Bible Commentaries
Jean 21

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-25

Verset 1

Appendice

Apparition de J�sus sur les bords de la mer de Tib�riade

Versets 1 � 14 � Apparition de J�sus aux disciples

Apr�s ces choses, c�est-�-dire apr�s la r�surrection et les premi�res apparitions de J�sus � ses disciples, dont Jean 20 contient le r�cit.

Cette indication vague du temps est famili�re � Jean (Jean�5.1?; Jean�6.1?; Jean�7.1).

Ici, elle suffit pour placer le r�cit qui va suivre dans les quarante jours qui s��coul�rent entre la r�surrection et l�ascension du Sauveur.

Ainsi, d�s les premiers mots, ce chapitre Jean 21 est intimement rattach� � celui qui pr�c�de. Il faisait partie int�grante du quatri�me �vangile d�s les premiers temps.

Il se trouve, en effet, dans tous les documents, manuscrits, versions anciennes et est mentionn� par les P�res de l��glise. Il est en tout digne du disciple que J�sus aimait?; on y reconna�t sa pens�e et son style.

Quel autre pourrait nous avoir conserv� l�inimitable r�cit des versets 15 � 17??

Mais comme nous avons en Jean�20.30-31 la conclusion �vidente de son �vangile, il faut consid�rer ce dernier chapitre comme un appendice ou suppl�ment, �crit par Jean lui-m�me, ou peut-�tre par ses disciples qui n�ont fait que r�diger un r�cit mainte fois entendu de la bouche de l�ap�tre et l�ont ajout� au livre, avant ou bient�t apr�s sa publication.

J�sus se manifesta de nouveau.

Par ce dernier mot l��vang�liste rattache encore son r�cit � celui des deux premi�res apparitions de J�sus ressuscit� � tous les disciples (Jean�20.19 et suivants, verset 24 et suivants).

Il indique ensuite le lieu de la Sc�ne?: c��tait au bord de la mer de Tib�riade.

Jean seul donne ce nom (Jean�6.1) au lac c�l�bre que Matthieu appelle mer de Galil�e (Matthieu�4.18, voir la note) et Luc Luc�5.1 lac de G�n�zareth.

Nous sommes donc ramen�s en Galil�e, o� tous les disciples se sont rendus, selon l�ordre de J�sus et comptant sur la promesse qu�il leur avait faite de leur appara�tre l� (Matthieu�26.31-32?; Matthieu�28.7-10).

Le r�cit de Jean est en harmonie avec celui de Matthieu (28.7, 16-20) et celui de Paul (1�Corinthiens�15.6), qui nous font conna�tre les apparitions de J�sus en Galil�e.

Verset 2

Des sept disciples pr�sents � la sc�ne qui va suivre, cinq sont nomm�s et bien connus?: Simon Pierre (Jean�1.43) Thomas (Jean�11.16), Nathana�l (Jean�1.46 et suivants), les fils de Z�b�d�e, Jacques et Jean, notre �vang�liste (Matthieu�4.21).

Deux autres disciples ne sont pas nomm�s, probablement parce qu�ils n��taient pas du nombre des ap�tres. Or, Jacques et Jean occupent ici la derni�re place, tandis que dans toutes les listes des ap�tres ils viennent imm�diatement apr�s Pierre, toujours nomm� en t�te.

M. Godet dit avec raison que ce fait est significatif et que l�explication la plus plausible qu�on en puisse donner est que notre �vang�liste est l�auteur de ce r�cit et qu�il s�est, par modestie, attribu� la derni�re place.

Verset 3

Les disciples, de retour en Galil�e, avaient repris momentan�ment leur ancien m�tier.

Pierre, comme toujours, a l�initiative.

Verset 4

Sans doute � cause du changement qui s��tait op�r� dans sa personne depuis sa r�surrection (Jean�20.14 note).

Verset 5

Le mot grec?: enfants n�est pas le terme d�affection que J�sus employait d�ordinaire envers ses disciples (13.33) et qui l�aurait fait reconna�tre?; c�est plut�t le langage d�un ma�tre parlant � des serviteurs.

Le but de J�sus en leur adressant cette question �tait d�entrer en rapport avec eux?; il avait en vue le repas qu�il voulait leur proposer (verset 12).

Le mot grec rendu par?: quelque chose � manger signifie ce qu�on mangeait avec du pain, c�est-�-dire, dans cette situation du poisson. La r�ponse n�gative des disciples donne ainsi lieu � la p�che qui va suivre.

