Bible Commentaries
Matthieu 27

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-66

Verset 1

Ils avaient d�j� prononc� la sentence de mort (Matthieu�26.66) mais, d�s que le matin fut venu et que J�sus eut �t� �loign�, ils d�lib�r�rent de nouveau en conseil, dans la seconde partie de la m�me s�ance, sur les moyens d�ex�cuter la sentence (voir Luc�22.66, note).

Il fallait pour cela obtenir l�autorisation du gouverneur romain, car, depuis que la Jud�e �tait devenue province romaine, le droit de vie et de mort avait �t� �t� au sanh�drin (comparer Jean�18.31).

Le peuple de l�alliance dut ainsi livrer son Messie entre les mains des Gentils, ce qui aggrava sa culpabilit�. Il en r�sulta aussi que J�sus subit le supplice romain de la croix, au lieu de la lapidation, peine de mort usit�e chez les Juifs.

Verset 2

Pilate (Codex Sinaiticus, B ne portent pas ici le surnom de Ponce que le texte re�u ajoute � Pilate) gouvernait la Jud�e et la Samarie avec le titre de gouverneur, qui se trouve dans Jos�phe (Antiquit�s Juives, XVIII, 3, 1).

Il fut le cinqui�me procurateur de Jud�e et succ�da � Valerius Gratus en 26 apr�s J�sus-Christ. Apr�s dix ans, il fut rappel� � Rome pour rendre compte de son administration et rel�gu� � Vienne, dans les Gaules. Les procurateurs r�sidaient � C�sar�e, capitale politique du pays (Actes�23.32 et suivants?; Actes�25.1 et suivants)?; mais Pilate �tait venu � J�rusalem probablement pour surveiller cette ville pendant la f�te de P�que, o� l�on pouvait toujours craindre quelque trouble � cause des immenses multitudes qui y affluaient (Matthieu�26.5).

Verset 3

Judas rapporte l�argent et se tue

Voyant l�issue du proc�s de J�sus, Judas saisi de remords, rend l�argent aux sacrificateurs, en confessant son crime. Repouss� par eux, il jette l�argent dans le temple et va s��trangler (3-5).

Le champ acquis avec le prix du sang

Les sacrificateurs jugent qu�il ne convient pas de mettre l�argent dans le tr�sor. Ils l�emploient � acheter le champ du potier pour en faire le cimeti�re des �trangers. Ce fut l�accomplissement d�une proph�tie (6-10).

La fin de Judas (3-10)

Alors il vit que J�sus �tait condamn�, par le fait qu�on le livrait � Pilate. Judas ne s�attendait point � cette condamnation. Connaissant l�innocence de J�sus, il pensait sans doute que ses adversaires se borneraient � lui infliger quelque peine l�g�re, ou que lui-m�me ferait usage de sa puissance pour an�antir leurs desseins (Matthieu�26.15, note).

Mais il ne faudrait pas conclure de ce mot?: il se repentit, qu�un changement salutaire s�accomplit dans son c�ur. En effet, le verbe ici employ� n�est point celui qui d�signe une repentance � salut, une sainte douleur d�avoir offens� Dieu, toujours suivie de la r�g�n�ration du c�ur (Matthieu�3.2, note)?; il exprime seulement un regret plein d�angoisses � la vue des suites redoutables d�une action. Pour comprendre la diff�rence, il suffit de comparer la repentance de Judas � celle de Pierre.

Verset 4

Livrer un innocent, c�est d�j� un crime affreux?; mais livrer son sang, c�est-�-dire le livrer � une mort violente, c�est un crime dont Judas ne voit que maintenant toute la noirceur.

Que nous importe?? ou?: Qu�est-ce que cela nous regarde?? C�est ton affaire. Il n�y a peut-�tre pas dans les annales du crime de parole qui trahisse un endurcissement aussi complet. Et ce sont des pr�tres qui la prononcent?!

Verset 5

Le terme ici employ� est bien celui qui d�signe d�ordinaire l�int�rieur du temple, ou le sanctuaire?; mais comme il est peu probable que ce f�t l� que les sacrificateurs et les anciens �taient assembl�s (verset 3), ni que Judas e�t os� y p�n�trer, on peut entendre par ce mot quelque d�pendance du lieu sacr� o� les chefs du peuple tenaient leur s�ance. On voit aussi par ce fait que les sacrificateurs n��taient pas tous all�s conduire J�sus � Pilate (verset 3). La plupart �taient rest�s pr�s du temple pour veiller � ce qu�il ne se f�t aucune �meute.

Comparer Actes�1.18, note. Pierre ajoute � cette sc�ne tragique quelques d�tails plus horribles encore.

Verset 6

Pour d�signer avec pr�cision le tr�sor sacr�, l��vang�liste a conserv� le mot h�breu corbanan, qui signifie probablement offrande et par extension, le tr�sor plac� dans le temple de J�rusalem et renfermant les dons ou les redevances des fid�les pour le culte divin.

Les sacrificateurs pensent qu�il n�est pas permis d�y mettre les trente pi�ces d�argent qui �taient le prix du sang (comparer Deut�ronome�23.18).

Quelle contradiction dans ce scrupule?! Ils respectent le temple, au moment de tuer le Seigneur?; toujours l�hypocrisie filtre le moucheron et avale le chameau.

Verset 7

Ces mots?: le champ du potier (avec articles), montrent que ce champ �tait bien connu au moment o� Matthieu �crivait.

Ces �trangers auxquels on pr�para ainsi une s�pulture �taient des Juifs ou des pros�lytes qui mouraient � J�rusalem dans le s�jour qu�ils y faisaient, surtout aux temps des grandes f�tes.

Verset 8

Ce mot jusqu�� aujourd�hui peut s�appliquer, non seulement au temps o� �crivait l��vang�liste, mais � notre propre temps. En effet, on montre encore aux voyageurs, sur le penchant de la vall�e de Hinnom, tout pr�s de J�rusalem, un lieu o� se trouvent plusieurs s�pulcres et que le peuple appelle Hakeldama, le champ du sang, ou Hakelforar, le champ du potier (F�lix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e �dition, page 235).

Ainsi les ennemis du Sauveur �lev�rent eux-m�mes un monument perp�tuel de leur crime, de la trahison de Judas (verset 4) et de l�innocence de J�sus. D�apr�s Actes�1.19, ce champ tirait son nom du suicide de Judas, dont il aurait �t� le th��tre.

