Bible Commentaries
Jean 9

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-41

Verset 1

La gu�rison de l�aveugle-n�, derni�re phase du conflit (chapitres 9 et 10)

Versets 1 � 41 � L�aveugle-n� gu�ri

Si les mots qui, dans le texte re�u, terminent le Jean 8 Et ainsi il s�en alla (grec il passa), �taient authentiques, le commencement de Jean 9 Et comme il passait, ou en passant, se rattacherait imm�diatement � la sc�ne violente qui marqua la sortie de J�sus du temple (Jean�8.59).

Mais dans ce cas il serait invraisemblable que les disciples eussent si t�t recouvr� le calme que suppose leur question (verset 2). Rien n�oblige, dans le texte authentique, � rapprocher autant les deux faits.

C�est plus loin, dans les rues de J�rusalem, peut-�tre au soir de cette journ�e (verset 4), ou d�une journ�e qui suivit que s�offrit aux regards de J�sus cet objet digne de toute sa compassion?: un homme aveugle de naissance, qui avait toujours v�cu dans les t�n�bres et n�avait jamais vu ni les beaut�s de cet univers, ni les traits de ceux qu�il aimait. En outre, il �tait indigent et r�duit � mendier son pain (verset 8). Aussi excita-t-il la piti� du Sauveur.

J�sus le vit et ce malheureux lui fournit l�occasion de l�un de ses plus grands miracles, en m�me temps que d�une instruction profonde pour ses disciples.

Verset 2

Les disciples, voyant que J�sus arr�tait ses regards sur ce malheureux, lui adressent une question qui suppose dans leur esprit, � la fois une v�rit� profonde et une dangereuse erreur.

La v�rit�, c�est que tout mal dans ce monde, toute souffrance de notre humanit� provient du p�ch� et ne saurait, sans blasph�me, �tre attribu�e � Dieu (Gen�se�3.1?; Romains�5.12).

L�erreur, qui �tait g�n�rale parmi les Juifs, consistait � penser que toute souffrance personnelle est le ch�timent de p�ch�s personnels. Cette id�e rendait injustes les amis de Job?: les terribles �preuves de cet homme int�gre leur paraissaient le signe irr�cusable de graves transgressions, dont il s��tait rendu coupable � l�insu de tous (comparer Luc�13.1, 2e note).

Avec une semblable pens�e dans l�esprit, les disciples ne con�oivent d�autre alternative que celle-ci?: ou l��preuve de l�aveugle avait pour cause les p�ch�s de ses parents, par une solidarit� qu�ils pouvaient fonder sur Exode�20.5 et sur l�exp�rience, qui nous montre bien souvent des enfants h�ritant des auteurs de leurs jours des maux divers, ou bien cet homme souffrait la peine de ses propres p�ch�s.

Mais comment cela �tait-il possible, puisqu�il �tait n� aveugle??

Ici bien des ex�g�tes pr�tent aux disciples diverses sp�culations dont ils �taient, pensons-nous, innocents.

Les uns leur attribuent l�id�e qu�il est possible � un enfant de p�cher d�s le sein de sa m�re (selon l�explication que les rabbins donnaient de Gen�se�25.22, mais contrairement � l�affirmation de Paul, Romains�9.11)?; d�autres pensent que leur question est inspir�e par la croyance � la m�tempsycose, ou par l�id�e platonicienne de la pr�existence des �mes, qui pourraient souffrir dans cette vie la peine de p�ch�s commis dans une existence pr�c�dente?; d�autres encore s�arr�tent � l�id�e d�une participation de l�enfant au p�ch� originel d�s avant sa naissance (Psaumes�51.7).

Tout cela est sans fondement dans le texte. Les disciples se trouvent en pr�sence d�une alternative dont le premier terme est une simple impossibilit�, tandis que le second terme suppose un fait possible, mais qui froisse leur sentiment de la justice. Ils demandent � leur Ma�tre de leur expliquer cette difficult�. Ils ne seront pas d��us dans leur attente.

