Bible Commentaries
Romains 11

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-36

Plan du commentaire biblique de Romains 11

� qui penserait que Dieu a rejet� le peuple qu�il avait choisi, on peut opposer :

La conversion de l�ap�tre lui-m�me

Lui, Isra�lite des plus authentiques (1).

Les sept mille fid�les du temps d��lie

�lie croyait �tre demeur� seul, l��ternel lui r�v�le qu�il s�est r�serv� sept mille hommes qui n�ont pas fl�chi le genou devant Baal. De m�me, aujourd�hui, un reste d�Isra�lites croyants est sauv� par gr�ce et non par les �uvres (2-6).

Le rejet de la majorit�, effet d�un jugement de Dieu

La majorit� d�Isra�l a �t� endurcie, conform�ment � ce que l��criture disait d�j� de leurs p�res. Sur eux s�est accomplie une mal�diction proph�tique de David (7-10).

Verset 1

Le rejet partiel et temporaire d�Isra�l est l�occasion de la conversion des gentils

Versets 1 � 10 � Dieu n�a pas rejet� son peuple?: un reste est parvenu au salut

Dans les chapitres 9 et 10, l�ap�tre a examin� le douloureux probl�me de l�incr�dulit� d�Isra�l.

Il a affirm�, d�abord, que Dieu restait souverainement libre dans ses rapports avec le peuple qu�il avait �lu?; ensuite, que ce peuple, en rejetant le salut, qui lui �tait offert en J�sus-Christ, s��tait attir� le ch�timent qui le frappe.

Il aborde maintenant le troisi�me point de sa d�monstration, le c�t� lumineux du sujet?: une minorit� d�Isra�l est parvenue � la foi?; le rejet de la majorit� a eu pour cons�quence le salut des gentils, son endurcissement ne durera pas toujours, tout Isra�l sera sauv�.

L�ap�tre cherche � consoler ceux qui jettent un regard plein de douleur vers J�rusalem. Les d�veloppements pr�c�dents ont pr�par� ce r�sultat, mais ne l�ont pas encore atteint. Ils ont r�duit au silence les accusations contre Dieu et ont �tabli � leur place l�accusation contre Isra�l, en r�v�lant sa r�sistance � Dieu et son aveugle inintelligence. Mais ce n�est pas encore l� une consolation. Paul nous a fait descendre dans l�ab�me, maintenant il nous en fait remonter et nous invite � contempler dans le jugement de Dieu sa mis�ricorde et l��uvre b�nie qu�elle accomplira.� Schlatter

Je dis donc?: Dieu a-t-il rejet� son peuple?? Est-ce la conclusion qu�il faut tirer de l�expos� pr�c�dent?? Paul pose la question dans des termes emprunt�s � Psaumes�94.14. Il r�pond par un �nergique?: Non certes?! (grec qu�ainsi n�advienne?!) Il est lui-m�me la preuve (car) du contraire, lui, Isra�lite pur sang, descendant d�Abraham, membre de la tribu de Benjamin, la plus fid�le, avec Juda, des douze tribus (comparez Philippiens�3.5), qui n�en a pas moins saisi le salut qui lui �tait offert en J�sus-Christ.

La conversion par laquelle l�ancien pers�cuteur de l�enlise, l�un des chefs les plus ardents de l�opposition � l��vangile avait �t� transform� en un instrument d� choix, pour porter le nom du Seigneur devant les gentils (Actes�9.15), �tait bien la d�monstration �clatante que ce peuple n��tait pas, comme tel et dans sa totalit�, vou� � un endurcissement irr�m�diable et d�finitif.

D�autres interpr�tes insistent sur le fait que Paul ne mentionne pas sa conversion au christianisme et sur la r�p�tition, au verset 2, de sa d�n�gation?: �?Dieu n�a pas rejet� son peuple?;?� ils consid�rent les mots?: Car moi aussi, je suis Isra�lite, etc., comme une parenth�se qui explique la vivacit� avec laquelle Paul repousse l�id�e que Dieu aurait rejet� son peuple?: je ne puis supporter cette id�e, car moi-m�me je suis un membre de ce peuple.

Verset 2

L�ap�tre r�p�te, ou plut�t r�torque sous forme de n�gation, son interrogation du verset 1.

Aux mots de Psaumes�94.14, Dieu n�a pas rejet� son peuple, il ajoute?: qu�il a pr�connu.

Cette adjonction n�a pas un sens restrictif?: Dieu n�a pas rejet� la portion d�Isra�l qu�il avait pr�connue et qui est son seul vrai peuple.

D�apr�s verset 26 �?tout Isra�l sera sauv�?!?� Le sens n�est pas non plus?: Dieu choisit ce peuple quoiqu�il l�e�t connu d�avance comme un peuple rebelle.

Ici, comme Romains�8.29 (voir la note), pr�conna�tre signifie?: reconna�tre comme sien, c�est l�acte divin qui pr�c�de et conditionne l��lection.

Comparer Amos�3.2, o� le texte h�breu et la version des Septante portent?: �?Je vous ai connus, vous seuls parmi toutes les familles de la terre?�.

Dieu n�abandonne pas tout entier, ni pour toujours, le peuple qu�il a choisi?; c�est ce que prouve l�exp�rience d��lie.

Grec?: ce que l��criture dit en �lie, c�est-�-dire dans le passage o� se trouve l�histoire d��lie.

Comment il porte plainte, grec il se pr�sente devant Dieu, il interc�de aupr�s de Dieu, contre Isra�l.

Irrit� par l�endurcissement d�Isra�l apr�s la grande sc�ne du Carmel et la d�faite des proph�tes de Baal, d�courag� par les menaces de J�zabel, croyant qu�il est rest� seul fid�le � l��ternel, �lie appelle le ch�timent de Dieu sur son peuple qui s�obstine dans l�idol�trie.

Verset 3

Voir 1�Rois�19.10, cit�, pour l�essentiel, d�apr�s les Septante. Paul retranche le commencement?: �?les fils d�Isra�l ont abandonn�?� (H�breu?: �?ont abandonn� ton alliance?�) qui ne trouve pas son application � la conduite actuelle d�Isra�l?; puis il intervertit les deux propositions?: �?ils ont renvers� les autels?� et �?ils ont tu� les proph�tes?�.

Verset 4

La r�ponse divine?; grec l�oracle. Ce substantif ne se trouve qu�ici dans le Nouveau Testament, mais le verbe se rencontre plusieurs fois (Romains�7.3?; Matthieu�2.1?; Luc�2.6?; Actes�10.22, etc.).

