Bible Commentaries
Luc 11

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-54

Plan du commentaire biblique de Luc 11

Le mod�le de la pri�re

  1. L�occasion de cet enseignement. J�sus prie�; l�un de ses disciples, frapp� de son exemple, lui demande de leur enseigner � prier, comme Jean l�a enseign� � ses disciples (1).
  2. L�oraison dominicale. J�sus r�pond � cette demande en proposant � ses disciples, comme mod�le de leurs pri�res, l�oraison dominicale, qu�il prononce devant eux (2-4).

L�efficacit� de la pri�re

Pour encourager ses disciples � prier ainsi, J�sus leur persuade qu�ils sont certains d��tre exauc�s. Il leur en donne trois preuves?:

  1. L�exemple de l�ami importun. Cet ami vient � minuit prier son ami de lui pr�ter trois pains pour les servir � un h�te survenu inopin�ment. L�autre refuse d�abord, pr�textant qu�il est au lit avec ses enfants, mais il finit par c�der � cause de l�insistance de son ami (5-8).
  2. L�exp�rience commune. Il n�y a qu�� demander, chercher, heurter, car ceux qui le font re�oivent, trouvent et on leur ouvre (9, 10).
  3. Le fait que leur pri�re s�adresse � un p�re qui est le P�re c�leste. Quel est le p�re qui donne � son enfant, au lieu d�aliment, une chose inutile, ou des b�tes nuisibles et dangereuses�? Si, malgr� la corruption du c�ur humain, la relation d�un enfant avec son p�re donne une telle assurance, quelle confiance celui qui prie ne peut-il pas avoir dans le P�re c�leste�? Il ne lui refusera certainement pas le Saint-Esprit (11-13).

Verset 1

Instruction sur la pri�re

Versets 1 � 13 � La pri�re et son efficacit�

Luc passe, sans d�termination de temps, � un nouveau r�cit. Il ne nous dit pas non plus quel est le lieu o� J�sus �tait en pri�re?; il lui suffit de noter une fois de plus l�un de ces moments, si fr�quents dans la vie de J�sus, qu�il consacrait � l�acte de la pri�re, aux entretiens intimes avec son P�re (Luc�5.16, note).

Le disciple qui adresse � J�sus cette demande n��tait tr�s probablement pas l�un des ap�tres. Sa requ�te est provoqu�e par l�impression que produit sur lui la pri�re de J�sus. Or les ap�tres �taient trop habitu�s � le voir en pri�re pour �tre frapp�s de ce fait. J�sus les avait du reste depuis longtemps initi�s � l�esprit de la pri�re?; ils n�avaient plus a lui demander une semblable instruction. Ce pouvait �tre plut�t l�un des soixante-dix disciples qui depuis peu l�avaient rejoints, ou l�un des disciples de Jean, comme semble l�indiquer l�exemple dont il s�appuie.

Cet enseignement donn� par Jean � ses disciples, concernant la pri�re, nous est enti�rement inconnu.

Verset 2

Luc assigne � la pri�re du Seigneur une place tout autre que Matthieu (Matthieu�6.9 et suivants) Selon ce dernier, elle fait partie du sermon sur la montagne, tandis que, d�apr�s notre �vang�liste, elle fut enseign�e plus tard � la demande expresse d�un disciple.

Un grand nombre d�excellents ex�g�tes (Calvin, Ebrard, de Wette, Olshausen, Neander, Godet) en ont conclu que Matthieu, selon son habitude de grouper certains enseignements homog�nes du Sauveur, avait librement introduit cette pri�re dans le discours sur la montagne, tandis que Luc lui assigne sa vraie place. Cette opinion peut s�appuyer sur plus d�un fait semblable. Mais est-il vrai que cette pri�re soit d�plac�e dans le sermon sur la montagne??

Dans ces instructions sur les diverses manifestations de la pi�t�, l�aum�ne, la pri�re, le je�ne, apr�s avoir condamn� les pri�res hypocrites, faites avec ostentation et en �?usant de vaines redites?�, n��tait-il pas tout naturel que J�sus ajout�t?: �?Vous, mes disciples, priez ainsi?� et que, au milieu de la foule qui l�entourait, les yeux lev�s vers le ciel, il pronon��t d�un ton p�n�tr� cette pri�re si profonde dans sa simplicit�, si riche dans sa bri�vet�?? Nul n�en aurait jamais dout�, sans le r�cit de Luc qui nous occupe.

Mais ce r�cit nous oblige-t-il � rejeter celui de Matthieu?? Nullement, � moins qu�on n�admette que jamais J�sus n�ait pu, en des circonstances diff�rentes, redire quelques-unes de ses paroles les plus importantes. Or, les �vangiles nous pr�sentent des exemples nombreux de paroles prononc�es � diverses reprises.

Pourquoi J�sus n�aurait-il pas r�pondu � ce disciple qui lui demandait de lui enseigner � prier, en r�p�tant cette admirable pri�re, qu�il pr�sente du reste dans une forme diff�rente et quelque peu abr�g�e??

Ainsi l�ont admis Tholuck, Meyer, Stier, Gess et d�autres, qui voient une confirmation de leur opinion dans le fait que Matthieu seul nous a conserv� dans sa pl�nitude cet inimitable mod�le de pri�re.