Verset 3

J�sus ne nie point les p�ch�s de l�aveugle ou ceux de ses parents, mais il conteste que son infirmit� soit le ch�timent sp�cial de leurs fautes personnelles. Puis, il �l�ve les pens�es de ses disciples vers la mis�ricorde infinie de Dieu qui sait transformer un mal temporel en un bien �ternel. Cette action salutaire de la providence divine, dont il se sait l�organe particulier (verset 5), est ce que J�sus appelle les �uvres de Dieu, ces �uvres de sa gr�ce que J�sus accomplissait alors dans toute sa vie (comparer Jean�9.4?; Jean�5.36?; Jean�10.25).

Il allait op�rer une telle �uvre sur le corps et sur l��me de l�aveugle Ce dernier �tait n� aveugle afin que les �uvres divines fussent manifest�es en lui.

Il fut en effet, par son infirmit� m�me, mis en rapport avec J�sus et amen� � la foi et � la vie �ternelle (verset 38).

Ces paroles de J�sus nous r�v�lent la vraie th�odic�e et sont la seule solution du probl�me que soul�vent les souffrances de notre humanit� (comparer Jean�11.4).

� la vue de ceux qui souffrent, gardons-nous de jugements faux et injustes, mais souvenons-nous plut�t de paroles telles que celle-ci?: �?Le Seigneur ch�tie celui qu�il aime et il frappe de ses verges tous ceux qu�il reconna�t pour ses enfants?� (H�breux�12.6). � ce point de vue nous apparaissent dans leur pleine harmonie, la justice et la mis�ricorde de Dieu.

Verset 4

Pour J�sus, comme pour les siens il n�y a qu�un temps d�termin� o� ils puissent travailler et faire les �uvres de Dieu?: c�est le temps de la vie pr�sente.

En effet, ces mots?: pendant qu�il fait jour, sont clairement expliqu�s par ceux-ci?: pendant que je suis dans le monde (verset 5).

Le jour, pendant lequel on travaille, est donc celui de notre vie?; la nuit, c�est la mort.

J�sus fait ainsi allusion � sa fin prochaine et montre, dans son infatigable activit�, l�exemple que doivent imiter les siens.

On pourrait objecter que, pour J�sus, cette activit� ne cessa point avec sa mort, puisque c�est du sein de sa gloire qu�il a fait les plus grandes �uvres et fond� le royaume de Dieu sur la terre. Cela est vrai, mais il est vrai aussi que le temps d�termin� de sa vie terrestre �tait celui o� il devait accomplir son �uvre sp�ciale et sauver le monde par ses souffrances et sa mort. Apr�s cela ce sera par l�Esprit de Dieu et par le minist�re de ses t�moins que J�sus poursuivra son �uvre.

Au reste, cette objection tomberait s�il fallait, avec Tischendorf, admettre la le�on du Codex Sinaiticus?: Il nous faut� de Celui qui nous a envoy�s ou celle de B, D, que pr�f�rent la plupart des critiques?: Il nous faut� de Celui qui m�a envoy�?; car de cette mani�re, J�sus comprendrait tous ses disciples dans cette s�rieuse d�claration, que nul ne peut travailler durant la nuit.

Au fond, c�est bien la pens�e du Sauveur, m�me dans les termes du texte re�u et celui-ci a pour lui l�autorit� de la plupart des majuscules et celle des anciennes versions.

Verset 5

Grec?: Quand je suis�

Cette conjonction fait ressortir le caract�re transitoire de l�activit� de J�sus ici-bas. J�sus confirme et explique sa d�claration pr�c�dente. Il fait v�ritablement les �uvres de Dieu, parce qu�il est la lumi�re du monde.

Cette grande parole, qui serait d�un insens�, si elle n��tait du Fils de Dieu, il l�a r�p�t�e plus d�une fois (Jean�8.12?; Jean�12.35)?; mais ici, il la prononce avec un �-propos particulier au moment o� il va communiquer � cet aveugle la lumi�re du corps et celle de l��me. Et, dans ce qu�il vient de dire, n�a-t-il pas d�j� fait resplendir la lumi�re sur les douloureux myst�res de notre vie (verset 3) et sur l�emploi du temps qui nous est donn� ici-bas?? (verset 4).

