Bible Commentaries
Jean 7

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-53

Verset 1

J�sus en lutte avec l�incr�dulit� des Juifs (chapitres 7 � 12)

Lutte intense � la f�te des tabernacles

Versets 1 � 13 � J�sus se rend en secret � la f�te des tabernacles

Apr�s ces choses (comparer Jean�6.1) c�est-�-dire apr�s la multiplication des pains et le discours de Caperna�m, rapport�s en Jean 6.

Ce terme vague embrasse un temps consid�rable de la vie du Sauveur. Six mois s�paraient la f�te de P�que (Jean�6.4), qui avait lieu en mars, de la f�te des Tabernacles (verset 2) qu�on c�l�brait en octobre. Notre �vang�liste n�a rien racont� de l�activit� de J�sus pendant ce temps?; il se contente de l�indiquer par ces mots?: �?J�sus parcourait la Galil�e?� (verset 1). Il ne voulait pas r�p�ter les r�cits des autres �vang�listes (Matthieu�14.34-18.35?; Marc�6.53-9.50?; Luc�9.18-50).

Grec?: J�sus marchait dans la Galil�e car il ne voulait pas marcher dans la Jud�e?; ce terme qui signifie aller et venir, parcourir le pays en y s�journant, caract�rise bien l�activit� incessante d�ploy�e par le Sauveur.

La raison pour laquelle J�sus �vitait la Jud�e, c�est que les Juifs cherchaient � le faire mourir (grec � le tuer). J�sus le savait par son pr�c�dent s�jour � J�rusalem (Jean�5.18) et m�me par toutes les emb�ches que les chefs de la th�ocratie �taient venus lui tendre jusque dans la Galil�e (Marc�7.1). Aussi ne voulait-il rien faire avant le temps, qui p�t pr�cipiter la catastrophe (verset 6)?; mais quand son heure sera venue, il ira volontairement, avec un d�vouement h�ro�que au-devant des souffrances et de la mort.

Verset 2

La f�te des Tabernacles ou des tentes, l�une des plus grandes et des plus joyeuses f�tes isra�lites, se c�l�brait chaque ann�e, � dater du quinzi�me jour du septi�me mois (correspondant � peu pr�s � notre mois d�octobre), en souvenir du long s�jour d�Isra�l sous les tentes du d�sert et du repos que ce peuple avait enfin trouv� dans la terre promise.

C��tait, en m�me temps, la f�te d�actions de gr�ces pour les r�coltes de l�ann�e, elle durait huit jours, dont le premier et le huiti�me �taient des sabbats (voir l�ordonnance de cette f�te dans L�vitique�23.33 et suivants).

On peut en lire aussi la description dans Jos�phe (Antiquit�s Juives, III, 10, 4).

Tout le peuple �rigeait sur les places, dans les rues et sur les plates-formes des maisons, des tentes, construites en rameaux verts d�arbres fruitiers et chaque famille habitait sous cette tente, pendant toute la f�te, en y prenant joyeusement ses repas.

Quant au culte public, on offrait dans le temple divers sacrifices, on faisait chaque matin une libation d�eau pure, rappelant l�eau que Mo�se avait fait jaillir du rocher (comparez verset 37, 2e note)?; de plus, dans l�ann�e sabbatique, on faisait une solennelle lecture de la loi (Deut�ronome�31.10-11).

J�sus n�ayant point assist� cette ann�e aux f�tes de P�ques ni de Pentec�te � J�rusalem, il �tait assez naturel que ses fr�res s�attendissent � ce qu�il all�t � celle des Tabernacles, car c��tait le devoir de tout Isra�lite de se rendre au moins � l�une des trois grandes f�tes. De l� le donc du verset 3.

Verset 3

Donc, puisque la grande f�te est proche et que tout Isra�lite pieux doit y assister, pars d�ici, va en Jud�e.

Les fr�res de J�sus (voir sur ce terme Matthieu�12.46, note) invoquent l�approche de la f�te comme un argument pour le presser d�obtemp�rer � leur d�sir. Ils en trouvent un autre dans l�id�e que ses disciples de Jud�e (Jean�4.1) ne doivent pas �tre priv�s de voir aussi les �uvres qu�il fait.

Enfin ils ont la pr�tention d�enseigner � J�sus un principe de conduite auquel il ne saurait se soustraire (verset 4).

Verset 4

Il ne faudrait pas conclure de cette parole et de l�observation de l��vang�liste (verset 5) que les fr�res de J�sus avaient des intentions hostiles envers lui, qu�ils voulaient l�exposer aux dangers d�une visite � J�rusalem.

Ils ont �t� t�moins de ses �uvres, qu�ils ne peuvent nier et d�autre part ils ne peuvent se d�cider � reconna�tre comme Messie ce fr�re auquel ils sont unis par les liens du sang, qu�ils sont habitu�s � traiter famili�rement et dont ils n�ont point p�n�tr� la nature sup�rieure?; la sublime �l�vation de son caract�re et de ses enseignements leur �chappe m�me, aveugl�s qu�ils sont par les grossiers pr�jug�s messianiques qu�ils partageaient avec tous les Juifs.

S�il est r�ellement le Messie, pourquoi exerce-t-il son activit� dans cette obscure province de la Galil�e?? Il y a contradiction � agir ainsi en secret, quand pourtant on cherche soi-m�me � �tre en �vidence.

La conclusion est donc simple?: Si tu fais ces choses, ou puisque tu les fais, porte ton activit� sur un th��tre digne de toi, au centre de la th�ocratie juive, � J�rusalem, manifeste-toi toi-m�me au monde?!

C�est pr�cis�ment la voie dans laquelle le tentateur voulait engager le Sauveur, celle de la gloire mondaine (Matthieu�4.1-10). Et la pens�e secr�te des fr�res de J�sus �tait, sans aucun doute, que cette gloire rejaillirait sur eux, sur leur famille, sur leur peuple?!

Verset 5

Grec?: ses fr�res non plus ne croyaient pas en lui, pas plus que tant d�autres qui avaient vu ses �uvres et entendu ses paroles. Il faut autre chose pour croire en J�sus d�une foi qui nous introduise dans le sanctuaire de sa communion (Jean�6.44-65).

Chacun est incr�dule en tant que, insensible � cette beaut� intrins�que de la v�rit�, il a besoin de la voir entour�e de privil�ges ext�rieurs et d�un �clat emprunt�.� Asti�

Cette triste observation de l��vang�liste sur les fr�res de J�sus, n�est que trop en harmonie avec quelques r�cits des synoptiques � leur sujet (Marc�3.21-31 et suivants). Ce n�est qu�apr�s la mort et la r�surrection du Sauveur qu�ils apparaissent au nombre de ceux qui, par la foi, lui ont donn� leur c�ur (Actes�1.14).

