Bible Commentaries
Nahum 3

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-19

Plan du commentaire biblique de Nahum 3

La cause de la catastrophe?: les crimes de Ninive

Apr�s avoir d�crit le jugement terrible dont l��ternel, dans sa col�re, a d�cr�t� de frapper Ninive, le proph�te, s�adresse directement � cette ville?:

  • versets 1 � 7, il lui montre dans ses crimes le motif de la ruine qui la menace?;
  • versets 8 � 14, une telle ruine n�est pas sans exemple, Ninive partagera le sort de Th�bes qui, elle aussi, a �t� an�antie?;
  • versets 12 � 19, toute tentative de r�sistance est inutile, car l�Assyrie est m�re pour le jugement.

Ville de sang. Nahum explique ce qu�il entendait par l�image de l�antre du lion, Nahum�2.11-13.

Sang, fraude, violence, rapines, voil� le r�sum� de l�histoire de Ninive. Les annales assyriennes nous font voir que jamais peuple ne fut aussi rapace dans ses conqu�tes, aussi tyrannique dans son gouvernement, aussi cruel dans ses guerres et dans la r�pression des r�voltes. La seule r�sistance de la part d�une ville attaqu�e �tait trait�e comme un crime de l�se-majest� et punie avec la derni�re barbarie?; les chefs de la ville �taient �corch�s vifs ou empal�s.

Verset 2

Le proph�te ne peut �num�rer ces crimes sans que la vision du jugement se reproduise devant ses yeux en quelques traits rapides?; c�est d�abord le bruit lointain des fouets et des roues?; ensuite l�arm�e appara�t, la bataille s�engage?; puis le proph�te ne voit plus que des cadavres.

Verset 3

La prostitu�e. L�idol�trie est fr�quemment appel�e une prostitution par les proph�tes?; mais il s�agit dans ces passages du peuple d�Isra�l qui abandonne son Dieu pour suivre les idoles. Appliqu� � Ninive, ville pa�enne, ce terme ne peut avoir le m�me sens?; il d�signe � la fois la fascination que Ninive exer�ait sur les peuples par le prestige de sa puissance et la perfidie avec laquelle elle traitait ceux qui avaient le malheur de se laisser gagner par elle.

Qui vendait les nations. Quand un pays, s�duit par ses enchantements, se livre � elle, elle le trahit sans piti� et vend ses habitants comme esclaves.

Verset 5

� toi maintenant. La prostitu�e sera trait�e en prostitu�e?: avec le dernier m�pris. D�pouill�e de ses v�tements luxueux, elle sera insult�e et offerte en spectacle au monde dans sa honte.

Verset 7

Qui la plaindra?? Comme tous les peuples ont eu � souffrir de ses perfidies, ils l�abandonneront tous et se r�jouiront de sa chute.

Verset 8

Nahum �tablit la possibilit� d�un tel sort pour Ninive, en rappelant ce qui est arriv� � la seule ville qui p�t rivaliser avec elle. No-Amon (voir l�introduction � ce livre pour le fait historique auquel Nahum fait allusion). Nous voyons par J�r�mie�46.25 que No �tait la ville principale de l��gypte et par �z�chiel�30.11-16 qu�elle �tait situ�e dans la Haute-�gypte. Ce doit donc �tre la capitale de la Haute-�gypte, Ta-Ape (d�o� Th�bes), que les �gyptiens eux-m�mes appellent en langage religieux Nu-Amen?: le lieu d�Amon et les Grecs, Diospolis, la ville de Jupiter. Cette ville tr�s ancienne fut la principale r�sidence des rois les plus glorieux qu�ait eus l��gypte et en particulier des Rams�s de la dix-neuvi�me dynastie. Son nom m�me est aujourd�hui inconnu aux habitants de cette contr�e?; mais les ruines que l�on trouve pr�s des villages de Luksor et de Karnac attestent l�ancienne magnificence de la Th�bes aux cent portes.

Au milieu des fleuves?: du Nil et de ses canaux.

Une forteresse des mers?; l�immense nappe d�eau du Nil porte �galement le nom de mer dans �sa�e�19.5. Le proph�te insiste sur l��tendue des eaux qui prot�geaient Th�bes et qui n�ont pu la pr�server de son sort, pour faire comprendre aux Ninivites qu�ils s�abuseraient en croyant que les foss�s de leurs fortifications les mettent � l�abri du danger (voir Nahum�2.7).