Verset 6

Le caract�re miraculeux de cette p�che consiste dans la science divine par laquelle J�sus connaissait que du c�t� droit de la barque se trouvait une grande quantit� de poissons.

� cette vue, les disciples durent se souvenir de la parole de J�sus, les appelant � l�apostolat?: �?Suivez-moi et je vous ferai p�cheurs d�hommes?� (Matthieu�4.19) et du fait analogue dont ils avaient �t� t�moins (Luc�5.4 et suivants).

C��tait aussi une imag� magnifique des immenses b�n�dictions que le Sauveur devait accorder � leur futur minist�re. Le sens symbolique de cette p�che abondante n�est point indiqu� dans le texte, mais il ne pouvait �chapper � l�esprit des disciples.

Verset 7

La vue de cette p�che miraculeuse et plus encore l�instinct du c�ur r�v�lent � Jean qui �tait l��tranger qui se tenait sur le rivage. Il nous d�voile la source de sa clairvoyance en se d�signant encore ici comme le disciple que J�sus aimait (verset 20, note).

�mu d�une joie intime, il dit � Pierre, � voix basse?: C�est le Seigneur?!

Plusieurs interpr�tes voient dans l�emphase avec laquelle Jean est d�sign� (grec ce disciple-l� que J�sus aimait) une preuve que l�Appendice n�a pas �t� �crit par l�ap�tre lui-m�me.

� peine a-t-il entendu la parole de son condisciple, que Pierre, qui avait d�pos� son v�tement de dessus pour se livrer � la p�che, se h�te de le remettre, de le ceindre et se jette � la mer, afin d�atteindre � la nage le rivage et d�arriver le premier aupr�s de son Ma�tre.

Comme le caract�re des deux disciples est admirablement d�peint dans cette sc�ne?!

Tandis que Jean jouit intimement de la pr�sence de J�sus, Pierre, plus ardent et plus prompt, s��lance au-devant de lui. Plus qu�aucun autre, il �prouvait un besoin profond d�entendre de sa bouche une parole de pardon, de r�conciliation et d�amour. Et il ne fut pas d��u (versets 15-17).

Verset 8

Les autres disciples, rest�s dans la barque, vinrent aussi vers le rivage, tirant � leur suite le filet plein de poissons.

L��vang�liste, pour faire sentir qu�ils eurent bien vite franchi cette distance remarque qu�elle n��tait que d�environ deux cents coud�es, � peu pr�s cent m�tres.

Verset 10

Ce verbe au pr�sent?: ils voient, rend actuelle cette sc�ne de leur arriv�e et peut-�tre peint leur �tonnement de trouver l� un repas pr�par�, du poisson et du pain (Le mot de brasier ne se lit ailleurs dans le Nouveau Testament que dans l��vangile de Jean�18.18).

Mais faut-il, avec beaucoup d�interpr�tes, voir, dans ce fait assez simple un miracle??

Les uns nous disent que J�sus avait cr�� le brasier et les aliments?; d�autres, qu�ils avaient �t� pr�par�s par des anges. Puis au miracle, on ajoute l�all�gorie?: ces mets pr�par�s sont, pour les uns, une image de la sainte c�ne?; pour d�autres, le symbole des gr�ces par lesquelles le Seigneur restaure et fortifie les siens qui travaillent dans son r�gne?; pour d�autres encore, un embl�me du banquet c�leste, promis aux bienheureux.

D�s qu�on s��carte du texte on tombe dans l�arbitraire, en perdant de vue le fait historique. Ce que veut J�sus c�est, l��vang�liste nous l�a dit (verset 1), se manifester � ses disciples, les convaincre compl�tement de sa r�surrection?; et, pour cela, il entre avec eux dans des relations personnelles, dont la plus directe est d�avoir avec eux un repas, pr�cis�ment comme il l�avait fait deux fois d�j� (Luc�24.30-42)?; et tout cela en vue de l�important entretien qui suivra (verset 15).

Quant aux �l�ments de ce repas, le texte ne nous dit point d�o� ils provenaient mais �tait-il difficile de se procurer du poisson et du pain sur les bords d�un lac o� il y avait toujours des p�cheurs??

Les aliments pr�par�s ne suffisant pas pour les huit personnes qui devaient prendre part au repas (comparez verset 2), J�sus ordonne simplement aux disciples d�apporter de ces poissons qu�ils venaient de prendre.

