Lectionary Calendar
Saturday, September 28th, 2024
the Week of Proper 20 / Ordinary 25
Attention!
StudyLight.org has pledged to help build churches in Uganda. Help us with that pledge and support pastors in the heart of Africa.
Click here to join the effort!

Bible Commentaries
Jean 13

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

Recherche de…
Enter query below:

versets 1-38

Verset 1

Troisi�me partie (chapitres 13 � 17)

Le Fils de Dieu et les siens

J�sus lave les pieds des disciples et �loigne Judas

Versets 1 � 20 � Le lavement des pieds

Les mots?: avant la f�te de P�que ne renferment qu�une indication vague de la date du dernier souper (verset 2) que J�sus fit avec ses disciples et par cons�quent de sa mort, qui eut lieu le lendemain.

Comme nous abordons, avec le Jean 13, le r�cit de la Passion du Sauveur, c�est ici le lieu de donner une vue d�ensemble de cette question chronologique, l�une des plus obscures que soul�ve l�histoire �vang�lique. La tradition unanime d�signe le vendredi comme le jour o� J�sus mourut.

L�incertitude commence quand il s�agit de d�terminer les relations de cet �v�nement avec la P�que juive et de fixer le jour du mois o� il eut lieu.

Les uns, se fondant sur les donn�es, � leurs yeux inattaquables, des synoptiques, disent que J�sus prit le dernier repas avec ses disciples le soir du 14 Nisan, � l�heure o� tous les Juifs mangeaient l�agneau pascal et qu�il mourut sur la croix le 15 Nisan le grand jour de la f�te de P�que.

Les autres, s�appuyant sur des indications du quatri�me �vangile qui ne leur paraissent pas susceptibles d��tre d�tourn�es de leur sens premier et naturel, estiment que le dernier repas eut lieu le soir du 13 Nisan et que J�sus est mort le 14.

La discussion remonte aux premiers si�cles. Elle fut compliqu�e, d�s l�origine, par une pol�mique d�ordre liturgique entre les �glises d�Occident et celles d�Asie Mineure, connue sous le nom de dispute pascale (Voir introduction). Nous ne reviendrons pas sur cette dispute, car, de l�avis m�me des d�fenseurs de la chronologie des synoptiques, elle ne fournit pas d�argument p�remptoire pour d�cider � quelle date Jean s�est arr�t� dans son �vangile.

Ce d�bat divise les savants les plus comp�tents. Olshausen, Tholuck, Wieseler, Ebrard, Hengstenberg, Riggenbach, Lange, MM. Luthardt, Keil, Zahn se prononcent pour le 14-15 Nisan et estiment g�n�ralement pouvoir accorder avec cette date les donn�es du quatri�me �vangile.

La date du 13-14 Nisan est adopt�e par de Wette, L�cke, Bleek, N�ander, Meyer, MM. Weiss, Beyschlag, Godet, Chastand.

1� En faveur de la date du 14-15 Nisan, on invoque les passages suivants?: Matthieu�26.17 �?Le premier jour des pains sans levain (14 Nisan), les disciples s�approch�rent de J�sus, en disant?: Ou veux-tu que nous te pr�parions le repas de la P�que???�

Marc�14.12 �?Et le premier jour des pains sans levain, quand on immolait la P�que, ses disciples lui disent?: O� veux-tu que nous allions faire les pr�paratifs pour que tu manges la P�que???�

Luc�22.7 �?Or, le jour des pains sans levain arriva, dans lequel devait �tre immol�e la P�que?�.

Il ne peut y avoir aucune h�sitation sur la date, clairement indiqu�e par ces passages. Or les donn�es des synoptiques ont une valeur tr�s grande � cause des rapports du premier �vangile avec l�ap�tre dont il porte le nom et de Marc avec l�ap�tre Pierre. Du reste, les indications fournies par les trois premiers �vang�listes ne sont pas des opinions individuelles?: elles repr�sentent la croyance de l��glise enti�re jusque vers l�an 80. Elles ont de plus pour elles leur vraisemblance.

Le dernier repas que J�sus prit avec ses disciples fut le repas pascal des Juifs. Cela ressort du r�cit des pr�paratifs dans les synoptiques et d�une parole telle que celle-ci?: �?J�ai ardemment d�sir� de manger cette P�que avec vous avant que je souffre?� (Luc�22.15).

Or J�sus ne pouvait prendre le repas pascal qu�� l�heure o� tout Isra�l le prenait, le soir du 14 Nisan (commencement du 15). Les ordonnances de la loi �taient formelles (Exode�12.6 et suivants, L�vitique�23.5-6?; Nombres�28.16-18?; Deut�ronome�16.2-3).

L�agneau pascal devait �tre immol� dans le temple et l�on ne proc�dait pas � ce sacrifice avant le jour fix�.

Admettant pour ces raisons, que J�sus a mang� la P�que le 14 Nisan et est mort le 15, les interpr�tes et les historiens qui reconnaissent l�authenticit� du quatri�me �vangile ou du moins attribuent quelque valeur � ses donn�es historiques, sont oblig�s d�accuser l��vang�liste d�une erreur, imputable � �?une pr�occupation dogmatique?: il fait mettre J�sus en croix le 14 Nisan, � l�heure m�me o� l�on immolait l�agneau pascal, parce qu�il voit un rapprochement � faire entre les deux actes?� (Edmond Stapfer).

Ou bien, pour maintenir l�exactitude de ses donn�es chronologiques, ils doivent chercher � les interpr�ter de telle sorte qu�elles fixent, aussi bien que celles des synoptiques, le dernier repas de J�sus au 14 Nisan.

2� Ceci nous am�ne � faire un rapide examen des passages de notre �vangile, desquels on peut d�duire la date que Jean assignait au dernier souper. Jean�12.1 �?Six jours avant la P�que J�sus arriva � B�thanie?�.

Cette arriv�e ne put avoir lieu le samedi, car J�sus n�aurait pas fait un jour de sabbat le voyage de J�richo � B�thanie. Elle doit �tre fix�e au vendredi soir. Or, en comptant six jours depuis ce vendredi, Jean place au jeudi le commencement de la P�que?; ce jeudi �tait donc, pour lui comme pour les premiers �vang�listes, le 14 Nisan.

Voici le d�faut de ce raisonnement?: rien ne d�montre que Jean ait compt� le vendredi comme le premier des six Jours qu�il indique. Le contraire est aussi probable, car J�sus arrive sans doute vers le soir � B�thanie et le sabbat commen�ait pour les Juifs le vendredi au coucher du soleil. Le passage invoqu� ne tranche la question ni dans un sens ni dans l�autre.

verset 1. Avant la f�te de P�que� Est-il naturel que Jean d�signe ainsi la soir�e du 14-15 Nisan, le moment du repas pascal, principal acte de la f�te?!

