Bible Commentaries
Luc 15

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-32

Plan du commentaire biblique de Luc 15

Introduction historique

J�sus est entour� de p�agers et de p�cheurs avides de l�entendre. Leur affluence provoque les murmures des pharisiens, qui reprochent � J�sus de les accueillir et de manger avec eux (1, 2).

La brebis �gar�e

  1. La perte de la brebis. J�sus demande � ses adversaires lequel d�entre eux, ayant cent brebis et en perdant une, ne laissera les quatre-vingt-dix-neuf au p�turage et ne cherchera celle qui est perdue, jusqu�� ce qu�il l�ait trouv�e (3-4).
  2. La rencontre et le retour. Quand il l�a trouv�e, il la met sur ses �paules avec joie et convoque ses amis et ses voisins pour partager sa joie. Ainsi il y a de la joie dans le ciel pour un p�cheur repentant plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes (5-7).

La drachme perdue et retrouv�e

Quelle femme, ayant dix drachmes et en perdant une, ne prend des soins minutieux pour la retrouver�? Et quand elle l�a trouv�e, elle associe � sa joie ses amies et ses voisines. De m�me, il y a de la joie parmi les anges pour un p�cheur qui se repent (8-10).

Verset 1

Les paraboles de la gr�ce

Versets 1 � 10 � La brebis �gar�e et la drachme perdue

Les p�agers, ha�s � cause de leur profession et m�pris�s � cause des injustices qu�ils commettaient souvent en l�exer�ant (Matthieu�5.46, note), les p�cheurs, hommes connus comme vicieux et plus ou moins perdus de r�putation, s�approchaient de J�sus, afin de mieux entendre les paroles de mis�ricorde et de pardon qui sortaient de sa bouche.

Peut-�tre tel de ses enseignements avait-il r�veill� leur conscience. Ils sentaient douloureusement le poids et l�amertume du p�ch� et repouss�s de tous, ils �taient attir�s vers cet Envoy� de Dieu, qui toujours avait t�moign� � leurs pareils sa tendre compassion.

Les versets 1 et 2 d�crivent une situation qui se reproduisait chaque fois que J�sus s�arr�tait quelque part pour annoncer l��vangile. Ainsi s�explique le mot tous les p�agers, qui d�signe tous ceux qui se trouvaient l� en ce moment.

Verset 2

Voir, sur les pharisiens, Matthieu�3.7, note, et, sur les scribes, Matthieu�23.2, note.

Le verbe grec que nous traduisons par murmuraient est compos� d�une particule qui indique qu�ils prof�raient ces murmures entre eux.

La cause de leur m�contentement, qui se donnait les airs de l�indignation, est ici exprim�e?: J�sus non seulement recevait, accueillait avec bont� les p�agers et les p�cheurs, mais il condescendait � manger avec eux, ce qui �tait, en Orient, une marque de familiarit� et de confiance.

Les orgueilleux pharisiens ne pouvaient ni comprendre ni pardonner cette conduite du Sauveur. Ils affectaient d�y voir un m�pris de la moralit� et de la justice, dont ils se croyaient seuls en possession.

Leurs murmures �taient donc � la fois un bl�me inflig� � J�sus et l�expression de leur d�dain pour les p�agers et les p�cheurs.

Verset 3

J�sus r�pond par trois admirables paraboles?: une brebis perdue, une drachme perdue, un fils perdu, indiquant d�s l�abord que c�est pr�cis�ment ce qui est perdu qu�il cherche avec compassion et amour. Puis, la joie qu�il �prouve de le retrouver et de le sauver devait couvrir de confusion les pharisiens, qui �taient anim�s de sentiments si diff�rents.

Verset 4

J�sus en appelle aux propres sentiments de ses auditeurs?: Quel est l�homme d�entre vous?? Puis il recourt � cette image du bon berger (Jean 10), sous laquelle de tout temps l��glise s�est repr�sent� son Sauveur et son Chef.

