qui d�cide en faveur de la premi�re explication, c�est la question de Pilate � J�sus (verset 9).

Verset 9

Il n�est pas possible que cette question signifie?: Quel est ton pays?? Ce qui n�aurait aucun sens dans ce contexte. D�ailleurs Pilate venait d�apprendre que J�sus �tait de la Galil�e (Luc�23.6). Sa question signifie donc?: Pr�tends tu r�ellement que tu viens du ciel et que tu es le Fils de Dieu (comparer versets 7 et 8)??

Pourquoi J�sus refuse-t-il de r�pondre?? Il avait d�j� dit � Pilate tout ce qu�il pouvait lui r�v�ler sur sa personne en lui parlant de la nature c�leste de son r�gne (Jean�18.36-37).

S�il lui avait r�pondu?: Je suis venu du ciel, je suis le Fils de Dieu, cela aurait signifi� pour le pa�en Pilate?: le fils d�une divinit� mythologique quelconque. D�ailleurs Pilate, esclave de ses passions mondaines, n��tait pas dans une disposition morale qui le rendit capable d�en entendre davantage sur ce grand myst�re de pi�t� (comparer Matthieu�27.12-14).

La vraie r�ponse?; dit M. Godet, nous para�t r�sulter de ce qui pr�c�de?: Pilate en savait assez sur son compte pour le lib�rer, il l�avait lui-m�me d�clar� innocent. Cela aurait d� lui suffire. Ce qu�il voulait savoir de plus �?n�appartenait pas � sa comp�tence?� (Ebrard). S�il ne d�livrait pas J�sus en tant qu�homme innocent, il m�ritait de le crucifier lui, le Fils de Dieu. Son crime devenait son ch�timent.

Ces raisons �videntes suffisent � expliquer le silence de J�sus, sans qu�il soit n�cessaire d�en chercher d�autres, comme celle-ci?: J�sus ne voulait rien dire qui p�t amener Pilate � le lib�rer, parce que c�e�t �t� contraire aux desseins de Dieu (Luthardt).

Verset 10

Pilate est �tonn� et bless� du silence de J�sus, qui lui para�t manquer de respect envers lui (grec?: � moi, tu ne parles pas?!).

De l� l�expression hautaine et deux fois r�p�t�e de son pouvoir sur la libert� et sur la vie de J�sus.

Il n�est pas question de justice dans ces paroles de Pilate?; l�arbitraire du pouvoir doit tout d�cider.

Ainsi, comme l�observe M. Luthardt �?la crainte superstitieuse de Pilate le c�de � son orgueil?� (comparer sur le silence de J�sus, Matthieu�27.12?; Luc�23.9).

Verset 11

J�sus humilie d�abord en Pilate cet orgueil du pouvoir dont il se vante, en lui d�clarant qu�il n�a point ce pouvoir par lui-m�me, mais qu�il lui a �t� donn� par un plus puissant que lui, il lui vient d�en haut (voir sur ce mot Jean�3.3?; Jean�3.27?; Jean�3.31?; Jacques�1.17), de Dieu, qui peut le lui �ter.

On pourrait s�attendre � ce que J�sus tire de cette d�claration la cons�quence que Pilate est d�autant plus coupable envers lui, puisqu�il est responsable de son pouvoir envers Celui qui le lui a confi�.

Mais il voit, au contraire, dans la situation providentielle du gouverneur, qui ne fait qu�exercer envers lui l�autorit� que Dieu a donn�e aux Romains sur son peuple, une circonstance att�nuante.

D�o� il conclut (c�est pourquoi), par comparaison, que celui qui l�a livr� � Pilate (le sanh�drin) est charg� d�un (grec il a un) plus grand p�ch�?; car il n�a re�u de Dieu aucune autorit� pour cela, mais il l�a usurp�e.

J�sus ne voit donc en Pilate que le d�positaire d�un pouvoir auquel lui-m�me se soumet humblement, mais, en m�me temps, l�instrument faible et aveugle de la haine du sanh�drin.

Pilate est coupable mais le sanh�drin l�est beaucoup plus. J�sus, li�, accus� et d�j� condamn�, �?se pose en Juge de ses Juges?; et, comme s�il �tait assis lui-m�me sur son tribunal il p�se dans son infaillible balance Pilate et le sanh�drin?�, Godet.

Verset 12

Grec?: D�s ceci, c�est-�-dire � cause de la parole prononces par J�sus (verset 11). Sans doute Pilate avait d�j� plusieurs fois cherch� � le rel�cher, mais, saisi par les derni�res paroles de J�sus, il fit de nouveaux efforts pour cela (L�imparfait cherchait indique une action persistante).