Verset 6

D�ordinaire le Seigneur gu�rit les malades simplement par sa parole cr�atrice. Dans certains cas, assez rares, il emploie des moyens ext�rieurs (Matthieu�8.3?; Marc�7.33?; Marc�8.23).

Ici, il fait avec sa salive une boue qu�il (grec) mit comme un onguent sur les yeux de l�aveugle.

Pourquoi?? Nous ne le savons pas. Toutes les explications qu�on a donn�es de ce proc�d� se r�duisent � des conjectures. J�sus, qui ne faisait rien d�inutile, rien qui f�t une simple apparence, jugeait sans doute ces moyens n�cessaires � l�accomplissement de la gu�rison.

Le miracle n�en restait pas moins un acte surnaturel de sa puissance divine.

Qu�ensuite on suppose qu�il voul�t par ce traitement sp�cial se mettre dans un rapport personnel avec le malade, lui inspirer de la confiance, �veiller et, en m�me temps, �prouver sa foi, rien de plus naturel et c�est ce qu�admettent la plupart des interpr�tes.

Aller plus loin, dire que J�sus, en ajoutant � la c�cit� naturelle de l�aveugle une c�cit� artificielle, produite par l�enduit de boue, voulait enseigner au malade que pour recouvrer la vue, il fallait commencer par devenir plus compl�tement aveugle, pour s�abandonner enti�rement � la puissance du Sauveur, cela nous para�t un peu cherch�.

Verset 7

Ordonner � l�aveugle d�aller se laver au r�servoir de Silo�, c��tait encore exercer sa foi, tout en accomplissant le miracle de sa gu�rison (comparer 2�Rois�5.10-14).

La source de Silo� avait jou� un r�le dans les c�r�monies de ces jours de f�te (Jean�7.37, 2e note).

Le pied du mont de Morijah, vis-�-vis de Silo�, est couvert de Jardins potagers dispos�s en terrasses o� sont plant�s des grenadiers et o� l�on cultive des artichauts et d�autres l�gumes. Ce sont les anciens jardins du Roi, ils ont la verdure la plus fra�che que j�aie encore vue en Palestine. Ils la doivent � l�eau du r�servoir de Silo� qui est au-dessus et au moyen duquel on les irrigue. La source proprement dite est un peu plus haut dans la vall�e?; on l�appelle aujourd�hui fontaine de la Vierge Elle communique par un conduit souterrain avec la fontaine de Silo�. Celle-ci coule doucement (�sa�e�8.6) dans une grotte situ�e � l�extr�mit� du Tyrop�on et o� l�on descend par des degr�s?; devant la grotte est le r�servoir o� J�sus envoya l�aveugle-n�. Nous y trouvons une femme occup�e � puiser de l�eau. J�ai go�t� de cette eau qui ne m�a pas paru tr�s froide et � laquelle je n�ai pas trouv� le petit go�t sal� que lui attribuent plusieurs voyageurs.� F�lix Bovet, Voyage en Terre Sainte, page 261

Jusqu�ici tout est simple dans ce r�cit. Mais l��vang�liste a trouv� bon de traduire le nom de Silo� (h�breu Sch�lach ou Schiloach, N�h�mie�3.15?; �sa�e�8.6), auquel �videmment il attachait de l�importance � cause de sa signification d�Envoy�.

Or, plus d�un commentateur n�a trouv� l� qu�un jeu de mots peu digne de l�ap�tre?: celui-ci rapprocherait le nom d�Envoy� du fait que l�aveugle lui-m�me �tait envoy� � ce r�servoir par J�sus. L�cke suppose que la parenth�se est une interpolation.

Pour retrouver la vraie pens�e de l��vang�liste, il suffit de se rappeler, avec M. Bovet, que �?cette double fontaine de Silo�, jaillissant du rocher m�me sur lequel s��levait la maison de Dieu, �tait, pour les Isra�lites, un symbole de vie spirituelle et qu�il y est fait souvent allusion dans l��criture?� (�z�chiel 47).