On a vainement cherch� � att�nuer le sens de cette remarque. Les plus anciens manuscrits d�j� portent des traces de tentatives de ce genre?: ainsi on lit dans D?: ils ne crurent pas en lui?; � ce moment, leur foi subit une �clipse. La suite (verset 7) condamne ces att�nuations.

Verset 7

verset 7 explique verset 6 �?Votre temps est toujours pr�t, vous pouvez en tout temps vous montrer sans crainte au milieu du monde, car le monde ne peut vous ha�r, parce que vous lui appartenez?� (Jean�15.19).

�?Il en est tout autrement de moi?; mon temps n�est pas encore venu de me pr�senter ouvertement au monde?; quand il sera venu, ce sera l�heure de mes souffrances et de ma mort, car le monde me hait, � cause du t�moignage que je porte contre sa corruption?�.

L�expression?: mon temps ne d�signe donc pas le moment d�aller � la f�te. J�sus est pr�occup� de pens�es plus graves et plus hautes, comme le prouve cette autre expression?: (verset 8) mon temps n�est pas encore accompli.

Il y a ainsi, dans la r�ponse de J�sus � ses fr�res, quelque chose de doux, � la fois et de s�v�re?: doux, en ce qu�il condescend � leur faire pressentir sa situation tragique vis-�-vis du monde?; s�v�re, en ce qu�il les assimile � ce monde m�chant qui le hait.� Stier

Verset 8

Le texte re�u fait dire � J�sus?: �?Moi, je ne monte pas encore?�, mais ce dernier mot n�est qu�une correction, tr�s ancienne (B et nombreux majuscules) il est vrai, destin�e � lever la contradiction qu�il y a entre cette d�claration de J�sus et le fait qu�il alla pourtant � la f�te (verset 10).

C�est l�, en effet, une s�rieuse difficult� que l�incr�dulit� a exploit�e d�s les premiers si�cles de l��glise. On sait par J�r�me que Porphyre en prenait occasion d�accuser J�sus �?d�inconstance?�.

L�ex�g�se moderne a fait diverses tentatives pour expliquer cette parole de J�sus.

Ainsi, en insistant sur le pr�sent du verbe?: Je ne monte pas, elle le fait signifier?: pas maintenant, ce qui revient au pas encore du texte re�u (L�cke, Olshausen, Tholuck). Ou bien elle a paraphras� ainsi?: �?Je ne monte pas avec vous, ou avec la caravane?�. Ou encore, en mettant l�accent sur cette f�te, elle a pens� que J�sus voulait dire?: Je ne vais point c�l�brer la f�te, prendre part � ses c�r�monies, � ses sacrifices, � sa joie?; et en effet, la f�te �tait � moiti� pass�e (verset 14) quand J�sus y monta en secret (verset 10) et se rendit directement dans le temple (Ainsi Lange, Ebrard et d�autres).

Enfin une interpr�tation plus �lev�e et plus vraie, propos�e par Bengel, admise par M. Luthardt et d�velopp�e par M. Godet consiste � voir dans la parole de J�sus une r�ponse directe � la demande que ses fr�res lui faisaient de para�tre publiquement et comme le roi Messie au sein de cette f�te.

Ce serait l� ce que J�sus refuse, attendu que son temps n�est pas encore venu, pas encore accompli. Il n�ira donc pas � cette f�te se manifester comme Messie?; il dit?: je ne monte pas � cette f�te et non?: � la f�te c�est qu�il en a une autre en vue, celle de P�que, o� son temps sera venu et alors il ne se soustraira pas � la d�monstration publique que ses fr�res r�clament et qui le conduira � la mort.

Cette interpr�tation renferme une part de v�rit�?: elle rel�ve l�opposition que J�sus �tablit certainement entre cette f�te des Tabernacles et une f�te subs�quente vers laquelle se porte sa pens�e?; mais elle ne rend pas compte de sa d�claration si nette et si cat�gorique?: Vous montez � la f�te?: moi, je ne monte pas.

En donnant � ce dernier mot le sens de?: �?Je ne me manifesterai pas publiquement comme Messie?�, elle pr�te au langage de J�sus une �quivoque qui est contraire � sa parfaite v�racit�. Est-il admissible qu�en disant?: Moi je ne monte pas � cette f�te, il e�t d�j� le projet arr�t� d�y monter en secret??

Il ne reste donc qu�une explication possible c�est qu�au moment o� il parlait ainsi, J�sus �tait bien d�cid� � se tenir �loign� de la f�te des Tabernacle qui se c�l�brait � J�rusalem, remettant � la P�que prochaine sa manifestation messianique. Quelques jours plus tard il prit une r�solution diff�rente.

Il ne faut pas dire simplement avec Bleek et Meyer qu�il changea d�avis, car ce serait l�exposer au reproche de Porphyre. Il est plus juste de supposer, avec M. Weiss, qu�il re�ut de son P�re une indication qui modifia ses vues et ses plans. Un tel changement n�a rien de surprenant, car J�sus attendait de moment en moment et suivait docilement les directions int�rieures de son P�re (Jean�5.20?; Jean�12.49-50).

Verset 10

J�sus, sachant qu�il �tait expos� � J�rusalem au,?; emb�ches de ses ennemis, ne s�y rendit point publiquement, c�est-�-dire avec les caravanes galil�ennes, ni m�me peut-�tre entour� de tous ses disciples?; mais comme en secret, comme un voyageur qui a de s�rieuses raisons de garder l�incognito.

Le comme (qui est omis dans Codex Sinaiticus, D, mais est authentique) adoucit l�expression en secret?; son incognito n��tait pas absolu et ne durera pas car, d�s le premier moment favorable J�sus se montrera publiquement et avec une sainte hardiesse pour rendre son grand t�moignage (verset 14 et suivants).

Verset 11

Grec?: O� est celui-l�?? Les Juifs sont les chefs du peuple (verset 13)?; ils parlent de J�sus en �vitant de le nommer et non sans une nuance de m�pris. Ils le cherchaient dans des intentions hostiles.

Le mot donc indique qu�ils s�attendaient � le voir arriver ouvertement avec les caravanes de Galil�e et non en secret (verset 10).

Verset 12

Ce verset d�peint vivement les conversations et les discussions qui causaient une grande rumeur dans la foule, c�est-�-dire dans les divers groupes qui se formaient sur les places et dans les rues.

