Bible Commentaries
Zacharie 9

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-17

Plan du commentaire biblique de Zacharie 9

L�avenir d�Isra�l r�tabli jusqu�� la fin des temps (chapitres 9 � 14)

Les anciens savants juifs qui ont form� le recueil des Petits proph�tes, ont attribu� les deux morceaux proph�tiques chapitres 9 � 11 et 12 � 14 au m�me proph�te Zacharie, vivant apr�s la captivit�, duquel provenaient les deux morceaux pr�c�dents chapitres 1 � 6, puis 7 et 8, soit qu�ils les trouvassent d�j� tous r�unis en un seul livre, soit qu�ils eussent des raisons qui leur paraissaient suffisantes pour les attribuer tous au m�me auteur. Mais depuis deux si�cles environ, des doutes s�rieux se sont �lev�s sur cette identit� d�auteur et l�on a cru trouver, dans les deux derniers morceaux, des indices suffisants pour les attribuer, � deux proph�tes vivant, l�un � l��poque d�Os�e en Isra�l et d��sa�e en Juda, l�autre beaucoup plus tard, � l��poque de J�r�mie, ainsi tous deux avant la captivit� de Babylone. De nos jours, une troisi�me opinion a surgi d�apr�s laquelle le dernier morceau, 12 � 14, serait post�rieur � l��poque m�me de Zacharie, le contemporain de Zorobabel et de J�hosua et appartiendrait � un proph�te contemporain de Malachie ou m�me de beaucoup post�rieur � ce dernier. N�ayant pas le droit d�affirmer l�infaillibilit� des anciens savants juifs sur l�opinion desquels s�est form�e la tradition g�n�ralement re�ue chez les Juifs et chez les chr�tiens, nous aurons � examiner impartialement, en �tudiant ces six chapitres, � laquelle de ces situations convient le mieux leur contenu et � formuler, en terminant, nos conclusions.

Chapitres 9 � 11 � L�avenir d�Isra�l jusqu�aux temps du Messie

Le proph�te d�crit d�abord le sort des nations voisines de la Palestine (versets 1 � 7), en contraste avec celui d�Isra�l restaur� (verset 8)?; puis la venue du Roi de paix, le Messie, dans sa ville de J�rusalem (versets 9 et 10)?; il annonce ensuite une victoire merveilleuse des Isra�lites en lutte avec leurs ennemis, en particulier avec les Grecs (versets 11 � 17).

Verset 1

Sentence. On a parfois ponctu� apr�s ce mot, comme s�il formait le titre g�n�ral des trois chapitres suivants. Mais le texte h�breu conduit plut�t � le lier � l�expression suivante?: Parole de l��ternel. C�est une d�claration de Dieu qui a le caract�re d�une sentence.

Contre la terre d�Hadrac. Ce mot, qui ne se retrouve nulle part ailleurs et qui avait �t� expliqu� autrefois d�une foule de mani�res, a re�u aujourd�hui sa vraie interpr�tation par le moyen d�inscriptions assyriennes. Il est en effet parl� � plusieurs reprises dans celles-ci d�un pays de Ha-ta-ri-ka comme d�signant une partie de la Syrie, au nord et nord-est de la Palestine. On comprend ainsi les paroles suivantes?: Elle s�arr�te sur Damas?; la menace qui atteint le pays, frappe surtout sa capitale.

L��ternel a l��il sur les hommes. Non pas, comme on a traduit parfois?: Sur l��ternel sont dirig�s les yeux des hommes. Ce qui fait que Dieu frappe les hommes, c�est que lui-m�me les contemple.

Verset 2

Elle s�arr�te aussi sur Hamath. Hamath sur l�Oronte, � 120 kilom�tres au nord de Damas, �tait la ville la plus importante de la Syrie, apr�s la capitale (�sa�e�10.9, note). Cette menace peut �tre plac�e dans la bouche d�un proph�te du temps d�Amos et d��sa�e (comparez les proph�ties semblables de ces deux proph�tes, �sa�e�17.1-14?; Amos�1.3 et suivants)?; dans ce cas, elle aurait �t� accomplie lorsque Damas fut prise une premi�re fois par le roi d�Assyrie, Tiglath-Pil�ser (voir 2�Rois�16.9) et une seconde fois par N�bucadnetsar, peu avant la destruction de J�rusalem. Mais elle peut aussi avoir �t� prononc�e par le proph�te Zacharie, apr�s le retour de l�exil. Il faut alors en voir l�accomplissement � l��poque de la conqu�te de l�empire perse par Alexandre, lorsque la Syrie et Damas, qui en faisaient alors partie, furent occup�es par le corps d�arm�e envoy� par ce souverain sous les ordres de Parm�nion.

