Bible Commentaries
Philippiens 2

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-30

Plan du commentaire biblique de Philippiens 2

Union, humilit�, d�sint�ressement � l�exemple, du d�pouillement volontaire de J�sus-Christ

Puisque la communion avec Christ est une source de consolation et d�amour, soyez un c�ur et une �me, ne faisant rien par orgueil, tout par humilit�, estimant les autres, ayant � c�ur leurs int�r�ts (1-4).

Vous avez le mod�le accompli de ces sentiments en J�sus-Christ qui, en possession de la gloire divine, s�en est d�pouill� pour na�tre au sein de notre humanit� et qui s�est abaiss� et rendu ob�issant jusqu�� la mort de la croix (5-8).

C�est pourquoi Dieu l�a �lev� au-dessus de tout, en sorte que tous l�adorent et confessent qu�il est le Seigneur (9-11).

Verset 1

Union, Humilit�, D�sint�ressement � l�exemple du d�pouillement volontaire de J�sus-Christ (1-11)

Verset 2

La fermet� et l�union pour le combat, tel �tait le devoir que l�ap�tre rappelait aux chr�tiens de Philippes dans les derniers versets du chapitre pr�c�dent (Philippiens�1.26, suivants).

Il ne peut encore quitter ce sujet important?: sachant que la lutte au sein de l��glise, suscit�e par les faux docteurs qui cherchaient � attirer des disciples � eux, ne sera pas moins vive qu�avec les adversaires du dehors?; sachant aussi que, sans l�union des chr�tiens, sans une sinc�re humilit�, sans un entier renoncement, ils ne sauraient rester vainqueurs, il insiste sur ce point?; mais avant de reprendre son exhortation (versets 2-4), il �num�re les motifs les plus forts qui puissent �mouvoir une �me chr�tienne (verset 1).

Ensuite il fait appel � l�irr�sistible exemple de renoncement, de d�vouement et d�amour que nous a donn� le Fils de Dieu (verset 5 et suivants). �?S�il est vrai que vous ayez trouv� en Christ le Sauveur et dans sa communion intime quelque consolation pour vos �mes (ou exhortation, appel � une vie sainte?; le mot grec les deux sens, entre lesquels se divisent les interpr�tes)?; si vous avez �prouv� le puissant encouragement qu�il y a dans la charit�, dans l�amour pour Dieu et pour vos fr�res?; si r�ellement l�Esprit de Dieu vous a unis dans une vivante et sainte communion?; si tout cela a cr�� en vous une tendresse profonde (grec?: �?entrailles ?�?; comparez Philippiens�1.8) et de vraies compassions pour les souffrances et la faiblesse de vos fr�res, alors, il est impossible que toutes ces forces divines ne produisent pas d�abord en vous les doux fruits de la plus intime union?� (verset 2).

Et Paul accumule les termes qui d�signent cette union sous tous les rapports?:

  1. sous le rapport de la pens�e, il caract�rise l�union par le premier et le dernier des quatre termes qu�il emploie?: penser la m�me chose et penser une seule chose (Grec?:), par quoi il n�entend pas une uniformit� de doctrine et d�opinion qui ne serait ni possible ni d�sirable, mais l�unit� de tendance et de but?;
  2. sous le rapport des affections, il d�peint cette union par deux mots �galement intimes?: ayant le m�me amour les uns pour les autres et �tant unis d��me (syn-psychoi), expression qui ne se trouve qu�ici, mais qui se rattache � celle de Philippiens�1.27?: combattant d�une seule �me.

Et l�ap�tre ne craint pas d�invoquer comme motif pour r�aliser cette union parfaite la joie accomplie qu�il en �prouvera.

On peut m�me admettre, avec la plupart des interpr�tes, que par toutes les expressions qui pr�c�dent (verset 1) l�ap�tre veut �mouvoir envers lui les sentiments de ses fr�res, en appelant � leur amour, � leur compassion, tant il serait malheureux s�ils ne suivaient pas cette voie, tant sa joie sera grande s�ils y marchent.

