Bible Commentaries
Romains 3

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-31

Verset 1

Cette objection naissait de ce qui pr�c�de (donc). Paul la pressent dans l�esprit du lecteur, car c��tait une opinion g�n�ralement re�ue et du reste fort vraisemblable, que le peuple �lu de Dieu devait avoir quelque avantage sur les pa�ens.

Or, Paul vient de montrer que sa condition en pr�sence de la loi et du jugement est la m�me que celle des gentils.

Les deux termes de la question?: quel est l�avantage du Juif, ou quelle est l�utilit� de la circoncision?? expriment au fond la m�me id�e?; la circoncision �tant le signe de l�alliance de gr�ce qui comprend tous les privil�ges du Juif, Paul la mentionne sp�cialement, pour donner plus de poids � l�objection.

Verset 2

Cet avantage, s�il ne consiste pas � �tre exempt� du jugement, n�en est pas moins r�el?: il est grand, multiple (grec beaucoup) de toute mani�re, dans sa vari�t�, il s��tend � toutes les sph�res de la vie, nationale, domestique, individuelle o� se fait sentir l�influence religieuse et morale de l�alliance accord�e par Dieu � son Peuple, de sa volont� r�v�l�e par la loi, de l�esp�rance du Sauveur promis.

Et d�abord (grec premi�rement) en ce que les oracles de Dieu leur ont �t� confi�s?; ou, comme on peut traduire plus litt�ralement?: �?ils ont �t� faits d�positaires des oracles de Dieu?�, �?ils les ont re�us en d�p�t de confiance?�. L�ap�tre se proposait d�abord d��num�rer les privil�ges du peuple �lu?; mais il trouve ce premier avantage tellement grand et renfermant si bien tous les autres, qu�il ne sent pas le besoin de poursuivre l��num�ration annonc�e par le mot premi�rement?; il la fera � Romains�9.4-5 o� il pr�sentera quelques-uns des multiples aspects de l�avantage du Juif.

Les oracles de Dieu, qu�il mentionne ici, sont ses r�v�lations, sa Parole, surtout les proph�ties concernant l��tablissement de son r�gne et le salut du monde. Ils constituent l�immense pr�rogative que Dieu a accord�e � son peuple (Psaumes�147.19-20?; Psaumes�78.5 et suivants?; Actes�7.38).

Verset 3

Qu�est-ce � dire, en effet?? grec car quoi??

Si quelques-uns n�ont pas cru� L�acte d�incr�dulit� auquel il est fait allusion, ne peut �tre que le rejet du Messie J�sus, crucifi� � la demande des Juifs?; c�est ce qui ressort du verbe au pass� d�fini (aoriste) et de la mention, au verset 2, des �?oracles de Dieu?�, dont les promesses messianiques �taient le contenu principal.

�?L�avantage?� des Juifs aurait paru dans toute sa grandeur, s�ils avaient cru. Croire est l�indispensable condition pour recevoir toute gr�ce de Dieu?; c�est par la foi que l�homme s�approprie cette gr�ce. Mais leur incr�dulit� (Grec?: leur infid�lit�) ne d�truit point la fid�lit� de Dieu.

Dieu ne retire pas ses promesses, leur accomplissement final manifestera sa fid�lit� avec d�autant plus d��clat. Les incr�dules d�entre les Juifs se privent de la gr�ce, mais l�alliance de Dieu avec son peuple subsiste?; rien n�est chang� de la part de Dieu.

J�sus met dans la bouche de son P�re, � l�adresse des Isra�lites qui refusaient de se repentir et qui �talent repr�sent�s par le fils alli� de la parabole, ces mots?: �?Mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce que j�ai est � toi?� (Luc�15.31).

Et m�me apr�s que le peuple �lu eut crucifi� le Messie et qu�il e�t affirm� son incr�dulit� en s�opposant � l��vangile, son endurcissement n��tait que partiel et momentan�?; c�est ce que Paul donne � entendre, en d�signant les Juifs qui n�ont pas cru par le mot?: quelques-uns. Il veut insinuer que Dieu n�a pas rejet� son peuple comme tel, mais que ce peuple est destin� � rentrer un jour, d�une mani�re effective, dans l�alliance �ternelle et indestructible de son Dieu. Cette pens�e sera d�velopp�e � Romains 11.

Verset 4

Non certes (grec)?; que cela n�arrive?! loin de nous cette pens�e?! D�n�gation �nergique, famili�re � Paul.

Mais plut�t, que Dieu soit reconnu v�ridique (grec mais que Dieu devienne vrai)?; que toute la v�rit� soit de son c�t�.

La citation est tir�e du Psaumes�51.6.

Au lieu de?: quand tu es jug�, on pourrait traduire?: �?quand tu intentes un proc�s?� � l�homme. Tel est le sens de l�h�breu qui porte?: �?dans ton juger?�.

C�est aussi, probablement, la pens�e de la version des Septante que Paul cite ici litt�ralement et o� le verbe doit �tre consid�r� comme ayant la forme moyenne et non passive.

M�me si l�on pr�f�re, comme nos versions fran�aises, y voir un passif?: quand tu es jug�, quand on te met en cause, ce sens convient parfaitement � l�argumentation de l�ap�tre.

En effet, dans l�objection qu�il r�fute Dieu est jug�, accus� de n��tre pas fid�le � son alliance avec Isra�l?; mais il sera reconnu juste (grec justifi�), il triomphera (grec vaincra), il aura gain de cause et tout homme sera reconnu menteur (Psaumes�116.11), dans cette accusation qu�il se permet d��lever contre Dieu, comme dans l�ensemble de sa conduite contraire � la loi divine.

Le mensonge, c�est la r�sistance consciente � la v�rit�, � la volont� de Dieu, au bien moral. C�est par l� que les Juifs qui n�ont pas cru ont perdu leur privil�ge de membres du peuple �lu. La justice de Dieu sera glorifi�e dans leur condamnation, de m�me que sa fid�lit� le sera en ceux qui auront part aux biens de l�alliance.

Verset 5

En donnant cours � sa col�re, grec en infligeant la col�re.

Cette seconde objection se d�duit naturellement de la r�ponse � la premi�re (verset 4). En effet, si l�incr�dulit� de l�homme sert � manifester la fid�lit� et la justice de Dieu, Dieu a-t-il encore le droit de l�en punir (verset 7)??