Cette source b�nie �tait donc � un double titre un don de Dieu. Le nom qu�elle avait re�u comme telle?: Envoy�, �tait pr�cis�ment le terme par lequel, dans notre �vangile, J�sus caract�rise sa mission divine (Jean�3.17?; Jean�5.36?; Jean�6.29?; Jean�10.36?; Jean�17.3?; Jean�17.8?; Jean�17.21, etc.).

N��tait-il pas naturel d�s lors d��tablir un rapprochement entre la source qui portait ce nom proph�tique et Celui qui offrait � toutes les �mes alt�r�es des eaux vives et qui se d�signait sans cesse lui-m�me par ce m�me nom??

Peut-�tre l�aveugle avait-il �t� conduit � la source par quelqu�un qui lui rendait, pour la derni�re fois, ce service mais il revint voyant. Et avec quelle joie?! Il revint, non pas imm�diatement vers J�sus qu�il ne connaissait pas, mais vers les siens (versets 8 et 18).

Verset 9

Le r�sultat du miracle est que les voisins de l�aveugle gu�ri discutent l�identit� de sa personne et diff�rent d�opinion � son �gard. Leur h�sitation se con�oit d�autant mieux que la physionomie de cet homme devait para�tre tout autre depuis que ses yeux s��taient ouverts et rayonnaient de joie. Cette premi�re sc�ne est d�crite d�une mani�re vive et dramatique.

Au verset 8, le texte re�u porte?: aveugle au lieu de mendiant. Au verset 9, le texte re�u porte seulement?: �?Il lui ressemble?� (grec semblable).

La le�on de Codex Sinaiticus, B, C, versions?: �?Non, mais il lui ressemble?�, implique une n�gation plus prononc�e de l�identit�.

Verset 11

On lui demande comment il a �t� gu�ri. C�est l� une question � laquelle nul homme n�aurait pu r�pondre, car le comment d�un miracle est toujours un myst�re.

Mais ce qu�il a �prouv�, son exp�rience, c�est l� ce que l�aveugle gu�ri raconte avec autant de pr�cision que de simplicit� et de v�rit�.

Verset 12

Comme l�aveugle n�avait pas pu voir J�sus avant sa gu�rison et qu�imm�diatement apr�s il �tait retourn� chez lui, il ne pouvait r�ellement pas savoir o� �tait son lib�rateur.

L��vang�liste nous d�crit d�une mani�re admirable les d�veloppements progressifs de la lumi�re int�rieure dans cet homme qui venait de voir pour la premi�re fois, la lumi�re du jour.

D�abord il ne conna�t que l�exp�rience qu�il a faite de la puissance et de l�amour de J�sus (verset 11), il arrive ensuite � la conviction que son lib�rateur est un proph�te, un envoy� de Dieu (verset 17)?; puis il affirme courageusement cette conviction devant les ennemis du Sauveur (versets 27-33)?; enfin, en pr�sence et par la parole de J�sus, il parvient � une pleine foi en lui (verset 38).

Verset 14

Qui sont ceux qui m�nent cet homme vers les pharisiens??

�videmment quelques-uns de ces voisins dont il vient d��tre fait mention (verset 8), plus particuli�rement ceux qui avaient exprim� leurs doutes (verset 9).

L��vang�liste remarque incidemment que la gu�rison avait eu lieu un jour de sabbat. Cette circonstance augmentait leur incertitude. Les pharisiens seuls, pensent-ils, pouvaient porter un jugement sur la valeur l�gale de cette action, eux-m�mes ne se permettent pas de l�appr�cier. Il y a donc, dans leurs motifs, plus d�ignorance et de servilit� que d�inimiti� contre J�sus.

Mais qui �taient ces pharisiens que l�on constitue juges du Sauveur?? �tait-ce le sanh�drin en s�ance, malgr� le sabbat, ou une d�l�gation de ce corps, ou bien les pharisiens, � J�rusalem, avaient-ils une organisation propre, avec une sorte de tribunal permanent??