L��vang�liste ne dit pas en quoi consist�rent ces efforts. Sans doute Pilate fit encore des tentatives pour fl�chir les accusateurs?; mais ceux-ci, endurcis par la haine, couvrirent de leurs cris la voix du trop faible magistrat.

Grec?: contredit C�sar, lui r�siste, est un rebelle. Si tu rel�ches un tel homme, tu n�es point ami de C�sar, c�est-�-dire son adh�rent, son serviteur fid�le.

Telle fut la derni�re ressource des accusateurs, leur attaque d�cisive, qu�ils savaient devoir �tre victorieuse. Revenant � leur accusation politique, ils font trois fois retentir aux oreilles du gouverneur le nom redout� de C�sar (verset 15).

Or C�sar, c��tait le cruel et soup�onneux Tib�re, jaloux de son autorit� despotique et qui jamais n�aurait pardonn� � un fonctionnaire de l��tat d�avoir mis en libert� un sujet aspirant � la royaut�.

De son c�t� Pilate n�avait pas les mains nettes dans son administration?; diverses plaintes avaient �t� port�es contre lui aupr�s du redoutable empereur (Jos�phe, Antiquit�s Juives, XVIII, 3, 1 et suivants). Quelques ann�es plus tard, il fut r�ellement cit� � Rome pour y rendre compte de ses actes et destitu�. Aussi cette menace d�une d�nonciation eut-elle un effet imm�diat (verset 13).

Verset 13

Pilate, dont la r�sistance est bris�e par la crainte, am�ne J�sus hors du pr�toire et lui-m�me s�assied sur le tribunal ou si�ge judicial, afin de prononcer la sentence, qui devait se rendre publiquement, en pr�sence de l�accus�.

Le lieu o� ce tribunal �tait dress�, dans la cour du palais, s�appelait en grec lieu pav� de pierres, c�est-�-dire, couvert d�un parquet en mosa�que.

Le nom h�breu gabbatha, qui n�est point la traduction du pr�c�dent, signifie une place �lev�e, une �minence.

Ce trait de notre r�cit correspond � la sc�ne d�crite dans Matthieu�27.24.

Verset 14

Ce moment, le plus important de l�histoire, o� le Sauveur du monde va �tre livr� et crucifi�, est si solennel pour notre �vang�liste, qu�il interrompt son r�cit pour en marquer le jour et l�heure. Mais, chose �trange, ce jour et cette heure sont l�un et l�autre devenus un sujet de controverse?! (voir 13?: l, note).

L�expression, la pr�paration de la P�que, est traduite par les interpr�tes qui pensent que J�sus fut crucifi� le 15 Nisan?: �?le vendredi de la semaine de P�que?�, le mot pr�paration d�signant parfois le vendredi, veille du sabbat.

La sixi�me heure, c�est-�-dire, en comptant depuis six heures du matin, midi. Marc (Marc�15.25, voir la note) dit la troisi�me heure, c�est-�-dire neuf heures. Matthieu (Matthieu�27.45) et Luc (Luc�23.44) sont d�accord avec Marc, car ils font commencer les t�n�bres � midi, assez longtemps apr�s que J�sus eut �t� mis en croix.

Des diverses explications qu�on a donn�es pour effacer cette diff�rence, la plus satisfaisante consiste � rappeler que, chez les Juifs, le jour se divisait, non en heures, mais en quatre parties de trois heures chacune et � dire que Marc et Jean prennent la seconde (de neuf heures � midi) d�une mani�re ind�termin�e (environ), l�un la d�signant par l�heure o� elle commen�ait, l�autre par celle qui la terminait.

Quelques manuscrits de notre �vangile portent?: la troisi�me heure?; mais ce n�est l�, �videmment, qu�une correction destin�e � faire dispara�tre la diff�rence.

Eus�be d�j� a �mis une supposition qui est adopt�e par quelques critiques?: comme en grec, les chiffres sont indiqu�s par des lettres de l�alphabet et que les deux lettres qui repr�sentent 3 et 6 ont assez de ressemblance, il se pourrait qu�il n�y eut qu�une erreur de copiste.

Quoi qu�il en soit d�ailleurs, il est difficile d�admettre que la troisi�me heure (neuf heures du matin) ait �t� exactement celle o� commen�a le supplice de J�sus, car les nombreuses tractations qui pr�c�dent?: derni�re s�ance du sanh�drin, n�gociations des Juifs avec Pilate, renvoi � H�rode, flagellation, prononc� de la sentence, durent prendre un temps plus long.