N�est il pas injuste quand il punit?? Paul r�pond au verset 6, mais auparavant il s�excuse, entre parenth�ses, de poser une telle question?; la supposition que Dieu pourrait �tre injuste lui para�t blasph�matoire?; elle froisse sa conscience d�licate. En l��mettant, il parle � la mani�re des hommes, il exprime les pens�es que sugg�re la raison aveugles par le p�ch� (Matthieu�16.23?; 1�Corinthiens�2.14).

Verset 6

Si l�on admettait que Dieu n�a pas le droit de punir les p�ch�s qui finissent par concourir � sa gloire, le jugement du monde deviendrait impossible, car Dieu tire continuellement le bien du mal que les hommes avaient pens� faire (Gen�se�50.20), et tout p�cheur pourrait all�guer comme excuse que son p�ch� a eu finalement un bon effet et a servi � glorifier Dieu.

On pourrait r�pondre aussi que jamais le p�cheur n�a l�intention de glorifier Dieu par ses iniquit�s et que c�est malgr� lui que ce r�sultat est atteint?; que, par cons�quent, sa responsabilit� demeure enti�re.

Mais Paul voulait moins produire une r�futation en forme de l�objection �nonc�e au verset 5. qu�exprimer en termes �nergiques les cons�quences absurdes auxquelles elle aboutissait.

Verset 7

Comparer verset 4, note.

L�ap�tre, se mettant au point de vue des adversaires explique et prouve (car) l�argument qu�il vient d�avancer au verset 6?: si Dieu n�a plus le droit de punir parce qu�il tire le bien du mal, le jugement du monde devient impossible, car, � ce compte-l�, tout p�cheur peut dire � Dieu?: le fait que je suis convaincu de mensonge, d�infid�lit� envers toi, accro�t ta gloire de Dieu v�ridique et fid�le?; pourquoi suis-je encore jug� comme p�cheur??

Codex Sinaiticus, A, portent?: �?mais si la v�rit� ?� Cette le�on adopt�e par Tischendorf, Wescott et Hort, Nestle, pr�sente la pens�e du verset 7 comme une nouvelle objection, mais cette objection ne serait au fond que la r�p�tition de celle du verset 5.

Verset 8

L�ap�tre ach�ve de r�futer l�objection du verset 5, en signalant une conclusion monstrueuse du principe sur lequel elle repose?: on pourrait pr�tendre qu�il faut faire le mal pour qu�il en r�sulte le bien.

Et il y avait vraiment des gens qui n�h�sitaient pas � pr�ter cette opinion � Paul et � ses disciples?: (grec) comme nous sommes blasph�m�s et comme quelques-uns pr�tendent que nous disons.

D�o� pouvait provenir cette calomnie contre l�ap�tre et contre les gentils qu�il avait amen�s � l��vangile??

Sans aucun doute du fait qu�ils n�observaient pas les ordonnances de la loi et qu�ils professaient la doctrine du salut gratuit, par la foi seule, sans les �uvres de la loi. Aux yeux des Juifs c��tait faire le mal pour qu�il en r�sulte le bien.

Des affirmations comme celle de Romains�5.20 pouvaient aussi donner lieu � ce reproche?; comparez Romains�6.1.

La condamnation de ces gens-l� est juste. Si l�on rapporte ces mots � ce qui pr�c�de imm�diatement, il faut admettre que l�ap�tre d�clare juste la condamnation, soit de ceux qui le calomnient en lui pr�tant un tel principe, soit de ceux qui pratiquent la maxime?: faire le mal pour qu�il en r�sulte le bien il exprimerait ainsi la r�probation qu�elle lui inspire.

Mais il est plus probable qu�il prononce cette condamnation sur ceux qui accusent Dieu d�injustice et dont il a combattu l�objection dans versets 5-8. Cette sentence cl�t ainsi naturellement son argumentation.

Verset 9

L�universelle culpabilit�

Paul revient � la question de la sup�riorit� des Juifs?: elle ne les emp�che pas d��tre dans la servitude du p�ch�, puisque tous les hommes le sont (9).

La preuve scripturaire

L�ap�tre cite une s�rie de d�clarations de l��criture, qui �tablissent que tous les hommes sont coupables, sans aucune excuse (10-18).

Le r�le de la loi

La loi, qui s�adresse d�abord aux Juifs, est destin�e � �tablir la culpabilit� du monde entier devant Dieu, car personne n�est justifi� par les �uvres qu�elle prescrit�; par elle vient la connaissance du p�ch� (19, 20).

La condamnation de tous les hommes confirm�e par l��criture (9-20)

Avons-nous une sup�riorit�?? par ce nous, Paul entend les Juifs et il se demande s�ils ont une sup�riorit� sur les pa�ens?; il r�pond?: pas � tous �gards, ou pas absolument.

D�autres traduisent?: �?absolument pas?�.

Mais le premier sens est conforme � l�emploi que Paul fait de cette locution dans 1�Corinthiens�5.10, comparez Romains�16.12 (texte Grec) et faire dire � l�ap�tre que les Juifs n�ont �?absolument pas?� de sup�riorit� sur les pa�ens, ce serait le mettre en contradiction avec des paroles dans lesquelles il a reconnu les grands avantages spirituels des Juifs (versets 1 et 2).

Il ajoute maintenant que cette sup�riorit� n�est pas absolue, mais seulement relative, qu�elle n�existe pas � tous �gards et ne s��tend pas � tous les domaines, que pour ce qui concerne le p�ch� et le salut, les Juifs sont sur le m�me pied que les autres hommes.

Leurs pr�rogatives, provenant exclusivement de la gr�ce de Dieu, ne leur conf�rent aucun m�rite, aucune justice devant Dieu (Romains�2.13)?; bien au contraire, elles tournent � la confusion de ceux d�entre eux qui aggravent leur culpabilit� en ne croyant pas (verset 3 et suivants).

Juifs et gentils sont �gaux devant Dieu comme p�cheurs dignes de condamnation, parce que les uns et les autres ont viol� la loi divine, qu�ils connaissaient � des degr�s divers (Romains�1.19-20?; Romains�2.12-15).

D�autres interpr�tes donnent un sens diff�rent au verbe que nous avons rendu par?: avoir une sup�riorit�?; ils le traduisent?: �?avons-nous (quelque chose) � all�guer, � faire valoir en notre faveur???�

On objecte � cette traduction que le r�gime du verbe devrait �tre exprim�. Aussi quelques-uns voient-ils ce r�gime dans le quoi donc?? du commencement du verset?: �?qu�avons-nous donc � all�guer???� Mais la r�ponse � une telle question devrait �tre?: �?rien?� et non?: pas � tous �gards.