Verset 3

L�humilit�, qui provient d�une vraie connaissance de Dieu et de nous-m�mes, tel est un second fruit que l�ap�tre s�attend � trouver chez les Philippiens en vertu des motifs expos�s au verset 1.

L�esprit de dispute et de vaine gloire n�est corrig� que par une sinc�re humilit�, car il vient de ce que nous nous estimons trop nous-m�mes et pas assez les autres.

Mais comment chacun peut-il estimer les autres comme plus excellents que soi-m�me??

Si quelqu�un a re�u de Dieu des dons �videmment sup�rieurs � ceux de son fr�re, doit-il le m�conna�tre et se tromper soi-m�me pour �tre humble??

Afin d��viter cette difficult�, on a r�duit ces paroles � signifier?: que chacun se mette volontiers au dernier rang, aime � servir plut�t qu�� commander, etc.

C�est affaiblir la pens�e de l�ap�tre qui peut et doit �tre prise � la lettre. En effet, il s�agit moins de mesurer les dons de Dieu en nous et dans les autres, que de sentir profond�ment combien nous en sommes indignes, par toutes les mis�res qui nous restent et que nous pouvons seuls conna�tre.

Eussions-nous alors � nous comparer � un criminel, nous pouvons nous demander?: en quoi suis-je, par nature, meilleur que lui?? s�il avait �t� � ma place, poss�dant tous les moyens d��ducation morale et de gr�ce divine dont j�ai joui, ne serait-il pas plus excellent que moi?? et si j�eusse �t� � sa place, ne serais-je pas pire que lui?? Cette mesure est celle de Dieu (1�Corinthiens�4.7), et si nous l�adoptons, nous n�aurons pas de peine � �prouver � l��gard de tout homme le sentiment qu�indique l�ap�tre et qu�il �prouvait lui-m�me le premier (1�Timoth�e�1.15).

Verset 4

La charit� seule met en pratique ce pr�cepte (1�Corinthiens�13.5). Paul en recommande ailleurs une application particuli�re (1�Corinthiens�10.24).

Verset 8

Toute v�rit� morale se trouve vivante en J�sus-Christ, non moins que toute v�rit� divine. Aussi l�ap�tre, exhortant les chr�tiens au d�sint�ressement, au d�vouement, � l�humilit� (versets 3 et 4), n�a, pour mettre sous leurs yeux l�id�al la perfection � cet �gard, qu�� leur montrer le Fils de Dieu devenu Fils de l�homme. Et en le faisant, en le proposant comme mod�le, il se trouve avoir �crit l�un des t�moignages apostoliques consid�r�s de tout temps comme classiques sur la divinit� et l�humanit� de J�sus-Christ.

Mais quel est, dans cette contemplation de la personne et de l�abaissement du Sauveur, son point de d�part?? Paul parle-t-il uniquement du Christ historique, de son apparition sur la terre?? Ou bien, s��levant jusqu�� sa pr�existence �ternelle, veut-il nous montrer d�abord ce qu�il �tait avant cette apparition, pour descendre ensuite dans les profondeurs d�abaissement qui ont commenc� avec l�incarnation?? Cette derni�re vue est �videmment la pens�e de l�ap�tre, malgr� l�opinion oppos�e de nombreux interpr�tes. En effet, les termes qu�emploie Paul sont tels, qu�il y a une distance incommensurable entre son point de d�part et l��tat d�humiliation o� il suit le Sauveur.

Christ existait (c�est ainsi qu�avec M. Rilliet il faut traduire ce verbe) en forme de Dieu. Ce mot qui, dans notre langue, r�veille des id�es trop mat�rielles et peu ad�quates au sujet, exprime pourtant tout ce qui nous fait conna�tre Dieu comme Dieu, toutes les perfections divines (comparer Jean�17.5). C�est ce que prouve �videmment l�emploi du m�me mot, par antith�se, au verset 7?: forme de serviteur. Ce terme revient � celui �?d�image de Dieu?� (Colossiens�1.15?; comparez H�breux�1.3), qui emporte la r�alit� de l�essence divine (Jean�1.1?; Jean�1.2).

