Bible Commentaries
Ésaïe 24

Le jugement du monde et la restauration d�Isra�l (chapitres 24 � 27)

Versets 24.1 � 25.8 � Le jugement universel et la gloire des fid�les

Apr�s avoir, dans les chapitres qui pr�c�dent, annonc� � Isra�l et aux principaux repr�sentants des peuples du monde le jugement dont ils sont menac�s, chacun en particulier, le proph�te r�sume toutes ces menaces dans celle d�un jugement qui doit atteindre la terre enti�re. Ce sera la crise finale de l�histoire, � la suite de laquelle Isra�l et les �lus d�entre les peuples seront introduits dans la gloire. Le morceau chapitres 24 � 27 a donc un caract�re g�n�ral?: il ne d�crit pas un nouveau jugement particulier � ajouter � ceux qui pr�c�dent?; il r�sume tout l�avenir en pr�sentant, pour la consolation des croyants, le double tableau du jugement du monde et de la gloire sup�rieure � toute attente, qui sera le partage des �lus. On trouve dans ces discours quelques traits emprunt�s � l��tat pr�sent d�Isra�l, dont l�auteur se sert pour d�peindre la grande crise qu�il annonce?: mais aucune allusion historique n�est assez pr�cise pour permettre de fixer la date de leur composition. Dans ces quatre chapitres sont d�crites trois sc�nes, qui ne sont point li�es par un rapport de succession chronologique. Toutes les trois renferment au fond les m�mes id�es, mais pr�sent�es sous des aspects diff�rents. La premi�re sc�ne pr�sente le contraste entre le jugement qui an�antit la terre et la f�licit� des �lus (�sa�e�24.1 � 25.8). La seconde montre le salut, que c�l�brent les rachet�s, atteignant son point culminant, la r�surrection des fid�les (�sa�e�25.9 � 26.21). Dans la troisi�me, on voit le jugement s��tendre � toutes les puissances terrestres et aboutir au rassemblement final d�Isra�l (�sa�e�27.1-13).

Versets 24.1 � 25.8

Le jugement de Dieu frappe la terre?; toute joie cesse?; la ville bruyante est chang�e en d�sert (versets 1 � 12). Mais des �lus survivent, dispers�s aux extr�mit�s de la terre?; ils entonnent des chants d�all�gresse, pendant que le proph�te annonce avec �motion une nouvelle et derni�re phase du jugement?; la terre elle-m�me sera d�truite et les puissances c�lestes et terrestres jug�es?; l��ternel manifestera enfin sa gloire au milieu de son peuple (versets 13 � 23). Les rachet�s c�l�brent alors par un hymne la gloire du Dieu qui a bris� la puissance des m�chants (�sa�e�25.1-5)?; le proph�te cl�t ce premier tableau par la magnifique description du salut, sous l�image d�un banquet pr�par� par Dieu pour tous les peuples sur la montagne de Sion (�sa�e�25.6-8). Cette description nous �l�ve au-dessus de l�histoire et du temps, jusque dans le monde o� la mort elle-m�me ne sera plus.

La d�vastation de la face de la terre (1-12)

D�peupler, vider. Comparez les m�mes expressions appliqu�es � la ruine de Ninive, Nahum�2.10.

La terre. Plusieurs entendent par l� le pays de Canaan. Mais au verset 4 le m�me mot est employ� comme synonyme de monde et au verset 13 il est pris �videmment dans un sens universel. Nous croyons donc qu�il s�agit ici d�un jugement tout � fait g�n�ral et non d�un �v�nement propre � la Palestine.

Bouleversera, proprement retournera, comme on retourne un vase pour le vider enti�rement.

Toutes les classes, sans exception, seront frapp�es. Comparez �z�chiel�7.12?; Os�e�4.9. �sa�e aime les �num�rations de ce genre (�sa�e�3.2-3?; �sa�e�2.12-16, etc.).

Apr�s avoir annonc� (au futur) le jugement, le proph�te en d�crit les effets (au pr�t�rit), comme s�il �tait d�j� r�alis�. Comparez la description de l��gypte ch�ti�e �sa�e�19.5-10.

Le ch�timent qui frappe la terre a pour cause le p�ch� de ses habitants?; elle est solidaire de leurs crimes. Le proph�te pense surtout aux deux grands p�ch�s d�Isra�l?: le sang vers� et l�idol�trie. Comparez �sa�e�26.21?; Nombres�35.33?; Psaumes�106.38?; J�r�mie�3.9.