Nous avons d�j� accus� dans les deux grands r�quisitoires de Romains 1 et Romains 2.

Verset 10

Les six sentences des versets 10-12 sont tir�es de Psaumes�14.1-3.

On discute si la premi�re?: il n�y a pas de juste, pas m�me un seul, doit �tre consid�r�e comme une citation, ou si c�est une parole de l�ap�tre, que les d�clarations emprunt�es au Psaume confirment.

En effet, le Psaume porte dans les Septante?: �?il n�en est pas qui pratique le bien, pas un seul?�.

Paul aurait modifi� ce texte et �crit?: pas de juste, pas m�me un seul, pour r�sumer la pens�e de tout le morceau?: l�humanit� priv�e de justice devant Dieu.

Cependant, il nous para�t plus naturel de penser que la citation commence aussit�t apr�s la formule?: selon qu�il est �crit.

Apr�s la description g�n�rale de l��tat de p�ch� (versets 10-12), quatre sentences nous montrent cette perversit� qui se manifeste par la parole (versets 13 et 14).

Les deux premi�res sont emprunt�es au Psaumes�5.10. Leur gosier est un s�pulcre ouvert signifie suivant les uns que leur langage exhale une odeur malsaine de cadavre, suivant les autres qu�il est semblable � un gouffre qui demande toujours de nouvelles victimes � engloutir.

Un venin d�aspic est sous leurs l�vres, provient du Psaumes�140.4.

Enfin, verset 14 est une citation libre de Psaumes�10.7.

Verset 15

Les derniers traits du tableau nous pr�sentent la m�chancet� humaine en actes.

Les versets 15-17 sont une citation abr�g�e de �sa�e�59.7-8, d�apr�s les Septante.

Leurs pieds sont agiles ou prompts � r�pandre le sang, c�est-�-dire?: ils courent le r�pandre, ils se h�tent vers le meurtre ou le carnage.

Ils n�ont point connu le chemin de la paix?: le proph�te ajoute?: �?Il n�y a pas de justice dans leurs voies?�. C�est ce qui emp�che que la paix y r�gne.

Verset 18

Cette citation finale est tir�e du Psaumes�36.2?; elle se rapporte aux relations de l�homme avec Dieu et montre la source de toute la perversit� humaine.

Les jugements absolus de l��criture sur l��tat moral de l�homme sont port�s du point de vue de l�id�al, qui est celui de Dieu?; dans un sens relatif, il ne serait pas exact de dire que nul ne cherche Dieu, que nul ne fait le bien, etc.

Verset 19

Le terme de loi d�signe ici, comme 1�Corinthiens�14.21, l�Ancien Testament en g�n�ral et se rapporte aux citations que l�ap�tre vient de faire.

Les Juifs pouvaient objecter que plusieurs des paroles cit�es par Paul avaient �t� dites des pa�ens et non du peuple de l�alliance. Paul revendique le droit de les appliquer aussi aux membres de ce peuple. Les s�v�res jugements de l�Ancien Testament sur les pa�ens n�avaient pas pour but d�enorgueillir les Juifs, mais de les avertir, de leur apprendre que, si leur conduite �tait semblable � celle des pa�ens, les m�mes sentences les atteindraient � plus forte raison.

On a voulu voir dans la loi, dont l�ap�tre parle, la loi de la conscience, parce qu�il ajoute?: afin que toute bouche soit ferm�e. Mais cette interpr�tation m�conna�t?:

  1. que dans toute cette argumentation il est question des Juifs et de leur sup�riorit� sur les pa�ens (versets 1 et 9), le compte des pa�ens ayant d�j� �t� r�gl� � Romains 1?;
  2. que si l�ap�tre emploie la p�riphrase?: �?ce que la loi dit, elle le dit � ceux qui sont sous la loi?�, au lieu de dire simplement?: �?aux Juifs?�, c�est qu�il fait appel au bon sens de ses lecteurs?: nous savons que�

Il est �vident que la loi s�adresse au peuple auquel elle a �t� donn�e.

Quant aux mots?: afin que toute bouche soit ferm�e, on peut les expliquer ainsi?: l�Ancien Testament enseigne aux Juifs la corruption de tous les hommes, afin qu�ils se reconnaissent coupables et perdus et que, eux ayant ainsi la bouche ferm�e, toute bouche le soit �galement, � plus forte raison.

� un point de vue plus g�n�ral, on pourrait se demander si ces descriptions de la corruption humaine s�appliquent �galement � tous les temps et � tous les individus, ou si elles ne sont vraies que des �poques de grande d�pravation et des hommes les plus profond�ment d�chus.

Sans doute, il y a des degr�s dans le mal, mais les plaintes douloureuses exhal�es en tous temps par les serviteurs de Dieu, qui consid�rent leur �poque comme pire que les autres, prouvent l�universalit� et la profondeur de la d�ch�ance humaine.

Dans la nature, un fait qui se r�p�te constamment r�v�le l�existence d�une loi de m�me, les p�ch�s qui se produisent � toutes les �poques ne sont pas dus � des circonstances accidentelles, mais ont leur source dans le c�ur corrompu de l�homme.

Ce qui fait du reste que l�homme a tant de peine � se reconna�tre coupable devant Dieu et � se sentir perdu, c�est qu�il se juge selon d�autres mesures que celles de la saintet� et de la perfection de Dieu qui se refl�tent dans la loi?; de l� le soin que prend l�ap�tre de rappeler cette mesure absolue.

Verset 20

Grec?: Nulle chair ne sera justifi�e�

Cette parole est tir�e du Psaumes�143.2, avec substitution de nulle chair � �?nul homme vivant?�. Elle indique la raison pour laquelle la loi ferme toute bouche et constitue tous les hommes coupables devant Dieu.

La conjonction qui l�introduit signifie?: attendu que et non?: �?c�est pourquoi?;?� nous n�avons donc pas ici la conclusion de ce qui pr�c�de, mais un dernier argument pour r�duire au silence les Juifs, qui pr�tendaient avoir dans la loi et dans les �uvres qu�elle prescrit un moyen d�acqu�rir des m�rites aux yeux de Dieu.