La brebis est incapable, d�s qu�elle est �gar�e, de revenir au bercail ou de se d�fendre en pr�sence du moindre danger, ou de supporter aucune fatigue. Pour qu�elle ne soit pas irr�vocablement perdue, il faut que le berger la cherche, la porte, lui prodigue tous ses soins. Parfaite image de l�homme p�cheur, �loign� de Dieu.

J�sus d�crit sa compassion et son amour sous les traits de ce berger qui cherche sa brebis sans rel�che jusqu�� ce qu�il l�ait trouv�e.

Ce fut l� l��uvre de toute sa vie?; et cette �uvre, il la poursuit encore par ses serviteurs, par son Esprit, par tous les moyens de sa gr�ce.

Une seule brebis sur quatre-vingt-dix-neuf est peu de chose?:

il r�sulte de l�, dit M. Godet, que c�est moins l�int�r�t que la piti� qui pousse le berger � agir comme il le fait.

Les quatre-vingt-dix-neuf qu�il laisse au d�sert, c�est-�-dire dans les lieux non cultiv�s, les steppes, o� l�on faisait pa�tre les brebis, repr�sentent les Isra�lites rest�s ext�rieurement fid�les � l�alliance divine et qui �prouvaient beaucoup moins que les p�agers et les p�cheurs le besoin d�un Sauveur (verset 7).

Verset 6

Impossible d�exprimer d�une mani�re plus touchante les soins du berger pour sa brebis et sa joie de l�avoir retrouv�e (comparer �z�chiel�34.12-16).

Dans le verset suivant, J�sus nous dit ce qu�il faut entendre par les amis et les voisins.

Verset 7

Qui est-ce qui �prouve cette joie dans le ciel??

Dieu, le Sauveur, les anges de Dieu (verset 10), qui prennent part au salut d�une �me perdue. Quel amour se r�v�le dans ce trait de la parabole?!

Mais existe-t-il sur la terre des justes qui n�ont pas besoin de repentance?? (voir sur ce dernier mot, Matthieu�3.2, note).

J�sus l�enseignerait-il ici?? Nullement. Il parle au point de vue de cette l�galit� dont se pr�valaient ses auditeurs pharisiens. Il emploie les termes de p�cheurs, justes, repentance dans le sens ext�rieur o� ils les entendaient, eux qui s�imaginaient qu�il suffisait de faire partie du peuple de l�alliance et d�observer les ordonnances l�vitiques pour �tre assur� du salut.

J�sus veut leur faire comprendre que Dieu pr�f�re les sentiments d�humiliation et d�amour, qu��prouve le p�cheur repentant, � la propre justice de ceux qui ne se sont jamais �cart�s du droit chemin. Cette pens�e ressort plus clairement de la parabole de l�enfant prodigue et de l�attitude prise par le fils a�n� (verset 25).

J�sus ne dit pas cependant que la justice des Isra�lites fid�les � la loi n�est rien aux yeux de Dieu et n��veille dans le ciel ni joie ni amour. Mais comment n�y aurait-il pas eu plus de joie pour ces pauvres p�agers qui venaient se jeter dans les bras du Sauveur et recevoir dans leur c�ur, d�j� renouvel� par la repentance, les paroles de mis�ricorde et de pardon qu�il leur adressait?? D�s ce moment, ils lui appartenaient tout entiers et lui faisaient le sacrifice de leur vie, par une reconnaissance et un amour qui sont l��me de toute vraie pi�t�.

Matthieu (Matthieu�18.12-14, voir les notes) nous a aussi conserv� cette parabole, mais en lui donnant une place et une signification diff�rentes de celles qu�elle a chez Luc. Elle sert � peindre l�amour et les soins du Sauveur pour �?un de ces petits?� qu�il d�fend de m�priser et qu�il repr�sente ensuite sous l�image de cette brebis perdue, qu�il va chercher et sauver. Cette application de la parabole ne manque pas de v�rit�?; mais il faut reconna�tre que c�est dans Luc qu�elle a sa vraie place et son sens le plus profond.

