Bible Commentaries
Philippiens 3

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-21

Plan du commentaire biblique de Philippiens 3

Se garder des faux docteurs, Paul a renonc� � tout pour gagner Christ et atteindre le but

Le devoir de la joie chr�tienne�; se m�fier des mauvais ouvriers et de la circoncision qu�ils pr�nent�; les vrais circoncis sont ceux qui mettent toute leur confiance en J�sus-Christ et non dans la chair (1-3).

Paul aurait sujet de se glorifier en la chair plus qu�aucun autre?: par sa circoncision, par sa descendance du peuple de Dieu, par ses attaches pharisiennes, par son z�le, par sa justice selon la loi (4-6).

Mais tous ces privil�ges, il en fait la perte avec joie�; il les m�prise pour conna�tre et gagner Christ, �tre trouv� en lui, poss�der sa justice, �prouver la puissance de sa r�surrection, avoir part � ses souffrances et � sa mort et parvenir � la r�surrection glorieuse (7-11).

Toutefois, Paul n�a pas encore saisi le prix qui est la perfection, mais il a �t� saisi par Christ et il fait une seule chose?: oubliant tout ce qui est derri�re lui, il court vers le but o� Dieu l�a appel� en J�sus-Christ (12-14).

Verset 1

Se garder des faux docteurs (1-14)

Paul a renonc� � tout pour gagner Christ et atteindre le but. Les premiers mots de ce chapitre qui ne se lient logiquement ni � ce qui pr�c�de ni � ce qui suit et qui sont une salutation � la mani�re des anciens, semblent indiquer que l�ap�tre voulait d�abord terminer ici sa lettre, ou du moins passer aux relations personnelles qui se trouvent � Philippiens 4. Cependant une exhortation fort importante se presse encore dans son c�ur (verset 2), et il y donne cours.

Sur cette sainte joie du rachet� de Christ, qui est une force dans les combats et dans l��preuve et � laquelle Paul exhorte fr�quemment ses fr�res vers la fin de ses lettres, comparez Philippiens�4.4?; 2�Corinthiens�13.11?; 1�Thessaloniciens�5.16. C�est la joie du Saint-Esprit en eux (Romains�14.17?; 1�Thessaloniciens�1.6).

Ces paroles peuvent se rapporter � l�exhortation � la joie qui pr�c�de?; mais il est plus probable qu�il faut les rattacher aux avertissements qui suivent et que Paul avait d�j� fait entendre � ses lecteurs, soit de vive voix, soit autrement. Il ne se lasse point d�y revenir pour leur s�ret� en pr�sence du danger.

Verset 2

Ce sont les m�mes hommes que l�ap�tre d�signe par ces trois noms.

Le premier les marque comme impurs dans leur caract�re et leurs motifs (en Orient, le chien est toujours le symbole de l�impuret�?: Matthieu�7.6?; Apocalypse�22.15)?; le second montre en eux des hommes qui se donnaient � eux-m�mes la mission de travailler dans l��glise (comparez 2�Corinthiens�11.13?; et ci-dessus Philippiens�1.14?; Philippiens�1.15)?; le troisi�me les d�signe comme appartenant au parti des juda�sants, qui faisaient de la circoncision une condition indispensable au salut.

L�ap�tre, par un jeu de mots qui renferme une vive ironie, transforme cette circoncision en une simple incision ou mutilation (tel est le sens du mot traduit par fausse circoncision) et il fait sentir ainsi que c�est � cela, en effet, que se r�duit cette c�r�monie religieuse, d�s le moment qu�on attache tant d�importance � l�acte ext�rieur, mat�riel, en oubliant que la circoncision n�a de valeur que comme signe de la purification du c�ur et de la vie (comparer Philippiens�3.3?; Romains�2.28?; Romains�2.29).

Combien un tel avertissement est encore applicable � tous les genres de formalisme?!

Verset 3

Les chr�tiens sont les vrais circoncis, parce qu�ils le sont spirituellement, dans le c�ur (Romains�2.28?; Romains�2.29?; Colossiens�2.11).