Par les �uvres de la loi personne ne sera justifi�. Certains interpr�tes entendent, par ces �uvres, les c�r�monies prescrites par la loi (circoncision, sacrifices, etc.), dont l�accomplissement ponctuel ne saurait �tre all�gu� par les Juifs comme un moyen de justification.

Mais cette distinction entre ordonnances rituelles et pr�ceptes moraux, les Juifs eux-m�mes ne la faisaient pas et quand Paul parle de la loi, il entend la loi tout enti�re?; et les �uvres de la loi, ce sont tous les efforts que l�homme irr�g�n�r� peut faire en cherchant � accomplir la loi par ses propres forces et � �tre ainsi justifi� devant Dieu, que ces efforts aient pour objet des actions morales ou des observances rituelles.

Ces �uvres ne peuvent le justifier, non parce que la loi elle-m�me est imparfaite, mais parce qu�il n�arrive pas � r�aliser l�id�al moral qu�elle lui pr�sente et parce que ses efforts pour y tendre, n��tant pas inspir�s par le pur amour de Dieu, ne font que d�velopper en lui l�orgueil et la propre justice Notre passage suffirait � prouver que telle est bien la pens�e de l�ap�tre?: il ne peut �videmment parler que de la loi morale, puisqu�il l�oppose � la corruption morale qu�il a d�crite dans ce qui pr�c�de.

La derni�re proposition du verset indique la raison pour laquelle la loi ne procure � personne la justice et dissipe l��tonnement que peut causer cette affirmation absolue. Dieu n�a pas donn� la loi � l�homme comme un moyen de s��lever � la vraie justice, dans l�intention divine, la loi est uniquement destin�e � lui donner une exacte et compl�te connaissance du p�ch�, connaissance fond�e sur l�exp�rience personnelle.

Ce but est atteint chez ceux qui s�appliquent consciencieusement � pratiquer la loi dans toute son �l�vation (Romains�7.7, note).

Verset 21

La justice par la foi en Christ, sa destination universelle

Maintenant, sans nulle participation de la loi, mais confirm�e par la loi et les proph�tes, la vraie justice, donn�e par Dieu, a �t� r�v�l�e?: elle est offerte � tous ceux qui croient en J�sus-Christ (21, 22a)

La justification gratuite au moyen de la r�demption accomplie par la mort de J�sus-Christ

Tous, en effet, sans distinction, �tant p�cheurs et priv�s de la gloire de Dieu, sont justifi�s, sans l�avoir m�rit�, par la gr�ce de Dieu, �tant rachet�s en J�sus-Christ, que Dieu a �tabli, dans sa mort sanglante, comme un moyen de propitiation pour ceux qui ont la foi, parce qu�il voulait d�montrer sa justice, apr�s avoir laiss� les p�ch�s impunis au temps de sa patience et �tre juste tout en justifiant ceux qui croient en J�sus (22b-26)

La justification par la foi en J�sus-Christ, son fondement historique, son accord avec la r�demption de l�Ancien Testament, son pouvoir d�assurer le salut final. 3.21 � 5.11

Versets 21 � 26 � La mort r�demptrice par la foi en J�sus-Christ, nouveau moyen de salut gratuitement offert � tous ceux qui croient

Maintenant, sous la nouvelle Alliance et par la pr�dication de l��vangile (Romains�1.16-17).

Le temps pr�sent est oppos� au pass� (comparez versets 25 et 26), o� ne se manifestait pour les pa�ens (Romains�1.18-32) et pour les Juifs (Romains�2.1-3.8) que la col�re de Dieu, provoqu�e par la corruption universelle (versets 9-20).

D�autres prennent le maintenant au sens logique?: la situation �tant telle qu�elle vient d��tre expos�e (verset 20). Dans ce seul mot s�exprime un profond sentiment de d�livrance et de joie.

Sans la loi, ind�pendamment de cette loi par laquelle vient la connaissance du p�ch� (verset 20) sans qu�elle ait un r�le quelconque � jouer dans l�acquisition de la justice de Dieu, car celle-ci ne consiste pas dans l�accomplissement des �uvres prescrites par la loi.

La justice de Dieu, c�est la justice que Dieu conf�re � l�homme le d�clarant juste en vertu de sa foi en J�sus-Christ.

Comparer Romains�1.17, note. Dans ce dernier passage, Paul dit que la justice de Dieu �?est r�v�l�e?� (verbe au pr�sent), parce qu�il pense au fait actuel de la pr�dication de l��vangile dans le monde. Ici, il dit que cette justice a �t� manifest�e (verbe au parfait?: elle l�a �t� et le reste), parce qu�il fait allusion au sacrifice de J�sus et � toute la mission du Sauveur, qui est accomplie une fois pour toutes, mais dont les effets demeurent.

Bien que manifest�e sans la loi, cette justice nouvelle est si peu en contradiction avec la loi qu�elle (grec) a le t�moignage que la loi et les proph�tes lui rendent depuis des si�cles et qu�elle se trouve en parfaite harmonie avec toute l��conomie de l�ancienne alliance.

C�est ce que l�ap�tre prouvera par des exemples frappants � Romains 4 et par de nombreuses citations tir�es des proph�tes (Romains�9.15-25 et suivants?; Romains�10.20?; Romains�11.26-27).

Verset 22

Marcion et B omettent J�sus devant Christ.

Les mots?: et sur tous ceux, manquent dans Codex Sinaiticus, B, A, C, etc. Tous les critiques, sauf Weiss, les retranchent, mais il est plus vraisemblable qu�ils aient �t� omis par accident qu�ajout�s � dessein?: le premier compl�ment n�avait pas besoin d��tre expliqu� et la pr�sence du deuxi�me compl�ment rend l�interpr�tation plus difficile.

On peut consid�rer les deux pr�positions �?pour tous ceux et sur tous ceux qui croient?�, soit comme des synonymes destin�s � donner par la r�p�tition plus de force � la pens�e?; soit comme formant une gradation?: �?semblable � un fleuve de vie, la gr�ce divine s��tend � tous ceux et d�borde sur tous ceux qui croient?� (Olshausen), ou encore?: �?cette justice de Dieu, il l�envoie pour toi, afin que tu y croies?; et elle repose sur toi, d�s que tu crois?� (Godet).