La r�ponse de Dieu est cit�e dans les termes de 1�Rois�19.18. Le sens en est l�g�rement modifi�. Aux ex�cutions annonc�es et qui seront faites par Haza�l, J�hu et �lis�e, l��ternel apporte cette restriction?: �?Je laisserai en Isra�l sept mille hommes� ?�

Paul �crit (grec)?: J�ai laiss� pour moi-m�me. Ce compl�ment?: pour moi-m�me, ne se lit ni dans le texte original, ni dans les Septante.

La r�ponse a ainsi plus directement le sens que l�ap�tre veut lui donner?: Dieu s�est r�serv� � lui-m�me, en les emp�chant de tomber dans l�idol�trie, sept mille hommes, qui n�ont point fl�chi le genou devant Baal.

Baal (seigneur) est la divinit� canan�enne au culte de laquelle les Isra�lites se laiss�rent souvent entra�ner.

Baal est habituellement consid�r� comme masculin. Dans notre passage et dans quelques passages des Septante, il est pr�c�d� de l�article au f�minin. On a expliqu� ce fait en disant que Baal �tait � la fois des deux sexes, ayant comme repr�sentants le soleil et la lune. Mais une explication plus naturelle est que les Juifs �vitaient, en lisant les �critures, de prononcer le nom de Baal et lui substituaient?: �?la honte?�. L�article la avertissait le lecteur de cette substitution � faire.

Verset 5

Application de cet exemple historique au temps pr�sent.

De m�me?: les deux situations sont semblables?; donc, on doit conclure que ce qui se passa alors se passe aussi dans le temps pr�sent.

Il y a un reste selon l��lection de gr�ce. Ce reste, c�est la petite minorit� des Juifs qui a reconnu en J�sus le Messie et croit en lui (Romains�9.27). Le mot reste, en grec, d�rive du verbe?: �?j�ai laiss�?� (verset 4).

Il existe un reste (verbe au parfait?: il est devenu et il est l�), c�est-�-dire?: il �?est demeur�?�, ou �?s�est constitu�?�, selon l��lection de gr�ce.

Selon les uns, le reste �?est demeur�?�, a subsist� conform�ment � l��lection de gr�ce, dont le peuple d�Isra�l, comme peuple, avait �t� l�objet de la part de Dieu?; son existence prouve que l��lection n�avait pas �t� annul�e Suivant les autres, le reste �?s�est constitu�?�, s�est form�, par l�application du principe de l��lection de gr�ce, Dieu choisissant, du milieu du peuple qui persistait dans l�incr�dulit�, ceux qui parvenaient � la foi et qui formaient ainsi un peuple nouveau.

On objecte � cette derni�re explication que, dans les chapitres 9-11, il n�est question que de l��lection des peuples et non de celle des individus.

Mais au verset 7, l��lection d�signe bien les individus �lus, qui constituent le reste et qui sont oppos�s �?aux autres?� qui �?ont �t� endurcis?�. La r�flexion incidente du verset 6 s�entend aussi mieux de l��lection individuelle que de l��lection nationale.

Verset 6

Si les Juifs parvenus � la foi chr�tienne ont �t� �lus par gr�ce, ils n�ont � cela aucun m�rite?; ce ne sont pas leurs �uvres qui leur ont valu cette faveur autrement la gr�ce ne serait plus une gr�ce. Comparer Romains�4.4?; Romains�4.5?; Galates�5.4?; �ph�siens�2.8?; �ph�siens�2.9.

B ajoute?: or, si c�est par les �uvres, ce n�est plus une gr�ce?; puisque l��uvre n�est plus une gr�ce.

Dans les autres t�moins du texte qui portent cette adjonction, on lit la derni�re proposition ainsi?: autrement, l��uvre n�est plus une �uvre.

La plupart des critiques estiment que toute la phrase est une note marginale, �crite par un lecteur qui a trouv� int�ressant de retourner le raisonnement de l�ap�tre. Elle n�ajoute rien � la pens�e et alourdit l�argumentation.

Verset 7

Dans versets 7-10, l�ap�tre expose ce qui est arriv� � la masse du peuple. Elle n�a pas obtenu les biens messianiques?; seuls les �lus, qui forment �?le reste?�, y ont eu part. Quoi donc?? que s�est-il donc pass� pour Isra�l dans son ensemble pour la majorit� du peuple?? Le principe non par les �uvres mais par la gr�ce s�est retourn� contre eux.

Ce qu�Isra�l cherche, la justice valable devant Dieu, l�accomplissement des promesses les biens qui constituent le salut, il ne l�a pas obtenu, parce qu�il le cherche par les �uvres?; mais l��lection (les �lus) l�a obtenu, comme une gr�ce (verset 6)?; tandis que les autres, la grande majorit� du peuple, ont �t� endurcis. Le verbe est au passif?; il est inexact de le rendre par?: �?se sont endurcis?�.

Leur endurcissement est l��uvre de Dieu, qui punit ainsi l�incr�dulit� et la r�volte volontaires des Isra�lites (Romains�9.17?; Romains�9.18, note). Cette action divine ne s�est du reste pas tant exerc�e sur les consciences individuelles que sur l��tat g�n�ral du peuple, sur l��me juive, comme nous dirions aujourd�hui.

Les chefs d�Isra�l se sont aveugl�s eux-m�mes et ont �t� frapp�s d�un aveuglement qui fut la cons�quence et la punition de toute leur attitude pr�c�dente?; et ils ont entra�n� la masse du peuple apr�s eux (Zahn). L�id�e que le peuple Juif n�a pu recevoir le t�moignage de J�sus et de ses ap�tres, parce qu�il �tait endurci et aveugl� par un jugement de Dieu, se retrouve dans Matthieu�13.10-15 et dans Jean�12.37-43.

Verset 8

L�ap�tre introduit la premi�re citation par la formule g�n�rale?: il est �crit sans dire o�, parce qu�il compose cette citation de deux passages. Dieu leur a donn� un esprit d�assoupissement est tir� d��sa�e (�sa�e�29.10), le reste de la citation provient de Deut�ronome�29.4. La m�me pens�e se retrouve dans �sa�e�6.9.

Le mot stupeur, torpeur, d�rive d�un verbe (Actes�2.37) qui signifie piquer, percer, causer une vive douleur, dont l�effet peut �tre d�amener � un �tat d�insensibilit�. Quelques-uns traduisent par assoupissement, ce qui est le sens du mot h�breu dans �sa�e�29.10.

Ces passages ne sont pas invoqu�s comme des proph�ties qui n�auraient eu leur accomplissement qu�au temps de J�sus. Ils d�crivent l��tat du peuple � l��poque du proph�te.