Quand Dieu se manifeste par ses gr�ces, il y a bien la forme et l�essence?; il ne peut pas se manifester comme Dieu et ne l��tre pas� Luther
La forme de Dieu signifie ici la majest�?; de m�me que nous reconnaissons un homme � la forme de son aspect, ou, pour employer une autre image, de m�me que la forme de roi serait l�appareil et la splendeur qui l�environne, le sceptre, le diad�me, le manteau royal?; de m�me la gloire dont Dieu resplendit est sa figure, sa forme.� Calvin.

En possession des perfections divines, le Fils de Dieu �tait �gal � Dieu (comparez Jean�5.18)?; s�il e�t paru ainsi sur la terre, ce n�aurait point �t� une proie qu�il aurait saisie, mais c�e�t �t� son droit �ternel. En d�autres termes, Christ aurait pu, en se manifestant � ce monde coupable, appara�tre dans toute la majest� de sa gloire divine?; il ne l�a pas fait, il n�a pas envisag� son �galit� avec Dieu comme une proie � saisir, comme une d�pouille ou un butin � porter en triomphe et dont il aurait fait troph�e (tel est le sens du mot original)?; mais au contraire il s�est d�pouill� lui-m�me.

Le terme grec signifie proprement devenir vide (comparer 1�Corinthiens�15.10?; 1�Corinthiens�15.14, note). Ce d�pouillement, ce premier acte d�humiliation par lequel le Fils de Dieu, est descendu de l�infini au fini, de la divinit� � l�humanit�, c�est son incarnation, sa naissance au rang des hommes. Il se d�pouille de la gloire divine?; la forme de Dieu devient la forme de serviteur, serviteur dans toute la r�alit� du mot, serviteur de Dieu (�sa�e�42.1?; �sa�e�52.13 et suivants), serviteur des hommes (Matthieu�20.28?; Jean�13.1 et suivants), lui qui �tait le Seigneur de tous (verset 11).

Son humanit� n�est pas moins r�elle que sa divinit�?: fait � la ressemblance des hommes (comparer Romains�8.3?; Jean�1.14), toute sa vie ici-bas, tout ce qui parut de lui (Grec?: �?il fut trouv� en figure comme un homme?�, verset 8) ne le distingua en rien de ses fr�res, si ce n�est son incorruptible saintet�.

C��tait l� d�j� avoir parcouru une immense carri�re d�abaissement?; mais ce n�est pas tout?: il devait plus encore s�humilier lui-m�me (verset 8). Comment?? en se rendant ob�issant. �?Quoiqu�il f�t Fils?�, il devait �?apprendre l�ob�issance par les choses qu�il a souffertes ?�? (H�breux�5.8)?; porter cette ob�issance jusqu�au sacrifice entier de sa volont� (Matthieu�26.39), jusqu�� la mort, qui n�avait aucun droit sur lui, � la mort de la croix, la plus ignominieuse de toutes les morts� Voil� le Sauveur dans sa nature, dans son d�vouement, dans son �uvre?!

Il faut remarquer encore sur ce passage vraiment classique de nos saints livres?:

  1. Que les deux termes forme de Dieu et �gal � Dieu n�expriment pas deux attributs diff�rents, mais qu�ils se compl�tent et s�expliquent l�un l�autre.
  2. Bien que l�ap�tre enseigne ici en termes clairs et �nergiques la parfaite humanit� du Sauveur, il le fait par des mots qui r�servent sa nature divine?: ressemblance des hommes (Romains�8.3), en figure (1�Corinthiens�7.31)?; il n�y a dans ces expressions aucune apparence de doc�tisme, mais ils distinguent l�homme J�sus du reste des hommes.

Qu�il y ait dans ce fait du �?Dieu manifest� en chair?�, dans l�union de sa nature divine et de sa nature humaine, dans toute son apparition sur la terre, depuis sa conception et sa naissance jusqu�� la croix, dans l�ind�finissable m�lange d�infirmit�s tout humaines et de perfections toutes divines, qu�il y ait en tout cela un profond myst�re (1�Timoth�e�3.16), nul n�a jamais song� � le nier et l�ap�tre ne s�en occupe pas ici.