L�opinion �tait divis�e au sujet de J�sus, les uns soutenant qu�il �tait homme de bien (grec bon, droit, sinc�re, juste), les autres pr�tendant qu�il �tait un s�ducteur du peuple.

Deux partis contraires se dessinaient, l�un favorable � J�sus, l�autre hostile. Cela montre combien facilement aurait pu se produire un tumulte parmi le peuple, si J�sus n�avait pas agi avec beaucoup de prudence (verset 10).

Verset 13

Cette observation de l��vang�liste ne s�applique pas seulement � ceux qui avaient de J�sus une opinion favorable, mais aux deux partis (verset 12). Les amis n�osaient manifester leur sympathie par crainte des autorit�s qu�ils savaient mal dispos�es?; mais, comme cependant ces autorit�s ne s��taient pas encore d�finitivement prononc�es contre J�sus, les adversaires h�sitaient � donner cours � toute leur haine.

Verset 14

D�claration de J�sus sur sa doctrine et son activit�, sur le myst�re de son origine et sur sa fin prochaine (14-36)

Comme la f�te durait huit jours et qu�elle �tait (grec) d�j� � son milieu, on voit que J�sus avait laiss� s��couler trois ou quatre jours avant de venir � J�rusalem (verset 9). Tout � coup il monta au temple, ou la multitude s�assemblait pour les c�r�monies du culte et il se mit � enseigner?!

Ce proc�d� �tait plein, � la fois, de sagesse et d�une sainte hardiesse. Il eut ainsi le temps de s�emparer de l�attention de son immense auditoire, avant que les chefs eussent pris aucune mesure contre lui et ils furent eux-m�mes frapp�s d��tonnement (verset 15).

Verset 15

Cet �tonnement des adversaires montre qu�ils ont re�u de la parole de J�sus une impression assez vive pour l�exprimer na�vement, m�me en pr�sence du peuple.

Mais cette impression n��tait pas celle de la v�rit� divine que J�sus annon�ait?; la seule chose qui les �tonnait, c��tait la connaissance profonde qu�il avait des �critures (grec des lettres, de la litt�rature sacr�e, Actes�26.24), bien qu�il n�e�t pas �tudi�. Ce mot est caract�ristique.

Les chefs du peuple savaient donc que J�sus n�avait fr�quent� aucune des �coles rabbiniques du temps, comme le faisaient les docteurs de la loi. Il n��tait ni juriste ni th�ologien?! (comparer Actes�4.13) Ce t�moignage involontaire des adversaires est important, ainsi que l�observe Meyer, pour montrer que J�sus n�avait pas �t� form� dans les �coles des rabbins.

Verset 16

Telle est la r�ponse de J�sus � la question des Juifs et quelle r�ponse?! �?Il est vrai que je n�ai puis� mon enseignement dans aucune de vos �coles?; mais je ne l�ai point non plus invent�, tir� de mon propre fonds?; cet enseignement n�est pas de moi, il vient directement de Celui qui m�a envoy�?�. Son enseignement est un message divin que Dieu leur adresse et dont ils porteront la responsabilit�, s�ils le rejettent.

Grec?: Il conna�tra, touchant cet enseignement, s�il provient de Dieu ou si je parle de moi-m�me, de ma propre autorit�.

Faire le volont� de Dieu est la condition absolue pour conna�tre l�enseignement de J�sus. Cette connaissance ne d�pend pas de l�intelligence de l�homme mais de sa volont�?: si quelqu�un veut.

Toute la r�v�lation n�a pour but que d�amener l�homme � faire la volont� de Dieu, en d�autres termes, de le sanctifier?; il en r�sulte que les preuves de la v�rit� divine ne servent de rien � celui qui ne veut pas se laisser conduire � ce but. L�endurcissement de son c�ur obscurcit son intelligence et le rend incapable de comprendre.

Celui, au contraire, qui fait la volont� de Dieu, ne tarde pas � apprendre, par sa propre exp�rience (qui est la d�monstration la plus certaine), combien l�enseignement de J�sus est adapt� � la nature morale de l�homme et r�pond � tous les besoins de son �me. Il reconna�t qu�un tel enseignement ne peut �tre que la v�rit� divine. Il per�oit, par la conscience et par le c�ur, la voix de Celui qui est saintet� et amour.

Dans les choses humaines, il faut conna�tre pour aimer, dans les choses divines, il faut aimer pour conna�tre.� Pascal

La volont� de Dieu, dans la pens�e de J�sus et selon l�unique sens que ses auditeurs pouvaient donner � cette parole, c�est la v�rit� morale enseign�e aux Isra�lites dans la loi et les proph�tes (Jean�5.46). L�homme qui essaie de pratiquer sinc�rement cet id�al moral se convainc de sa mis�re et est amen� � trouver son Sauveur en celui dont l�amour et la saintet� r�pondent si bien aux d�sirs qu�il �prouve lui-m�me.

Bengel remarque, avec finesse, qu�entre les mots celui qui veut et la volont� de Dieu il y a �?une douce harmonie?�.

Mais il ne faut pas oublier comme l�observe Meyer, que cette volont� d�ob�ir est elle-m�me, dans l�homme un effet de l�attrait du P�re, un don de sa part (Jean�6.44-65?; Jean�8.47?; comparez Philippiens�2.13).

Verset 18

Ce qui prouve encore la v�rit� divine de l�enseignement de J�sus, c�est l�esprit dans lequel il le pr�sente et qui anime toute son activit�.

S�il parlait de son chef, s�il cherchait sa propre gloire, il ne m�riterait aucune confiance (Jean�5.44)?; mais comme il ne cherche que la gloire de Celui qui l�a envoy�, il est vrai, v�ridique, il est la manifestation vivante de la v�rit� de Dieu (Jean�5.41).

Il n�y a donc point en lui d�injustice, d�improbit�, de fausset�. La saintet� de la vie du Sauveur, son enti�re cons�cration � la gloire de Dieu sera toujours la plus puissante apologie de son enseignement.

Il y a en m�me temps dans cette parole une r�ponse � l�accusation de ceux qui disaient?: Il �gare le peuple. Celui qui abuse les autres, agit certainement ainsi pour lui-m�me, non en vue de Dieu. Pour bien comprendre ce raisonnement, il suffit de l�appliquer � la Bible en g�n�ral?: celui qui est glorifi� dans ce livre, de la premi�re page � la derni�re, � l�exclusion de tout homme, c�est Dieu?; l�homme y est constamment jug� et humili�. Donc ce livre est de Dieu. Cet argument est celui qui atteint le plus directement la conscience.� Godet

Verset 19

J�sus a r�pondu (versets 16-18) � la question des Juifs (verset 15) et donn� les preuves de la v�rit� de son enseignement.