Il y a dans ce titre?: votre roi, que Pilate affecte de r�p�ter au verset 15, une am�re ironie, par laquelle il se venge de la violence que les membres du sanh�drin ont faite � sa conscience. Faut-il y voir aussi, avec quelques ex�g�tes, une derni�re et vaine tentative d�apaiser leur fureur et de d�livrer J�sus qu�il leur montre dans son innocence, ses humiliations et ses douleurs?? C�est possible, mais peu probable.

Verset 15

Par ces mots pleins de haine?: �te, �te?! ils demandent � Pilate de l��ter du monde, ne le trouvant pas digne de vivre.

Le m�me verbe est employ� au Jean�17.15, o� il exprime un d�sir inspir� par un sentiment bien diff�rent.

Paroles hypocrites dans la bouche d�hommes qui ha�ssaient la domination de l�empereur romain et n�en avaient jamais reconnu la l�gitimit�?!

Paroles tragiques, par lesquelles ils renient solennellement Dieu, leur seul vrai Roi et le Messie qu�il leur avait envoy�?!

C�est ainsi que l�incr�dulit�, dans laquelle ils ont d�s le d�but repouss� le Fils de Dieu, se consomme et qu�ils causent eux-m�mes la r�probation et la ruine de leur nation.

Verset 16

J�sus crucifi� (16-37)

Le verbe?: ils prirent a pour sujet les chefs du peuple juif, auxquels J�sus fut livr� par Pilate pour �tre crucifi�.

Eux sont les vrais auteurs du crime dont les soldats romains ne furent que les instruments aveugles (verset 23?; comparez Matthieu�27.26-27?; Actes�2.23?; Actes�3.15).

Le texte re�u ajoute?: et l�emmen�rent. Ces mots, emprunt�s peut-�tre � Matthieu�27.31, manquent dans B et sont remplac�s dans d�autres manuscrits par diverses variantes.

S�ils �taient authentiques, le sujet de toute la proposition serait?: les soldats romains.

Verset 17

Portant lui-m�me sa croix?!

Jean seul nous a conserv� ce trait �mouvant qui �tait rest� grav� dans son souvenir de t�moin oculaire. Chez les Romains l�usage voulait que le condamn� port�t sa croix ou du moins, suivant certains auteurs, la pi�ce transversale, qui formait les bras de la croix, le montant de celle ci �tant plant� d�avance sur le lieu de l�ex�cution.

J�sus fut soumis � cette humiliation profonde, jusqu�au moment o�, le voyant �puis� et succombant sous l�instrument de son supplice, on en chargea Simon de Cyr�ne (comparer Matthieu�27.32, note).

C�est ici qu�il faut m�diter avec recueillement la parole de J�sus Matthieu�10.38.

Voir, sur ces noms, Matthieu�27.33, note.

Il sortit� de la ville (L�vitique�24.14?; H�breux�13.12-13).

Verset 18

Voir, sur le supplice de la croix, Matthieu�27.35, 1re note et sur le crucifiement de deux malfaiteurs, l�un � sa droite, l�autre � sa gauche, Matthieu�27.38, note.

Verset 19

Comparer Matthieu�27.37, note.

C��tait l�usage, chez les Romains, de suspendre sur le poteau de la croix, au-dessus du criminel, un �criteau indiquant la cause de sa condamnation.

Ce fut l� encore une derni�re moquerie et une derni�re vengeance de Pilate, irrit� contre les chefs du peuple juif. Il d�verse sur eux son m�pris, en leur donnant pour roi ce crucifi� et, en m�me temps, tourne en ridicule l�accusation qu�ils avaient port�s contre lui. Mais sans le vouloir, il donna ainsi � J�sus son vrai titre, car sur cette croix m�me J�sus fonda son �ternelle royaut� dans le c�ur de ses rachet�s.

Verset 21

L�h�breu �tait la langue sacr�e, la langue nationale des Juifs, le latin, la langue des Romains, qui dominaient le monde?; le grec, la langue universellement connue, l�organe de la culture la plus avanc�e de l�antiquit�.

Ainsi cette inscription �tait une proph�tie de la royaut� de J�sus-Christ qui devait s��tendre sur le monde entier.

Verset 22

Ces principaux sacrificateurs redoutent, m�me sur la croix, le titre donn� au Messie qu�ils ont rejet�.

Ils disaient donc, ce verbe � l�imparfait indique l�insistance qu�ils mirent � leur demande et la particule donc signifie que la cause de cette demande se trouvait dans le fait rapport� au verset 20, que beaucoup de gens lisaient l�inscription. Le refus p�remptoire de Pilate d�c�le enfin quelque fermet� et, en m�me temps, sa mauvaise humeur.