D�s lors leur culte est vivifi� par l�Esprit de Dieu (vrai texte?; comparez Jean�4.23?; Jean�4.24)?; et ils se glorifient en Christ J�sus seul, parce qu�ils ont en lui la r�demption et la justification (1�Corinthiens�1.31?; 2�Corinthiens�10.17), et non en la chair, comme les Juifs qui mettaient leur confiance dans la circoncision et en d�autres privil�ges ext�rieurs (Galates�3.3?; Galates�6.13).

Verset 4

Voir sur cette notion de la chair, par opposition � l�esprit, Romains�1.3, note?; comparez Romains�4.1, note et surtout Romains�8.1-13.

Verset 6

Voil� autant de privil�ges dont Paul aurait pu se glorifier s�il avait voulu s�appuyer sur la chair, c�est-�-dire sur ces choses ext�rieures, sans regarder aux dispositions du c�ur qui seules leur donneraient de la valeur?: lui aussi a �t� circoncis selon la loi d�s l�entr�e de sa vie, �tant Isra�lite de naissance et non seulement pros�lyte comme plusieurs de ses adversaires.

Il appartenait � la tribu de ce Benjamin, le favori de son p�re, qui re�ut de lui une b�n�diction particuli�re (Gen�se�49.27?; Deut�ronome�33.12)?; � cette tribu toujours rest�e fid�le et dans laquelle �tait J�rusalem avec son temple.

H�breu, fils d�H�breux, Paul descendait d�Abraham?; pour la doctrine et pour la stricte observance de la loi, il �tait de la secte aust�re et respect�e des pharisiens (Actes�22.3?; Actes�26.5).

Nul ne l�avait surpass� en z�le, puisqu�il avait pers�cut� l��glise chr�tienne et quant � la justice de la loi, � cette justice que lui opposaient ses adversaires et qui consiste � suivre � la lettre chaque pr�cepte, tandis que le c�ur reste inconverti, Paul �tait sans reproche de la part des hommes.

Verset 7

Ces privil�ges, dans l�intention de Dieu, �taient certainement d�une grande valeur (un gain)?; mais comme Paul en avait abus� par orgueil, il les consid�re maintenant comme une v�ritable perte?: ce qui ne veut pas dire seulement qu�il les a perdus, qu�il y a renonc�, mais qu�ils lui �taient vraiment devenus nuisibles (comparer Jean�9.41 note).

C�est dans ce sens qu�un P�re de l��glise a pu �mettre l�id�e paradoxale que �?les bonnes �uvres sont nuisibles au salut?�, ce qui est vrai si ces �uvres emp�chent l�homme de chercher son salut uniquement en J�sus-Christ.

Verset 8

Le verset 8 n�est pas une simple r�p�tition du verset 7.

Paul veut dire?: �?Ce n�est pas seulement alors dans le premier feu de la conversion, que j�ai consid�r� ces choses comme une perte?; mais encore plus maintenant, apr�s une longue exp�rience de la vie chr�tienne, je regarde toutes choses, tout ce que ce monde pourrait m�offrir, comme une perte. En comparaison de ce que j�ai trouv� dans l�excellence de la connaissance de Christ (Grec?: �?une connaissance qui surpasse tout?�), je m�prise tout le reste comme des ordures?�.

Cette pr�cieuse exp�rience de Paul est le principe universel de la vie chr�tienne. Pour gagner Christ, se l�approprier tout entier, �tre trouv� en lui (verset 9) dans sa communion, au dernier jour, il faut faire la perte de tout ce en quoi l�homme naturel met sa confiance, �tre pr�t � tout abandonner (Matthieu�10.38-39?; Matthieu�16.24?; Matthieu�16.25).

Verset 9

L�ap�tre ayant employ� ce terme?: ma justice, l�explique par celuici?: celle qui me vient de la loi, celle qu�il s�effor�ait d�acqu�rir par l�observation de la loi.

Cette justice ne saurait �tre le fondement de son esp�rance pour l�avenir. Il conna�t une autre justice dont il a �t� mis en possession par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu sur la base de la foi.

Telle est la traduction litt�rale de ces mots dont le sens est suffisamment expliqu� par les autres �p�tres de notre ap�tre (voir en particulier Romains�3.21-28, notes?; Romains�10.3).