Verset 4

Voir, sur la pri�re du Seigneur, Matthieu�6.9-13, notes.

C�est sous cette forme abr�g�e que Luc l�a rapport�e. Le texte re�u, qui la renferme tout enti�re, a �t� compl�t� d�apr�s Matthieu.

La formule de Luc pr�sente, en outre, quelques expressions qui diff�rent du texte de Matthieu. Ainsi?: �?Donne-nous chaque jour, au lieu de aujourd�hui, notre pain quotidien?�. Le terme de Luc peut s��tendre � l�avenir, tandis que celui de Matthieu limite la demande au jour pr�sent.

Luc dit?: �?Remets-nous nos p�ch�s?�, au lieu de nos dettes, terme qui, m�me dans Matthieu, ne peut naturellement s�entendre que des p�ch�s dont nous demandons le pardon?; mais Luc conserve la m�me image dans ces mots?: � quiconque nous doit.

Matthieu motive cette demande de pardon en disant?: comme nous remettons, Luc?: car nous remettons. Il ne veut pas dire qu�en pardonnant aux autres nous m�ritions le pardon de Dieu.

La tournure employ�e suppose, suivant M. Godet, un raisonnement semblable � celui que nous trouvons au verset 13 �?Si vous qui �tes mauvais,�combien plus le P�re c�leste�?� De m�me ici?: �?Pardonne-nous nos p�ch�s, toi la Mis�ricorde supr�me, puisque nous aussi, tout mauvais que nous sommes, nous pardonnons?�.

L�expression absolue?: � quiconque nous doit, ne s�accorde pas bien avec cette explication. Elle montre que le motif ajout� � la requ�te est un v�u, une r�solution prise pour l�avenir et par laquelle celui qui prie manifeste des dispositions qui le rendent propre � recevoir le pardon de Dieu.

La formule de Luc a ainsi le m�me sens que celle de Matthieu (Matthieu�6.12, note).

Verset 8

J�sus enseigne l�efficacit� de la pri�re, soit par des analogies (versets 11-13), soit par des contrastes, comme dans la parabole versets 5-8 (comparer Luc�18.3 et suivants).

Cette parabole renferme � la fois une promesse et une exhortation, selon que nous consid�rons les deux hommes mis en sc�ne. La promesse pourrait se traduire ainsi?: �?Si un homme, par pur �go�sme et pour se d�livrer d�un solliciteur, lui accorde sa demande, m�me au temps le plus inopportun (minuit), combien plus Dieu, qui conna�t tous vos besoins et qui est amour?!?�

Quant � l�exhortation, c�est le solliciteur lui-m�me qui nous la fait entendre par son exemple?: Puisque, dans les circonstances les plus d�favorables, mais press�s par vos besoins, vous ne craignez pas d�importuner avec insistance un homme que vous savez si peu g�n�reux, pourquoi ne faites-vous pas de m�me envers Dieu qui, dans sa mis�ricorde infinie, est toujours pr�t � vous accorder bien au-del� de toutes vos pri�res (comparer Matthieu�15.22 et suivants)??

La pleine confiance qu�une telle requ�te ne sera pas vaine est exprim�e par ce verbe au futur?: il lui donnera.

Verset 10

Matthieu�7.7-8, note.

Et moi, je vous dis. C�est par ces mots que J�sus introduit (versets 9-13) une admirable application de sa parabole, � laquelle il emprunte les images et les expressions m�mes dont il se sert.

Demandez, cherchez, heurtez, c�est l� ce qu�a fait l�homme de la parabole?; il vous sera donn�, vous trouverez, il vous sera ouvert, telle a �t� son exp�rience?; combien plus certainement sera-ce la v�tre aupr�s de Dieu?!

Verset 13

Voir Matthieu�7.9-11, note.

Encore une preuve plus intime et plus persuasive que Dieu exauce la pri�re. Il faut remarquer cette progression?: un ami (verset 5), un p�re (verset 11), le P�re c�leste (verset 13).

Parmi les dons que l�enfant demande � son p�re, Matthieu ne d�signe que du pain et un poisson?: c��taient les provisions que l�on prenait d�ordinaire pour le voyage (Marc�6.38)?; Luc ajoute un �uf, qui faisait souvent aussi partie de ces provisions.

Notre h�te nous remet, au d�part, de quoi faire notre repas?: des pains (je dis des pains et non du pain, car on les fait ici fort petits, verset 5), des �ufs durs, comme toujours, plus quelques poissons frits. On voit que la nourriture est absolument la m�me que du temps de J�sus.� F�lix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e �dition, page 361

� ces trois aliments sont oppos�s?: une pierre, cruelle ironie?; un serpent, tr�s dangereux?; un scorpion plus nuisible encore.

Qui est le p�re qui r�pondra par de tels dons � la demande de son enfant?? Et cette question devient plus frappante quand, � la place d�un p�re quelconque, J�sus nomme le P�re c�leste.

Vous qui �tes mauvais?:

Remarquable t�moignage du p�ch� originel.� Bengel

Quel contraste avec la bont� et l�amour du P�re qui est du ciel?!

D�apr�s Matthieu, J�sus dit?: votre P�re donnera des biens, ou de bonnes choses, � ceux qui les lui demandent.