L�ap�tre les cite pour marquer la ressemblance des deux �poques et montrer que le ch�timent de la g�n�ration contemporaine n�est pas inou� ni excessif?; il est semblable � celui qui a frapp� ses p�res?; ou plut�t, c�est un seul et m�me jugement qui prolonge ses effets jusqu�� ce jour.

Verset 9

Psaumes�69.23?; Psaumes�69.24. Pour le psalmiste, l�image de la table qui devient un filet, etc., signifiait qu�� une situation prosp�re pleine de jouissances mat�rielles se substituent le malheur et la ruine.

Pour Paul, la table figure la s�curit� puis�e dans les �uvres de la propre justice?; le filet, etc., l�orgueil et l�endurcissement moral avec leurs funestes cons�quences pour le salut.

Des termes destin�s � repr�senter le ch�timent, le premier signifie filet, lacs?; le second, que Paul introduit dans la citation de Psaumes 69 en l�empruntant au Psaumes�35.8 (version des Septante), d�signe la chasse, puis tout moyen employ� pour chasser?: ici le pi�ge du chasseur.

Il faut remarquer encore que Paul renverse l�ordre des deux derniers termes qui, dans l�h�breu et dans les Septante, se suivent ainsi?: une r�tribution et une occasion de chute (grec un scandale, tout moyen de faire tomber).

En r�servant le mot r�tribution pour la fin, Paul accentue l�id�e que la ruine des Juifs est le ch�timent de leur obstination � chercher le salut dans les voies de la propre justice.

Verset 10

Le verset 10 est reproduit textuellement d�apr�s les Septante.

Des yeux obscurcis pour ne point voir sont le jugement fr�quemment prononc� par Dieu contre l�orgueil et l�incr�dulit�.

Courber leur dos � perp�tuit� sous un joug �tranger, sous un fardeau �crasant, sera le juste ch�timent de leur r�volte contre Dieu.

L�ap�tre ne veut pas dire que les Juifs subissent ce ch�timent pour avoir rejet� le Messie, mais au contraire qu�ils sont rest�s insensibles aux appels de J�sus, parce qu�ils �taient d�j� sous le coup de cet endurcissement, punition de leur attitude morale ant�rieure.

Verset 11

La chute d�Isra�l et le salut des gentils

  1. L�amoindrissement d�Isra�l a �t� l�enrichissement du monde. La chute du peuple �lu n�est pas sa fin derni�re. Elle a procur� le salut aux gentils, et cela, pour exciter � jalousie les Isra�lites. Si Isra�l a enrichi le monde quand il a �t� rejet�, combien plus lui sera-t-il en b�n�diction quand il se convertira tout entier (11-12)
  2. Le mobile de l�apostolat de Paul parmi les gentils. S�adressant aux gentils, Paul leur d�clare qu�il cherche � sauver les Juifs en provoquant leur jalousie, parce que, par leur conversion, sera atteint le but qu�il poursuit comme ap�tre des gentils, dans ce minist�re qu�il s�efforce de rendre glorieux (13, 14)
  3. La r�int�gration d�Isra�l. Elle sera une vie d�entre les morts, puisque le rejet d�Isra�l a apport� au monde pa�en la r�conciliation avec Dieu (15)

Exhortation aux gentils � respecter les Juifs dans leur d�ch�ance et � veiller sur eux-m�mes

Les p�res du peuple ont �t� consacr�s � Dieu�; leur saintet� s��tend � leurs descendants, comme la cons�cration des pr�mices sanctifie toute la masse de la p�te et la racine les branches. Si quelques branches ont �t� retranch�es et si tu as �t� rendu participant de la s�ve de l�olivier franc, ne m�prise pas ces branches. Ton orgueil ne changerait rien au fait que c�est la racine qui te porte. Que tu aies �t� ent� � leur place, cela est d� � leur incr�dulit� et � ta foi. Crains donc?: Dieu ne t��pargnera pas, puisqu�il n�a pas �pargn� les branches naturelles (16-21).

Conclusion, dernier avertissement aux gentils, esp�rance relative aux Juifs

L�ap�tre invite les gentils � consid�rer la bont� de Dieu envers eux et sa s�v�rit� envers les Juifs, afin qu�ils pers�v�rent et ne soient pas retranch�s eux aussi. Les Juifs, d�autre part, s�ils ne s�obstinent pas dans leur incr�dulit�, seront ent�s de nouveau sur l�olivier. Dieu est puissant pour les enter. Il a fait l�op�ration contre nature d�enter l�olivier sauvage sur l�olivier franc�; il entera plus s�rement encore, sur leur propre arbre, les branches retranch�es de l�olivier franc (22-24).

Caract�re temporel du rejet d�Isra�l (11-24)

Grec?: Ont-ils bronch� afin qu�ils tombassent??

Le sujet, ce sont les Isra�lites, dans leur majorit�, qui se sont endurcis. Leur chute est-elle d�finitive, irr�vocable?? Non, certes?! (grec qu�ainsi n�advienne?!).

Mais, par leur faute (par le fait m�me et par ses cons�quences qui subsistent) le salut est parvenu, a �t� accord� (le verbe est sous-entendu) aux gentils, afin de (grec) exciter � jalousie eux, c�est-�-dire les Isra�lites.

Tel est le but de la dispensation divine et le r�sultat qu�elle obtiendra un jour (verset 25 et suivants, comparez Romains�10.19, note).

Verset 12

Paul passe aux perspectives lumineuses qu�ouvre devant ses yeux ce salut qui est parvenu aux gentils par la chute des Isra�lites.

Leur faute a �t� la richesse du monde. Leur amoindrissement ou �?�tat d�inf�riorit�?� (l�oppos� de leur pl�nitude future) est devenu la richesse des gentils, des nations pa�ennes.

Comment cela?? La parabole des vignerons infid�les nous l�apprend. �?Le royaume vous sera �t�, dit J�sus aux chefs du peuple juif et il sera donn� � une nation qui en rendra les fruits?� (Matthieu�21.43). Et les ap�tres, conform�ment � ce dessein de Dieu, d�clarent aux Juifs incr�dules?: �?C�est � vous premi�rement qu�il fallait annoncer la parole de Dieu?; mais puisque vous la rejetez et que vous ne vous jugez pas dignes de la vie �ternelle, voici nous nous tournons vers les gentils?� (Actes�13.46?; comparez Actes�18.6).

Et, dans un sens plus profond, c�est bien la faute d�Isra�l, avec sa cons�quence, le crucifiement du Saint et du Juste, qui a fait la richesse du monde.