C�est en vain que l�on cite Nombres�28.16 et suivants, L�vitique�23.5 et suivants?; o� la f�te des pains sans levain semble ne commencer que le lendemain 16 Nisan. Dans ces passages m�mes, le 14 est appel� la P�que et d�ailleurs on mangeait des pains sans levain au repas pascal. Exode�12.8?; Josu�5.10-11 et Matthieu�26.17 (voir la note) mettent hors de doute que la f�te de P�que commen�ait pour les Juifs avec la soir�e du 14 Nisan.

verset 29. Judas n�aurait pu �?acheter ce dont on avait besoin pour la f�te?� dans cette soir�e du 14, o� toutes les familles �taient assembl�es dans leurs demeures autour de l�agneau pascal. Les partisans du 14 Nisan r�pondent que, si nous �tions au 13 Nisan, toute la journ�e du lendemain resterait pour ces emplettes et l�id�e ne viendrait pas aux disciples que J�sus p�t envoyer Judas les faire sur l�heure m�me.

Jean�18.28 �?Ils n�entr�rent point eux-m�mes dans le pr�toire, afin de ne pas se souiller et de pouvoir manger la P�que?�. Ce passage est d�cisif aux yeux de la plupart des interpr�tes. Les Juifs n�avaient pas encore mang� l�agneau pascal?; ils s�appr�taient � le manger le soir de ce jour. Ce jour �tait donc, d�apr�s notre �vangile, le 14 Nisan. Ceux qui le contestent sont oblig�s de donner � l�expression �?manger la P�que?�, le sens ind�termin� de c�l�brer la f�te de P�que. Cette interpr�tation est peu probable, malgr� les arguments sp�cieux dont on essaie de l�appuyer.

Jean�19.14-31 �?C��tait la pr�paration de la P�que, ce jour de sabbat �tait un grand jour?�. Le terme de �?pr�paration?�, n�est pas seulement la d�signation usuelle du vendredi veille du sabbat (Marc�15.42), puisque l��vang�liste ajoute express�ment �?de la P�que?;?� de plus, si le sabbat du lendemain �tait �?un grand jour?�, c�est qu�il co�ncidait cette ann�e-l� avec le premier jour des pains sans levain, 15 Nisan.

L�interpr�tation naturelle de tous ces passages de notre �vangile nous oblige donc � admettre que, d�apr�s lui, J�sus a pris son dernier repas avec ses disciples le soir du 13 Nisan et est mort le 14 Nisan. Cette donn�e constitue-t-elle une erreur?? Nullement. Elle nous para�t beaucoup plus vraisemblable que celle des synoptiques. La nuit du 14 au 15 Nisan avait tous les caract�res d�un sabbat solennel (Exode�12.16). Le Talmud confirme cette indication de la loi et mentionne parmi les actes d�fendus le port des armes, les s�ances de tribunal, le prononc� d�une sentence et les ex�cutions.

D�apr�s Exode�12.22?; Deut�ronome�16.5-7, on ne pouvait quitter sa demeure ni, en tout cas, sortir de la ville pendant la nuit du repas pascal. Or Judas ne doute pas que J�sus ne se rende cette nuit-l�, selon sa coutume, en Geths�man�?; la troupe qu�il y conduit est compos�e de serviteurs du sanh�drin qu�accompagnent m�me les sacrificateurs et des pharisiens, le sanh�drin s�assemble, d�lib�re et prononce un jugement, peu avant le crucifiement, Simon de Cyr�ne revient des champs, o� il avait travaill�, selon toute probabilit�, J�sus est crucifi�, il est vrai, par des soldats romains, mais les chefs juifs font toutes sortes de d�marches peu compatibles avec la c�l�bration de la f�te.

Si nous �tions le premier et grand jour de la f�te de P�que, leur conduite formerait un contraste �trange avec les scrupules du roi H�rode Agrippa, qui n�ose juger et ex�cuter Pierre pendant la f�te (Actes�12.3-4). Eux, qui firent si souvent � J�sus un crime de violer le sabbat, auraient ainsi oubli� toutes les prescriptions de la loi qui assimilait le grand jour de P�que � un sabbat. Le fanatisme ne peut expliquer une telle attitude?; ils n�en sont du reste pas tellement domin�s, puisqu�ils �vitent d�entrer dans le pr�toire (Jean�18.28), r�serve qui n��tait pas de nature � disposer Pilate en leur faveur.

Ajoutons enfin qu�apr�s la mort de J�sus, Joseph d�Arimath�e ach�te un linceul (Marc�15.46) et que les femmes renoncent � embaumer J�sus, parce que le sabbat approche (Luc�23.56).

Tous ces faits semblent prouver que le jour de la mort de J�sus n��tait pas un jour de f�te. Or la plupart d�entre eux sont rapport�s par le r�cit des synoptiques?; ceux-ci contredisent ainsi la date qu�ils assignent eux-m�mes aux �v�nements.

L�erreur qu�ils ont commise, sans en avoir conscience, s�explique par le fait que dans ce dernier souper avec ses disciples J�sus avait tenu � manger avec eux la P�que (Luc�22.15) et qu�il s��tait conform� au rituel de la c�r�monie juive.

La tradition admit pour cette raison que le repas avait eu lieu au jour fix� par la loi. Elle perdit de vue que J�sus avait anticip� la c�l�bration de la P�que, circonstance secondaire dont le souvenir put fort bien s�effacer.

Que des narrations n�es spontan�ment des besoins de la pr�dication et dont l�exactitude chronologique �tait le moindre souci, aient commis une erreur d�un jour en pla�ant au 14 et au 15 Nisan des �v�nements qui s��taient accomplis le 13 et le 14, cela n�est nullement inadmissible.

Nos deux premiers �vangiles n�ont-ils pas plac� le repas de B�thanie �?deux jours?� avant la P�que?? (Marc�14.1-9?; Matthieu�26.6, note). Si leurs r�dacteurs et leurs premiers lecteurs ne se sont pas fait les objections que nous avons expos�es ci-dessus, c�est qu�ils attribuaient au fanatisme ces violations de la loi commises par les autorit�s sacerdotales et y voyaient une aggravation du crime dont elles s��taient rendues coupables en tuant le Messie.

L�erreur de Jean, au contraire, ne saurait �tre expliqu�e. Un d�faut de m�moire est inadmissible de la part du disciple qui avait suivi les �v�nements avec un calme courage et qui en demeure le principal t�moin. Et l�on ne saurait sans injustice l�accuser d�avoir volontairement antidat� la mort de J�sus pour ob�ir � des pr�occupations dogmatiques. Lui seul, au contraire, avait l�autorit� n�cessaire pour corriger la tradition qui s��tait �tablie. S�il ne la rectifie pas en termes plus expr�s, c�est qu�une telle rectification ne s�accordait pas avec le caract�re de sa narration. Il lui suffisait, par les d�tails de celle-ci, de replacer les faits � leur vraie date.

Objectera-t-on � cette date que J�sus ne pouvait se s�parer de son peuple et d�roger � la coutume �tablie par la loi en c�l�brant le repas pascal la veille du jour fix�?? Mais celui qui se proclamait �?le Seigneur du sabbat?� ne pouvait-il se permettre cette l�g�re infraction au rituel pascal, au moment surtout o� il allait lui substituer un rite nouveau?? Il �tait du reste excommuni� ainsi que ses disciples, les sacrificateurs auraient refus� d�immoler pour lui un agneau dans le temple. Il �tait oblig� de c�l�brer cette P�que d�une mani�re ind�pendante?: c�est ce qui le conduisit � l�anticiper.