Au reste il est probable que cette image revint plus d�une fois dans les enseignements du Sauveur.

Verset 9

La drachme �tait une monnaie grec que, valant, comme le denier romain, un peu moins d�un franc, prix de la journ�e d�un ouvrier (Matthieu�20.2).

La r�p�tition du mot (dix drachmes, une seule drachme), omise par nos versions et plus encore la description des soins minutieux que prend cette pauvre femme pour retrouver sa drachme perdue, sont destin�es � montrer combien elle lui �tait pr�cieuse. P�niblement gagn�e, cette pi�ce d�argent �tait n�cessaire � sa subsistance.

Ainsi, cette parabole tr�s semblable � la pr�c�dente, nous r�v�le l�amour de Dieu sous un aspect diff�rent. L�, c�est sa compassion pour un �tre malheureux et en danger de p�rir?; ici, c�est le prix que conserve � ses yeux, tout perdu qu�il est, un homme cr�� � son image, destin� � lui appartenir pour toujours. Dieu fera tout plut�t que de consentir � le perdre. C�est bien l�un des caract�res de l�amour, qui est peint sous l�image de la joie de cette femme.

Verset 10

Ces termes?: devant les anges de Dieu, correspondent � dans le ciel (verset 7) et expriment plus clairement qui �prouve cette joie. Ils peuvent indiquer, soit la joie que les anges eux-m�mes �prouvent du salut d�une �me, soit la joie de Dieu, qui se manifeste devant eux, en leur pr�sence. Le premier sens est probablement dans la pens�e de J�sus

Verset 11

Le fils cadet

  1. Le d�part. Un homme avait deux fils. Le plus jeune demande sa part d�h�ritage et s�en va dans un pays �loign�, o� il d�pense, en vivant dans la d�bauche, tout ce qu�il a (11-13).
  2. La d�tresse. Une famine survient�; il manque de tout. Il s�attache � un �tranger, qui l�emploie � garder les pourceaux et ne lui donne pas m�me des gousses, dont ceux-ci se nourrissaient (14-16).
  3. Regrets et r�solution. Il rentre en lui-m�me, compare sa position � celle des mercenaires de son p�re et se d�cide � aller vers son p�re et � lui confesser sa culpabilit� et son indignit� (17-19).
  4. Le retour. Il se l�ve et retourne vers son p�re. Celui-ci le voit venir de loin, court � sa rencontre, se jette � son cou et l�embrasse. Le fils confesse son p�ch� (20, 21).
  5. La r�habilitation. Le p�re ordonne � ses serviteurs d�apporter ce qu�il faut pour rev�tir son fils et de pr�parer un festin en l�honneur de ce fils qu�il a recouvr�. Ils commencent � se r�jouir (22-24).

Le fils a�n�

  1. Son entretien avec le serviteur. Revenant des champs, il entend le bruit de la f�te et demande des explications � un serviteur. Celui-ci lui annonce le retour de son fr�re et le festin ordonn� par son p�re. Il se met en col�re et refuse d�entrer (25-28a).
  2. Son entretien avec le p�re. Le p�re sort et le prie d�entrer. Il rappelle les longs services qu�il a rendus � son p�re et se plaint de n�avoir jamais re�u de lui la plus petite r�compense, tandis qu�au retour de son fr�re d�bauch�, le p�re tue le veau gras. Le p�re lui r�pond que sa r�compense �tait de demeurer avec lui et de disposer � son gr� de tous les biens paternels�; qu�il fallait bien faire une f�te et se livrer � la joie, puisque son fr�re qui �tait mort est revenu � la vie (28b-32).

Parabole de l�enfant prodigue (11-32)

Les deux paraboles qui pr�c�dent suffisaient, semble-t-il, pour confondre les murmures des pharisiens (verset 2), d�autant plus que J�sus en avait lui-m�me clairement indiqu� la signification (versets 7 et 10).