Sur Tyr, ainsi que Sidon. La menace continue � se diriger de l�est � l�ouest?; elle arrive maintenant � la Ph�nicie, sur la c�te de la M�diterran�e?; et comme ont �t� nomm�es les deux principales villes de Syrie, ainsi sont nomm�es aussi les deux plus importantes de ce pays. Comparez la note �z�chiel�28.20-26.

Parce que sa sagesse est grande. Par son habilet�, Tyr avait acquis d�immenses richesses et �tendu son commerce dans toute la M�diterran�e. De l� son orgueil extraordinaire qui attire sur elle l�humiliation dont elle est menac�e.

Verset 3

Tyr s�est construit une citadelle. Le proph�te d�signe ainsi, comme l�avait d�j� fait �sa�e�23.4, la nouvelle Tyr, qui avait �t� b�tie sur une �le situ�e � un kilom�tre de la terre ferme et que cette situation et sa muraille de 45 m�tres de haut rendaient presque imprenable. Elle fut assi�g�e par le roi d�Assyrie, Salmanasar, auquel elle r�sista victorieusement pendant cinq ans?; plus tard par N�bucadnetsar, qu�elle arr�ta pendant treize ans et dont il n�est pas dit qu�il parvint � la dompter. Alexandre-le-Grand parvint � s�en emparer, apr�s sept mois de si�ge?; la plupart des habitants furent massacr�s ou vendus, la ville fut livr�e aux flammes, le m�le �lev� par ce conqu�rant pour donner l�assaut ne fut point d�truit et Tyr perdit ainsi sa position insulaire et toute son importance commerciale.

On voit que cette menace peut �tre mise �galement dans la bouche d�un proph�te ant�rieur � l�exil et � N�bucadnetsar et dans celle du Zacharie d�apr�s l�exil, ant�rieur � Alexandre-le-Grand.

Verset 4

Le Seigneur s�en emparera. Par le moyen du conqu�rant, qui lui servira d�instrument.

Il frappera sur mer sa puissance. La puissance de Tyr, qui consistait dans ses flottes, ne pouvait �tre d�truite que sur mer. Il y a une antith�se avec la ville elle-m�me, qui ne peut �tre d�truite que sur terre. L�accomplissement de cette proph�tie sur la destruction de Tyr n�a eu lieu, dans tous les cas, que sous Alexandre et non sous N�bucadnetsar. C�est donc, l� un trait plut�t favorable � l�opinion qui place l�auteur de cette proph�tie apr�s la captivit�.

Verset 5

La sentence divine poursuit sa route en longeant, en quelque sorte, la mer du nord au sud et elle arrive ainsi au pays des Philistins.

Askalon le verra. Litt�ralement?: Qu�Askalon le voie?! Il s�agit du ch�timent de la Syrie et de la Ph�nicie qui vient d��tre d�crit.

Gaza� �kron�. Asdod (verset 6). Toutes les capitales de la conf�d�ration des Philistins. Gath, qui manque, comme dans Sophonie�2.4, �tait probablement d�j� incorpor�e � Juda (voir note Sophonie�2.4).

Son esp�rance?: la ville de Tyr, en qui �kron mettait son espoir de secours.