Ne peut-on pas conclure avec M. Weiss que cet ordre donn� par J�sus exclut le caract�re miraculeux et symbolique attribu� par quelques interpr�tes � ce repas??

Verset 11

Pierre, toujours actif, s�empresse d�ex�cuter l�ordre de son Ma�tre et les disciples, heureux d�une telle p�che, se donnent le plaisir de compter les poissons.

M�me ce chiffre de 153 a d� se pr�ter aux plus aventureuses all�gories. Selon d�anciens interpr�tes, 100 repr�sentaient les pa�ens, 50 les Juifs et 3 la Trinit�?!

J�r�me dit que 153 est le nombre total des esp�ces de poissons et ce chiffre repr�senterait l�universalit� des nations destin�es � �tre conquises par les ap�tres du Christ.

M�me le fait signal� par l��vang�liste que le filet ne se rompit point serait l�effet d�un miracle et un symbole?; il ne se rompit point � cause d�une intervention divine et ce fait signifierait que l��glise ne sera point d�chir�e?!

Il est plus naturel et plus utile de voir dans la mention de ce chiffre pr�cis la preuve que l�auteur de ce r�cit fut t�moin des faits qu�il raconte.

Verset 12

Les disciples sont convaincus que c�est le Seigneur?; mais bien qu�ils d�sirassent en entendre de sa bouche la confirmation, aucun d�eux n�ose la lui demander?; tous sont retenus par la crainte que leur inspire le Sauveur ressuscit�, et, � leurs yeux, d�j� glorifi� (comparer Marc�9.32?; Luc�9.45).

Cependant ils avaient, deux fois d�j� entendu sa voix et ses paroles (Jean�20.21-27).

Verset 13

J�sus remplit ici, comme c��tait autrefois son habitude, le r�le de chef de famille (comparez Luc�24.30)?; il se manifestait ainsi � ses disciples comme le Ma�tre bien connu (comparer Jean�6.11).

Verset 14

La troisi�me fois, dit l��vang�liste rappelant ainsi les deux premi�res apparitions aux disciples r�unis (Jean�20.19-26).

Il ne parle pas de l�apparition � Marie Magdelaine, bien qu�il l�ait racont�e lui-m�me (Jean�20.11 et suivants)?; mais le mot d�j� indique qu�il y avait de nouvelles manifestations du Seigneur � attendre (Matthieu�28.16 et suivants).

M. Godet voit dans cette remarque l�intention de rectifier la tradition conserv�e par Matthieu, d�apr�s laquelle l�apparition en Galil�e aurait �t� la premi�re rencontre du Ressuscit� avec ses disciples. Il compare cette expression � celles de Jean�2.11 et Jean�4.54

En tout cas, cette remarque prouve que Jean 21 se rattache �troitement � l��vangile de Jean.

Verset 15

Simon Pierre venait de traverser une crise morale d�o� il doit sortir compl�tement gu�ri.

Il est vrai que sa repentance profonde avait commenc� son rel�vement (Matthieu�26.75?; Marc�14.72?; Luc�22.62, note). Mais ses rapports avec le Sauveur, profond�ment troubl�s par son reniement, devaient �tre r�tablis en leur entier.

Tel est le but de J�sus, dans cet entretien. Il fait subir � son disciple un examen de conscience et de c�ur que celui-ci n�oubliera jamais. J�sus ne l�interroge pas sur sa foi, qui n�avait pas d�failli, gr�ce � l�intercession du Sauveur (Luc�22.32)?; mais sur son amour, qui �tait devenu suspect par son infid�lit�.

Or, l�amour du Sauveur est l��me de la vie chr�tienne et de tout apostolat v�ritable. Ce n�est donc pas sans intention que J�sus ne d�signe pas son disciple par le nouveau nom qu�il lui avait donn�, celui de Pierre, ou de C�phas, Roc (Jean�1.43?; Matthieu�16.18)?; mais par son ancien nom?: Simon, fils de Jona (B, C, D, Itala portent?: Jean), trois fois prononc� et qui rappelait � son disciple son �tat d�homme naturel et de p�cheur.

Quelques ex�g�tes ont pr�tendu que cette appellation r�p�t�e n�avait d�autre but que de donner plus de solennit� � l�entretien?; mais l�opinion que nous venons d�exprimer est �galement soutenue par des interpr�tes tels que R. Stier, Hengstenberg, MM. Luthardt et Godet.