Mais il avait � c�ur de peindre dans leur profondeur, leur complexit� et leurs tragiques alternatives, ces rapports de l�homme avec Dieu qui constituent toute la religion. Il le fait dans un tableau saisissant emprunt� � la vie de tous les jours. Il montre comment l�homme se perd par le p�ch�, comment il se retrouve par la repentance et quelle est la mis�ricorde infinie de Dieu qui le re�oit et le sauve. Il met enfin l�homme de la l�galit� dans une opposition frappante avec le p�cheur repentant.

De l� cette troisi�me parabole, �galement parfaite par la finesse de l�observation psychologique, par la v�rit� pittoresque de l�expos� des divers �tats de l��me et de ses impressions et par une vue profonde et touchante de l�amour divin?; c�est la perle parmi les enseignements de J�sus et, entre les paraboles, la plus belle et la plus saisissante.� Meyer

J�sus peint ainsi au vif les deux portions de son auditoire?: les p�agers et les p�cheurs repentants qui viennent � lui et les pharisiens qui en murmurent (versets 1 et 2).

Ces deux fils, la description de leur vie et de leur caract�re, sont le sujet des deux parties de la parabole.

Plusieurs P�res de l��glise ont voulu voir dans l�a�n� le peuple juif et dans le plus jeune les pa�ens. Les th�ologiens de l��cole de Tubingue se sont empress�s de saisir cette interpr�tation, pour en appuyer leurs id�es sur l��poque tardive de la r�daction des �vangiles et sur les tendances qu�ils attribuent sp�cialement � celui de Luc.

C�est l� m�conna�tre absolument la situation. J�sus n�avait d�autre but que de r�pondre aux besoins divers de son auditoire.

Verset 12

Le plus jeune est dans l��ge des passions, particuli�rement expos� aux s�ductions du monde.

La part du bien qui devait un jour lui �choir en h�ritage �tait, d�apr�s le droit mosa�que (Deut�ronome�21.17), la moiti� de ce qui revenait au fils a�n�, soit le tiers de la fortune paternelle. Il demande � son p�re de lui remettre, par avance, en argent, l��quivalent de ce tiers. Le verset suivant va dire quelle �tait son intention.

Il leur partagea son bien, c�est-�-dire que le p�re fit la part de l�un et de l�autre, qu�il remit au fils cadet la sienne et conserva par devers lui celle du fils a�n� (verset 31).

Le p�re n�avait aucune obligation � faire ce partage?; il aurait pu s�y refuser et contraindre ainsi son fils de rester aupr�s de lui. Il ne le fait pas, car cette contrainte n�aurait en rien chang� les sentiments de ce fils. Dieu de m�me respecte la libert� de l�homme et lui laisse toute sa responsabilit�?; car il sait que la confiance et l�amour doivent �tre libres.

C�est par les exp�riences de la vie, si bien d�crites dans cette histoire, que l�homme est ramen� � Dieu. Aucun autre moyen n�y suffirait.

Verset 13

Tel �tait le but du jeune homme en demandant sa part de biens. Le manque d�amour pour son p�re, la passion de l�ind�pendance, lui rendent intol�rable la discipline de la maison paternelle et lui �tent tout sentiment du bonheur dont il aurait pu y jouir.

Impatient de poss�der sa libert� (peu de jours apr�s), il part, sans songer au chagrin qu�il va causer � son p�re. Le pays �loign� o� il se rend est l�image de l��tat de l�homme sans Dieu. L��loignement de Dieu est l�essence m�me du p�ch�. Tout ce qui va suivre n�est que l�in�vitable cons�quence du d�part de l�enfant prodigue.