Quelques interpr�tes mettent une virgule apr�s le premier terme?: �?pour tous et sur tous ceux qui croient?;?� la premi�re pr�position marquerait la destination universelle, dans l�intention de Dieu, de la justice manifest�e en Christ?: elle est offerte � tous les hommes, elle est suffisante pour tous?; la seconde pr�position indiquerait l�application effective de cette justice aux croyants?: elle repose sur tous ceux qui croient.

On peut objecter � cette explication que la foi est une condition indispensable du salut et que, la justice de Dieu ne pouvant �tre destin�e qu�� ceux qui croient, ce compl�ment �tait d�j� sous-entendu, dans la pens�e de l�ap�tre, apr�s la premi�re pr�position.

La foi en J�sus-Christ na�t de la contemplation de J�sus-Christ, en qui Dieu nous r�v�le sa justice?: nous voyons que J�sus veut et peut nous rendre justes et nous mettons en lui notre confiance.

Cette foi devient notre justice, parce qu�elle embrasse Christ et nous procure ainsi tout ce que Christ poss�de lui-m�me.

Point de diff�rence, ni entre Juifs et pa�ens, ni entre les hommes quels qu�ils soient, parce que tous sont p�cheurs (verset 23) et d�pourvus en eux-m�mes de tout moyen de salut. Et comme il n�y a point de diff�rence quant au p�ch� il n�y en a pas non plus quant au moyen de justification (verset 24).

Verset 23

La gloire de Dieu, ce n�est pas seulement la gloire que Dieu donne ou, comme le veut Calvin, la gloire de l�homme devant Dieu, devant son tribunal.

C�est bien la gloire qui appartient en propre � Dieu et que Dieu communique � l�homme. Plusieurs pensent � la gloire que Dieu a donn�e � l�homme en le cr�ant � son image (1�Corinthiens�11.7) et dont l�homme a �t� priv� par la chute.

Mais le verbe au pr�sent?: sont priv�s, fait penser plut�t � la ressemblance avec Dieu que l�homme pourrait avoir actuellement s�il vivait dans une relation filiale avec son P�re c�leste, � l��clat dont brillerait sa vie morale, s�il se montrait par son ob�issance et sa saintet� un fils de Dieu (2�Corinthiens�3.18?; �ph�siens�4.24).

Priv� de la gloire de Dieu, l�homme � la place de Dieu, ne cherche plus que sa propre gloire et celle qui lui vient des cr�atures semblables � lui (Jean�5.44?; Jean�12.43).

Remarque bien ce que dit l�ap�tre?: tous ont p�ch� et sont priv�s de la gloire de Dieu?! C�est l� le point capital de cette �p�tre et de toute l��criture?; c�est dire que tout ce qui n�est pas purifi� par le sang de Christ et justifi� par la foi est p�ch�. Embrasse ce texte car c�est ici que vient p�rir le m�rite des �uvres et toute la gloire de l�homme pour qu�� Dieu seul soit la gr�ce et la gloire.� Luther

Verset 24

Paul aborde avec ce verset l�expos� du grand fait de la r�demption en J�sus-Christ, qui est le moyen de notre justification.

Mais ce fait, il l��nonce dans une proposition subordonn�e, introduite par un simple participe?: �tant justifi�s gratuitement par sa gr�ce�

Quelques-uns voient dans cette proposition participiale le commencement d�une nouvelle phrase, dont la proposition principale se trouverait au verset 27 �?puisqu�ils sont justifi�s gratuitement� o� donc est le sujet de se glorifier???�

Mais il est peu probable que Paul e�t d�j� dans l�esprit la question du verset 27, au moment o� il commen�ait � d�crire l��uvre de Dieu en Christ et toute l�attitude de Dieu envers les p�cheurs dans le pass� et dans le pr�sent.

La proposition participiale?: �tant justifi�s� doit donc �tre rattach�e � ce qui pr�c�de.

Paul introduit d�une mani�re inattendue, comme une derni�re preuve de la perdition de tous les hommes, de leur �galit� dans la condamnation et dans le moyen de leur justification (verset 23), le fait qu�ils sont justifi�s par la pure gr�ce de Dieu.

L�importance que l�ap�tre met � affirmer la parfaite gratuit� du salut est telle, qu�il accumule des termes synonymes, sans crainte du pl�onasme. Le croyant est justifi� gratuitement, par la gr�ce de Dieu, sans que rien soit requis de lui pour m�riter son salut � un litre quelconque.

Au moyen de la r�demption qui est en J�sus-Christ, tout a �t� accompli. Quiconque se l�approprie par la foi, est au b�n�fice de cette �uvre. En effet, pour que l�homme condamn� par la loi, obtienne une justice digne de Dieu (Romains�1.17, note), cette justice doit lui venir de Dieu m�me et lui �tre donn�e gratuitement.

Quelle est la condition imaginable, digne de la saintet� de Dieu, que l�homme puisse remplir?? Il n�en est aucune, car il s�agit pour lui de voir sa condamnation abolie et remplac�e par une justice capable de supporter les regards de Dieu. Or cela est aussi impossible � l�homme qu�il lui serait impossible de cr�er un monde.

Mais l�acte souverain de gr�ce par lequel Dieu justifie le p�cheur, c�est-�-dire le d�clare juste, ne demeure pas en dehors de l�homme, comme s�il s�accomplissait uniquement dans le jugement de Dieu, sans que celui qui en est l�objet en �prouve aucun effet dans sa vie morale.

Le p�cheur s�approprie la justice de Dieu par la foi (versets 22, 25, 26, 28, 30)?; elle lui devient personnelle. L�acte de gr�ce qui le justifie, le transf�re dans un rapport intime, vivant et tout nouveau avec Dieu. Ainsi s�op�re la �?r�conciliation?� de l�homme avec Dieu (Romains�5.10?; 2�Corinthiens�5.19-20?; Colossiens�1.19-22).

Devenu un avec Christ, qui s�est mis � sa place et a souffert pour lui la peine qu�il avait m�rit�e, le p�cheur, � son tour, est admis, par sa foi, � prendre la place de Christ lui-m�me?; il devient �?enfant de Dieu, fils de Dieu, h�ritier de Dieu et coh�ritier de Christ.?� (Romains�8.14-17). Il jouit avec bonheur de la gr�ce et de l�amour de son p�re.

Ainsi commence pour lui une vie intime et sainte, �manant de la justice qui lui a �t� d�abord gratuitement donn�e car il importe de faire cette distinction?: la justification, dont Paul parle ici, n�est point encore cette communication de justice, cet affranchissement graduel du p�ch�, qui est la sanctification.