Plus de roi � Gaza. C�est sur ces mots que l�on se base surtout pour soutenir que cette proph�tie ne peut appartenir qu�� une �poque ant�rieure � la conqu�te de ces contr�es par les Assyriens et par les Chald�ens et provient, par cons�quent, d�un proph�te ant�rieur � l�exil. Mais les Perses qui, depuis la chute de Babylone, dominaient sur ces pays, avaient l�habitude de laisser aux peuples conquis une certaine ind�pendance. Nous savons sp�cialement que, quand Alexandre-le-Grand traversa cette contr�e, Gaza avait un chef (selon Denys d�Halicarnasse) ou un roi (selon H�g�sias), qui lui opposa une r�sistance h�ro�que. Ce prince gouvernait �videmment au nom du roi de Perse. Apr�s une d�fense de plusieurs mois, la ville fut prise et saccag�e. Le proph�te n�oppose pas ici un roi tributaire � un souverain ind�pendant, mais un district ayant son gouvernement propre � un district annex� � la th�ocratie. Le pays des Philistins rentrera d�sormais dans cette seconde cat�gorie.

Verset 6

Une race abjecte demeurera. Le mot que nous traduisons par race abjecte ne se retrouve que Deut�ronome�23.2-3, o� il d�signe un enfant n� d�une union ill�gale. Asdod si fi�re tombera au pouvoir d�aventuriers.

Je retrancherai l�orgueil. Toute cette conf�d�ration philistine, qui avait constamment tenu en �chec le peuple d�Isra�l, sera abaiss�e.

Verset 7

J��terai son sang de sa bouche� Le peuple philistin est personnifi� dans ces mots comme un adorateur des faux dieux qui, apr�s leur avoir offert un sacrifice, boit le sang de la victime et mange la chair offerte � l�idole. La menace qui lui est faite de lui arracher ces aliments impurs, se transforme dans les derniers mots en une promesse. Gu�ri de son idol�trie, le reste du peuple philistin sera incorpor� au peuple de Dieu.

Comme un chef en Juda. Il formera l�un de ces milliers ou groupes de familles gouvern�s par un chef et dont chaque tribu isra�lite renfermait un certain nombre (Mich�e�5.1, note?; 1�Samuel�23.23)?; mais cela ne s�applique qu�au reste du peuple, de m�me que les promesses ne sont jamais faites � Isra�l qu�en vue du reste saint qui subsistera apr�s la purification op�r�e par le jugement.

Comme un J�busien. Pour illustrer cette id�e de l�incorporation du peuple philistin au peuple de Dieu, Zacharie rappelle ce qui s��tait pass� sous David � l��gard des anciens habitants canan�ens de J�rusalem, les J�busiens. Apr�s que David eut pris la citadelle (2�Samuel�5.6), ils se fondirent dans le peuple d�Isra�l, dont ils adopt�rent les m�urs et la religion. Comparez l�histoire d�Arauna, 2�Samuel�24.16 et suivants. Aussi l�Ancien Testament ne les nomme-t-il plus au nombre des peuplades idol�tres de la Palestine.

Si cette proph�tie a un champ aussi limit� que la Syrie, la Ph�nicie m�ridionale et la Philistie, c�est sans doute parce qu�elle est destin�e � rappeler les anciennes promesses relatives au domaine normal du peuple de Dieu. Comparez pour la Syrie Gen�se�15.18?; Deut�ronome�11.21?; �z�chiel�47.15 et suivants. On se demande encore pourquoi il n�est question que des voisins du nord et de l�ouest et non d�Ammon, Moab, �dom, � l�est et au sud. Cela serait bien difficile � expliquer, si notre proph�te vivait � la m�me �poque que les anciens proph�tes, tels qu�Amos et �sa�e, qui ont des menaces si s�v�res pour ces peuples?; tandis qu�apr�s la captivit� ils avaient, en quelque sorte, disparu de la sc�ne, apr�s avoir �t� extermin�s � la suite des conqu�tes babyloniennes.

Verset 8

En face du jugement qui frappera les pays situ�s au nord et � l�ouest de Juda, le proph�te d�crit la protection signal�e que Dieu accordera � son peuple.

Je camperai autour de ma maison. Comme l��ternel avait dit qu�il serait une muraille de feu autour de la nouvelle J�rusalem, il promet ici d��tre comme une arm�e camp�e autour de sa maison. Si ce mot d�signe l�ancien temple, qui, malgr� cette promesse, a �t� d�truit par N�bucadnetsar, il faut attribuer, dans ce cas, le non accomplissement de la promesse � l�infid�lit� d�Isra�l. Si c�est le Zacharie d�apr�s l�exil qui parle ainsi, la maison est le temple que l�on �tait occup� � reb�tir en ce moment m�me et auquel Dieu promettrait sa protection toute sp�ciale jusqu�� l��poque du Messie. Ce second sens est plus naturel et l�accomplissement plus �vident.