Verset 9

Th�bes avait, elle aussi, des soldats innombrables pour la d�fendre?; c��taient d�abord les troupes nationales, les �thiopiens (Cus) et les �gyptiens?; puis leurs auxiliaires, les peuples de la c�te septentrionale de l�Afrique, Put et sp�cialement les Libyens proprement dits.

Tes alli�s?: avec sa vivacit� de langage habituelle. Nahum s�adresse directement � Th�bes et la prend � t�moin.

Verset 10

Nahum d�crit en quelques traits saisissants le sort terrible d�une ville prise d�assaut?; il ne dit pas que Th�bes ait �t� d�truite et en effet cette ville, sans reprendre son �clat pass�, subsista jusqu�au temps des Ptol�m�es.

Verset 11

Toi aussi correspond � elle aussi du verset pr�c�dent?; le sort de Th�bes est un pr�sage de celui qui attend Ninive.

Tu seras enivr�e, tu boiras la coupe de la col�re divine et tu en perdras les sens (Habakuk�2.16?; �sa�e�51.20?; Abdias�1.16). En face du danger, Ninive perdra conscience d�elle-m�me.

Verset 12

Toutes tes places fortes. Une multitude de ch�teaux forts b�tis en dedans de l�enceinte fortifi�e d�fendaient de tous c�t�s l�abord de Ninive.

Des figues m�res?; c�est le moment de les cueillir (�sa�e�28.4)?; l�Assyrie est, elle aussi, m�re pour le jugement, l�ennemi n�aura qu�� se pr�senter et les forteresses se rendront � lui.

Verset 13

Des femmes?: la faiblesse, l�impuissance des guerriers, plut�t que leur l�chet�?; une fatalit� p�se maintenant sur cette nation militaire entre toutes (voir Nahum�2.5). Les Grecs, dans leurs l�gendes sur Sardanapale, avaient gard� le souvenir du caract�re eff�min� de la derni�re g�n�ration assyrienne.

Les portes de ton pays, les passages des montagnes.

Les barres, c�est-�-dire les forteresses.

Verset 14

Ninive, voyant tout le pays d�j� envahi, songe enfin � se pr�parer pour le si�ge?; on remplit d�eau les citernes, on r�pare les murs avec des briques s�ch�es soit au soleil, soit au four?; mais il est trop tard.

Verset 15

Tous ces pr�paratifs sont inutiles (15-17)

L�image de la sauterelle rend difficile ce passage qui contient en outre quelques termes inusit�s. La sauterelle porte ici trois noms dont nous avons d�j� expliqu� deux dans Jo�l�1.4?; j�lek, c�est la nymphe?; arb�, c�est la larve?; quant � g�b, on l�entend des jeunes sauterelles d�une mani�re g�n�rale. La sauterelle est cit�e dans notre passage tout � la fois pour sa multitude et la rapidit� avec laquelle elle dispara�t. Ninive sera d�vor�e, ses maisons par le feu, ses habitants par l��p�e.

Comme la sauterelle (j�lek). On peut entendre � premi�re vue?: Comme la sauterelle d�vore. Ce sont alors les M�des qui sont compar�s � la sauterelle. Ou bien on peut entendre?: Comme la sauterelle est d�vor�e. Ce sont dans ce cas les Ninivites que repr�sentent les sauterelles. Il y aurait allusion � ces grands feux que l�on allume parfois pour se d�faire de ces insectes. Dans ce qui suit l�image de la sauterelle est appliqu�e aux Ninivites au double point de vue du nombre et de la v�locit�. C�est ce qui parle plut�t en faveur du second sens.

Verset 16

Ninive �tait une ville de commerce d�une tr�s grande importance?; sa situation exceptionnelle, � l�endroit o� les routes des caravanes de l�occident rencontrent le Tigre devenu navigable, y avait attir� des n�gociants du monde entier?; ils donnaient par leur nombre une apparence de force � la ville?; mais d�s que l�ennemi surgit, ils prennent leur vol et disparaissent comme la sauterelle (j�lek) au moment o� ses ailes se d�ploient (comparez Nahum�2.8).

Verset 17

Tes princes et tes chefs. Nous avons conserv� la traduction ancienne de ces deux mots, dont l�un ne se retrouve nulle part ailleurs et l�autre seulement J�r�mie�51.27. On est donc r�duit � des suppositions sur leur sens. Il est possible que le premier de ces termes d�signe les soldats de l�arm�e plut�t que les g�n�raux, ce qui convient mieux � l�image de sauterelles amoncel�es?; le second semble �tre une d�nomination militaire assyrienne dont nous ignorons la valeur (peut-�tre celui qui �crit, c�est-�-dire qui enr�le les soldats).