Cette anticipation n�est elle pas indiqu�e dans le message qu�il envoie au propri�taire de la chambre haute?? �?Mon temps est proche?; que je fasse la P�que chez toi avec mes disciples?� (Matthieu�26.18).

Comme le remarque M. Godet, �?la seule relation satisfaisante � �tablir entre ces deux propositions est celle-ci?: il faut que je me h�te, car demain ce sera trop tard?; je ne serai plus l�, fais donc en sorte que je puisse manger imm�diatement la P�que chez toi (verbe au pr�sent)?�.

Le disciple bien-aim� nous fait lire dans le c�ur de son Ma�tre, il peint en quatre traits les circonstances ext�rieures et int�rieures au milieu desquelles J�sus s�abaissa jusqu�� laver les pieds de ses disciples. Premier trait?: J�sus allait accomplir cet acte sachant que son heure �tait venue, cette heure solennelle, supr�me, dont notre �vangile parle si Souvent (Jean�7.30?; Jean�8.20?; Jean�12.23). J�sus savait que cette heure �tait celle de ses souffrances et de sa mort?; mais il savait aussi que ce sombre d�fil� le faisait passer de ce monde au P�re. Second trait?: cette pens�e si douce de quitter ce monde agit� et hostile pour rentrer dans le sein de l�amour �ternel, �tait ins�parable d�une autre pens�e, celle qu�il allait quitter les siens ses chers disciples, qu�il avait toujours aim�s, auxquels il avait donn� tant de preuves de cet amour. Or, sachant qu�il les laissait dans le monde o� ils �taient, expos�s � tant de dangers et de souffrances, il les aima jusqu�� la fin (Marc�13.13), ou mieux?: au plus haut degr� (Weiss). M. Godet traduit?: �?Il acheva de leur t�moigner tout son amour?�. Et il va leur en donner le t�moignage le plus �mouvant. Chaque disciple de J�sus peut aussi recueillir dans son c�ur cette parole comme une pr�cieuse promesse que son Sauveur l�aimera jusqu�� la fin.

Verset 2

Non pas apr�s le souper comme traduisent � tort nos versions ordinaires?: mais, grec un souper �tant venu, au moment o� l�on venait de se mettre � table (verset 4 et 12).

M�me la le�on re�ue, qui porte le participe aoriste, ne signifie pas?: un repas ayant eu lieu mais?: �tant arriv� et en cours d�ex�cution (Weiss).

Il est probable qu�il faut lire le participe pr�sent, selon le texte de Codex Sinaiticus, B, adopt� par la plupart des critiques.

De l�absence d�article devant souper plusieurs interpr�tes concluent que l�auteur ne consid�re pas ce souper comme le repas pascal. Cette conclusion ne nous para�t pas justifi�e, car dans le grec du Nouveau Testament l�article manque souvent l� o� les �crivains classiques l�auraient mis et l�auteur de notre �vangile a compos� son r�cit pour des lecteurs qui savaient par les synoptiques que J�sus avait mang� la P�que avec ses disciples la veille de sa mort?; ces lecteurs ne pouvaient penser � un autre repas que ce repas pascal qui leur �tait bien connu.

Troisi�me trait de cette introduction profonde par laquelle Jean pr�pare ses lecteurs � l�action qui va suivre?: le diable avait d�j� fait son �uvre dans le c�ur de Judas.

Mais quel est le but de cette remarque??

Suivant les uns, elle doit marquer l�imminence de la catastrophe, en montrant que d�j� le tra�tre, sous l�inspiration du d�mon, avait con�u son noir dessein (comparez Matthieu�26.14-16) et que J�sus, qui ne l�ignorait pas, voulut saisir ce moment supr�me pour t�moigner aux siens son amour.

D�autres pensent que l��vang�liste signale ce fait pour mieux faire ressortir le support et la charit� de J�sus qui allait laver les pieds de Judas lui-m�me. M. Godet estime que ce trait doit �?motiver les diff�rentes allusions que J�sus va faire � la pr�sence du tra�tre dans tout le cours de la sc�ne suivante (comparez versets 10, 18, 21, 26) et surtout expliquer la conduite et le mot s�v�re de J�sus?�, verset 27

Ces allusions elles-m�mes n�avaient d�autre but que d�avertir le malheureux disciple, de r�veiller sa conscience, de le sauver encore si possible.

Une variante de Codex Sinaiticus, B, Itala, admise par la plupart des critiques et des ex�g�tes porte?: �?Le diable ayant d�j� jet� dans le c�ur que Judas, fils de Simon, l�Iscariot le livr�t?�. Le c�ur de qui?? Pas du diable lui-m�me, comme le pr�tendait Meyer, mais de Judas Iscariot dont le nom abhorr� a �t� rel�gu� � l� fin de la phrase pour porter l�accent.

Verset 3

Ce quatri�me trait de l�introduction nous montre que J�sus va agir dans la pleine conscience de son �ternelle divinit�.

Ce sentiment est rendu ici par trois d�clarations d�une sublime grandeur.

La premi�re exprime l�autorit� et la puissance divines?: il sait que le P�re lui a remis (grec donn�) toutes choses entre les mains (comparer Matthieu�28.18).

La seconde nous r�v�le sa pr�existence �ternelle?: il est (grec) sorti de la part de Dieu (comparer Jean�8.42).

La troisi�me nous montre en J�sus le pressentiment de la gloire divine dont il va reprendre possession?: il va � Dieu (Verbe au pr�sent?; comparez Jean�17.5).

Et c�est avec cette conscience de sa grandeur divine que J�sus va condescendre � faire l��uvre d�un esclave?!

Verset 5

Quel contraste entre les pens�es du verset 3 et cette sc�ne du verset 4.

Avec quelle �motion Jean la d�crit jusque dans ses moindres d�tails?! Il la rend vivante et tout � fait actuelle par ces verbes au pr�sent?: il se l�ve, pose ses v�tements (v�tements de dessus, le manteau, qui l�aurait g�n� dans son action et il ne garde que la tunique, costume des esclaves), puis il verse de l�eau dans le bassin, celui qui se trouvait l� et servait � cet usage.

M�me cette expression il se mit, que Jean n�emploie presque jamais, a quelque chose de solennel. Quel �tonnement et quelle confusion pour les disciples?! On le comprendra d�autant mieux si l�on admet, avec la plupart des interpr�tes anciens et modernes, que cette action de J�sus fut provoqu�e par une discussion qui venait de s��lever entre les disciples sur cette question?: �?Lequel d�entre eux �tait estim� le plus grand?� (Luc�22.24, note).

Elle �tait donc litt�ralement vraie, la parole que J�sus leur adresse alors?: �?Moi je suis au milieu de vous comme celui qui sert?� (Luc�22.27).