Verset 9

La citation qui suit ne se trouve point dans J�r�mie, mais dans Zacharie�11.12-13.

Quelques minuscules ont corrig� cette faute en mettant le nom de Zacharie?; d�autres portent simplement?: le proph�te?; mais le nom de J�r�mie est indubitablement authentique. Pour aplanir la difficult�, on a eu recours � diverses hypoth�ses sans valeur.

Il faut y voir une inadvertance, � laquelle un passage de J�r�mie (J�r�mie�18.2) pouvait facilement donner lieu.

Je confesse que je ne sais comment le nom de J�r�mie s�est ici rencontr� et ne m�en tourmente pas fort. Certes la chose montre d�elle-m�me qu�on s�est abus� en mettant le nom de J�r�mie pour Zacharie?; car en J�r�mie, on ne trouve point ce propos, ni chose qui en approche� Calvin

Verset 10

Zacharie�11.12-13, tr�s librement traduit et appliqu�. Le proph�te qui paissait ses brebis, c�est-�-dire son peuple, au nom de l��ternel, est sur le point de les abandonner � cause de leurs rebellions.

Alors il ajoute?: �?Et je leur dis?: Si vous le trouvez bon, donnez-moi mon salaire, sinon laissez-le. Et ils me pes�rent mon salaire, trente pi�ces d�argent. Et l��ternel me dit?: Jette-le au potier, ce prix magnifique (ironie) auquel j�ai �t� �valu� par eux?! Et je pris les trente pi�ces d�argent et je les jetai dans la maison de l��ternel au potier?�. Trente pi�ces d�argent �taient le prix pay� pour le plus pauvre esclave?; de l� ce m�pris d�une telle �valuation que l��ternel consid�re comme appliqu�e � lui-m�me parce que le proph�te agissait en son nom. En effet, jeter cet argent au potier pour son travail de peu de valeur, c��tait montrer combien ce salaire �tait peu digne du proph�te.

Enfin ces mots �?dans la maison de l��ternel?� supposent que le potier travaillait dans quelque d�pendance du temple pour la r�parer ou pour y faire des ustensiles destin�s au service des pr�tres.

Il faut remarquer encore que ce mot de potier est le seul qui rende le terme original d�apr�s sa racine et que c�est par une pure imagination philologique emprunt�e aux rabbins que plusieurs commentateurs modernes pr�tendent le traduire par le mot de tr�sor.

Voici maintenant ce que notre �vang�liste tire de ce passage?: il en fait une application symbolique au Sauveur, qui a �t� �valu� � trente pi�ces d�argent de la part des fils d�Isra�l, c�est-�-dire des sacrificateurs. Ce sont eux-m�mes qui ont pris, ou repris, cette valeur et qui l�ont donn�e pour le champ du potier.

Enfin les derniers mots, comme le Seigneur m�avait ordonn�, doivent, dans la pens�e de Matthieu, rendre ceux du proph�te et l��ternel me dit. On sent, � chaque mot de cette citation, l�indignation contenue de l��vang�liste, mieux fond�e encore que le m�pris du proph�te pour les trente pi�ces d�argent auxquelles on avait �valu� son travail.

Verset 11

Interrogatoire de J�sus

Sur une question de Pilate, J�sus affirme qu�il est le roi des Juifs. Mais il ne r�pond rien aux accusations de ses ennemis et garde le silence m�me quand le gouverneur l�invite � parler. Celui-ci en est fort �tonn� (11-14).

J�sus ou Barabbas??

Pilate avait coutume de rel�cher aux Juifs un prisonnier � chaque f�te. Il leur offre le choix entre J�sus et Barabbas, brigand fameux. La femme de Pilate, tourment�e par un songe, lui fait dire de ne rien avoir � faire avec ce juste. La foule, excit�e par les sacrificateurs, demande Barabbas. Et que ferai-je de J�sus?? Dit Pilate. La foule crie?: Qu�il soit crucifi�?! Mais quel mal a-t-il fait?? R�plique Pilate. La foule r�pond par le m�me cri redoubl� (15-23).

J�sus livr� par Pilate

Pilate, voyant qu�il n�avance en rien, se lave les mains en pr�sence de la foule et se d�clare innocent du sang qui va �tre vers�. Tout le peuple r�pond?: Qu�il soit sur nous et sur nos enfants?! Pilate rel�che Barabbas et livre J�sus pour �tre crucifi� (24-26).

J�sus expos� aux outrages des soldats

Les soldats rev�tent J�sus d�insignes royaux d�risoires et l�accablent de railleries et de mauvais traitements. Puis ils l�emm�nent pour le crucifier (27-31).

Comparution de J�sus devant le gouverneur romain (11-31)

Ou?: Es-tu le roi des Juifs?? Cette question �tonne au premier abord, puisque J�sus avait �t� condamn� par le sanh�drin sur un tout autre chef d�accusation et que, jusqu�ici, il ne s��tait point agi de sa royaut�.

C�est que ce conseil inique, sentant fort bien que le gouverneur pa�en ne recevrait point un grief religieux (celui de blasph�me), avait r�solu d�en invoquer un autre qui e�t un caract�re politique et qui p�t inspirer des craintes � Pilate. Luc (Luc�23.2) rapporte les termes dans lesquels ils formul�rent cette accusation devant Pilate.

C�est-�-dire �?Oui, je le suis?�. Comme J�sus a confess� hautement sa divinit� devant Ca�phe (Matthieu�26.64), il confesse non moins franchement sa royaut� devant Pilate.

Mais tandis que dans les synoptiques il se proclame roi sans aucune explication, on voit par le r�cit de Jean (Jean�18.33-37) qu�il eut avec le gouverneur, sur la nature de cette royaut�, un entretien assez long et tr�s clair.

Verset 14

Grec?: il ne lui r�pondit point, pas m�me sur une seule parole, c�est-�-dire sur aucune des accusations prof�r�es par les membres du sanh�drin.

Le Sauveur r�pondit � Pilate en particulier, mais il se taisait en pr�sence des principaux sacrificateurs qui n��coutaient plus que leur aveugle haine et qui s��taient rendus incapables et indignes d�entendre la v�rit� (Matthieu�26.63?; comparez �sa�e�53.7).

Pilate comprend l�innocence de J�sus, mais il s��tonne de cette majest� avec laquelle il souffre en silence au moment o� il s�agit de sa vie ou de sa mort.