Pour �loigner toute arm�e� les allants et les venants. Dieu promet d��carter de J�rusalem et du temple toute arm�e ennemie parcourant, ces contr�es et ravageant la Palestine.

Car maintenant j�ai vu de mes yeux. Il y a ici une opposition entre l�avenir et le pass�, qui s�explique plus facilement apr�s qu�avant la captivit�. Pr�c�demment, dit Dieu, j�ai ferm� les yeux et laiss� faire, de sorte que mon peuple a �t� en proie � ses ennemis?; mais maintenant, mes yeux seront ouverts et je garderai mon peuple� Cette expression rappelle celles qu�avait employ�es Zacharie�3.9?; 4.10, o� les yeux de l��ternel �taient d�j� les embl�mes de sa providence.

Quant � la promesse faite � J�rusalem, on s��tonnerait qu�un proph�te du temps d��sa�e et d�Amos e�t pu promettre une d�livrance aussi compl�te, sans parler en aucune fa�on du jugement qu�annon�aient les autres proph�tes et sans dire que les promesses s�appliquaient, non pas � tout le peuple, mais uniquement au saint reste, � la suite du jugement. En �change l�histoire constate qu�Alexandre-le-Grand, apr�s la bataille d�Issus, suivit avec son arm�e victorieuse la c�te de la Palestine, jusqu�en �gypte, en d�truisant Tyr et Gaza et ne faisant aucun mal � J�rusalem. � travers les crises qui suivirent sous les successeurs d�Alexandre, la ville et le temple furent sans doute momentan�ment occup�s par les Syriens?; mais J�rusalem fut pr�serv�e de la ruine et devint m�me, sous les H�rodes, l�une des villes les plus c�l�bres de l�Orient. Quant aux Philistins, les restes de ce peuple furent incorpor�s � la th�ocratie sous les successeurs des Maccab�es et ils disparurent en m�me temps comme nation. Autant il serait difficile de d�montrer l�accomplissement de la proph�tie, si on la met dans la bouche d�un ancien Zacharie, autant cet accomplissement est manifeste, d�s qu�on l�attribue au Zacharie du temps de Zorobabel et de J�hosua.

Verset 9

La venue du Messie (9-10)

Le verset 8 faisait d�j� penser � l��poque messianique?; car la protection promise au peuple avait pour but de le maintenir jusqu�� cette �poque. Dans les versets 9 et 10, le proph�te voit se d�ployer devant lui l�apparition glorieuse du Messie et la fondation de son r�gne.

Tressaille de joie?! Comme on le fait en allant au-devant d�un monarque aim� et attendu, qui s�approche enfin.

Ton roi vient. J�rusalem avait eu des rois, mais nul d�entre eux n��tait son roi dans le sens vrai de cette expression?: le roi promis de tout temps par l��ternel, celui dont le r�gne se confond avec le r�gne de Dieu ici-bas. Cette expression ton roi vient se comprend mieux dans un temps o� le tr�ne d�Isra�l n��tait pas occup� qu�� l��poque o� il avait un roi visible.

Juste?: non pas seulement celui qui a le droit pour lui ou qui est juste dans sa propre mani�re d�agir, mais, puisqu�il s�agit d�un roi, celui qui fait r�gner la justice. Comparez �sa�e�11.1-5.

Prot�g�. Litt�ralement, sauv� ou aid�?; on cite m�me un mot arabe analogue (participe passif comme celui-ci) qui signifie victorieux. En tout cas, il n�est pas possible de traduire, comme on le fait d�ordinaire?: Sauveur. Le sens est qu�il sera entour� de la b�n�diction divine et, par elle, prot�g�, aid�, secouru et ainsi mis en �tat d��carter de son peuple tout ennemi et de lui procurer toutes les faveurs de Dieu.

Humble?: non pas humili�, afflig�, comme on a expliqu� quelquefois?; une telle expression ne cadrerait pas avec l�invitation du commencement?: R�jouis-toi. Le proph�te continue � caract�riser l�opposition entre ce souverain et les rois de la terre. Non seulement il est juste et puissant en Dieu, mais il est plein de douceur, d�affabilit�, de d�bonnairet�.