Toutefois, si la question de J�sus pouvait �tre humiliante pour son disciple, elle prouve que J�sus n�avait point cess� de l�aimer?; c�est l�amour qui recherche l�amour. Et c��tait l�, en m�me temps, la mani�re la plus d�licate d�assurer Pierre qu�il lui pardonnait son coupable reniement.

Il y a, dans la question de J�sus, un mot qu�il faut bien remarquer?: M�aimes-tu, plus que ne font ceux-ci?? c�est-�-dire plus que tes condisciples pr�sents � cet entretien.

C��tait l� une allusion �vidente et humiliante pour Pierre, � sa parole pr�somptueuse (Jean�13.37?; Marc�14.29).

Puisqu�il s�y �tait ainsi engag�, Pierre devait l�aimer plus que tous les autres.

Pierre, s�r de sa sinc�rit�, affirme r�solument son amour pour son Ma�tre. Mais on remarque, dans sa r�ponse, trois restrictions importantes.

D�abord, instruit par sa triste exp�rience, se d�fiant de lui-m�me, il en appelle � Celui qui seul conna�t son c�ur et peut juger de son amour?: Tu sais que je t�aime.

Puis, tandis que J�sus en lui disant?: M�aimes-tu?? Se sert d�un verbe qui d�signe l�amour profond et religieux de l��me, Pierre emploie un terme qui signifie l�affection du c�ur, sentiment purement humain, n�osant pas affirmer plus que cela.

Enfin, il se garde bien de se comparer avantageusement � d�autres et il ne rel�ve pas ces mots?: plus que ceux-ci. Sa chute et sa repentance ont produit l�humilit�.

Grec?: Mes petits agneaux.

Il y a dans l�original un gracieux diminutif qui trahit une grande tendresse, un c�ur �mu en faveur de ceux que J�sus d�signe ainsi. Et par l�, il recommande avant tout aux soins de son disciple les petits et les faibles, ceux qui, comme lui, �taient expos�s � tomber.

Par ces paroles et par celles qui vont suivre, il est �vident que J�sus r�int�grait son disciple dans ses rapports avec lui et dans son apostolat.

Quelques ex�g�tes (M. Weiss, entre autres) n�admettent pas qu�il s�agisse de la r�int�gration de Pierre dans l�apostolat, attendu qu�il avait d�j� �t� r�habilit� avec tous ses condisciples par la parole de J�sus (Jean�20.21) et que l�apostolat n�est jamais compar� � l�office d�un berger.

Le but de J�sus serait donc de replacer Pierre dans sa position de chef de la communaut� chr�tienne (Matthieu�16.18). Mais cette derni�re pens�e ne ressort point de notre r�cit et il nous para�t �vident que Pierre, profond�ment d�chu par son reniement devait �tre personnellement relev� devant tous et � ses propres yeux et r�tabli d�une mani�re particuli�re dans sa dignit� d�ap�tre de J�sus-Christ.

Verset 16

Il lui dit (grec) de nouveau, une seconde fois.

Ce pl�onasme est destin� � marquer fortement la r�p�tition de cette question qui devait faire rentrer Pierre plus profond�ment en lui-m�me, pour lui permettre de sonder son c�ur et de s�assurer qu�il aimait r�ellement le Sauveur?; car c��tait l�, d�apr�s tout l�entretien, la condition de sa r�habilitation.

J�sus, apr�s la seconde et franche d�claration de son disciple, lui confie ce qu�il a de plus pr�cieux, ses brebis, les �mes qu�il a rachet�es au prix de son sang.

Et ici, le verbe que nous traduisons encore par pa�tre exprime toute l�action du berger qui nourrit, surveille et conduit son troupeau (Actes�20.28). L�ap�tre n�oublia pas la belle et s�rieuse signification de cette parole (1�Pierre�5.2).

B, C portent?: mes petites brebis, au lieu de mes brebis. Plusieurs �diteurs et ex�g�tes adoptent ce diminutif qui exprimerait le tendre amour de J�sus pour ceux qui lui appartiennent.

Verset 17

Pierre dut sentir que cette troisi�me question renfermait une allusion �vidente � son triple reniement qui devait �tre r�par� par une triple d�claration de son amour pour Celui dont il avait dit?: �?Je ne connais pas cet homme?� (Matthieu�26.72).