Verset 15

Cette coutume dont l�origine est inconnue, car il n�en est fait mention ni dans l�Ancien Testament ni dans le Talmud, n�avait probablement pas �t� �tablie par les Romains, car, d�apr�s Jean (Jean�18.39), Pilate dit aux Juifs?: �?Vous avez une coutume?�.

Il y avait peut-�tre un rapport entre cette coutume et la f�te de P�ques?: soit qu�elle f�t allusion au nom de cette f�te (qui exprime l�id�e de faire gr�ce, d��pargner), soit qu�elle f�t un m�morial de la grande d�livrance nationale. Aussi la coutume �tait-elle de rel�cher le prisonnier � chaque f�te, sous-entendu de P�ques.

Verset 17

Barabbas �tait fameux par ses crimes et c�est pr�cis�ment pour cela que Pilate le propose aux Juifs en �change de J�sus, esp�rant dans ses faux calculs que jamais ils n�oseraient lui pr�f�rer un tel malfaiteur.

Mais, comme l�observe Luther?:

ils lui auraient pr�f�r� le diable lui-m�me.

Ce Barabbas (en h�breu fils du p�re, ou peut-�tre fils du rabbi) est du reste enti�rement inconnu.

Quelques minuscules, la syriaque de J�rusalem et la version arm�nien ajoutent J�sus devant Barabbas. Dans ce cas, la question de Pilate aurait pr�sent� ce contraste frappant?: Lequel voulez-vous que je vous rel�che?: J�sus Barabbas, ou J�sus appel� le Christ?? Mais cette variante n�est pas suffisamment autoris�e.

Verset 18

Cette remarque de l��vang�liste motive (car) la tentative de Pilate de d�livrer J�sus en l�offrant au peuple au lieu de Barabbas. Il pouvait voir dans toute la conduite des principaux qu�ils ob�issaient � l�envie, � la jalousie que leur inspirait l�influence de J�sus.

Verset 19

Matthieu seul nous a conserv� ce trait. Pilate s��tait solennellement assis au tribunal, attendant la r�ponse � sa question (verset 17) et se disposant � prononcer sa sentence, lorsque sa femme lui fit parvenir ce message.

La tradition a fait d�elle une amie du peuple juif, ou m�me a suppos� qu�elle �tait secr�tement attach�e � J�sus. Elle aurait port� le nom de Procla ou Claudia Procula. L��glise grecque est all�e jusqu�� la mettre au rang des saints. Il n�y a rien de tout cela dans le r�cit.

Mais son langage (ce juste) prouve au moins qu�elle �tait, comme son mari, convaincue de l�innocence du Sauveur. Il est possible qu�elle ait �t� inform�e de l�arrestation de J�sus par les �missaires du sanh�drin et que la crainte de voir son mari impliqu� dans ce proc�s inique ait provoque en elle, sur le matin, un songe plein d�angoisse.

Il est bien permis de voir dans cette circonstance un dernier avertissement providentiel adress� � Pilate. Telle est l�opinion de plusieurs P�res de l��glise, tandis que d�autres attribuent ce songe au diable, qui voulait emp�cher la mort de J�sus-Christ et le salut du monde?!

Verset 20

Ils firent cela pendant le moment o� Pilate �tait occup� du message que lui envoyait sa femme.

Verset 21

Pilate revient � sa question (verset 17), � laquelle le peuple r�pond selon l�insinuation de ses chefs, pr�f�rant ainsi un malfaiteur � celui dont tous reconnaissaient au moins l�innocence.

L�ap�tre Pierre, douloureusement frapp� de cette iniquit� et de cette nouvelle humiliation de son Ma�tre, en fit bient�t apr�s un reproche s�v�re � tout le peuple juif (Actes�3.14).

Verset 22

Cette nouvelle question de Pilate, ainsi que la suivante (verset 23), �tait encore une tentative pour sauver J�sus, car il pouvait esp�rer que le peuple n�exigerait pas la mort de l�accus�, mais quelque ch�timent plus l�ger.

Verset 23

Toutes ces transactions aboutissent ainsi � un cri brutal de fureur pouss� par les Juifs � bout d�arguments. En demandant le supplice romain de la croix, ils faisaient peser une responsabilit� encore plus grande sur le gouverneur, juste ch�timent de sa l�che faiblesse.

Verset 24

Cette vaine c�r�monie se fondait sur un antique usage qui se retrouve chez plusieurs peuples (Deut�ronome�21.6-7).

Le gouverneur s�en sert pour proclamer � la fois l�innocence de J�sus et la sienne propre.

Le texte re�u avec Codex Sinaiticus et la plupart des majuscules lui fait dire?: Je suis innocent du sang de ce juste. Ce dernier mot, peut-�tre emprunt� au verset 19, est omis par B, D?; mais l�id�e qu�il exprime est bien dans la pens�e de Pilate.

Les Juifs ont dit � Judas?: tu y pourvoiras (verset 4)?; Pilate � son tour dit aux Juifs?: vous y pourvoirez.� Bengel

Verset 25

Expression h�bra�que qui signifie?: �?Si ce sang est innocent, que Dieu en fasse retomber la vengeance sur nous et sur nos enfants?�, comparez Matthieu�23.35?; L�vitique�20.9?; Deut�ronome�19.10?; 2�Samuel�1.16.

Cette impr�cation, qui provoquait le jugement de Dieu, s�accomplit quarante ans apr�s d�une mani�re terrible et fut ainsi une proph�tie involontaire.

Verset 26

Le supplice de la flagellation que subissait le criminel chez les Romains, avant d��tre mis � mort, s�ex�cutait avec un fouet de bandes de cuir auxquelles pendaient de petites pointes en forme d��perons qui s�enfon�aient dans les chairs et faisaient ruisseler le sang. D�apr�s Jean�19.1-5?; Luc�23.22, Pilate infligea ce supplice � J�sus dans l�intention d�apaiser le peuple et fit apr�s cela de nouveaux efforts pour le sauver.

Verset 27

On admet en g�n�ral que le pr�toire �tait l�ancien palais d�H�rode le Grand, dans la ville haute, o� aurait demeur� le procurateur pendant ses s�jours � J�rusalem et o� se serait trouv�e concentr�e l�administration romaine.

Mais il est plus naturel de supposer que le pr�toire �tait un palais attenant � la forteresse Antonia au nord-ouest du temple. C�est de l� que la tradition fait partir la voie douloureuse.