Si donc le rejet du Sauveur par les Juifs, qui eut pour effet leur amoindrissement, leur exclusion temporaire de l�alliance de gr�ce et qui semblait devoir an�antir les desseins de la mis�ricorde de Dieu, m�me envers le monde pa�en, a pourtant fait la richesse de celui-ci, combien plus leur conversion comme peuple, leur pl�nitude, sera-t-elle une immense b�n�diction pour l�humanit� (Comparer Zacharie�8.13?; Zacharie�8.20?; Zacharie�8.23?; �sa�e�2.2-3?; �sa�e�60.1 et suivants?; versets 15 et 25)?!

Plusieurs interpr�tes prennent le mot que nous rendons par amoindrissement dans le sens de?: �?un petit nombre?� ou de?: �?r�duction � un plus petit nombre?� et entendent par l� soit l��tat d�Isra�l apr�s que les convertis au christianisme se sont s�par�s de leur peuple et l�ont diminu� num�riquement d�autant, soit �?le petit nombre?�, �?le reste?�, la minorit� des Juifs gagn�s � l��vangile.

Si ce �?petit nombre?� (tel serait alors le raisonnement de l�ap�tre) a fait la richesse des gentils, que sera ce de la pl�nitude, c�est-�-dire du retour des Isra�lites � leur nombre complet de la conversion du peuple en son entier?!

On peut objecter � cette interpr�tation que, prendre les termes d�amoindrissement et de pl�nitude au sens quantitatif seulement, ce n�est peut �tre pas les saisir dans leur signification profonde.

Le langage dont Paul se sert nous place sur le terrain de la vie religieuse et morale?: il parle de la faute d�Isra�l, de son �?rejet?� (verset 15, o� se trouve le m�me contraste qu�ici), de son �?retranchement?� (verset 17), de son �?endurcissement?� (verset 25).

Enfin le mot m�me rendu par amoindrissement a toujours un sens f�cheux comme �?d�faite?�, �?perte d�une bataille ou d�un proc�s?;?� l�ap�tre ne l�emploierait certainement pas pour d�signer le petit nombre des Juifs convertis au christianisme.

Verset 13

Or� D et les documents du texte occidental ont car.

Paul s�adresse � ses lecteurs d�origine pa�enne pour faire ressortir encore sp�cialement � leurs yeux les avantages que les nations retireront de la conversion finale d�Isra�l (versets 11-12), et pour leur dire dans quelle pens�e il accomplit, lui, Juif, son apostolat aupr�s d�eux, gentils. Il y a deux mani�res de comprendre ce mobile de son activit�.

  1. Si je travaille avec ardeur � la conversion des pa�ens, c�est pour exciter � jalousie mes compatriotes les Juifs et en sauver quelques-uns.
  2. En tant qu�ap�tre des gentils, je cherche � sauver les Juifs en les excitant � jalousie, parce que la conversion d�Isra�l dans sa totalit� am�nera la consommation du salut pour les nations aussi (verset 15), en d�autres termes si, comme Juif, je souhaite la conversion d�Isra�l, je la souhaite plus encore en tant qu�ap�tre des gentils.

Cette derni�re explication, quoique moins simple, � premi�re vue, �tablit une meilleure liaison entre versets 11 et 12 et verset 15?; elle n�oblige pas � consid�rer les versets 13 et 14 comme une parenth�se.

On comprend aussi mieux que ce soit en tant qu�ap�tre des gentils que Paul invoque ce motif, puisque c�est l�int�r�t des gentils qu�il a finalement et surtout en vue. Sur l�apostolat de Paul parmi les gentils, comparer?: Romains�1.5?; Actes�9.16?; Actes�22.21?; Galates�1.16?; Galates�2.7?; �ph�siens�3.8.

Je glorifie mon minist�re (grec mon service), non en le vantant par des paroles (1�Corinthiens�15.9?; 1�Corinthiens�15.10) ce qui e�t �t� de peu d�effet sur les Juifs, mais en le remplissant d�une mani�re fid�le et efficace. Le but et le r�sultat de l�apostolat que Paul exerce parmi les gentils, c�est, dit-il, d�exciter � jalousie (verset 11 et Romains�10.19) ceux de ma race et de sauver quelques-uns d�entre eux (grec si, en quelque mani�re, j�existerai � jalousie ma chair et sauverai quelques-uns d�entre eux).

Quelques-uns?: ce n�est que dans les derniers temps qu�ils se convertiront tous.

Verset 15

Ce verset r�p�te et d�veloppe la pens�e du verset 12, exprimant, en termes propres, ce que celui-ci disait au figur�.

Leur rejet, c�est leur exclusion par Dieu de l�alliance de gr�ce et non la faute dont ils se sont rendus coupables en rejetant l��vangile. De m�me, le terme oppos� d�signe leur adjonction par Dieu � l��glise form�e des gentils et de l��lite d�Isra�l, leur r�int�gration dans l�alliance et non �?l�accueil?� qu�ils feront � l��vangile, leur acceptation du salut.

Le rejet d�Isra�l a �t� la r�conciliation du monde, parce qu�il a valu aux nations la pr�dication de l��vangile, qui est le message de cette r�conciliation (Romains�5.11?; 2�Corinthiens�5.18-21).

L�adjonction d�Isra�l sera une vie d�entre les morts. L�ap�tre ne dit pas comment. Les interpr�tes �mettent des opinions diverses � ce sujet?; la r�ponse demeurera douteuse jusqu�� l�accomplissement de cette proph�tie.

L�expression?: une vie d�entre les morts rappelle l�admirable description symbolique de �z�chiel�37.1 et suivants Elle est expliqu�e par quelques-uns dans le sens d�une r�novation spirituelle qui s�op�rerait au sein de la chr�tient� d�origine pa�enne, par l�effet de la r�int�gration d�Isra�l.

Mais verset 25 semble annoncer que la conversion de tous les gentils, leur �?pl�nitude?�, pr�c�dera la conversion de tout Isra�l?; et puis, si cette vie d�entre les morts �tait une r�novation spirituelle, cette expression d�signerait un effet semblable � celui qu��non�ait le terme de r�conciliation, or, l�opposition du rejet et de l�adjonction d�Isra�l fait attendre une manifestation plus �clatante et glorieuse de la gr�ce divine.

Aussi la plupart des interpr�tes voient-ils dans cette vie d�entre les morts la vie parfaite des rachet�s, affranchis pour toujours du p�ch� et de la mort. La conversion d�Isra�l sera le dernier acte du d�veloppement du r�gne de Dieu, elle en consommera le triomphe. Elle sera suivie de la r�surrection des morts et de la fin de l��conomie pr�sente (Matthieu�24.14).

Verset 16

La r�int�gration d�Isra�l dans l�alliance de gr�ce, sa conversion totale, que l�ap�tre vient d�annoncer (versets 11-15), est conforme � la cons�cration de ce peuple � Dieu, qui r�sultait de l��lection dont ses p�res avaient �t� l�objet.