Maintenant il prend l�offensive et prouve � ses adversaires par un double reproche, adress� directement � leur conscience combien peu ils ont cette volont� d�ob�ir � Dieu qui est la condition indispensable pour reconna�tre sa divine mission (verset 17).

Mo�se, le grand l�gislateur dont vous vous glorifiez, vous a donn� la loi, qui est la r�v�lation de la volont� de Dieu?; Or nul de vous ne l�observe (dans sa sainte spiritualit�). Et de plus, vous avez contre moi, � cette heure m�me, des sentiments de haine et des desseins meurtriers, qui sont une flagrante transgression de cette loi et montrent vos mauvaises dispositions. Comment donc recevriez-vous mon enseignement?? Vous avez en vous la preuve que vous ne voulez pas faire la volont� de Dieu.

Quelques interpr�tes entendent sp�cialement le mot la loi du commandement relatif au sabbat, en disant?: Nul de vous n�observe la loi, J�sus parlerait du fait de la circoncision administr�e le jour du sabbat (versets 22 et 23). Il ferait allusion � l�accusation port�e contre lui � son pr�c�dent s�jour et aux tentatives meurtri�res dont il avait �t� l�objet (Jean�5.16-18). Il est possible, en effet, que J�sus ait d�j� en vue l�apologie qu�il va pr�senter (verset 21 et suivants)?; mais les termes du verset 19 sont trop g�n�raux pour �tre limit�s � cet ordre d�id�es.

Verset 20

Ces gens de la foule �taient apparemment des �trangers venus � la f�te, qui ne savaient rien de ce qui se tramait contre J�sus dans la capitale.

L�id�e qu�on p�t chercher � faire mourir J�sus leur para�t si extravagante, qu�ils la tiennent pour une aberration d�esprit. Et, comme alors on attribuait tous les sympt�mes de la folie � l�action d�un d�mon, dire?: Tu as un d�mon, signifiait?: Tu es fou (Jean�8.48?; Jean�10.20).

Les habitants de J�rusalem �taient mieux instruits des desseins des chefs du peuple � l��gard de J�sus (verset 25).

Verset 21

J�sus subit, sans la relever, l�injure qu�on lui adresse et poursuit sa pens�e, en rappelant l��uvre qui avait provoqu� la haine de ses adversaires et cette �uvre, il va la justifier (versets 22 et 23).

Il s�agit de la gu�rison du paralytique qu�il avait op�r�e dans son pr�c�dent s�jour � J�rusalem un jour de sabbat (Jean�5.5 et suivants) et qui avait excit� contre lui une telle indignation de la part des chefs du peuple, qu�ils avaient cherch� � le faire mourir (Jean�5.18).

Cette indignation subsiste encore, au point qu�il peut dire?: J�ai fait une �uvre (grec une seule �uvre), pendant mon pr�c�dent s�jour au milieu de vous?; et vous �tes tous �tonn�s, indign�s, effray�s comme d�une violation du sabbat.

Si J�sus revient sur cette �uvre, bien qu�il l�e�t accomplie plusieurs mois auparavant (verset 2, note), c�est que les habitants de J�rusalem ne pouvaient pas l�avoir oubli�e, � cause du retentissement qu�elle avait eu et du scandale qu�elle avait caus�.

Verset 22

Le verset 22 commence par cette formule de transition?: � cause de cela, dont le sens est difficile � comprendre.

Tischendorf la supprime sur la seule autorit� du Codex Sinaiticus, qui l�a omise � cause de sa difficult� m�me Plusieurs commentateurs (L�cke, de Wette, Weiss, Keil) et la plupart de nos versions �ludent cette difficult� en rattachant les mots � cause de cela au verbe?: vous �tes �tonn�s, du verset pr�c�dent.

Mais cette formule est toujours employ�e pour introduire un nouveau cha�non du raisonnement?; aussi est-il plus naturel de la consid�rer comme une locution qui ouvre le verset 22. Elle porte sur l�ensemble de ce verset?: �?C�est pour cela, pour vous apprendre � ne pas vous scandaliser au sujet d�une �uvre d�amour accomplie le jour du sabbat, que Mo�se vous a donn� le commandement de la circoncision, qui entre en conflit avec celui du repos sabbatique, et que le jour du sabbat en vertu des prescriptions de la loi elle-m�me, vous circoncisez un homme?�.

J�sus avait d�abord attribu� la circoncision � Mo�se?; cette assertion n��tant pas rigoureusement exacte, il la rectifie par cette parenth�se (non qu�elle vienne de Mo�se mais des p�res, des patriarches).

Cela n��tait point inutile, en pr�sence de scribes �pilogueurs qui auraient �t� heureux de le prendre en faute dans une allusion scripturaire. Mais, au lieu de voir dans cette parenth�se une simple rectification historique, la plupart des interpr�tes y trouvent un des cha�nons du raisonnement par lequel J�sus justifie son �uvre.

Les uns disent?: J�sus rel�ve la haute antiquit� de l�institution de la circoncision pour expliquer qu�elle prime le commandement du sabbat?; mais cette consid�ration affaiblit plut�t qu�elle ne fortifie le raisonnement de J�sus. D�autres?: le dernier r�glement intervenu abolit les r�glements plus anciens?; l�ordonnance de la circoncision devrait c�der le pas � celle du sabbat, plus r�cente et plus pr�cise. C�est le contraire qui a lieu?; donc vous attachez une importance exag�r�e au repos sabbatique.

Cette argumentation est bien compliqu�e et subtile pour �tre exprim�e dans cette br�ve parenth�se. De Wette d�clare donc � bon droit qu�on ne fait par ces consid�rations qu�embrouiller le raisonnement de J�sus.

Verset 23

Ce raisonnement est irr�futable.

Voici deux institutions �galement ordonn�es par Mo�se?: la circoncision et le sabbat.

Or, en administrant la circoncision le jour du sabbat, vous violez ce dernier?; et pourtant il le faut, toutes les fois que le huiti�me jour d�un enfant tombe sur le sabbat, afin que l�ordonnance mosa�que soit observ�e (L�vitique�12.3). Si donc vous accomplissez cet acte symbolique le jour du sabbat, de quel droit vous irritez-vous contre moi, de ce que, ce jour-l�, j�ai gu�ri un homme tout entier??

En ajoutant?: tout entier, J�sus rel�ve le fait que l��uvre accomplie par lui sur cet homme a eu pour r�sultat la gu�rison de l��me aussi bien que du corps (Jean�5.14).