Et mont� sur un �ne et sur un poulain d��nesse. En Orient, l��ne n�est pas un animal m�pris� comme chez nous. Dans les premiers temps de l�histoire d�Isra�l, c��tait la monture des princes et des chefs, Juges�5.10?; Juges�10.4?; 2�Samuel�17.23. Ce ne fut que plus tard que le cheval et le mulet furent pr�f�r�s. L��ne est ici le symbole du caract�re pacifique du Roi-Messie, tandis que les oppresseurs, mentionn�s au verset 8, �taient cens�s mont�s sur des chevaux de guerre. Comparez verset 10, qui est �videmment en rapport d�opposition avec celui-ci. Comparez aussi Deut�ronome�17.16 et �sa�e�2.6-9. Le roi vient faire la conqu�te du monde, non l��p�e � la main, mais par le secours de Dieu, en parlant de paix (verset 10). Les deux expressions �ne et poulain d��nesse n�indiquent pas deux animaux diff�rents?; cette r�p�tition est conforme aux lois du parall�lisme en usage dans la po�sie h�bra�que. Il n�est pas n�cessaire d�admettre que Matthieu�21.4-7 exprime une id�e diff�rente.

L�accomplissement, de ce tableau proph�tique n�a pas eu lieu seulement le jour o� J�sus est entr� sur un �non � J�rusalem?: sa vie enti�re a �t� la r�alisation de l�id�al du Roi pacifique trac� � l�avance par Zacharie. Si J�sus a voulu, dans un moment particulier de sa vie, accomplir litt�ralement la proph�tie, c��tait dans le but d�ouvrir les yeux aux plus aveugles.

Verset 10

Je retrancherai d��phra�m. L��ternel, par le moyen du Messie, commencera par se former un peuple d�enfants de paix, du sein duquel la force brutale sera bannie. Puis, il travaillera � �tendre ce r�gne de paix � la terre enti�re. C�est ainsi qu�au Psaume 110 David avait d�j� contempl� le Messie faisant la conqu�te du monde au moyen d�une arm�e de sacrificateurs, partant de Sion et parcourant la terre dans une sainte pompe (Psaumes�110.2-3).

Comme il s�agit d�Isra�l restaur� et purifi�, les restes d��phra�m en font partie aussi bien que Juda et cette expression ne peut, par cons�quent, rien prouver en faveur de la composition de cette proph�tie avant la destruction du royaume de Samarie.

Il parlera de paix. On a entendu ces mots en ce sens?: Il commandera la paix, il interdira les hostilit�s?; mais le mot parler ne peut gu�re avoir ce sens et signifie plut�t qu�il gagnera par ses paroles les peuples � la paix. �sa�e�9.5 et Mich�e�5.4, avaient d�j� caract�ris� le Messie comme roi de paix.

Du fleuve jusqu�aux extr�mit�s� Cette expression para�t tir�e de Psaumes�72.8. Elle est assez obscure. Si l�on veut y trouver l�indication des quatre points cardinaux, il faut voir dans les deux mers les limites occidentale et orientale car les anciens se repr�sentaient la terre comme entour�e d�eau. Le fleuve, l�Euphrate, repr�senterait ici la limite septentrionale et les extr�mit�s de la terre, les pays m�ridionaux. Mais l�on peut comprendre aussi d�une autre mani�re. Comme le royaume de Salomon �tait born� � l�occident par la M�diterran�e et � l�orient par l�Euphrate, on peut partir de ces deux limites, de la premi�re pour aller toujours plus � l�occident jusqu�� ce qui on rencontre la seconde mer qui baigne les terres occidentales (l�Oc�an Atlantique) et du fleuve (l�Euphrate) pour aller du c�t� de l�orient jusqu�� l�extr�mit� du continent de l�Asie.