Verset 24

Donc, c�est par ce mot que Jean reprend son r�cit interrompu au verset 18.

Il raconte le fait du partage des v�tements avec plus de d�tails que les trois premiers �vang�listes (Matthieu�27.35, 2e note?; Marc�15.24?; Luc�23.34).

Les v�tements d�un condamn� appartenaient aux ex�cuteurs.

Les quatre soldats charg�s de cette fonction en firent d�abord autant de parts, une pour chacun?; mais estimant sans doute que la tunique, d�un seul tissu, �tait trop pr�cieuse pour �tre la part d�un seul et qu�il �tait dommage de la d�chirer, ils la tir�rent au sort, ��vang�liste voit dans ces faits l�accomplissement d�une proph�tie.

Psaumes�22.19, cit� exactement d�apr�s les Septante. Ce Psaume est une path�tique description des souffrances du Messie et de la gloire qui devait les suivre. Celui qui, dans ce cantique, est le type du Sauveur, parvenu jusqu�aux derni�res profondeurs de la souffrance, voit ses pers�cuteurs se partager ses v�tements et jeter le sort sur sa tunique dernier degr� de l�opprobre et de la douleur?; il ne lui reste plus qu�� mourir.

Cette grande proph�tie des souffrances et de la mort du Sauveur aurait �t� parfaitement accomplie m�me sans ce trait si frappant?; mais il arrive souvent que les pr�dictions de la Parole divine se r�alisent ainsi jusqu�aux moindres d�tails, afin que leur rigoureuse v�rit� apparaisse au grand jour.

Ces derniers mots?: Voil� donc ce que firent les soldats, par lesquels Jean r�sume son r�cit, semblent dire?: c�est ainsi que, dans leur grossi�re ignorance, ils accomplirent l��criture.

Verset 25

� cette sc�ne de brutale indiff�rence dans laquelle des soldats romains furent les acteurs, succ�de (versets 25-27) un trait que Jean seul nous a conserv� et qui nous permet de plonger un regard dans l�exquise d�licatesse et le tendre amour qui remplissaient l��me de J�sus, m�me au sein de son agonie. C�est une perle dans l�histoire de la Passion.

Voir, sur les femmes ici mentionn�es, Matthieu�27.56, note. Jean nomme d�abord la m�re de J�sus, pour laquelle s�accomplit en ce moment la proph�tie de Sim�on?: �?une �p�e te transpercera l��me?� (Luc�2.35) et � laquelle J�sus va donner un dernier et �mouvant t�moignage de sa tendresse filiale.

La m�re de J�sus avait aupr�s d�elle sa s�ur, femme de Clopas, appel� aussi Alph�e, en h�breu Chalpa� et qui �tait m�re de l�un des ap�tres, Jacques dit le Mineur (Matthieu�10.3). Quant � Marie Magdelaine ou Marie de Magdala, voir Luc�8.2?; comparez Jean�7.37, 1re note.

Jean qui, par modestie, ne nomme jamais ni lui-m�me, ni son fr�re Jacques, ne mentionne point non plus ici Salom�, sa m�re qui pourtant se tenait aussi pr�s de la croix, dans ce moment supr�me (Matthieu�27.56?; Marc�15.40).

Mais plusieurs historiens et ex�g�tes (Wieseler, Meyer, Luthardt, Weiss, Westcott, Zahn) croient pouvoir la retrouver dans ce passage en se fondant sur la Peschito et deux autres traductions orientales qui portent?: la s�ur de sa m�re et Marie.

D�o� il r�sulterait?:

  1. qu�il y aurait ici quatre femmes, au lieu de trois?;
  2. qu�on �vite la supposition invraisemblable que deux s�urs aient port� le m�me pr�nom de Marie?;
  3. que celle qui est d�sign�e comme s�ur de la m�re de J�sus serait justement Salom�, m�re de Jacques et de Jean?;
  4. que ces deux disciples seraient cousins de J�sus et par cons�quent aussi parents de Jean-Baptiste (Luc�1.36).

� cette opinion soutenue par d��minents interpr�tes on peut objecter?:

  1. que cette variante, fond�e uniquement sur quelques versions anciennes, ne saurait pr�valoir contre tous les manuscrits grecs, qui sont conformes au texte re�u?;
  2. que si ce rapport de parent� existait entre les deux disciples et le Seigneur, il serait sans doute mentionn� quelque part dans le Nouveau Testament.

Il est donc plus s�r de s�en tenir au texte ordinaire.