Tel a �t� le but de tous les miracles du Sauveur et n��tait-ce pas l� aussi, comme le remarque Stier, le but supr�me de la loi de la circoncision, du sabbat et de toutes les institutions divines??

Dans les synoptiques, J�sus justifie par une argumentation semblable les gu�risons qu�il op�rait le jour du sabbat (Matthieu�12.5?; Marc�2.27-28).

Verset 24

Selon l�apparence (grec la vue), � prendre le c�t� ext�rieur, formel, la lettre de la loi, il est s�r que J�sus avait viol� le sabbat?; mais selon la justice (grec mais prononcez le jugement juste) et en s��levant � l�esprit de la loi, qui est la charit�, il est certain qu�il avait fait une �uvre excellente.

Cette sentence, dans sa forme g�n�rale, est susceptible d�applications infiniment diverses.

Verset 26

Ces habitants de J�rusalem sont mieux instruits des desseins des chefs du peuple que la foule qui parlait au verset 20?; ils savent que les autorit�s sacerdotales cherchaient d�j� alors � faire mourir J�sus et ils s��tonnent qu�on le laisse parler librement. Ils se demandent m�me si les principaux du peuple auraient vraiment (cet adverbe est omis dans B, D, versions) reconnu J�sus pour le Messie.

Mais une id�e r�pandue � cette �poque les emp�che de persister dans ces conclusions favorables � la mission divine du proph�te de Nazareth (verset 27).

Verset 27

Savoir d�o� �tait J�sus, conna�tre sa famille, son humble extraction galil�enne, �tait ici, comme toujours, une objection contre lui (Jean�7.41-52?; Jean�6.42).

Le signe auquel ils veulent reconna�tre le Messie, c�est que (grec) quand il vient, personne ne sait d�o� il est.

On cite cette sentence des rabbins?: �?Trois choses arrivent inopin�ment?: le Messie, l�Envoy� de Dieu et le scorpion?�.

Cette opinion �tait n�e de la proph�tie de Daniel (Daniel�7.13) et de certains passages affirmant l�origine divine du Messie (Mich�e�5.1?; �sa�e�9.5). On la conciliait avec les pr�dictions relatives � sa filiation davidique (�sa�e�11.1) car cette consid�ration que la famille de David �tait alors tomb�e dans une condition obscure et ignor�e de tous (comparer �sa�e�53.2).

Les mots d�o� il est ne se rapportent qu�� la famille du Christ, non au lieu de sa naissance, indiqu� par la proph�tie (Mich�e�6.1?; comparez Matthieu�2.4-5).

Verset 28

Donc, � l�ou�e de ces paroles qui trahissaient l�ignorance et les pr�juges de ses auditeurs, J�sus est �mu et d�une voix �lev�e et forte, il s��cria, disant. Il veut faire p�n�trer dans les esprits la solennelle d�claration qui va suivre (Ce m�me verbe est employ� pour d�signer une parole vibrante, Jean�1.15?; Jean�7.37?; Jean�12.44?; Romains�9.27).

Jean remarque encore ici que J�sus parlait dans le temple?: (verset 14) c�est que l�entretien qu�il rapporte prend une importance et une solennit� plus grande, � ce moment o� J�sus passe de la justification de son enseignement � l�affirmation de l�origine divine de sa personne.

De Wette, Meyer, Weiss et d�autres pensent que, dans ces paroles J�sus fait une concession � ses auditeurs?: il leur accorde qu�ils ont une certaine connaissance de sa personne et de son origine humaines, mais cette connaissance est insuffisante et les emp�che plut�t de croire en lui (verset 27). Puis il leur d�clare qu�ils sont dans une ignorance profonde sur son origine divine.

Mais la plupart des interpr�tes voient dans ces paroles une affirmation ironique ou une question?: �?(grec) Et vous me connaissez et vous savez d�o� je suis???� Les paroles qui suivent leur montreront combien ils sont �trangers � cette connaissance.

Le et marque fortement l�antith�se et doit se traduire?: et pourtant. Je ne me suis pas donn� moi-m�me ma mission?; mais il en est un autre qui m�a envoy� et lui est v�ritable.

Ce dernier mot, si familier � Jean, ne signifie pas vrai, v�ridique, par opposition � faux, mais r�el, authentique (Jean�1.9?; Jean�6.32?; Jean�17.3?; 1�Jean�5.20). Il existe en r�alit� et non pas seulement dans mon imagination, Celui qui m�a envoy� au monde et ce fait emporte la r�alit� et la v�rit� divine de ma mission.

Mais J�sus ajoute?: vous ne le connaissez pas, parole s�v�re qu�il ne faut pas entendre dans un sens absolu, puisque les Juifs faisaient profession de croire au seul vrai Dieu?; mais s�ils l�avaient connu d�une mani�re vivante comme le V�ritable, ils auraient cru aussi en Celui qu�il a envoy� (Jean�8.19).

Gr�ce � l�ignorance o� ils sont de Dieu, ils ignorent d�o� vient J�sus, celui-ci remplit donc les conditions faites au Messie par l�opinion courante (verset 29). J�sus bat ainsi ses adversaires avec leurs propres armes.

Verset 29

�?Vous, vous ne le connaissez pas?; moi, je le connais?�, vif contraste.

Cette grande d�claration?: Je connais Dieu, re�oit une signification �minente, exclusive, des rapports que J�sus entretient avec Dieu?: je viens de lui, dit J�sus, exprimant la conscience qu�il a de sa relation intime avec lui (Jean�6.46).

Sur cette relation est fond�e sa mission?: c�est lui qui m�a envoy�, car celui qui envoie fait conna�tre toute sa pens�e � son Envoy�.

Verset 30

Donc, c�est-�-dire comme r�sultat de la grande d�claration qui pr�c�de. Plus les t�moignages de J�sus sur sa personne et sur son origine divine devenaient lumineux et p�n�trants, plus la haine des adversaires augmentait (verset 32).

Tel est le caract�re de l�endurcissement.

Mais ces desseins meurtriers ne devaient pas s�accomplir alors, parce que son heure n��tait pas encore venue.

Son heure, le moment de ses souffrances et de sa mort, Dieu l�avait marqu�e dans sa sagesse?; et jusqu�� ce qu�elle e�t sonn� il retenait la main de ses ennemis (comparer Jean�8.20?; Jean�12.23?; Jean�13.1).

Ce qui arr�tait ceux-ci, ce n��tait s�rement pas, comme on l�a pens�, des scrupules de conscience?; mais plut�t la faveur populaire qui entourait encore J�sus et le prot�geait contre les entreprises des chefs (Matthieu�26.5?; Luc�20.19).