Les interpr�tes diff�rent sur ce point. Ce qu�il importe de remarquer, c�est que ceux qui sont ainsi d�sign�s agissent comme des hommes officiels et s�attribuent l�autorit� de chefs du peuple.

Verset 15

Ils lui demand�rent � leur tour (grec de nouveau), parce qu�ils ne font que r�p�ter la question du verset 10.

Le comment se rapporte � ce que J�sus avait fait, il leur importait de savoir s�il y avait l� de quoi fonder l�accusation d�une violation du sabbat (verset 16).

Quelle pr�cision et quelle v�rit� dans la r�ponse de l�aveugle gu�ri?! Trois mots lui suffisent.

Verset 16

Ces quelques-uns, d�entre les plus mal intentionn�s, ne nient pas encore le miracle (verset 18)?; mais ils en concluent que celui qui l�a op�r� ne peut pas �tre un Envoy� de Dieu, parce qu�� leurs yeux son action �tait une violation du sabbat.

D�autres, plus �clair�s, mieux dispos�s, concluent, comme Nicod�me (Jean�3.2), que de tels miracles ne peuvent pas �tre l��uvre d�un homme p�cheur, c�est-�-dire, d�un transgresseur de la loi divine. Ils se refusent donc � admettre qu�il y ait eu violation du sabbat.

C�est ainsi qu�il y avait division entre eux.

Verset 17

L�opinion de l�aveugle gu�ri n�importait pas beaucoup aux plus hostiles de ces hommes (verset 34), mais ils la lui demandent dans l�espoir de lui arracher quelque parole qui leur permit de fonder une accusation contre J�sus ou de convaincre d�imposture celui qui avait recouvr� la vue (verset 18). Au lieu de cela ils entendent de sa bouche cette premi�re confession?: C�est un proph�te, un Envoy� de Dieu.

La conviction de cet homme s��tait �clair�e et affermie par la discussion m�me � laquelle il venait d�assister.

Verset 18

Maintenant Jean n�emploie plus le mot de pharisiens?; il dit?: les Juifs, terme par lequel il d�signe toujours les adversaires du Sauveur (Jean�1.19, note).

Ils ne crurent point (grec) � son sujet qu�il avait �t� aveugle et qu�il avait recouvr� la vue?; mais, soup�onnant une entente entre lui et J�sus, ils voulurent avoir le t�moignage de ses parents eux-m�mes, qui devaient le mieux conna�tre l��tat pr�c�dent et l��tat actuel de leur fils.

Verset 19

Deux questions, dont la premi�re �tait bien facile � r�soudre. Quant � la seconde, ses parents ne peuvent ni ne veulent y r�pondre. Par ces mots?: votre fils que vous dites �tre n� aveugle, les interrogateurs trahissent leur incr�dulit� sur ce fait m�me.

Les parents affirment ce double fait que c�est l� leur fils et qu�il est n� aveugle. Mais, quant � la gu�rison et quant � celui qui l�a accomplie, ils s�empressent de nier toute connaissance et de rejeter sur leur fils le soin de r�pondre � ces questions.

Les paroles qui suivent (versets 22-24) n�expliquent que trop bien cette l�chet� et cette servilit�, ainsi que l�esp�ce de terreur que l�autorit� despotique des pharisiens inspirait au peuple.

Verset 22

L�exclusion de la synagogue et par l� de toute communion religieuse avec le peuple, �tait le premier degr� de l�excommunication. Cette d�cision prise par le sanh�drin contre les adh�rents de J�sus avait d� faire sensation dans J�rusalem et les parents de l�aveugle ne pouvaient l�ignorer.

Verset 24

Les adversaires, comme l�observe M. Luthardt, trahissent tout d�abord leur embarras, en rappelant une seconde fois comme t�moin celui dont la gu�rison t�moignait contre eux il leur importait beaucoup de le d�cider � r�tracter ses pr�c�dentes d�clarations.

Prenant un ton solennel, ils lui disent?: Donne gloire � Dieu?! ce qui �tait une sorte d�adjuration de dire la v�rit� et de rendre � Dieu l�honneur qu�il lui avait refus� par son p�ch� ou son blasph�me (Josu�7.19).