Verset 26

Le disciple qu�il aimait, c�est Jean, notre �vang�liste (Jean�13.23, note?; Jean�20.2?; Jean�21.7?; Jean�21.20).

Il ne pr�sume pas de lui-m�me en se d�signant ainsi, pas plus que Paul ne fait preuve d�orgueilleuse satisfaction dans 1�Corinthiens�15.10. Les deux ap�tres parlent ainsi dans un sentiment d�humble gratitude envers Celui � qui ils doivent tout ce qu�ils sont (comparer Introduction).

Ce mot?: femme n�avait dans la langue que J�sus parlait rien de rude ni d�irrespectueux et il fut prononc� sans doute avec une infinie tendresse (comparer Jean�2.4?; Jean�20.15).

Verset 27

J�sus, en donnant � Marie le disciple qu�il aimait, avec cette parole supr�me?: voil� ton fils, voulait combler en quelque mesure le vide immense et douloureux que son d�part allait faire dans le c�ur de sa m�re?; mais on ne peut pas en conclure, avec quelques ex�g�tes, qu�elle n�e�t point d�autres enfants.

Bien que les fr�res de J�sus, apr�s avoir longtemps refus� de croire en lui (Jean�7.5), dussent bient�t devenir ses disciples (Actes�1.14), on comprend que le Sauveur e�t d�excellentes raisons de ne confier sa m�re qu�� son disciple bien-aim�.

Les derniers mots de ce r�cit montrent que Jean comprit bien la parole de son Ma�tre comme un testament par lequel il lui l�guait sa m�re et t�moignait � l�un sa pleine confiance et � l�autre sa tendre sollicitude.

Le mot?: d�s cette heure para�t signifier que Jean ne tarda pas � entra�ner la pauvre m�re loin d�un spectacle qui brisait son c�ur. Et cela explique peut-�tre pourquoi les synoptiques ne mentionnent pas Marie parmi les femmes qui avaient �?contempl� de loin?� la mort du Sauveur (comparer Matthieu�27.56, note?; Marc�15.40-41).

Ewald fait sur ce r�cit de l��vangile de Jean, qui avait pour son auteur une si grande importance personnelle, cette remarque?:

C��tait pour lui, dans un �ge avanc�, une douce r�compense de pouvoir repasser cette sc�ne dans son souvenir?; pour ses lecteurs le r�cit qu�il en a laiss� est, sans qu�il l�ait voulu, le signe que lui seul peut avoir �crit ces choses.

Verset 28

Apr�s cela, doit �tre pris dans un sens large. Le cri d�angoisse?: �?Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m�as-tu abandonn�???� et d�autres paroles peut-�tre encore furent prof�r�es apr�s celles que J�sus adressa � sa m�re.

L��vang�liste marque le moment douloureux et supr�me de l�agonie du Sauveur par ces paroles?: J�sus sachant que tout allait �tre consomm�, c�est-�-dire toute son �uvre achev�e par sa mort qui s�approchait.

� ce moment, le plus affreux tourment du supplici� �tait la soif br�lante de la fi�vre, occasionn�e par les plaies. J�sus exprime cette souffrance qu�il �prouve et manifeste le profond besoin de quelque soulagement.

L��vang�liste voit dans l�expression de cette supr�me douleur l�accomplissement litt�ral d�un dernier trait du tableau que l��criture avait trac� des souffrances du Sauveur. Le passage auquel il fait allusion est une proph�tie typique qui se lit au Psaumes�69.22 et que Segond traduit?: �?Ils mettent du fiel dans ma nourriture et pour apaiser ma soif ils m�abreuvent de vinaigre?� (comparer verset 29).

Il attribue � J�sus m�me l�intention d�aider � l�accomplissement de la proph�tie en faisant conna�tre la soif qui le tourmentait.

Mais il n�est pas naturel que l�esprit du Sauveur f�t, � un pareil moment, domin� par une telle pens�e. L�allusion au Psaume 69 est d�ailleurs discutable, car ce Psaume n�est pas cit�, comme l��tait au verset 24 le Psaume 22 et comme d�autres passages le seront aux versets 36 et 37.

C�est ce qui a amen� d��minents interpr�tes (Bengel, Tholuck, Meyer, Luthardt, Keil) � construire ce verset d�une mani�re diff�rente?; ils rapportent le mot afin que, non � ce qui suit, mais � ce qui pr�c�de, en sorte que la pens�e serait celle-ci?: �?tout �tait d�j� consomm� afin que l��criture f�t accomplie?�, tout ce qu�il fallait pour cela �tait achev�?; � ce moment, J�sus, en ayant fini avec des pr�occupations plus importantes qui absorbaient son esprit, exhale sa douleur dans ce cri?: J�ai soif.