L�ap�tre part de ce fait de l��lection d�Isra�l pour exhorter les gentils � respecter ce peuple, m�me dans sa d�ch�ance (versets 17 et 18) et � veiller sur eux-m�mes, de peur qu�un ch�timent semblable ne les atteigne (versets 19-21).

Consid�rant la bont� de Dieu, il montre ensuite la possibilit� de la r�habilitation d�Isra�l, s�il ne s�obstine pas dans son incr�dulit� (versets 22-24).

Les pr�mices, dont il est question ici, �taient une portion que l�Isra�lite devait pr�lever sur la p�te confectionn�e avec la premi�re mouture de l�ann�e. Il en faisait un g�teau qui �tait consacr� � l��ternel et mis � l� disposition des sacrificateurs (Nombres�15.17-21?; L�vitique�23.15-17).

Ces pr�mices �taient par l� m�me saintes et rendaient sainte toute la masse de la p�te, tout le pain dont se nourrissait le peuple de Dieu.

L�ap�tre applique cette image aux anc�tres d�Isra�l dans leur relation avec ce peuple. Il en aper�oit aussit�t une autre, qui lui para�t plus propre encore � rendre sa pens�e parce qu�elle lui permet de distinguer entre les Isra�lites fid�les et ceux qui ne le sont plus, c�est la comparaison de l�olivier, dont les branches participent de la nature de sa racine. Il d�veloppera cette derni�re image dans les versets suivants.

Les pr�mices, la racine, ce sont les patriarches d�Isra�l. Dieu les avait �lus (Gen�se�17.7)?; il avait jur�, en leur faveur, son alliance (Luc�1.73)?; il leur avait destin� le pays de Canaan et leur avait fait toutes les promesses spirituelles attach�es � sa possession. Leur b�n�diction repose sur le peuple (Deut�ronome�7.6-8), m�me apr�s que la masse est d�chue.

Un arbre peut avoir des branches st�riles qui ne l�emp�chent pas de porter encore du fruit (versets 23 et 28?; comparez �sa�e�6.13). Paul retrouve ainsi son affirmation des versets 1 et 11?: Dieu n�a pas rejet� son peuple, Isra�l n�est pas tomb� sans retour.

Verset 17

Il ne vient � la pens�e de personne d�enter un rameau d�olivier sauvage sur un olivier franc.

L�ap�tre se sert de cette image (comparez J�r�mie�11.16) pour montrer d�une mani�re frappante que l�admission des gentils au salut, semblable � cette op�ration contre nature (verset 24), n��tait due qu�� la libre et souveraine gr�ce de Dieu.

Tu as �t� ent� � leur place. Le grec porte?: en elles, ce qui peut s�interpr�ter?: � la place qu�elles occupaient.

Si cette interpr�tation para�t trop libre et si l�on estime que la traduction parmi elles s�impose, il faut supposer que l�ap�tre pensait aux branches qui �taient rest�es sur l�olivier.

De la racine de la s�ve est la le�on de Codex Sinaiticus, B, C. Les autres documents pr�sentent deux variantes qui semblent des corrections. A, Majuscules, portent?: �?de la racine et de la s�ve?�. D, Majuscules, omettent de la racine.

La racine est l�organe par lequel l�olivier tire du sol sa s�ve.

Le mot traduit par s�ve signifie proprement graisse, parce que l�olivier produit un fruit ol�agineux (Juges�9.9).

Par cette image de la graisse ou de la s�ve de l�olivier franc, � laquelle participe l�olivier sauvage, l�ap�tre d�signe la b�n�diction d�Abraham, qui s�accomplit pour les gentils en J�sus-Christ (Galates�3.14).

L�id�e de l�agr�gation des gentils � Isra�l est commune � Paul et aux douze. Elle �tait indiqu�e d�j� par J�sus (Jean�10.16). Paul la rel�ve afin de pr�munir les chr�tiens convertis du paganisme contre toute pens�e d�orgueil (1�Corinthiens�4.7). Ils pouvaient �tre tent�s de m�priser les Juifs incr�dules et rejet�s de Dieu.

Ce que nous appelons l�antis�mitisme se manifestait d�j� dans la soci�t� pa�enne du premier si�cle. Ce d�dain est tellement naturel au c�ur du gentil, que Paul n�a pas grand espoir d��tre ob�i. Il ajoute en effet?: mais si, malgr� tout ce que je puis te dire, tu te glorifies quand m�me, le fait n�en demeure pas moins?: ce n�est pas toi qui portes la racine, mais c�est la racine qui te porte. �?Le salut vient des Juif?� (Jean�4.22).

Verset 19

Tu diras donc,� l�objection est tir�e de l�id�e m�me sur laquelle Paul vient d�insister que les Juifs appartiennent � l�olivier et m�ritent, comme tels, des �gards particuliers.

Des branches ont �t� retranch�es pour me faire place?; l�honneur que Dieu me fait ainsi en est plus �clatant.

Verset 20

Cela est vrai (grec bien?!).

Paul conc�de le fait, mais son assentiment n�est pas sans quelque ironie, car il repousse toute conclusion dont les gentils pourraient tirer orgueil.

C�est l�incr�dulit� des Juifs qui a �t� cause de leur retranchement?; et toi, gentil, tu subsistes (grec tu es debout) � cause de ta foi (Romains�4.16). Ne t�enorgueillis donc point, mais crains (grec ne pense pas des choses �lev�es).

Le premier effet que doit produire sur le croyant la vue d�un s�v�re jugement de Dieu, c�est la crainte?; car quiconque professe de n��tre sauv� que par la foi, sans les �uvres de la loi, reconna�t par l� m�me qu�il est un mis�rable p�cheur et qu�il ne subsiste que par la gr�ce toute gratuite de son Dieu.

Or, le moindre mouvement d�orgueil, par lequel un tel homme s��l�ve au-dessus de ses fr�res, l�expose au p�ril le plus redoutable, puisque, par cette complaisance en lui-m�me, il abandonne le seul terrain sur lequel il peut avoir quelque s�curit�, la gr�ce de son Dieu.

Ainsi, m�me devant les manifestations les plus �clatantes de l�amour de Dieu, le chr�tien ne doit se r�jouir qu�avec tremblement, se rappelant que seul celui qui pers�v�rera jusqu�� la fin sera sauv� (1�Corinthiens�10.12?; Philippiens�2.12?; Colossiens�1.23).

Au lieu de?: il ne t��pargnera pas non plus, D, Majuscules, versions Syriaque portent?: crains� que, de quelque mani�re, il ne t��pargne pas non plus.