Et ici, J�sus emprunte � son disciple le verbe par lequel celui-ci avait, avec modestie, affirm� son attachement pour lui, comme s�il mettait en doute cette affection m�me (verset 16, seconde note). La question, sous cette forme, dut p�n�trer comme un trait jusqu�au fond du c�ur de ce pauvre disciple et y atteindre les derniers restes de son ancienne pr�somption et de sa confiance en lui-m�me.

Elle �tait bien naturelle, cette tristesse du disciple ainsi examin� et sond�?!

En effet, la troisi�me question de J�sus dans les termes o� elle �tait formul�e, ne lui rappelait pas seulement son p�ch�, mais elle paraissait exprimer une certaine d�fiance, qui subsistait malgr� toutes ses affirmations.

Aussi Pierre, humili�, mais p�n�tr� d�un amour sinc�re pour son Ma�tre, en appelle avec confiance � la connaissance parfaite que celui-ci avait du c�ur de son disciple?: Seigneur, tu sais toutes choses, tu connais que je t�aime?!

Pierre sort vainqueur de cette rude �preuve. Pour la troisi�me fois, le Seigneur lui confie le soin de son troupeau, le r�int�gre dans son apostolat et lui rend la consolante assurance d�une pleine r�conciliation avec lui. Mais lui, de son c�t�, n�oubliera jamais que ce troupeau dont la conduite lui est confi�e n�est pas � lui, mais appartient � son Ma�tre, qui trois fois a dit clairement mes agneaux, mes brebis (1�Pierre�5.3).

Verset 18

J�sus continue l�entretien avec son disciple?; et par cette d�claration solennelle, qui appartient exclusivement au quatri�me �vangile?: En v�rit�, en v�rit�, il lui annonce ce qui lui arrivera dans cette vocation o� il vient de le r�int�grer.

C�est au sein de grandes �preuves que Pierre sera appel� � t�moigner � son Ma�tre l�amour qu�il lui a d�clar� par trois fois.

Cette pr�diction rev�t la forme d�une image vivante?: Pouvoir se ceindre soi-m�me, rattacher autour des reins, pour la marche ou le travail, le long costume oriental?; aller on l�on veut, c�est la marque de l�ind�pendance, de l�activit� de la force.

Tel �tait alors Pierre?: quand tu �tais plus jeune (ce comparatif et le verbe � l�imparfait montrent que J�sus se place au point de vue de cet avenir qu�il va lui annoncer).

Pierre usait abondamment de cette libert�, selon la nature de son caract�re ardent et prompt. En effet, quand le Sauveur lui parlait ainsi il n��tait plus un jeune homme, puisqu�il �tait mari� (Matthieu�8.14).

Bien rapidement viendra la vieillesse qui le mettra dans la d�pendance d�un autre et le forcera � renoncer � sa volont�, � son activit� propre. Pour un homme du caract�re de Pierre, une telle abdication devait �tre d�j� un p�nible sacrifice.

Mais voici qui est plus grave encore?: il sera r�duit � �tendre ses mains et � se livrer passivement � cet autre qui le ceindra, le liera et le m�nera de force (grec portera) o� il ne voudra pas, c�est-�-dire � la mort (verset 19). Alors, il prouvera, � lui-m�me et aux autres, qu�il aime le Sauveur, auquel il saura faire le sacrifice de sa vie.

Tel est �videmment le sens de cette pr�diction.

Mais les interpr�tes se divisent sur la signification de ces mots?: tu �tendras tes mains.

Les uns, depuis les P�res jusqu�� de Wette, Tholuck, Hengstenberg, Ewald, prennent cette expression dans un sens litt�ral signifiant que Pierre souffrira le supplice de la croix. Nous aurions donc ici la pr�diction pr�cise du fait rapport� par Tertullien, Orig�ne, Eus�be (Histoire Eccl�siastique III, 1), que Pierre fut crucifi�. Le verset 19 semble confirmer cette explication.

D�autres ex�g�tes (Meyer MM. Weiss, Luthardt, Godet) pensent que ces mots?: tu �tendras tes mains ne peuvent d�signer l�attitude de l�homme qui se laisse clouer sur la croix, car ils pr�c�dent ceux qui d�peignent l�ap�tre saisi et conduit au supplice, qu�ils appartiennent donc simplement � l�image par laquelle J�sus repr�sente la passivit� qui n�oppose aucune r�sistance.

Verset 19

Ce verset est une remarque de l��vang�liste, par laquelle il explique l�image qui pr�c�de.

J�sus disait cela, indiquant de quelle mort, c�est-�-dire de quelle esp�ce de mort Pierre mourrait.