Pour comprendre cette sc�ne, assez �trang�re � nos m�urs, il faut se souvenir que chez les orientaux, ou l�on se chaussait de sandales qui laissaient le pied nu, il �tait d�usage de proc�der � l�ablution quand on entrait dans une maison, surtout quand on allait y prendre un repas. Mais c��tait un esclave que l�on chargeait de cet office.

Verset 6

Pierre, dont l��me ardente est pleine de v�n�ration et d�amour pour le Sauveur, a compris la le�on qu�il veut donner � ses disciples?; il a honte et il exprime son sentiment en relevant le contraste criant par ces deux mots?: Toi, � moi?! Et le titre de Seigneur, que J�sus va approuver et r�clamer (verset 13), rend le contraste encore plus complet.

Il est dit d�abord?: il commen�a, puis?: il vient donc � Simon Pierre?; ce disciple ne fut donc pas le premier auquel J�sus lava les pieds.

Les mots et celui-ci manquent dans quelques manuscrits.

Verset 7

Grec?: tu le conna�tras apr�s ces choses, ou apr�s ceci.

Quelques interpr�tes ont suppos� que J�sus d�signait par l� le moment ou Pierre serait �clair� par l�Esprit de Dieu. Mais il est plus simple de rapporter ces mots � l�explication que J�sus allait donner � ses disciples (verset 12 et suivants).

Cette parole est d�une application universelle � toutes les voies du Seigneur que nous ne comprenons pas au moment m�me.

Verset 8

Jamais, grec en �ternit�.

Il y a dans ce refus absolu de Pierre une v�h�mence bien en harmonie avec son caract�re. Pierre montre sa v�n�ration et son amour pour le Ma�tre?; mais il oublie que le premier devoir d�un disciple c�est l�ob�issance. Sa pr�somption lui cache son ignorance (tu ne sais pas) et l�emp�che de recevoir avec confiance la promesse de J�sus (tu comprendras dans la suite).

La r�ponse de J�sus � la premi�re objection de son disciple �tait pleine de douceur et de bont�. Sur son refus r�it�r� il lui parle d�un ton s�v�re. Sa menace dut produire d�autant plus d�effet que Pierre s��tait montr�, r�cemment encore (Matthieu�19.27), pr�occup� des avantages que lui procurerait son d�vouement � J�sus.

Mais que signifient les paroles de J�sus?! Il est �vident qu�ici et au verset 10, J�sus donne � son action une signification nouvelle. Elle n�est plus seulement un �?exemple?� (verset 15) d�humble d�vouement au service d�autrui. Elle devient le symbole de la r�g�n�ration, qui est la condition du Salut (comparer verset 10, note).

En effet, avoir part avec lui, c�est trouver dans sa communion le pardon des p�ch�s, la r�conciliation avec Dieu, la vie �ternelle?; n�avoir point de part avec lui, c�est �tre priv� de ces immenses bienfaits (Luc�12.46?; Apocalypse�20.6?; Apocalypse�21.8?; Apocalypse�22.19).

Or il est clair que J�sus ne pouvait pas faire d�pendre cette alternative du simple fait de laver, ou de ne laver pas, les pieds de son disciple. Il faut remarquer d�ailleurs que J�sus lui dit?: �?si je ne te lave?�, ce qui est tout diff�rent de laver les pieds.

Ces paroles signifient donc?: Si je ne te purifie de ta volont� propre, de tes p�ch�s, de ta corruption naturelle, tu n�as point de part avec moi.

J�sus aime � s��lever ainsi d�un objet actuel, ext�rieur, a une pens�e plus haute et plus intime. Comme dans son entretien avec la Samaritaine l�eau est pour lui l�image de l�Esprit, de m�me ici son action, qui devait �tre avant tout pour les disciples un exemple d�humilit�, devient l�image de la purification spirituelle qu�il op�re et qui est la condition du salut. C�est l� ce qu�il rappelle � Pierre.� Luthardt

Verset 9

Pierre a-t-il compris la pens�e profonde de son Ma�tre?? Dans ce cas, sa r�ponse signifie?: �?Seigneur, ne me lave pas seulement les pieds, mais purifie-moi dans tout mon �tre?!?� C�est ainsi que quelques interpr�tes (Tholuck, Luthardt) comprennent le disciple.

D�autres pensent au contraire que Pierre sans se donner le temps de r�fl�chir (Marc�9.5-6), mais saisi, effray� � la pens�e d��tre exclu de la communion de son Sauveur, se livre � lui avec l�imp�tuosit� de son caract�re et d�passe le but, parce qu�il conserve encore sa volont� propre, tout en ob�issant.

C�est ainsi que Olshausen, Meyer, Asti� interpr�tent la pens�e de ce disciple. Il est, en effet, difficile de croire que Pierre se soit �lev� d�embl�e � l�id�e d�un renouvellement spirituel.

Verset 10

Variante du Codex Sinaiticus?: n�a pas besoin de se laver, il est pur tout entier.

J�sus ne d�sapprouve pas le z�le de son disciple?; il rectifie avec douceur l�erreur dans laquelle il �tait et il profite de cette erreur m�me pour ajouter � la le�on qu�il voulait d�abord donner aux siens (verset 8, 2e note), un enseignement nouveau.

Laver les pieds �tait un acte par lequel le Sauveur s�humiliait. Laver aussi les mains et la t�te, l��tre tout entier, donnait � l�acte un autre caract�re.

L�image dont il se sert est celle-ci?: un homme qui s�est baign� enti�rement lav�, n�a plus besoin, en rentrant chez lui, que de laver ses pieds pour les purifier de la poussi�re qui s�y est attach�e pendant le trajet (verset 5, note).

De cette image le Sauveur tire une instruction encourageante pour ses disciples?: quand un homme a �t� purifi� par le pardon de ses p�ch�s et par le renouvellement de sa nature morale, il n�a plus besoin que d��tre lav� des in�vitables souillures qu�il peut contracter en marchant dans ce monde corrompu?; alors il est pur tout entier et il n�a pas � remettre sans cesse en question son �tat de gr�ce et de salut.

Pour donner � cette v�rit� plus de force et de pr�cision, il l�applique imm�diatement � ses disciples?: et vous, vous �tes purs?; et il leur dira bient�t comment ils le sont devenus (Jean�15.3). Mais, h�las?! Ils ne l��taient pas tous?; et l��vang�liste, dans le verset suivant, nous apprend la raison de cette restriction.

On peut remarquer encore, avec Meyer, que si, jusqu�ici, Pierre n�avait pas compris le sens le plus profond de l�action de son Ma�tre, il dut le saisir par cette application directe que J�sus en faisait � ses disciples. Et cependant, il reste encore � celui-ci � en tirer pour eux la le�on de charit� qu�il pensait leur donner d�s le d�but (verset 12 et suivants).

Verset 15

Comprenez-vous ce que je vous ai fait?? en avez-vous saisi la signification profonde??