Cette r�alisation int�rieure de la justice est la cons�quence, le fruit de l�acte de gr�ce par lequel Dieu justifie gratuitement le p�cheur. Elle produit des �uvres impossibles � la loi?; elle est elle-m�me l��uvre par excellence mais elle reste toujours imparfaite ici-bas, toujours entach�e de p�ch�?; elle ne peut donc devenir le moyen de notre justification devant Dieu ni nous donner l�assurance que nous sommes ses enfants.

R�demption signifie rachat, action de racheter. Dans le mot grec est exprim�e l�id�e de ran�on. On se servait de ce terme pour d�signer le rachat d�esclaves ou de prisonniers de guerre au moyen d�une ran�on convenue.

Paul indique au verset suivant quelle est la ran�on qui a �t� pay�e pour nous et qui n�est rien moins que le sang de Christ (verset 25?; comparer?: Matthieu�20.28?; �ph�siens�1.7?; 1�Timoth�e�2.6). Cette ran�on ne peut avoir �t� pay�e qu�� Celui �?devant qui le monde entier est reconnu coupable?� (verset 19).

Verset 25

Notre justification nous est acquise gratuitement, mais elle a n�cessit� une �uvre consid�rable, dont Dieu est l�auteur et que l�ap�tre d�crit dans ce verset.

Dieu a expos� publiquement (d�autres donnent � ce verbe le sens qu�il a dans �ph�siens�1.9 et le rendent par?: �?avait �tabli � l�avance?�, pr�destin� par un d�cret �ternel de sa providence) J�sus-Christ comme moyen de propitiation.

Le terme grec que nous traduisons par moyen de propitiation est un adjectif neutre s�appliquant � tout ce qui sert � rendre propice, � apaiser la divinit� irrit�e?: offrande, victime, sacrifice. Il convient de lui laisser son sens ind�termin�.

Plusieurs interpr�tes, anciens et modernes, Orig�ne, Luther, Calvin, Olshausen, Tholuck, Ritschl, Schlatter, etc., pensent que Paul d�signe par ce mot le propitiatoire, la table d�or qui servait de couvercle � l�arche de l�alliance.

Elle est appel�e en h�breu �?kaporeth?�, c�est-�-dire �?couvercle de propitiation?�, parce qu�elle �?recouvrait?� la loi accusatrice et recevait le sang des victimes au grand jour des expiations, o� le souverain sacrificateur p�n�trait dans le lieu tr�s saint.

Dans la version grecque des Septante, dont Paul se servait, elle est d�sign�e par le mot m�me que nous trouvons dans notre texte (Exode�20.17 et suivants?; L�vitique�16.14 et suivants?; H�breux�9.7-9?; H�breux�9.11-12).

Dieu aurait expos� Christ (ou l�aurait �?�tabli � l�avance?�) comme un tel propitiatoire?; ou plut�t, pour �tre la r�alit� de ce que le propitiatoire de l�arche figurait seulement.

Mais il est peu probable qu�en appliquant le terme de propitiatoire � J�sus-Christ, Paul ait pens� au couvercle de l�arche.

  1. S�il avait voulu d�signer cet objet d�termin�, connu et unique, il aurait employ� l�article devant propitiatoire?;
  2. l��p�tre aux Romains ne se meut pas comme l��p�tre aux H�breux sur le terrain du symbolisme l�vitique?; et si cette comparaison avait �t� famili�re � Paul, on la retrouverait ailleurs dans ses �p�tres?;
  3. il est �trange de comparer J�sus-Christ avec le couvercle de l�arche, d�autant plus que ce n�est pas le couvercle de l�arche, mais uniquement le sang r�pandu sur lui qui est cens� �?couvrir?� les p�ch�s.

Nous ne pensons pas non plus qu�il faille sous-entendre le substantif �?victime?� avec l�adjectif propitiatoire?; il vaut mieux prendre ce mot dans le sens g�n�ral et ind�termin� de moyen de propitiation. Comparer sur l�id�e de propitiation 1�Jean�2.2, note et sur celle de la r�conciliation avec Dieu, 2�Corinthiens�5.19-21, notes.

L�ap�tre ajoute deux compl�ments pour indiquer comment J�sus-Christ est moyen de propitiation?: par la foi, dans son sang.

Les uns unissent les deux compl�ments?: �?par la foi en son sang?�, le sang est l�objet de la foi, c�est au sang de Christ � son sacrifice, � sa mort expiatoire que la foi s�attache, c�est l� le fondement sur lequel elle s�appuie.

D�autres interpr�tes pensent que cette expression?: �?la foi en son sang?�, n�est pas conforme au langage de Paul, qui pr�sente toujours J�sus-Christ lui-m�me comme l�objet de la foi. Ils estiment aussi que, dans ce verset o� l�ap�tre expose l��uvre accomplie en Christ pour nous, c�e�t �t� trop insister sur la foi, condition subjective du salut, que de mentionner encore l�objet de cette foi. Pour ces raisons, ils rapportent les mots?: en son sang, soit � moyen de propitiation?: il est un moyen de propitiation par son sang, soit au verbe?: Dieu l�a expos� dans son sang, dans sa mort sanglante sur la croix.

Paul enseigne donc clairement que le sens et le but de la mort de Christ, c�est d�expier, de couvrir le p�ch�. L�id�e du pardon divin est souvent exprim�e dans l�Ancien Testament par le mot �?couvrir?� le p�ch�. Cette image provient des sacrifices, dans lesquels le sang des victimes �tait cens� couvrir les p�ch�s, les voiler aux regards de Dieu (Psaumes�32.1?; Psaumes�65.4?; Psaumes�78.38?; Psaumes�79.8-9?; J�r�mie�18.23, etc.).

Mais l�ap�tre ajoute aussit�t?: par la foi, afin que le p�cheur, objet de cette immense mis�ricorde, comprenne bien que l��uvre r�demptrice ne doit pas rester en dehors de lui ni lui-m�me rester �tranger � cette �uvre (comparez versets 22 et 24, notes).

Ainsi la voie du salut, enseign�e dans ces versets est renferm�e tout enti�re dans ces trois termes?:

  1. la gr�ce �ternelle et gratuite de Dieu, qui est l�unique cause du salut?;
  2. Christ, que Dieu a expos� dans son sang comme moyen de propitiation et qui est le fondement objectif de ce salut?;
  3. la foi, qui en est la condition subjective, car c�est par elle que l�homme s�approprie personnellement le salut.