Mais pour s�approprier cette justice, il faut �tre trouv� en Christ, dans une communion vivante avec lui par le lien intime de la foi, communion d�crite en traits profonds dans les paroles qui suivent.

Verset 10

Ces paroles, aussi bien que celles du verset 9, se rattachent �troitement au verset 8.

L�ap�tre expose (versets 9-11) ce que c�est que �?gagner Christ?�. C�est d�abord poss�der sa justice (verset 9)?; le conna�tre, lui?; conna�trai la puissance de sa r�surrection, la communion de ses souffrances et de sa mort (verset 10)?; c�est enfin parvenir par lui � la r�surrection des morts?: v�rit�s profondes qu�on doit sonder par la m�ditation et dont il faut faire l�exp�rience pour les comprendre.

Le conna�tre ce n�est point poss�der une simple notion historique et intellectuelle de Christ, mais c�est l�avoir embrass� par une foi vivante, �tre entr� dans une communion intime avec lui (comparer Jean�10.14?; Jean�17.3).

La puissance de sa r�surrection n�est pas seulement cette force divine qui a ramen� le Sauveur d�entre les morts, l�a �lev� � la droite de la majest� de Dieu et qu�il d�ploie pour appliquer � tous ses rachet�s les fruits de sa r�demption (Calvin et d�autres)?; ni seulement l�assurance de notre propre r�surrection fond�e sur la sienne, la victoire sur la mort?; mais encore cette efficace de vie divine par laquelle le Seigneur ressuscit�, en s�unissant � ses membres qui sont sur la terre, fait mourir en eux le vieil homme, ressuscite lui-m�me en eux, y reproduit son image, sa vie, jusqu�au moment o� ils seront consomm�s en lui et �lev�s dans sa gloire (comparer Romains�6.4-11, notes?; et Romains�8.10-11?; Romains�8.17?; 1�Corinthiens�15.21?; 2�Corinthiens�1.9?; 2�Corinthiens�1.10?; Galates�2.20?; �ph�siens�1.18-20?; Colossiens�3.1?; Colossiens�3.4, notes).

Les derniers mots de cette phrase expliquent les premiers. La communion des souffrances de Christ n�est point seulement une appropriation personnelle de ses souffrances par la foi en lui?; c�est une exp�rience r�elle de ses souffrances, par laquelle chacun de ses membres ici-bas devient conforme � sa mort, c�est-�-dire meurt avec lui, condition indispensable pour avoir part � la �?puissance de sa r�surrection ?�?; ou plut�t c�est l� une seule et m�me �uvre de la gr�ce en nous, envisag�e par son c�t� n�gatif, la mort et par son c�t� positif, la vie.

L��tat du chr�tien sur la terre est un �tat de souffrance, au dedans et au dehors. Il porte en tout lieu la douleur du p�ch�?; il souffre de ses propres mis�res et de celles des autres?; il lutte, il succombe comme son Sauveur?; pour lui aussi la croix est l�unique moyen de la victoire. Ces souffrances sont celles de Christ m�me?; il les endure avec ses membres?; c�est le m�me combat, la m�me cause, la m�me force, le m�me but, la m�me couronne acquise par Christ et r�serv�e aux siens (Romains�8.17?; Romains�8.26-27?; 2�Corinthiens�1.5?; Colossiens�1.24?; 1�Pierre�4.1, notes).

Verset 11

Grec?: �?Si comment (en quelque mani�re) je parviendrai � la r�surrection des morts?�.

En un sens la r�surrection des morts est universelle, tous y parviendront (Jean�5.29)?; mais Paul, dans les principaux passages qui traitent de ce sujet, n�envisage que la r�surrection des justes, la consommation du chr�tien tout entier, corps et �me, glorifi� par la puissance de r�surrection et de vie, qui est Christ en lui. Cette esp�rance de l�ap�tre n�est donc que le dernier trait, le couronnement de tout ce qu�il a d�j� exprim� au verset 10.

Mais pourquoi cette tournure dubitative?? Certes, il faudrait �tre bien �tranger aux �p�tres de Paul pour penser qu�il doute de son salut final (comparer entre autres Romains�5.1 et suivants?; Romains�8.16?; Romains�8.28-39?; 1�Corinthiens�3.21-23?; Philippiens�1.5?; Philippiens�1.6?; 2�Timoth�e�4.7-8?; 2�Timoth�e�4.18).