Son histoire, au sens propre, est celle d�une foule de jeunes fils de famille qui, vivant dans la dissolution, arrivent promptement � dissiper leur fortune. Au sens figur�, elle est celle de l�homme sans Dieu, qui se voit promptement priv� par d�am�res d�ceptions, par le d�go�t, par le remords, de ce bonheur imaginaire qu�il demandait aux jouissances plus ou moins grossi�res du monde.

Le mot grec que nous traduisons par?: vivre dans la dissolution, est un adverbe qui signifie l�oppos� de salutairement?; or, l�oppos� du salut, c�est la ruine. Le substantif, qui est form� de la m�me racine, se trouve dans �ph�siens�5.18?; �ph�siens�1.6?; 1�Pierre�4.4.

Verset 14

Grec?: et lui-m�me (ind�pendamment de la famine) commen�a � manquer (de tout).

Ce mot?: il commen�a, marque un moment terrible dans l�exp�rience du jeune insens�. Il voit qu�il n�a plus aucune ressource et autour de lui r�gne une grande famine qui lui �te tout espoir.

Il n�est pas d��tat plus affreux que celui d�une �me sans Dieu, vide de toute paix et de toute esp�rance, remplie d�agitation et d�amertume et � laquelle le monde, dont elle a �puis� les jouissances, n�a plus rien � offrir. N�avoir rien en soi, rien au ciel, rien sur la terre, c�est le d�sespoir.

Le jeune homme de la parabole reconna�trait-il maintenant sa folie?? Songera-t-il � revenir � son p�re?? Non, pas encore. Il faut qu�il descende encore plus bas dans l�ab�me o� l�a conduit son p�ch� et qu�il en savoure toutes les amertumes.

Verset 15

Ce jeune homme riche et libre dans la maison paternelle, le voil� dans l�indigence et la servitude?; ce fils d�une famille honorable, le voil� faisant pa�tre des pourceaux, ce qui, outre l�abjection du m�tier, �tait un objet d�horreur pour un Juif.

Le verbe de l�original?: il s�attacha (litt�ralement il se colla), que nos versions affaiblissent en le traduisant par?: il se mit au service de, rel�ve encore ce qu�il y avait d�abject dans cette d�pendance � l��gard d�un ma�tre pa�en.

Il y a, dans le monde moral, des suites du p�ch� plus d�gradantes encore.

Verset 16

Se remplir le ventre est la le�on du texte re�u avec A et la plupart des majuscules Codex Sinaiticus, B, D lisent se rassasier, ce qui parait une correction.

Quand, apr�s avoir fait pa�tre les pourceaux toute la journ�e, il les ramenait le soir au logis on les nourrissait ensuite de gousses (esp�ce de f�ves grossi�res, servant � l�alimentation des animaux)?; mais � lui, personne ne lui en donnait.

Le m�pris qu�on lui t�moigne ainsi en l�oubliant, la faim qui le d�vore et que rien n�apaise, tel est le dernier degr� d�un abaissement, d�une souffrance � laquelle on ne saurait rien ajouter.

Verset 17

�tant donc rentr� en lui-m�me, tel est le premier pas vers le rel�vement. Jusqu�alors, il avait v�cu hors de lui-m�me, entra�n� par le tourbillon des passions, du monde ext�rieur.

Maintenant, il revient � lui?; il voit toute l�horreur de sa situation et il d�couvre dans son c�ur un ab�me de maux, sur lesquels il avait volontairement ferm� les yeux.

D�s ce moment, une pens�e qu�il avait tenue �loign�e vient �mouvoir son c�ur profond�ment malheureux?: son p�re, la maison de son p�re. L�, il s�en souvient, m�me les mercenaires, des ouvriers qui sont engag�s pour un temps seulement et que le ma�tre n�a pas int�r�t � soigner d�une mani�re sp�ciale, ont du pain (grec des pains) en abondance?; et lui, il meurt de faim (grec?: vrai texte?: mais moi je p�ris ici de famine).

Il serait superflu de montrer la profonde v�rit� de tous ces traits dans l�exp�rience morale de l��me.