Cependant, il nous semble que la premi�re explication s�impose � cause de l�emploi de la formule?: afin que l��criture f�t accomplie dans les versets 24, 36 et 37 et surtout � cause des mots du verset 30 �?lors donc que J�sus eut pris le vinaigre il dit?: Tout est accompli?�.

Verset 29

Ce sont les soldats, sans doute, qui avaient crucifi� J�sus qui accomplissent maintenant cet acte d�humanit� (verset 23).

Le vinaigre �tait un vin acide, breuvage des soldats et des pauvres. Il para�t, puisque ce vin se trouvait l�, ainsi qu�une �ponge et une tige d�hysope, qu�on les avait apport�s pour le soulagement des crucifi�s.

L�hysope est une fort petite plante (1�Rois�4.33), sa tige atteint cependant une longueur de un pied � un et demi pied, elle pouvait suffire pour porter l��ponge jusqu�� la bouche du supplici�, car celuici n��tait pas beaucoup �lev� au-dessus du sol.

Il ne faut pas confondre ce trait avec celui rapport� Matthieu�27.34, Marc�15.23?; mais il para�t �tre identique avec celui qui se lit Matthieu�27.48 (voir la note).

Verset 30

Grec?: C�est accompli ou consomm�.

L��uvre de J�sus, la r�demption du monde, �tait achev�e (Jean�17.4). Il y a dans ces paroles le sentiment d�une grande victoire, car, en succombant, le Sauveur triomphe et sa mort sera pour des millions d��mes la vie �ternelle.

Le mot grec que nous traduisons par il rendit l�esprit, signifie litt�ralement?: il donna, livra son esprit (� Dieu).

C�est la m�me pens�e qui est exprim�e par la derni�re des paroles de la croix?: P�re, je remets mon esprit entre tes mains (Luc�23.46).

On voit que Jean abr�ge consid�rablement le r�cit de la mort de J�sus, parce qu�il suppose connues, gr�ce aux trois premiers �vangiles, toutes les autres circonstances qui s�y trouvent rapport�es.

Verset 31

Cette remarque a �t� expliqu�e Jean�13.1, note.

Ce sabbat �tait grand, solennel, parce que c��tait aussi le premier jour de la f�te de P�que.

Les Juifs d�apr�s Deut�ronome�21.22-23 ne devaient point laisser un criminel passer la nuit sur le gibet.

Les Romains de leur c�t�, avaient l�usage, tr�s anciennement d�j�, d�abr�ger le supplice des crucifi�s en leur brisant les jambes ou en les tuant � coups de b�ton.

C�est l�ex�cution de cette mesure que demandent � Pilate ces m�mes chefs du peuple qui, avec l�odieuse hypocrisie dont ils ont donn� tant de preuves dans cette histoire, observent les prescriptions de leur loi, tout en commettant le plus grand des crimes.

Verset 32

Les soldats vinrent, c�est-�-dire s�approch�rent des crucifi�s (comme au verset 33), car c��taient probablement les m�mes soldats qui avaient proc�d� � l�ex�cution.

Toutefois Olshausen, MM. Weiss et Godet trouvent que le verbe?: vinrent, s�explique plus naturellement si l�on admet que ce furent d�autres soldats, envoy�s par Pilate avec les instruments n�cessaires pour accomplir l�op�ration prescrite.

Verset 33

Jean constate avec bonheur que J�sus ne fut point mutil�, que cette derni�re barbarie, ce dernier outrage lui furent �pargn�s?; et qu�ainsi une prescription de l��criture fut accomplie d�une mani�re admirable (verset 36).

Verset 34

Les soldats virent que J�sus �tait d�j� mort (verset 33)?; mais l�un d�eux voulut �lever cette pr�somption jusqu�� la certitude.

C�est pourquoi il per�a de sa lance le c�t� de J�sus (probablement le c�t� du c�ur), en sorte qu�il ne p�t lui rester absolument aucun doute.

On vit alors sortir de cette plaie du sang et de l�eau.

Ce fait a singuli�rement occup� les interpr�tes.

Les uns y voient un ph�nom�ne naturel et se livrent � des dissertations physiologiques pour en d�montrer la possibilit�?; les autres, depuis les P�res jusqu�� nos jours, pr�tendant que le fait ne peut �tre ainsi expliqu�, lui attribuent un caract�re miraculeux et en d�duisent diverses conclusions dogmatiques.