C�est par cette question que J�sus introduit l�instruction qu�il veut donner � ses disciples. Ceux-ci l�appelaient ordinairement Rabbi, Ma�tre, celui qui enseigne et J�sus r�clamait ce titre pour lui seul, dans son acception la plus �lev�e (Matthieu�23.8).

Ils l�appelaient encore le Seigneur, nom qui devait prendre pour eux un sens de plus en plus religieux, car c�est par ce vocable que la version grecque des Septante traduit constamment le nom de J�hovah.

J�sus approuve et ajoute?: Si donc, moi, le Seigneur et le Ma�tre, je me suis abaiss� jusqu�� vous laver les pieds, � plus forte raison devez-vous aussi �tre pr�ts � vous rendre mutuellement les services les plus humbles du d�vouement et de l�amour.

Comme J�sus fut, dans toute sa vie, le mod�le accompli que les siens doivent imiter, il venait de leur donner, dans ce cas particulier, un exemple d�humilit� profonde et d�amour sans bornes, qui restait comme l�id�al vers lequel ils devaient tendre. Ici encore, J�sus enseigne en action ce qu�il avait enseign� en paroles (Luc�22.26?; Matthieu�20.26).

Nous avons donn� un sens tout moral � cet ordre?: Vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres et c�est bien l� sa signification principale?; mais nous nous garderons d�exclure le sens litt�ral, dans les cas o� un tel devoir s�impose.

L�ap�tre Paul vante l�ablution des pieds comme une des pratiques de l�hospitalit� chez les premiers chr�tiens (1�Timoth�e�5.10).

Toutefois J�sus n�a pas voulu instituer un rite, comme l��glise l�a admis d�s le quatri�me si�cle, accomplir litt�ralement ce devoir sans l�humilit� et l�amour qu�il suppose, est une vaine formalit� ou m�me un acte d�hypocrisie et d�orgueil. Cette c�r�monie se pratique chaque ann�e � Rome et ailleurs.

Verset 16

Donc, vous, serviteurs et ap�tres, vous ne devez pas vous refuser � des actes d�humilit� et d�amour que votre Seigneur et Ma�tre vient d�accomplir.

J�sus aimait cette comparaison qu�il emploie souvent ailleurs, dans des applications diverses (Jean�15.20?; Matthieu�10.24-25?; Luc�6.40).

Verset 17

Entre savoir et, faire, il y a un ab�me?; le premier � lui seul, rend coupable, le dernier rend heureux, car il donne au disciple un trait pr�cieux de ressemblance avec le Ma�tre?: l�humilit� et l�amour.

On voit que J�sus en exhortant les disciples � imiter son exemple passe sous silence le sens particulier que la r�sistance de Pierre l�avait amen� � donner � son action (versets 8-10, note).

La raison en est bien simple, c�est que, lui seul, au moyen de son sang et de son Esprit, peut purifier le p�cheur de ses souillures. Nous ne pouvons avoir � cette �uvre qu�une part tr�s indirecte pour d�autres en les amenant � J�sus. Dans ce sens, l�exemple nous concerne aussi.

Verset 18

Je ne dis point cela de vous tous, c�est-�-dire, que vous �tes heureux (verset 17), car il en est un au milieu de vous qui ne le sera jamais. En effet, je sais tr�s bien quels sont ceux que j�ai choisis, je les connais, je les p�n�tre jusqu�au fond. Ce n�est donc point par erreur que j�ai choisi Judas, mais afin d�accomplir le dessein de Dieu, pr�dit dans les �critures (voir la note suivante et comparez Jean�6.64-70, note).

Plusieurs interpr�tes ont entendu ce choix dans le sens de l��lection pour le salut. Mais le contexte et les deux passages que nous venons de citer ne sont pas favorables � cette opinion.

Grec?: mais (il en est ainsi) afin que l��criture soit accomplie (comparer Jean�17.12, o� la m�me pens�e myst�rieuse est exprim�e dans les m�mes termes). La parole de l��criture que J�sus applique ici � Judas est tir�e du Psaumes�41.10.

Manger du pain avec quelqu�un, c�est-�-dire �tre re�u � sa table, signifie, selon les m�urs orientales, �tre admis dans sa familiarit� et dans sa confiance, comme un h�te dans sa maison?; toute perfidie de la part de cet h�te en devient beaucoup plus coupable.

L�expression?: lever son talon contre quelqu�un, comme le cheval qui rue, est l�image de la brutalit�, non de la ruse.

Si ce Psaume est de David, comme l�indique sa suscription (voir Bible annot�e) le personnage historique auquel se rapporte cette parole est Achitophel, conseiller de David (2�Samuel�15.12), qui prit parti pour Absalom dans la r�volte de ce fils ingrat contre son p�re (2�Samuel�17.14) et qui, voyant sa trahison d�couverte, s�en alla et s��trangla (2�Samuel�17.23).

�trange ressemblance de sa destin�e avec celle de Judas, auquel J�sus applique ces paroles?! La plainte de David, sur ce tra�tre, se lit ainsi dans l�h�breu?: �?M�me l�homme avec qui j��tais en paix, en qui je me confiais, qui mangeait mon pain, a lev� le talon contre moi?�. J�sus �vite de dire mon pain, parce que, pauvre, il n�en avait point � donner. Mais il faisait mieux pour Judas?: il lui donnait le pain de vie.

C�est ce qu�ont m�connu les copistes, qui, pour conformer la citation au texte du Psaume, ont �crit?: Celui qui mange mon pain (B, C), au lieu de?: celui qui mange du pain avec moi (Sin, A, D, majuscules, versions).

Verset 19

Grec?: que, je suis.

Que je suis tout ce que je vous ai r�v�l� sur ma personne, le Messie, le Fils de Dieu, le Sauveur (voir sur cette expression Jean�8.24?; Jean�8.28?; Jean�8.58 notes).

J�sus tient � avertir ses disciples de la trahison de Judas (versets 11 et 21), craignant que leur foi en lui ne f�t �branl�e s�il ne la leur avait pas pr�dite et s�il leur paraissait, � la fois, la dupe et la victime de ce crime horrible.

Verset 20

Voir, sur ces paroles, Matthieu�10.40, note.

Ici, on ne voit pas au premier abord comment elles s�adaptent � l�ensemble du discours.

Quelques ex�g�tes sont all�s jusqu�� penser qu�elles n��taient qu�une reproduction d�plac�e du passage de Matthieu. Parmi ceux qui rejettent avec raison cette supposition, les uns MM. Weiss et Godet rattachent cette solennelle d�claration (en v�rit�, en v�rit�) au verset 16 et alors elle signifierait?: Si le serviteur, l�envoy� ne doit pas vouloir �tre plus que le Ma�tre et le Seigneur, celui-ci, de son c�t�, veut l��lever jusqu�� sa hauteur l��galer � lui, comme lui est �gal� au P�re qui l�a envoy�.

J�sus venait de dire?: le serviteur n�est pas plus grand que le Ma�tre?; il semble dire maintenant?: et il n�est pas moins grand que lui.� Godet

D�autres rapprochent ce verset des paroles?: (verset 17) �?Vous �tes bienheureux?� et J�sus ferait ainsi sentir � ses disciples, en quoi consiste ce bonheur.