Verset 31

Crurent en lui, comme Messie.

Cette foi, il est vrai, se fonde encore sur les seuls miracles de J�sus?; elle ne va pas jusqu�� proclamer directement sa messianit�?; mais la mani�re d�tourn�e dont ils expriment leur sentiment �tait peut-�tre tout ce que leur permettait la crainte des chefs du peuple. Elle suffit d�ailleurs pour exciter la haine de ceux-ci (verset 32).

Verset 32

Les pharisiens entendirent eux-m�mes ce que la foule murmurait de lui ou l�apprirent par leurs espions?; le verbe grec permet les deux suppositions.

Et aussit�t le sanh�drin prit une prompte r�solution et envoya des huissiers pour arr�ter J�sus.

C�est, en effet, le sanh�drin qui est d�sign� dans ces deux classes d�hommes?: les principaux sacrificateurs et les pharisiens. Il para�t que ce corps �tait justement alors assembl�?; c�est que, en effet, les chefs cherchaient � se saisir de J�sus (verset 30).

Le sanh�drin se laisse entra�ner � une d�marche que l�on peut envisager comme l�ouverture des mesures juridiques dont le supplice de J�sus a �t� le terme.� Godet

Verset 33

J�sus n�ignore point ce qui se trame � son sujet?; c�est pourquoi (donc) il se sent press� de faire entendre � ses adversaires un avertissement s�rieux (versets 33 et 34).

Et d�abord, pr�voyant clairement l�issue du conflit, il leur rappelle qu�il n�est plus avec eux que pour un peu de temps. Qu�ils se h�tent donc de profiter de sa pr�sence?! D�ailleurs la mort qu�ils lui infligeront bient�t n�an�antira pas sa vie?: elle sera le moment de son retour � Celui qui l�a envoy�. Mais eux, que de viendront-ils?? (verset 34).

Verset 34

Ce verset n�est pas facile � comprendre?; aussi a-t-il �t� tr�s diversement interpr�t�.

Tout d�pend du sens qu�on attache � ce mot?: vous me chercherez.

Il ne peut �tre question d�une recherche inspir�e par la repentance, car alors J�sus ne dirait pas?: vous ne me trouverez point.

S�agirait-il donc d�une recherche hostile, d�une haine impuissante qui s�exercera apr�s le d�part de J�sus contre ses disciples?? Cela n�est pas probable et peu en harmonie avec les derniers mots du verset.

Ou bien encore, J�sus annoncerait-il � ceux de ses auditeurs qui ont r�sist� � tous ses appels et qui s�appr�tent � le faire mourir, que m�me s�ils le cherchaient d�sormais, ils ne le trouveraient plus, parce que le temps de la gr�ce est pass� pour eux?? Cette parole serait un Jugement prononc� sur leur endurcissement (comparer Luc�19.42).

Une telle pens�e n�est pas �trang�re � notre verset?; mais pour saisir le sens complet de celui ci, il faut se souvenir que J�sus parle en sa qualit� de Messie aux chefs de la th�ocratie, repr�sentants de ce peuple qui allait rejeter et crucifier le Lib�rateur que Dieu lui destinait et ainsi provoquer de terribles jugements qui bient�t fondront sur lui. Alors, dans son angoisse, il attendra vainement son Messie, il cherchera, sans le savoir, Celui qui �tait le seul vrai Messie et dont il avait m�pris� la gr�ce et il ne le trouvera plus.

C�est dans ce sens redoutable que J�sus r�p�tera bient�t ces m�mes paroles?: �?Moi je m�en vais et vous me chercherez et vous mourrez dans vos p�ch�s?� (Jean�8.21). De m�me il ajoute ici?: l� o� je serai (grec je suis, c�est-�-dire?: o� je serai � ce moment-l�), vous n�y pouvez venir.

Dans leur malheur, ils n�auront pas m�me la ressource d�entrer dans la communion glorieuse avec Dieu, o� J�sus sera alors et o� lui seul pourrait les introduire (Jean�14.3-6).

Verset 36

Les Juifs ont �t� si peu touch�s de l�avertissement attrist� et solennel de J�sus, qu�ils s�adressent les uns aux autres cette question ironique?: Ira-t-il vers les Juifs dispers�s parmi les Grecs?? (la diaspora, Jacques�1.1?; 1�Pierre�1.1).

Ira-t-il enseigner les Grecs, c�est-�-dire les pa�ens, voyant qu�il n�a aucun succ�s parmi nous??

Puis ils r�p�tent encore comme n�y trouvant aucun sens, la parole de J�sus, qui au fond blesse leur orgueil?: L� o� je suis vous n�y pouvez venir. Ils proph�tisent ainsi, sans le vouloir, que l��vangile de la gr�ce, rejet� par eux, sera annonc� aux pa�ens. Ca�phe prononcera plus tard une semblable proph�tie inconsciente (Jean�11.49-52).

Verset 37

Le dernier et le grand jour de la f�te (37-52)

La f�te durait sept jours?; mais, d�apr�s la loi, on en ajoutait un huiti�me qui �tait un sabbat et qui se c�l�brait avec une solennit� particuli�re (L�vitique�23.36-39?; Nombres�29.35 et suivants, N�h�mie�8.18).

C�est l� ce que notre �vang�liste appelle le dernier et grand jour de la f�te. Alors tout le peuple quittait les tentes o� il avait s�journ� pendant sept jours (verset 2, note) et se rendait en procession dans le temple, o� il offrait les sacrifices et accomplissait les autres c�r�monies de ce grand jour.

C�est l�, au milieu de cette foule d�adorateurs, que J�sus se l�ve et prononce avec une grande solennit� les paroles qui suivent (Il se tenait debout et cria?; comparez verset 28, note).

Avoir soif, c�est l�image par laquelle l��criture exprime les besoins moraux et spirituels. Sous le soleil ardent de l�Orient, en des lieux arides qui souvent manquent d�eau, la soif tourmente fr�quemment l�homme et le fait mourir dans de grandes souffrances. C�est la soif de l��me que J�sus s�offre � �tancher?: qu�il vienne � moi et qu�il boive?!

On admet g�n�ralement que dans l�occasion pr�sente cette comparaison fut inspir�e � J�sus par une c�r�monie qui �tait propre � la f�te des Tabernacles. Chaque jour, apr�s le sacrifice du matin, un pr�tre, un vase d�or � la main, descendait, suivi de la foule, � la source de Silo� et y puisait de l�eau qu�il portait au parvis du temple?; les autres sacrificateurs le recevaient au son des trompettes et des cymbales et au milieu des acclamations joyeuses de la multitude.