Mais l�assurance de l�enfant de Dieu est une assurance morale, qui d�pend des moyens de gr�ce et non une assurance math�matique.

Il marche par la foi et non par la vue. Sa vie est un combat perp�tuel et qui dit combat, dit danger (2�Timoth�e�2.5). Il doit faire preuve d�une active vigilance, d�une consciencieuse fid�lit�, d�une humble d�pendance de la gr�ce de Dieu, qui seule le gardera et lui assurera la victoire (comparer 1�Corinthiens�10.12?; 1�Corinthiens�9.27 et les belles paroles ci-dessous, versets 12-14).

Verset 14

Voici d�abord la version litt�rale de ces paroles?: (versets 12-14) Non que j�aie d�j� saisi, quoi?? Ce verbe �tant sans objet, les uns suppl�ent tout ce qui pr�c�de (versets 10 et 11)?; les autres, le but (verset 14)?; les autres, le prix (verset 14)?; ou que je sois d�j� perfectionn�?; mais je poursuis, m�effor�ant de saisir?; c�est pourquoi aussi j�ai �t� saisi par Christ (verset 12). Fr�res, je ne m�estime pas moi-m�me avoir saisi (verset 13)?; mais une seule chose?: oubliant les choses, etc.

Ce mot �nergique, absolu?: une seule chose (comparez Luc�10.42), est ordinairement compl�t� par un verbe?: je fais?; d�autres le relient au verset 13?: j�estime une chose?; d�autres le laissent isol�, dans son sens absolu.

Dans ces versets l�ap�tre repr�sente le combat de la foi sous l�image de la course telle qu�elle avait lieu chez les anciens (1�Corinthiens�9.24-27, notes?; et ci-dessus Philippiens�2.16). Par opposition � toute perfection imaginaire, soit l�gale, soit spirituelle, Paul confesse humblement que pour lui la vie chr�tienne est encore un combat et le restera jusqu�au terme.

Ce terme est indiqu� � la fin du verset 14. Paul l�appelle le but et le prix, par o� il entend la perfection (verset 12) Le point de d�part de la course consiste � �tre saisi par Christ (verset 12)?; alors seulement le croyant peut songer lui-m�me � saisir le prix (Il est bon de remarquer cet emploi du m�me mot en deux sens diff�rents). Il faut, en effet, que l�ordonnateur de la course appelle celui qui doit y prendre part, lui ouvre la carri�re, lui assigne sa place, d�o� il s��lancera vers le but. C�est ce que Christ fait pour tous les chr�tiens?; mais cette exp�rience initiale �tre saisi par Christ avait �t� plus frappante chez l�ap�tre Paul, � cause de sa conversion extraordinaire, � laquelle il fait allusion.

J��tais du nombre de ceux qui couraient vers la perdition?; d�j� j�y touchais, j�allais p�rir� alors je fus saisi par Christ qui me poursuivait, tandis que je le fuyais de toutes mes forces� Chrysostome

Cette image pleine de v�rit� explique tout le reste dans les paroles de l�ap�tre?:

Le coureur ne s�arr�te pas � regarder en arri�re pour voir quel espace il a d�j� parcouru, mais il porte les yeux en avant sur l�espace qui le s�pare du but (verset 14). � quoi bon contempler ce qu�il a fait, s�il oublie ce qui lui reste � faire?? Il tend donc vers le but, br�lant du d�sir de le saisir. Quelque vitesse qu�il imprime � ses pieds, il les devance encore du reste de son corps?; pench� en avant (sens du mot grec), il tend les mains vers le but?: c�est ainsi que nous devons courir� Chrysostome

D�apr�s cette image, ce qui est en arri�re et que le chr�tien doit oublier, ce n�est pas seulement le monde et le p�ch�, mais ses propres vertus, ses progr�s r�els, qu�il pourrait �tre tent� de contempler avec complaisance en lui-m�me, tandis qu�il oublierait ses fautes et ses mis�res. Dieu tient devant lui, au terme de la carri�re, le prix glorieux de sa vocation en J�sus-Christ. Y parvenir, le saisir, doit �tre sa seule pens�e, son unique affaire.