Verset 22

Avec ce verset, Paul aborde une sorte de conclusion (donc) fond�e sur la vue de la bont� et de la s�v�rit� de Dieu?: celles-ci sont invoqu�es comme motifs d�une exhortation � la vigilance, adress�e aux gentils (verset 22), puis l�ap�tre exprime l�espoir de la r�int�gration des Juifs (versets 23 et 24).

Grec?: d�apr�s Codex Sinaiticus, B, A, C, etc.?: vois donc la bont� et la s�v�rit� de Dieu?: envers ceux qui sont tomb�s, il y a s�v�rit�?; mais envers toi, bont� de Dieu. Quelques t�moins du texte omettent le compl�ment de Dieu.

Paul invite les gentils, objets de la bont� de Dieu, � pers�v�rer dans cette bont� s�ils ne veulent pas, eux aussi, �tre retranch�s.

Cette exhortation et la menace sur laquelle elle s�appuie, prouvent que, si l��lection divine donne l�assurance du salut, elle n�en laisse pas moins subsister la responsabilit� de l�homme, � tous les degr�s de la vie chr�tienne.

Quand il s�agit de r�veiller les �mes et de leur inspirer une crainte salutaire, Paul ne se laisse pas arr�ter par les conclusions que l�on peut tirer de sa doctrine de l��lection (Romains�8.29-39), par ce que l�on a appel� l�inadmissibilit� de la gr�ce. S�il para�t se mettre ainsi en contradiction avec lui-m�me, il compte sur l�exp�rience chr�tienne pour r�duire � l�unit� cette antinomie (Philippiens�1.12?; Philippiens�1.13).

Verset 23

L�incr�dulit� (comparez verset 20), telle est, dans l�homme, la cause unique de la perdition.

Comment s�accordent la libre volont� de l�homme et la souveraine gr�ce de Dieu, c�est le secret de Dieu qui, un jour, nous sera r�v�l�. Ce que nous savons d�s maintenant, c�est que Dieu est puissant pour accomplir l��uvre de sa mis�ricorde, pour enter de nouveau ceux qui ont �t� retranch�s � cause de leur incr�dulit�.

Verset 24

Ce que Dieu a fait pour les branches de l�olivier sauvage, il le fera plus certainement (combien plut�t) pour (grec) ceux qui sont par nature, sous-entendu?: des branches, des branches de l�olivier franc.

Cette restauration d�Isra�l dans l�alliance de gr�ce, dont l�ap�tre a d�montr� par son argumentation la possibilit� et la probabilit�, il la pr�dit, dans versets 25-32, comme une dispensation certaine de la mis�ricorde de Dieu.

Verset 25

Le myst�re de la conversion de tout Isra�l

L�ap�tre enseigne � ses fr�res ce myst�re?: la chute partielle d�Isra�l ne durera que jusqu�� la conversion de tous les gentils�; cette condition remplie, tout Isra�l sera sauv�, selon la promesse du proph�te (20-27).

L��lection immuable

� les juger d�apr�s la position qu�ils prennent � l��gard de l��vangile, les Isra�lites sont l�objet du courroux de Dieu�;, et cela, � cause des gentils�; mais, comme peuple �lu, ils sont aim�s de Dieu, � cause des patriarches, car les dons et l�appel de Dieu sont irr�vocables (28, 29)

Le plan du salut

Pour prouver l�immutabilit� des desseins divins � l��gard d�Isra�l, Paul �tablit ce parall�le?: de m�me que les gentils, d�abord rebelles, sont maintenant parvenus � la gr�ce, par suite de la r�bellion des Juifs, de m�me les Juifs, maintenant rebelles, obtiendront mis�ricorde, par suite de la mis�ricorde faite aux gentils. Tous �galement ont �t� enferm�s dans la r�bellion pour obtenir mis�ricorde (30-32).

Tout Isra�l sauv�, la mis�ricorde de Dieu �gale pour tous, triomphe (25-32)

Paul introduit, avec solennit�, par une allocution directe, destin�e � en marquer l�importance (fr�res, je ne veux pas que vous ignoriez), l��nonc� d�un fait � venir qu�il qualifie de myst�re.

Cet enseignement confirme (car) ses d�ductions pr�c�dentes.

Un myst�re, dans le langage de Paul, n�est pas un fait ou une v�rit� incompr�hensibles de leur nature. Ce terme sert � d�signer tout ce que l�homme ne peut conna�tre que par une r�v�lation sp�ciale de Dieu mais qui, une fois r�v�l�, est accessible � l�intelligence humaine?: ainsi, la vocation des gentils (Romains�16.25?; �ph�siens�3.3)?; de m�me ici, la conversion de tout Isra�l (comparez Colossiens�2.2?; 1�Corinthiens�15.51?; 1�Thessaloniciens�4.15?; 1�Timoth�e�3.16).

L�ap�tre parle, avec une autorit� proph�tique et une grande assurance, de ces myst�res que l�Esprit de Dieu a d�voil�s � l��glise. Il ne dit pas, comme dans �ph�siens�3.3, que ce soit � lui personnellement que ce myst�re a �t� r�v�l�. Il semble plut�t communiquer aux Romains une r�v�lation d�j� re�ue par d�autres. Peut-�tre cette r�v�lation remonte-t-elle � quelque proph�tie de J�sus lui-m�me.

Paul communique ce myst�re aux Romains, afin, leur dit-il, que vous ne soyez pas sages � vos propres yeux, ou, suivant la variante de B, A,?: en vous-m�mes?; en d�autres termes, que vous ne pr�sumiez pas de votre sagesse, ou que vous ne cherchiez point � d�couvrir la v�rit� par les simples r�flexions de votre intelligence, en vous livrant � des sp�culations oiseuses. Il n�est pas probable que l�ap�tre fasse encore allusion � l�orgueil qui portait les gentils � m�priser les Juifs (verset 18 et suiv?:).

Le myst�re r�v�l�, c�est que l�endurcissement a atteint (grec est arriv� �) une partie d�Isra�l, jusqu�� ce que la pl�nitude des gentils soit entr�e.

Le terme d�endurcissement d�signe une action que Paul attribue � Dieu (verset 7, note).

Ce qu�il a expos� dans versets 1-10, montre dans quel sens cet endurcissement a atteint (grec) en partie Isra�l. Il durera jusqu�� ce que la pl�nitude des gentils soit entr�e.

La pl�nitude des gentils, c�est leur nombre plein, complet, toutes les nations du monde, et, sinon tous leurs repr�sentants individuels sans exception, du moins leur grande masse. Il est arbitraire de limiter cette pl�nitude au nombre total des �lus?; notre passage ne renferme aucune allusion � l��lection individuelle. Cette pl�nitude des nations doit entrer dans l��glise, dans l�alliance de gr�ce.