Le peuple chantait?: �?Vous puiserez de l�eau avec joie aux sources du salut?� (�sa�e�12.3). Alors le sacrificateur montait sur l�autel des holocaustes et accomplissait une libation en versant du c�t� de l�occident l�eau contenue dans le vase d�or et en r�pandant du cot� de l�orient une coupe de vin. Cet usage pr�tait aux paroles de J�sus une actualit� particuli�re.

M. Godet objecte qu�il n�e�t pas �t� digne de J�sus de prendre pour point de d�part du t�moignage important qu�il va rendre une c�r�monie qui n�avait pas �t� ordonn�e de Dieu dans la loi, mais invent�e par les pr�tres pour rappeler un des grands miracles accomplis dans le d�sert, l�eau jaillissant du rocher (Exode 17?; Nombres 20). Il pense que J�sus remonta jusqu�au bienfait divin que le rite institu� par les hommes comm�morait et qu�il se compara, non � la cruche d�eau que r�pandait le sacrificateur, mais au rocher m�me d�o� Dieu fit jaillir l�eau vive.

Cette explication n�est point oppos�e � la pr�c�dente, car la c�r�monie de la f�te des tabernacles permit � J�sus de faire allusion au rocher de Rephidim?; elle la compl�te heureusement (comparer 1�Corinthiens�10.4).

Verset 38

Croire en J�sus est l�acte r�el figur� par les deux images pr�c�dentes?: �?venir � lui et boire?�.

Entrer, par une foi vivante du c�ur, dans une communion intime avec J�sus, c�est le seul moyen de s�approprier les tr�sors de gr�ce, de vie et d�amour dont il est la source. J�sus peint, en une magnifique image, les bienfaits qu�il procure � celui qui croit en lui et par lui � d�autres �mes?: des fleuves d�eau vive couleront de son sein. C�est-�-dire qu�une effusion puissante de l�Esprit de Christ (verset 39), qui est l�Esprit de lumi�re et de vie, se r�pandra dans son int�rieur, dans son c�ur et en rejaillira sur d�autres, avec l�abondance de fleuves qui arrosent et vivifient des contr�es enti�res.

Uni � Christ, il deviendra pour d�autres ce que Christ est pour lui, un rocher duquel jaillit une eau vive (comparer Exode�17.6?; Nombres�20.11).

Cette grande pens�e �tait exprim�e d�j� au Jean�4.14, avec la diff�rence qu�ici, l�eau vive se r�pand, de celui qui en a �t� d�salt�r�, sur d�autres qui ont encore soif du salut.

La promesse de J�sus a �t� accomplie le jour de la Pentec�te et dans l�action de l�Esprit qui en a �t� la suite.

J�sus ajoute?: comme dit l��criture. Il n�y a pas dans l�Ancien Testament de passage qui renferme exactement ces paroles?; mais tous les proph�tes annoncent, pour les temps �vang�liques, l�effusion de l�Esprit de Dieu sous cette image des eaux vives que l��ternel r�pandra sur son peuple (�sa�e�35.6-7?; �sa�e�41.17-18?; �sa�e�44.3?; �sa�e�58.11?; �z�chiel�36.25?; Exode�17.6?; Nombres�20.11?; Deut�ronome�8.15?; Psaumes�114.8).

Verset 39

C�est ainsi que l��vang�liste explique la promesse de J�sus. Celle-ci se rapportait � l�Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui.

Jean ajoute que cet Esprit n��tait pas encore. Il ne veut pas dire que l�Esprit de Dieu n�e�t pas exist� et ne se f�t pas manifest� sous l�ancienne Alliance. D�s avant la cr�ation, �?l�Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux?�, pour y produire la vie et l�harmonie (Gen�se�1.2) et c�est pouss�s par lui que tous les proph�tes ont parl� (2�Pierre�1.21).

Il ne faut pas cependant affaiblir l�expression en traduisant?: n�avait pas encore �t� donn� (B et l�Itala pr�sentent cette variante, mais cette le�on est une correction �vidente).

La pens�e de Jean doit �tre interpr�t�e � la lumi�re des d�clarations de J�sus dans ses entretiens de la chambre haute (Jean�14.15 suivants?; Jean�16.5 et suivants), qui font d�pendre la venue du Consolateur du retour de J�sus aupr�s de son P�re et identifient le don du Saint-Esprit avec la pr�sence de J�sus-Christ dans le c�ur de ses disciples (Jean�14.17-18?; Jean�14.23).

� la Pentec�te seulement, l�Esprit commen�a d�habiter dans le c�ur des hommes et d�y agir comme un principe de r�g�n�ration et de vie.

C�est dans ce sens que l��vang�liste peut dire?: L�Esprit n��tait pas encore. Et il en donne la raison aussi vraie que profonde?: parce que J�sus n��tait pas encore glorifi�.

Cette condition indispensable de l�envoi du Saint-Esprit est express�ment indiqu�e par J�sus lui-m�me (Jean�16.7). Mais comment faut-il l�entendre??

On a dit que jusqu�� la glorification de Christ

la foi des disciples, encore li�e � la pr�sence de J�sus en chair, �tait faible et obscurcie par leurs fausses id�es messianiques, la pr�sence et l�autorit� de J�sus les retenaient dans un �tat passif et purement r�ceptif. Mais lorsque sa gloire leur fut r�v�l�e par les grands faits de sa mort et de sa r�surrection, leur foi s��leva � sa vraie spiritualit�?; livr�s � eux-m�mes par le d�part de leur Ma�tre, leur activit� propre se d�veloppa et tous les germes de l�Esprit d�pos�s en eux port�rent leurs fruits.� De Wette

Cette explication est vraie, mais insiste trop exclusivement sur les dispositions des disciples. C�est en Christ lui-m�me et dans son �uvre qu�il faut chercher les raisons qui rendaient sa glorification n�cessaire pour que l��uvre de l�Esprit p�t s�accomplir. Christ devait, au pr�alable, par sa mort expiatoire, r�concilier notre humanit� avec Dieu il devait, par son retour dans la gloire (Jean�17.5), prendre possession du royaume qu�il �tait venu fonder, en sorte que �?toute puissance lui f�t donn�e au ciel et sur la terre?� (Matthieu�28.18).

Apr�s cela seulement il �tait en mesure de r�pandre sur ses rachet�s l�Esprit qui devait le glorifier lui-m�me en eux (Jean�16.14) et cr�er pour toujours leur communion avec le Sauveur invisible.