On ramena J�sus dans la cour de cet �difice apr�s que la flagellation eut eu lieu au dehors (Marc�15.16). La cohorte (romaine) qui s�y trouvait consign�e devait maintenir l�ordre pendant l�ex�cution.

Verset 28

Grec?: l�ayant d�pouill� ou d�shabill�.

Une variante de B, D, l�Itala, dit au contraire l�ayant rhabill�, parce qu�on lui avait �t� ses habits pour le flageller (verset 26). Mais il est possible qu�on les lui e�t d�j� remis et que le terme du texte re�u doive �tre pr�f�r�.

On lui �ta seulement son v�tement de dessus pour le rev�tir de ce manteau de couleur �carlate que portaient les soldats, les officiers sup�rieurs ou m�me l�empereur, avec des degr�s divers de finesse dans l��toffe.

Verset 29

Les Juifs s��taient moqu�s de lui comme proph�te (Matthieu�26.68), les Romains se moquent de lui comme roi.� Bengel

Tous ces insignes d�risoires de la royaut�, le manteau, la couronne, le sceptre, ont leur v�rit� profonde. Les soldats romains, dans leur grossi�re ignorance, proph�tisent, comme Ca�phe, sans le savoir (Jean�11.51). C�est en effet dans cet ab�me d�humiliations que J�sus fonde son �ternelle royaut� sur les �mes (comparer verset 37, note).

Ayant tress� une couronne d��pines.

L��pine dont il est question dans l��vangile est certainement la petite �pine ligneuse et presque rampante qui couvre le sol aux environs de J�rusalem. Je ne doute pas que ce ne soit de cette �pine qu�ai �t� faite la couronne du Sauveur, car il peut venir ais�ment � l�esprit d�en former des guirlandes?; les aiguilles en sont fines, les branches s�arrondissent d�elles-m�mes. Ces �pines sont dures et tr�s piquantes.� F�lix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e �dition page 273.

Verset 32

Avant le supplice

Les soldats contraignent Simon de Cyr�ne de porter la croix de J�sus. Arriv�s en Golgotha, ils offrent � J�sus du vin m�l� de fiel. J�sus le refuse (32-34).

Le crucifiement

Apr�s l�avoir clou� sur la croix, les soldats jettent le sort sur ses v�tements. L��criteau plac� au-dessus de sa t�te le d�signe comme le roi des Juifs. Deux brigands sont crucifi�s avec lui (33-38).

Les injures

Elles lui sont prodigu�es par les passants, les membres du sanh�drin, les brigands, ses compagnons de supplice (39-44).

La mort

D�s la sixi�me heure des t�n�bres r�gnent. � la neuvi�me heure, J�sus s��crie?: Eli, Eli, lamma sabachthani?? Quelques-uns interpr�tent, par ironie, ce cri comme un appel adress� au proph�te �lie. L�un d�eux lui tend une �ponge imbib�e de vinaigre. J�sus rend l�esprit en jetant un grand cri (45-50).

Apr�s la mort

Le voile du temple se d�chire, la terre tremble, les s�pulcres s�ouvrent, les morts ressuscitent. Le centenier et les gardiens de J�sus le reconnaissent pour le Fils de Dieu. L��vang�liste nomme quelques femmes, venues de Galil�e, qui ont assist� au supplice (51-56).

J�sus crucifi�

Versets 32 � 56 � Crucifiement et mort du Sauveur

Comme ils sortaient de la ville, hors de laquelle devaient se faire les ex�cutions (Nombres�15.35-36?; 1�Rois�21.13?; Actes�7.58), ils rencontr�rent un nomm� Simon, originaire de Cyr�ne, en Afrique, o� se trouvait une nombreuse colonie juive (Actes�6.9).

Simon revenait des champs (Marc�15.21), ils le charg�rent de la croix de J�sus. J�sus l�avait jusque-l� port�e lui-m�me (Jean�19.17)?; mais il parait qu��puis� par ses souffrances et surtout par le supplice sanglant de la flagellation, il succombait.

Aucun soldat romain n�aurait voulu porter la croix, � cause de l�infamie qui s�y attachait?; ils y contraignirent cet �tranger de m�diocre condition (grec?: le mirent en r�quisition pour cela). Ce terme n�indique pas, comme on l�a suppos�, que Simon de Cyr�ne f�t disciple de J�sus?; mais, qu�il le soit devenu apr�s cette participation involontaire � la mort du Sauveur et tout ce dont il fut t�moin sur le Calvaire, c�est ce qu�on peut conclure de Marc�15.21?; comparez Romains�16.13.

Verset 33

On a suppos� que ce th��tre des ex�cutions criminelles s�appelait ainsi � cause des cr�nes priv�s de s�pulture qu�on pouvait y voir?; mais il est plus probable que ce nom venait de la forme arrondie de la colline dont il s�agit. On n�a pas encore aujourd�hui, malgr� toutes les recherches, acquis de certitude sur la situation topographique de Golgotha.

L�emplacement traditionnel, marqu� par l��glise du Saint-S�pulcre que l�imp�ratrice H�l�ne fit construire au commencement du quatri�me si�cle, est actuellement dans la ville.

Ceux qui d�fendent cette donn�e de la tradition pensent qu�au temps de J�sus le mur d�enceinte suivait du nord au sud le trac� de la rue de Damas pour tourner brusquement � l�ouest dans la direction de la porte de Jaffa. Le Calvaire aurait �t� situ� dans cet angle rentrant (F�lix Bovet, Voyage en Terre Sainte, p. 209 et suivants).

Verset 34

Matthieu nomme la boisson offerte � J�sus du vin m�l� avec du fiel, ce qui semble indiquer une intention malveillante (Psaumes�69.22?; comparez Marc�15.23 note).

Le texte re�u porte du vinaigre au lieu de vin. Si ce mot �tait authentique, il ne changerait rien au sens, car aujourd�hui encore, en Orient, on laisse aigrir le vin pour le rendre plus rafra�chissant en le m�lant avec de l�eau.

Ce qu�on appelait �?vin doux?� (Actes�2.13) n��tait autre chose que du vin non aigri (voir F�lix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e �dition, page 218).

Verset 35

Il faut s�arr�ter en pr�sence de ce mot crucifi�, si vite prononc�, qui caract�rise le supplice le plus horrible qu�ait invent� la cruaut� humaine et que la l�gislation p�nale des Romains r�servait d�ordinaire aux esclaves et aux plus grands criminels.