Verset 15

Les chr�tiens parvenus � la maturit� doivent �tre unis dans la m�me pens�e et si en quelque chose ils diff�rent, attendre de Dieu la lumi�re�; en cela ils imiteront l�ap�tre et tous ceux qui marchent comme lui (18-17).

Cela est n�cessaire, car plusieurs marchent d�une telle mani�re, Paul le dit en versant des larmes, qu�ils se montrent ennemis de la croix de Christ�; ils marchent vers la perdition, car toutes leurs affections ont pour objet la chair et les choses de la terre (18, 19).

Les chr�tiens au contraire ont leur patrie dans les cieux, d�o� ils attendent leur Sauveur qui couronnera son-�uvre en eux en les rendant semblables � lui dans sa gloire (20, 21).

Tendre � l�unit�, les hommes de la terre et les hommes du ciel (15-21)

�tre parfait ne peut pas, d�apr�s ce qui pr�c�de, s�entendre d�une perfection morale absolue. L�ap�tre emploie souvent ce mot dans le sens de m�r, d�homme fait par opposition � l��tat d�enfant (1�Corinthiens�2.6?; 1�Corinthiens�14.20?; comparez H�breux�5.14).

Paul exhorte ceux qui ont atteint ce degr� de perfection � avoir cette m�me pens�e ou ce m�me sentiment.

Lequel?? Les uns r�pondent en rapportant ces mots aux grandes pens�es exprim�es versets 9-11?; les autres, � celles des versets 12-14, c�est-�-dire que, tout en retenant ferme son �lection et sa vocation en J�sus-Christ, on ne se persuade pas l�g�rement d�avoir saisi le prix?; mais que l�on se p�n�tre, au contraire, avec humilit� et tristesse, de la distance qui nous s�pare encore de l�enti�re sanctification du c�ur et de la vie, � laquelle nous devons tendre sans cesse.

L�une et l�autre interpr�tations ont du vrai. La pens�e dont le chr�tien doit �tre rempli, c�est celle qui ressort de l�exp�rience faite par Paul?: �tre tout entier en Christ, mais reconna�tre et sentir tout ce qui lui manque encore.

Verset 16

�?La m�me pens�e?� (verset 15) dont tous les chr�tiens doivent �tre anim�s, c�est le centre m�me, l��me de la vie nouvelle en Christ.

Si un chr�tien marche selon cette ligne de conduite, dans cet esprit, il se trouve sous la direction certaine de Dieu, sous la discipline de son Saint-Esprit.

Mais sur divers points secondaires de doctrine ou de conduite, il peut y avoir, entre ceux qui suivent cette voie, des diff�rences?; � plus d�un �gard ils peuvent penser autrement, tout en �tant sur le m�me fondement?; cela est dans la nature des choses et ins�parable de la libert� �vang�lique?; l�ap�tre l�admet sans h�siter.

Mais il est tout aussi convaincu que, si des chr�tiens sont r�ellement sur �?le seul fondement que l�on puisse poser?�, conduits par le m�me Esprit de Dieu, ce qui manque � leur connaissance ou � leurs convictions leur sera r�v�l� par cet Esprit, qui les rapprochera toujours plus de l�unit� en toutes choses (verset 15).

En attendant, ils doivent user de support, de charit�, respecter la libert� les uns des autres et surtout conserver l�unit� dans tout �?ce � quoi ils sont parvenus?� (traduction litt�rale). Paul en donne ici lui-m�me un m�morable exemple. Autant il se montre absolu lorsqu�il s�agit de la v�rit� qui constitue l�essence m�me de l��vangile, autant il est large et �loign� de vouloir �touffer les convictions individuelles sous le poids de son autorit� apostolique, quand il a affaire � des opinions secondaires et sinc�res, qui ne diff�rent le plus souvent que par suite d�une connaissance imparfaite (comparer Romains�14.1?; �ph�siens�1.17?; 1�Jean�2.20?; 1�Jean�2.27).

Le texte re�u donne ainsi ce verset?: �?cependant, ce � quoi nous sommes parvenus, marcher selon une m�me r�gle, penser la m�me chose?�. Les mots soulign�s ne sont pas authentiques?; ils ont �t� ajout�s dans l�intention de rendre plus claire la pens�e de l�ap�tre.