Verset 26

Pour la d�monstration de sa justice?; cette expression, deux fois r�p�t�e (versets 25 et 26), indique le but du sacrifice du Sauveur?; Dieu a expos� son Fils comme moyen de propitiation pour d�montrer sa justice.

Par la justice de Dieu, il ne faut pas entendre ici, comme au verset 21, la justification que Dieu accorde gratuitement au p�cheur.

Si telle �tait sa pens�e, Paul parlerait de �?r�v�lation?� ou de �?manifestation?� et non de d�monstration de la justice de Dieu. Ce sens ne s�accorderait du reste pas avec le contexte?: �?parce qu�il avait laiss� impunis les p�ch�s� ?�

La justice est, ici comme au verset 5, l�attribut de Dieu, ins�parable de sa saintet�, qui l�oblige � prendre une attitude n�gative � l��gard du p�ch�, � le punir en frappant le p�cheur, ou � le �?couvrir?� en �tablissant un moyen de propitiation par lequel sa r�probation du mal �clate aux yeux de tous.

La justice divine devait �tre d�montr�e � la conscience humaine par la croix de J�sus-Christ.

Deux circonstances, en effet, pouvaient faire douter de la r�alit� de la justice de Dieu?: dans le pass�, le fait qu�il avait laiss� impunis les p�ch�s commis auparavant (verset 25), dans le pr�sent, le fait qu�il justifie gratuitement ceux qui croient. Dans le pass�, la (grec) non punition des p�ch�s commis auparavant durant le temps de la patience de Dieu. Dieu avait laiss� impunis (grec laiss� de c�t�) les p�ch�s dans les temps qui avaient pr�c�d� la venue de Christ et que Paul appelle le temps de la patience de Dieu.

Cette affirmation semble en contradiction avec le tableau que Paul a trac� de �?la col�re de Dieu, qui se r�v�le du ciel contre toute impi�t� et injustice des hommes?� (Romains�1.18 et suivants).

En fait, une somme effroyable de souffrances, cons�quence du p�ch�, avait pes� lourdement sur l�humanit�. Mais ces souffrances n��taient point un ch�timent �quivalent au p�ch�, elles �taient d�ailleurs in�galement r�parties?; elles n��taient pas proportionn�es aux fautes commises par chaque p�cheur. Aussi les hommes n�avaient-ils pas su, en g�n�ral, voir dans leurs souffrances la punition de leurs fautes.

De plus, quand Paul parle du temps de la patience de Dieu, il consid�re moins les individus que les peuples et l�humanit�?: comme Dieu avait us� de patience envers Isra�l, malgr� ses r�bellions et son incr�dulit�, il avait de m�me us� de patience envers l�humanit� dans son ensemble, en ne la laissant pas rentrer dans le n�ant apr�s sa r�volte (Actes�17.30).

Cette attitude tol�rante de Dieu avait eu pour effet de voiler sa justice, de pousser les hommes � la m�conna�tre, � la nier. Une d�monstration �clatante de cette justice �tait n�cessaire pour r�veiller la conscience des p�cheurs.

Et dans le temps pr�sent, si Dieu justifie gratuitement celui qui est de la foi en J�sus (ce compl�ment?: en J�sus manque dans quelques documents, mais il est certainement authentique), il ne para�t plus comme celui qui est juste, qui maintient l�ordre moral, qui r�compense les bons et punit les m�chants.

Ici �galement, la justice de Dieu a besoin d��tre d�montr�e, pour ne pas courir le risque d��tre r�voqu�e en doute et pour que le croyant lui-m�me puisse se convaincre que le pardon qui lui est accord� n�est pas au d�triment de la justice de Dieu?; en d�autres termes, que ce pardon n�est pas une illusion. Or, par la mort expiatoire de J�sus-Christ, la justice de Dieu est d�montr�e.

L�ap�tre ne dit pas qu�elle est �?satisfaite?�, car il n�enseigne pas que, en mourant, Christ ait subi une peine �quivalente � la somme des p�ch�s que Dieu devait punir. Mais, dans la mort de son fils, Dieu a suffisamment montr� son horreur du p�ch� et la s�v�rit� avec laquelle il le juge?; il a vivement repr�sent� � l�homme le ch�timent qu�il avait m�rit�.

En contemplant la croix, sur laquelle Christ a donn� sa vie pour nous, nous apprenons � conna�tre l��tendue de notre faute, mais nous recevons aussi l�assurance que le pardon de nos p�ch�s, quels qu�ils soient, est une chose possible et certaine.

La r�demption en J�sus-Christ a �t�, comme le dit Tholuck, �?la divine th�odic�e dans l�histoire?�.

Verset 27

Il �te au p�cheur tout sujet de se glorifier, ce qui �tait le but de la loi

C�est par la loi de la foi, non par celle des �uvres, que toute glorification de l�homme est exclue�; donc l�homme est justifi� par la foi et non par les �uvres (27, 28)

�tant le m�me pour gentils et Juifs, il �tablit l�unit� de Dieu, principe fondamental de la loi

Si le salut d�pendait des �uvres de la loi, Dieu serait seulement le Dieu des Juifs. Mais il l�est aussi des gentils, puisque c�est un seul et m�me Dieu qui, par la foi, justifie circoncis et incirconcis (29, 30)

Conclusion

Loin d�annuler la loi par la foi, nous la confirmons (31)

Le nouveau moyen de salut, la justification par la foi, est d�accord avec la loi (27-31)

Grec?: O� est donc la glorification de l�homme.

Le terme de l�original indique moins le sujet de se glorifier que l�acte m�me de se glorifier, c�est-�-dire l�orgueilleuse vanterie de la propre justice (Romains�2.17?; Romains�2.23).

O� est-elle?? La pr�misse sous-entendue de cette triomphante conclusion est impliqu�e dans la d�claration du verset 23, qui r�sumait l�argumentation du morceau pr�c�dent?: �?Tous ont p�ch� et sont priv�s de la gloire de Dieu?�.

Le seul vrai moyen de justification est donc celui qui exclut tout m�rite humain. Or l�accomplissement des �uvres de la loi a pour effet d�exciter l�orgueil et de porter l�homme � se glorifier. Par elle-m�me et par sa destination primitive, la loi de l�ancienne alliance, la loi des �uvres, devait avoir un effet tout contraire.