La croix se composait de deux pi�ces?: l�une verticale, plant�e dans le sol, l�autre horizontale, fix�e tant�t au sommet de la premi�re (de sorte que l�instrument avait la forme d�un T), tant�t un peu au-dessous de ce sommet. Cette derni�re forme fut probablement celle de la croix de J�sus, car elle s�accorde le mieux avec le fait qu�une inscription fut plac�e au-dessus de sa t�te. Quand la croix �tait dress�e, on hissait le condamn�, au moyen de cordes, � la hauteur de la poutre transversale, sur laquelle on lui fixait les mains avec des clous.

� mi-hauteur de la pi�ce verticale, il y avait une cheville de bois sur laquelle on mettait le supplici� � cheval, pour emp�cher que le poids du corps ne d�chir�t les mains. Les pieds enfin �taient clou�s, soit l�un sur l�autre avec un clou unique, soit l�un � c�t� de l�autre.

Il arrivait, mais plus rarement, que l�on fixait le condamn� sur la croix encore couch�e par terre pour la redresser ensuite.

Les crucifi�s vivaient ordinairement une douzaine d�heures, quelquefois jusqu�au second ou au troisi�me jour. L�inflammation des blessures provoquait la fi�vre et une soif ardente?; l�immobilit� forc�e du corps occasionnait des crampes douloureuses?; l�afflux du sang au c�ur et au cerveau causait de cruelles souffrances et des angoisses indicibles.

Ce partage des v�tements du supplici� entre ses ex�cuteurs �tait alors d�un usage g�n�ral. Pour J�sus, ce fut l�accomplissement d�une proph�tie (Psaumes�22.19).

Aussi le texte re�u ajoute-t-il � ce verset cette remarque?: afin que f�t accompli ce qui a �t� dit par le proph�te?: Ils ont partag� mes v�tements, ils ont jet� le sort sur ma robe. Ces paroles ne sont point authentiques?; mais cette application de la proph�tie est faite par Jean, qui raconte ce trait plus en d�tail (Jean�19.23-24).

Verset 36

Comme le supplice de la croix n��tait mortel qu�apr�s un temps tr�s long, on gardait les crucifi�s, afin que nul ne p�t venir les enlever.

Verset 37

Cette inscription fut plac�e au-dessus de sa t�te, c�est-�-dire sur le haut du poteau perpendiculaire de la croix qui d�passait la t�te du crucifi�.

C�est Pilate qui avait choisi ce titre ironique pour se moquer et se venger des Juifs et il refusa de le changer � leur demande (Jean�19.22)?; en sorte que J�sus porta en sa mort son titre v�ritable, dont les Juifs avaient fait contre lui un sujet d�accusation.

Verset 38

Alors, c�est-�-dire apr�s que J�sus fut attach� � la croix.

Ce crucifiement des deux brigands eut lieu probablement par d�autres ex�cuteurs, qui les plac�rent � droite et � gauche de J�sus, infligeant ainsi � la sainte victime une nouvelle humiliation. De la sorte fut accomplie la parole d��sa�e (�sa�e�53.12) et du Seigneur lui-m�me (Luc�22.37?; Marc�15.28, selon le texte re�u).

Verset 39

En signe de moquerie, de m�pris (comparer Psaumes�22.8?; �sa�e�37.22?; Job�16.4).

Verset 40

Voir Matthieu�26.61, note

Le vrai texte de ces paroles injurieuses est ici r�tabli. Elles tournent en d�rision le double fait que J�sus avait eu la pr�tention de sauver les autres (verset 42) et d��tre le Fils de Dieu.

On le sommait de prouver l�un et l�autre en descendant de la croix.

Verset 43

Ce qu�il y a d�inou� dans ce r�cit, c�est que toutes les classes d�hommes qui composaient le conseil supr�me de la nation, sacrificateurs, scribes, anciens (une variante ajoute les pharisiens), �taient repr�sent�es dans cette sc�ne et s�unissaient � la populace pour injurier le Sauveur.

Quand tout ce qu�il y a de plus �clair� et de plus �lev� dans une nation descend � ce degr� de bassesse morale, que peut-on attendre encore?? Il faut remarquer cette s�rie de courtes phrases outrageantes qu�ils jettent � la face du Crucifi�.

Il ne faut pas lire (verset 42), avec le texte re�u, s�il est le Roi d�Isra�l, mais il est le roi d�Isra�l, ce qui est d�une ironie bien plus poignante. Ces hommes qui savent par c�ur l��criture, la profanent en y cherchant l�expression de leur raillerie (verset 43?; comparez Psaumes�22.8).

Les plus beaux titres de J�sus-Christ sont, dans la bouche de ces aveugles, convertis en injures contre lui?: Sauveur, Roi d�Isra�l, Fils de Dieu.

Verset 44

De la m�me mani�re, c�est-�-dire par des paroles semblables (Luc�23.39 et suivants).

Matthieu et Marc attribuent ces outrages indistinctement aux deux brigands, tandis que Luc ne les met que dans la bouche de l�un d�eux, qui est m�me repris par son compagnon d�infortune.

Plusieurs interpr�tes, depuis les P�res jusqu�� nos jours, ont admis, pour rendre compte de cette diff�rence, qu�au commencement de cette sc�ne, qui dura plusieurs heures, les deux brigands outrag�rent J�sus?; mais que l�un d�eux (comme le centenier verset 54), frapp� de tout ce qui se passait sous ses yeux, avait reconnu en J�sus le Messie d�Isra�l. Il n�y a rien l� d�impossible (voir l�exemple du ge�lier de Philippes, Actes�16.27 et suivants)?; mais cela est peu probable.

Voir Luc�23.42 note.

Verset 45

La sixi�me heure, � compter de six heures du matin, c��tait midi?; la neuvi�me heure, trois heures.

Les trois premiers �vang�listes s�accordent sur ce moment o� se produisirent les t�n�bres. Si elles avaient eu lieu d�s le commencement du supplice de J�sus, il ne serait pas difficile de concilier ce r�cit avec celui de Jean Jean�19.14 qui nous apprend que ce fut environ la sixi�me heure (midi) que Pilate livra J�sus pour �tre crucifi�.