Cette expression est plus simple et plus en harmonie avec l�image qui pr�c�de, que les termes employ�s par Luc?: donnera l�Esprit-Saint. Mais d�autre part, le Saint-Esprit est le plus pr�cieux des dons de Dieu et le gage de tous les autres.

Verset 14

L�occasion de ces discours

C�est la gu�rison d�un d�moniaque muet, � la suite de laquelle les uns accusent J�sus de chasser les d�mons par B��lz�bul, les autres lui demandent un signe du ciel (14-16).

R�ponse de J�sus � l�accusation

  1. Son absurdit�, son injustice. J�sus montre que cette accusation est absurde, puisqu�elle suppose que Satan est divis� contre lui-m�me et qu�elle provient d�une injuste malveillance, puisque les pharisiens sont loin de la porter contre leurs propres exorcistes (17-19).
  2. La vraie explication de la gu�rison op�r�e et des cons�quences qu�il faut en tirer. C�est par la puissance de Dieu que J�sus agit�; le royaume de Dieu est donc parvenu � eux. Satan est semblable � un homme fort qui a �t� vaincu par un plus fort et dont les biens sont mis au pillage (20-22).
  3. S�v�re avertissement aux contradicteurs. J�sus leur d�clare que celui qui n�est pas avec lui est contre lui�; il leur repr�sente, par une parabole, que leur endurcissement va devenir irr�m�diable (23-26).

Un incident

J�sus est interrompu par une femme qui c�l�bre le bonheur de celle qui a port� le Messie dans son sein. Il r�plique qu�un bonheur plus grand est la part de celui qui �coute et pratique la Parole de Dieu (27, 28).

R�ponse de J�sus � la demande

  1. L�unique signe donn�. Il ne sera pas donn� � cette g�n�ration m�chante d�autre signe que celui de Jonas. La reine du Midi et les Ninivites para�tront comme t�moins � charge contre cette g�n�ration, car celui qu�elle repousse est plus grand que Salomon et que Jonas (29-32).
  2. Le manque de discernement spirituel et sa cause. La clart� dont rayonne l�apparition du Sauveur est pleinement suffisante pour que les hommes puissent le reconna�tre, si seulement leur organe spirituel est sain. Ceux qui recevront la divine lumi�re en seront tout p�n�tr�s et transfigur�s (33-36).

J�sus et les pharisiens

Versets 14 � 36 � J�sus accus� de chasser les d�mons pas B�elz�bul et sollicit� de produire un signe du ciel

Voir, sur cette gu�rison et sur le discours qui suit?: Matthieu�9.34?; Matthieu�12.22-29, notes?; comparez Marc�3.22-30.

La tournure de l�original?: il �tait chassant un d�mon, signifie que J�sus �tait occup� en ce moment � accomplir cette gu�rison.

Matthieu rapporte que, non seulement les foules furent dans l�admiration � la vue de ce miracle, mais qu�elles en prirent occasion de se demander si J�sus n��tait point le Messie.

Verset 16

Luc introduit ici cette demande d�un signe, que Matthieu (12.38) ne fait intervenir qu�apr�s le discours qui va suivre, ce qui est plus naturel.

Mais notre �vang�liste distingue fort bien ensuite ces deux classes de contradicteurs (versets 15 et 16)?; J�sus r�pond aux uns verset 17 et suivants et aux autres verset 29 et suivants.

En outre, d�apr�s Luc, les adversaires demandent un signe venant du ciel?; ce trait est omis par Matthieu dans le passage parall�le, mais conserv� par lui dans une autre occasion (Matthieu�16.1, note), ce qui prouve que les adversaires dirig�rent plus d�une fois contre J�sus ce genre d�attaques.

Verset 17

Matthieu et Marc appliquent � la maison ce qui vient d��tre dit de tout royaume?: si elle est divis�e contre elle-m�me, elle tombe en ruine.

Le mot maison est alors entendu dans le sens de famille.

Plusieurs versions conservent ici la m�me id�e, en sous-entendant le verbe de la phrase pr�c�dente?: une maison divis�e contre elle-m�me. Mais telle n�est pas la pens�e dans notre texte, litt�ralement traduit.

J�sus entend le mot de maison dans son sens mat�riel et il veut dire que dans la destruction d�un royaume (ou d�une ville, comme dit encore Matthieu), on voit r�ellement s��crouler maison sur maison. La pens�e du Sauveur a ainsi quelque chose de pittoresque et de saisissant.

Verset 18

Ces derniers mots, directement adress�s aux adversaires, motivent (puisque) la question qu�il vient de leur faire?; et, sans doute, J�sus les a prononc�s avec un accent d�indignation, car l�accusation qu�il r�fute n��tait rien moins qu�un blasph�me (Matthieu�12.31-32).

Verset 19

Second argument contre l�accusation des pharisiens?: elle est injuste et montre � quel point ils sont pr�venus contre J�sus, puisqu�ils n�ont garde d�attribuer � une telle cause les gu�risons de leurs disciples (Matthieu�12.27, note).

Verset 20

C�est la conclusion de ce qui pr�c�de?: Si je chasse les d�mons et d�truis le royaume de Satan, c�est preuve que le moment actuel est grave et que le royaume de Dieu, dont vous attendez l�av�nement par quelque manifestation ext�rieure, est d�j� parvenu jusqu�� vous.