D�apr�s 1�Jean�5.6, l�eau serait le symbole du Saint-Esprit et le sang le moyen de notre r�demption, ou m�me l�eau un symbole du bapt�me et le sang repr�senterait la sainte c�ne. Mais l��vang�liste n�a pas song� � ces all�gories, puisqu�il se borne � attester le fait avec solennit� sans ajouter aucune r�flexion qui autorise l�interpr�tation symbolique du ph�nom�ne.

D�autres pensent que l��vang�liste, en rapportant ce fait, avait pour but de fournir une preuve incontestable de la r�alit� de la mort de J�sus.

Mais il faudrait admettre alors que cette mort fut caus�e par le coup de lance, car si J�sus avait �t� d�j� mort, on n�aurait pas vu appara�tre du sang et de l�eau. Un cadavre ne saigne pas lorsqu�on le perce et l�expression employ�e caract�riserait mal l��coulement d�un d�p�t de sang extravas�, qui aurait �t� atteint par la lance.

L�apparition du sang et de l�eau est un ph�nom�ne extraordinaire, qui est en dehors des lois de la physiologie. L�ap�tre le signale parce qu�il y voit la preuve que le corps de Celui qui n�avait pas commis de p�ch�, �chappant � la dissolution, qui commence aussit�t apr�s la mort, �tait d�j� entr� dans la voie de la glorification.

Telle est l�explication de M. Godet et de quelques autres interpr�tes. Si l�on estime qu�elle attribue � Jean une pens�e qui ne ressort pas avec �vidence des donn�es du texte, il faut du moins retenir que l��vang�liste a l�intention de rapporter un fait surnaturel, qui est, � ses yeux, un �?signe.?� (verset 35, note),.

Verset 35

Pour donner plus de solennit� � cette d�claration, Jean parle de lui-m�me � la troisi�me personne, comme d�un t�moin oculaire?: Celui qui l�a vu, puis il affirme � deux reprises la v�rit� de son t�moignage. Comparer Introduction, page 34.

Enfin, il d�clare que le but de son r�cit est d�amener ses lecteurs � la foi, ou d�y affermir ceux qui d�j� ont cru?: Afin que vous croyiez.

Croire a ici son sens absolu?; il s�agit de la foi au Christ Sauveur (comparer Jean�20.31).

D�o� il r�sulte que cette solennelle d�claration ne se rapporte point � l�apparition du sang et de l�eau (verset 34), mais aux deux faits que Jean vient de rapporter et qui, accomplissant d�une mani�re remarquable les deux proph�ties rappel�es aux versets 36 et 37, �taient propres � confirmer la foi en la messianit� de J�sus chez un Isra�lite attach� aux �critures.

Verset 36

Ces choses sont les deux faits racont�s aux versets 33 et 34 et dans lesquels Jean voit un accomplissement de l��criture.

Selon les prescriptions de la loi relatives � l�anneau pascal (Exode�12.46?; Nombres�9.12), aucun de ses os ne devait �tre rompu.

Cet agneau, dont le sang avait sauv� Isra�l de la destruction, �tait consacr� � l��ternel, il ne devait, en aucune mani�re, �tre profan�.

Or, notre �vang�liste, comme Jean-Baptiste (Jean�1.29) comme l�ap�tre Paul (1�Corinthiens�5.7), voit dans l�agneau pascal le symbole de �?l�Agneau de Dieu qui �te le p�ch� du monde?�. Et il constate que, par sa mort, J�sus a r�alis� ce symbole Jusque dans cette circonstance sp�ciale que ses membres ne furent point bris�s (comparer versets 24 et 28).

Ce qui rendit l�analogie entre le symbole et la r�alit� compl�te, c�est que J�sus mourut � la f�te de P�que, dont l�immolation de l�agneau �tait le point central. L��vang�liste ne fait pas allusion � Psaumes�34.21, car ce passage exprime l�esp�rance que la vie m�me du juste sera conserv�e et non seulement que son cadavre sera respect�.

Verset 37

La parole de l��criture que Jean cite comme accomplie par le coup de lance du soldat romain et comme devant s�accomplir encore dans la suite est Zacharie�12.10.

L��vang�liste applique directement au Messie, repr�sentant de Dieu, ce qui, dans l�Ancien Testament, est dit de J�hovah, l��ternel.

Or, dans ce passage le proph�te d�crit un grand mouvement d�humiliation qui se produit parmi le peuple. Jean pr�voit de m�me un jour o� les Juifs repentants regarderont avec foi � Celui qu�ils ont perc�. Ailleurs, le m�me ap�tre nous montre un second et solennel accomplissement de la m�me proph�tie (Apocalypse�1.7).