Elle avait �t� donn�e � l�homme, non pour qu�il s�en f�t un pi�destal, mais pour le convaincre de p�ch� et lui faire sentir son impuissance, en sorte qu�il �?e�t la bouche ferm�e?�. Paul a montr� (versets 9-20) que tel �tait le but de la loi.

Mais ce but la loi des �uvres n�a pu l�atteindre?; il n�est atteint que par le nouveau moyen de salut, la r�demption gratuite, la loi de la foi.

Il en r�sulte qu�il n�y a pas opposition entre la loi des �uvres et la loi de la foi. Les deux tendent au m�me but?: exclure toute glorification.

La seule diff�rence entre elles est que l�une atteint ce but, vainement poursuivi par l�autre.

Or, arracher du c�ur de l�homme cette racine de tout p�ch�, ce n�est pas le moindre bienfait de la loi de la foi?; elle rend le chr�tien humble, tout en lui donnant l�assurance de son salut et en lui ouvrant la source de la saintet�.

Quelle est la loi de la foi?? Le salut par gr�ce. C�est en cela que l�ap�tre proclame la puissance de Dieu, que non seulement il sauve le p�cheur, mais le rend juste sans �uvres et l�am�ne � se glorifier en Dieu, en n�exigeant de lui que la foi.� Chrysostome

Cette expression?: la loi de la foi est semblable � celles-ci?: �?la loi de l�Esprit de vie?� (Romains�8.2) �?�tre sous la loi de Christ?� (1�Corinthiens�9.21) par elle l�ap�tre fait pressentir, ce qu�il d�clarera au verset 31, que la foi implique la loi, non seulement en ce sens que la justification par la foi est une institution de Dieu tout aussi bien que la loi de Mo�se, mais parce que, conform�ment � l�exp�rience que fait le croyant justifi� par la foi, la vie de la foi, la vie en Christ est soumise elle aussi � une loi, que l�on ne peut violer impun�ment.

La loi de la foi prescrit au chr�tien de garder toujours une attitude r�ceptive, d�attendre de la gr�ce de Dieu non seulement le pardon de ses p�ch�s et la justification, mais l�affranchissement graduel du p�ch�, la sanctification, les lumi�res et les forces dont il a besoin pour servir Dieu.

Tout cela est en un sens le don de Dieu, que le croyant doit accepter humblement pour ob�ir � la loi de la foi. Ainsi la loi de la foi exclut chez celui qui l�observe tout sujet de se glorifier.

Verset 28

Cette conclusion (donc) correspond � la pens�e exprim�e au verset 20 et n�est pas moins absolue.

Si l�une est d�sesp�rante pour l�homme, l�autre le rel�ve et le remplit de consolation et de joie.

Les deux moyens de salut?: les �uvres de la loi et la foi qui justifie, s�excluent absolument?; il faut choisir.

Vouloir les unir est une contradiction � la fois logique et morale.

Codex Sinaiticus, A, D, Itala ont car, au lieu de donc.

Il est pr�f�rable de voir dans la d�claration de ce verset une conclusion que les pens�es suivantes (versets 29 et 30) confirment.

Verset 29

� l�appui du nouveau moyen de salut, Paul avance, comme seconde preuve, un argument n�gatif, qu�il introduit par ou bien?: si non, si l�affirmation pr�c�dente n��tait pas fond�e, si l�on soutenait le contraire�

Le salut par la foi s�impose, s�il est vrai qu�il n�y a qu�un seul Dieu, qui n�est pas seulement le Dieu des Juifs, mais le Dieu de tous les hommes.

Les pa�ens, en effet, ne pouvant avoir la pr�tention d�arriver � la justification par les �uvres de la loi mosa�que, qu�ils ne connaissent pas, il en r�sulterait, si le salut d�pendait de ces �uvres, que Dieu serait seulement le Dieu des Juifs?; il n�aurait manifest� les desseins de sa mis�ricorde qu�� ce peuple, � l�exclusion de tous les Gentils, qui n�avaient pas re�u la loi.

Or l�ap�tre, avec les proph�tes et tout l�Ancien Testament, affirme le contraire?: Dieu est le Dieu de tous les hommes. Dans son �ternel amour, il a trouv� un moyen de salut accessible � tous et il les unit tous par un m�me lien spirituel.

En glorifiant ainsi la mis�ricorde de Dieu, l�ap�tre donne, dans ces versets 29 et 30 un argument frappant � l�appui de son affirmation?: l�homme est justifi� par la foi, sans les �uvres de la loi (verset 28).

Verset 30

Puisque, en effet, est la le�on de D, majuscules

Codex Sinaiticus, B, A, C portent?: si vraiment.

Par la foi� au moyen de la foi, l�ap�tre emploie deux pr�positions diff�rentes, dont on peut rendre la nuance en paraphrasant?: �?il tirera de la foi la justification de (grec) la circoncision et op�rera par la foi celle de (grec) l�incirconcision?�.

Pour les circoncis, la foi est le principe de leur justification, pour les incirconcis le moyen.

Calvin voit dans ce changement de pr�position une ironie?: �?Qui ne voudra se passer d�une diff�rence entre Juifs et pa�ens, eh bien?! je lui en baillerai une, c�est que le premier obtient justice de la foi, le second par la foi?�.

La plupart expliquent le changement de pr�position par le d�sir de varier le style.

Verset 31

Ce verset cl�t l�argumentation d�velopp�e dans versets 27-30?: la justification par la foi est attest�e par la loi et les proph�tes (comparez verset 21), car

  1. en �tant � l�homme tout sujet de se glorifier, elle est conforme � la condamnation absolue que la loi prononce sur tout homme (versets 27 et 28)?;
  2. en excluant la justification par les �uvres, qui n�est en aucun cas � la port�e des gentils, elle montre qu�il n�y a qu�un seul et m�me Dieu pour Juifs et gentils et confirme ainsi l�unit� de Dieu que proclame toute la loi (versets 29 et 30).

Apr�s cette double d�monstration, l�ap�tre peut conclure en r�ponse � ses adversaires, Juifs ou jud�o-chr�tiens, qui l�accusaient d�annuler la loi par la foi?: Au contraire nous �tablissons la loi, litt�ralement. �?nous la faisons tenir debout, nous la confirmons?�, en enseignant un moyen de justification qui est d�accord avec ses principes essentiels?: la compl�te indignit� de l�homme et l�unit� de Dieu.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Romans 3". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/romans-3.html.