Au lieu de cette expression caract�ristique?: par le doigt de Dieu, Matthieu dit?: �?par l�Esprit de Dieu?�.

Ces deux termes expriment la m�me id�e, avec cette seule diff�rence que Matthieu indique proprement quelle est la puissance divine par laquelle J�sus agit, tandis que Luc d�signe, dans un langage figur�, la m�me puissance divine, comme s�exer�ant d�une mani�re apparente et avec une extr�me facilit� (Exode�8.15).

Dieu est repr�sent� sous l�image d�un homme qui n�a qu�� lever le doigt pour accomplir sa volont� (comparer Matthieu�12.28, note).

Verset 22

Cette parabole, que Luc rapporte en des termes plus dramatiques que Matthieu et Marc, confirme la pens�e exprim�e au verset 20, que J�sus est, non l�instrument de Satan, mais son puissant adversaire.

C�est en vain que l�homme fort, bien arm�, fait la garde � l�entr�e de sa maison (grec sa cour, entour�e de murs) et croit tout ce qu�il a en s�ret� (grec en paix)?; quand un plus fort que lui est venu le surprendre, il le d�sarme et lui enl�ve ses d�pouilles?!

Satan (dont J�sus reconna�t ici clairement l�existence et la personnalit�) �tait cet homme fort, confiant dans ses moyens de s�duction?: il a �t� surpris et vaincu par le Sauveur, qui op�re maintenant le partage de ses d�pouilles, c�est-�-dire, selon le contexte, la lib�ration des victimes qu�il avait en sa possession.

Verset 23

Voir Matthieu�12.30, note.

Attribuer au d�mon les �uvres du Sauveur (verset 15), c��tait la pire mani�re de se d�clarer contre lui.

C��tait aussi disperser le bien qu�il faisait aux �mes et les �mes elles-m�mes, en les �loignant de lui.

Verset 26

Matthieu�12.43-45, notes.

Dans le premier �vangile, cette parabole figure la condition actuelle du peuple juif, qui s�endurcit dans son incr�dulit�.

Selon Luc, elle est appliqu�e plus sp�cialement aux pharisiens qui viennent d�accuser le Sauveur. J�sus a d�abord r�fut� leur accusation blasph�matoire (verset 15 et suivants)?; puis, d�clar� par une image (verset 23) qu�ils sont les ennemis de sa personne et de son �uvre?; il montre enfin, par cette parabole (versets 24-26), que leur �tat moral est incorrigible et d�sesp�r�.

La gu�rison du d�moniaque, qu�il vient de d�livrer sous leurs yeux, lui fournit l�image sous laquelle il pr�sente sa pens�e.

Verset 28

Cette femme, probablement une m�re, qui proclame ainsi bienheureuse la m�re du Sauveur, a saisi ce que J�sus a donn� � entendre dans le discours pr�c�dent?; elle a compris que J�sus est le Messie?; cette v�rit� a p�n�tr� dans son esprit comme un trait de lumi�re. Dans l��motion qu�elle en ressent, elle pense aussit�t � celle qui a donn� le jour au Sauveur.

L�admiration qu�elle exprime trahit son sentiment maternel, plut�t qu�une foi religieuse bien �clair�e et affermie.

Son sentiment est bon, mais elle parle comme une femme.� Bengel

Il est inconcevable que malgr� la r�ponse de J�sus les interpr�tes catholiques s�appuient des paroles de cette femme pour sanctionner le culte de la Vierge. Cette r�ponse sans doute n�est point un bl�me absolu.

J�sus saisit plut�t avec bienveillance ce mouvement d�un c�ur sinc�re, mais c�est pour l��lever jusqu�� son vrai objet, la parole de Dieu �cout�e et gard�e comme une semence de vie divine. Il fait sentir � cette femme qu�elle-m�me peut �tre heureuse comme celle dont elle vient de c�l�brer le bonheur.

Luc seul a conserv� ce trait remarquable de l�histoire �vang�lique.

Verset 30

Voir, sur cette seconde partie du discours?: (versets 29-32) Matthieu�12.39-42, notes et Matthieu�16.4, note.

J�sus r�pond � la requ�te qui lui a �t� faite d�un signe venant du ciel (verset 16, note) et il la repousse, parce que ceux qui la pr�sentaient �taient des hypocrites, qui ne voulaient que lui tendre un pi�ge. Il a attendu pour cela que la foule se f�t assembl�e autour de lui, afin de rendre publique la r�pr�hension s�v�re qu�il adresse � toute la g�n�ration d�alors. Aussi voit-on qu�ici, comme dans Matthieu, les reproches de J�sus, d�abord adress�s aux seuls pharisiens, se g�n�ralisent et s��tendent � tout le peuple.

Il faut remarquer ce mot de signe quatre fois r�p�t�, comme un reproche adress� � ceux qui le demandaient.

Le texte re�u porte?: Jonas le proph�te?; ce dernier mot manque dans Codex Sinaiticus, B, D, etc.

Ce que J�sus entend par le signe de Jonas donn� � sa g�n�ration est expliqu� au verset 32.

Verset 31

Matthieu�12.42, note?; comparez 1�Rois�10.1 et suivants?; 2�Chroniques�9.1 et suivants.