Verset 38

La s�pulture de J�sus (38-42)

Voir, sur la s�pulture de J�sus, Matthieu�27.57 et suivants?; Marc�15.42 et suivants, Luc�23.50 et suivants.

Apr�s ces choses, c�est-�-dire apr�s ce qui est racont� aux versets 31-34.

Un temps assez consid�rable s��coula depuis la demande des Juifs � Pilate jusqu�� ce que les soldats eussent rempli leur triste mission et jusqu�� ce que les crucifi�s, auxquels on avait rompu les jambes, fussent morts?; car, avant cela on ne pouvait les �ter de la croix.

C�est pendant ce temps que Joseph d�Arimath�e demanda et obtint de Pilate le corps de J�sus.

La contradiction que de Wette pensait avoir d�couverte entre les premiers mots de ce r�cit et le verset 31 n�existe donc pas.

Voir, sur Joseph d�Arimath�e, Matthieu�27.57?; Marc�15.43?; Luc�23.50-51, notes.

Il �tait disciple de J�sus, mais en secret, � cause de la crainte qu�inspirait le pouvoir tyrannique du sanh�drin (Jean�12.42?; Jean�7.13?; Jean�9.22).

Et maintenant, comme Nicod�me (verset 39), au moment o� le danger est le plus grand et lorsque la cause de J�sus para�t avoir p�ri avec lui, Joseph trouve le courage, qui lui avait manqu� jusqu�alors, de rendre � son Ma�tre les pieux devoirs de la s�pulture.

Aussi Marc (Marc�15.43) dit-il qu�il �?s�enhardit?� pour aller vers Pilate.

Verset 39

Trois fois, dans son �vangile, Jean met en sc�ne cet honn�te pharisien, Nicod�me, membre du sanh�drin?; et, chaque fois, c�est pour marquer un progr�s dans le courage avec lequel il manifeste sa conviction.

D�abord, il vient timidement de nuit vers J�sus (Jean�3.1-2).

Ensuite, il prononce une parole de justice en sa faveur, au sein m�me du sanh�drin irrit� contre lui (Jean�7.50).

Enfin quand le Sauveur a succomb� sous les coups de ses adversaires, Nicod�me, comme Joseph, son coll�gue, se d�clare ouvertement pour le crucifi�.

Comme l�observe M. Luthardt, l��vang�liste tient � relever le fait que Joseph d�Arimath�e et Nicod�me, tous deux sur la r�serve jusqu�ici dans leurs rapports avec J�sus, se d�cident en ce moment ouvertement. �?La mort du Sauveur, ajoute-t-il, est la puissance qui triomphe des hommes?�.

On s��tonne au premier abord, de la quantit� des aromates que Nicod�me fait apporter pour embaumer le corps de J�sus. Mais, comme Marie de B�thanie (Jean�12.3), il montre par cette sorte de prodigalit� la grandeur d�un amour qui ne sait point calculer (comparer 2�Chroniques�16.14).

Verset 40

Voir, sur tous les soins pieux de cet ensevelissement, Matthieu 27. note.

Verset 41

Ce s�pulcre �tait celui de Joseph d�Arimath�e (Matthieu�27.60).

Trois �vang�listes, Matthieu, Luc et Jean, font observer que ce s�pulcre �tait neuf et que personne n�y avait �t� mis.

Ils voient, dans ce d�tail, non seulement une mani�re d�honorer d�autant plus le Sauveur, mais ils tiennent � montrer par l� qu�il n�eut aucun contact avec des morts, ce qui, aux yeux des Juifs, e�t �t� une souillure.

Faut-il ajouter, avec quelques ex�g�tes, que, lorsque ce tombeau fut trouv� vide, il ne put y avoir aucun doute sur la r�surrection de J�sus??

Verset 42

Le but de ce verset est de montrer la h�te avec laquelle Joseph et Nicod�me remplirent leur saint devoir, � cause de la pr�paration, parce qu�on �tait au vendredi soir et que le sabbat allait commencer.

Ce sabbat fut v�ritablement pour J�sus le grand sabbat (verset 31), le jour de son repos. Ses membres fatigu�s et meurtris trouv�rent enfin ce repos dans la tombe qu�il a sanctifi�e pour ceux qui l�aiment, comme il avait sanctifi� leur vie par sa vie, par ses souffrances, par sa mort.

Il ne reste plus maintenant � l��vang�liste qu�� nous le montrer dans sa victoire, par laquelle il a bris� les liens de la mort et mis en �vidence la vie et l�immortalit�.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 19". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/john-19.html.