Sous ses habitants?: sous leurs pas. La terre est souill�e par le fait qu�elle porte de tels hommes.

Ils ont transgress� les lois� le commandement. Ces termes semblent ne pouvoir �tre rapport�s qu�� Isra�l, le seul peuple auquel Dieu ait donn� des lois positives. Nous croyons cependant que ce passage a une port�e tout � fait g�n�rale. L�id�e de lois donn�es � l�humanit� n�est pas �trang�re � l�Ancien Testament (Gen�se�9.1-7). La loi juive est comprise dans cette loi plus g�n�rale. Le pluriel thoroth?: les lois, assez rarement employ�, est favorable � notre interpr�tation.

L�alliance �ternelle. Ce terme se lit pour la premi�re fois Gen�se�9.16, o� il est appliqu� � l�alliance de Dieu avec No� et toute la race humaine. C�est � ce passage fondamental qu��sa�e nous parait faire allusion. Voir verset 18 une autre allusion au r�cit du d�luge.

Consum�s. La col�re de Dieu est un feu consumant (Exode�24.17)?; image fr�quente chez �sa�e?: �sa�e�5.24?; �sa�e�9.18?; �sa�e�10.17?; �sa�e�26.11?; �sa�e�30.27?; �sa�e�30.30 etc.

Un petit nombre. L�id�e d�un faible reste, seul sauv� en Isra�l, est, comme l�on sait, l�un des traits essentiels de la proph�tie d��sa�e. Elle est appliqu�e ici � l�humanit� en g�n�ral. Comparez �sa�e�6.13, note.

Comparez �sa�e�5.11-12, �sa�e�5.14. Il est surprenant que, dans la description du jugement universel, le proph�te insiste, comme il le fait dans les versets 7 � 11, sur un trait aussi secondaire que la disparition du vin. Mais il faut remarquer que tout ce tableau du jugement est un d�veloppement de celui de la journ�e de l��ternel annonc�e par Jo�l. Dans cette description, bien connue des contemporains d��sa�e, le vin �tait mentionn� � plusieurs reprises comme symbole naturel de la joie (Psaumes�104.15). Comparez en particulier Jo�l�1.5?; Jo�l�1.10-12 et voyez le m�me trait dans le tableau du jugement de Moab, chapitre 16.

Tambourins?: au son desquels on dansait.

Ville de chaos. Le mot h�breu thoou est tr�s rare?; il renferme une allusion � Gen�se�1.2, passage o� il se rencontre pour la premi�re fois. Il d�signe l��tat de confusion o� �tait le monde avant que Dieu e�t commenc� � y introduire l�ordre en cr�ant la lumi�re. Si on applique les versets 1 � 12 au jugement de la Palestine, il faut entendre par la ville-chaos J�rusalem?: la ville �clair�e de la r�v�lation divine est devenue, par la violation des lois de Dieu, la cit� de confusion. On pourrait comparer �sa�e�32.12-14. Mais, si l�on se met � un point de vue plus g�n�ral, ces mots offrent un sens qui nous para�t pr�f�rable?: la ville-chaos est la cit� ma�tresse du monde ennemi de J�hova, dans laquelle r�gnent � la fois le tumulte propre aux grandes capitales et le d�sordre d�une vie sans Dieu et sans loi (L�Apocalypse exprime au fond la m�me id�e par l�expression de gande Babylone?; d�apr�s Gen�se�11.9, Babel signifie confusion). Cette cit�, centre de la vie de l�humanit�, est le premier objet du jugement divin. Elle est mentionn�e � plusieurs reprises dans la suite de notre morceau?: �sa�e�25.2?; �sa�e�26.5?; �sa�e�27.10. Du reste, le tableau est ici intentionnellement vague, en sorte que l�on ne saurait dire laquelle des deux capitales du monde pa�en d�alors, Ninive on Babylone, le proph�te a plus sp�cialement en vue. Comparez les pr�dictions de la ruine de Ninive (Mich�e�5.5-6?; Nahum 2) et de celle de Babylone (�sa�e�13.1-12?; �sa�e�14.22-23), qui ont beaucoup de rapport avec notre passage.

On n�y peut entrer. Les d�combres accumul�s ferment l�entr�e des maisons. Comparez l�expression toute pareille � propos de Tyr �sa�e�23.1.