Il est �vident que l�accomplissement de cette proph�tie embrasse toute la fin des temps, depuis la venue du Messie jusqu�� sa compl�te domination sur la terre. Isra�l a �t� conserv� en quelque sorte miraculeusement, avant et apr�s cette venue, avant, pour que le Messie p�t na�tre dans son sein et apr�s, pour qu�il puisse avoir part, lui aussi, � la promesse qui lui avait �t� faite si sp�cialement. S�il en est priv�, maintenant, c�est par sa faute. Les promesses de Dieu sont conditionnelles et ce n�est pas pour rien qu�il avait dit � son peuple, dans la proph�tie pr�c�dente?: Mais aimez la v�rit� et la paix?!

Verset 11

Et pour toi aussi. Isra�l est ici interpell� sp�cialement par le proph�te, en opposition � l�ensemble des nations, verset 10.

� cause du sang de ton alliance?: l�alliance que Dieu avait contract�e avec Isra�l au Sina� et qui avait �t� scell�e par le sang d�une victime (Exode�24.8).

Tes captifs?: tous les membres du peuple qui ne sont pas encore revenus de captivit� au moment o� parle le proph�te. �videmment, ce langage convient mieux dans la bouche de Zacharie vivant apr�s l�exil que dans celle d�un proph�te qui aurait parl� avant la destruction des deux royaumes. Ce qui est l�avenir pour l�homme qui parle comme le fait ici le proph�te, ce n�est pas la captivit�, mais la d�livrance.

De la fosse sans eau. Image du pays de la captivit�, o� l�on souffre sans p�rir. Il semble que le proph�te pense au puits au fond duquel fut jet� Joseph (Gen�se�37.24). Ce rapprochement para�t d�autant plus naturel qu�il vient de parler d��phra�m, la tribu descendant de ce patriarche.

Verset 12

Il invite les captifs � se lever et � rentrer dans leur patrie.

Au lieu fort. Image oppos�e � celle de la fosse sans eau?; repr�sentant le pays d�Isra�l, qui, sous le r�gne du Messie, sera devenu inaccessible aux ennemis du dehors.

Captifs d�esp�rance. Captifs sur lesquels plane encore une glorieuse esp�rance, qui ne peut manquer de se r�aliser parce qu�elle repose sur les promesses divines.

Encore aujourd�hui. Peut-�tre y a-t-il allusion � la promesse �sa�e�61.7, o� la m�me expression est employ�e pour exprimer la m�me id�e. Ou bien le proph�te voudrait-il dire?: M�me en ce jour o� la position mis�rable du peuple semble si oppos�e � une si grande esp�rance.

Je te d�dommagerai au double. Le double de bonheur et de gloire, en proportion des souffrances pass�es, �sa�e�61.7.

Verset 13

D�s le verset 13, le ton change. Isra�l n�est. plus un captif qui rentre dans sa patrie?; c�est un h�ros jouissant, de sa libert� et dont l��ternel arme le bras pour frapper ses ennemis. Le tableau suivant est un encouragement donn� au peuple que l��ternel a repris sous sa conduite.

Je bande Juda comme un arc� Juda est repr�sent� comme un arc dans la main de Dieu, �phra�m comme la fl�che dont il l�arme. Apr�s avoir ainsi fortifi� son peuple, il l�envoie contre un ennemi tout nouveau. Cet ennemi est nomm� Javan, c�est-�-dire, d�apr�s le sens de ce mot dans tout l�Ancien Testament, les Grecs. Les Isra�lites n�avaient eu avec ce peuple aucun contact imm�diat dans les temps ant�rieurs � la captivit�. Jo�l�3.16 parle, il est vrai, de captifs isra�lites vendus aux Grecs par les Philistins et ceux qui mettent Zacharie chapitres 9 � 14 dans la bouche d�un proph�te des temps d�Os�e et d��sa�e rapportent � ce fait la punition dont Javan est ici menac�. Mais d�abord, cette circonstance n��tait-elle pas trop insignifiante pour justifier les menaces contenues dans notre passage?? Les vrais coupables, dans cet acte, n��taient pas ceux qui avaient achet�, mais ceux qui avaient vendu et qui sont aussi les seuls repris et menac�s par Jo�l (comparez versets 4 avec 7 et 8). En g�n�ral, Javan, comme ennemi d�Isra�l, est enti�rement en dehors de l�horizon des proph�tes d�avant l�exil et rien n�est plus propre � prouver la composition de nos trois chapitres � une �poque post�rieure � celle de la captivit� que cette guerre contre la Gr�ce, dont l��ternel lui-m�me donne � son peuple le signal. C�est apr�s le retour de l�exil que la Gr�ce prend �galement, dans les proph�ties de Daniel, une place importante dans l�avenir d�Isra�l.