Matthieu cite en premier lieu l�exemple des Ninivites, auquel la mention du signe de Jonas amenait naturellement et en second lieu, l�exemple de la reine du Midi.

M. Godet d�fend l�ordre de Luc par cette consid�ration?:

il pr�sente une meilleure gradation morale. Il est plus grave de rester insensible au mal qu�on a commis que de ne pas �tre avide de nouvelles r�v�lations.

Verset 32

Ainsi le signe de Jonas, que le Seigneur donne � sa g�n�ration, c�est, d�une part, sa propre mission, infiniment sup�rieure � celle du proph�te, et, d�autre part, la repentance des habitants de Ninive oppos�e � l�endurcissement de son peuple (Matthieu�12.41).

Dans Matthieu (Matthieu�12.40, voir la note), ce que J�sus appelle le signe de Jonas, c�est le s�jour du proph�te pendant trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson. Il sera de m�me enseveli trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. Sa mort et sa r�surrection seront le vrai et grand signe donn� � sa g�n�ration.

Luc passe enti�rement sous silence cette pens�e. On a voulu la retrouver au verset 30, o� J�sus dit que le Fils de l�homme sera un signe?; le verbe au futur ne peut d�signer, pense-t-on, que le grand �v�nement par lequel se terminera la vie du Sauveur sur la terre. Cette allusion est possible, mais peu �vidente.

Verset 33

Nous trouvons ici une nouvelle application de cette belle et profonde image que J�sus employait souvent dans ses discours (voir Luc�8.16?; Matthieu�5.15?; Marc�4.21, note).

La liaison avec ce qui pr�c�de est �vidente?: Il y a ici plus que Salomon, plus que Jonas?; Dieu vous donne en moi la vraie r�v�lation, la vraie lumi�re et vous ne pouvez donner pour excuse de votre incr�dulit� que cette lumi�re ait �t� mise dans un lieu cach� ou sous le boisseau.

L�apparition du Messie a �t� suffisamment pr�par�e et publi�e?; si, au lieu de fermer les yeux de votre esprit et de demander d�autres signes, vous aviez une vue saine (verset 34), votre �me serait toute remplie de la lumi�re divine qui rayonne de moi.

La maladie qui affecte votre organe spirituel est la seule cause de votre manque de discernement.

Verset 35

Voir Matthieu�6.22-23, note.

Ici, J�sus ajoute � cette image si vraie et si profonde une exhortation � veiller sur l��tat de cette lumi�re int�rieure par laquelle seule nous pouvons percevoir la lumi�re qui nous vient du dehors?; puis il termine (verset 36) par une observation sur l�harmonie de ces deux lumi�res, dont l�action combin�e procure la connaissance parfaite.

Verset 36

Pour comprendre ce verset difficile et diversement interpr�t� et pour �viter la tautologie qu�il pr�sente � premi�re vue, il faut remarquer que dans la premi�re phrase l�accent est mis sur tout entier, dans la seconde sur �clair�.

Le sens est que si l�homme est p�n�tr� enti�rement de la lumi�re divine per�ue par un organe spirituel en parfait �tat, c�est-�-dire par un c�ur droit (Psaumes�112.4), cette lumi�re resplendira au dehors, son corps sera tout lumineux (grec) comme quand il refl�te la lumi�re d�une lampe qui l�inonde de son �clat (grec?: par l��clair).

Ce ph�nom�ne d�crit ici par J�sus, remarque M. Godet, est celui qui s��tait accompli en lui-m�me, au degr� le plus �minent, dans le fait de la transfiguration.

Quelques ex�g�tes estiment qu�il n�est possible d�obtenir ce sens que moyennant une correction du texte et ils proposent de lire?: �?Si ton �il est �claire, tout ton corps sera �clair�?�

Le verset entier manque dans D et dans deux anciennes versions (�ph�siens�5.8?; 2�Corinthiens�3.18).

Verset 37

L�occasion

Les discours que J�sus vient de tenir portent un pharisien � l�inviter � d�ner chez lui. J�sus entre et se met � table sans proc�der aux ablutions traditionnelles. Par cette omission, il excite l��tonnement de son h�te (37, 38).

Trois vices des pharisiens

  1. L�hypocrisie. J�sus prend sur le fait l�hypocrisie des pharisiens?: elle se montre dans le scandale que sa conduite a caus�. L�importance qu�elle donne aux purifications ext�rieures est folie en pr�sence de Dieu qui regarde avant tout � l��tre moral. Pratiquer la charit�, voil� le vrai moyen d��tre pur. L�hypocrisie des pharisiens se montre encore dans leur empressement � payer la d�me, joint � la n�gligence des obligations fondamentales de la loi (39-42).
  2. La vanit�. Ils recherchent les premiers si�ges et les salutations (43).
  3. L�influence occulte. Comme des s�pulcres cach�s, ils souillent les hommes sans que ceux-ci s�en doutent (44).

Trois reproches aux l�gistes

Un l�giste, se sentant atteint par ces paroles, proteste. J�sus s�adresse alors aux l�gistes et les censure

  1. Ils pr�chent et ne pratiquent pas, chargeant les hommes de fardeaux qu�ils se gardent de remuer du doigt (45, 46).
  2. Ils honorent les pers�cut�s et pers�cutent. B�tissant hypocritement les tombeaux des victimes de leurs p�res, ils se montrent anim�s du m�me esprit qu�eux. Dieu leur enverra encore des proph�tes � pers�cuter, afin que le sang de tous les martyrs soit redemand� � cette g�n�ration (47-51).
  3. Ils d�tiennent la clef de la connaissance du salut et n�entrent ni ne laissent entrer (52).