C�est ici la troisi�me fois que cette phrase se trouve, identique, dans notre �vangile (Jean�12.33?; Jean�18.32) et elle montre, pour le dire en passant, que notre chapitre en fait partie.

Les deux premi�res fois, elle s�applique � la mort de J�sus et le contexte montre qu�il s�agit de sa mort sur la croix.

Des interpr�tes en ont conclu que dans notre passage de m�me, elle d�signe le crucifiement de Pierre.

Ceux au contraire qui ne trouvent pas cette id�e dans l�image du verset pr�c�dent pensent que l��vang�liste a voulu dire que Pierre glorifierait Dieu par la mort du martyre sans sp�cifier le genre du supplice.

C�est par cette mort que Pierre devait glorifier Dieu. Mourir au service de Dieu et pour la v�rit� divine c�est bien la mani�re la plus �minente de contribuer � sa gloire dans ce monde (comparer Philippiens�1.20?; 1�Pierre�4.16).

Aussi, parmi les chr�tiens des premiers si�cles, glorifier Dieu �tait devenu synonyme de souffrir le martyre.

Suis-moi dans cette voie o� tu t�es engag� (versets 15-17), dont je viens de te pr�dire l�issue et qui, pour toi comme pour moi, aboutira � la mort (comparer Jean�21.22?; Jean�13.36?; Matthieu�10.38?; Matthieu�9.9).

On a donn� de cet ordre si solennel, qui, au fond, concerne tous les chr�tiens, des explications qui le rendent parfaitement insignifiant.

Ainsi, J�sus aurait voulu dire?: �?Suis-moi, l� o� je vais te conduire pour m�entretenir seul avec toi?�.

Les interpr�tes modernes adoptent cette explication, parce que le m�me verbe suivre est employ� au verset 20 pour d�signer l�acte de Jean qui vient apr�s J�sus et Pierre (grec qui suit).

Mais elle n�est admissible que si l�on ajoute, avec M. Godet?:

Il ne r�sulte pourtant pas de l� que le sens de l�ordre?: suis-moi, soit purement ext�rieur. Il est clair que par ce premier pas Pierre rentre dans cette voie de l�ob�issance envers J�sus qui le conduira au terme tragique de son apostolat. C�est ainsi que le sens sup�rieur se lie naturellement � l�inf�rieur, aussi bien que Jean�1.44. Ce symbolisme fait le fond de l��vangile de Jean tout entier.

Verset 20

Il para�t que J�sus, pendant son entretien avec Pierre, s��tait mis en marche et que Jean les suivait, afin de ne pas rester s�par� de son Ma�tre.

Pierre s��tant retourn� le voit et adresse � J�sus la question du verset 21.

On a vu que la mani�re dont Jean se d�signe comme le disciple que J�sus aimait lui est tr�s habituelle (Jean�13.23?; Jean�19.26?; Jean�20.2)?; et ici, il ajoute m�me avec �motion un souvenir r�cent (Jean�13.25) qui explique fort bien pourquoi il ne pensait pas �tre indiscret en suivant J�sus et Pierre pour prendre part � leur entretien.

D�autres interpr�tes pensent que cette d�signation si compl�te de Jean montre que ce n�est pas lui qui tient la plume (comparer verset 7, 1re note).

Verset 21

Pierre a compris ce que J�sus venait de lui annoncer sur son avenir (versets 18 et 19) et, plein d�un s�rieux et sympathique int�r�t pour un condisciple qu�il aimait, il demande?: (grec) Seigneur, mais celui-ci, quoi?? que lui arrivera-t-il dans l�avenir?? Devra-t-il aussi te suivre jusqu�� la mort??

Question tr�s naturelle pour un caract�re tel que celui de Pierre et il faut m�conna�tre �trangement les dispositions qui alors, remplissaient son c�ur (versets 15-17), pour attribuer ces paroles � une simple curiosit� (de Wette) ou m�me � un sentiment de jalousie � l��gard de Jean (Meyer).

Verset 22

Il y a s�rement une l�g�re d�sapprobation de la question de Pierre dans ces mots, que t�importe?? et dans ceux-ci?: toi, suis-moi?! (verset 19, seconde note).

Peut-�tre J�sus trouvait-il que Pierre dans la vivacit� de ses impressions, s�oubliait trop vite lui-m�me et les s�rieuses paroles qu�il venait d�entendre, pour s�occuper de son condisciple. Et pourtant il donne � Pierre une r�ponse qu�il lui expliqua sans doute, mais qui, pour nous, reste obscure.