Il insinuaient en m�me temps qu�ils combattaient, eux, pour la gloire de Dieu, tandis qu�il l�offensait, lui, en reconnaissant J�sus pour un proph�te (verset 17).

Enfin, se rev�tant de toute leur autorit�, ils ajoutent?: Nous savons que cet homme est un p�cheur, un transgresseur de la loi divine du sabbat.

Ostervald traduit ici et verset 16?: un m�chant ce qui n�est point exact et d�passe la pens�e des adversaires eux-m�mes.

Verset 25

R�ponse admirable de simplicit� et de v�rit�?! Apolog�tique seule vraie. Les ennemis cherchent, par les sophismes de leur dogmatique, � lui arracher un aveu contraire � sa conscience. Ils disent?: Nous savons?; lui, ne conteste point leur science, il la laisse de c�t� et r�pond?: Je ne sais, mais il ajoute?: Je sais une chose et cette chose, le fait de sa gu�rison, c�est son exp�rience que tous les raisonnements du monde ne sauraient �branler?: j��tais aveugle et maintenant je vois.

Quiconque peut parler ainsi de la vie en Christ comme d�un fait d�exp�rience, n�a plus � craindre les objections de l�incr�dulit�.

Verset 26

Leur embarras va croissant?; ils esp�rent encore obtenir de lui, sur la mani�re dont J�sus l�a gu�ri, quelque chose qui puisse servir � l�accuser.

Verset 27

P�n�trant de plus en plus leurs intentions hostiles, l�aveugle gu�ri passe de la d�fensive � l�offensive?; sa parole devient ironique et il finit par leur demander s�ils veulent, eux aussi, eux, les savants, les magistrats du peuple, devenir ses disciples?!

Verset 28

Les adversaires sentent dans les paroles de l�aveugle, l�aiguillon d�un reproche moral qui excite leur col�re?: Ils l�injuri�rent.

L��vang�liste passe sous silence leurs injures et s�en tient � leur argument?: Toi, nous le voyons bien maintenant, tu es disciple de cet homme (grec de celui-l�, terme de m�pris), mais nous, nous ne reconnaissons pour ma�tre que Mo�se.

Verset 29

Ces derni�res paroles respirent encore le m�pris pour J�sus et l�incr�dulit� au sujet de son origine et de sa parole. Ces hommes ne trouvent pas ses �uvres comparables aux majestueuses apparitions de Dieu sur les montagnes d�Horeb et de Sina�, o� il a parl� � Mo�se.

Verset 33

Il n�y a pas un mot, dans cette courageuse confession de l�aveugle gu�ri, qui ne porte le sceau d�une irr�cusable v�rit�. Tout d�abord, la r�ponse � la parole?: Nous ne savons d�o� il est.

C�est l� ce qui est �tonnant?! Il m�a ouvert les yeux, n�est-ce pas la preuve qu�il vient de Dieu??

L�aveugle l��tablit?:

  1. par un principe biblique (verset 31) et il renvoie aux adversaires leur mot hautain?: �?Nous savons?� (voir Job�27.9?; Job�35.13?; Psaumes�109.7?; Proverbes�15.29, etc.)?;
  2. par un fait indubitable (verset 32)?;
  3. par une conclusion que les adversaires eux-m�mes ne nieront pas (verset 33).

Verset 34

L�orgueil cl�rical, bless� par l�inexorable logique, ne conna�t plus que la fureur.

Par ce mot injurieux?: Tu es n� tout entier dans le p�ch�, ils font allusion � sa c�cit� qu�ils jugent, comme les disciples (verset 2), �tre un ch�timent de Dieu � cause de ses p�ch�s.

Et ils ne s�aper�oivent pas, comme l�observe justement M. Godet, que, par cette injure m�me, ils rendent hommage � la r�alit� du miracle qu�ils pr�tendent nier.

Apr�s ces mots?: ils le jet�rent dehors, il faut sous-entendre?: hors de la salle o� ils se trouvaient.