Verset 18

Du sentiment de sa mis�re na�t dans le c�ur du fils repentant une ferme r�solution?; c�est le second pas dans son rel�vement.

Malgr� le trouble de sa conscience et le sentiment qu�il a de son indignit�, il appelle encore son p�re, ce p�re qu�il a tant offens�. J�sus nous donne dans ce trait d�licat toute une r�v�lation de la mis�ricorde de Dieu, dont le sentiment persiste dans le c�ur du p�cheur repentant et sans lequel il ne lui resterait que le d�sespoir.

Ceci encore appartient � sa r�solution. Il n�ira pas, devant son p�re, invoquer comme excuses sa jeunesse, ses passions, ou les entra�nements du monde?; non?: j�ai p�ch�, voil� le mot qui brise dans l�homme toutes les r�sistances de l�orgueil et qu�il n�arrive � prononcer qu�apr�s une lutte terrible contre cet orgueil.

Les deux termes?: contre le ciel et contre toi, n�ont de sens distinct que dans la parabole. Ils se confondent dans l�application.

Verset 19

Grec?: fais-moi comme l�un de tes mercenaires.

Amener le p�cheur � sentir qu�il a perdu tous ses titres � �tre un enfant de Dieu, tel est l�effet de la vraie repentance.

Mais l�amour, qui rena�t dans son c�ur avec la repentance, lui inspire en m�me temps le d�sir de rentrer en gr�ce aupr�s de Dieu, d��tre admis dans sa famille, f�t-ce � la derni�re place.

Verset 20

Et s��tant lev�?; la r�solution prise est aussit�t ex�cut�e. Quand on dit que �?l�enfer est pav� de bonnes r�solutions?�, cela n�est vrai que de celles qui ont �t� prises sans un sentiment profond du p�ch�.

Quel tableau �mouvant?! Quelle r�v�lation de l�amour de Dieu?! Chaque mot en porte l�enseignement touchant et profond. Comme il �tait encore loin, bien avant qu�il e�t pu atteindre cette maison paternelle dont il ne s�approchait qu�en tremblant, son p�re le vit.

�videmment le p�re l�attendait, sa tendresse �tait aux aguets pour surprendre le retour de son enfant. En se rappelant les deux paraboles pr�c�dentes, on peut m�me dire que c�est Dieu qui toujours pr�vient le p�cheur?; il le cherche, il lui inspire le premier mouvement de repentance, de foi, d�amour, sans lequel ce p�cheur ne reviendrait jamais � lui.

Puis le p�re court au-devant de son enfant, il lui facilite cette rencontre encore redout�e?; enfin, il le presse sur son c�ur, �mu de compassion (grec �mu dans ses entrailles) et lui donne, sans paroles, ce baiser de r�conciliation qui efface pour jamais tout le pass� et fait p�n�trer dans le c�ur du fils l�assurance de l�amour inalt�r� de son p�re (le verbe grec est compos� d�une pr�position qui renforce l�id�e. M. Stapfer traduit?: il le baisa longuement).

Tout ce tableau est infiniment plus beau, plus complet, plus �mouvant, que si le p�re avait exprim� par des paroles le pardon qu�il accordait � son fils.

Verset 21

Voir versets 18 et 19, note.

Les derniers mots de la r�ponse projet�e?: traite-moi comme l�un de tes mercenaires, manquent.

On a expliqu� leur absence en supposant que le p�re interrompt son fils.

Il est peut-�tre plus naturel de penser que c�est le fils lui-m�me qui, en pr�sence de l�accueil du p�re, se sent incapable d�aller jusqu�au bout. La tendre compassion que le p�re lui t�moigne lui montre qu�il est pardonn� et ne lui permet pas d�ajouter?: traite-moi comme l�un de tes mercenaires.

Crainte, regrets amers, angoisse de la conscience, tout dispara�t de son c�ur maintenant combl� de paix et d�amour.

Plusieurs manuscrits (Sin, B, D, etc.) renferment cette demande copi�e du verset 19.