Il ne s�arr�te pas m�me au but premier de cette �uvre, ni aux grandes doctrines qui en ressortent. Ce qu�il veut exposer, ce qui est accessible � la conscience et au c�ur de tout homme, c�est l�exemple �mouvant d�un tel amour, d�une telle humilit�, d�un tel d�vouement. Et cet exemple, pour le croyant, ne reste pas un fait ext�rieur � contempler et dont l�imitation alors serait purement impossible?; mais, par sa communion intime et vivante avec le Sauveur, le chr�tien, transform� par degr�s � son image, peut arriver � r�aliser dans sa vie le m�me sentiment qui a �t� en J�sus-Christ (verset 5). Il le peut, parce que ce m�me J�sus-Christ vivant en lui l�en rend capable.

Se d�pouiller soi-m�me est, au fond, bien peu de chose en comparaison de cet id�al d�amour et d�humilit� que J�sus-Christ lui pr�sente. Que sommes-nous, en effet?? Qu�avons-nous?? De quoi pourrait s�alimenter notre orgueil?? De quel bien pourrions-nous faire troph�e?? Quiconque ne se sent pas d�pouill� en pr�sence du Fils de Dieu qui s�est d�pouill�, n�a rien de commun avec lui. La pens�e de l�ap�tre n�est r�alis�e qu�en celui qui consent � perdre tout ce qu�il croyait avoir, tout, jusqu�� sa propre vie, pour la retrouver en J�sus-Christ (Matthieu�10.39?; Matthieu�20.20-28?; Luc�14.26).

Verset 11

L��l�vation supr�me de J�sus-Christ a �t�, dans un sens sp�cial, la cons�quence, la r�compense de son d�vouement?; c�est ce que l�ap�tre indique clairement par cette particule?: c�est pourquoi (verset 9). Cette �l�vation, ce n�est pas la restitution de la nature divine, � Christ n�y avait jamais renonc�, � mais la restitution de la gloire �ternelle dont il s��tait d�pouill� volontairement (comparer Luc�24.26?; Jean�17.5?; �ph�siens�1.20-22?; H�breux�2.9).

Il ne re�oit pas ce qu�il avait auparavant, mais il re�oit comme homme ce qu�il avait comme Dieu� Th�odoret

C�est par l� m�me que se trouve r�alis�e en J�sus cette loi universelle du monde moral?: �?Quiconque s�abaisse sera �lev�?� (Matthieu�23.12?; Luc�14.11?; 1�Pierre�5.6), pens�e qui correspond parfaitement au but de l�exhortation de l�ap�tre (verset 5).

Rentr� au sein de sa gloire en y �levant notre humanit� dans sa personne, J�sus re�oit le nom qui est au-dessus de tout nom (Le texte re�u dit � tort un nom). Lequel?? Les uns r�pondent?: le nom de (verset 11), de souverain Dominateur de ce r�gne qu�il vient de fonder par son d�vouement, dignit� que toute langue doit confesser avec adoration. Les autres disent?: le nom de J�SUS (verset 10), qui signifie Sauveur et que tous ses rachet�s prononceront � jamais avec reconnaissance et avec amour.

Quoi qu�il en soit, il faut remarquer que l�ap�tre emploie � dessein, d�abord le nom humain de J�SUS, devant qui tout genou doit fl�chir, afin de dire clairement que c�est avec son humanit� qu�il a �t� glorifi�?; puis, il attribue le titre souverain de , d�sign� sous son double nom.

C�est ce qui doit d�lier toute langue pour le confesser et faire fl�chir tout genou afin qu�il soit ador�, au ciel, sur la terre et sous la terre, dans l�univers tout entier et par toutes les cr�atures qui le remplissent. Et cela aura lieu, soit volontairement et par amour, soit, un jour, par la crainte de sa toute-puissance et par la proclamation de sa justice.