Verset 17

Nous n�avons tous qu�un seul Ma�tre, qu�un seul mod�le, Christ (Matthieu�23.8?; 1�Pierre�2.21). Aussi, quand l�ap�tre en appelle � l�exemple de sa propre vie pour que ses fr�res s�y conforment, ce n�est jamais d�une mani�re g�n�rale et absolue, mais, comme ici, relativement � quelque direction sp�ciale et pratique qu�il vient de donner � ses lecteurs (1�Thessaloniciens�1.6?; 1�Corinthiens�11.1).

Il �tait indispensable que les membres les moins �clair�s et les plus faibles de ces jeunes �glises, sortant des t�n�bres du paganisme, eussent dans les ap�tres de J�sus-Christ, de m�me que dans les chr�tiens les plus avanc�s, un exemple vivant de la doctrine et de la vie nouvelles qu�ils pr�chaient.

Aussi les ap�tres n�h�sitent-ils pas � rappeler aux ministres de la Parole qu�ils doivent se montrer les mod�les des troupeaux (1�Timoth�e�4.12?; 1�Timoth�e�2.7?; 1�Pierre�5.3), ce qui implique, pour les fid�les, le devoir, non d�imiter aveugl�ment des hommes, mais de consid�rer avec respect ces serviteurs de Dieu dont les lumi�res, l�exp�rience, la sagesse, la sainte vie sont �videmment des fruits de l�Esprit de Dieu en eux.

Au-dessous du seul Mod�le parfait, il est utile de recevoir le t�moignage vivant de ceux qu�il a le plus enrichis de ses dons. Les paroles qui suivent montrent assez combien l�ap�tre �tait fond� � faire un tel rapprochement.

Verset 18

Soit que l�ap�tre reporte sa pens�e sur les faux docteurs qu�il a d�sign�s auparavant (verset 2), soit qu�il ait en vue d�autres membres indignes de l��glise, qu�il avait eu souvent occasion de reprendre, de vive voix ou par ses lettres, il revient � eux maintenant avec une profonde douleur, afin de mettre en garde les fid�les contre un si pernicieux exemple. Ces hommes faisaient profession de christianisme et pourtant ils �taient ennemis de la croix de Christ.

Il n�y a rien l� de contradictoire, rien qui ne se voie chaque jour encore. Tant qu�il s�agit d�embrasser la doctrine de J�sus-Christ comme un syst�me, ou de professer l��vangile comme une religion de pures formes, les hommes dont parle l�ap�tre sont des amis. Mais d�s qu�il faut admettre dans toute sa signification et toute sa puissance?; d�s qu�il faut consentir � n��tre sauv� que par le myst�rieux sacrifice du Calvaire, qui froisse et brise l�orgueil de la sagesse humaine et de toute propre justice?; d�s qu�il faut prendre cette croix humiliante, la porter � la suite de J�sus, accepter d�y �tre crucifi� avec lui, d�y mourir � soi-m�me, au monde, au p�ch�, alors ces faux amis deviennent aussit�t des ennemis. Or c�est bien l� ce que l�ap�tre entend par ce seul mot, la croix (comparer 1�Corinthiens�1.17?; 1�Corinthiens�1.18?; Galates�2.20?; Galates�5.11-24?; Galates�6.12-14).

L�inimiti� de ces hommes, dont il va caract�riser la vie, lui arrache des larmes de douleur.

Et ces larmes, quel argument nous devons y voir, non de jalousie ou de haine pour de tels hommes, non du d�sir de les maudire, non d�un esprit pouss� par la passion, mais d�un z�le plein de pi�t�. Paul pleure, parce qu�il voit l��glise en danger de se perdre sous de telles influences� Calvin

Verset 19

Quiconque n�a pas �t� affranchi du monde et du p�ch� par la croix de J�sus-Christ, quiconque est ennemi de cette croix, a encore ses pens�es et ses affections sur la terre et dans l�esclavage de ses int�r�ts p�rissables.

Que les convoitises soient alors �lev�es, spirituelles et servent d�aliment � l�orgueil, ou qu�elles rampent sur les objets grossiers des passions charnelles (avoir son ventre pour Dieu d�signe d�une mani�re �nergique les plaisirs de la table), le r�sultat est le m�me, la perdition (comparer Galates�5.21?; Galates�6.8?; notes).