Il ne peut �tre question d�une excommunication officielle, qui e�t exig� une d�lib�ration r�guli�re. Mais cette excommunication devait �tre la cons�quence in�vitable et prochaine de la sc�ne qui venait d�avoir lieu.

Verset 35

Par cette observation, que J�sus apprit (sans doute par quelqu�un de ses disciples) ce qui venait d�arriver � l�aveugle, l��vang�liste pr�pare et motive la rencontre qu�il va raconter.

En effet, J�sus, sachant que cet homme avait d�j� souffert pour son nom, dut d�sirer d�autant plus vivement d�achever son �uvre en lui, c�est-�-dire de rendre la lumi�re � son �me, comme il l�avait rendue � ses yeux. C�est ce qu�il va faire, en l�amenant � la foi, qui est l��il de l�homme int�rieur.

Il le trouva, parce qu�il le cherchait � Bengel

Grec?: toi, tu crois au Fils de l�homme??

Telle est la traduction litt�rale de cette question qui suppose une r�ponse affirmative.

En effet, J�sus savait qu�il y avait dans cet homme un principe de foi sinc�re en son bienfaiteur. Il ne s�agissait donc que de l�amener � conna�tre celui-ci plus compl�tement. J�sus atteint ce but par la question directe du verset 35 et la r�v�lation du verset 37.

Codex Sinaiticus, B, D et une ou deux versions portent?: Fils de l�homme au lieu de Fils de Dieu.

La plupart des critiques et des ex�g�tes adoptent cette variante par la raison que la substitution du terme, courant dans notre �vangile, de Fils de Dieu, au terme rarement employ� de fils de l�homme est plus probable que l�inverse. Dans 6.69 aussi, le terme de Fils de Dieu avait pris la place de l�expression caract�ristique?: �?le Saint de Dieu?�.

Verset 36

La prompte r�ponse de cet homme?: Et qui est-il, Seigneur?? montre qu�il a vivement saisi la question de J�sus et qu�il ne demande pas mieux que de le conna�tre pour croire en lui.

Verset 37

Grec?: Et tu l�as vu et celui qui parle avec toi, c�est lui.

Cette particule r�p�t�e?: et, et, marque deux immenses gr�ces de Dieu accord�es � cet homme.

La premi�re, c�est qu�il a vu son lib�rateur, il l�a vu au moment o� celui-ci l�a trouv� (verset 35) et o� il a pu pour la premi�re fois contempler ses traits.

D�autres pensent que par ce mot J�sus rappelle � l�aveugle la d�livrance qu�il lui avait accord�e?: tu as vu, �prouv� ma puissance et mon amour.

Cette explication est moins naturelle. La seconde gr�ce divine, bien plus grande encore, c�est que J�sus parle avec lui et se r�v�le � lui comme son Sauveur.

Verset 38

Il se prosterna devant lui?: comme le fait observer Meyer, Jean emploie toujours ce terme dans le sens d�adoration (Jean�4.20-24?; Jean�12.20).

On con�oit, en effet, qu�apr�s l��clatant miracle par lequel J�sus avait rendu la vue � cet aveugle et au moment o� il se pr�sentait personnellement � lui comme le Sauveur, lui parlant avec une divine charit�, cet homme, vivement saisi et �mu, s��crie avec effusion?: Je crois, Seigneur?! et n�ait d�s lors, dans le c�ur, plus d�autre sentiment que celui de l�adoration. C�est le plein accomplissement de la grande parole du Sauveur?: il �tait n� aveugle, �?afin que les �uvres de Dieu fussent manifest�es en lui?� (verset 3).

Verset 39

J�sus, voyant prostern� � ses pieds ce pauvre aveugle qui poss�de maintenant la lumi�re du corps et celle de l��me et apercevant, parmi ceux qui l�entouraient, quelques-uns de ces pharisiens aveugl�s par leur orgueil et leur endurcissement (verset 40), dut prononcer ces paroles � haute voix et d�un ton �mu.