Cette derni�re pens�e domine m�me dans le passage d��sa�e (�sa�e�45.23?; �sa�e�45.24) que cite l�ap�tre. Dans le proph�te, c�est J�hova qui parle et Paul, dans la conviction que Christ est �?�gal � Dieu?�, n�h�site pas � lui attribuer la souveraine puissance et l�adoration que J�hova r�clamait pour lui-m�me. Mais la confession que J�sus-Christ est le Seigneur est � la gloire de Dieu le P�re, parce que Dieu, ses perfections, tout son �tre, a �t� manifest� en Christ et par son �uvre (Jean�17.1-4).

Parvenir l� o� est J�sus, telle est l�esp�rance du chr�tien (Jean�14.3, 17.24)?; mais pour y arriver, il n�y a qu�un chemin, celui du renoncement et des humiliations, que J�sus-Christ a suivi?; voil� toute la pens�e de Paul et le grand motif qu�il invoque � l�appui de son exhortation.

Verset 12

Vous avez jusqu�ici ob�i � l��vangile, faites-le plus encore maintenant que je ne suis plus pr�s de vous, travaillant � l��uvre de votre salut, car c�est Dieu m�me qui l�op�re en vous (12, 13).

Faites toutes choses avec la douceur de la charit�, comme des enfants de Dieu sans reproche et dont la vie devienne une lumi�re pour le monde (14, 15).

Ainsi, je n�aurai pas travaill� en vain parmi vous et si m�me je dois sceller de mon sang mon minist�re, je m�en r�jouirai et vous vous r�jouirez avec moi (16-18).

L�ap�tre exhorte les Philippiens � travailler � leur salut, � briller comme des flambeaux, � �tre ainsi sa r�compense et sa joie (12-18)

Verset 13

Ces remarquables paroles, qui expriment la cons�quence morale de l�exemple de J�sus-Christ cit� par l�ap�tre (ainsi), renferment deux pens�es qui, au premier abord, paraissent �tre en contradiction l�une avec l�autre?: d�une part, la libert� de l�homme, sa responsabilit�, son action pour le salut?; de l�autre, son absolue d�pendance de Dieu et de l��uvre de la gr�ce.

Pourquoi devons-nous op�rer notre salut avec crainte et tremblement?? parce que (car) Dieu agit avec efficace lui-m�me en nous pour produire et le vouloir et l�action efficace (tel est le sens du grec.)

Comment s�accordent ces deux principes?? Il faut remarquer d�abord que pour que nous puissions op�rer notre salut, il faut que toute l��uvre de Christ pour nous ait pr�c�d� et que nous avons seulement � travailler � nous approprier le salut accompli par Christ.

Il faut remarquer encore que la crainte et le tremblement ne sont plus une frayeur servile du jugement, mais la crainte filiale d�offenser un P�re r�concili�, ou de retomber dans le p�ch� par la n�gligence des moyens de gr�ce (voir ces m�mes termes, dans des applications diff�rentes, 1�Corinthiens�2.3?; 2�Corinthiens�7.15?; �ph�siens�6.5).

Or, il est parfaitement vrai, quelque contradictoire que cela paraisse et il est conforme � l�exp�rience chr�tienne que, pour toute conscience s�rieuse, le plus puissant motif de vigilance et d�action, c�est la pens�e que la gr�ce op�re tout en elle. Les premiers commencements de la conversion, comme la pers�v�rance finale?; la premi�re pens�e d�un retour � Dieu, le premier mouvement de repentance, de foi, d�amour, comme les plus grands progr�s dans la sanctification, tout est l��uvre de la gr�ce en nous.

Mais cette gr�ce agit dans le c�ur, r�veille, dirige, fortifie et sanctifie la volont�?; elle produit non seulement le vouloir et l�action, mais nous donne le vif sentiment que l�inaction serait une coupable r�sistance, un criminel m�pris de tant d�amour. Elle suscite, dans une �me ainsi remise en contact avec Dieu, la crainte et le tremblement dont parle Paul. Elle excite ce sentiment de notre responsabilit�, qui nous pousse � travailler � notre salut avec �nergie. Ainsi la doctrine �vang�lique, bien comprise, attribue � Dieu et � sa gr�ce la gloire du salut de l�homme et produit dans ce dernier, � la fois la plus profonde humilit� et le z�le le plus ardent pour parvenir au but que Dieu a plac� devant lui.