D�autres enfin, trouvant peu naturelle cette liaison avec des paroles d�j� �loign�es, rattachent notre verset � ce qui pr�c�de imm�diatement. J�sus vient de dire que le crime de Judas n��branlera pas la foi des disciples et il leur donne ici un nouveau et puissant motif d�assurance, dans la pens�e que, en remplissant leur sainte mission, ils seront re�us comme lui-m�me, qui est au milieu d�eux le repr�sentant et l�envoy� de Dieu. En travaillant pour lui, ils travailleront pour Dieu m�me qui sera leur lumi�re et leur force.

Telle est l�interpr�tation de Meyer qui �tait d�j� d�fendue par Calvin �?Il est plus probable que Christ a ici voulu rem�dier au scandale� Cette admonition du Seigneur J�sus montre que ce n�est point une chose raisonnable que l�impi�t� d�aucuns, qui conversent m�chamment ou autrement qu�il ne faut en leur office, diminue quelque chose de l�autorit� apostolique?�.

Verset 21

J�sus �loigne le tra�tre (21-30)

Apr�s avoir dit ces choses, c�est-�-dire apr�s la s�rieuse instruction que J�sus venait de donner � ses disciples (versets 12-20), sa pens�e se reporte avec douleur sur Judas, il en est troubl� en son esprit.

Deux fois d�j�, il a fait allusion au crime de ce malheureux (verset 11 et 18)?; maintenant le moment est venu d�en avertir directement les disciples?; il le fait avec la plus grande solennit�.

C�est un t�moignage qu�il rend en ces termes si graves?: En v�rit�, en v�rit�, puis il r�v�le ce fait inou�?: l�un de vous me livrera.

Cette r�v�lation, n�cessaire aux disciples (verset 19), est aussi rapport�e par les trois premiers �vangiles, dans les m�mes termes (Matthieu�26.21?; Marc�14.18?; Luc�22.21).

Preuve �vidente que Jean raconte le m�me souper que les synoptiques (comparer verset 36 et suivants).

Verset 22

Grec?: �tant en perplexit� pour savoir duquel il parlait.

L�impression douloureuse que les disciples re�urent de cette r�v�lation est exprim�e avec beaucoup plus de force dans les premiers �vangiles?: �?Ils furent fort attrist�s et ils se mirent chacun d�eux � dire?: Seigneur, est-ce moi???� (Matthieu�26.22) C�est le trouble o� ils �taient qui leur inspire cette question.

Verset 23

Chez les Orientaux, on se mettait � table � demi couch� sur le c�t� gauche et appuy� sur les coussins d�un divan.

Celui qui se trouvait � la droite de son voisin, �tait donc pench� sur son sein (Luc�7.38, note).

Jean, �vitant de se nommer, se d�signe par ces mots?: celui que J�sus aimait (Jean�19.26?; Jean�20.2?; Jean�21.7-20).

Il lui para�t plus pr�cieux d��tre aim� du Sauveur et de rester ignor�, que de devenir c�l�bre sous son propre nom.� Gerlachap

J�sus aimait tous ses disciples (Jean�15.14), mais Jean �tait �videmment pour lui un ami particulier, auquel il d�voilait ses intimes pens�es et qui les comprenait le mieux.

Verset 24

Pierre, profond�ment afflig� de ce qu�il vient d�entendre, toujours ardent dans ses impressions, ne peut garder le silence.

Il fait donc signe � Jean de demander � J�sus duquel d�entre eux il parlait.

Une variante de B, C, Itala porte?: �?Pierre lui fait signe lui dit?: Dis quel est celui dont il parle?�. Mais cela supposerait que Jean le savait et d�ailleurs, puisque Pierre devait lui faire signe, cela prouve qu�il �tait trop �loign� de lui pour lui parler.

Le texte re�u, A, D, majusc, est donc pr�f�rable.

Verset 26

Deux variantes sont � noter dans les versets 25 et 26?:

  1. Codex Sinaiticus, D, majuscules portent?: Celui-ci donc s��tant pench�.Le texte que nous avons adopt� avec Westcott et Hort, Nestle, Weiss, est celui de B, C.
  2. Ces deux derniers manuscrits ont la le�on admise au verset 26?; les autres portent?: � qui je donnerai le morceau l�ayant tremp�.

Dans le repas de la P�que, le p�re de famille donnait aux convives des morceaux de pain tremp�s dans un brouet de fruits cuits (Matthieu�26.23, note). En donnant ainsi le morceau � Judas, J�sus le d�signait � Jean?; mais en m�me temps, il adressait un supr�me appel � la conscience du trait�e.

Si, en le recevant, son c�ur se f�t bris�, il pouvait encore obtenir gr�ce. Ce moment �tait donc d�cisif?; et c�est ce que Jean fait sentir par ce mot alors (verset 27), mot d�une gravit� tragique.� Godet

J�sus parlait � voix basse, de mani�re � n��tre entendu que de Jean (verset 28), et cela, par m�nagement pour Judas. Dans les autres �vangiles, de m�me, J�sus d�signe le malheureux disciple en termes vagues (Matthieu�26.23?; Luc�22.21).

Mais il para�t que la sc�ne se prolongea par les questions des disciples qui demandaient?: �?Est-ce moi, Seigneur???� Et quand Judas poussa l�hypocrisie jusqu�� dire aussi?: �?Est-ce moi???� J�sus lui r�pondit ouvertement?: Tu l�as dit?! Mais m�me ce dialogue para�t n�avoir pas �t� entendu ou compris des autres disciples (Matthieu�26.25, note).

Verset 27

Alors, ce mot, effac� par la plupart de nos versions (Codex Sinaiticus, D l�omettent), marque, nous l�avons dit, le moment fatal.

Mais il ne faudrait pas voir dans le fait exprim� par ces mots?: Satan entra en lui, une action magique du morceau de pain. Jean ne dit pas?: avec le morceau, mais?: apr�s le morceau.

La prise de possession du c�ur de Judas par Satan s�explique, au contraire, d�une mani�re toute psychologique. Judas, en c�dant � ses passions, � l�avarice (Jean�12.6), avait ouvert son c�ur � l�influence du d�mon?; puis, se voyant d��u dans son ambition, irrit� de ne pas trouver en suivant J�sus ce qu�il avait esp�r�, il n��prouva plus pour lui qu�une sorte de r�pulsion et de haine.

Et c�est sous l�influence de l�esprit de t�n�bres qu�il con�ut l�id�e horrible de sa trahison (verset 2). Notre �vang�liste marque donc les degr�s de sa chute. Au moment o� le malheureux se vit p�n�tr� par son Ma�tre, il veut dans sa conscience une crise qui pouvait le ramener encore.

Son �me avait � choisir entre J�sus et Satan.� Luthardt

Mais il s�endurcit et se livra ainsi � la puissance de l�esprit du mal. C�est ce moment tragique que Jean d�crit par ce mot?: Satan entra en lui. Luc (Luc�22.3) exprime ce d�nouement dans les m�mes termes (comparer sur la chute de ce disciple, Matthieu�26.15, note).