Conclusion historique

Au sortir de la maison, J�sus est violemment pris � partie et assailli de questions insidieuses (53, 54).

J�sus � table chez un pharisien censure les pharisiens et les scribes (37-54)

Les mots?: comme il parlait, se rapportent au discours qui pr�c�de (verset 29 et suivants).

Comme ce discours �tait dirig� contre les pharisiens, on peut supposer que celui d�entre eux qui, apr�s l�avoir entendu, invita J�sus � prendre un repas chez lui, le fit dans une intention malveillante afin de l��pier et de pouvoir l�accuser (comparer 14.1).

C�est ce qui explique la s�v�rit� des paroles de J�sus (comparer verset 39, note).

Le mot que nous traduisons par d�ner et que d�autres rendent par d�jeuner, d�signe le repas qu�on prenait vers le milieu du jour, tandis qu�un autre repas principal avait lieu vers le soir. Il en �tait ainsi chez les Juifs comme chez les Romains.

On peut traduire ce mot par d�ner ou d�jeuner, selon les usages du pays o� l�on parle.

Verset 38

J�sus s��tant mis � table d�s son entr�e, le pharisien s��tonne qu�il n�e�t pas d�abord fait d�ablution (comparer Marc�7.4).

Cet �tonnement pouvait para�tre d�autant plus fond� que J�sus revenait du milieu de la foule, o� il avait pu contracter des souillures l�gales et o� m�me il avait chass� un d�mon et gu�ri un malade.

Mais peut-�tre J�sus s�abstint-il de ces c�r�monies pr�cis�ment � cause de l�importance superstitieuse que les pharisiens y attachaient. Qui sait m�me si ce n��tait pas l� le point sp�cial sur lequel ils voulaient l��pier??

Verset 39

Matthieu�23.25, note.

Eh bien oui�quelques interpr�tes prennent la particule grecque que nous traduisons ainsi dans son sens temporel, maintenant?: �?les choses en sont maintenant venues chez vous � ce point, que vous nettoyez?�.

Mais rien ne prouve qu�il y e�t eu r�cemment dans l�hypocrisie des pharisiens un progr�s que J�sus p�t relever. Le sens logique est donc pr�f�rable.

Dans le premier �vangile, J�sus d�clare que la coupe et le plat eux-m�mes sont remplis de rapine, c�est-�-dire en contiennent les fruits (comparez Luc�20.47), tandis que Luc fait de la coupe et du plat l�image de l��tat moral de ses auditeurs. La r�daction de Matthieu n�exclut point ce sens, mais, au contraire, le suppose.

Ici se pr�sente une question de critique qui n�est pas sans difficult�. Luc rapporte un discours dont il indique avec pr�cision la sc�ne et les circonstances (verset 37). De son c�t�, Matthieu (Matthieu�23.1 et suivants) nous a conserv� un discours tr�s semblable, mais plus �tendu, qu�il place en un temps et en des circonstances tout autres.

Si l�on admet l�identit� des deux discours, il faut choisir entre les deux r�cits et donner raison � l�un ou � l�autre �vang�liste, quant � la situation historique.

Plusieurs interpr�tes se d�cident pour Luc contre Matthieu, � cause de la pr�cision avec laquelle le premier d�crit l�occasion du discours.

Mais d�autres donnent la pr�f�rence � Matthieu?:

  1. parce que, d�une part, il leur semble que ces vives censures jet�es par J�sus � la face d�un pharisien qui l�avait invit� � sa table eussent �t� peu biens�antes et que, d�autre part, J�sus aurait ainsi violemment provoqu� ses ennemis et pr�cipit� la catastrophe, ce qui serait en contradiction avec tout ce que nous savons de sa conduite?;
  2. parce que Matthieu en rapportant que ces censures furent prononc�es par J�sus tout � la fin de son minist�re, alors qu�il avait rompu avec les chefs de la th�ocratie et qu�il n�avait plus � les m�nager, qu�elles furent prononc�es dans le temple de J�rusalem, en pr�sence du peuple, leur assigne la seule place qui leur convienne. Ces consid�rations nous paraissent �videntes et suffisent � prouver que Matthieu place le discours de J�sus dans sa vraie situation historique, alors m�me que, selon son habitude, il y aurait introduit des paroles prononc�es dans d�autres occasions.

Matthieu (Matthieu�23.2, 1re note). Marc (Marc�12.38-40) et Luc lui-m�me (Luc�20.45-47) rapportent des paroles qui attestent que J�sus a fait un grand discours contre les pharisiens � J�rusalem.

Matthieu seul nous l�a conserv� en entier. Mais s�ensuit-il que le r�cit de Luc soit sans aucun fondement historique?? Nullement. On peut �tre certain que J�sus a fait entendre en plus d�une circonstance de vives protestations contre l�esprit du pharisa�sme. L�une de ces protestations fut provoqu�e par le formalisme hypocrite d�un h�te qui l�avait invit� � sa table.