Verset 22

Honorez-le comme fils et fils bien-aim� d�un p�re riche et puissant.

Un anneau au doigt et des souliers ou des sandales aux pieds �taient le signe de l�homme libre?; les esclaves allaient nupieds.

La r�habilitation du fils est compl�te?; il re�oit le pardon de ses fautes gratuitement et tout de suite, sans conditions ni d�lais?; il est r�int�gr� dans la maison et dans l�amour de son p�re comme si rien ne s��tait pass�.

Tel est le sens g�n�ral de ces traits de la parabole. Une saine ex�g�se ne doit pas se perdre dans des all�gories imit�es des P�res de l��glise et d�apr�s lesquelles la robe signifierait la justice de Christ (�sa�e�61.10), l�anneau, le sceau du Saint-Esprit, les souliers, la facilit� de marcher dans une vie nouvelle (�ph�siens�6.15).

Les m�mes interpr�tes n�ont-ils pas vu aussi le diable dans le possesseur des pourceaux, dans les pourceaux eux-m�mes des d�mons (versets 15 et 16) et dans l�immolation du veau gras le sacrifice de Christ???!

Verset 23

Notre parabole peint sous l�image d�un banquet de famille cette joie que les deux similitudes pr�c�dentes n�avaient fait qu�indiquer (versets 7 et 10). Cette joie succ�de aussi, dans l��me du p�cheur sauv�, aux profondes douleurs de la repentance.

Verset 24

Mort et perdu, tel est l��tat moral de tout homme qui ne vit pas en Dieu (comparer Matthieu�8.22?; �ph�siens�2.1?; �ph�siens�5.14).

Dieu seul, en effet, est la source de la vie et la destination supr�me de tout �tre intelligent. Revenir � Dieu, c�est donc revenir � la vie et retrouver sa destination �ternelle.

J�sus d�crit dans cette parabole le p�ch� et ses suites am�res, la repentance et le bonheur ineffable de la r�conciliation avec Dieu?; mais il ne se pr�sente pas comme le m�diateur de cette r�conciliation.

Dans d�autres d�clarations, il indique nettement l��uvre de la r�demption qui seule permettra � l�homme de rentrer en gr�ce aupr�s de Dieu et de recevoir l�esprit d�adoption (Matthieu�20.28?; Matthieu�26.28 et souvent dans l��vangile de saint Jean).

Quand cette �uvre aura �t� accomplie, elle pourra �tre expos�e avec des d�veloppements proportionn�s � son importance. On aurait donc bien tort d�opposer les enseignements de J�sus-Christ � ceux des ap�tres et, en particulier, de s�appuyer sur notre parabole pour nier la n�cessit� de la r�demption. Tout le christianisme ne saurait �tre renferm� dans une parabole.

Verset 25

Mais, cette particule marque le contraste entre ce qui pr�c�de et ce qui va suivre.

Ce fils a�n� (grec plus �g�) �tait donc occup� au service de son p�re (aux champs), employ� � une �uvre bonne en soi. Et pourtant, les sentiments de son c�ur, qu�il va nous r�v�ler, n�ont rien de filial. J�sus, apr�s avoir retrac� le tableau du p�cheur repentant et r�concili� avec Dieu, nous pr�sente maintenant l�image des pharisiens m�contents (verset 2?; comparez avec versets 28-30).

Dans tous les grands banquets, des morceaux de musique et des danses �taient ex�cut�s le plus souvent par des gens engag�s � cet effet.

Verset 27

Ce serviteur, un simple esclave sans doute, ne mentionne que le veau gras tu�, parce que c��tait l�, � ses yeux, la principale marque d�un joyeux banquet.

De m�me, il ne sait rien dire de celui qui est l�objet de cette f�te, sinon qu�il est venu, et cela, en bonne sant�, terme qu�il faut entendre � la lettre et non dans un sens moral.