Verset 14

Ce mot rendu par h�sitations signifie proprement des doutes ou des raisonnements, lesquels entravent l�activit� et, de m�me que les murmures, proc�dent d�un manque de confiance en cette gr�ce dont l�ap�tre vient de rappeler les effets certains et encourageants.

Verset 15

Des chr�tiens qui seraient tels que l�ap�tre les d�crit ici?: sans reproche, purs (simples, sans aucun m�lange), pour qui le beau titre d�enfants de Dieu serait une v�rit� (Matthieu�5.45), des enfants sans d�fauts (Colossiens�1.22?; 1�Thessaloniciens�3.13), de tels chr�tiens seraient autant de luminaires (tel est le sens du mot traduit ici par flambeaux) pour �clairer tous ceux qui errent dans les t�n�bres de ce monde (comparer Daniel�12.3?; Matthieu�5.14).

Ils sont lumi�re (�ph�siens�5.8) parce qu�ils portent au-devant d�eux ou retiennent ferme la Parole de vie, qui est leur flambeau.

Si un chr�tien qui n��claire point le monde par la saintet� de sa vie est un astre sans lumi�re, que d�astres obscurcis dans le ciel de l��glise?!� Quesnel

Ces mots?: la g�n�ration d�prav�e et perverse sont une allusion � Deut�ronome�32.5. Paul applique � l��tat moral du monde ce jugement port� par Mo�se sur son peuple, toujours enclin � la d�sob�issance.

Verset 16

Apr�s tous les motifs all�gu�s par l�ap�tre pour inviter les Philippiens � la pers�v�rance et � la sanctification, il ne craint pas d�en appeler � leur amour pour lui et de leur montrer quelle douce consolation dans ses souffrances actuelles et quelle glorieuse esp�rance pour l�avenir il puisera dans la pens�e de leur fid�lit� � leur vocation chr�tienne.

Les mots couru en vain rappellent une image souvent employ�e par l�ap�tre, cette des courses dans la lice (Philippiens�3.14?; 1�Corinthiens�9.24, etc.).

Travaill� en vain se rapporte plut�t au labeur dans un champ dont on attend la moisson.

On peut et on doit d�sirer d�s ce monde que la Parole de Dieu porte son fruit?; mais on ne doit d�sirer que fort mod�r�ment d�en go�ter la douceur, si ce n�est comme saint Paul, au jour du jugement et en la pr�sence du Seigneur.� Quesnel

Verset 17

Ici se pr�sente � l�ap�tre l�id�e que sa course et son travail (verset 16) pourraient bien se terminer par une mort sanglante. Et il entre h�ro�quement dans cette pens�e. Sublime d�vouement?!

Dans l�incertitude o� il �tait touchant l�issue de sa captivit�, l�ap�tre exprime tant�t la possibilit� de sa mort, tant�t l�espoir qu�il restera pour son �uvre (Philippiens�1.20-26), mais toujours en acceptant avec joie la volont� de Dieu, parce qu�il a enti�rement renonc� � tout ce qui lui est propre.

Les termes dont il se sert sont tous emprunt�s au culte de l�Ancien Testament et en particulier aux usages des sacrifices. Apr�s le sacrifice sanglant, on r�pandait une libation de vin tout autour de l�autel. Or l�ap�tre se repr�sente d�abord son propre sang comme r�pandu et servant de libation?: (2�Timoth�e�4.6) puis changeant d�image, il se d�peint comme sacrificateur, offrant � Dieu ce peuple de croyants, convertis du paganisme (Romains�15.16)?; c�est l� ce qu�il appelle le sacrifice de votre foi, dans lequel il fait le service sacerdotal.