Verset 41

Ces paroles (majuscules, versions. Le texte re�u porte?: cette parole) sont celles que J�sus vient de prononcer et dont l��vang�liste d�crit maintenant les effets divers sur les gens de la foule (Le texte re�u porte?: plusieurs de la foule. Codex Sinaiticus, B, D omettent plusieurs).

Pour les uns, qui avaient re�u une impression s�rieuse, il �tait le proph�te (Jean�1.21?; Jean�6.14), c�est-�-dire le pr�curseur du Messie.

Pour d�autres, plus avanc�s dans la foi, il �tait le Christ, le Messie (verset 41). Conclusion capitale qu�ils tiraient des discours de J�sus et de la vive impression qu�ils en avaient re�ue?!

Verset 42

Cette objection prouve que ceux qui la faisaient �taient familiaris�s avec les proph�ties (Mich�e�5.1). Jean ne la r�fute pas, ce qui lui e�t �t� facile, pr�cis�ment parce qu�il estime qu�elle se r�fute d�elle-m�me.

Comme le dit M. Godet, �?il se pla�t � rapporter des objections qui, pour ses lecteurs au fait de l�histoire �vang�lique, se transformaient imm�diatement en preuves?�.

On a donc m�connu son intention en concluant de son silence qu�il ignorait la naissance de J�sus � Bethl�hem et dans la post�rit� de David.

Verset 44

Il y eut donc division parmi la foule (Jean�9.16?; Jean�10.19?; 1�Corinthiens�1.10).

Comme l��vang�liste a marqu� deux nuances parmi les croyants (versets 40 et 41), il en note deux aussi parmi les opposants. Les uns expriment leur doute par une objection (versets 41 et 42), les autres voudraient proc�der imm�diatement par des voies de fait (verset 44).

Personne ne mit la main sur lui, sans doute par la m�me raison qui est indiqu�e au verset 30. M�me les huissiers envoy�s pour l�arr�ter sentirent leurs mains retenues par la puissance divine de sa parole (verset 46).

Verset 46

Ces huissiers envoy�s par le sanh�drin pour se saisir de J�sus (verset 42) reculent devant l�ex�cution de leur mandat.

Ils auraient cru commettre un sacril�ge en mettant la main sur lui. Ils ne cherchent m�me pas la moindre excuse pour avoir manqu� � leur devoir.

Tout remplis de ce qu�ils ont entendu, ils se contentent de cette r�ponse, qui est un beau t�moignage rendu � la puissance de la parole de J�sus.

C�est un puissant discours une parole �nergique qu�ils prononcent dans leur humilit�.� Luther
C�est l� un caract�re de la v�rit�, de convaincre des hommes simples, plut�t que leurs ma�tres.� Bengel

Verset 48

Le sanh�drin �tait assembl� pour recevoir le prisonnier que les huissiers devaient amener.

Ce sont les pharisiens, les rigoureux gardiens de l�orthodoxie, qui prennent la parole, ils citent les hommes de leur parti comme les seuls mod�les que les huissiers auraient d� imiter.

Aveugl�s par leur orgueil, ils pr�tendent qu�aucun des chefs ni des pharisiens n�avait cru en J�sus.

Il y avait pourtant, pr�sent � la s�ance, un pharisien qui allait leur prouver le contraire (verset 50, comparez Jean�12.42).

Verset 49

C�est l�, de la part des chefs le langage d�un souverain m�pris et de la haine pour la foule ignorante.

Cette mal�diction qu�ils prononcent sur elle dans leur col�re allait bient�t devenir officielle, sous la forme de l�excommunication prononc�e contre tous ceux qui croiraient en J�sus (Jean�9.22).

Verset 50

Voir sur Nicod�me Jean�3.1 et suivants Notes.

Trois fois cet �vangile fait mention de Nicod�me, le pr�sent passage forme la transition de la timidit� premi�re (Jean 3) � la courageuse confession de la fin.� (Jean�19.39) Luthardt
Souvent ceux qui ont �t� timides hors du danger deviennent les d�fenseurs de la v�rit� dans le danger m�me.� Bengel

Ce mot de l��vang�liste?: qui �tait l�un d�entre eux, donne d�autant plus de poids au t�moignage de Nicod�me et d�ment la parole des pharisiens, verset 48.

Il y a ici diverses variantes dans les manuscrits?: B porte?: qui �tait venu auparavant?; D?: qui �tait venu auparavant de nuit?; Codex Sinaiticus, que suit Tischendorf, omet toute la phrase.

Voir Jean�19.30, o� les m�mes paroles sont appliqu�es � Nicod�me.

Verset 51

Ce qu�il a fait, c�est-�-dire ses actions et sa conduite. La loi est ici personnifi�e, c�est elle qui entend, qui juge, qui conna�t, dans la personne du juge qui est l�organe de la loi.

Cet appel � la loi, en pr�sence d�hommes qui viennent de reprocher � la foule de ne pas la conna�tre, est d�une mordante ironie.

Verset 52

Au lieu de r�pondre � la question de Nicod�me, ces hommes passionn�s et endurcis se contentent de lui dire une injure, car c�en �tait une � leurs yeux?; que d�appeler Galil�en un membre du sanh�drin. Et, en m�me temps, ils insinuaient que Nicod�me avait des sympathies pour J�sus, le Galil�en.

Codex Sinaiticus, B, D, versions, ont le verbe au pr�sent?: n�est point suscit�, c�est-�-dire qu�aucun proph�te ne saurait �tre originaire de cette province.

Le verbe au parfait (texte re�u) exprime un fait historique?; le pr�sent indique que les pharisiens se placent au point de vue de la proph�tie, selon laquelle aucun proph�te n�est venu ni ne peut venir de cette province et que, par cons�quent, J�sus, qu�ils nomment Galil�en, ne peut �tre ni un proph�te ni le Messie.

Ici encore, la col�re aveugle ces savants docteurs, car Jonas �tait Galil�en (2�Rois�14.25) et peut-�tre aussi �lie et Nahum. Ils oublient encore que selon �sa�e, c�est de la Galil�e que resplendit la lumi�re des temps �vang�liques (�sa�e�8.23?; �sa�e�9.1). Mais, pour la passion, tous les arguments sont bons.

Verset 53

Fragment interpol�, la femme adult�re (7.53 � 8.11)

� qui s�applique cette remarque?: aux membres du sanh�drins qui se retirent apr�s la s�ance (versets 45-52), ou aux gens de la foule qui, la f�te finie, regagnent leurs demeures??

Ce manque de rapport clair avec ce qui pr�c�de montre que le fragment suivant a �t� intercal� dans un texte auquel il n�appartenait pas.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 7". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/john-7.html.