Luc nous en a conserv� le souvenir. Seulement, on peut admettre qu�il pr�te � J�sus plus d�une parole puis�e dans la tradition apostolique et qui, originairement, appartenait au grand discours de Matthieu.

Nous dirons avec Stier et d�autres ex�g�tes, que nous avons dans notre chapitre un pr�lude de ce discours.

Verset 40

Ces paroles font sentir la folie (insens�s) du proc�d� pharisa�que, relev� au verset pr�c�dent?: vous nettoyez le dehors, tandis que l�int�rieur est plein de corruption?; mais Celui (Dieu) qui a cr�� le dehors n�a-t-il pas aussi cr�� le dedans (l��tre moral), qui a beaucoup plus d�importance � ses yeux??

C�est donc l� ce qu�il faut purifier avec le plus grand soin?; car Dieu ne vous a prescrit certaines purifications ext�rieures que pour vous rappeler le devoir de la puret� morale. Or en n�gligeant celle-ci pour vous en tenir aux premi�res, vous an�antissez l�intention divine.

Il est �vident que les termes de cette sentence sont encore emprunt�s � l�image du verset pr�c�dent.

Dans Matthieu (Matthieu�23.26) se trouve une pens�e semblable, exprim�e en termes diff�rents.

Verset 41

Le contenu (grec ce qui est dedans), c�est-�-dire, d�apr�s le contexte, ce qui est dans les coupes et les plats. Ces mets et ces vins, faites-en part aux pauvres, avec une charit� qui provienne du c�ur et vous comprendrez que la loi supr�me de l�amour est infiniment sup�rieure � toutes vos r�gles formalistes de purification?; et voici, par le fait m�me, tous ces biens vous seront purs, ils le sont d�j� par la puissance de l�amour.

Cette parole ne renferme aucunement l�id�e du m�rite des �uvres. J�sus serait-il retomb� dans le pharisa�sme au moment m�me o� il le pulv�risait?? L�amour, qui fait le prix du don, exclut, par sa nature m�me, la recherche du m�rite, qui est l�essence du pharisa�sme.� Godet

Verset 42

Voir Matthieu�23.23, 1re note.

Matthieu dit?: Vous n�gligez le jugement (ou la justice), la mis�ricorde et la foi (ou fid�lit�).

Luc ne parle que du jugement, du discernement de ce qui est juste, �quitable dans les rapports avec le prochain et de l�amour de Dieu, qui est la source de toutes les vertus.

Verset 43

Comparer Luc�20.45-47 et voir Matthieu�23.6.

Verset 44

Apr�s ce?: Malheur � vous?! le texte re�u avec A, D, ajoute?: scribes et pharisiens hypocrites, mots qui ne sont pas authentiques?; en effet, J�sus ne s�adresse aux scribes qu�� l�occasion du verset 45.

Voir Matthieu�23.27-28, note.

Dans Matthieu, J�sus compare les pharisiens � des �?s�pulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, mais qui, au dedans, sont pleins d�ossements de morts et d�impuret�?�.

D�apr�s Luc, il emploie la m�me comparaison dans un sens tout diff�rent?: les pharisiens sont comme des s�pulcres qu�on ne voit pas, parce qu�on a n�glig� de les entretenir et de les blanchir et qu�ils sont recouverts de terre et de plantes.

On marche donc dessus sans s�en douter et l�on contracte involontairement la souillure (Nombres�19.16). Tels sont les pharisiens?: on s�approche d�eux, on se livre � eux sans d�fiance et l�on est bient�t infect� de leur esprit.

Verset 45

Jusqu�ici, J�sus avait adress� ses reproches aux pharisiens (v 39)?; mais il y avait dans ces paroles des v�rit�s qui atteignaient directement aussi les l�gistes, ces savants scrutateurs de la loi, que les �vang�listes nomment plus souvent scribes ou docteurs de la loi (voir Matthieu�23.2, 2e note).

Aussi l�un d�eux se sent offens�?: Tu nous outrages, nous aussi. Par ce nous aussi, le l�giste se distinguait des pharisiens?; mais J�sus, bien loin de nier l�intention qui lui est attribu�e, r�pond (verset 46)?: Et � vous aussi, l�gistes, malheur?!

� partir de cet incident, J�sus adresse aux scribes la suite de son discours (verset 52), mais sans perdre de vue les pharisiens, qui ont certainement leur part � ses reproches.

Dans Matthieu, J�sus s�adresse constamment et en m�me temps, � l�une et � l�autre de ces classes d�hommes.

Verset 46

Voir Matthieu�23.4 note.

Verset 48

Matthieu�23.29-31, note.

Le reproche que J�sus adresse ici � ses auditeurs diff�re de celui qui se lit dans le premier �vangile.

B�tir les tombeaux des proph�tes �tait, dans leur intention, une �uvre r�paratrice de pi�t�?; mais, par une ironie des faits que J�sus rel�ve, ils perp�tuent le souvenir de la conduite de leurs p�res en consommant leur �uvre.

Au lieu de laisser tomber leurs crimes dans l�oubli, ils en �l�vent les monuments?; ils se constituent les t�moins du meurtre des hommes de Dieu (Deut�ronome�17.7?; Actes�7.58) et ils l�approuvent?; car eux, les ont tu�s, ajoute J�sus, et vous, vous b�tissez (le texte re�u ajoute?: leurs tombeaux, ce qui s�entend de soi-m�me et affaiblit l�expression br�ve et �nergique de ce contraste).