Mais la difficult� g�t dans le r�cit de Marc (Marc�15.25) (voir la note), qui place le crucifiement d�s la troisi�me heure (neuf heures du matin), en sorte que, selon lui, J�sus avait d�j� souffert trois heures le supplice de la croix au moment des t�n�bres. Tout ce qui a �t� dit pour concilier cette diff�rence est insuffisant. Ne vaut-il pas mieux se r�signer � ce que quelque obscurit� plane sur un point de d�tail, que de vouloir l��claircir � tout prix, par des raisons sans valeur??

Quant aux t�n�bres qui s��tendirent sur toute la terre (ou selon un h�bra�sme, sur tout le pays) et que les premiers �vang�listes mentionnent d�un commun accord, la critique s�est efforc�e de les expliquer comme un ph�nom�ne naturel. Ce ne pouvait pas �tre une �clipse de soleil, puisqu�au quinze du mois de nisan la lune �tait pleine. Ce n��tait probablement pas non plus un obscurcissement caus� par un orage ou par le tremblement de terre mentionn� ci-apr�s (verset 51).

�videmment les �vang�listes entendent raconter un miracle. Sa r�alit� est attest�e par l�impression profonde qu�en re�urent les assistants (verset 54). Ce miracle fut une manifestation de la puissance de Dieu, dans ce moment unique de l�histoire de notre humanit�.

Le sentiment religieux ne s�y est pas tromp�?; il a toujours reconnu les harmonies profondes qui existent entre le monde visible et le monde des esprits?; quand le soleil de justice s��teint au sein de la perversit� humaine, le soleil de la nature se voile de t�n�bres. La po�sie religieuse est ici le meilleur commentaire?:

� ta mort la nature enti�re Se r�pand en cris de douleur Le soleil cache sa lumi�re?; Les �lus pleurent leur Sauveur.

Verset 46

Myst�rieuse exclamation s��levant des profondeurs de l��me de J�sus?!

Retour momentan� des indicibles souffrances morales de Geths�man� (Matthieu�26.36 et suivants, note) au sein de l�agonie physique?!

J�sus emprunte � la Parole sainte (Psaumes�22.1) des termes qui puissent exprimer ce qu�il �prouve et l��vang�liste les conserve dans la langue originale, afin de n�y rien changer.

Ce qui cause l�angoisse du Sauveur, il le dit lui-m�me, c�est le sentiment momentan� de l�abandon de Dieu?! Il n�y a rien de plus redoutable dans les exp�riences de l��me.

Pourquoi?? J�sus le demande. Le Saint et le Juste sait bien qu�il ne peut trouver en lui la cause de cette myst�rieuse et insondable souffrance. Ce qui lui voile la face de son P�re et trouble sa communion avec lui, c�est le sombre nuage du p�ch� de notre humanit�, ce p�ch� pour lequel il souffre et meurt.

Il ne dit plus?: mon P�re, comme en Geths�man�, mais?: mon Dieu?! Et pourtant?: mon Dieu?! S�il souffre tout ce qu�avait souffert le psalmiste dans l�abandon de Dieu, il persiste � crier � son Dieu?; et comme ce psaume que J�sus avait vivant dans son �me, apr�s avoir commence par ce cri d��pouvante, se termine par un chant de d�livrance, ainsi J�sus, bient�t apr�s, fait entendre ce cri du triomphe?: Tout est accompli?! et cette douce parole de confiance et d�amour?: Mon P�re, je remets mon esprit entre tes mains?!

Avons-nous par l� sond� et expliqu� ce mouvement de l��me de J�sus?? Nullement. Nous redoutons par-dessus tout les commentaires qui s�exposent � profaner ce cri de douleur en voulant en faire ressortir toute la dogmatique des hommes. Il faut l��couter, le recueillir dans son c�ur et en retirer cette consolante assurance?: Il se sent un moment abandonn�, afin que je ne le sois jamais?!

Verset 47

Celui-ci, terme de m�pris par lequel ceux qui parlent d�signent J�sus parmi les trois crucifi�s.

Ils ne pouvaient pas, par ignorance, prendre le mot Eli (ou selon d�autres manuscrits Elo�, mon Dieu) pour le nom d��lie qui se dit en h�breu Eliiahou.

C��tait donc un mauvais jeu de mots qu�ils faisaient volontairement sur la douloureuse pri�re de J�sus.

Verset 48

Du vinaigre m�l� d�eau �tait la boisson des soldats romains?: l�un d�eux en donne � J�sus par humanit�, car le Sauveur venait de s��crier?: j�ai soif et il accepta ce dernier secours (comparer Jean�19.28-30).

Il ne faut donc pas confondre ce trait avec celui du verset 34.

Verset 49

Paroles ironiques par lesquelles les m�mes moqueurs qui venaient de parler (verset 47) voulaient d�tourner le soldat romain de son acte d�humanit�. D�apr�s Marc (Marc�15.36), ces paroles auraient �t� prononc�es par le m�me homme qui venait d�offrir � J�sus du vinaigre.

Le r�cit de Matthieu est �videmment le plus exact.

Verset 50

Le mot de nouveau se rapporte au verset 46.

Matthieu ne nous dit pas quelles paroles J�sus pronon�a dans ce cri supr�me, mais Luc (Luc�23.46) et Jean (Jean�19.30) nous les ont conserv�es.

Il est possible aussi, et cela, para�t plus naturel, que ces paroles aient �t� prof�r�es avant le cri supr�me.

Il rendit l�esprit, il mourut.

L�histoire sainte rapporte en un seul mot la mort du Sauveur?; mais les discours et les �p�tres des ap�tres pr�chent abondamment les fruits de cette mort. Jamais il n�est dit de lui il s�endormit, mais il mourut, verbe par lequel l��criture r�v�le la v�rit�, l�importance et la puissance de la mort de Christ.� Bengel

Verset 51

Ce mot et voici, ainsi que la particule et r�p�t�e avant chaque phrase de ce r�cit, en rel�ve la solennit�. Tous les miracles ici racont�s pouvaient r�veiller l�attention et la crainte du peuple qui assistait � ces sc�nes (verset 54)?; mais en outre ils ont une profonde signification symbolique.

Ainsi ce voile du temple qui s�parait le lieu saint du lieu tr�s saint et en d�fendait l�entr�e (Exode�26.31-33?; L�vitique�16.2), au-del� duquel le souverain sacrificateur seul p�n�trait une fois l�an, au grand jour des expiations (Exode�30.10), indiquait que la demeure du Dieu saint �tait inaccessible � l�homme, jusqu�� l�accomplissement des temps.