Verset 26

Et ainsi, cette condition �tant remplie et par l�effet m�me de la pl�nitude des nations, qui excite � jalousie le peuple �lu (versets 11 et 14), tout Isra�l sera sauv�, le peuple dans son ensemble se convertira � l��vangile, en reconnaissant dans un �lan collectif, J�sus de Nazareth comme le Messie.

Ici encore, rien dans le texte n�indique qu�il faille limiter tout Isra�l � ceux des Isra�lites qui sont �lus. Les r�sistances individuelles restent sans doute possibles, car Dieu ne contraint personne au salut?; mais, si l�on ne peut presser les termes de pl�nitude des gentils et de tout Isra�l jusqu�� leur faire signifier tous les individus des deux groupes, il faut se garder de restreindre arbitrairement le sens de ces expressions, par pr�jug� dogmatique, comme le faisaient les r�formateurs, ou par antipathie contre les Juifs, ou encore par incr�dulit�, comme cela n�arrive que trop souvent.

Laissons ces magnifiques promesses de Dieu nous r�v�ler toutes les richesses de sa mis�ricorde?!

Cette conversion de tout Isra�l �tait annonc�e, aux yeux de Paul, dans �sa�e�59.20?; �sa�e�59.21, qu�il cite librement. De Sion signifie du sein du peuple juif, dont J�rusalem �tait le centre. Le texte h�breu porte?: �?� Sion?�, ou �?pour Sion?;?� les Septante?: �?� cause de Sion?�.

Le changement, que l�ap�tre fait � ce texte, lui �tait inspir� par d�autres passages de l��criture, comme Psaumes�14.7?; Psaumes�110.2.

Les mots?: il �loignera de Jacob les impi�t�s, sont tir�s des Septante?; l�h�breu porte?: �?pour ceux qui se convertiront de l�impi�t� en Jacob?�. Voir la suite de ce beau passage, qui annonce l�immutabilit� du dessein de Dieu envers son peuple?; il �tait sans doute tout entier pr�sent � l�esprit de l�ap�tre, quoique les premiers mots seuls soient cit�s.

Puis Paul ajoute cette parole emprunt�e � �sa�e?: (�sa�e�27.9) lorsque j��terai leurs p�ch�s. C�est en �tant les p�ch�s de son peuple, que Dieu affermit son alliance avec lui (comparer J�r�mie�31.33?; J�r�mie�31.34).

Verset 28

Grec?: Selon l��vangile� selon l��lection.

Selon l��vangile, si l�on juge leur situation d�apr�s cet �vangile qu�ils ont rejet� en mettant � mort le Saint et le Juste, ils sont des ennemis, ce mot exprime les dispositions de Dieu envers eux et non leurs dispositions envers Dieu (Romains�5.10, note)?; il est mis en contraste avec?: ils sont des bien-aim�s, �videmment?: bien-aim�s de Dieu.

Dieu aime encore ce peuple, comme tel, selon l��lection de sa gr�ce et � cause du petit nombre des Isra�lites qui toujours rest�rent fid�les et qui, au temps de Paul, avaient re�u l��vangile.

Un second contraste se trouve entre ces deux compl�ments?: � cause de vous, � cause des p�res.

Le sens du second est clair?: les p�res du peuple d�Isra�l, les patriarches, furent les premiers objets de l�amour de Dieu, de son �lection, c�est � eux et � leur post�rit� qu�il a fait la promesse?; et il reporte cet amour sur leurs enfants.

Le sens du premier compl�ment?: � cause de vous est moins �vident?; comment les Juifs peuvent-ils �tre ennemis � cause des gentils??

Nous retrouvons ici la pens�e des versets 11-15, 19, 31, � savoir que Dieu, dans son immense amour, voulant avoir sur cette terre un peuple de rachet�s de toute nation, de toute langue, a, en quelque sorte, suspendu les effets de son alliance avec Isra�l, devenu infid�le, pour appeler � cette destination �?un peuple qui n��tait point son peuple?� et pour �?se laisser trouver de ceux qui ne le cherchaient point?� (Romains�10.20?; Romains�10.21).

Verset 29

Irr�vocables ou �?sans repentir?�, sans retour?; le m�me mot se trouve 2�Corinthiens�7.10.

Ce verset donne la raison (car) de l�affirmation qui pr�c�de (verset 28).

Les dons de Dieu sont les privil�ges qu�il a accord�s � Isra�l pour qu�il devint le porteur du salut?; l�ap�tre les a �num�r�s Romains�9.4?; Romains�9.5.

L�appel de Dieu, c�est l�action par laquelle il a amen� Isra�l � sa connaissance et a fait de lui son peuple. Ces dons et cet appel ne sont point (grec) sujets � repentir, � r�vocation de la part de Dieu?; les dispositions de Dieu ne changent pas.

Des membres du peuple �lu peuvent d�choir sans an�antir le dessein de la mis�ricorde divine, tout comme un arbre n�est pas d�truit parce que des branches st�riles ou s�ches en sont retranch�es (verset 17 et suivants). Tel sera Isra�l comme nation, jusqu�� la fin de l��conomie pr�sente?; toutes les promesses que Dieu lui a faites seront accomplies par sa conversion et par les b�n�dictions dont il sera encore la source pour l�humanit�.

Verset 30

L�ap�tre termine son expos� par une vue g�n�rale du plan de Dieu (versets 30-32), o� il met en parall�le les destin�es divergentes et pourtant analogues des gentils et d�Isra�l.

La d�sob�issance, ou r�bellion, est le p�ch� principal des pa�ens qui ne se soucient pas de conna�tre Dieu (Romains�1.28, suivants?; �ph�siens�2.2?; �ph�siens�5.6).

Comment la d�sob�issance des Isra�lites a �t� le moyen, pour les gentils, d�obtenir mis�ricorde, c�est ce qui a �t� indiqu� plusieurs fois d�j� (versets 11, 12, 15, 28, notes).

Verset 31

Il y a deux mani�res de construire ce verset. La plus conforme � la disposition de la phrase en grec est de rattacher le compl�ment?: par la mis�ricorde qui vous a �t� faite, � ce qui pr�c�de?; il indiquerait la cause de la d�sob�issance d�Isra�l.

Ce peuple orgueilleux n�a pas voulu croire � un salut tout gratuit, auquel les pa�ens �taient admis au m�me titre que lui?; le message �vang�lique a �t� sa pierre d�achoppement, l�occasion principale de sa chute.

Mais la plupart des commentateurs actuels, pour maintenir le parall�lisme avec verset 30, rattachent le compl�ment � la proposition suivante?: afin que, par la mis�ricorde qui vous a �t� faite, eux aussi obtiennent mis�ricorde maintenant (B, D).