Comme de jeunes sauterelles. La forme employ�e d�signe un amoncellement?; elles sont les unes sur les autres?; quand arrive un jour froid, elles se rassemblent partout ou elles trouvent un abri, sur un mur, sur une haie?; mais d�s qu�un rayon du soleil vient les r�chauffer, elles s�envolent, sans que personne sache ce qu�elles sont devenues?; c�est ainsi que s��vanouira l�arm�e assyrienne.

Verset 18

Nahum termine par une apostrophe au roi d�Assyrie

Tes pasteurs� tes hommes forts, tes g�n�raux, sont tu�s?; ton peuple est dispers� bien loin dans les montagnes?; la situation est d�sesp�r�e.

Sur qui�?? Cette question r�sume en un trait final tous les crimes qui ont enflamm� la col�re de l��ternel (chapitre 1) et provoqu� ce jugement terrible (chapitre 2).

L�accomplissement de la proph�tie de Nahum

Nous avons fort peu de d�tails sur les derniers temps du royaume d�Assyrie?; nous avons vu dans l�introduction qu�Assurbanipal sut encore, par son �nergie et sa cruaut�, r�primer les r�voltes des provinces. Il n�en continua pas moins � �craser d�imp�t ses sujets pour satisfaire ses go�ts fastueux?; il construisit des palais magnifiques, et, c�est dans celui de Ninive que l�on a trouv� cette biblioth�que assyrienne qui est aujourd�hui un des plus pr�cieux tr�sors du Mus�e britannique.

Mais la d�cadence, retard�e par son �nergie, n�en devait �tre que plus rapide?; les inscriptions sont naturellement muettes sur ces revers de l�Assyrie, l��gypte s�affranchit de son joug et bient�t un autre ennemi surgit � l�horizon. C��taient les M�des, qui depuis peu �taient arriv�s � former un �tat. D�joc�s r�unit ces tribus nomades et son fils Phraorte se hasarda � attaquer leurs anciens ma�tres?; mais il fut battu et tu� devant Ninive (635 ou 625). Nous ne savons pas si ce fut encore par Assurbanipal ou par son faible successeur, Assur-etel-ilani. Ce roi, le dernier des souverains ninivites, n�a laiss� que deux inscriptions qui nous soient parvenues?; il y parle d�une restauration du temple de N�bo et de la construction de son palais � Nimroud?; mais ce palais ne rappelle plus le luxe de ceux de ses anc�tres?; c�est un b�timent mis�rable qui atteste la d�cadence de l�empire. Cyaxare, le fils de Phraorte, se h�ta de venger la mort de son p�re?; il s��tait avanc� avec son arm�e victorieuse jusque sous les murs de Ninive, quand l�invasion des Scythes le contraignit � lever le si�ge et � retourner en toute h�te dans ses �tats. Ces barbares ravag�rent l�Asie occidentale pendant bien des ann�es?; d�s qu�il vit le danger �loign�, Cyaxare revint � la charge avec son alli� Nabopolassar, vice-roi de Babylone?; le si�ge de Ninive, si nous en croyons les historiens grecs, dura trois ans et la ville ne fut prise qu�� la suite d�une inondation du Tigre qui emporta les remparts sur une longueur de vingt stades. Le roi, d�sesp�r� se serait br�l� dans son palais. C��tait en 606 (d�apr�s d�autres, 608).

C�est ainsi que fut an�antie la grande ville de Ninive et, avec elle, l�empire et le peuple assyriens dont l�histoire ne fait plus jamais aucune mention. Ce d�sastre eut un retentissement immense dont nous trouvons l��cho dans les proph�ties d��z�chiel (�z�chiel�31.11-16?; �z�chiel�32.22-23). La destruction fut si radicale que, deux si�cles plus tard, X�nophon traversa ces ruines sans savoir quel en �tait le nom, ni quel peuple les avait habit�es. Les �ges suivants ignor�rent l�emplacement o� fut Ninive et il en a �t� ainsi jusqu�� notre g�n�ration?; les fouilles entreprises par les Anglais et les Fran�ais ont remis au jour les restes magnifiques de la ville qui avait r�gn� sur le monde, mais que l��ternel avait frapp�e du jugement de sa col�re.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Nahum 3". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/nahum-3.html.