On a donn� de cet ordre de J�sus � Judas deux explications qui sont loin de s�exclure l�une l�autre.

Meyer pense que J�sus d�sire r�ellement d�accomplir le plus t�t possible son sacrifice, sachant que son heure �tait venue?; �?sa d�cision r�sign�e ne veut aucun d�lai?�, dit cet ex�g�te.

D�autres interpr�tes cherchent l�explication de cet ordre dans le besoin pressant qu�avait J�sus de voir s��loigner le tra�tre pour rester seul avec ses disciples fid�les, dans ces derni�res heures si importantes.

La soir�e �tait d�j� avanc�e (verset 30) et J�sus avait besoin du peu de temps qui lui restait pour achever son �uvre aupr�s des siens.� Godet

Il est certain que cette derni�re pens�e se fait jour au verset 31. Au reste, si J�sus avait eu le moindre espoir de voir Judas revenir � lui, il ne lui aurait pas donn� cet ordre dont l�ex�g�se rationaliste s�est souvent scandalis�e?; mais aux yeux de Celui oui sonde les c�urs, la destin�e de Judas �tait accomplie, Satan �tait entr� en lui.

Verset 28

Aucun. M. Godet pense que Jean s�excepte tacitement lui-m�me.

M. Weiss n�est pas de cet avis. Il estime que Jean, aussi bien que les autres, ne dut pas comprendre la port�e de l�ordre de J�sus, parce qu�il ne pouvait se douter que la trahison de Judas fut si proche et que J�sus lui-m�me l�invitait � la consommer.

Verset 29

Jean donne cette double supposition de quelques-uns des disciples comme une preuve qu�ils n�avaient pas compris.

C�est ici le second passage de notre �vangile (comparez verset 1, note) d�o� l�on tire un indice que ce repas ne pouvait avoir lieu le soir du 14 Nisan, selon la chronologie des synoptiques?; car comment acheter ce qu�il fallait pour la f�te, puisque la f�te �tait commenc�e par son acte le plus important et que, d�s lors, des achats ne devaient plus �tre permis??

Les d�fenseurs de la date fournie par les synoptiques r�pondent qu�il s�agissait de provisions pour toute la dur�e de la f�te. Ils citent le passage Exode�12.16 d�apr�s lequel la foi autorisait les familles isra�lites, m�me le 15 nisan, � �?pr�parer la nourriture de chaque personne?� et en concluent qu�on pouvait m�me faire des achats?; conclusion quelque peu forc�e.

Ils objectent, d�autre part, que si ce repas avait eu lieu le 13, les disciples ne penseraient pas qu�il fall�t faire en toute h�te des approvisionnements pour la f�te, puisque le lendemain restait pour cela tout entier. Mais ils peuvent avoir interpr�t� ainsi l�ordre de J�sus sans avoir compris ses motifs.

Verset 30

D�apr�s Matthieu�26.21 et Marc�14.18, l�entretien touchant Judas, pendant lequel J�sus lui donna le morceau tremp�, eut lieu avant l�institution de la c�ne et comme ici on voit que ce disciple sortit aussit�t qu�il eut pris le morceau, il est clair qu�il ne participa pas � la c�ne qui, du reste, ne fut c�l�br�e qu�apr�s le repas de la P�que.

Luc seul rapporte ces �v�nements de mani�re � autoriser une conclusion diff�rente, mais il est probable qu�il ne suit pas l�ordre chronologique (comparer Luc�22.21, note).

Il �tait nuit?! Non seulement dans la nature, mais plus encore dans l��me de Judas. On sent aussi dans cette remarque du t�moin oculaire, que Jean avait conserv� de ce moment une impression ineffa�able.

Sa narration, comme l�observe M. Godet, est toute parsem�e de pareils traits, qui ne s�expliquent que par la vivacit� du souvenir personnel.� Jean�1.40?; Jean�6.59?; Jean�8.20?; Jean�10.23

Verset 31

Entretiens de J�sus avec ses disciples

Versets 31 � 38 � La s�paration prochaine, l�amour fraternel, consolation des disciples

Verset 32

Maintenant?! Le d�part du tra�tre, sorti pour accomplir son �uvre de t�n�bres, cause � J�sus un immense soulagement.

Maintenant le Fils de l�homme a �t� glorifi�.

Ce verbe au pass� embrasse toute la vie �coul�e du Sauveur jusqu�� ce moment, cette vie de renoncement, de souffrances, d�ob�issance, de d�vouement efficace, d�activit� puissante, par laquelle le Fils de l�homme a �t� glorifi� dans le c�ur de ceux qui l�ont reconnu comme l�envoy� de Dieu (Jean�11.4?; Jean�12.28, 2e note).

Cette gloire qu�il a ainsi acquise par l�humilit� et la charit� resplendira encore de l��clat le plus pur dans ses humiliations et ses souffrances, en Geths�man� et sur la croix, o� il pourra s��crier de sa voix mourante?: Tout est accompli?! Son �uvre sera achev�e, il aura sauv� un monde perdu.

Mais par une telle vie Dieu a �t� glorifi� en lui. La gloire de Dieu, ce sont ses perfections, sa Justice et sa saintet�, sa mis�ricorde et son amour?; jamais elles n�ont �t� manifest�es d�une mani�re plus lumineuse qu�en J�sus-Christ, qui nous les r�v�le dans leur pleine harmonie.

Or le sentiment profond d�avoir ainsi glorifi� Dieu par sa parfaite ob�issance (si Dieu a �t� glorifi� en lui, mots omis dans Codex Sinaiticus, B, C, D, Itala, mais qui, malgr� ces t�moignages, sont maintenus par Tischendorf, MM. Weiss et Godet) donne � J�sus la victorieuse assurance que Dieu aussi le glorifiera en lui-m�me, c�est-�-dire, l�admettra dans la gloire qui est son essence divine.

C�est ainsi que bient�t J�sus dira dans sa derni�re pri�re?: �?Je t�ai glorifi� sur la terre, j�ai achev� l��uvre que tu m�as donn�e � faire et maintenant glorifie-moi, toi, P�re, aupr�s de toi, de la gloire que j�avais aupr�s de toi avant que le monde f�t?� (Jean�17.4-5).

Paul indique de m�me l�abaissement et l�ob�issance du Sauveur comme le chemin qui l�a conduit � la gloire divine (Philippiens�2.5-11?; comparez �ph�siens�1.20-23). Et il le glorifiera bient�t (grec aussit�t), ajoute J�sus, faisant allusion � sa r�surrection, qui sera le premier degr� de sa glorification.

Enfin, J�sus ne dit pas?: le Fils de Dieu, mais le Fils de l�homme est glorifi� (comparez sur ce terme Matthieu�8.20, note)?; car c�est comme Fils de l�homme, membre et chef de notre humanit� qu�il a embrass�e dans les �treintes de son amour pour la sauver, c�est comme Fils de l�homme qu�il a accompli son �uvre et qu�il est mont� dans sa gloire. Et ainsi, il a rouvert � notre humanit� sauv�e le chemin de cette gloire.