Verset 20

L�ap�tre rattache la description de la vie chr�tienne � ce qui pr�c�de, par cette particule car, comme motivant la profonde douleur que lui inspire la conduite de ceux qui n�ont d�affections que pour les choses de la terre.

Le mot traduit litt�ralement par bourgeoisie signifiait aussi chez les Grecs, en un sens d�riv�, le genre de vie, la conduite, surtout dans les affaires publiques?; de la, dans nos vieilles versions, le mot de conversation (conduite).

Le sens litt�ral est celui qui convient le mieux � la pens�e de l�ap�tre?: tandis que les hommes dont il vient de parler ne pensent qu�aux �?choses de la terre?�, le chr�tien a ses pens�es et ses affections dans les cieux, qui sont sa patrie, sa bourgeoisie.

�tranger et voyageur ici-bas, d�pris du monde et de ses avantages, tous ses d�sirs et toutes ses esp�rances tendent vers la possession pleine et enti�re de ces biens �ternels dont il jouit d�j� en partie par sa communion avec son Sauveur et son Dieu. Tout ce qui, sur la terre, est incompatible avec cette vie c�leste vers laquelle il aspire, lui devient de plus en plus �tranger. Aussi sa position actuelle est-elle un �tat d�attente, en vue du moment qui r�alisera tous ses v�ux (comparer 1�Corinthiens�1.7?; 1�Corinthiens�2.13).

Celui qu�il attend, c�est le Seigneur J�sus-Christ, � sa seconde venue et il l�attend comme Sauveur (ou lib�rateur) de tout mal (verset 21). Nos anciennes versions effacent cette nuance de la pens�e (Romains�8.19).

Verset 21

Telle est la r�demption compl�te du rachet� de Christ. Aucun chr�tien ne peut jouir d�une paix parfaite tant que la derni�re trace du p�ch� n�aura pas �t� an�antie en lui et que tout son �tre, l�esprit, l��me et le corps, n�aura pas �t� rendu � sa destination �ternelle, la perfection. De l�, son �tat d�attente?; il attend le Sauveur, qui ach�vera son �uvre en lui.

Paul ne nomme ici que la transformation du corps, parce que ce sera l�, par la r�surrection et la glorification, le dernier acte de l��uvre de Christ. Mais il laisse entrevoir un contraste immense entre le corps actuel et celui de la gloire. Il nomme l�un le corps de notre humiliation, ce que nos versions rendent par �?ce corps vil ?�?; corps humili� en effet, puisqu�il sert d�instrument au p�ch�, qu�il est l�esclave de mille besoins mat�riels, des infirmit�s, de la mort et qu�il doit enfin tomber en poudre et servir de p�ture aux vers.

Paul d�signe l�autre par ce seul mot qui dit plus que toutes les descriptions?: �tre rendu conforme au corps de la gloire de Christ, ou � son corps glorifi� (Comparer, sur ce contraste du corps humili� et du corps glorifi�, 1�Corinthiens�15.42-44).

Ainsi, �?nous lui serons semblables?� en toutes choses (1�Jean�3.2), pourvu que nous lui soyons devenus semblables spirituellement par notre communion avec lui. Quelle destination?!

Ici, comme partout, l��criture nous fait voir dans la r�surrection un acte de la puissance divine de Christ lui-m�me (Grec?: �?selon l��nergie de pouvoir m�me s�assujettir toutes choses?�, y compris la mort). Nous avons appliqu� ce passage � la r�surrection proprement dite, parce que telle est �videmment la pens�e g�n�rale. D�autres, prenant ce mot de transformation dans un sens limit�, pensent que Paul veut parler, ici comme ailleurs (1�Corinthiens�15.52?; 1�Corinthiens�15.53?; 1�Thessaloniciens�4.15-17), de ceux qui vivront lors de la venue du Seigneur et qui, au lieu de ressusciter, seront chang�s. Si cette interpr�tation ne doit pas �tre exclue, elle est loin d�exprimer toute la pens�e de l�ap�tre.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Philippians 3". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/philippians-3.html.