Mais ce voile d�chir� au moment ou se consommait sur la croix le vrai sacrifice d�expiation pour le p�ch� proclamait, aux yeux de tout le peuple assembl� dans le temple pour l�oblation du soir (trois heures, verset 45), que d�sormais l�acc�s au tr�ne de la gr�ce (figur� sur l�arche de l�alliance dans le lieu tr�s saint) �tait rouvert et que l�homme p�cheur, banni du ciel, pouvait tourner ses regards et ses esp�rances vers les demeures �ternelles, vers la maison du P�re (comparer H�breux�6.19?; H�breux�9.6 et suivants?; H�breux�10.19 et suivants).

Les trois premiers �vang�listes rapportent ce trait?; les miracles qui suivent sont dans Matthieu seul.

Verset 53

Tous ces miracles ont aussi leur signification symbolique. Cette terre qui tremble semble d�noncer les jugements de Dieu sur le peuple qui rejette son Sauveur?; ces rochers qui se fendent n�accomplissent-ils pas � la lettre la parole de J�sus?: �?Si ceux-ci se taisent, les pierres m�mes crieront?� (Luc�19.40)??

Par la rupture de ces rochers, plusieurs des s�pulcres qui y �taient taill�s, selon l�usage d�alors (verset 60) et qui se voient encore en grand nombre autour de J�rusalem, s�ouvrirent.

Ces saints qui �taient morts (grec endormis) dans l�esp�rance de la r�demption et qui renaissent � la vie, proclament la victoire du Sauveur sur la mort.

Les mots apr�s sa r�surrection ne se rapportent pas � ce qui pr�c�de?: �tant sortis de leurs s�pulcres, ce qui supposerait qu�ils y rest�rent vivants jusqu�au troisi�me jour?; mais � ce qui suit?: ils entr�rent dans la sainte cit� (Matthieu�4.5), dans la ville de J�rusalem et apparurent � plusieurs personnes dans les temps qui suivirent la r�surrection de J�sus.

Malgr� les obscurit�s de ce r�cit, nous ne saurions y voir seulement une tradition sans fondement historique.

Verset 54

Le centenier, capitaine romain qui commandait la cohorte (verset 27) pr�pos�e � l�ex�cution, re�ut, ainsi que ceux qui l�entouraient, cette impression profonde, non seulement par le tremblement de terre et les autres miracles, mais par tout ce qui arrivait alors.

En effet, le centenier avait �t� t�moin de tout ce qui s��tait pass� dans cette ex�cution, � partir du palais de Pilate jusqu�au dernier moment. Il avait entendu les paroles de J�sus sur la croix, vu son inalt�rable r�signation. Quoi de plus propre � produire l�impression d�crite sur un homme qui n��tait pas aveugl� par la passion comme les Juifs?!

Mais d�o� ce soldat pa�en prenait-il le terme de Fils de Dieu??

Non seulement il pouvait savoir que tel avait �t� le motif de la condamnation de J�sus, mais il venait d�entendre les Juifs tourner ce titre en raillerie (versets 40 et 43). Or sa parole?: v�ritablement Fils de Dieu, est une allusion �vidente aux n�gations qu�il venait d�entendre.

Cela ne veut point dire qu�il e�t des id�es bien claires ni tr�s �lev�es sur le sens religieux de ce nom divin?; mais l�ex�g�se n�est pas non plus autoris�e � affirmer, comme elle l�a fait souvent, que le centenier donnait � ce nom une signification toute pa�enne?: un fils des dieux, un �tre surnaturel (voir Luc�23.47, note).

Verset 55

En le servant signifie aussi, comme le dit Luc Luc�8.2-3, en l�assistant de leurs biens.

Verset 56

Marie de Magdala ou Marie-Magdelaine (Luc�8.2), ne doit �tre confondue ni avec la p�cheresse dont parle Luc (Luc�7.36 et suivants), ni avec Marie, s�ur de Lazare, qui oignit les pieds du Sauveur (Jean�12.3). Elle est nomm�e ici la premi�re, elle fut aussi la premi�re � qui J�sus apparut apr�s sa r�surrection (Marc�16.9?; Jean�20.1 et suivants).

Marie, m�re de Jacques et de Joseph (Codex Sinaiticus D et la plupart des versions ont Joseph, les autres ont Jos�) �tait la femme d�Alph�e ou Cl�opas (Jean�19.25?; Marc�15.47).

La m�re des fils de Z�b�d�e s�appelait Salom� (Marc�15.40?; comparez Matthieu�20.20).

Matthieu ni Marc ne nomment ici Marie, m�re de J�sus, quoique nous sachions par Jean (Jean�19.25 et suivants) que d�abord elle �tait pr�sente avec ce disciple.

Il faut donc probablement prendre � la lettre cette expression?: d�s cette heure-l� ce disciple la prit chez lui (Jean�19.27). Le c�ur de Marie s��tait bris� � l�ou�e de la parole pleine de tendresse que lui avait adress�e J�sus et elle s��tait retir�e � l�heure m�me, de sorte qu�elle n��tait plus pr�sente � la fin du supplice.� Godet, Commentaire sur Luc, Luc�23.47-49

Verset 57

Le d�vouement d�un ami

Le soir, Joseph d�Arimath�e, homme riche, disciple de J�sus, survient, demande le corps � Pilate, le d�pose dans son propre s�pulcre et roule une pierre � l�entr�e. Marie-Madeleine et l�autre Marie sont assises devant le tombeau (57-61).

Les pr�cautions des ennemis

Le lendemain, les membres du sanh�drin font une d�marche aupr�s de Pilate pour pr�venir une imposture de la part des disciples. Pilate conc�de une garde, qu�ils placent devant le s�pulcre, apr�s en avoir scell� la pierre (62-66).

La s�pulture de J�sus

Versets 57 � 66 � J�sus mis dans le tombeau

Arimath�e (h�breu, Ramatha�m) �tait une ville de la tribu de Benjamin (1�Samuel�1.1).

Joseph n��tait pas seulement riche, mais un conseiller de distinction (Marc�15.43?; Luc�23.50), c�est-�-dire qu�il �tait membre du sanh�drin � J�rusalem. Il �tait aussi disciple de J�sus, mais en secret, � cause de la crainte des Juifs (Jean�19.38).