Il se r�jouit � cette pens�e de la mort et il invite ses fr�res � s�en r�jouir avec lui (verset 18), ce qui serait de part et d�autre impossible si la volont� de Dieu n��tait pas � tous plus ch�re que la vie m�me et si tous n�avaient pas l�assurance que cette mort glorifierait J�sus-Christ et l��vangile de sa gr�ce.

Verset 19

Paul d�sire envoyer Timoth�e aux Philippiens, pour avoir de leurs nouvelles et il fait choix de ce disciple qui a donn� des preuves de son affection pour lui et pour eux, tandis que les autres ne pensent qu�� leurs propres int�r�ts�; il l�enverra donc quand il aura vu l�issue de son proc�s et il esp�re aller lui-m�me vers eux (19-24).

Mais il a voulu d�abord leur envoyer �paphrodite, qui l�avait visit� de leur part et avait pourvu � ses besoins�; �paphrodite lui-m�me le d�sirait�; il avait �t� malade et son retour sera une joie pour ses amis inquiets � son sujet (25-28).

Paul le recommande avec une grande affection, comme un fr�re qui a expos� sa vie pour lui (29, 30).

Envoi de Timoth�e et d��paphrodite � Philippes (19-30)

La mort dont il vient de parler ne lui para�t ni certaine, ni imminente. Il se peut qu�il serve d�aspersion, mais il esp�re envoyer Timoth�e pour s�informer de l��tat de l��glise et pour en �tre encourag�, consol�.

Timoth�e informera les Philippiens du sort de Paul (verset 23). Lui-m�me a l�assurance de venir aussi bient�t (verset 24). Comparer sur la sollicitude de l�ap�tre pour le salut des �mes 1�Thessaloniciens�3.2?; 2�Corinthiens�11.28?; 2�Corinthiens�11.29.

Verset 21

En disant tous, Paul entend ceux qui l�entouraient alors � Rome et qui, en partie devenus ti�des dans leur charit�, en partie influenc�s par les faux docteurs (Philippiens�1.15 et suivants), ne se comportaient plus comme des serviteurs d�vou�s de J�sus-Christ (2�Timoth�e�4.10). D�autant plus beau est le t�moignage rendu au fid�le Timoth�e (verset 22).

Verset 23

Quand il saura � quoi s�en tenir sur l�issue de sa captivit� (comparer verset 17, note).

Verset 25

Grec?: �?Votre ap�tre (envoy�) et ministre de ma n�cessit�?� (comparer Philippiens�4.18).

Verset 27

Quelle tendre d�licatesse de l�amour chr�tien se montre dans tous ces rapports personnels?! �paphrodite souffre de ce que ses amis de Philippes ont appris sa grave maladie et en auront �t� afflig�s?; Paul se h�te de le leur envoyer pour leur consolation mutuelle (verset 25), et il regarde la gu�rison de son fr�re comme une mis�ricordieuse dispensation de Dieu envers lui-m�me, afin qu�il n�e�t pas tristesse sur tristesse?!

On voit combien l�h�ro�que d�vouement jusqu�� la mort, dont l�ap�tre vient de donner la preuve (verset 17), est loin d��teindre dans son c�ur les sentiments humains.

Verset 28

En sachant que vous avez cette joie, cette consolation, moi, j�en aurai moins de tristesse. Toujours cette tendre sympathie qui souffre et jouit avec les autres.

Verset 30

Il para�t qu��paphrodite s��tait attir� sa maladie en servant l�ap�tre, soit par son voyage de Philippes � Rome, soit par d�autres actes de d�vouement dans cette derni�re ville. En tout cas, c��tait pour l��uvre de Christ.

Et Paul reporte la vive reconnaissance qu�il en �prouve � l��glise qui lui a envoy� ce fr�re dans sa captivit� et ses besoins. En effet, il consid�re ce qu��paphrodite a fait pour lui comme suppl�ant ce que tous auraient fait s�ils eussent �t� pr�sents.

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bibliography-text="Commentaire sur Philippians 2". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/philippians-2.html.