Sans doute, les auditeurs de J�sus auraient pu r�pondre qu�en honorant les proph�tes martyrs, ils protestaient contre leur meurtre?; mais comme, en pr�sence m�me de J�sus, le plus grand des proph�tes, ils se montraient remplis de haine contre la v�rit� divine, ils t�moignaient par l� que leurs soins pour les tombeaux des proph�tes n��taient qu�un acte d�hypocrisie. J�sus d�voile dans leur c�ur le vrai commentaire de leurs actions.

Verset 49

C�est pourquoi aussi, afin qu�il apparaisse avec �vidence que les fils sont semblables aux p�res�

Luc introduit les paroles qui vont suivre par une formule qui fait attendre une citation de l�Ancien Testament?; mais ce passage ne s�y trouve pas. On a cru le reconna�tre, soit dans 2�Chroniques�24.19, soit dans Proverbes�1.20-31, soit dans quelqu�un des livres apocryphes que J�sus ne cite jamais?: rapprochements plus ou moins arbitraires qui, sans �tre inadmissibles, sont pourtant peu probables.

D�autres interpr�tes ont pens� que J�sus, s�appelant lui-m�me la sagesse de Dieu, d�clare, comme dans Matthieu, que c�est lui qui enverra des proph�tes et des ap�tres.

On pourrait admettre cette explication, vraie au fond, sans ce verbe au pass�?: la sagesse a dit, qui �videmment suppose une citation. Pour �viter cette objection, d�autres ont pens� que J�sus rappelait une de ses propres d�clarations, faite dans une autre occasion, ce qui parait peu probable.

Enfin, on a suppos� que, dans la tradition apostolique, on s��tait habitu� � citer les paroles de J�sus qui vont suivre, avec cette formule?: �?la sagesse divine a dit?� et que Luc a simplement suivi cet usage. C�est l� une hypoth�se peu vraisemblable.

Hofmann, Bernhard Weiss, M. Godet appliquent le terme de sagesse de Dieu, comme Luc�7.35, au plan con�u par Dieu pour le salut?: �?Dieu dans sa sagesse a dit?�.

Si l�on admet cette explication, la relation que Luc nous a conserv�e de ce discours est conforme � celle de Matthieu, o� J�sus dit sans formule de citation?: �?C�est pourquoi, voici, je vous envoie des proph�tes?�, etc.

Quelque sens que l�on donne aux mots par lesquels Luc l�introduit, la parole m�me de J�sus est simple et lumineuse. Il allait, en effet, envoyer dans son �glise des proph�tes et des ap�tres (�ph�siens�4.11), qui devaient �tre pers�cut�s et mis � mort par leur g�n�ration.

Verset 51

Voir Matthieu�23.34-36, notes.

L�expression r�p�t�e?: redemand� (versets 50 et 51) correspond au cri de Zacharie mourant?: �?Que l��ternel voie et redemande?!?� (2�Chroniques�24.22)

Verset 52

Matthieu�23.13, note.

Dans le premier �vangile, ces paroles s�adressent � la fois aux scribes et aux pharisiens, comme tout le discours.

Dans le r�cit de Luc, elles ne concernent que les l�gistes auxquels J�sus parle depuis le verset 45.

Cette application est plus exacte, car, en effet, c��taient les docteurs de la loi qui avaient enlev� la clef de la connaissance ou de la science, c�est-�-dire, qui s��taient arrog� le droit d�interpr�ter les �critures, de les enseigner aux jeunes rabbins et de les appliquer au peuple, dans les diverses circonstances de la vie sociale (Matthieu�23.2, note).

La connaissance de Dieu et du salut est compar�e par J�sus � une maison ou � un temple que les scribes ont ferm� apr�s s��tre saisis de la clef.

Non seulement ces savants th�ologiens n�y sont point entr�s, mais ils ont emp�ch�, par leurs erreurs et leur opposition, ceux qui voulaient entrer. Il y a dans le grec le pr�sent?: ceux qui entrent, par ou J�sus d�signe ceux qui, alors, voulaient s�attacher � lui et � son enseignement.

Verset 54

Les manuscrits pr�sentent sur ces versets plusieurs variantes. Le texte re�u avec A, D, majuscules, versions, porte?: et comme il leur disait ces choses�cette sc�ne violente se serait donc pass�e encore dans la maison du pharisien (verset 37)?; ce qui est tr�s improbable d�apr�s la suite du r�cit (Luc�12.1).

C�est plut�t comme il sortait de l� (Codex Sinaiticus, B, C) que ses adversaires, c�dant � la violence de leur haine, ont d� se mettre � l�obs�der de questions insidieuses, auxquelles ils demandaient imp�rieusement des r�ponses, avides de surprendre quelque parole (grec quelque chose) de sa bouche.

Le texte re�u avec A, C, D, majuscules, versions, ajoute?: afin de l�accuser, paroles qui sont parfaitement dans la situation et qui expriment tr�s bien l�intention des ennemis du Sauveur, mais dont la suppression, dans Codex Sinaiticus, B, donne � la narration un tour plus simple.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 11". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/luke-11.html.