Il arriva� probablement sur le lieu de l�ex�cution?; son c�ur l�y attirait. Quand il vit que J�sus �tait mort, il se rendit aupr�s de Pilate pour lui faire sa demande (verset 58).

Verset 58

Ordinairement les corps des crucifi�s restaient suspendus � la croix o� ils �taient d�vor�s par les oiseaux de proie?; mais quand ils �taient r�clam�s par des parents ou des amis, ils pouvaient leur �tre rendus.

Le texte re�u, avec A, C, les versions, ajoute le corps apr�s �?qu�on lui donn�t?�.

Les interpr�tes qui adoptent ce texte pensent que la triple r�p�tition du mot corps (versets 58 et 59) marque la douleur qu��prouve l��vang�liste en racontant cette s�pulture.

Verset 60

Tout dans ce r�cit d�note les soins d�licats et religieux de celui qui s�acquittait de ce saint devoir?: il enveloppe le corps dans un linceul (grec toile de lin de Sidon, ce qu�il y avait alors de plus fin)?; ce linceul �tait pur, c�est-�-dire qu�il n�avait jamais servi.

Joseph met J�sus dans son propre s�pulcre, dont il lui fait le sacrifice?; ce s�pulcre est taill� dans le roc et neuf.

Luc (Luc�23.53) et Jean (Jean�19.41) font express�ment la remarque que jamais personne n�y avait �t� mis, en sorte que J�sus n�eut aucun contact avec la mort, ce qui e�t �t� une souillure l�gale.

Enfin Joseph ferme l�entr�e de la grotte avec une grande pierre, afin de mettre le corps � l�abri de toute atteinte.

Matthieu ne parle ni de Nicod�me qui aida Joseph dans l�accomplissement de ce pieux devoir ni des aromates dont ils embaum�rent le corps de J�sus (Jean�19.38-40).

Verset 61

Comparer verset 56, note?; Matthieu�28.1.

Ces deux Marie �taient l� assises, en contemplation, perdues dans leur douleur, dans leur amour pour Celui qu�elles pleuraient.

Verset 62

Le samedi, le grand jour du sabbat (Jean�19.31).

On appelait pr�paration la veille du sabbat. D�autres entendent par l�, avec moins de probabilit�, le soir m�me du vendredi, o� le sabbat commen�ait apr�s six heures.

Verset 63

Ils ne faisaient pas allusion aux pr�dictions que J�sus avait �nonc�es dans le cercle de ses disciples (Matthieu�16.21?; Matthieu�17.23?; Matthieu�20.19), mais � la d�claration qu�il avait faite aux pharisiens (Matthieu�12.40).

Verset 64

La premi�re imposture, au point de vue de ces ennemis de toute v�rit�, �tait la pr�diction m�me de J�sus (ou, suivant d�autres, le mouvement provoqu� par tout son minist�re)?; la derni�re qu�ils redoutaient �tait la proclamation de sa r�surrection. Pour eux, elle fut la pire, en effet, puisqu�elle amena le triomphe de sa parole et de son �uvre.

� ces mots que ses disciples ne viennent, le texte re�u ajoute de nuit qui n�est pas authentique.

Verset 65

Ces mots de Pilate vous avez une garde, ont fait supposer � plusieurs interpr�tes qu�il s�agissait de la garde juive du temple, toujours � la disposition des chefs du peuple. Cette opinion est peu probable, comparez (Matthieu�28.14).

Pilate leur offre une garde romaine?; il veut dire?: Prenez-la et faites comme vous l�entendrez.

Verset 66

La pierre que Joseph avait mise � l�entr�e de la grotte (verset 60).

On peut traduire aussi?: �?apr�s avoir scell� la pierre en pr�sence de la garde?�.

Sceller cette pierre pour enfermer le Prince de la vie?!

Autant vaudrait sceller les portes de l�Orient pour emp�cher le soleil de se lever sur le monde?!� Leighton

Tout ce dernier r�cit (versets 62-66) que Matthieu a seul et dont la suite se trouve en Matthieu�28.11-15, a paru historiquement peu vraisemblable � plusieurs ex�g�tes modernes. Voici leurs objections.

  1. Les pr�dictions de J�sus-Christ concernant sa r�surrection pouvaient difficilement inspirer une telle crainte � ses adversaires, puisqu�elles n�avaient pu fonder la foi des disciples qui les entendirent � plus d�une reprise (verset 63, note)?;
  2. les femmes qui vinrent au s�pulcre au matin de la r�surrection n�auraient pas pu songer � embaumer le corps, ni se demander qui roulerait la pierre, si elles avaient su que le tombeau �tait gard� et scell�?;
  3. les membres du sanh�drin se seraient empar�s du corps de J�sus pour le soustraire s�rement � ses adh�rents, plut�t que d�inciter les soldats � un grossier mensonge (28.13), qui n��tait propre qu�� les laisser sans excuse aux yeux de Pilate.

Il faut reconna�tre que ces objections ne sont pas sans valeur.

D�autre part on peut r�pondre?:

  1. que la conscience troubl�e des meurtriers de J�sus �tait plus clairvoyante que la foi d�faillante des disciples?;
  2. que les pr�cautions prises pour garder le tombeau avaient pu fort bien rester inconnues aux femmes?: elles ignoraient de m�me que Nicod�me e�t envelopp� des aromates dans le linceul avec le corps de J�sus (Jean�19.39), puisqu�elles-m�mes en apportaient au matin de la r�surrection?;
  3. que les membres du sanh�drin ne pouvaient pas s�emparer du corps de J�sus apr�s qu�il avait �t� c�d� � Joseph par l�autorit� de Pilate?;
  4. que l�intrigue maladroite avec la garde est psychologiquement tr�s plausible de la part d�hommes aveugl�s par la passion (voir, par exemple, leur accusation politique de J�sus aupr�s de Pilate).

On peut ajouter que dans ce fait, comme dans toute l�histoire de la passion, Dieu se joue de ses ennemis. Ils croyaient �touffer la v�rit� et ce fut par les soldats, instruments de leurs mensonges, que parvint tout d�abord � leur connaissance la r�surrection glorieuse de leur victime. Les pr�cautions m�mes, prises par eux pour pr�venir l��v�nement qu�ils redoutaient, en attest�rent la r�alit� et en rehauss�rent l��clat (Matthieu�28.11).

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 27". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/matthew-27.html.