Verset 33

De ces hauteurs de sa gloire, J�sus revient � ses pauvres disciples qu�il va quitter bient�t?: je suis peu de temps encore avec vous et sympathisant � leur tristesse, c�est avec une effusion de tendresse qu�il leur parle?: petits enfants?! (C�est le seul passage de nos �vangiles o� J�sus emploie ce terme).

Il sent le vide immense et douloureux qu�il va laisser dans leur c�ur et dans leur vie?: Vous me chercherez, avec un ardent d�sir de retrouver nos relations actuelles (Jean�20.15. Comparer Luc�17.22).

Mais le moment de la r�union �ternelle n�est pas venu?; il vous reste � accomplir votre t�che et comme j�ai dit aux Juifs, mais dans un sens bien diff�rent (Jean�7.34?; Jean�8.21), je vous le dis aussi maintenant?: vous ne pouvez venir o� je vais.

J�sus, dans ses derni�res communications intimes, va s�appliquer � les consoler de cette s�paration (Jean�14.1 et suivants) et � �lever leur c�ur � la pens�e d�une communion invisible et spirituelle avec lui (chapitres 14-17).

Aussi croyons nous que c�est � ce moment du r�cit de Jean qu�il faut placer l�institution de la c�ne, apr�s laquelle les paroles qui vont suivre (verset 34) sont admirablement appropri�es.

Verset 34

Dans cette tristesse de la s�paration, J�sus fait � ses disciples, comme premi�re compensation de son absence, un don infiniment pr�cieux?: l�amour fraternel.

Il est vrai qu�il s�agit d�un commandement?; mais c�est un commandement qu�il se charge lui-m�me d�accomplir dans leur c�ur et dans leur vie. C�est m�me en cela qu�il est nouveau.

Ce mot a singuli�rement occup� les ex�g�tes. Comment, ont ils demand�, ce commandement de l�amour mutuel peut-il �tre nouveau, puisqu�il se trouve d�j� dans l�Ancien Testament (L�vitique�19.18) et que J�sus lui-m�me le cite comme �tant l��me de la loi?? (Matthieu�22.39) Et ils ont r�pondu?: Il est nouveau parce qu�il renferme tous les autres commandements de la loi (Luther), parce que J�sus l�a renouvel� (Calvin), parce qu�il renouvelle l�homme (Augustin), parce qu�il est toujours nouveau (Olshausen), parce qu�il est le principe d�une vie nouvelle (de Wette), parce qu�il �tablit la diff�rence qu�il y a entre l�amour fraternel (les uns les autres) et la charit� pour le prochain (Grotius et d�autres).

Il y a du vrai dans toutes ces interpr�tations?; mais il est plus vrai encore de dire que ce commandement est nouveau dans son essence, parce que J�sus lui-m�me l�accomplit dans le c�ur de ses disciples par l�amour dont il les a aim�s.

Cet amour

part d�un centre de vie et d�affection nouveau� J�sus a apport� dans le monde et t�moign� aux siens un amour sp�cifiquement diff�rent de tout amour qui avait paru jusqu�alors, celui qui s�attache � la personnalit� humaine pour la sauver. De ce foyer tout nouveau jaillit la flamme d�une affection essentiellement diff�rente de tout ce que le monde avait connu auparavant sous ce nom. En Christ, voil� l�explication du mot nouveau � Godet

Comparer 1�Jean�2.7-8, note.

C�est �videmment l� ce que J�sus a voulu dire en ajoutant dans la seconde partie de ce verset?: que comme je vous ai aim�s, vous vous aimiez aussi les uns les autres.

L�amour de J�sus ne donne pas seulement la mesure mais la nature et le caract�re du v�ritable amour mutuel de ses disciples. Le verset suivant montre l�importance supr�me que J�sus attache � cet amour. Aussi y insiste-t-il � diverses reprises (Jean�15.12, Jean�15.17). Et nul ne l�a mieux senti que notre �vang�liste (1�Jean�2.7-8?; Jean�3.11?; Jean�4.20-21).

Verset 35

L�amour, un amour semblable � celui de J�sus, est la seule preuve que l�homme est sous une influence divine, qui triomphe de tous les penchants �go�stes de son c�ur.

La connaissance peut �tre acquise par des p�cheurs endurcis, la foi s�allie souvent � une vie asservie aux passions, les �uvres sont accomplies par divers motifs?; l�amour seul, unissant les enfants de Dieu les uns aux autres, comme il les unit � leur Sauveur et, par lui, au P�re c�leste, est une marque certaine de leur participation � la nature divine.

� ceci, dit J�sus, tous conna�tront?; et plus loin il voit dans cette unit� des siens un moyen d�amener le monde � la foi (Jean�17.21).

Verset 36

Pierre a compris que le Ma�tre va les quitter pour �tre glorifi� (versets 32 et 33)?; il a m�me compris vaguement que le chemin qui le conduira a la gloire, c�est la mort (verset 37).

Mais, comme cette pens�e, qui le remplit de tristesse, est encore envelopp�e d�obscurit�, dans la vivacit� de ses impressions il l�interrompt par cette question?: O� vastu?? bient�t suivie d�une autre?: Pourquoi ne puis-je pas te suivre??

Il y a encore beaucoup d�ignorance, mais il y a aussi le plus vif amour pour son Ma�tre dans ces questions. Elles sont inspir�es par les m�mes sentiments qui le portaient � r�sister � J�sus quand celui-ci voulait lui laver les pieds (versets 6-9).

La raison pour laquelle Pierre ne pouvait pas suivre J�sus maintenant, c�est qu�il avait son �uvre � faire dans ce monde.

Le disciple aussi a son heure � Meyer

Sans doute encore il y avait, dans son caract�re naturel, plus d�un penchant mauvais dont il devait �tre purifi� par l�Esprit de la Pentec�te, avant de pouvoir suivre son Ma�tre dans la gloire (verset 38).

Mais, ajoute J�sus, comme consolation et encouragement, tu me suivras plus tard?; il le suivra r�ellement par la voie du martyre.

Verset 37

Pierre est parfaitement sinc�re en parlant ainsi. Et pourtant, quel douloureux contraste entre cette d�claration si pleine d�assurance et la r�ponse de J�sus?! (verset 38).

Verset 38

Cet avertissement pr�cis n�emp�cha point la chute du pr�somptueux disciple.

Il para�t pourtant avoir fait impression sur lui, car, d�s ce moment et jusqu�� la fin de ces entretiens, il ne reprend plus la parole.

Voir, sur ce dialogue avec Pierre, Matthieu�26.33-35?; Marc�14.29-31?; Luc�22.31-34, notes.

Apr�s cette interruption, J�sus reprend son discours destin� � consoler ses disciples et � les pr�parer � la communion spirituelle avec lui (Jean�14.1 et suivants).


Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 13". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://beta.studylight.org/commentaries/fre/neu/john-13.html.
 
adsfree-icon
Ads FreeProfile