Il voit un jugement de Dieu dans l�inimiti� des adversaires. Quand il d�clare que ce jugement �tait le but de sa venue dans ce monde, il semble se trouver en contradiction avec Jean�3.17.

Mais il veut parler ici de cette crise int�rieure qui se produit en toute �me qui entend la parole divine?; crise qui peut avoir pour r�sultats oppos�s la lumi�re ou les t�n�bres, la vie ou la mort (comparer Jean�3.19?; Matthieu�13.14).

C�est l� l��mouvant spectacle que J�sus avait alors sous les yeux?: d�une part, l�aveugle qui, dans les deux sens du mot, ne voyait pas et qui vient de recouvrer la vue corporelle et spirituelle?; et d�autre part, ces sages et ces intelligents qui voient, ou s�imaginent voir, gr�ce � leur instruction et � leurs lumi�res naturelles, mais qui, en repoussant avec orgueil la v�rit�, sont frapp�s de c�cit� morale, deviennent aveugles?!

Dans une autre occasion (Matthieu�11.25), J�sus louait Dieu son P�re de ce qu�il a ainsi �?cach� ces choses aux sages et aux intelligents et qu�il les a r�v�l�es aux enfants?�, aux �mes simples et droites. C�est l� une dispensation de la v�rit� et de la justice divines.

Apr�s cette interpr�tation qui ressort naturellement du contexte et qui est confirm�e par les versets suivants, il nous para�t superflu de prendre parti dans un d�bat soulev� par quelques ex�g�tes.

Les uns entendent par ceux qui ne voient pas ceux qui ont le sentiment de ce qui leur manque et soupirent apr�s la lumi�re?; dans ceux qui voient, ceux qui, nourrissant l�orgueilleuse illusion de la science sont satisfaits d�eux-m�mes et de leur condition naturelle.

D�autres pensent que J�sus d�signe en ces termes, d�une part, les ignorants, les simples, les petits, les gens du peuple (Jean�7.49)?; d�autre part, les savants, les intelligents, les scribes et les docteurs de la loi, les chefs, qui, convaincus de leur infaillibilit�, venaient de condamner l�acte qu�il avait accompli.

Que J�sus e�t en vue ces derniers, quand il parlait de ceux qui voient, c�est �vident?; mais dans son application g�n�rale cette parole n�est pas limit�e � une classe d�hommes, puisque ce n�est que selon les dispositions de leur c�ur que les hommes de toute cat�gorie, savants ou ignorants, re�oivent ou rejettent la v�rit� divine.

Verset 40

Grec?: D�entre les pharisiens, ceux qui �taient avec lui, qui se trouvaient encore l�, �piant les paroles de J�sus.

� cause de la sensation produite par cet �clatant miracle et � la suite de la sc�ne racont�e au verset 34, ils sentaient le besoin de l�observer de pr�s.

Ils comprennent que J�sus les d�signait comme ceux qui deviennent aveugles?; bless�s dans leur orgueil et insensibles au jugement divin que J�sus annon�ait, ils lui posent, d�un ton hautain et railleur, cette question?: Et nous, sommes-nous aussi aveugles??

Verset 41

Si vous �tiez aveugles, semblables � ces ignorants qui se sentent tels et qui soupirent apr�s la lumi�re, vous n�auriez pas ce p�ch� sp�cial de l�incr�dulit� et de l�endurcissement, qui est le pire de tous et qui vous fait repousser la v�rit�.

Mais maintenant vous dites avec orgueil?: Nous voyons, nous poss�dons la clef de la science, nous sommes les conducteurs des aveugles, les docteurs des ignorants, les ma�tres des simples (Romains�2.19-20)?; votre p�ch� demeure et demeure sans rem�de (Le texte re�u porte donc votre p�ch� Cette particule est sous-entendue dans le texte de Codex Sinaiticus, B, D, Jean 9).

L�aveugle qui se dit voyant, le malade qui se dit en sant� (Matthieu�9.12), le pauvre qui se dit riche (Apocalypse�3.17), n�iront jamais puiser � la source de la d�livrance.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 9". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/john-9.html.