Cet esclave parle selon sa port�e?; ce qu�il y a de plus profond dans la situation lui �chappe. Admirable justesse de chaque trait de la parabole?!

Verset 28

L�exhortait � entrer et � montrer de meilleurs sentiments envers son p�re et son fr�re.

C�est ce que J�sus faisait constamment � l��gard des pharisiens.

Verset 29

Ce langage de la propre justice est pris sur le fait.

Pour le fils a�n�, �tre dans la maison de son p�re n�est pas un bonheur, mais un service (le mot grec signifie l��uvre d�un esclave), service dont il compte les ann�es.

Il se vante de n�avoir jamais viol� les commandements de son p�re. Cela est possible, mais, pour un p�re, quelle est la valeur d�une ob�issance sans amour??

Enfin, comme s�il n�avait pas eu la jouissance de toute la maison paternelle, il reproche � son p�re de ne lui avoir jamais donn� de r�compense, pas m�me un chevreau, peu de chose compar� au veau gras (B porte m�me un petit chevreau).

La r�compense de l�enfant de Dieu, c�est le bonheur de la communion de son p�re (Gen�se�15.1). La propre Justice ignore cette v�rit�.

Verset 30

Sans amour pour son p�re, le fils a�n� n��prouve pour son fr�re que haine et m�pris?: celui-ci, ton fils (il se garde bien de l�appeler mon fr�re), qui a d�vor� ton bien (terme choisi � dessein) avec des femmes de mauvaise vie.

Ce dernier trait

est un coup de pinceau ajout� au tableau du verset 13 par la main charitable de ce fr�re.� Godet

Si la premi�re partie de cette parabole devait �tre un touchant encouragement pour les p�agers et les p�cheurs repentants qui �coutaient le Sauveur, de quelle confusion ces paroles du fils a�n� n�auraient-elles pas d� remplir les pharisiens dont elles traduisaient fid�lement les murmures?? (versets 1 et 2)

Verset 31

Ces paroles pleines d�amour (mon enfant) ont inspir� � quelques interpr�tes la pens�e qu�il faut envisager le fils a�n�, malgr� ses d�fauts, comme un v�ritable enfant de Dieu. Mais elles sont destin�es seulement � peindre la situation du fils a�n� envers son p�re telle qu�elle est donn�e dans la parabole. Il �tait toujours avec son p�re et en aurait senti le bonheur, s�il avait su l�aimer. L�h�ritage des biens de son p�re lui �tait assur�.

Telle �tait la position de tout le peuple de l�alliance. Il �tait aupr�s de Dieu, qui le cherchait m�me alors d�une mani�re sp�ciale par la pr�sence du Sauveur et toutes les richesses de sa mis�ricorde lui �taient offertes (Romains�3.1?; Romains�9.1-5).

Mais ce peuple, semblable au fils a�n�, imbu d�une propre justice pharisa�que, ne savait pas jouir de ces immenses privil�ges, parce qu�il fermait son c�ur � l�amour de Dieu et m�prisait les pauvres p�cheurs repentants qui venaient � J�sus.

Verset 32

Grec?: il fallait �tre dans l�all�gresse (qui se manifeste par ce festin) et se r�jouir?; il le fallait, car cette joie n�est que l�effusion de mon amour (versets 7 et 10). Et l�objet de cette joie, c�est ton fr�re, qui �tait perdu et qui est sauv� (verset 24, note).

Quel contraste entre ces paroles et les sentiments du fils a�n�?! Or ces sentiments �taient ceux des pharisiens qui �coutaient le Sauveur.

Ici s�arr�te la parabole. J�sus ne raconte pas le parti qu�a pris le fils a�n�. Pourquoi?? Parce que c��tait aux pharisiens � voir eux-m�mes ce qu�ils voulaient faire, s�ils entreraient, � l�appel de Dieu, ou s�ils resteraient dehors. � eux d�achever la parabole.� Godet

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 15". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/luke-15.html.