Verset 14

Description figur�e d�une victoire �clatante remport�e par les Isra�lites sur la puissance grecque. L��ternel appara�t comme un h�ros, en plein combat. Son intervention est compar�e � la venue d�un ouragan. Il combat pour son peuple, qui d�vore ses ennemis et s�abreuve de leur sang, de mani�re � en �tre enivr�, comme la coupe avec laquelle, on fait aspersion sur l�autel des holocaustes est remplie du sang de la victime, comme les angles de cet autel en sont inond�s (Exode�29.12). L�autel �tait asperg� de sang sur ses quatre c�t�s. L�vitique�1.11?; 8.15.

Verset 16

Ainsi vainqueur, Isra�l pourra prosp�rer librement dans son pays sous le r�gne de son Roi-Messie.

Comme le troupeau� Zacharie affectionne cette image?: 10.2-3?; 11.4.

Des pierres de diad�me. Quelques interpr�tes opposent cette image � celle de pierres de fronde, verset 15, qu�ils appliquent aux ennemis d�Isra�l. Il n�est pas besoin de cette opposition pour comprendre ce que veut dire le proph�te?: chaque Isra�lite, sur le sol de la Terre Sainte sera semblable � une pierre pr�cieuse qui resplendit sur un diad�me.

Verset 17

Ainsi, dans la terre d�Isra�l, na�tra une g�n�ration admirable de saintet�, de force et de beaut�.

On se demande ce qui, � la suite du retour de l�exil, a pu attirer l�attention du proph�te sur la Gr�ce. Mais si l�on se rappelle le sens de la vision du chapitre 6, o� nous avons vu le jugement divin, sous l�image des deux premiers groupes de chevaux, se diriger vers la Babylonie et vers la Perse, nous comprendrons qu�apr�s la d�faite de ces deux ennemis du r�gne de Dieu en Orient, le regard du proph�te se tourne vers l�Occident, o� il rencontre Javan comme le principal repr�sentant de l�humanit� pa�enne et hostile au r�gne de Dieu dans ces contr�es. Et s�il avait connaissance de la proph�tie, de Daniel sur les quatre monarchies, il devait bien savoir qu�� la suite du lion babylonien et de l�ours persan se l�verait le l�opard de Javan. Au moment m�me o� Zacharie parlait, le roi Darius pr�parait sa grande exp�dition contre la Gr�ce?; ce pays devenait ainsi l�un des facteurs les plus importants de l�histoire. En tout cas, l�essentiel est que, d�sormais, la lutte du r�gne de Dieu contre la puissance terrestre et le paganisme se pr�sente ici comme dirig�e, non plus vers l�Orient, mais vers l�Occident. Et si nous recherchons dans l�histoire l�accomplissement de ce tableau, ne le rencontrerons-nous pas dans cette lutte h�ro�que d�Isra�l avec la puissance gr�co-syrienne, par laquelle il maintint la religion de J�hova et la conserva pour le monde, tout en recouvrant son ind�pendance politique?? Cette �poque des Maccab�es ne fut pas seulement celle de la lutte d�un peuple avec un autre peuple, mais de la lutte de la religion v�ritable avec le paganisme. Voil� pourquoi elle a pu �tre l�objet d�une r�v�lation proph�tique, comme celle que nous venons d��tudier. C�est par ce triomphe qu�Isra�l a montr� qu�il �tait r�ellement sorti de la captivit� de Babylone comme un peuple purifi� de l�idol�trie et identifi� avec le monoth�isme, digne par cons�quent, de recevoir le Messie, dont la venue lui avait �t� assur�e au commencement de cette proph�tie. Cette lutte a �t� � la fois militaire et religieuse et c�est pr�cis�ment avec ce double caract�re qu�elle se pr�sente dans le tableau trac� par Zacharie. O� retrouver quelque chose de pareil dans les temps qui ont pr�c�d� soit la destruction du royaume des dix tribus, soit celle du royaume de Juda??

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Zechariah 9". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/zechariah-9.html.