Voir plus haut la note verset 7.

Le jugement qui d�truit la terre elle-m�me et auquel les �lus seuls survivent (13-23)

Il semble que tout ait �t� an�anti par le jugement qui vient de passer (versets 1 � 12). Il n�en est rien. La capitale du monde est d�truite?; mais une partie des habitants de la terre subsiste et parmi eux les fid�les isra�lites et les �lus du monde pa�en, dispers�s au milieu des peuples. Comparez l�image semblable �sa�e�17.6.

Ceux-l�?: les fid�les dont il vient d��tre parl�.

Des bords de la mer?: des bords de la M�diterran�e, des extr�mit�s de l�occident, c�est-�-dire du monde (au point de vue d�un habitant de la Palestine?; comparez les �les du couchant et le bout de la terre versets 15 et 16). Le jugement a pass� sur le monde et dispers� les �lus aux quatre vents du ciel (�sa�e�11.12?; Matthieu�24.31).

La majest� de l��ternel?: qui vient d��clater dans le jugement de la grande cit�. Comparez �sa�e�2.11?; �sa�e�2.17.

Ce verset doit �tre mis dans la bouche de ceux qui sont dispers�s sur les bords de la mer (verset 14). Ils invitent leurs fr�res de tout le monde � se joindre � eux.

Les �les du couchant?: voir �sa�e�11.11, note. Leur participation au r�gne de Dieu?: �sa�e�42.4

Des cantiques?: en r�ponse � l�invitation du verset 15. Les fid�les �chapp�s au jugement c�l�brent la d�livrance. Mais au moment m�me o� leurs chants retentissent, le proph�te est subitement saisi par une �motion tout autre que celle de la joie.

Splendeur du juste. C�est, le contenu du cantique des fid�les?: les justes vont enfin recevoir l�honneur qui leur est promis et dont l�oppression des m�chants les prive depuis si longtemps. Comparez �sa�e�4.2?; �sa�e�28.5.

Je suis an�anti� Malheur �?! Tout n�est pas fini, un nouveau ch�timent va �clater, plus terrible que tous les pr�c�dents?; le proph�te tremble d��motion � cette vue?; qui pourra subsister devant ce jugement supr�me, qui �branlera la terre et les cieux m�mes?? Comparez une �motion analogue �sa�e�21.3-4?; �sa�e�26.17-18 ?; voir aussi �sa�e�6.5.

Les tra�tres trahissent� Comparez �sa�e�33.1. C�est parce qu�il y a encore des m�chants que cette derni�re purification est n�cessaire.

Frayeur, fosse, filet. Ces mots offrent en h�breu une triple assonance que la traduction ne peut rendre. L�id�e est celle de l�impossibilit� d��chapper?; car ce que l�un des ch�timents �pargne, l�autre l�atteint. J�r�mie�48.43-44 reproduit ces images. Comparez la m�me id�e sous une autre forme Amos�5.19?; Amos�9.1-4.

Filet?: voyez �sa�e�8.14-15.

Les �cluses d�en-haut. Cette expression est tir�e du r�cit du d�luge (Gen�se�7.11?; Gen�se�8.2). Le proph�te n�annonce cependant pas un nouveau d�luge (Gen�se�9.11-15)?; il veut dire que le jugement que Dieu fera fondre du ciel sur la terre, sera universel comme l�a �t� le d�luge.

Les fondements de la terre. Le proph�te a devant les yeux l�image d�un tremblement de terre secouant une maison?: la terre, qu�il se repr�sente, selon l�id�e des anciens, comme un �difice, est �branl�e jusqu�aux fondements. La maison est l�zard�e, disloqu�e, les fondations c�dent (versets 18 et 19)?; enfin elle chancelle, vacille � droite et � gauche et s��croule (verset 20).

Comme un homme ivre. Comparez �sa�e�28.7.

Comme une cabane. Comparez �sa�e�1.8. La plupart des interpr�tes modernes supposent qu�ici le mot melouna s��carte de son sens ordinaire et le traduisent par hamac. Il nous semble que l�image est plus frappante en laissant au mot son sens ordinaire de cabane. La terre, cet �difice antique et en apparence in�branlable, ne sera plus qu�une baraque secou�e par l�ouragan.

Son p�ch� p�se sur elle. Comparez versets 5 et 6?; Psaumes�38.5.