Il n�est donc pas �tonnant qu�elle ait �t� l�objet d�interpr�tations tr�s diverses. Nous signalerons ici les principales, afin de mettre le lecteur sur la voie de se former une conviction personnelle. Toute la difficult� g�t dans ces mots?: jusqu�� ce que je vienne.

  1. Meyer les prend dans leur sens le plus ordinaire, comme signifiant le retour de Christ pour le jugement du monde, que l��ge apostolique attendait dans un avenir prochain?; en sorte que J�sus voudrait dire?: Jean vivra jusqu�� cet �v�nement et ne passera pas par la mort (verset 23), mais sera �?chang�?� � la venue du Seigneur (1�Corinthiens�15.51-52?; 1�Thessaloniciens�4.17).
  2. D�autres appliquent ces mots � la destruction de J�rusalem envisag�e comme pr�lude de la venue de Christ et du jugement dernier (Lange Luthardt).
  3. Selon d�autres (Bengel, Hengstenberg, Ebrard), il s�agirait de la venue du Seigneur � l��poque de la grande lutte du christianisme contre le paganisme sous Domitien, �poque o� J�sus viendrait � son disciple Jean et lui r�v�lerait les destin�es de l��glise d�crites dans l�Apocalypse.
  4. Olshausen et Ewald pensent que J�sus pr�disait � Jean une longue vie suivie d�une mort douce quand il viendrait le prendre � lui, selon sa promesse (Jean�14.3).
  5. M. Godet, en d�clarant l�explication de Lange et de Luthardt (N2) la moins invraisemblable de celles qui ont �t� propos�es, ajoute?: �?Comme l��poque primitive de l�humanit� a eu son H�noch l��poque th�ocratique son �lie, l��poque chr�tienne pourrait bien avoir son Jean� Jean n�accompagnerait-il pas d�une mani�re myst�rieuse la marche de l��glise terrestre, comme dans la sc�ne de la p�che il avait accompagn� jusqu�au rivage la barque abandonn�e brusquement par Pierre???� (voir la note suivante.)

Verset 23

Codex Sinaiticus, Itala omettent?: que t�importe??

Grec?: �?Cette parole se r�pandit parmi les fr�res (les chr�tiens), que ce disciple ne meurt pas?�.

Cette parole est celle de J�sus (verset 22) interpr�t�e dans le sens que Jean ne mourrait pas.

Le verbe au pr�sent ne meurt pas, montre que ce disciple, quoique tr�s �g�, vivait encore. Mais si, dans un prochain avenir, il arrivait qu�il mour�t, il se trouverait que la parole de J�sus, ainsi comprise, ne se v�rifierait pas et ce serait l� un sujet d�achoppement pour la foi des fr�res.

C�est pourquoi l��vang�liste a � c�ur de rectifier l�interpr�tation qu�on donnait de cette parole.

Pour cela, il rappelle d�abord simplement que J�sus n�a pas dit qu�il ne mourrait pas?; puis il cite textuellement le verset 22 en lui laissant son sens hypoth�tique?: si je veux (Quelle autorit� divine dans ce mot?: si je veux?!).

Il fallait donc que Jean lui-m�me n�admit pas l�interpr�tation qu�il r�fute comme une erreur, ou du moins qu�il f�t dans l�incertitude � cet �gard. Cette rectification ne nous conduirait-elle pas au vrai sens du verset 22??

J�sus ne voulant pas r�pondre � la question de Pierre, lui imposerait le silence par une simple supposition?: si je veux, ce n�est pas ton affaire, mais la mienne, toi, suis-moi?!

Verset 24

Ce disciple est �videmment celui dont il est parl� dans les versets 20-23, Jean notre �vang�liste, qui s�est si clairement d�sign� au verset 20.

Il faut remarquer le verbe au pr�sent, rend t�moignage (grec t�moigne), faisant un contraste frappant avec cet autre verbe � l�aoriste?: les a �crites.

Le premier montre que Jean vivait encore, le second certifie que, non seulement Jean 21, mais tout l��vangile a cet ap�tre pour auteur?: c�est lui qui a �crit ces choses.

En effet, cette attestation est beaucoup trop solennelle pour ne s�appliquer qu�aux quelques r�cits de l�appendice. Ainsi en jugent la plupart des ex�g�tes.