Nous retrouvons la pens�e du verset 11 et suivants?: le salut obtenu par les gentils provoquera la Jalousie des Juifs et les am�nera a la repentance et � la foi, qui permettront � Dieu de leur faire mis�ricorde � eux aussi. C�est le but final (afin que), que Dieu poursuit et qu�il atteindra en d�pit de la d�sob�issance d�Isra�l.

Verset 32

Paul explique et confirme ainsi (car) l�id�e que gentils et Juifs sont dans la m�me position vis-�-vis du salut?: �galement coupables par leur d�sob�issance et �galement les objets de la mis�ricorde divine (versets 30-31).

En m�me temps, il conclut cette partie de son �p�tre (Ro. 9-11), consacr�e � la th�odic�e, � la justification de Dieu et de sa conduite envers les hommes p�cheurs.

Enfin, il r�sume tout l�expos� dogmatique de son �p�tre?: il a prouv� � tous, tant Juifs que gentils qu�ils sont assujettis au p�ch�, que Dieu les a tous enferm�s dans la d�sob�issance comme dans une prison, qu�il les a forc�s � reconna�tre leur mis�re et � en g�mir, afin de pouvoir faire mis�ricorde � tous, c�est-�-dire par pure gr�ce et au moyen de la foi, sans distinction de nationalit�?; car il n�y a pour tous qu�un m�me Sauveur et un m�me salut.

Cette interpr�tation de notre verset est rendue �vidente par le contexte, o� l�ap�tre parle des dispensations de Dieu envers les Juifs et les gentils, consid�r�s comme groupements ethniques et non du sort des individus.

L�expression dont il se sert et qui est imparfaitement rendue par?: tous les hommes (grec les tous), d�signe toutes les sortes d�hommes, qu�ils soient Juifs ou gentils (comparez 1�Corinthiens�9.22). On n�est donc pas fond� d�invoquer ce passage en faveur du salut final de tous les individus.

Dans Galates�3.22, o� Paul �nonce une pens�e analogue?: �?l��criture a tout enferm� sous le p�ch�?�, il ajoute?: �?afin que ce qui avait �t� promis f�t donn�, par la foi en J�sus-Christ, � ceux qui croient?�. Cette voie de la foi demeure, dans tous les cas, l�unique voie du salut.

Jamais coup d��il plus vaste ne fut jet� sur le plan divin de l�histoire du monde. D�abord l��poque de l�unit� primitive, dans laquelle la famille humaine ne forme encore qu�une totalit� indivise?; puis l�antagonisme entre les deux fractions religieuses de l�humanit� cr��s par la vocation d�Abraham?: les Juifs demeurant dans la maison paternelle du monoth�isme, mais avec un esprit l�gal et servile et les pa�ens livr�s � leurs propres voies. Au terme de cette p�riode, l�apparition du Christ d�cidant la rentr�e de ceux-ci au foyer domestique, mais en m�me temps la sortie de ceux-l�. Enfin les Juifs, c�dant aux sollicitations divines et au spectacle du salut dont jouissent les pa�ens graci�s?; et l�universalisme final, dans lequel se r�solvent toutes les dissonances ant�rieures, rempla�ant, sous une forme infiniment sup�rieure, l�unit� primitive et faisant contempler � l�univers la famille de Dieu pleinement constitu�e.� Godet

Verset 33

� profondeur�!

Richesse, sagesse, toute-science de Dieu�! Que ses jugements et ses voies sont incompr�hensibles�! Qui a jamais pu p�n�trer ses pens�es ou lui faire une avance�? (33-35).

� lui la gloire�!

Il est seul le principe et la fin de toutes choses?: gloire lui soit rendue � jamais�! (36)

Doxologie finale (33-36)

Le plan de Dieu pour le salut des p�cheurs, qui s�est d�roul� de degr� en degr� aux yeux de l�ap�tre, p�n�tre tellement son c�ur d��tonnement et d�adoration, qu�il est contraint de donner essor � ses sentiments.

Il le fait dans un chant de louanges, dont les sublimes accents embrassent les hauteurs des cieux et les profondeurs de l�essence divine. Son regard plonge dans un ab�me?; � profondeur?! Il d�couvre d�abord la richesse de Dieu, c�est-�-dire, probablement, l�abondance des moyens qu�il a d�atteindre son but?: le salut de l�homme d�chu?; puis la sagesse de Dieu qui con�ut le plan de la r�demption (1�Corinthiens�2.7), enfin la connaissance qui lui permet de discerner les conditions de son ex�cution et d�termine � l�avance les voies et les moyens de l�ex�cuter.

Quelques-uns consid�rent le mot richesse comme un compl�ment qualificatif de profondeur?: � profondeur de richesse, c�est-�-dire?: �?� profondes richesses?�, et de la sagesse et de la connaissance.

Pour admettre cette construction, il faudrait pouvoir regarder comme inauthentique le et devant de la sagesse (plusieurs t�moins occidentaux du texte l�omettent). Si on le maintient, la coordination des trois compl�ments?: richesse, sagesse, connaissance, semble s�imposer.

Les jugements de Dieu, qu�il exerce m�me sur les siens pour les �prouver et les m�rir en vue de la vie �ternelle, sont insondables, ils pr�sentent souvent � l�esprit born� de l�homme des myst�res qu�il ne peut scruter jusqu�au fond.

Ses voies enfin, par les quelles il conduit l�humanit� et poursuit l�ex�cution de ses desseins, sont incompr�hensibles, imp�n�trables (grec on n�en peut suivre les traces).

Verset 34

L�ap�tre confirme (car) ce qu�il vient de dire du caract�re insondable des voies de Dieu, en posant deux questions, dont les termes sont emprunt�s � l��criture, mais qu�il n�introduit cependant pas par une formule de citation.

La question du verset 34 est tir�e d��sa�e (�sa�e�40.13), cit� presque textuellement d�apr�s les Septante?; celle du verset 35 est tir�e de Job�41.2. Dans ce dernier passage, c�est Dieu lui-m�me qui d�fie l�homme?: �?Qui m�a pr�venu pour que je le lui rende???� L�ap�tre pose lui-m�me cette question au nom de Dieu.

Verset 36

L�ap�tre motive la r�ponse n�gative que l�on doit faire � la question pos�e?: parce que c�est de lui et par lui et pour lui que sont toutes choses?; il les a cr��es, il les produit incessamment, il les dirige toutes, il est leur but supr�me?: ou, si l�on pr�f�re limiter le sens de ces expressions � l��uvre du salut dans l�homme et dans l�humanit�, il en a pris l�initiative, il la r�git et l�ex�cute, il en est la fin derni�re.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Romans 11". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/romans-11.html.