Elle ne se rel�vera plus?: du moins dans sa forme actuelle?; mais une terre renouvel�e, exempte de p�ch�, de souffrance et de mort, fera partie de la nouvelle cr�ation (�sa�e�65.17?; �sa�e�66.22?; comparez �sa�e�25.8).

Les princes de la terre et les puissances c�lestes elles-m�mes ne pourront se soustraire � ce jugement.

Visitera?: pour ch�tier (�sa�e�10.12).

L�arm�e d�en-haut?: synonyme de l�arm�e des cieux?; expression qui d�signe tant�t les anges (1�Rois�22.19), tant�t les astres (Deut�ronome�4.19?; �sa�e�40.26)?; voir �sa�e�1.9, note. Il s�agit ici des astres, que le paganisme identifiait avec les divinit�s qui �taient cens�es les habiter. Le fond de toutes les religions de l�Orient �tait l�adoration des astres. �sa�e, d�accord avec le Nouveau Testament, ne traite pas ces divinit�s comme des �tres purement fictifs, mais comme des puissances qui exercent sur l�humanit� une domination malfaisante. Dieu a pour un temps livr� les peuples pa�ens � l�influence de ces �tres sup�rieurs ou d�mons?; il leur a soustrait le seul peuple d�Isra�l, qu�il a fait sien et qui par cons�quent ne doit point adorer les faux dieux (Deut�ronome�4.19-20?; comparez �ph�siens�6.12?; 1�Corinthiens�8.5?; 1�Corinthiens�10.20). Le proph�te entrevoit le moment o� Dieu ch�tiera ces puissances et o� leur domination tombera tout � fait. Car tous les peuples doivent finalement devenir la propri�t� de J�hova (�sa�e�19.25). C�est donc la chute du paganisme qui est ici proph�tis�e.

Aux puissances c�lestes le proph�te associe dans le jugement les rois de la terre. En effet, la puissance des rois est constamment identifi�e par le paganisme avec celle des dieux et des astres et c�est � eux que les princes assyriens, dans les inscriptions, rapportent toujours leur autorit� et leurs victoires. Leur pouvoir est le fondement de celui des rois qui les adorent. Voil� pourquoi les uns et les autres sont ici r�unis dans la d�faite?: la chute des uns entra�ne celle des autres.

Ce passage est l�un des rares endroits de l�Ancien Testament qui nous fasse entrevoir les relations qui existent entre les choses de la terre et celles du monde invisible. La pr�vision d�un jugement sur les cr�atures sup�rieures desquelles proc�de l�idol�trie se lie n�cessairement � l�id�e, si fr�quemment exprim�e par �sa�e, de l�universalit� future du culte de J�hova.

Ils seront r�unis�?: jet�s tous ensemble. Ces mots se rapportent aux astres aussi bien qu�aux rois de la terre.

La fosse, la prison?: le sch�ol (�sa�e�14.15, note?; comparez Apocalypse�20.1-3?; Jude�1.6).

Apr�s un si long temps ils seront visit�s. On entend ordinairement qu�ils seront rel�ch�s, puis d�finitivement jug�s (d�apr�s Apocalypse�20.7). Le sens est simplement que la visitation ou le ch�timent annonc� n�aura lieu qu�apr�s que Dieu aura tol�r� longtemps leur r�volte.

R�sultat du jugement?: toute puissance oppos�e � Dieu aura disparu?; le r�gne de Dieu sera �tabli (Apocalypse�19.6).

L��ternel tr�ne en Sion (�sa�e�33.22?; Mich�e�4.7), au milieu des fid�les.

Le soleil et la lune (les deux principales divinit�s astrales) sont rendus honteux?: leur r�gne est fini. Comparez les passages �sa�e�60.19-20?; Apocalypse�21.23, o� cependant l�id�e est un peu diff�rente?; le sens physique y domine, tandis qu�ici l�id�e est surtout morale.

Ses anciens?: les repr�sentants du peuple rachet�, qui entourent le tr�ne de Dieu. La promesse d�une magistrature renouvel�e est accomplie (�sa�e�1.26). Comparez Apocalypse�4.4.

Verront sa gloire. Apr�s la conclusion de l�alliance, les soixante-dix anciens d�Isra�l sur le Sina� virent la gloire de Dieu (Exode�24.9-14). Comparez �sa�e�4.5-6?; �sa�e�11.9-10.