On comprend d�s lors de quel poids est cette solennelle d�claration de la v�rit� du t�moignage que notre �vang�liste a laiss� � l��glise chr�tienne pour tous les temps, en �crivant ce livre.

Mais on a soulev�, au sujet de ce verset, une question qui est r�solue en deux sens divers?: qui rend ce t�moignage � la v�rit� de notre �vangile?? Plusieurs �minents interpr�tes (Tholuck, Br�ckner, Luthardt MM. Weiss, Godet) l�attribuent aux anciens de l��glise d��ph�se qui entouraient l�ap�tre et qui auraient �t� charg�s par lui de publier et de r�pandre son �vangile.

Cette opinion se fonde d�abord sur ce verbe au pluriel?: nous savons, qui ne se retrouve pas ailleurs dans notre �vangile et qui indique une pluralit� dans ceux qui rendent ce t�moignage?; elle se fonde, ensuite, sur une tradition tr�s ancienne conserv�e par des P�res de l��glise et consign�e dans le fragment de Muratori et selon laquelle Jean �crivit son �vangile � la demande de ces m�mes anciens, auxquels il confia ensuite le soin de le publier.

Nous aurions donc ici leur important t�moignage, le plus ancien de tous ceux qui confirment l�authenticit� de notre �vangile.

D�autres interpr�tes, frapp�s de la ressemblance de cette attestation et de l�affirmation Jean�19.35 (comparez 3�Jean�1.12), soutiennent qu�elle est de Jean lui-m�me (Ainsi Hengstenberg, Lange, Meyer et d�autres).

S�il en est ainsi, nous aurions dans ce verset la confirmation par l��vang�liste du t�moignage consign� au Jean�19.35 et la conclusion de tout son livre, qu�il aurait ajout�e apr�s l�avoir achev�, � la conclusion pr�c�dente (Jean�20.30).

De ces deux suppositions la premi�re nous para�t cependant la mieux fond�e.

Verset 25

Ce verset est retranch� par Tischendorf, sur l�autorit�, il est vrai, du seul manuscrit du Sina�. Dans ce document m�me il a �t� introduit, d�apr�s Tischendorf, par un correcteur.

D�apr�s d�autres critiques, il faisait partie d�j� du texte primitif de ce manuscrit.

Mais si on le consid�re en lui-m�me, on arrive facilement � la conviction qu�il n�appartenait pas originairement � notre �vangile.

En effet?:

  1. Il ne renferme qu�une r�p�tition assez gauche de la belle conclusion de Jean�20.30
  2. Il a recours � une hyperbole qui, prise � la lettre, renferme une �trange exag�ration.
  3. On ne retrouve dans ce verset ni le style ni la noble simplicit� de Jean qui jamais ne dit je et jamais n�emploie le verbe que nous rendons par je pense.
  4. Le verset 24 est �videmment une conclusion du r�cit de Jean apr�s laquelle il ne peut pas avoir r�p�t� celle du Jean�20.30 en en d�naturant le sens.
  5. Les Ex�g�tes qui attribuent le verset 24 aux anciens d��ph�se, qui disent nous, supposent que le verset 25 (dont l�auteur dit je) a �t� �crit par un autre personnage?; la fin de ce chapitre proviendrait donc de deux sources diff�rentes?: les anciens et un inconnu suppos�?!

L�affirmation claire et ferme du verset 24 cl�t tout le r�cit de Jean et, en particulier, l�admirable Jean 21 dans lequel l�ap�tre raconte la manifestation que J�sus ressuscit� accorda � ses disciples?: d�abord dans un acte de sa puissance qui symbolisait les immenses b�n�dictions dont leurs travaux seront couronn�s?; ensuite dans un acte de son insondable amour qui r�tablit un disciple d�chu dans sa relation avec son Sauveur et dans son apostolat?; enfin par un acte de sa science divine, annon�ant � ses deux principaux disciples leur destin�e future.

Ainsi, comme l�observe avec justesse M. Godet, ce dernier chapitre de notre �vangile nous ram�ne au premier.

L� (Jean�1.35 et suivants) Jean nous fait conna�tre les commencements de ces relations intimes et saintes de J�sus avec ses disciples?; ici, il les confirme d�finitivement sur le fondement de la foi qu�ils ont acquise.

D�sormais il ne leur restera plus qu�� entrer dans une communion beaucoup plus intime encore avec leur Sauveur glorifi� et invisible.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 21". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/john-21.html.